Baiser ensanglanté

Une fanfiction de Lady Oscar
par Myminette

Chapitre 20 : Amour assassiné






e jour était avancé depuis quelques heures quand Oscar regagna finalement Jarjayes. Ses parents s’étaient déjà rendus à la cour tandis que les domestiques étaient pour la plupart occupés à leurs tâches diverses. Comme souvent, Grand-mère vint l’accueillir sur le pas de la porte.

« Ah te voilà enfin ma chérie, tu rentres bien tard »
« J’avais du travail qui me contraignait à rester la nuit à Versailles »
« Ma pauvre enfant… et Monsieur de Fersen qui se faisait une joie de discuter quelque peu avec toi… »
« Fersen est ici ? »
« Oui, il est arrivé il y a près d’une heure et depuis il attend ton retour dans la bibliothèque. »

Le sang fouetta le cœur de la jeune femme.

« Grand-mère, je voudrais que tu demande à Louis de t’emmener plus tôt au village ce matin »
« Mais pourquoi ? »
« Ne discute pas… pardon, c’est que …j’aurais besoin de toi ensuite »
« Très bien, j’y vais tout de suite » répondit la nourrice surprise par l’ordre
« Je ne veux pas que tu sois dans les parages Grand-mère, qui sait ce qu’il pourrait arriver » pensa Oscar en la voyant se diriger vers les écuries.

Le corps qui quelques minutes plus tôt était lourd et fatigué, montra une nouvelle force, rassasié par un flot éphémère d’adrénaline. Oscar retira son manteau, le posa sur le sofa de l’entrée et pénétra dans la bibliothèque où le meurtrier devait l’attendre.

« J’ai plaisir à voir que vous ne vous êtes pas enfui. Mais cela n’est nul étonnant venant d’un être tel que vous. Si droit. Si fière. Si mortel. » s’amusa-t-il en l’apercevant.
« Je crains Fersen de ne pouvoir vous retourner le compliment. »
Elle l’observa poser le livre qu’il tenait en main parmi les centaines qui étaient rangés sur les étagères. La pièce était plongée dans une étrange pénombre, sorte de songe aux couleurs rougeâtres que créait le soleil en traversant les tentures tirées sur les fenêtres.
« J’espère ne pas vous avoir fait trop attendre » reprit-elle.
« J’ai tout mon temps, comme vous pouvez le constater, je me suis permis de me mettre à l’aise. » il avait tendu son bras vers le long manteau noir à capuche qui reposait sur un des hauts fauteuils.
« Vous avez eu raison. Mon retard est dû à la visite que j’ai faite à votre hôtel duquel vous étiez malheureusement absent. »
« Navré de ce contre temps. » il se baissa pour la saluer, souriant à la jeune femme avec un rictus démoniaque, deux crocs en or étaient fixés sur ses canines.
Comme elle s’y attendait, le combat fut inévitable. Sans même prendre le temps de saisir une arme, Fersen s’était jeté sur Oscar qui s’esquiva l’attaque de peu.
« Je vois que je ne dois pas vous sous-estimer… mais aucune proie ne m’échappe. »
« Pourquoi Fersen ? Pourquoi ces jeunes femmes ? »
« Pourquoi d’après vous ? Pour leur sang bien sûr… chaud, épais, juteux… mais le meilleur reste à venir… celui de la Reine… »
Il l’attaqua dans la foulée mais cette fois-ci la jeune femme n’évita pas le coup à l’estomac qui la projeta contre le mur. « Quelle force » réalisa-t-elle. Jamais elle ne s’était attendue à ce que sous un corps si svelte, se cache une telle puissance. Elle dégaina son épée mais l’homme l’attrapa à pleine main pour la lui retirer, la lame coupante déchirant ses paumes dans un bain de sang.
« Fou que vous êtes, vous pensiez vraiment pouvoir de battre avec de tels armes ? Je suis plus fort que tous les hommes, plus fort que tous les vampires qui furent. »
Mais Oscar n’avait pas dit son dernier mot. Profitant des blessures infligées aux mains à Fersen, elle s’était à nouveau précipitée sur lui et l’avait poignardé de plein fouet dans le ventre. Il eut un hoquet de surprise devant l’attaque, tituba quelque peu tandis que soulagée, Oscar s’était reculée de quelques pas, pour récupérer ses forces, adossée à une des étagères. Les larmes aux yeux, elle vit Fersen s’agenouiller, regarder le poignard qui déchirait ses entrailles puis relever le visage vers elle, un rictus laissant apparaître derrière ses lèvres un des crocs de métal.
« Cela devient assez amusant finalement… »

…..

Malgré le sommeil solaire dans lequel il était plongé, le Chasseur sentit un goût légèrement sucré, une texture sirupeuse envahir sa bouche, narguer sa gorge. Comprenant le malaise qui était le sien, ses yeux s’ouvrirent violemment sur l’obscurité de la tombe. Vicente était en chasse. Il le savait. Il le sentait. Tel était le lien tissé entre celui qui mordait et celui qui avait été mordu. Comme un sens impalpable, son corps savait quand son « géniteur » était sur le point de trouver sa proie et de s’en repaître ; il suffisait pour cela que les deux êtres soient suffisamment proches dans l’espace.
Vicente était sur le point de tuer, une fois encore.
Le Chasseur quitta le lit, s’approcha de la sépulture où étaient disposées ses nombreuses armes en argent : pieux, dagues, arbalètes, flèches. Il prit sa cape et son chapeau puis s’arrêta un instant. Le livre était ouvert, on avait retiré son enveloppe de cuir qui le protégeait. Il vit une plume fraîchement utilisée reposer sur le bord de l’encrier. Quelqu’un avait noté quelque chose sur les dernières pages. Il prit quelques secondes pour regarder… « Idiote ! ». Il referma le livre et le jeta sur sa couche avant de sortir précipitamment de la tombe.


À suivre...

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