Bienvenue à l’école des officiers

Une fanfiction de Lady Oscar
par Myminette

Chapitre 19 : Coupable



a caserne était plus en alerte que jamais. Depuis la découverte de la lettre de l’assassin de Nicolas de la Motte, les rondes se succédaient et le Capitaine de Girodelle était constamment présent dans l’enceinte. Une certitude le motivait : l’homme se cachait dans ces murs et ne tarderait pas à faire de nouveau parler de lui.
Si la mission ne dérangeait pas plus que cela le soldat, il y en avait un par contre qui sentait ses nerfs courir à fleur de peau… André. La présence de son frère à quelques mètres de lui, la crainte qu’à chaque nouvelle rencontre il le reconnaisse malgré les années qui les avaient séparés. Chaque nouveau jour était une nouvelle torture. Chaque nouvelle inspection, un nouveau défi. Mais pire que tout, pire que cette crainte, il vivait dans le désespoir, meurtri par chaque regard qu’Oscar lui refusait. Il n’était plus qu’indifférence à son égard.

Trois jours passèrent ainsi. André attendait la tombée de la nuit, dans l’obscurité de l’escalier extérieur, pour avoir une chance de l’apercevoir. Les rondes successives avaient également eu raison des escapades d’Oscar : plus question de se promener en servante dans la caserne. C’était donc dans son habit masculin qu’André la vit réapparaître à la clarté de la lune, rôdant le long des bâtiments pour échapper à la vigilance des soldats.
« C’est le moment » pensa le jeune homme. Il devait lui parler, s’expliquer avec elle … la mort ne pouvait rivaliser avec l’agonie qu’il vivait depuis plusieurs jours. Il commença à descendre les marches de pierre quand il vit une ombre s’approcher de la cour. Comme Oscar, elle suivait les contours des bâtiments, se tapissant dans les recoins pour scruter les alentours. « Qui est-ce ? ».
Mais alors qu’il accélérait le pas, l’ombre s’approcha du lieu où il avait pour la dernière fois aperçut la jeune femme. « Oscar… ». Il descendit les dernières marches en courant. Quand il arriva enfin à l’endroit où elle se tenait, il remarqua une traînée laissée par une botte dans le sable. « Mon dieu, Oscar… ». André suivit la trace qui le mènerait à elle et la retrouva quelques instants plus tard en compagnie d’un homme.
Un étrange silence envahit la nuit.
André regarda le visage de celui qui emprisonnait le corps d’Oscar entre ses bras. Il se focalisait sur cette lame élimée mais suffisamment dangereuse pour trancher la gorge de la jeune femme. De son côté, Oscar ne quittait pas ce compagnon dont les yeux émeraude lui parlaient en silence.

ANDRE : vous devriez lâcher cette personne.
HOMME : pas question ! Si je la lâche, vous me tuerez comme un chien.

L’homme parlait d’une voix tremblante, mal assurée. Il était nerveux, trop nerveux pour être certain qu’il ne ferait pas de bêtise. André connaissait ce type de personne : les poivrots ou les désespérés… ils pouvaient craquer à tout moment.
Un bruit attira le regard d’André sur le côté. Il vit une forme camouflée le long d’une porte. En y prêtant plus d’attention, il reconnut Girodelle qui lui faisait signe de poursuivre et de garder l’attention de l’homme.

ANDRE en défaisant son ceinturon pour abandonner son arme au sol : vous avez raison, il vous faut un otage… Cette femme ne vous servira à rien !
HOMME : qu’est-ce que vous racontez ?

Oscar regarda le jeune homme sans comprendre : pourquoi avait-il dit cela ? Pourquoi lui avoir révélé qu’elle était une femme ?

ANDRE la voix calme : voyez sa peau douce… son parfum discret… vous trouvez qu’elle ressemble à un homme ?
HOMME déstabilisé : mais ses habits…
ANDRE continuant à endormir sa folie : un leurre mon ami… Cette femme n’est qu’une vulgaire courtisane… Elle se déguise ainsi pour entrer dans la caserne sans se faire remarquer.

Les yeux bleus oscillaient entre la colère de cet affront et l’interrogation totale. « Une courtisane » ? Si son père entendait ça, il l’abattrait immédiatement.

ANDRE : vérifiez si vous ne me croyez pas !

L’homme obéit. Il relâcha légèrement Oscar pour glisser sa main sur sa poitrine, tenant toujours de l’autre le poignard à quelques centimètres de son cou. Le contact était dénué de toute tendresse, une sorte de tâtonnement brutal. La jeune femme tressaillit. Elle le tuerait pour l’avoir ainsi touchée.

HOMME la main toujours indécemment placée : vous avez raison, c’est bien une femme !
ANDRE poursuivant le jeu de séduction : je parie qu’elle porte des bandages pour cacher ses seins.
HOMME massant de nouveau le buste d’Oscar : c’est vrai !
ANDRE : si vous voulez quitter ce lieu, prenez-moi en otage …

Girodelle, resté en retrait regardait la scène sans bouger. Il découvrait que le fils du Général de Jarjayes était une femme et comme si cela ne suffisait pas, un des héritiers d’une des prestigieuses familles de Paris, proposait de prendre sa place !

HOMME : pourquoi je ferais ça ?
ANDRE : ce que je dis c’est pour vous. Je pense que suffisamment de sang a coulé ; je ne veux pas voir celui d’une jeune femme innocente également. Je suis le Comte Bernard de Châtelet et mon nom serait souillé si on apprenait que je vous ai laissé faire sans rien tenter.
HOMME : un comte ?
ANDRE : oui un comte.

ANDRE : Capitaine de Girodelle !

Girodelle fulmina ! Pourquoi l’avait-il appelé alors qu’il s’était dissimulé depuis plusieurs minutes à l’abri et qu’il attendait le meilleur moment pour intervenir ? André ne lui laissant pas le choix, il dut se dévoiler et anéantir de par là même leur seule chance d’arrêter l’assassin.

ANDRE : Cet homme est le Capitaine Victor Clément de Girodelle, au service de leurs Majestés. Capitaine, pouvez vous confirmer mon identité auprès de cette personne ?
GIRODELLE : je jure sur mon honneur que cet homme est bien le Comte Bernard de Châtelet.

L’homme observa le Capitaine et dut se rendre à l’évidence de la situation. Il n’avait pas le choix.

HOMME : très bien, je laisse partir la fille si vous venez avec moi !
ANDRE : c’est d’accord.

André s’approcha à pas lents, l’homme gardait toujours Oscar près de lui. Quand enfin l’échange eut lieu, Oscar se libéra brusquement de son agresseur tandis que Girodelle ramassa l’épée d’André et lui lança aussitôt. En quelques mouvements agiles, elle désarma le meurtrier et André l’immobilisa à terre.

ANDRE l’épée pointée sur son cœur : si tu fais un geste, tu es mort.

Oscar remercia son sauveur du regard alors que Girodelle observait le Comte tenir en joue le meurtrier. André tenait son épée de la main gauche…


À suivre...

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