Child of the Night 104

Partie Cent-quatre : Soupçon


L'an de grâce 1892
Le manoir Westenra


Lucy était finalement dans ce qu'elle considérait être son élément. Elle occupait la place du milieu sur un autre canapé avec son fiancé à sa droite et tous les autres hommes acceptables du groupe autour d'elle. Bien que Quincy et Sinn faisaient plus attention l'un à l'autre qu'à elle, elle se sentait proprement le centre d'activité.

« Vous avez été dans mon pays récemment ? »

Dracula était assis à côté de Jonathan et Mina était de l'autre côté.

Avant que Jonathan ne puisse parler, Mina s'écria :

« C'était horrible ! »

Elle se rendit soudain compte de ce qu'elle venait de dire car elle rajouta hâtivement :

« Oh, je suis sûre que c'est un endroit adorable.

- Je le pense, fit sèchement Dracula. Mon parent vous a-t-il bien accueilli, mister Harker ? »


Jonathan rougit légèrement.

« Je crois que oui. J'ai bien peur de ne pas trop me souvenir du voyage, pas après mon arrivée au château en tout cas. On m'a dit que la mémoire allait me revenir peu à peu. »

Il détourna les yeux.

« Je sens qu'il y a des parties dont je ne veux pas me souvenir mais je me dis ensuite qu'il y a des choses que non seulement je veux me rappeler mais qu'en plus je DOIS me souvenir.

- Alors vous vous en rappellerez, fit calmement Dracula. N'essayez pas de vous forcer. Laissez simplement les souvenirs revenir d'eux-mêmes. Quand vous serez prêt, vous vous souviendrez.

- J'espère que non, fit Mina. Je préférerais qu'il oublie tout cet incident. Il a juste besoin de laisser ça derrière lui. »

Elle fit une petite grimace.

« Quoique ce sera plutôt difficile tant que nous ne nous serons pas débarrassés de l'homme qui l'a ramené. »


Lucy avait écouté à moitié et elle roula à présent des yeux.

« Ma chère, il est vraiment impossible. Je suis sûr qu'il est très décent et respectable mais... Bon, je déteste dire ça mais il est commun comme la poussière et il a des idées très spéciales. Il semble penser que Jonathan court une sorte de danger ici. Il semblait assez méprisant envers les loquets sur les portes-fenêtres de la chambre de Jonathan. Je m'attends à moitié à les trouver placardées la prochaine fois que je les verrais.

- Si c'est un paysan typique, il n'aura probablement pas foi en de simples barrières physiques, fit Dracula. Je parierais que vous allez finir par découvrir qu'il a, oh, pendu de l'ail aux portes ou aux fenêtres. »

Jonathan lui lança un regard perplexe.

« Vous savez, c'est précisément ce qu'il a fait à l'auberge avant que nous n'embarquions pour l'Angleterre. Et il a tracé des croix sur les portes et les fenêtres, et même sur les volets.

- Il ferait mieux de ne pas essayer ses trucs superstitieux ici, fit fermement Lucy. D'une part, je doute qu'il puisse trouver ne serait-ce qu'une gousse d'ail dans les environs. Les cuisiniers de la région ne sont pas très aventureux. Et s'il essaie de marquer une seule de mes moulures ou de mes rebords de fenêtres... je dirai au personnel de vérifier la chambre tous les jours et d'effacer de telles absurdités. »


Sinn avait un sourire énigmatique.

« Vous serez la maîtresse chez vous, hein, miss Westenra ? Même si c'est à cause des croyances religieuses de cet homme ? »

Dracula lança un regard perçant à Sinn mais Lucy ne le remarqua pas.

« Je n'ai aucune objection à ce qu'il pratique sa religion, tant qu'il n'est pas destructeur ou... ou bien... »

Elle se tut, ne sachant pas exactement comment exprimer ce qu'elle ressentait sans paraître trop intolérante.

« Trop zélé ? » proposa Dracula.

Jonathan fit doucement :

« J'admire la foi profonde mais j'ai bien peur que Lukas n'AILLE vraiment trop loin. À l'auberge, il a versé de l'eau bénite sur le pas de la porte. Je crois que ça devient du blasphème.

- Il n'a pas fait ça ici ? »

Jonathan lança un regard surpris à Dracula. Le ton du comte avait été un peu trop intense, comme s'il trouvait que cette information était d'une importance vitale.

« Je ne crois pas. Il a utilisé ses réserves durant notre voyage et à ce que je sais, il ne s'est pas rendu à l'église. »

Dracula sembla se détendre légèrement.

« Si je puis me permettre un conseil — vous ne devriez pas le laisser faire ses excès même s'ils sont au nom de la foi. Si vous n'avez plus besoin de lui, vous devriez le renvoyer en Transylvanie. »

Dracula marqua une pause.

« Il serait plus heureux parmi les siens — et plus en sécurité.

- Plus en sécurité ?

- Nous courons tous des risques lorsque nous voyageons loin du monde que nous connaissons. »

Lukas était assis à une petite table dans la chambre qu'on lui avait assignée. Devant lui se trouvait le plateau qu'un serviteur lui avait apporté plus tôt. La cuisinière aurait été scandalisée de voir qu'il n'avait que très peu mangé. Bien que la nourriture fournie ait été bien moins élaborée que le menu présenté aux dîneurs, Lukas l'avait trouvé encore trop riche pour lui. Comme partie de sa pénitence pour être un homme mortel faible, il ne mangeait que la plus grossière des nourritures et uniquement assez pour rester fort — afin de mieux servir le Seigneur. Des extravagances comme de la sauce ou des sucreries semblaient décadentes pour lui et indiquaient peut-être la faiblesse morale de cette demeure.

J'aurais dû l'emmener dans une église, songea le portier. Bien que l'église Anglaise ne soit pas la vraie église, l'un de leurs ecclésiastiques aurait sûrement compris le danger et m'aurait aidé à le garder en sécurité.


Lukas n'était pas très à l'aise depuis que le jeune homme l'avait défié et était parti rejoindre le groupe. Il avait senti une pointe d'obstination en Jonathan Harker et alors que l'Anglais reprenait des forces, il semblait que grandissait aussi sa détermination à faire ce qu'il voulait et non ce qu'on lui conseillait de faire.

Lukas soupira. Certaines des anciennes légendes disent que Nosferatu ne peut pas franchir l'eau vive mais elles ne disent rien sur les lacs ou les océans. Les vieilles histoires disent que le prince démon avait disparu pendant de nombreuses années. Certains disait qu'il avait longtemps dormi, reprenant des forces alors que ses chiens humains le protégeaient. Bien sûr, personne n'avait osé aller voir au château alors il se peut qu'il ait voyagé durant ce temps, et si c'est le cas...


Il se leva et fit les cent pas, agités. Est-il possible que je m'inquiète de trop ? Il est de retour chez lui, parmi sa famille. Il soupira à nouveau. Des gens qui ne semblent pas voir ce qui ne va pas juste sous leur nez. Ils souhaitent déjà que je m'en aille mais je n'ose pas — pas encore — surtout quand un homme portant le nom de l'ancien ennemi de ma propre famille est arrivé.

Aussi suspicieux qu'il était, Lukas ne pouvait pas en toute conscience condamner cet homme sans enquêter. Bien qu'il soit peu probable que ses hôtes songeraient à le présenter à un noble en visite, il se pouvait qu'il aperçoive au moins les visiteurs. Ce serait un début.


Lukas se dirigea vers le devant du manoir et hésita au sommet de l'escalier principal. Il pouvait voir un valet au pied des escaliers, près de la porte d'entrée. Lukas se demanda si cet homme avait été posté ici pour accueillir d'autres visiteurs possibles, au cas où on aurait besoin de lui pour une course — ou pour s'assurer que Lukas ne quitte pas le second étage. Il ne serait pas du tout surpris que Lucy ait ordonné aux serviteurs de le tenir éloigné des invités.

Lukas réfléchit un moment puis trouva une idée qui pourrait fonctionner s'il était silencieux et rapide. En se penchant au-dessus de la balustrade, il pouvait voir l'un des couloirs. Le sol était en bois poli et brillant. Lukas fouilla dans sa poche et trouva une petite pièce de cuivre. Il se pencha sur le côté et jeta la pièce aussi loin qu'il le pouvait dans le couloir.


Il y eut un cliquement distinct lorsque la pièce toucha le sol. Le valet leva les yeux d'un air alerte et se rendit dans le couloir vers la source du bruit. Lukas se déplaça rapidement et silencieusement pour descendre les escaliers et emprunter un autre couloir. Quand il fut certain d'être hors de vue du hall, il s'arrêta en s'adossant contre le mur. Après un moment, il entendit le valet revenir à sa place. Lukas avait entendu dire que certains Britanniques, toujours soupçonneux des classes inférieures, testaient leurs serviteurs en laissant traîner des pièces ou des bagatelles qui pouvaient avoir été légitimement perdues. Si l'argent disparaissait et qu'on ne le remettait au maître ou à la maîtresse, ils se sentaient le droit de punir ou même de renvoyer le serviteur qui avait selon eux commis ce 'crime'. Le valet fredonnait doucement. Lukas eut l'impression que la pièce ne serait pas signalée.


Lukas se déplaça lentement et prudemment dans le couloir en tenter de juger l'endroit possible où se trouvaient les invités. S'ils étaient dans une pièce avec la porte fermée, il n'aurait pas de chance. Il ne pensait pas pouvoir ouvrir une porte sans se faire remarquer.

Il y avait une porte cintrée de l'autre côté du couloir et il y avait un lent murmure de conversations provenant de la pièce. Lukas s'arrêta pour réfléchir. Si les occupants de la pièce étaient assez distraits, il était possible qu'il jette juste un coup d'œil. Regarder autour du bord de l'arche n'irait pas mais s'il venait de l'autre côté et se penchait juste un peu, il pourrait voir plus à l'intérieur qu'ils ne pourraient le voir — s'ils regardaient. Il se déplaça juste d'un pouce à la fois. Peu à peu, la portion de la pièce qu'il pouvait voir augmenta. Il ne pouvait pas tout voir sans risquer de s'exposer, mais peut-être que...


Miss Lucy était sur un canapé, entourée par ses admirateurs. Lukas remarqua qu'elle ne leur montrait pas l'irritation et la désapprobation qu'elle lui avait montrées. Non, elle était à présent d'un charme badin. Je dirais que c'est une femme au cœur subtil mais elle n'est pas vraiment subtile. Je crois qu'elle pourrait l'être mais elle n'a aucun respect pour le discernement des hommes autour d'elle. Elle croit qu'ils ne verront pas ce qu'elle a au fond de son cœur.

Puisqu'il n'y avait plus de place près de Lucy, le docteur qui était venu examiner Jonathan se tenait près d'elle. Lucy ne lui payait que très peu d'attention, prenant à peine le temps de lui sourire ou de lui parler. Lukas vit l'expression de langueur qu'il avait lorsqu'il regardait cette jeune femme oublieuse et il songea : Dans son cas, je crois qu'elle ne se trompe pas. Cherchez une attention fidèle ailleurs, docteur — vous ne la trouverez pas chez elle.


L'homme assis à la droite de Lucy était quelqu'un qu'elle considérait comme d'un rang égal ou supérieur pour lui permettre une telle position. En voyant la façon familière dont il avait posé son bras sur le dos du canapé derrière elle, il en conclut qu'ils devaient avoir un 'arrangement'. Un homme de l'époque victorienne n'aurait jamais été assez audacieux pour être physiquement intime avec une femme respectable, à moins qu'ils ne soient apparentés ou mariés — c'était même considéré comme un peu audacieux pour un couple fiancé.

Il y avait un jeune homme avec des cheveux noirs et bouclés de l'autre côté et au moment où il le vit, Lukas craignit pour la pureté du garçon. Il avait une expression ouverte et presque enfantine — une femme comme Lucy Westenra serait une tentation pour n'importe quel homme, mais pour un homme qui semblait si innocent... Sa pureté serait en danger mortel.


Celui qui parlait à côté du canapé était une autre histoire. Il était grand et mince et ne paraissait pas à l'aise dans son élégant costume de soirée. Lukas avait l'impression qu'il n'était pas Anglais. Il songea que l'autre était aussi étranger mais pour une raison contraire. L'homme plus petit était habillé d'un air pimpant et semblait parfaitement à l'aise avec cet ensemble à la mode. Lukas fronça les sourcils alors que cet homme riait d'une remarque faite par son compagnon en posant légèrement une main sur le torse de l'autre homme. Il y avait quelque chose dans les manières de cet homme qui lui rappela fortement Lucy Westenra.

Il pouvait entendre la voix de Jonathan Harker dans ce murmure mais il ne pouvait pas le voir de là où il se tenait. Avec les autres invités occupés, il présuma que son patient devait divertir l'invité d'honneur — le comte Dracula. C'était l'homme qu'il devait voir. Après un moment, il décida qu'il n'y avait qu'un seul moyen aussi le fit-il. Il s'avança dans la pièce.

Sinn le remarqua en premier et fit :

« Ma parole. »

Quincy regarda la porte, moyennement rancunier envers tout ce qui pouvait détourner de lui l'attention de Sinn.

« Qu'est-ce que c'est ? fit Sinn.

- C'est juste le gardien de Harker, fit Quincy d'un ton désinvolte. C'est une sorte de prêtre ou de moine — un truc dans le genre — et il surveille Harker comme une mère poule.

- Mais que fait-il ici ? »

À cet instant, les autres dans la pièce avaient remarqué Lukas et les conversations s'étaient arrêtées. Lucy fit froidement :

« Il se trouve là où il n'a rien à faire. »

Lord Holmwood lui tapota l'épaule d'un air condescendant.

« Je vais m'en occuper, ma chère. »

Il se leva et se dirigea vers Lukas.

« Vous voyez, seuls les serviteurs du plus haut rang sont autorisés dans les pièces de la famille, et seulement si on a besoin d'eux. »


Lukas s'inclina légèrement. Son ton fut poli mais il ne s'excusa pas dans ses manières.

« Je m'inquiète pour mister Harker. Cela ne fait que peu de temps qu'il a récupéré d'un accident très éprouvant.

- Cet homme a de bonnes intentions, » fit Mina.

Elle haussa légèrement la voix.

« Jonathan, peut-être que vous en FAITES de trop. Ne devriez-vous pas vous retirer et aller vous coucher ? »

Lukas regarda l'endroit où Mina était assise. Jonathan était assis près d'elle et de l'autre côté, il y avait un grand homme avec de longs cheveux noirs. Jonathan était pâle et semblait tendu. Pendant un moment, Lukas crut avoir la preuve que l'Anglais réagissait à quelque chose de dérangeant chez son compagnon, puis Jonathan fit :

« Je vous l'ai dit, je vais bien. On ne va pas me renvoyer au lit comme un enfant. »

Avec une triste résignation, Lukas comprit qu'il était la cause de l'agitation de Jonathan. Le jeune homme combattait toujours sa protection.


L'homme tendit la main pour la poser sur le genoux de Harker en disant :

« Allons, Harker, je suis sûr que cet homme ne veut pas vous manquer de respect. Il est simplement inquiet de votre bien-être. »

Des yeux bleus pâles se tournèrent vers Lukas.

« N'est-ce pas... ? Quel est votre nom ? »

Lukas se trouva à dévisager cet homme. Il y avait quelque chose de familier chez lui, oui, mais il n'avait jamais vu le prince Nosferatu. Il avait seulement entendu des histoires murmurées par les voisins et le peu d'êtres vivants qui pouvaient se souvenir l'avoir vu parlaient tous d'une vieille créature — noueuse, ridée et avec des cheveux blancs. Cet homme était de toute évidence jeune. Pourtant, il y avait quelque chose... qui n'allait pas chez lui.

« Je suis Lukas Kreski, monsieur. »

Il s'arrêta.

« Nous sommes-nous déjà rencontrés ? Vous me semblez familier. »

Lucy marmonna sous sa barbe :

« C'est vous qui êtes familier. »


Dracula ignora le commentaire de Lucy en gardant les yeux fixés sur ce portier de forte carrure.

« Je ne suis pas surpris de vous paraître familier. Ma lignée existe depuis très, très longtemps. Ma demeure ancestrale se trouve près de chez vous. »

Il pencha la tête.

« Bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés, il est tout à fait possible qu'il y ait eu des interactions entre nos familles dans le passé — le lointain passé.

- C'est très possible, monsieur. »

Le visage de Lukas était stoïque.

« Bien que je crains que si c'est le cas, elles n'aient pas été plaisantes. L'histoire de ma famille avec les Dracul est... rude.

- Je suis navré de l'entendre. »

Bien qu'il parlait avec un léger sourire, la voix de Dracula était presque inexpressive.


Mister Westenra et lady Holmwood entrèrent dans la pièce derrière Lukas. Westenra se renfrogna en voyant Lukas. Avant que son hôte ne puisse demander une explication, Lukas s'inclina devant lui.

« Mister Harker est réticent à se reposer, monsieur. Peut-être pourriez-vous le convaincre ? Il voudra sûrement plaire à son hôte et faire ce qui est mieux pour lui, plutôt que de céder à ses caprices. »

Westenra toussa.

« Bon, il est temps de terminer la soirée, de toute façon. Lady Holmwood se sent un peu fatiguée et elle est prête à rentrer. »

Lucy parut ennuyée. Ce serait impoli de poursuivre la soirée après que l'invitée de plus haut rang soit partie.

« Peuh. »


Elle lança à Rill, puis Sinn et le comte, son sourire le plus engageant.

« Nous avons eu à peine le temps de nous parler. »

Elle tapota la main de Rill.

« Mon temps avec vous a semblé ne durer que quelques secondes. »

Rill cligna des yeux.

« Vraiment ? Cela m'a semblé une éternité. »

Avant que Lucy ne puisse comprendre qu'elle venait juste de se faire insulter (bien que non intentionnellement), Sinn fit doucement :

« Rill a souvent du mal à choisir les bons mots. Ce qu'il veut dire, c'est un moment en votre compagnie suffit à nous procurer de la joie pour plusieurs jours à venir. »

Lucy sourit à ce commentaire flatteur puis regarda Rill. Le garçon regardait Sinn d'un air confus. Derrière le dos de Lucy, Sinn fronça les sourcils et lui fit un petit geste pour qu'il continue.

« Oui, fit Rill. C'est comme l'a dit Sinn. Un peu de temps avec vous dure très longtemps. »

Sinn roula des yeux.


Mister Westenra tira sur une corde près de la porte. Quand le valet posté dans le hall arriva, on lui ordonna de préparer les véhicules des visiteurs. On lui lança aussi un regard sévère qui lui apprit qu'on allait lui demander comment Lukas avait pu rejoindre les invités.

Le groupe de convives se leva et se dirigea vers le couloir. Mister Westenra et lady Holmwood, les plus proches de la sortie, étaient déjà à mi-chemin vers le hall d'entrée. Au bras de lord Holmwood, Lucy passa à côté de Lukas le nez en l'air, tous les deux ignorant délibérément cet homme. Jonathan escorta Mina et s'arrêta pour dire doucement :

« Je vais monter mais je peux aller au lit tout seul, merci. »

Alors que Jack Seward s'approchait, il tendit la main à Lukas. Ils se serrèrent la main et le docteur fit :

« Votre inquiétude est appréciée mais vraiment, vous n'avez pas à vous en faire. Jonathan est un homme raisonnable — il ne fera rien pour se mettre en danger.

- Il peut ne pas réaliser que ce qu'il fait est dangereux, docteur, « fit Lukas.


Rill, Sinn et Quincy se rendirent ensemble à la porte. Rill commença à tendre la main vers Lukas, comme Seward l'avait fait, mais Sinn saisit sa manche en secouant légèrement la tête. Sinn s'inclina légèrement devant Lukas et Rill l'imita. En voyant ça, Quincy haussa les épaules et toucha son front en un salut ironique alors qu'il dépassait cet homme.

Lukas tourna son attention sur le dernier invité dans la pièce. Dracula se tenait toujours près du canapé en l'observant attentivement. Il s'approcha lentement de Lukas sans le quitter des yeux et s'arrêta juste devant lui. Lukas n'était pas petit mais il dut lever les yeux vers le comte. Sentant comme un défi, Lukas tendit sa main. Il fut un peu surpris quand, au lieu de s'incliner comme les autres, Dracula lui serra la main. Sa poigne était forte et froide.

« Votre main est glacée, monsieur. »

Dracula ne le lâcha pas.

« Les Anglais peuvent être chiches avec leurs feux. »

Il regarda Lukas droit dans les yeux tout en parlant et Lukas sentit une pointe de malaise.

« Êtes-vous certain que nous ne nous sommes jamais rencontrés ?

- Nous n'avons jamais été présentés. »

Dracula relâcha finalement la main de l'homme.

« Et si nous nous étions vus face à face, soyez-en sûr — vous vous en rappelleriez. »






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