Child of the Night 102

Partie Cent-deux : Satin et Cuir


L'an de grâce 1892
Le manoir Westenra


Après le dîner, le comte exprima le désir de rejoindre les dames dans le salon plutôt que de rester dans la salle à manger pour boire du cognac et fumer des cigares. Étant un bon hôte, mister Westenra acquiesça. Lady Holmwood regretta en secret que son fils ait l'air aussi irrité. Il pourrait facilement s'adonner à l'alcool et au tabac quand il rentrerait chez lui — attendre une heure ou deux ne devrait pas être aussi dur.

Alors que les hommes prenaient du porto et que les dames sirotaient du sherry, on discuta sur ce qu'on allait faire ensuite. Lady Holmwood suggéra de jouer au whist. Il n'y avait qu'une petite table à jouer dans la pièce — les serviteurs devraient apporter plus de tables et de chaises pour que tous les invités puissent jouer.

« Oh, ne faites pas ça, Père, fit Lucy. Pourquoi le reste d'entre nous n'irait-il pas dans la salle de musique ? Je pourrais jouer, Mina pourrait me tourner les pages des partitions et nous pourrions chanter des duos pour les autres gentilshommes. »

Une Lucy qui voulait épargner aux serviteurs du travail supplémentaire était étrange — mais une Lucy qui voulait exhiber ses talents ? Cela semblait parfaitement naturel.


Il fut décidé que mister Westenra ferait équipe avec lady Holmwood.

« Et vous, comte ? demanda-t-il. Vous jouez ? »

Dracula sourit.

« J'aime beaucoup jouer. »

Il se tourna vers Jonathan.

« Mister Harker, serez-vous mon partenaire ? »

Un peu surpris, Jonathan regarda par réflexe l'endroit où se tenaient Rill et Sinn.

« Je connais trop bien mes compagnons pour leur poser la question. Rill préfère les jeux plus simples et Sinn... »

Sinn faisait apparemment à nouveau des commentaires sur la tenue de Quincy Morris. Il tenait le coude de l'autre homme et s'extasiait sur un jeu de boutons de manchette turquoise et argent.

« Je ne crois pas que Sinn se sente sédentaire ce soir.

- Je serais ravi d'être votre partenaire, fit Jonathan, bien qu'il me faille vous prévenir — je ne suis pas un bon joueur. »


Les deux autres joueurs s'étaient déjà installés à table et mister Westenra mélangeait le jeu avec dextérité tandis que lady Holmwood regardait d'un air approbateur. Jonathan baissa la voix d'un ton de conspirateur.

« Lucy cancane et d'après elle, lady Holmwood et son père sont tous les deux peu honnêtes aux cartes. »

Dracula haussa un sourcil.

« Oh, ils ne trichent pas mais ils sont sans pitié dans leur jeu. »

Il baissa encore plus la voix.

« Et s'ils veulent jouer pour de l'argent, je vais devoir m'incliner. Je ne peux honnêtement pas me le permettre puisque je ne sais pas quand je pourrai reprendre le travail. »

Dracula lui tapota l'épaule.

« Ne vous en faites pas. S'ils veulent parier, je fournirai les fonds. Nous gagnerons peut-être et sinon... »

Il haussa les épaules en souriant mais il y avait un soupçon de quelque chose que Jonathan ne pouvait pas identifier.

« ... vous trouverez bien un moyen de me rembourser. »


Alors que les deux couples s'installaient pour jouer, Lucy conduisit les autres à la salle de musique. Mina et elle se rendirent au piano et commencèrent à parcourir les partitions pour savoir ce qui conviendrait le mieux à cette occasion tandis que les hommes s'assirent sur les divers canapés placés dans la pièce. Quand Jack Seward commença à s'asseoir près de Quincy, Sinn posa une main sur son bras.

« Cela vous gênerait-il, mister Seward ? Alors que je sais déjà tout de votre charmante Angleterre, je suis depuis longtemps fasciné par l'Amérique. »

Il sourit à Quincy.

« J'espère que mister Morris voudra bien m'enseigner. »

Jack alla s'asseoir près d'Arthur alors que le Français s'installa. Arthur remarqua :

« Je peux comprendre pourquoi Barbee trouve Morris intéressant, du moins pour quelques temps. Les Français ont toujours eu une fascination pour les éléments les plus rudes. Mais je ne sais vraiment pas ce que Morris trouve d'intéressant chez Barbee. »

Il haussa les épaules.

« C'est peut-être juste mes goûts personnels. Je n'ai jamais aimé les gens TROP doux et Barbee est tout à fait ça.

- Ils forment une paire étrange, acquiesça Jack. C'est comme si on mariait le satin et le cuir. »


Sinn avait parlé à Quincy à voix basse. Le Texan se leva et s'approcha du piano où les filles venaient de réduire leur choix à trois ou quatre partitions.

«  Miss Lucy ? M'dame, j'espère ne pas être impoli mais je me demandais si vous pouviez nous excuser, mister Barbee et moi, pour un moment ? Il a envie de visiter la maison et puisque vous, miss Mina et votre père êtes occupés à divertir les autres invités... Bon, je suis resté ici un moment et je ne peux pas lui raconter l'histoire de cette maison, fit-il avec un sourire de petit garçon, mais je peux m'assurer qu'il ne se perde pas. »

Lucy n'était pas ravie de perdre la moitié de son public — surtout la moitié pour laquelle elle disposait du moins de temps pour charmer. Mina pouvait dire qu'elle était sur le point de protester de façon irritée. Ce ne fut pas simple, étant donné le volume de leurs jupes, mais elle parvint à pincer Lucy pour l'avertir. Lucy sourit gracieusement.

« Bien sûr, mister Morris. »

Elle secoua un doigt joueur devant lui.

« Vous ALLEZ rester en dehors des appartements des dames, j'espère. »

Quincy rougit.

« Miss Lucy ! Ma maman m'a bien élevé. »


Alors que les deux hommes quittaient la pièce, Lucy commença à jouer une chanson pastorale et tintante sur les joies de la vie simple à la campagne — quelque chose qu'elle n'avait jamais elle-même connu. Oh, sa maison était à 'la campagne' mais elle ne s'était jamais débrouillée avec moins d'une douzaine de serviteurs pour alléger sa routine. Elle aurait pu, comme le disait la chanson, récolter les œufs et traire les vaches pour s'amuser mais au moment où c'était nécessaire, elle aurait fait des dégâts monumentaux.


Jack s'avança un peu plus sur le canapé pour regarder Lucy. Arthur le regarda et songea qu'il y avait quelque chose de différent dans l'expression de cet homme. D'habitude quand il regardait Lucy, il n'y avait rien de plus qu'une envie pathétique et sans espoir. À présent... Il y avait toujours de l'envie mais elle était mélangée avec du doute — comme s'il n'était plus très sûr de pourquoi il voulait ce qu'il voulait. Arthur se demanda si Jack avait finalement réalisé que sa quête de Lucy était sans espoir et avait commencé à regarder ailleurs. Il avait l'air d'un homme qui n'avait pas encore fixé son affection sur un nouvel objet mais qui en avait trouvé un de convenable.

Jack regarda Arthur et murmura :

« Vous n'aimez pas cette chanson ? »

J'ai dû avoir l'air distrait.

« C'est bon, » fit Arthur d'un ton négligeant.

Il soupira.

« J'aurais dû rester dans l'autre pièce. J'aurais pu donner des conseils aux joueurs et me montrer assommant.

- Mais vous ne VOULEZ pas écouter Lucy ? »

Arthur lança un regard mauvais à Jack.

« J'ai le reste de ma vie pour ça, mon vieux. »

« Qu'aimeriez-vous explorer en premier ? demanda Quincy.

- Les cuisines, » fit Sinn d'un ton décisif.

Quincy cligna des yeux.

« Cela vous surprend ?

- Je suppose que non. Tous les Français de Louisiane que je connais aiment la bonne chair mais je dois dire que je n'ai pas remarqué que vous ayez beaucoup mangé au dîner.

- Ah, mais ce que j'AI mangé, je l'ai SAVOURÉ. Il y a beaucoup de valeur dans la quantité, mister Morris, mais on doit aussi considérer la qualité. »

Ils marchaient le long de l'étroit couloir qui menait aux cuisine. Quincy fit doucement :

« J'aimerais que vous m'appeliez par mon prénom. »

Sinn s'arrêta pour regarder Quincy directement dans les yeux.

- »'en serais ravi. Et vous m'appellerez Sinn, n'est-ce pas ? »

Il posa une main sur le bras de l'autre homme, ses doigts serrant légèrement.

« C'est tellement plus amical. »


Une petite servante, pas plus de quatorze ans, passa la porte à l'autre bout du couloir. Elle portait une pile de serviettes en lin soigneusement pliées et elle s'affairait avec. Quand elle vit les deux hommes, elle s'immobilisa, ses yeux écarquillés. Elle ne travaillait pas depuis longtemps et elle était encore au plus bas niveau du personnel. Elle ne s'était pas attendue à voir l'un des nobles de si près avant au moins un an ou plus, et voilà qu'elle en rencontrait deux — des gentilshommes grands et bien habillés qui remplissaient la largeur du couloir. Comment diable était-elle supposée les dépasser pour accomplir sa tâche ?

Sinn regarda la fille un moment et vit qu'elle était trop pétrifiée pour bouger. En souriant, il tendit un doigt vers elle. La fille déglutit visiblement puis s'avança lentement. Quand elle arriva, elle tendit la main vers sa jupe pour faire une révérence. Les serviettes commencèrent à s'écrouler et elle les sauva avec un léger cri, puis se décida à hocher la tête en signe de respect.


Sinn fit :

« Miséricorde, ma fille, tu n'as pas à avoir peur qu'on te mange. Nous avons été bien nourris ce soir. C'est pour cela que nous sommes venus. J'aimerais transmettre mes remerciements à la cuisinière et au personnel de la cuisine. »

La surprise emplit le visage de la fille. Un invité qui les remerciait ? Sinn pencha la tête pour l'étudier.

« Tu es très jeune, *chérie*. Dis-moi, tu as aidé à préparer le repas ?

- Oui, monsieur. »

La fille était essoufflée.

« Ils m'ont laissé laver les légumes.

- Ah ! tu as fait du très bon travail. Pas un grain de saleté n'a gâché le repas. N'est-ce pas, Quincy ?

- C'est vrai, fit solennellement Quincy. J'ai fait remarquer à mister Barbee que je ne pense pas avoir déjà vu des légumes aussi propres — et j'ai beaucoup voyagé. »


La fille rougit de plaisir.

« La cuisinière dit que si je me débrouille bien, dans quelques semaines elle me laissera les éplucher et les couper aussi !

- Tu seras une artiste, lui assura Sinn. Maintenant, va terminer ton travail. »

La fille regarda d'un air incertain chaque côté du couple.

« Mais bien sûr. Quincy, nous devons faire de la place pour cette jeune dame. »

Les deux hommes se tournèrent dos au mur et ouvrirent un espace étroit entre eux. La fille commença à s'y glisser. Mais alors qu'elle était juste entre les deux hommes, Sinn posa les mains sur ses épaules pour la maintenir en place.


Elle regarda cet homme en sentant une pointe de terreur. Elle avait entendu toute sa vie des histoires sur les dangers de servir dans certaines maisons — comment les hommes de la famille ou des invités pensaient souvent qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient avec les servantes. Sinn lui sourit, une main à l'arrière de sa tête. Puis il se pencha et déposa un baiser froid sur son front.

Sinn ferma les yeux en sentant la chaleur de la peau sous ses lèvres. Il ne faudrait pas grand-chose. Il n'avait qu'à saisir plus fermement les cheveux de la fille, pencher sa tête en arrière et se pencher sur sa nuque... Il libéra la fille en la poussant gentiment dans le couloir.

« Vas-y ou bien tu ne pourras pas rejoindre ton lit avant minuit. »

Alors que la fille se dépêchait, ils reprirent leur marche.

« Les jeunes peuvent être si doux.

- Les jeunes en général, fit Quincy, ou en particulier ?

- Oh, je n'ai aucun dessein pour cette enfant. Ne poursuivre que les innocents et les inexpérimentés, c'est bon pour ceux qui n'ont que très peu d'imagination. »

Il lança un regard en coin à Quincy.

« J'ai dépassé ce niveau depuis longtemps. »


Quincy parut sur le point de faire une remarque ou de poser une question mais ils étaient arrivés. La cuisine était chaude et sentait encore très bon. Les deux filles d'arrière-cuisine et le valet qui terminaient de nettoyer s'arrêtèrent dans leur travail alors que les deux gentilshommes entrèrent et la cuisinière (qui était assise à une table en train d'apprécier une tasse de thé) se mit debout.

« *Bonjour*, fit brillamment Sinn. Veuillez excuser cette intrusion mais j'ai eu envie de venir vous remercier pour ce délicieux repas. »

Il s'approcha de la cuisinière, prit sa main et y déposa un baiser. La femme grassouillette, ayant déjà les joues roses par nature et ayant rougi à cause des efforts du soir, rougit encore plus. Sinn murmura :

« Vous étiez la créatrice de ce festin ? »

Elle acquiesça. Sachant que les Anglais typiques s'attendaient à une sorte de geste français, il embrassa ses doigts.

« Madame, j'ai dîné chez des rois et je n'ai jamais goûté une nourriture aussi fine. »


Sinn commença à charmer le reste du personnel en badinant avec les femmes et en prédisant un brillant avenir pour le valet. Non, songea Quincy. Que je sois damné s'il ne badine pas aussi avec le valet et ce garçon ne sait pas trop quoi en penser. Il regarda alors que Sinn, une main sur l'épaule du valet, secoua un doigt taquin devant le garçon en l'avertissant de ne pas se montrer trop charmant avec les servantes. Bon, il envoie des signaux. La question est, est-ce plus que de la fumée ? Y a-t-il du feu derrière ? Je devrais peut-être me montrer prudent, mais si je ne peux pas m'en assurer ce soir, je crois que je vais finir par mourir de curiosité.


« Bon, fit Sinn, où allons-nous ensuite ?

- Il y a le bureau de mister Westenra, la serre, la bibliothèque... »

Sinn s'illumina.

« Ah, une bibliothèque ! Allons-y. »

Alors qu'ils quittaient les cuisines, Quincy fit :

« Vous aimez les bibliothèques ?

- Les bibliothèques sont très importantes chez nous. Le comte en a une excellente. Simion veille à ce que la pièce soit bien entretenue, que les livres restent en parfait état et que de nouveaux volumes soient de temps en temps ajoutés.

- Le comte est un grand lecteur ? »

Sinn haussa les épaules.

« Je crois qu'il s'y rend plus pour l'atmosphère et les souvenirs. À ce que j'ai cru comprendre, il y a passé des moments heureux. »


Ils passèrent à côté de la salle de musique et Sinn jeta un regard à l'intérieur tout en indiquant à Quincy de continuer à marcher. Il le rejoignit en disant :

« Miss Lucy a un bon paquet de partitions à portée de main. Je crois qu'il va falloir qu'on se divertisse encore quelques temps.

- Je ne crois pas que ce sera un problème. »

La bibliothèque était petite comparée au reste de la maison. Trois murs étaient couverts d'étagères remplies de livres et la pièce était confortablement meublée. Non, peut-être pas confortablement. Il n'y avait pas de défaut dans les meubles en eux-mêmes mais comme c'était la mode dans beaucoup de maison à cette époque, il y avait beaucoup trop de meubles. Par conséquent, la pièce semblait bondée.


Alors que Sinn fermait la porte, il passa une main sur l'encadrement en disant :

« Regardez, il y a un loquet. À votre avis, que peut bien faire ici ce bon mister Westenra pour vouloir un peu d'intimité ?

- Il travaille sûrement sur des papiers d'affaires, » fit Quincy.

Sinn fit une grimace.

« Comme c'est ennuyeux. J'aurais espéré une raison plus intéressante. »

Il s'aventura dans la pièce en s'arrêtant pour regarder un cadre représentant des fleurs séchées sur une petite table. Il sourit en entendant le petit bruit du loquet mis en place. Il toucha le cadre et fit :

« Comment les appelez-vous, Quincy ?

- Ma mère les appelle des attrapes-poussières, et je suppose que c'est un bon nom. »


Quincy s'approcha de Sinn par derrière en bougeant si près que Sinn pouvait sentir la chaleur de son corps, et le sourire de Sinn s'élargit.

« Je voulais parler des fleurs.

- Je ne peux pas distinguer une rose d'une pâquerette mais ça y ressemble. »

Sinn sentit les mains de Quincy se poser sur son épaule.

« *Mon dieu*, est-ce un oiseau empaillé là-bas ? »

Il se déplaça rapidement mais l'air de rien — comme s'il n'avait pas conscience des gestes de l'autre homme. Il y avait en effet un oiseau empaillé sur l'une des étagères. Sinn s'approcha de près et le regarda.

« Un rouge-gorge. Pourquoi voudraient-ils préserver une créature dont le principal attrait est la vitalité ? »

Quincy s'approcha à nouveau.

« Je pense que c'est pour les couleurs. »

Cette fois, Quincy posa les mains sur les bras de Sinn.

« Les gens aiment avoir des jolies choses près d'eux. Je peux comprendre ça. »

Sinn sentit Quincy commencer à resserrer sa prise et il se déroba à nouveau.


À la grande surprise de Quincy, Sinn parvint à se sauver à nouveau. C'était inattendu. Quincy avait été déterminé à bien tenir cette fois le petit homme mais il se retrouvait encore avec rien et Sinn lui souriait de l'autre côté de la pièce. Quincy sentit son pouls s'accélérer. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas eu à vraiment faire des efforts pour une conquête. Il marcha lentement vers son compagnon en disant :

« N'êtes-vous pas un peu nerveux ce soir, Sinn ?

- *Moi* ? Oh, non, *mon ami* — pas nerveux. Être nerveux impliquerait de l'appréhension — »

Sinn se tenait dos au bureau. Il posa ses mains derrière lui et s'en servit pour s'asseoir sur le bureau.

« Pas de l'anticipation.

- Qu'est-ce que vous attendez ? »


Sinn ne répondit pas et se contenta d'écarter les genoux. Quincy se lécha les lèvres, ses yeux luisant. D'une voix grave, il fit :

« Fils, tu ferais mieux de ne pas tenter de te dérober. »

Les mains de Sinn se levèrent rapidement pour saisir le revers de Quincy et il l'attira près de lui entre ses cuisses ouvertes.

« Je n'ai jamais promis ce que je n'avais pas l'intention de donner, Quincy. »

Ses mains se glissèrent autour du dos de Quincy puis descendirent pour se poser sur ses fesses. Il pressa.

« Et toi ? Tu as aussi fait des promesses sans parler. »

La réponse de Quincy fut un grognement. Il poussa Sinn pour qu'il retombe sur le bureau et se pencha pour recouvrir le corps de Sinn avec le sien. Sa bouche se pencha sur celle de Sinn pour un baiser direct et rude. La réponse de Sinn dépassa ses attentes. Le petit homme s'accrocha encore plus, ses doigts s'enfonçant dans les muscles du derrière de Quincy. Sinn s'arqua en poussant fortement son bassin contre celui de Quincy et sa bouche s'ouvrit avec empressement.


Quincy lâcha les épaules de Sinn pour enfoncer ses mains dans les cheveux de l'autre homme. Il tint fermement la tête de Sinn contre le bureau pendant qu'il pillait sa bouche en suçant et en mordillant avidement la langue et les lèvres de Sinn. Dans un recoin de son esprit, il remarqua que cet homme semblait plus froid que la normale et il classa cette pensée pour plus tard, mais cela ne semblait pas vraiment être important dans l'immédiat.

Devinant les véritables intentions de Sinn, il avait été à moitié excité depuis que Sinn avait sollicité ses services en tant que guide. À travers les couches de vêtements, il pouvait à présent sentir un renflement répondant au sien et se frottant contre son propre membre. Quincy grogna dans la bouche de Sinn. Il voulait tellement déchirer les vêtements élégants de Sinn, puis pencher son corps docile contre la surface brillante du bureau et s'adonner au sexe simple et primaire. Il pouvait s'imaginer en train d'écarter les fesses pâles de Sinn, trouver le petit trou plissé et insérer d'abord sa langue, puis ses doigts et finalement son sexe dur et douloureux.


« Je sais à quoi tu penses. »

C'était un murmure rauque contre ses lèvres. Quincy leva la tête juste assez pour voir Sinn. Les pupilles du Français étaient si dilatées que ses yeux verts semblaient presque noirs.

« Tu veux me baiser, fredonna Sinn. Tu veux glisser cette énorme et délicieuse queue en moi, me remplir jusqu'à ce que j'explose presque, sentir la peau s'étirer autour de toi, ME sentir m'étirer autour de toi... »

Ayant besoin de faire quelque chose mais ne sachant pas exactement quoi, Quincy cogna la tête de Sinn contre le bureau et Sinn se contenta de rire. Il sait ce qu'il me fait, songea Quincy avec émerveillement. Il sait que ce langage grossier m'excite encore plus.

« Oui.

- Et tu le feras, Quincy — mais pas maintenant. »


Quincy cogna à nouveau la tête de Sinn sur le bureau, si fort que les dents de l'autre homme s'entrechoquèrent. Pour toute réponse, la main de Sinn se glissa entre leurs corps et caressa le renflement du pantalon de Quincy.

« Je ne vais pas me refuser à toi, ma beauté, mais bien que j'apprécie le piment de la découverte, nous devons nous montrer pratiques. Le comte monterait littéralement mes boyaux en collier si je ruinais ses plans. Mais je vais te faire jouir maintenant et avec joie, et je te promets que ce que tu remets à plus tard vaudra la peine d'attendre. Maintenant, laisse-moi me lever, Quincy. »

Quincy le regarda.

« Laisse-moi me lever et je vais te laisser un souvenir dont tu te rappelleras jusqu'à la fin de tes jours. »


Quincy se releva mais il laissa une main glisser pour recouvrir l'aine de Sinn. Il pressa en sentant la chair rigide sous le tissu. Sinn était en train de se lever, dressé sur ses coudes, et son expression montra que la caresse de Quincy était juste un peu trop ferme pour être entièrement confortable. Quincy resserra délibérément sa prise pour voir comment Sinn allait réagir. Sinn recula, ayant apparemment mal, mais une chaleur s'éveilla dans ses yeux. Il se poussa plus fort contre la main de Quincy et il parut presque déçu que Quincy le libère.

« Assieds-toi. »

Quincy lui lança un regard dur et Sinn se rectifia :
« Si tu veux bien. Tu seras plus à l'aise et j'ai bien l'intention d'affaiblir tes genoux. »


Quincy s'assit sur une chaise bien rembourrée. Son souffle s'accéléra lorsque Sinn se mit à quatre pattes et s'approcha de lui. Cela n'échappa pas à Sinn. Alors qu'il se rapprochait, il ronronna :

« Tu m'auras bientôt comme ça, Quincy — à genoux. Bien sûr, il se peut que tu préfères une autre position. »

Il se trouvait à présent à genoux devant Quincy. Il tendit les mains pour les poser sur les genoux de Quincy puis les laissa glisser sur ses cuisses et écarta ses jambes.

« Mais je crois que tu aimes les façons plus basiques. »

Ses mains se posèrent sur l'aine de Quincy pour la masser.

« S'accoupler comme des animaux — sans réfléchir, juste sentir. »

Il commença à défaire la braguette de Quincy.

Quincy observa attentivement les longs doigts pâles défaire habilement chaque bouton. Jusque là, Sinn n'avait pas seulement répondu à ses attentes, il les avait largement dépassées. Quincy savait que même si le Français s'avérait maladroit pour le vrai sexe, il serait plus que volontaire pour l'aider à s'améliorer. Après tout, l'entraînement pourrait être très agréable.


Quincy saisit les bras de la chaise alors que Sinn mettait sa main dans le creux qu'il avait crée, cherchant la fente dans les sous-vêtements de Quincy. Quincy eut un frisson lorsque de la peau froide entra en contact avec sa chair brûlante et Sinn fit un son moqueur de commisération et d'excuse.

« Je sais, *chéri* — tu me trouves froid. Je t'assure que c'est purement physique et que ça ne représente pas mes intentions... »

Il avait sorti le membre rigide de Quincy.

« ... et bientôt, tu n'y feras plus attention. »

Il se pencha.

Quincy fut engouffré dans une douce humidité. Sinn avait jugé que la patience de Quincy était à bout aussi n'y avait-il rien d'hésitant dans sa méthode — il avala simplement ce qu'il pouvait de Quincy et il suça avec désir.

« Damnation. »

Le mot prononcé à voix basse était plus une prière qu'une malédiction. Sinn ne pouvait pas sourire mais il émit un son satisfait qui ressemblait étrangement à un rire.

« Oh, tu es fier de toi, pas vrai ? »


Quincy saisit la tête de Sinn et leva ses hanches en enfonçant son sexe encore plus. Il s'attendait à ce que son partenaire s'étrangle, suffoque et se débatte, comme d'habitude, et il avait décidé de ne tenir qu'une seconde ou deux de plus. Il fut choqué quand, au lieu de reculer, Sinn gémit en enfonçant ses ongles dans les cuisses de Quincy. Quincy sentit la piqûre, même à travers son pantalon.

Quincy relâcha sa prise expérimentalement et Sinn commença à reculer. Morris était prêt à entendre des plaintes sur sa dureté mais cela n'arriva pas. Sinn ne se retira pas, il recula simplement jusqu'à ce que la tête du sexe de Quincy soit piégée entre ses lèvres puis il s'avança à nouveau pour entamer un rythme de succion. Quincy fut surpris mais ravi. D'habitude, ses partenaires s'étaient plaints de la taille de son organe et de sa méthode sans inhibitions. Parfois, Quincy songeait que s'il en entendait encore un se plaindre que c'était dur de respirer... Mais Sinn ne semblait pas avoir ce problème.


Les choses se passaient merveilleusement bien. Sinn avait déjà montré que non seulement il tolérerait un peu de brutalité mais qu'en plus il l'apprécierait. Quincy décida de faire des expériences. Il se pouvait que ce ne soit que l'histoire d'un soir et si c'était le cas, Quincy voulait que cela se passe selon SES conditions. Il saisit à nouveau la tête de Sinn, ses doigts se crispant dans les cheveux sombres, et il commença à baiser la bouche de l'autre homme en soulevant ses hanches en des petits coups courts et durs.

Sinn émit un son plaintif et étouffé mais il ne tenta toujours pas d'échapper à Quincy. Il baissa plutôt une main, puis l'autre, vers son pantalon en défaisant frénétiquement les boutons. Quand Quincy parvint à détacher les yeux de la façon dont les lèvres rougies de Sinn encerclaient son sexe engorgé, il vit que Sinn s'était découvert. Une main enserrait son sexe durci tandis que l'autre tenait un large mouchoir contre ses testicules. Cela semblait un peu surréel que cet homme ait encore assez de lucidité pour se préparer à ne pas se salir en jouissant. Quincy oublia bientôt cela, cependant. Puisque Sinn ne se tenait plus, cela laissait encore plus de contrôle à Quincy. Il fut capable de s'enfoncer profondément en poussant jusqu'à ce qu'il soit complètement rentré, le menton de Sinn fermement pressé contre ses testicules.


Quincy le tint là et Sinn déglutit pour faire travailler les muscles de sa gorge. Quincy eut le souffle coupé à cause de cette sensation pressante. Il jeta sa tête en arrière alors qu'il jouissait, sa semence jaillissant. Sinn le surprit à nouveau en ne tentant pas de reculer. Il continua à avaler tout. Même le joueur créole n'avait pas fait ça, bien que Quincy l'ait battu pour son refus constant. Il avait toujours fini leurs sessions en crachant un mélange de sperme et de salive dans une bassine ou une serviette puis en se rinçant la bouche avec du vin ou du cognac.

Quincy lâcha finalement Sinn. L'homme agenouillé libéra le membre ramolli de Quincy mais n'alla pas bien loin. Il commença à lécher des filets de sperme alors qu'il continuait à se masturber vite et fortement. Puis il se pencha en avant pour enfouir son visage contre l'aine de Quincy, le membre humide du Texan pressé contre sa joue. Quincy se raidit sous le choc et le frisson érotique alors que Sinn le mordit, des dents pointues s'enfonçant durement dans la portion de peau à peine visible au-dessus de ses vêtements froissés. Il repoussa Sinn et le frappa durement en visage en sifflant :

« Petite pute ! »


Sinn retomba mollement à terre mais il plaça le mouchoir autour de son gland et ses hanches s'agitèrent spasmodiquement alors qu'il atteignait son orgasme.

«  Oui ! haleta-t-il. Oui, petite pute. Je me prostitue pour toi. »

Amusé, Quincy observa l'homme se détendre lentement. Le mouchoir froissé fut réduit en une petite balle et enfoncé dans la poche de Sinn. Puis Sinn s'étira oisivement et luxueusement. Son sexe à moitié dur était rose, un contraste avec sa peau pâle. Sinn s'assit en se rhabillant avec une efficacité nonchalante, puis il fit :

« Vous avez dépassé mes attentes, Quincy. »

Le manque de modestie maladroite était un plus.

« Même chose pour moi, amigo. »

Sinn indiqua le membre encore exposé de Quincy.

« Dois-je jouer les valets ? »


Quincy acquiesça. Sinn rampa à nouveau vers lui. Cette fois, il fit l'inverse de ses précédentes actions en laissant les vêtements de Quincy en ordre et décemment refermés. Il tapota la braguette une dernière fois.

« Là. Maintenant, j'espère que vous me ferez une faveur. »

Il sortit un peigne et le tendit à Quincy.

« Si vous voulez bien m'aider avec mes cheveux ? »

Quincy était sur le point de dire qu'il n'était le coiffeur de personne lorsque Sinn sourit et fit :

« J'ai bien peur que vous ne les ayez horriblement décoiffés. Vous étiez plutôt... enthousiaste. »

Il ne fallut qu'un moment à Quincy pour passer le peigne dans les cheveux de Sinn pour les laisser à nouveau plats et proprement coiffés.

« Merci, *chéri*. »

Sinn reprit le peigne et le rangea.

« Je suis désespérant quand je ne peux pas me trouver un miroir, mais j'aime être au mieux de mon apparence lorsque je rencontre des gens. »


Il saisit les genoux de Quincy et se remit debout.

« Et je crois qu'il est temps que nous retournions auprès des autres invités. Ce serait un peu gênant qu'ils partent à notre rechercher et trouvent la porte fermée. »

Quincy se leva et avant que Sinn ne puisse reculer, il l'attrapa pour le prendre dans ses bras.

« Je veux plus. »

Sinn laissa ses mains se poser sur le torse de Quincy pour jouer avec les boutons de sa chemise. Il observa cela, les yeux baissés, mais il souriait.

« *Bon*. Vous aurez plus mais pas ce soir. Nous devrons choisir un autre endroit et un autre moment, Quincy — un endroit plus intime et un moment où nous n'aurons pas à craindre des interruptions.

- Sinn, fit Quincy d'une voix rauque, je ne suis pas un homme gentil. Si nous sommes à nouveau ensemble, je ne peux pas te promettre d'être doux et attentionné. Je peux y arriver avec les femmes parce qu'elles sont plus fragiles, mais quand je suis avec un homme...

- *Chéri*, fit Sinn d'un ton de reproche, ai-je manifesté le désir d'être traité délicatement ? J'ai toujours préféré des hommes exigeants. Peut-être qu'un jour, lorsque nous nous connaîtrons mieux, je vous raconterai une partie de mon histoire et vous comprendrez mieux. »


Quincy déverrouilla la porte et ils se rendirent à la salle de musique. Arthur paraissait ennuyé en jouant avec la chaîne de sa montre. Jack regardait le mur, son esprit apparemment ailleurs, jusqu'à ce que Lucy lui demande ce qu'il avait pensé de la dernière chanson. Il répondit avec une vague louange et Quincy avait l'impression qu'il ne l'avait pas vraiment écoutée. Mina était en train d'arranger les dernières pages de la partitions et Lucy les regarda en faisant :

« Eh bien, c'était plus rapide que je m'y attendais. »

Quincy s'assit, Sinn à ses côtés, et il fit doucement :

« C'était aussi plus rapide que je m'y attendais. »

Lucy s'étonna du ton ironique mais tourna son attention vers Sinn.

« Ce fut vraiment une visite rapide. Vous aimeriez que je vous fasse visiter plus tard ? »

Il lui sourit.

« Merci, chère dame, mais j'ai déjà vu dans cette maison tout ce qui pourrait m'intéresser. »






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