Bienvenue à l’école des officiers

Une fanfiction de Lady Oscar
par Myminette

Chapitre 20 : Séparations



irodelle se tint devant ces trois personnes, immobile comme si son esprit avait été aspiré dans son inconscience. Il ne voyait plus cet assassin qui avait été maîtrisé, ni ces deux jeunes hommes, l’un blond, l’autre brun qui tentaient tour à tour de lui parler. Il gardait dans l’empreinte de son cerveau cette main gauche attrapant l’épée au vol… comme une scène jouée des dizaines de fois sous ses yeux…

………………….

Souvenirs….

Je suis venu rendre visite à ma mère. Cela fait bientôt dix ans qu’elle ne vit plus avec mon père et moi au château des Girodelle. J’en ignore la raison. Je me souviens seulement d’une dispute entre mes parents lorsque j’étais jeune. Depuis ce jour-là, ma mère est partie vivre avec ma sœur cadette dans notre demeure à la banlieue de Paris.
La vie est parfois étrange. Dans la même semaine, je perdais à mes côtés, ma mère, ma sœur et mon ami. Un garçon que mes parents avaient mis à mes côtés, avec lequel je pouvais jouer et m’entraîner sans ressentir le poids de la solitude. Mais depuis cette journée où les voix s’étaient élevées, tout changea. Je me retrouvais de nouveau seul.

Malgré les années qui défilaient, je continuais mes visites auprès de ma mère, aujourd’hui encore je ne cesse de me rendre auprès d’elle ou de lui écrire, encore plus maintenant… maintenant que je sais.
Elle a attendu longtemps avant de rompre le silence sur ce lourd secret. Pour me préserver ? Sans doute. Au fil des années, je me suis montré plus insistant et quand je fus en âge de comprendre, elle accepta finalement de m’expliquer son éloignement. Ce que je découvris ce jour-là dépassa toutes les fausses excuses que j’avais pu imaginer.
Les paroles qu’elle avait dites avaient été difficiles à entendre, mais encore plus à prononcer ; pourtant ma mère ne cessa pas un seul instant de me sourire. Avec tout l’amour qu’elle me portait, elle m’expliqua. Elle n’essaya jamais de me ménager ou de me cacher quoi que ce soit. Elle me dit les choses simplement.

« Ton père a connu une femme avant de m’épouser. Je l’ai toujours su mais cela n’avait aucune importance pour moi : je vous aimais toi et ton père. C’est tout ce qui m’importait. Un jour il m’a présentée André, André Grandier, le jeune garçon qui a passé une partie de son enfance avec toi. C’était un garçon charmant, vous aviez appris à prendre mutuellement soin l’un de l’autre. Te voir si heureux me comblait de bonheur.
Un jour j’ai découvert la vérité : André n’était le simple fils d’une servante. André était le premier fils de ton père. Oui Victor… André était ton frère… même illégitime, ton frère tout de même ! Quand ton père a compris que son secret allait être découvert, il a voulu se débarrasser du garçon et de sa mère… »

Je me souviens de ses larmes… je me suis approché d’elle et je l’ai serrée aussi tendrement que j’ai pu.

« Je crois que ton père a jeté des hommes à leur poursuite. Je n’en suis pas sûre mais le doute a toujours subsisté dans mon esprit. Quelques jours plus tard, sa mère a été retrouvée noyée dans la Seine… mais le corps d’André n’a jamais refait surface… nous avons tous pensé qu’il avait du sombrer dans les eaux glaciales » avait elle fini par dire.

Je me souviens de ses mains tremblantes qui ne cessaient de dénouer nerveusement un mouchoir maculé de larmes. J’ai finalement passé plus de jours que prévus à ses côtés. Maintenant je connaissais la vérité sur ce bouleversement qui avait eu lieu dans mes jeunes années.

……………….

En pensées….

« Je regarde cet homme épée à la main. Il me fait face. Il essaye de comprendre mon mutisme ; je le devine. Je l’ai croisé plusieurs fois depuis le début de cette affaire pourtant je sens que c’est la première fois que je le regarde vraiment. C’est la première fois que je regarde réellement quelqu’un, en fait. Je mène des enquêtes mais je m’aperçois que je ne fais attention qu’aux faits, pas aux gens… suis-je seulement un pantin dénué de sentiments ?
Je le regarde. Je vois ses lèvres bouger mais je ne veux entendre ses mots tant ma conscience se focalise sur l’homme qu’il est. Il s’approche de moi, pose sa main sur mon épaule. Je vois mon prénom se dessiner sur ses lèvres. VICTOR ? Je cligne des yeux. Ma vision change.
Comme éveillé d’un long sommeil, j’essaye de voir au-delà… je comprends… je ne sais pas pourquoi mais je comprends enfin. Je remarque le regard vert, qui maintenant me paraît si coutumier. J’observe cet homme changer son épée de main pour la rengainer dans son fourreau placé à sa gauche.
Je t’ai approché, je t’ai questionné, tu ne t’es jamais trahi. Pas un seul instant je n’ai douté de ton identité. Tout m’est revenu par ce geste ; par cet instinct qui fait l’homme. Je voudrais te détester de ta trahison et de ton silence. Pourtant je suis heureux de te savoir en vie… un poids que ma mère n’aura plus à porter… »

……………….

GIRODELLE en s’approchant de l’homme à terre : je vais m’en occuper.

Il ligota l’assassin et l’aida à se relever. Il salua Oscar, saine et sauve, puis passa à côté de son frère.

GIRODELLE : tu n’es pas blessé ?
ANDRE : non, je vais bien… merci pour ta présence…

Le Capitaine lui sourit. Il avait retrouvé un ami et s’était découvert un frère.

GIRODELLE lui murmurant à l’oreille tendrement : je reviendrai te voir… André…

Ainsi il avait compris. Il savait.

ANDRE : ce sera avec plaisir…

Oscar regarda le soldat s’éloigner puis voulut se rapprocher d’André pour le remercier de son aide quand celui-ci s’adossa contre un mur, un sourire aux lèvres, ses yeux se déversant en silence.


À suivre...

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