Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 12


J'étais descendu plus tôt du bus pour raccompagner Xia Jin alors je louai un vélo pour faire le reste du chemin, comme à mon habitude. Ce n'était pas bien loin. Il ne me fallut que dix minutes pour rentrer.

À mon retour, je vis Liu Shishun faire les cent pas dans le séjour. Quand il me vit, il s'approcha immédiatement et me fit :

« À cause de vous, Li Yuanyuan a décidé de se réinc— de rentrer chez elle.

– Hein ? Que voulez-vous dire ? demandai-je.

– Ah, c'est une triste histoire, fit Liu Shishun. Quand Yuanyuan était en v—... quand elle était petite, elle a eu bien des malheurs. Elle était timide et ses autres camarades s'en prenaient tout le temps à elle. Une fois adulte et dans la vie active, elle a croisé un jour une de ses anciennes persécutrices. La fille lui a pressé la tête dans les toilettes et Yuanyuan s'est noyée. Elle ne pouvait plus quitter les toilettes après. »


Je fis avec une bouffée de colère :

« Cela va bien au-delà des chamailleries scolaires. Nous devons dénoncer cette personne car elle a intentionnellement fait du mal à Yuanyuan ! Elle a provoqué chez elle un profond traumatisme ! Elle devrait en répondre devant la loi et payer le traitement dont Yuanyuan aura besoin par la suite !

– Oh, ne vous en faites pas pour ça, cette femme a déjà payé. C'est juste que Yuanyuan est si misérable. Enchaînée aux toilettes, son obsession est trop forte. Même si elle le souhaite, elle ne peut pas les quitter. Elle n'a pas d'autre choix que d'apparaître dans les toilettes la nuit.

– À la maison, vous comptez sur vos parents. En dehors, vous comptez sur vos amis. Je pense qu'en tant que colocataires, nous devrions lui conseiller de suivre un traitement médical afin de surmonter ce traumatisme au plus vite.

– Ce ne sera pas la peine. Quand elle était en v—... Avant, ses camarades disaient tout le temps qu'elle puait les WC et ils la mettaient à l'écart. Mais vous ne l'avez jamais méprisée. À chaque fois que vous la voyiez, vous lui avez toujours parlé. Maintenant elle peut se réinc— rentrer chez elle et avoir une belle vie, fit Liu Shishun. Elle a fini ses bagages et elle vient de partir. Elle m'a aussi demandé de prendre bien soin de vous. »


Je regardai dans la chambre de Li Yuanyuan, qui était aussi propre et vide que d'ordinaire. Les toilettes étaient toujours là mais plus la perruque.

Comme l'avait dit Liu Shishun, Li Yuanyuan émettait toujours une odeur de nettoyant pour WC ; l'odeur ne partait pas même après une douche. En fait, je n'aimais pas cette odeur mais je savais que je devais me montrer prudent au vu de l'état émotionnel de Li Yuanyuan. Alors même si l'odeur était désagréable, je persistais à lui tendre la main de l'amitié.

Si elle avait vraiment pu progresser alors tant mieux. Néanmoins, c'était regrettable qu'elle soit partie si vite que nous n'avions pas eu le temps de nous dire au revoir.

Mais peu importait. Tant que deux personnes étaient liées, elles finiraient toujours par se revoir un jour.


« Merci, Professeur Liu. Je sais que vous êtes resté debout exprès pour me dire ça.

– Ce n'est rien, je ne dors pas vraiment la nuit. Au fait, ce cahier est pour vous. Prenez-le quand vous aurez cours. Vous pouvez vous en servir pour préparer vos leçons ou noter le nom des élèves. »

Le professeur Liu me tendit un très vieux cahier épais à la couverture en cuir. Le papier était jaune et fin. Il semblait avoir plusieurs années. Il n'y avait rien d'écrit à l'intérieur.

Ce devait être son cahier préféré et il l'avait gardé pendant de nombreuses années. Je le portai à mon cœur et fis :

« Merci. Il ne me quittera pas à l'avenir.

– Non, non, pas besoin de l'avoir en permanence. Et surtout, ne le mettez pas près de votre cœur. Votre sang est trop fort et chaud, fit Liu Shishun en agitant la main. Il vaut mieux le mettre dans votre sac. Si vous avez affaire à des élèves désobéissants en classe, vous n'aurez qu'à le sortir et tout ira bien. »

Quel était le rapport entre le plan de mes cours et les élèves désobéissants ? Cela venait peut-être de l'expérience du professeur Liu en matière d'enseignement. Nous en reparlerions une autre fois.


Je tombais de sommeil à présent, j'avais du mal à tenir debout. Après avoir pris le cahier et salué vaguement le professeur Liu, j'allai dans ma chambre pour me coucher.

Dans mes rêves, je vis Li Yuanyuan. Elle portait une robe à fleurs, me souriait et me faisait signe de la main. Puis elle s'envola dans le ciel.

À mon réveil, je me dis que c'était un rêve très agréable. Cela me mit de bonne humeur. Je me rendis au travail en portant un T-shirt simple et pas cher que j'avais acheté en grande surface pour vingt yuan.


* * *

Xia Jin était allé voir le personnel d'entretien de l'ascenseur à la première heure du matin mais il y avait eu des interférences sur la vidéo de surveillance pendant la période où nous étions coincés. On ne voyait qu'un écran bleu. Quand l'image revint, nous étions déjà sortis de l'ascenseur. Et le personnel n'avait vraiment pas reçu notre appel à l'aide bien qu'ils étaient restés fidèles à leur poste toute la soirée.

Xia Jin enquêta un bon moment sans trouver de réponse. Le centre commercial allait ouvrir à neuf heures alors il n'eut pas le temps d'approfondir ses recherches. Il se concentra sur son travail.

Je l'observai et constatai qu'il ne se rappelait vraiment pas de la veille au soir. Je le connaissais bien et je savais qu'il ne faisait pas semblant.

Cela me soulagea et m'inquiéta à la fois. Inquiet parce qu'il avait vraiment fait une crise psychotique, et soulagé parce qu'il ne se souvenait de rien, ce qui n'allait pas ternir notre amitié.

Je mis mon portable dans le casier du personnel, enfilai le costume d'ours et m'attachai à faire mon travail laborieux et adorable.


Pendant mon travail, je traînai nonchalamment du côté des ascenseurs, surtout pour guetter Ning Tiance, s'il venait aujourd'hui. Je m'inquiétais vraiment qu'il soit capable, pour chasser le mal, d'uriner dans l'ascenseur.

Toutefois, Xiao Ning n'apparut pas de toute la journée. Ce ne fut que vers vingt-deux heures, quand j'allais terminer mon travail, que je vis une tunique d'un jaune vif. Rien qu'avec les vêtements, je sus que c'était Ning Tiance.

En le voyant ignorer le personnel qui tentait de l'arrêter et se diriger droit vers les ascenseurs, je me ruai pour l'en empêcher. Cependant, je portais encore mon costume d'ours et je tombai au bout de deux pas.

Levant les yeux, je vis Ning Tiance continuer son avancée vers les ascenseurs. Je me débattis avant de me rendre compte que je n'arriverais pas à me relever alors j'utilisai mes bras musclés pour ramper vers lui.


Le sol du centre commercial était très lisse et ce ne fut pas difficile de glisser dans le costume en peluche. Je rattrapai Ning Tiance rapidement alors qu'il attendait que l'ascenseur arrive. Juste à ce moment, les portes s'ouvrirent. Quand je le vis prêt à entrer dans l'ascenseur, je tendis mon bras en peluche pour le retenir par la cuisse.

« Atten-dez-moi— ! » haletai-je dans mon costume d'ours.

Ning Tiance prit un air choqué. Il dégaina son épée en bois de derrière son dos, la pointa sur moi et fit :

« Quel maléfice est-ce là ? Révèle ta forme d'origine ! »

Je tins fermement sa jambe d'une main sans le lâcher. Je tentai de défaire la fermeture éclair de mon costume de l'autre. Ce n'était déjà pas facile de bouger dans ce costume ; ce fut encore plus dur en tenant une personne d'une main. Je ne pus ouvrir la fermeture éclair qu'après un long moment.


Le personnel revint avec Xia Jin. Au moment où j'allais lui demander de m'aider à retirer ce costume d'ours, je vis Xia Jin serrer chaleureusement la main de Ning Tiance.

« Bonjour, maître Ning, je suis Xia Jin. C'est moi qui vous ai appelé. Ne vous avais-je pas dit de venir à mon bureau directement après avoir vu la maintenance de l'ascenseur ? Pourquoi êtes-vous ici ?

– Je me faisais du souci au sujet de cet ascenseur hanté, répondit froidement Ning Tiance, son ton habituel. Vous pourriez dire à votre employé de me lâcher ? »

Quand Xia Jin posa les yeux sur moi, je lui criai aussitôt :

« Aide— aide-moi à enlever ce costume !

– Shen Jianguo ? fit Xia Jin d'un ton surpris. Pourquoi tu t'accroches au maître que j'ai invité ? Tu dois te douter de la nature de ce que nous avons vécu hier soir. Viens, nous allons raconter ensemble au maître ce qui s'est passé. »


Il se pencha et me releva. Après avoir enfin enlevé mon costume, je fis un signe de la main à Ning Tiance, mon visage couvert de sueur.

« Coucou, Xiao Ning.

– Xiao Ning, comment ça, Xiao Ning ? C'est maître Ning ! fit Xia Ning en me tapant sur la tête. Ramper par terre et agripper la cuisse d'un client au beau milieu du centre commercial... Tu me mets dans l'embarras ! »

Xia Jin avait des années d'expérience et sa gestion des relations publiques était impeccable. Il se tourna aussitôt vers les clients qui avaient commencé à prendre des photos et observer la commotion, et leur fit :

« Toutes mes excuses, ce sont deux acteurs que nous avons invités pour l'événement promotionnel. Ils répètent pour la pièce "Le Maître Céleste exorcise un Démon Ours." S'ils sont pris à l'audition, vous pourrez voir plus tard ce spectacle chez nous. Nous allons bientôt fermer. Merci de vous diriger vers les caisses au plus vite. Elles ferment à vingt-trois heures. »

Quand la foule entendit Xia Jin, ils rangèrent leurs portables et se dirigèrent vers les caisses. Certains commentèrent même à Xia Jin que le spectacle était drôle et intéressant et qu'ils espéraient vraiment le voir.


Une fois la foule dispersée, Xia Jin nous emmena Xiao Ning et moi dans son bureau.

Dès qu'il fut entré, il invita poliment Xiao Ning à s'asseoir sur le divan et lui offrit une tasse de thé. Puis il me lança un regard mauvais et me fit :

« Tu n'as pas honte de me faire perdre la face ? Même si tu voulais trouver un maître pour faire fuir le mal, tu dois quand même faire attention aux apparences ! »

Les formalités ne nous avaient jamais arrêtées alors je lui répliquai :

« C'est justement parce que je me soucie des apparences que je me suis rué pour l'empêcher de prendre l'ascenseur. Avec tous les gens présents, que se serait-il passé si Xiao Ning allait pisser son urine de vierge dans l'ascenseur ? J'imagine que vous êtes encore vierge, pas vrai ? »


Cette dernière phrase était adressée à Ning Tiance, qui rougit et prit une gorgée de thé pour masquer son embarras. Il feignit le calme et répondit :

« Bien que la Secte de Maoshan n'interdise pas les mariages, nous n'avons pas le droit de diviser notre source de Yang tant que nous n'avons pas atteint un certain niveau. Je ne suis pas encore assez puissant alors le moment n'est pas venu pour moi. »

Oh, en d'autres mots, il était bien vierge.

Xia Jin s'extasia sur Ning Tiance :

« Maître Ning est trop modeste. Il y a quelques jours, vous avez résolu le problème de fantôme chez le président Liang. C'est le président Liang qui vous a expressément recommandé. Il a dit que vous aviez des compétences avancées et que vous pourriez certainement résoudre notre problème de fantôme au centre commercial. »

Je tirai sur la manche de Xia Jin.

« Hé, tu as un diplôme universitaire, comment ça se fait que tu sois si superstitieux ? Les fantômes, ça n'existe pas. »


Xia Jin tapa sur ma main pour la retirer.

« Tu es aveugle ou quoi ? Tu as bien vu le dysfonctionnement de cet ascenseur hier soir et tu ne crois pas que c'était l'œuvre d'un fantôme ? Et ta colocataire, Li Yuanyuan, je l'ai vue sortir de la cuvette des WC de mes propres yeux. C'était une illusion, ça ? En plus, j'ai fait des recherches sur l'appartement n°404 de l'unité 4 au numéro 4 du quartier de l'Autre Rive. C'est un nid de fantômes ! Et tu oses vivre là-bas avec une colocataire comme elle. Tu l'as déjà vue durant le jour ? Tu ne te rends pas compte que tu as habité avec un fantôme pendant tout ce temps ?!

– Tu vas trop loin. C'est une chose d'être superstitieux mais je t'interdis d'insulter ma colocataire et de la traiter de fantôme. Yuanyuan est une gentille fille, elle est juste un peu bizarre. Comment peux-tu parler d'elle comme ça ?

– Dans ce cas, essaie un peu de l'appeler le jour. Si elle ose se présenter devant moi à la lumière du soleil alors je croirai qu'elle est humaine.

– Elle est rentrée dans son village natal. Elle n'est plus en ville, alors comment pourrais-je la faire venir ? En plus, depuis quand y a-t'il besoin de prouver son humanité ? »

J'étais en colère. Cela me décevait beaucoup de voir Xia Jin plonger à son tour dans les superstitions d'antan.


Xia Jin vit qu'il ne pourrait pas me subvertir avec ses superstitions. Il secoua la tête et fit :

« Ning Tianshi 'Maître Céleste', le titre de Xiao Ning. (1), regardez-le voir, vous n'avez pas l'impression que c'est lui qui attire les fantômes ? Je n'avais jamais rencontré ce genre de situation mais hier, avec lui, nous n'avons pas cessé de croiser des fantômes. Ce doit être sa présence qui me porte la poisse. »

Ning Tiance nous examina un moment puis secoua la tête et répondit :

« M. Shen Jianguo est un homme intègre et imperméable au surnaturel. Au contraire, M. Xia, vous avez de l'énergie Yin sur votre front. Votre chance n'a pas été bonne récemment et vous êtes susceptible d'attirer les fantômes. »

Tiens, tiens, regardez-moi ça. Xiao Ning savait que je ne croyais pas aux fantômes alors naturellement il n'allait pas dire que c'était moi. Tout cela n'était qu'une supercherie bien huilée !


Notes du chapitre :
(1) 'Maître Céleste', le titre de Xiao Ning.






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