Child of the Night 58

Partie Cinquante-huit : Le troisième, et retraite


L'an de grâce 1713
La nuit d'après


Les yeux de Rill étaient anxieux.

« Il n'est jamais revenu, mon seigneur. Je crains pour lui. »

Draculea regarda le garçon, voyant à quel point il était troublé. Simion s'assit près de son jeune amant en passant un bras réconfortant autour de lui.

« Calme-toi, Rill. Il s'est peut-être retrouvé trop loin quand l'aube est venue, mais il sait très bien ce qu'il doit faire pour survivre. Il s'est sûrement trouvé un endroit sombre où on ne le dérangera pas. »

En dépit de ses mots, Draculea n'était pas du tout certain de ce qu'il avait avancé. Rock ne suivait qu'à contrecœur les règles instaurés pour son salut. Il n'avait pas encore senti la morsure du soleil et ne croyait pas vraiment que cela pouvait être dangereux pour ceux de son espèce. Draculea ne s'aventurait plus hors de ses appartements même durant les jours pluvieux ou couverts. Il soupçonnait que plus les années passaient, plus il était vulnérable aux ravages du jour. Si c'était vrai, alors il risquait bien plus qu'une simple brûlure si le soleil frappait sa peau.


Rill se ressuya le nez en soupirant.

« Je suppose que oui. Il ne veut pas prendre soin de lui, cependant. Je pense que je ne serais pas aussi bouleversé si je ne m'inquiétais pas aussi pour Sinn. Je suis allé lui demander s'il avait vu Rock. Ils sont parfois ensemble, » fit-il d'un ton d'évidence.

Il ne remarqua pas le regard échangé par Simion et Draculea.

« Alors je suis allé dans sa chambre pour voir si Rock était là. Mais Sinn n'était pas là non plus. J'ai demandé à la fille qui s'occupe de sa chambre et elle a dit qu'elle ne l'avait pas vu. Cela ne veut sans doute rien dire. Je sais que Sinn n'a pas grand-chose à faire des serviteurs. Mais aucun courtisan ne se rappelle l'avoir vu. »

Le regard qu'il lança à Draculea était à la fois inquiet et rempli d'espoir.

« Vous pensez qu'ils sont ensemble ? »


Simion le pressa contre lui.

« Je n'en serais pas surpris, mon amour. Ne t'inquiète pas pour lui — il reviendra. »

Draculea ébouriffa les cheveux du garçon.

« Si ça peut te rassurer, je vais rechercher ton ami et ton frère. »

Rill lui lança un sourire brillant et reconnaissant.

« Merci, mon seigneur. »

Il hocha la tête.

« Vous allez les trouver. »

Sa confiance était simple et entière.

« Maintenant, je sais que tu n'es pas à l'aise avec la cour, Rill, mais il faut que tu t'occupes pendant que Simion et moi chercherons. Il y a toujours un groupe de vieille dames dans le petit salon bleu — va t'asseoir avec elles. Tu sais assez bien parler français pour converser un peu avec elle et elles seront ravies d'avoir un beau jeune homme avec eux. »

Rill roula des yeux.

« Elles veulent toujours me pincer la joue ou me tapoter le genoux. Très bien. »

Il embrassa Simion puis partit.


Draculea observa Simion sourire tendrement à son amant.

« C'est bon de vous voir ensemble, Simion. Je ne t'ai jamais vu aussi heureux.

– Il me complète, mon seigneur, »fit simplement Simion.

Draculea acquiesça tristement. Il pouvait très bien comprendre les sentiments de son ami. S'il priait encore, il aurait demandé à Dieu de protéger Rill — pour Simion. Il connaissait l'agonie de perdre son âme-sœur.

« Tu peux me parler de ce mystère, Simion ?

– Sinn et Rock ont été intimes, mon seigneur. Ce ne serait pas surprenant qu'ils soient ensemble mais je ne sais vraiment pas où ils ont pu partir. »

Draculea grogna.

« J'avais soupçonné leur liaison. Je ne suis pas aussi inattentif qu'ils pourraient le croire. Je pense aussi que Rock s'est nourri du vicomte. »

Simion se renfrogna.

« Contre vos ordres explicites ? Je n'aurais jamais cru qu'il aurait un tel courage.

– Oh, ce n'est pas du courage, Simion. C'est plus de l'arrogance et de la stupidité. J'ai remarqué à quel point le jeune Barbee était pâle et languissant ces derniers jours. Même si c'est à la mode de prendre de l'arsenic pour avoir ce teint pâle, Sinn est trop prudent pour mettre sa santé en jeu. Il veut terriblement vivre. Je pense que Rock a voulu piéger Barbee puis l'utiliser pour financer sa fuite. »


Draculea rit brièvement.

« Il a mal choisi. Sinn donne une bonne impression mais ses fonds sont limités. Il survit avec une rente de son père et les cadeaux fournis par ses admirateurs. »

Ses yeux se plissèrent.

« S'ils ont vraiment fui, ils n'iront pas bien loin. Pourtant, nous ferions mieux d'épuiser les possibilités locales.

– Oui, mon seigneur. Je vais chercher chez les domestiques. Je ne causerai pas de soupçons là-bas. Mais qu'allons-nous faire pour les appartements privés ?

– Nous n'aurons pas besoin d'y entrer, Simion. Le lien entre un Nosferatu et son enfant est fort et grandit avec le temps. Si je tends mon esprit, je peux sentir Rill et Rock. Je sais que ça fonctionne quand ils sont dans les environs, mais je ne peux pas être sûr que ça marchera si Rock est très loin de nous. Je ne peux que sentir qu'on ne peut pas briser ce lien. Je n'aurai qu'à me tenir devant la pièce et le sentir — alors je saurai s'il est là. »

Ils entamèrent leurs recherches. Simion parla avec les serviteurs et aucun d'entre eux n'avait vu Rock depuis la veille. Draculea parla de Sinn à tous les courtisans qu'il rencontra et ce fut la même chose. Vlad soit entra, soit s'arrêta devant toutes les pièces du palais en tendant son esprit mais il ne trouva aucune trace de Rock.

Aucune trace actuelle. L'odeur de son enfant rebelle était bien présente dans la chambre de Sinn Barbee. Draculea se tint au centre de la pièce en tournant lentement et en sondant l'atmosphère avec chaque fibre de son être. Simion entra dans la pièce et trouva son maître assis sur le lit bien fait et regardant dans le vide.

« Maître ?

– Il y a eu de la mort ici, Simion. Je le sens. »

Simion jura doucement.

« Il n'y a aucun signe d'eux, mon seigneur. Il semble que Rock l'ait tué puis ait fui.

– Je n'en doute pas. »


Simion fit les cent pas.

« Quelqu'un va bientôt remarquer l'absence de Barbee et va poser des questions. Tout le monde sait qu'il était récemment proche de Rill.

– Calme-toi, Simion. Rien n'arrivera à ton amant — je ne le permettrait pas. Mais je pense qu'il vaudrait mieux que tu commences à faire nos bagages et que tu préviennes les tziganes de se tenir prêts à partir à tout moment. Nous pourrons avoir à partir rapidement.

– Nous ne pouvons pas partir avec ce bâtard qui court toujours dans la nature.

– Je sais et ce ne sera pas le cas. Cela peut prendre un jour ou deux mais je crois que je peux le retrouver. Mais pas maintenant — le soleil va bientôt se lever. Comment va Rill ?

– Il est presque mort d'inquiétude parce que Rock n'est toujours pas rentré. Quand sera-t-il enfin libre de cette contrainte, mon seigneur ? Cette vermine ne fait que se servir de lui, et pourtant il reste loyal. »

Draculea soupira.

« Les plus abusés sont ceux qui aiment le plus, Simion, même là où l'amour n'est pas mérité. Nicolae a eu de la peine pour Ernestu quand d'autres auraient dansé de joie sur sa tombe. Essaie de calmer le garçon quelques temps, Simion. »

Le lendemain soir, Draculea se retrouva face à face avec un Rill déterminé.

« Je veux venir avec vous.

– Non, Rill. »

La voix de Draculea était gentille mais ferme.

« Je ne sais pas combien de temps je serai parti. Si je suis surpris hors du palais, ce serait trop dur de trouver un abri pour nous deux. De plus, Rock ou Sinn peuvent très bien revenir. Tu devrais être là pour les accueillir à ce moment. »

Rill hocha la tête avec réticence. Draculea songeait qu'il était très improbable que Rock revienne de son plein gré et il était sûr que Sinn ne pourrait pas revenir. Le jeune courtisan ambitieux devait sûrement reposer dans une tombe peu profonde, à supposer que Rock ait pris la peine de l'enterrer. Il était plus vraisemblable de penser qu'il avait déjà fourni un repas ou deux pour les nécrophages de la forêt.


Mais Draculea se trompait. Alors qu'il montait à cheval et s'éloignait avec un des tziganes à la recherche de son enfant en fuite, le corps de Sinn était à peine touché.

La souche creuse que Rock avait choisi pour son lieu de repos définitif était le terrier d'un grand blaireau au mauvais caractère. Quand il était revenu, l'animal avait été très énervé de trouver le paquet froid dans son repaire. En fait, il avait mordillé le drap jusqu'à déchirer un trou dedans et exposer deux pieds pâles et nus. Il avait été sur le point de mordre mais il s'était arrêté, les narines palpitantes. Étant un vieil habitant de la forêt, il avait l'habitude de la charogne et de son odeur, mais il y avait ici quelque chose de différent.


Cela sentait la mort... mais pas tout à fait. Il y avait quelque chose qui n'allait pas ic, à tel point qu'il tourna le dos à son antre confortable et courut dans les bois se chercher un abri ailleurs. Plus tard, un renard vint renifler autour de la souche. Il recula, sa queue touffue hérissée, ses oreilles de souris près de son crâne, puis il partit en gémissant.

Le corps de Sinn reposait sans être dérangé tandis que le sang du Nosferatu, le sang qu'il avait ingéré tant de fois en buvant la semence de Rock, se filtrait en lui en le changeant.

Draculea avait été forcé de s'abriter avec le lever du soleil en prenant une chambre dans une petite auberge. Son tzigane resta assis pour le garder dans son sommeil.

Le lendemain soir, sa frustration était intense car il avait réussi à retrouver la trace de son enfant errant. Il était tombé sur la carcasse d'une vache, sa gorge tranchée. Dans une taverne au bord de la route, il avait entendu des ragots sur un démon aux yeux rouges qui avait tenté d'attaqué un jeune couple qui rentrait chez lui. La chose ne s'était enfui que lorsqu'un groupe d'hommes dans la taverne avait entendu les cris et étaient partis enquêter. En conséquence, le jeune homme resta inconscient pendant des heures et la fille avait une énorme plaie au cou, saignant presque à mort jusqu'à ce qu'une vieille grand-mère n'arrête l'hémorragie avec un cataplasme d'herbes.


Quel idiot ! Deux nuits loin de moi et il a déjà mis la campagne en émoi ! Il a tué des innocents et avec tant d'audace qu'il a failli être capturé. Il sera notre fin à tous si je ne l'arrête pas. Bon, il ne peut pas être loin. Damnation, il est grand temps que je le ramène en Transylvanie. Au château Draculea, il sera assez isolé pour ne pas causer de souci. Je suis fatigué de ces voyages, de toute façon. J'avais espéré trouver Nicolae mais ce n'est qu'un rêve sans espoir. Je peux tout aussi bien rentrer chez moi et attendre son retour. Il trouvera bien le moyen de venir à moi.


Draculea chevaucha à nouveau en sachant que Rock devait être dans les environs et en sentant sa présence au bord de sa conscience. Le tzigane le suivit comme il le put bien qu'il dut rester sur la route. Il conduisait une voiture légère avec la boîte où Rock dormait. Il y avait en plus plusieurs longueurs de chaînes et des cadenas solides. Draculea n'avait pas l'intention de laisser Rock s'échapper une fois qu'il l'aurait capturé.

Le réveil de Sinn se fit à travers des couches de néant et il sut tout de suite que ce n'était pas un réveil ordinaire. Il reprit conscience dans des ténèbres froides et totales et avec une faim dévorante. Et il découvrit qu'il ne pouvait pas bouger.

Oh, ce n'était pas tout à fait vrai — il pouvait à peine bouger les bras et les jambes mais il était restreint. Il était enveloppé dans une sorte de linge mais au-delà, il y avait une barrière plus solide. Je suis mort, songea-t-il. Ce linge est mon linceul et les murs autour sont mon cercueil. Comment puis-je sortir de là s'ils m'ont enterré profond ?


La plupart des gens auraient paniqué et seraient devenus hystériques, mais Sinn n'était pas la plupart des gens. En dépit de la soif qui le prenait à la gorge et de la faim qui lui rongeait l'estomac, il pouvait juger sa situation. Je ne respire pas. Seigneur — au moins, je n'ai pas à m'inquiéter d'étouffer. Cela veut dire que j'ai un peu de temps.

Pendant un moment, il resta tranquille, réfléchissant à tous les détails qu'il pouvait rassembler. Il en conclut peu à peu qu'il n'avait pas été enterré. Il pouvait entendre des choses qu'il n'aurait pas pu entendre si elles avaient été étouffés par de la terre. Et il n'était pas dans un cercueil. Les barrières de l'autre côté du linge semblaient rondes au lieu de carrées, comme ce serait le cas avec un cercueil.


Il sentit un souffle d'air à ses pieds et sa tête donc cela voulait dire qu'il y avait des ouvertures. Il se tortilla en bougeant lentement vers le haut. Heureusement, le drap n'avait pas été enroulé trop serré autour de sa tête et il fut capable de la sortir. Quand sa tête fut à l'air libre, il fit une pause pour regarder autour de lui.

Je ne devrais normalement pas pouvoir voir grand-chose, noir comme il fait, mais je le peux et ce n'est pas un cercueil. Qu'est-ce que ce chien m'a fait ? Il continua à se hisser vers le haut. Sa tête fut d'abord libre, puis ses épaules. Il était dehors, dans la forêt. Le bâtard ! Il m'a jeté comme une ordure ! Il libéra ses bras et fut capable de se tirer complètement du drap.

Sinn se redressa en époussetant la poussière et les brindilles de ses cheveux et en jurant doucement. Bon, le pantalon était déjà fichu avec le vin. J'ai perdu le reste de mes vêtements à présent et... Il s'arrêta, ses yeux s'écarquillant, puis il se mit à rire. Je suis mort. Je suis revenu. Je suis un Nosferatu, un immortel, et je m'inquiète de ma garde-robe !


Il s'assit sur la souche pour réfléchir en enroulant ses bras autour de son ventre pour le calmer. Je ne peux pas rester à Versailles comme ça, pas à moins d'avoir quelqu'un pour veiller sur mon sommeil. Il pencha la tête en songeant. Puisque Rock est un Nosferatu... Ça ne peut pas être le seul. Oui, je m'en souviens à présent. Cette illustration dans le livre doit représenter le prince Draculea lui-même. Ainsi Rock est la créature de Draculea. Cela veut-il dire que je suis la créature de Rock ? Il se renfrogna. Je ne crois pas que j'aime ça. Si je dois appartenir à quelqu'un, ce devrait être quelqu'un de plus puissant. Je dois convaincre le prince de m'accepter. Je pense que je pourrais passer l'éternité tranquillement sous sa protection. Mais il n'est pas facilement charmé. Rill plaidera sûrement en ma faveur, j'en suis sûr. Rill... Il secoua la tête en se souvenant du froid de la chair du garçon et de la force de sa poigne. Damnation. Une bande de vampires vit à Versailles et personne n'est au courant ! Et Louis se fait une fierté du niveau intellectuel de sa cour.


La faim finit par le submerger et il se leva et commença à marcher dans les bois. Il savait de quoi se nourrissait Nosferatu et il devait y avoir quelqu'un dans les environs avec qui il pourrait étancher sa soif.

Il n'était pas allé bien loin lorsqu'il tomba sur un sentier familier. Sinn s'arrêta en souriant. La lumière de la lune se refléta sur ses canines et ses yeux verts devinrent momentanément rouges. Ce sentier conduisait à la chaumière de Tisane.

« Parfait, » murmura-t-il en se dépêchant le long du sentier.

Une plainte faible perça l'air épais et encensé de la cabane.

« Oh, tais-toi, gamine ! fit la sorcière. Je sais que tu as faim mais je n'ai rien pour toi. De toute façon, c'est inutile de te nourrir maintenant. »

Elle enfonça un doigt long et osseux dans les côtes de l'enfant nue qui gigotait dans son lit et elle eut un horrible sourire.

« Le Maître s'en moque si tu as l'estomac vide quand je t'enverrai à lui. »

La petite fille, âgée de deux ou trois jours au plus, cligna des yeux et pleura à nouveau. Ses deux premiers jours avaient été relativement plaisants. Sa jeune mère l'avait nourrie et s'était occupée d'elle, allant jusqu'à la bercer pour qu'elle s'endorme. Elle avait pleuré lorsque le grand homme rude, son grand-père, l'avait emportée.


L'enfant, qui n'avait même pas été officiellement baptisée, n'avait pas compris leur discussion mais le père de sa mère avait assuré à sa fille que cet enfant serait placée dans une famille respectable qui l'élèverait comme leur propre fille, sans le péché d'être illégitime. C'était ce que le marchand de bébés lui avait dit, et peut-être même qu'il y croyait. En tout cas, l'homme qui avait pris le bébé 'comme une faveur' l'avait vendu à Tisane pour une poignée de pièces d'argent. Il ne connaissait pas la signification des trente pièces Note de la traductrice : quand Judas a vendu le Christ aux Romains, ils l'ont payé de trente pièces d'argent. (1), ni même ce que la vieille folle avait prévu, mais il n'était pas non plus très inquiet.


Tisane laissa le bébé sur son lit, sûre qu'elle n'était pas assez âgé pour bouger au bord. Elle ne voulait pas qu'elle tombe et se tue. Non, non, ce ne serait pas bon du tout. Le bon rituel devait être respecté pour que son maître, Satan, reçoive l'âme de l'enfant. Sinon elle volerait simplement dans les Limbes pour attendre la Seconde Venue. Tous les sorts dans lesquels elle utilisait des parties du corps auraient moins de chance de fonctionner et elle voulait vraiment faire fondre la graisse pour un autre essai du sort d'invisibilité.

Elle prit un gros livre ancien de son armoire et l'ouvrit en marmonnant alors qu'elle lisait la recette. Elle avait besoin que la potion soit presque prête dans le chaudron pour que le sang puisse être ajouté tout de suite, alors que la potion bouillait. Elle commença à jeter des herbes et objets variés.


On toqua à la porte et elle leva les yeux en jurant. Elle n'avait pas rendez-vous prévus pour ce soir. Quiconque était assez brave et stupide pour l'ennuyer à présent allait repartir avec pertes et fracas, voire peut-être même une tête douloureuse pour qu'il s'en souvienne.

Elle boita jusqu'à la porte et fit :

« Qui dérange une pauvre vieille femme ? »

La voix qui lui répondit était familière.

« Madame, c'est moi — Sinn Barbee.

– Sinn ? »

Elle fronça les sourcils. Après sa première visite, elle lui avait dit qu'il devait prendre rendez-vous et non pas venir à sa porte comme ça. Il était d'habitude plus soucieux d'obéir à ses ordres, sachant qu'il avait besoin de la garder de bonne humeur.


« Que veux-tu, mon garçon ? Je suis occupée ce soir.

– Quelque chose est arrivé, Tisane — quelque chose de merveilleux. Laisse-moi entrer que je puisse te raconter. »

Tisane lança un regard au bébé qui s'était calmé, sauf pour quelques gémissements bas. Elle devrait peut-être le laisser entrer. Si elle pouvait le persuader de participer au rituel, cela le soumettrait encore plus à sa volonté. Une fois qu'il se serait damné en commettant un infanticide, il n'oserait pas quitter son influence. En plus, songea-t-elle avec un sourire dur, elle aimait forcer les autres à commettre des atrocités. Elle déverrouilla la porte et l'ouvrit en reculant.


Il avait reculé juste au-delà de la faible lumière qui venait de la chaumière. Tout ce qu'elle pouvait voir était une vague silhouette, une ombre.

« Eh bien ?

– Demande-moi d'entrer, Tisane. »

Sa voix était un murmure.

Elle renifla.

« Tu as besoin d'une invitation après tout ce temps ? Très bien. »

Elle lui fit une révérence moqueuse.

« Je vous invite à entrer, jeune seigneur.

– Merci. »

Il entra dans la chaumière en refermant la porte derrière lui.

« Je n'étais pas sûr de pouvoir rentrer sans ta permission. Certaines légendes disent que nous ne le pouvons pas. »


Tisane ne comprenait pas de quoi il parlait mais elle n'allait pas le reconnaître.

« Que voulais-tu me dire, mon garçon ? »

Elle se renfrogna.

« Et que t'est-il arrivé ? »

Elle regarda l'apparence de Sinn. Le jeune seigneur avait toujours eu une apparence soignée. Ses vêtements étaient à présent sales — tachés et froissés, même déchirés par endroits. Ses cheveux étaient couverts de feuilles et de brindilles et... Elle cligna des yeux. Ses pieds étaient nus, les arches pâles couvertes de boue. Il avait marché dans les bois pieds nus ?

Elle remarqua à présent comme il était pâle.

« Que s'est-il passé, Sinn ? On t'a volé ?

– Non. »


Il fit un pas dans sa direction et elle recula instinctivement. Il souriait, ses dents brillants dans son visage sale.

« Si, je suppose que oui, d'une certaine façon. On m'a volé ma vie, Tisane. On m'a tué. »

Elle rit rudement mais se calma lorsqu'il rit avec elle — un son argenté et étranger.

« À quoi tu joues, mon garçon ?

– Tu ne me crois pas ? »

Il s'approcha d'elle et elle continua à reculer.

« Allons, Tisane ! Tu vénères le diable — tu crois sûrement en ses créatures ?

– Tu... tu es un fantôme ! fit-elle faiblement.

– Non. Les fantômes sont incorporels — je suis plutôt solide. »

Il attrapa le bord de la table et la souleva d'un seul geste.

« Tu vois ? Un fantôme peut te faire mourir de peur mais ce serait tout. Ils ne peuvent pas te toucher. Un Nosferatu, d'un autre côté... »

Il sourit. La lumière du feu se refléta sur de longues canines pointues.


Tisane cria et retomba contre le mur. Elle n'avait plus de place. Elle se signa frénétiquement et Sinn renifla.

« Oh, je t'en prie, Tisane ! Ce n'est pas comme si tu croyais au pouvoir de la croix. »

Tisane leva les yeux et cria :

« Maître ! Maître, je vous ai fidèlement servi. Je vous ai envoyé tant d'âmes ! Protégez-moi ! »

Sinn s'arrêta en penchant la tête, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

« Pourquoi regardes-tu au ciel quand tu invoques le diable, stupide femme ? En tout cas... »

Il tendit la main pour la saisir à la gorge. Elle hurla en griffant ses mains et il ignora ses efforts. Il murmura :

« Je suis allé en enfer. J'ai vu ton maître. »

Son sourire était cruel.

« Il m'a dit de te rappeler qu'il était le Père des Mensonges. Tu espérais une bonne place en Enfer ? Tu seras la plus basses des catins à Hadès, Tisane. Les démons te baiseront quand ils ne seront pas occupés à faire rôtir ta carcasse desséchée. Et il est temps de recevoir ta récompense. »


Il la tira vers lui en poussant sa tête sur le côté et enfonça profondément ses canines dans son cou ridés.

Sinn n'était pas certain ce que qu'il espérait. Tisane était si vieille, si débauché et si mauvaise qu'il aurait pensé que son sang était fin et aigre. Mais il remplit sa bouche d'un grand flot sucré-salé et il but avidement. Elle parvint à dégager sa tête une fois et il grogna de colère et de frustration en la coulant si fort contre le mur qu'il écrasa sa cage thoracique. Cela n'avait pas d'importance — elle n'aurait plus besoin de respirer longtemps.

Il but jusqu'à ce que la femme cesse de s'agiter puis continua à boire jusqu'à ce que le filet de sang s'affaiblisse. Elle avait cessé de respirer à ce moment. Il retira sa bouche de la plaie à son cou et elle saigna à peine. Il ne restait plus assez de sang dans son corps. Alors qu'il le tenait là, il sentit le faible battement cesser sous ses mains. Elle était morte.


Sinn pressa ses lèvres sanglantes sur le front de la femme morte.

« Tu ne m'as pas donné ce que je voulais, Tisane, mais je présume que tu m'as aidé à le trouver. Apprécie ton éternité en Enfer. Je te verrais peut-être là-bas un jour, bien que j'espère que ce soit dans très très longtemps. »

Il murmura :

« Tu sais ce que je t'ai dit à propos des démons qui te baiseront ? Je pense que j'aimerai bien ça. »

Il la lâcha et resta immobile un moment. La faim/soif qui le taraudait depuis son réveil avait disparu et il se sentit agréablement rassasié, presque comme après le sexe. Il songea qu'il allait apprécier sa non-vie.

Mais il ne pouvait pas rester là. Des gens chercheraient Tisane et bien que peu de gens se plaindraient officiellement de sa mort, il pourrait y avoir des enquêtes privées. Il devait s'établir fermement avec Draculea et avec un peu d'espoir le convaincre de quitter Versailles.


Il entendit un léger cri et baissa les yeux vers le corps ratatiné de Tisane en le remuant d'un orteil. Non, elle était bien morte. Il se dirigea vers le lit et vit la petite fille nue. Puis il regarda la table de nuit. Il y avait une bassine et un couteau bien aiguisé. Sinn regarda à nouveau la sorcière morte et murmura :

« Eh bien, vilaine meurtrière. »

Il y avait plus de surprise que de condamnation dans sa voix.

« Je me demande combien de petits os je retrouverais si je creusais dans ton potager ? »

Sinn tendit les mains pour prendre le bébé. L'enfant remua et commença à pleurer. Sinn fit claquer sa langue.

« Ah, là ! Oui, mes mains sont encore froides, n'est-ce pas, *mon doux porcelet* ? »

Il plia les doigts en les examinant.

« Bien que je crois qu'ils sont plus chauds qu'à mon réveil. »


Il retira la taie d'oreiller et mit l'enfant dedans, puis la souleva.

« Là ! Tu vas mieux, chérie ? »

Le bébé se calma et le regarda de ses grands yeux. Il la fit gentiment rebondir.

« *Que vais-je faire de toi, ma petite* ? »

Il berça le bébé près de lui et frotta son nez contre la joue du bébé.

« Si douce, si chaude. »

Sa voix devint un murmure et il sentit ses canines piquer l'intérieur de ses lèvres.

« Si douce... »

Ça ne devait pas se passer comme ça. Rock retira une paille de ses cheveux alors qu'il méditait sur l'injustice de ce monde. Pourquoi n'avait-il pas pensé à voler quelques babioles dans la chambre de Sinn avant de partir ? Une tabatière ou une paire de boutons de manchettes en or lui auraient rapporté assez d'argent pendant quelques semaines jusqu'à ce qu'il s'installe quelque part et ne commence un commerce de prostitués. Au lieu de ça, il se retrouvait ici.

Il regarda le bâtiment sombre et délabré. Après ce fiasco près de la taverne, il avait compris qu'il ne pouvait pas rester dans un lieu public alors il avait trouvé refuge ici. La vieille étable était à moitié effondrée et personne ne s'en était servi depuis un moment. Il était certain que personne ne chercherait un chemin dans le labyrinthe d'ordures et de poutres tombées, et le toit à l'arrière était encore solide. Juste au cas où, il avait construit un appentis contre le mur pour s'abriter encore plus.


C'en est trop ! Je n'ai jamais dormi dans de telles conditions, même lorsque j'étais dans ce trou infernal où je suis né. J'ai besoin de trouver quelqu'un avec de l'argent ce soir. Il commença à se diriger vers la sortie. Et j'ai aussi besoin de me trouver un autre cheval. Maudit soit ce canasson pour s'être enfui. J'aurais dû simplement le drainer quand... Alors qu'il arrivait dehors, une main dure s'abattit sur son cou. Il fut soulevé et rejeté dans le bâtiment abandonné.

Il fut à moitié assommé en atterrissant. La porte qu'il avait traversée était un carré de lumière sur les ténèbres environnantes et une grande silhouette — une silhouette avec deux yeux rouges brillants se dessina soudain.

« Tu croyais vraiment pouvoir m'échapper, imbécile ? »


Rock comprit qu'il n'avait aucune chance contre Draculea et il bondit sur ses pieds pour courir. Draculea l'attrapa par le dos de son manteau, le jeta à terre et sauta en atterrissant sur son genou droit. Il y eut un craquement et Rock hurla de douleur. Draculea répéta son geste sur l'autre jambe.

« Cela te rappellera peut-être qu'il ne faut pas t'enfuir loin de moi. »

Rock tenta de ramper loin de lui. Draculea se renfrogna puis bondit à nouveau en brisant la jambe droite au niveau de la cuisse. Alors que Rock hurlait, Draculea fit :

« Nous ajoutons obstiné à la liste de tes fautes. »

Il lui brisa la jambe gauche.

« Arrête d'essayer de t'enfuir, chien. Accepte ta punition. »

Bien que Rock ait un peu appris à se battre durant la période où il était à Budapest, il ne faisait pas le poids face à un guerrier qui s'était régulièrement entraîné pendant des siècles avant sa naissance, même s'il n'avait pas été blessé. Cela aurait pu être effrayant si Draculea le frappait de rage mais au lieu de ça, il attaquait dans un silence froid qui était terrifiant. La nature méthodique de son attaque était inhumaine.


La raclée qu'il avait reçue quand il avait tué le garçon d'écurie il y avait quelques années avait été dure. Il avait eu peur de mourir puis avait espéré mourir, mais ça... Rock n'avait jamais expérimenté une telle douleur dans sa vie. Alors que Draculea continuait de le rouer de coups, il comprit que ça allait être encore pire.

S'il était vivant, il serait mort rapidement. Les coups du plus vieux vampire écrasèrent des organes internes, déchirèrent des tendons et cassèrent des os. Finalement, Draculea se tint devant lui, les poings serrés à ses côtés, et attendit. Quand Rock remua et tenta de ramper au loin, Draculea le battit à nouveau. Finalement, Rock se tint tranquille.

Draculea s'accroupit près de lui.

« Tu vis encore, Rock ? »

On lui répondit par un petit grognement. Draculea hocha la tête.


« Je me disais aussi. Les légendes sont spécifiques que la façon de tuer un Nosferatu — un pieu dans le cœur, couper la tête... Je pense que je finirai par brûler, juste pour être sûr. Mais je ne vais pas faire ça, Rock. Tu sais pourquoi ? »

Rock parvint à former des mots :

« ... me détestez...

– Non, je ne te déteste pas. Tu me dégoûtes, tu me remplis de mépris mais tu n'es pas assez important pour que je te déteste. La seule raison pour laquelle je te laisse poursuivre ta misérable existence est la même qui m'a poussée à te créer au début — je ne veux pas que ton frère souffre. Mais tu veux connaître la raison principale ? »

Draculea attrapa les cheveux de Rock et releva sa tête. Il y eut un léger raclement d'os.

« Tu vas vivre parce que tu m'appartiens, Rock, et je ne jette pas ce qui est à moi. Tu vas survivre, éventuellement guérir et tu me serviras à nouveau. »


Draculea se leva en conservant sa prise sur la tête de Rock et il le tira ainsi hors de l'étable. La voiture était stationnée non loin, le tzigane attendant patiemment sur le siège à l'avant. Il se rendit à l'arrière de la voiture et ouvrit le couvercle de la boîte. Draculea jeta sans cérémonie le corps mou de Rock à l'intérieur et le tzigane referma le couvercle. Il offrit en silence au prince un marteau et une poignée de clous mais Draculea secoua la tête.

« Je vais le laisser sortir de là — un jour ou l'autre. »

Il enroula plutôt des longueurs de chaîne lourde autour de la malle, de chaque côté et de haut en bas, puis les referma avec les cadenas.

Quand ce fut fait, il toqua contre la boîte.

« Tu peux m'entendre, Rock ? Tu ferais mieux de t'habituer à ce nouvel espace — c'est ta nouvelle maison. Je laisserai probablement Rill te nourrir comme il l'a fait avant, mais pas avant un moment. Je ne m'inquiète pas de laisser ta faim grandir, je suis sûr que lorsque je laisserai Rill t'apporter des rats, tu n'auras pas encore assez guéri pour poser problème. »

Draculea monta sur son cheval et ils se dirigèrent vers Versailles, chevauchant rapidement pour arriver au palais avant l'aube.

Le second tzigane attendait dans les écuries. Draculea donna des ordres à quelques palefreniers du palais pour s'occuper de la voiture et des cheveux, puis il suivit les deux hommes alors qu'ils portaient la boîte dans le palais. Il y eut beaucoup de spéculations parmi les hommes pour savoir quel sorte de trésor le prince ramenait. Il devait avoir en effet beaucoup de valeur pour mériter les chaînes.

Il leur fit porter la malle dans la chambre de Rill. Il était assis avec Simion sur le lit et leva rapidement les yeux lorsqu'ils entrèrent. Ses yeux tombèrent sur la boîte puis revinrent, interrogateurs, sur Draculea.

« Laissez-la, » fit Draculea aux serviteurs.

Ils déposèrent la boîte puis partirent.



Rill s'approcha et s'agenouilla près de la boîte en posant ses mains dessus.

« Rock ? »fit-il doucement.

Il pressa son oreille contre le couvercle.

« Rock, tu peux m'entendre ? »

Il y eut un faible gémissement à l'intérieur.

Rill leva des yeux écarquillés sur Draculea.

« Je devais le faire, Rill. Tu le sais. »

Rill hocha tristement la tête.

« Oui. Il doit t'apprendre. »

Il se leva et prit le prince dans ses bras.

« Merci de ne pas l'avoir tué. »

Draculea le tapota gentiment puis le repoussa.

« Rill, j'ai de tristes nouvelles pour toi. J'ai bien peur que Rock n'ait tué ton ami, Sinn. »

Les yeux de Rill s'écarquillèrent et des larmes rouges lui montèrent aux yeux. Il regarda la boîte.

« Rock, comment as-tu pu ? Sinn était mon ami. »


La porte de la chambre de Draculea s'ouvrit.

« J'espère que je suis toujours ton ami, Rill. »

Pour la première fois depuis très longtemps, Draculea fut surpris. Il aurait parié que Sinn Barbee était mort depuis au moins trois jours mais pourtant il était là. Il était revêtu d'habits simples mais il paraissait rasé de près, son visage pâle et rayonnant.

« Sinn ! »

Rill courut vers lui et jeta ses bras autour de lui. Simion se raidit de mécontentement mais il ne dit rien. Il savait que Rill ne ressentait que de l'amitié pour le jeune seigneur, mais ça lui restait toujours en travers de la gorge.

« Le prince a dit que Rock t'avait tué. »

Sinn sourit gentiment en lui tapotant la joue.

« Il l'a fait *mon petit*. »

Draculea se rua vers lui en poussant Rill de côté. Il attrapa les bras de Barbee et le regarda dans les yeux. Sinn resta immobile, imperturbable. Son sourire s'élargit et il y eut des canines luisantes.


Draculea jura en repoussant le jeune homme.

« Il t'a transformé ! »

Draculea donna un coup de pied à la boîte.

« J'aurais dû te tuer quand j'en avais l'occasion, serpent ! »

Sinn rajuste ses manches.

« Oui. Je ne pense pas qu'il en avait l'intention mais il ne pensait pas très clairement. Vous voyez, j'ai trouvé un livre dans la bibliothèque du palais. Il avait une assez bonne image de vous, bien que je dois dire que vous êtes beaucoup plus séduisant sans la moustache. »

Draculea l'encercla à nouveau.

« Tu es bien trop calme pour un nouveau-né. Qui as-tu tué ? »

Sinn ne tenta pas de nier.

« Tisane la Sorcière. »


Draculea se renfrogna.

« Une vieille femme folle inoffensive ?

– Folle peut-être, mais pas du tout inoffensive, mon prince. Je pense que je peux vous prouver la valeur de sa mort et la valeur de ma vie. »

Il fit un geste vers la chambre derrière lui.

« Si vous voulez bien regarder. »

Draculea se rendit dans sa chambre, suivi par les autres. Quand il lança un regard interrogateur à Sinn, le jeune vampire indiqua son lit. Draculea s'en approcha.

Il y avait un petit enfant enroulé dans un linge qui dormait sur le lit.

« Je suis passé par la cuisine pour prendre du lait chaud pour elle. Elle avait très faim. »

Il sourit.

« Les filles de cuisines ne voulaient pas la laisser partir. Je soupçonne qu'elles pensent que c'est ma bâtarde. »


Quand les autres lui lancèrent un regard acéré, il secoua la tête.

« Non, je me montre toujours prudent. C'est juste une enfant abandonnée sans nom, une paria que j'ai trouvé dans la chaumière de Tisane. »

Sinn jeta un couteau près de la table de nuit.

« J'ai trouvé ça près d'elle et il y avait un chaudron sur le feu. Vous savez ce que font les sorcières avec les enfants non baptisés, prince ? »

Draculea se renfrogna. Les sorts qui utilisaient les os, la graisse ou la chair d'un enfant non baptisé étaient connus.

Sinn continua à parler.

« J'ai brûlé la chaumière avant de partir. Tisane conservait beaucoup d'huile et l'endroit a joyeusement brûlé. J'aurais pu laisser cette pauvre petite sur le lit. Ou j'aurais pu boire d'elle. »

Rill émit un gémissement horrifié.

« Non, mon enfant, je n'ai pas fait de mal à ce bébé. Je reconnais que j'y ai pensé, mais non. Prince Draculea, pour vous prouver ma volonté de me soumettre à vous, je vous l'ai amenée. Vous déciderez de son sort. »


Draculea s'assit à la chaise de son bureau en observant Sinn. Rill s'allongea sur le lit pour examiner le bébé avec une profonde attention et Simion s'assit près de lui pour observer son amant. Draculea fit lentement :

« Tu as tenté de t'insinuer dans mes bonnes grâces depuis le début, n'est-ce pas ? »

Sinn haussa les épaules.

« Je ne le nierai pas, mon seigneur. J'admets que c'était parce que je pensais que je pourrais peut-être être un homme important à votre cour plutôt qu'un homme insignifiant ici. Désormais... Désormais je veux être avec vous parce que je suis de votre espèce. Je ne connais pas grand-chose de cette nouvelle vie sinon que j'ai besoin d'en savoir plus. Je veux un protecteur, prince Draculea. En retour, j'offre ma loyauté et mes services... »

Il sourit d'un air séducteur.

« ... de quelque façon que ce soit. »


Draculea se frotta le visage en soupirant.

« Je n'ai jamais eu l'intention de créer des gens de mon espèce. Rill, bien que j'ai fini par l'aimer, était un accident. Je n'ai crée Rock que pour Rill et maintenant toi... Tu as été crée par ignorance égoïste. Pourtant... »

Il soupira à nouveau.

« Tu es là. Tu t'es retenu de tuer une innocente et Rill t'aime bien. Il a besoin de compagnie jusqu'à ce que son frère guérisse et quitte cette malle. »

Il se leva.

« J'en ai assez du monde pour l'instant. Nous partirons demain soir pour la Transylvanie. »

Sinn acquiesça.

« Je peux être prêt rapidement. Je laisserai juste une lettre à Destoup pour mon père. Je lui dirai qu'on m'a donné une place dans votre cour. Il sera content, il a toujours voulu que j'ai une bonne position. Une fois qu'il pensera que je suis installé, je doute qu'il s'inquiète encore beaucoup de moi.

– Mon seigneur ?

– Oui, Rill ?

– On peut la garder ? Elle est si mignonne.

– Rill, fit gentiment Simion. Ce n'est pas un chaton que nous pouvons adopter. Elle a besoin d'une famille, un papa et une maman. »


Rill lui lança un regard vide.

« Je n'aimais pas être avec mon papa et ma maman. »

Simion le prit dans ses bras.

« Ils ne sont pas tous comme ça, Rill. Il existe de bon parents.

– J'ai une suggestion, fit Sinn. J'ai un palefrenier nommé Rustan. Son père et sa mère travaillent chez mon père. Je dois me débarrasser de lui de toute façon, si je pars avec vous. Je peux la renvoyer à la maison avec lui.

– Elle sera en sécurité avec eux ? Ils vont bien l'accueillir ? demanda Rill.

– Je pense. Il me semble me souvenir qu'ils adorent les enfants et qu'ils sont si respectables que c'en est presque douloureux. »

Draculea y réfléchit.

« Oui. J'enverrai aussi une bourse pour payer son éducation pour les prochaines années. »


Simion força Rill à quitter le lit.

« Viens, Rill. Plus tu resteras avec le bébé, plus ce sera dur de la quitter. Viens m'aider à faire les valises. Mon seigneur, fit-il à Draculea, je vais dire à ce Rustan que son maître l'attend ici. »

Ils partirent.

Draculea observa Sinn en silence pendant un moment. Il tendit la main et toucha la joue lisse et froide du jeune vampire en regardant dans ses yeux d'un vert brillant et profond. Il semblait se parler à lui-même.

« Je n'ai jamais voulu d'épouse. J'ai été forcé d'en prendre une à cause de mes devoirs. Puis j'ai rencontré mon véritable amour. Ce n'était pas une épouse mais un compagnon et je l'ai perdu. Et maintenant... maintenant il semble que je me sois à nouveau marié à d'autres, d'une certaine façon. Je vous ai lié à moi par le sang mais il n'y a pas de véritable amour. Nos âmes ne communiquent pas. Non, aucun de vous n'est un compagnon. — vous n'êtes que des époux. »



Notes du chapitre :
(1) Note de la traductrice : quand Judas a vendu le Christ aux Romains, ils l'ont payé de trente pièces d'argent.






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