Child of the Night 2

Partie Deux: Destin


L'an de grâce 1460
Une semaine plus tard
Château Varga, Roumanie



Durant leur voyage, Vlad traversa les terres qu'il recevrait en dot, s'il choisissait d'épouser Elizabeta Varga. Il en fut satisfait. Le château dont ils approchaient, bien que petit, était bien construit et amplement suffisamment pour abriter une troupe de soldats et de serviteurs quand il choisirait de confier ce petit fief à l'un de ses chevaliers.

Les terres étaient bien entretenues et semblaient capables de produire d'abondantes récoltes. Il repéra aussi trois bons gros troupeaux de moutons robustes ainsi que plusieurs larges troupeaux de bétail qui semblaient gros et sains. Il supposa qu'une partie de ces troupeaux feraient partie du marché, comme le voulait la tradition. Il avait une grande maisonnée, et des provisions supplémentaires étaient toujours les bienvenues. Stefan y veillerait dans le contrat de mariage.


Le château Varga était bien plus petit que le château Draculea mais il était bien conçu et bien fortifié. Dans la cour, des vassaux courureent pour prendre les rênes de leurs chevaux, montrant ainsi leur bon entraînement ou bien la crainte d'une punition rapide si le travail était mal fait.

Le petit groupe descendit de cheval et Vlad étudia le mur d'enceinte tandis que les montures étaient conduites aux écuries.


Un groupe de gens sortit par la porte principale du château, un homme replet aux cheveux gris à leur tête, ses mains tendues en signe de bienvenue.

« Maria Ta Votre majesté (1) Draculea ! » s'exclama-t'il en s'inclinant profondément.

Vlad lui répondit par une légère et polie inclinaison de la tête. L'homme se rapprocha avec un enthousiasme débordant.

« Je suis honoré que vous considériez ma douce Elizabeta comme une épouse potentielle. Je vous en prie, Domn Mon seigneur (2), veuillez honorer mon humble demeure de votre présence. »

Il tendit la main en un geste de bienvenue extravagant, à la limite de la servilité.


Vlad récita la réponse appropriée d'une voix monotone.

« C'est moi qui suis honoré que vous m'autorisez la possibilité de demander la main de votre précieuse enfant. »

Il avait ajouté le mot 'possibilité' à sa réponse afin de se laisser le champ libre s'il trouvait la fille inacceptable. Il ne souhaitait consentir à ce mariage en aucune manière, explicite ou implicite, tant qu'il n'aurait pas personnellement examiné la jeune femme. Il jeta un regard à la petite foule venue pour accueillir les visiteurs mais ne vit personne qui pourrait ressembler à la plus jeune fille de la maison. Cependant, il vit quelqu'un d'intéressant.


Ce ne fut que la vision fugitive d'une silhouette qui s'attarda un moment au bord de la foule, observant les hommes lourdement armés de l'entourage de Vlad avec quelque chose qui ressemblait à du désarroi. Il était grand, finement jeune dans un sarrau d'un brun rude, le vêtement sans forme noué à la taille par une simple corde et pendant au-dessus de braies usées de couleur brun clair. Vlad se demanda pourquoi Varga autorisait les servants de sa demeure à s'habiller aussi pauvrement.


Il croisa le regard du garçon pendant un moment. Les yeux du jeune homme était larges, d'un brun velours, et semblaient s'étirer juste un peu sur les bords extérieurs : des yeux de biche. Il se glissa à nouveau dans le château et Vlad le regarda disparaître, laissant le discours mielleux de bienvenue de son hôte passer sur lui sans l'écouter.

Qui était-ce ? se demanda Vlad. Un valet de pied ? Un régisseur en formation ? Il était un peu vieux pour être un page. Un garçon d'étable ou un assistant de garde-chasse ou de fauconnier n'aurait pas été admis dans la maison, alors qui était ce jeune homme ?

Vlad fut conduit à l'intérieur par son hôte très zélé et on lui montra sa chambre. À en juger par toutes les dorures et le velours visibles, Vlad était convaincu que sa chambre était la plus impressionnante de tout le palais. Varga en avait probablement déménagé juste la veille pour que son royal invité ait des appartements convenables. En l'examinant, Vlad prit mentalement note de demander à ce que les draps du grand lit soient changés avant la tombée de la nuit.

Résigné à l'idée que son invité important se retire pour le moment, Lord Varga se montra servile.

« Bien entendu, vous voudrez vous reposer et vous rafraîchir avant le banquet de ce soir, Domn. N'hésitez pas à demander tout ce dont vous avez besoin ou ce qui vous fera plaisir. Mes serviteurs sont vos serviteurs. »

Quel plaisir d'entendre ça, seigneur Varga, songea-t-il. Car j'ai vraiment besoin et envie de l'un de vos serviteurs, je pense. Oui, je crois que j'ai terriblement besoin de lui.


Quand son hôte fut parti, Vlad s'adressa à Simion, son aide.

« J'ai vu un jeune homme parmi la maisonnée, grand et mince, avec des cheveux noirs et courts. Il a à peu près seize ans et de grands yeux bruns. Amène-le moi, Simion. »

Simion sourit en s'inclinant. Cela faisait de nombreuses années qu'il servait le prince et il le connaissait bien. Le maître devait en effet être charmé pour appeler le jeune homme aussi vite après son arrivée, n'essayant même pas de feindre la patience. Si Simion ne se trompait pas, ce jeune homme allait se retrouver à marcher bizarrement très bientôt, une preuve de l'attirance de son maître envers les beaux et jeunes garçons. Il espérait que le jeune homme serait en mesure d'apprécier l'aubaine d'avoir obtenu l'attention de Vlad Tepes Draculea, ainsi que l'importance pour son futur proche.


À l'étage inférieur, dans l'aile des serviteurs, Simion s'enquit du jeune serviteur mais ne reçut que des regards vides en réponse. Non, lui répéta-t'on sans cesse, il n'y avait aucun serviteur mâle qui correspondait à cette description. Ne voulant pas retourner les mains vides auprès de son maître, il rôda dans l'aile des serviteurs, les cuisines et les couloirs réservés uniquement à la circulation du personnel, mais en vain. Ce fut avec une immense réticence qu'il retourna à la chambre de Vlan sans avoir trouvé l'objet de ses intenses recherches.


Il trouva son maître prêt à recevoir son charmeur désiré. Il avait retiré ses lourds vêtements de voyage et ne portait qu'un peignoir fin et blanc. Il semblait encore plus angélique que jamais, jusqu'à ce qu'on remarque que le vêtement moulait une érection pressante et très humaine. Quand Vlad vit que son serviteur était revenu seul, son visage s'assombrit. Prompt à éviter la colère de Draculea, Simion fit avec hâte :

« Mon seigneur, j'ai essayé ! Il est introuvable. Tous les serviteurs ont nié le connaître.

– Je ne suis pas aveugle, Simion, ni fou. Je sais ce que j'ai vu. Le garçon est ici, quelque part. »


Il n'ajouta pas : Et j'ai bien l'intention de l'avoir. Il était inutile d'entrer dans les détails ; Simion savait parfaitement ce que son maître ferait avec le jeune homme quand il le trouverait.

« Patience, Domn. S'il est ici, je finirai bien par le trouver. »

Mon garçon, songea Simion. Je ne peux qu'espérer que tu aimes les hommes. Autrement ta vie va être plutôt inconfortable pendant un moment. Vlad n'aime pas qu'on lui refuse quoi que ce soit. Quand il te prendra finalement, il sera plutôt impatient.

Durant le reste de la journée, Simion poursuivit son enquête aussi discrètement que possible, tandis qu'il vérifiait que le groupe de sa seigneurie soit bien logé et que leurs montures soient bien traités. Il remarqua avec satisfaction que les serviteurs du château savaient comment traiter les biens de la noblesse en visite.

Lorsque l'heure du banquet arriva, Simion recherchait toujours en vain le mystérieux garçon. L'expression de Vlad était presque aussi sombre que les vêtements noirs et formels qu'il portait pour le banquet. Mais lorsqu'il entra dans le hall, accompagné par sa suite, il s'arrangea pour avoir une expression plaisante. Il n'aimait pas beaucoup la politique sociale de sa classe, mais il savait ce qu'il devait faire pour que les choses se passent bien. Vlad ne montrait aucune colère ou frustration, sauf quand il souhaitait montrer au monde ce qu'il ressentait, et alors les gens autour de lui tremblaient de terreur.


Les tables étaient disposées en un large U d'un bout à l'autre du grand hall, la place d'honneur se trouvant à la fin de la barre du U, près de l'immense âtre où crépitait un feu bas. Le temps n'exigeait pas encore un plus grand feu pour combattre le froid de l'hiver dans la salle de banquet exposée aux courants d'air. Les rangs des invités décroissaient vers les extrémités des tables, loin de la chaleur d'un grand feu dans le froid glacial de l'hiver. Vlad fut escorté avec beaucoup de cérémonie jusqu'au siège à la droite de son hôte, qui s'assit lui-même au centre de la table supérieure. Ce ne fut qu'après q'une des membres de l'entourage de Vlad chuchota rapidement à l'oreille du seigneur Varga pour lui indiquer son erreur qu'il se déplaça promptement afin de laisser son invité prendre la place d'honneur.


La pièce était déjà remplie d'invités qui se tenaient derrière leurs sièges et attendaient que le prince soit annoncé et assis. Vlad songea que la présentation faite par son hôte, bien qu'heureusement brève, était malheureusement excessivement fleurie et même remplie de vantardises sur leurs possibles liens matrimoniaux. Il répondit par quelques mercis courtois pour son accueil, puis le seigneur Varga annonça fièrement :

« À présent, Domn, laissez-moi vous présenter ma précieuse, mon trésor, mon Elizabeta. »

Suivie par quelques dames de compagnie qui gloussaient nerveusement, la jeune femme traversa la pièce avec la fière assurance qu'elle était aussi précieuse et le trésor que son père venait d'annoncer. Elle se dirigea vers la table, croisant audacieusement le regard du prince. Vlad l'examina en appréciant ironiquement l'assurance de la fille. Ce n'était pas une fleur tremblante et timide. Elle savait ce qu'elle valait et s'attendait à être effectivement traitée comme un trésor.


Elizabeta se tint aux côtés de son père et fit une profonde révérence. La ligne de gorge nettement coupée de sa robe de velours rouge rubis montra le sommet de petits seins droits, ainsi que la peau parfaite du blanc laiteux recherché par toutes les femmes de la noblesse. Elle avait des cheveux d'un noir de corbeau, retenus en un soyeux chignon à la base de son cou et recouvert par un petit chapelet de cordes tressées en or.

Ses yeux, lorsqu'ils croisèrent les siens, provoquèrent un léger choc chez lui. C'étaient les mêmes yeux que chez le jeune homme qui avait attiré son attention — grands, sombres et légèrement en amande. Cependant, ils étaient bien trop connaisseurs pour une soi-disante jeune dame innocente. Alors que chez le jeune homme, les yeux recelaient une douce innocence et de la timidité. Il y avait même une ressemblance avec lui au niveau des pommettes hautes de la jeune femme et de son petit nez droit. Mais là où la bouche du jeune homme avait été généreuse, presque voluptueuse, la sienne était plus petite, et elle retombait légèrement sur les bords, ce qui laissait supposer une tendance à l'irascibilité si on la contrariait. Mais dans l'ensemble, cette jeune femme et le jeune homme se ressemblaient trop pour que ce soit une simple coïncidence. Il se passe quelque chose d'étrange ici, songea-t-il.


Tandis qu'il l'observait, la femme devant lui reprit soudain l'attitude d'une noble fille bien élevée. Elizabeta finit par se rappeler qu'elle devait garder les yeux baissés en signe de timidité, bien qu'elle ait déjà croisé le regard de Vlad audacieusement. Elle ne parla point car ni son père, ni leur invité ne lui en avait donné la permission. Pour cette première rencontre, elle était assise de l'autre côté de son père. Plus tard, il lui serait permis de s'asseoir à côté du prince pour qu'ils se connaissent au moins nominalement.

L'attention de Vlad fut attirée par un dernier convive qui se glissa discrètement dans la salle alors que l'assemblée s'asseyait. Il observa avec intérêt le jeune homme prendre place à l'extrême fin de l'une des tables, le plus humble des sièges de la salle, le plus proche de l'entrée où les courants d'air devaient être glaciaux en hiver. Il n'y avait aucun doute sur la silhouette fine, pauvrement vêtue et aux cheveux très courts et sombres. C'était bien le jeune homme qu'il avait aperçu dans la cour.


Ainsi... ce n'est pas un serviteur, songea Draculea. Aucun serviteur n'aurait osé s'asseoir avec ses seigneurs. Quel dommage. Je vais devoir me montrer plus prudent avec lui. Pourtant, ce doit être un membre très bas de cette maison. Il va juste falloir que j'y aille plus doucement et plus discrètement.

Vlad feignit poliment de s'intéresser à la séduisante jeune femme qui pouvait devenir son épouse, lui adressant des remarques par-dessus son père, écoutant à moitié ses réponses inintéressantes tandis que ses yeux n'arrêtaient pas de lorgner au bout de la table.

Il remarqua que le jeune homme mangeait lentement, presque délicatement, coupant sa nourriture en petits morceaux avant de la porter à sa bouche. Il n'avait pas de gobelet devant lui et ne but pas de vin durant l'observation de Vlad, et personne ne lui en servit. Vlad remarqua également que personne ne parla au jeune homme pendant le banquet. On l'ignorait en général, et il semblait s'en satisfaire.


De plus en plus étrange, songea Vlad. Un rang bas, des habits modestes, l'abstinence, des cheveux courts... Peut-être un ecclésiastique ? Cela pouvait rendre les choses plus difficiles mais pas impossibles. Vlad sourit. Si le jeune homme pratiquait le célibat, ce serait un véritable défi que de déchaîner l'énergie refoulée que Vlad pouvait sentir en lui. Sur le ton de la conversation, Vlad fit à son hôte :

« Avez-vous un prêtre ? Je souhaiterais me confesser plus tard.

– Bien sûr, Domn, bien sûr. Votre piété vous précède. »

Vlad haussa les sourcils d'un air sceptique. Il respectait les formalités de sa religion mais il n'avait pas vraiment un réputation de saint et il le savait. Le seigneur Varga désigna de la main un homme chauve en bure noire qui était assis un peu plus loin à la table.

« Le père Mircea est toujours prêt pour les Saint Offices. Vous pouvez généralement le trouver dans la chapelle ou la bibliothèque. »

Il prononça le dernier mot avec une légère teinte de mépris.


Vlad se redressa, piqué dans son intérêt.

« Vous avez une bibliothèque, Varga ? »

Son hôte parut surpris mais il poursuivit en souriant :

« Oui, Domn. Quelques très bons ouvrages. »

Vlad savait ce qu'il pensait. Les Dracul étaient des guerriers réputés. On ne s'attendait pas à ce qu'ils soient intéressés par des choses aussi peu guerrières que la littérature ou la connaissace, à moins que cela ne parle de philosophies et tactiques martiales. Mais en fait, les ancêtres de Vlad avait respecté, et peut-être révéré, la connaissance. Il y avait une impressionnante collection de livres, papiers et parchemins dans la bibliothèque du château Draculea. Ils étaient tristement négligés ces derniers temps car le dernier bibliothécaire était mort au temps de son père et n'avait jamais été remplacé.


Les yeux modestements baissés sur son assiette, Elizabeta hasarda :

« Nous en aurons plus avec le temps. Nicolae travaille si dur dans notre bibliothèque tous les jours. »

Ernestu grogna.

« Il n'est bon qu'à ça.

– Père, je vous en prie. C'est tout ce qu'il a appris à faire. Vous ne pouviez pas espérer avoir un guerrier vu la façon dont il a été élevé.

– Tu ne peux pas me reprocher ça, ma fille. Je ne pouvais pas savoir qu'il deviendrait si tendre et inutile. »

À ce qu'il semblait, c'était un vieux contentieux entre ces deux-là. Vlad trouva cela intéressant. Jusqu'à présent, excepté pour son regard audacieux, Elizabeta avait été la fille docile modèle, prête à obéir à chaque caprice et ordre de son père. Qu'était ce Nicolae pour elle, pour qu'elle le défende autant ?


Elizabeta poursuivit :

« À quoi vous attendiez-vous en l'envoyant vivre chez les moines ? Vous saviez qu'ils étaient érudits. Si vous aviez voulu faire de lui un guerrier, vous auriez dû faire de lui l'écuyer d'un chevalier. Mais bien sûr... »

Son ton était furieux.

« Vous auriez dû alors l’équiper et cela aurait été beaucoup plus cher. Tout ce qu'ils demandaient au monastère, c'étaient quelques vêtements grossiers et de la pitance pour sa nourriture.

– Beta, assez ! Tu agis comme si c'était ton frère. »

Ses yeux lançaient à présent des éclairs en direction de son père. Eh bien, elle a du caractère après tout, songea Vlad.

« C'est mon frère ! »

La voix d'Elizabeta était basse et dure à présent, complètement différente du ton gentil qu'elle avait utilisé avant.

« Bien que nous ne provenions pas des mêmes entrailles, nous venons de la même semence, Père. »


Ah, ça explique tout. Un bâtard. C'était assez commun. La situation semblait un peu inhabituelle cependant. D'après ce qu'il avait entendu, il semblait qu'Elizabeta et ce Nicolae avaient été élevés ensemble, au moins les premières années. Son affection était évidente. Les nobles s'occupaient souvent de leurs enfants illégitimes, surtout si la mère était au-dessus de la masse paysanne, mais il était très rare qu'un enfant illégitime soit en contact avec un légitime.

Jusqu'à présent, Vlad n'avait pas eu une bonne opinion de Varga mais il semblait avoir fait plus que son devoir pour ce bâtard. Il l'avait apparemment élevé pendant un moment puis placé dans un endroit où il serait en sécurité et pourrait apprendre un métier. Peu en aurait fait autant.

« Il lit ? » interrompit Vlad.

Le père et la fille lui lancèrent un regard vide. Ils avaient été trop pris dans leur long argument.

« J'admire ceux qui font l'effort d'apprendre. Moi-même, j'apprécie énormément la bibliothèque au château Draculea. »


Elizabeta, sentant un champion potentiel pour son favori, hocha la tête avec empressement.

« Et il écrit aussi, Domn. Pas seulement copier mais il écrit ses propres pensées ! Oh, il a une belle écriture ! Si claire, si parfaite. C'est une œuvre d'art.

– Puis-je rencontrer cet artiste ? »

C'était un moyen de gagner les faveurs de la fille tout en irritant le père. Varga n'oserait pas refuser quoi que ce soit à son invité, même si cela l'ennuyait.

Ernestu soupira lourdement et fit signe à un valet.

« Amène le bibliothécaire. »


Le valet se dirigea vers le bout de la table. À chacun de ses pas, Vlad sentit son cœur battre plus vite. Il vit le valet dépasser les sièges des nobles, et chacun d'entre eux tourna la tête pour surveiller sa progression, curieux de savoir qui était convoqué à la table d'honneur. Il arriva en bout de table et s'arrêta devant le jeune homme aux cheveux noirs vêtu de son grossier habit brun, lui parlant doucement. Le jeune homme se détourna de son assiette pour écouter puis il leva la tête vers la table, ses grands yeux noirs anxieux et remplis de questions. Il y avait un peu de sauce sur ses lèvres. La convocation devait l'avoir rendu nerveux car, oubliant sa serviette, sa langue lécha l'éclaboussure. Vlad se sentit durcir sous la table.

Le jeune homme se leva et contourna le bout de table, marchant dans l'espace entre les deux côtés. La pièce était très silencieuse tandis que les autres convives le regardaient passer. Vlad pouvait entendre le doux bruit de ses pas. Finalement il se tint devant eux.


Son regard se posa brièvement sur Vlad puis passa rapidement sur l'homme qui était son père par la chair, si ce n'était par l'esprit. Ensuite il regarda Elizabeta et ses yeux devinrent doux et chaleureux. Un léger sourire orna son visage, le rendant encore plus jeune et si désirable que Vlad en souffrait presque. Pendant un moment, il faillit haïr la fille qui pouvait obtenir un tel regard de lui.

Puis le jeune homme regarda à nouveau son patron hargneux, son sourire disparut et il baissa les yeux. Sa voix était tranquille et respectueuse.

« Vous avez requis ma présence, Domn ?

– Notre honorable invité a exprimé le désir de te rencontrer. »

Le ton d'Ernestu disait "bien que je ne puisse comprendre pourquoi".


Le jeune homme regarda à nouveau Vlad, puis baissa rapidement les yeux, sentant le rouge lui monter aux joues. La façon dont le seigneur en visite le regardait était plutôt déconcertante.

Mon Dieu, il est magnifique, s'émerveilla Vlad. Il parla gentiment :

« Regarde-moi, mon garçon, et dis-moi ton nom. »

Le jeune homme leva ses yeux avec hésitation. Les yeux du prince étaient bleus, et le bleu aurait dû être une couleur froide. Pourquoi alors étaient-ils si intenses et si brûlants ? Il parvint à peine à émettre plus qu'un murmure pour parler au Prince Vlad Tepes Draculea pour la première fois.

« Si mon seigneur le souhaite, je m'appelle Nicolae Calugarul. »

Ah, songea Vlad. Alors Varga ne veut risquer aucune partie de son domaine en reconnaissant le garçon comme un Varga. Nicolae le Moine, hein ? Il va falloir voir si je ne peux pas faire en sorte que ce nom ne lui convienne plus.



Notes du chapitre :
(1) Votre majesté
(2) Mon seigneur






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