Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 20


Avec les paroles de réconfort de Ning Tiance, mon humeur s'en trouva grandement améliorée. J'étais un nouvel employé. Il y avait beaucoup de choses sur lesquelles je devrais consulter le professeur Liu. C'était tout à fait normal que mon enseignement ne soit pas au même niveau que le sien. Pour nous qui nous engagions dans l'éducation, nos propres réussites et échecs importaient peu. Ce qui comptait le plus, c'était ces élèves qui se tenaient à un carrefour de leur vie. Du moment qu'ils finissaient par choisir le bon chemin, quelle importance si je subissais quelques revers ?

À chaque fois que Xiao Ning répondait aussi vite à mes messages, je sentais une bouffée d'espoir dans mon cœur.

Après réflexion, je continuai d'écrire :

[Il est vraiment tard et tu ne dors pas encore. J'ai l'impression que tu veilles tard toutes les nuits.]

Ning Tiance : [J'absorbe l'essence de la lune et des étoiles la nuit alors je me couche tard. En plus, ces derniers temps, je m'inquiète pour toi.]

L'émotion me submergea d'un coup. Je tapai sans réfléchir :

[Moi aussi, je m'inquiète pour toi. Je t'apprécie vraiment beaucoup !]


Mais avant que je ne clique sur Envoyer, Xiao Ning avait complété son message :

[Au sujet de tes colocataires.]

Sans un mot, j'effaçai le message non envoyé, refoulai mes émotions débordantes et pris un ton calme et professionnel :

[Oui, la situation de Xiao Ming est vraiment inquiétante. J'espère que le professeur Liu réussira à le convaincre de changer de vie. Maintenant que j'y pense, j'ai un autre élève qui est allé trop loin.]

Mes doigts pianotèrent sur le clavier pour décrire brièvement le cas de Tian Bowen. Selon moi, le professeur Liu devrait être apprécié de ses élèves. Tian Bowen était vraiment allé trop loin en s'en prenant à lui. Je songeai à utiliser de l’insecticide pour donner une bonne leçon à Tian Bowen et faire en sorte qu'il arrête d'élever des vers. Mais étant donné que c'était un élève avec peut-être des troubles psychologiques, je ne pouvais dire si cela lui ferait plus de mal que de bien.


Perdu, j'écrivis à la principale Zhang à ce sujet. C'était quelqu'un de si gentil et responsable, elle aurait certainement une meilleure connaissance de la situation des élèves. Ses conseils étaient toujours très utiles.

Deux messages arrivèrent d'un coup. Je lus d'abord celui de Xiao Ning :

[En général, l'insecticide ne servirait à rien contre ton élève mais cela fera l'affaire si c'est toi qui l'achètes. À ce propos, je vais rester quelques temps dans la ville de H mais il me manque des affaires basiques. Tu es libre demain ?]

Bien sûr que oui ! Je prévus aussitôt d'aller faire du shopping avec Xiao Ning. Nous irions au centre commercial de Xia Jin. Comme j'y avais souvent travaillé en tant qu'extra, j'avais des coupons et des réductions. Ce serait donc plus économique d'aller là-bas.


Ensuite je lus le message de la principale Zhang :

[Tian Bowen est devenu ingérable. Cela va bien au-delà d'une simple blague. Vous pouvez exécuter votre plan, professeur Shen. Si cela continue ainsi, je laisserai un professionnel se charger de son cas.]

[Mais n'est-ce pas simplement un élève avec des troubles psychologiques... ?]

J'hésitai encore. Bien qu'il m'ait dégoûté, en tant que professeur je devais garder une attitude tolérante envers mes élèves.

La principale Zhang me répondit :

[Il a déjà blessé d'autres élèves. Je l'ai renvoyé il y a trois mois mais il a refusé de partir. Il s'en est également pris au personnel.]

C'était donc ça. Alors il était inutile de prendre des gants avec lui. Comme l'avait dit la principale Zhang, je pouvais exécuter mon plan !

Entre mon rendez-vous du lendemain avec Ning Tiance et le fait d'apprendre que Tian Bowen ne faisait plus partie de l'école et de savoir comment gérer son cas, mon humeur était au beau fixe. Je sortis me faire des nouilles instantanées. Voyant qu'il n'y avait plus de lumière dans la chambre de Tan Xiaoming, je retournai dans ma chambre, mangeai mes nouilles et me couchai l'esprit en paix.



* * *


Le lendemain, mon réveil sonna à huit heures du matin. En tâtonnant pour chercher mon portable, je tombai sur le cahier du professeur Liu.

Bien qu'il soit très vieux, la couverture était d'excellente qualité. On aurait dit du vrai cuir donc ce devait être résistant à l'eau. C'était justement pour cette raison que je m'en étais servi pour écraser les asticots.

Les traces des vers avaient été nettoyées. J'avais oublié de le faire la veille, alors cela voulait-il dire que le professeur Liu était entré en douce dans ma chambre pour le nettoyer au beau milieu de la nuit ?

En ouvrant le cahier, je découvris une ligne écrite par une autre main que la mienne : J'ai emmené Xiao Ming voir un psychologue. Vous n'avez plus à vous inquiéter, professeur Shen. Au fait, souvenez-vous bien de ne prendre ce cahier que lorsque vous allez en cours.


L'écriture était très élégante comme si son auteur avait passé des années à pratiquer la calligraphie ; cela collait bien à l'image que j'avais du professeur Liu !

Seulement, le professeur Liu avait utilisé les idéogrammes traditionnels. Il y a deux systèmes d'écriture en Chine : le chinois traditionnel et le chinois simplifié. (1) Si je n'avais pas passé des années à traduire des mangas, je n'aurais pas pu comprendre certains mots.

Il tenait vraiment à son cahier. Ce devait être un cadeau d'une personne très importante pour lui...

C'était vraiment inexcusable de ma part de m'en être servi pour tuer des vers et ensuite comme d'un coussin. À l'avenir, même si je devais utiliser mon ordinateur pourri qui prenait trois minutes pour démarrer, je n'utiliserais plus ce cahier.

Je ressuyai la couverture du cahier avec un chiffon avant d'appliquer de l'huile de protection transparente. Je le posai ensuite à sécher sur le rebord de la fenêtre. Le soleil éclairait ma chambre de sept heures à midi. Il était déjà huit heures ; quatre heures de soleil suffiraient à le sécher.


Après avoir bien pris soin du cahier, j'allai me laver. Il était convenu que je rejoigne Xiao Ning à dix heures pour faire les magasins. Nous devions nous retrouver juste à l'entrée du centre commercial. En bus, il me faudrait au moins une heure pour aller du quartier de l'Autre Rive au centre commercial alors j'étais pressé par le temps.

Je sortis m'acheter du lait de soja et un youtiao Un long beignet frit, souvent pris au petit-déjeuner en accompagnement de lait de soja ou de congee. (2) pour un petit-déjeuner express puis montai dans le bus. J'arrivai à 9:50 au centre commercial. En descendant du bus, je vis une voiture de luxe stationnée près de l'entrée et Ning Tiance en sortit.

Comme par un coup du destin, il regarda dans ma direction et m'aperçut. Il me sourit et s'approcha.

À ce moment, je ne pouvais pratiquement pas voir le sourire magnifique de Ning Tiance. Mes yeux étaient rivés sur la voiture horriblement chère. Je ne me remis de ce choc qu'une fois la voiture partie et Ning Tiance qui agitait la main devant mes yeux.

« Cette voiture...

– Elle est destinée à l'usage des disciples de Maoshan qui séjournent dans la ville de H. Le chauffeur est fourni par l'hôtel, » fit Xiao Ning d'un ton léger.

J'agrippai ma poitrine qui me faisait un peu mal.


Ainsi Xiao Ning était vraiment riche. Il était si riche et pourtant il pouvait rester sur un siège dur dans le train pour faire travailler son endurance. C'était vraiment un jeune homme bien !

Quand je regardais désormais Xiao Ning, il me semblait voir une aura brillante et dorée de bonté qui l'entourait, ce qui le rendait encore plus séduisant.

En voyant mon hésitation, il tendit la main vers moi et fit :

« Qu'y a-t'il ? Allons-y. »

Tandis que je contemplais sa main avec ses longs doigts fins et ses articulations bien définies, cet étrange sentiment de détresse s'envola de mon cœur d'un coup. Je m'approchai de lui et lui tapotai l'épaule. En riant, je fis :

« Xiao Ning, tu es plutôt mignon quand tu ne portes pas ta tenue jaune ! »

Ning Tiance rougit légèrement.

« C'est le costume traditionnel. Je ne le porte que pour le travail. Naturellement, je n'irai jamais le porter en public en dehors de ces circonstances.

– Mais hier matin quand tu m'as rejoint à l'hôpital, tu portais cette tenue jaune. Pourtant tu venais juste de descendre du train ? »

J'avais beau chercher dans mes souvenirs, le seul moment où je l'avais vu en tenue ordinaire c'était samedi dernier au centre commercial. Il avait été très élégant avec son air d'étudiant.

Le visage de Ning Tiance devint encore plus rouge.

« Je me suis changé en courant sur l'autoroute. Dans le train, je portais une chemise noire aux manches trois-quarts et un short. »

J'avais beau avoir l'esprit ouvert, je fus tout de même choqué par le comportement de Xiao Ning. Il s'était déshabillé au bord de la route en pleine nuit ?

« Les vêtements de cérémonie apportent plus de pouvoir lors des rituels, expliqua Xiao Ning. Je ne suis pas encore assez fort alors j'ai besoin de recourir à ces aides externes. »

Mon cœur se serra davantage. La superstition médiéval avait le chic pour ruiner les gens ! Un si beau et gentil jeune homme contraint de devenir un exhibitionniste sur l'autoroute. Heureusement qu'il n'y avait eu personne à cette heure-là. Et si cela s'était passé au beau milieu de la rue ?

Ma détermination de ne jamais laisser l'argent me corrompre fut une fois de plus restaurée. Peu importaient ses richesses, je ne pouvais pas le laisser devenir la victime d'idées dépassées. Je devais aider Xiao Ning à aimer la science et la vie !


Le premier étage du centre commercial où travaillait Xia Jin était un grand supermarché qui vendait de tout, y compris du prêt-à-porter. Puisque j'avais des coupons, j'y venais souvent pour m'acheter des vêtements. En ce moment d'ailleurs, je portais des vêtements achetés là l'an dernier.

Ning Tiance avait besoin de produits de base alors je le conduisis naturellement au supermarché. S'il lui fallait des vêtements, nous pourrions aller à l'étage.

Peu de temps après, Xia Jin eut vent de notre visite et prit de son temps pour nous saluer, malgré son emploi du temps chargé. J'agitai la main et fis :

« Retourne travailler. Nous sommes juste d'anciens camarades, pas la peine d'en faire autant.

– Qui a dit que j'étais là pour toi ? C'est pour Ning Tianshi que je suis venu. »

Xia Jin fit mine de me donner un coup de pied puis fit à Xiao Ning avec enthousiasme :

« Ning Tianshi, vous n'avez qu'un mot à dire et vous pourrez avoir tout ce que vous voulez. C'est le centre commercial qui vous l'offre. »

Ning Tiance secoua la tête.

« Nous avons des règles. Nous ne devons pas accepter des cadeaux trop généreux. La dernière fois, mon rôle dans l'exorcisme du fantôme a été négligeable. Si vous voulez éviter ce genre de problème à l'avenir pour votre centre commercial, vous pouvez demander au professeur Shen de travailler pour vous. Avec sa présence, rien ne viendra vous importuner. »


En fait, je songeais vraiment à prendre un second travail. Les cours de l'école privée avaient toujours lieu la nuit et il n'y avait pas plus de dix cours par mois. Je ne raterai rien !

Je fis aussitôt ma publicité auprès de Xia Jin, affirmant que je ne demandais pas le salaire correspondant à mon doctorat. J'étais prêt à accepter un travail moins qualifié, comme dans les bureaux ou ailleurs.

« Notre division des ventes cherche du personnel actuellement, fit Xia Jin en me lançant un regard. Mais ce n'est pas dans ta branche !

– Dans ce cas tu peux me prendre comme stagiaire pour un mois, répliquai-je. Après, si je fais l'affaire, tu peux m'engager au salaire standard. Sinon tu pourras simplement me renvoyer. C'est une offre intéressante, non ? »

Ce n'était pas urgent d'avoir un salaire dans l'immédiat. L'intérêt de ce travail serait plutôt de me permettre d'accumuler de l'expérience sociale.

« Tu as raison, approuva Xia Jin. Envoie ton CV demain et mon service des ressources humaines se chargera de le faire passer. »


Avec l'espoir d'un second travail à temps partiel dans un futur proche, je fus très content. J'emmenai Xiao Ning partout pour des achats et me pris une bombe d'insecticide. Sur les conseils de Xia Jin, je choisis la plus efficace qui soit.

Mais cet insecticide soi-disant plus efficace ne fonctionnait que sur les moustiques. Ce n'était pas sûr que cela agirait sur les vers de Tian Bowen.

Je partageai mon inquiétude avec Xiao Ning. Après y avoir réfléchi, ce dernier fit :

« Notre secte de Maoshan est en pleine montagne. Le paysage est splendide, la végétation est luxuriante et pourtant il n'y a pas de moustiques parce que nous avons une méthode bien à nous pour éloigner les insectes.

– Tu peux me dire.. comment vous faites ? »

Je lui lançai un regard plein d'espoir.


Ning Tiance acquiesça, prit la bombe d'insecticide et en retira l'embout.

Puis il prit ma main. Sous mon regard attentif, tandis que mon cœur battait la chamade, il mordit sans hésitation le majeur de ma main droite et répandit quelques gouttes de sang dans le produit insecticide.

Il remit l'embout en place et secoua la bombe avant de me la rendre.

« Voilà qui fera l'affaire. À ton prochain cours, utilise ça pour te débarrasser des vers. Je te garantis le résultat. »

Que... quel genre de recette secrète était-ce là ?


La parole à l'auteur :

Tian Bowen : Écraser mes vers, ta mère ! Tu m'entends ? Personne n'écrasera mes vers !!!


Les gens comme Mu Huaitong, Li Yuanyuan et Tan Xiaoming sont de pauvres gens et de pauvres fantômes. Cela change tout pour eux lorsque le professeur Shen leur témoigne de l'intérêt et de l'affection. Même s'il peut se montrer parfois un peu trop rigoureux dans sa façon de faire, de toute façon Tian Bowen est une mauvaise personne et un mauvais esprit.


Professeur Liu, coincé sur le bord de la fenêtre : Aidez-... moi... Vite... Non...



Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles personne ne révèle au professeur Shen qu'il a vu des fantômes. J'ai déjà semé quelques indices dans les chapitres précédents mais ce n'est peut-être pas clair. Après tout le récit est écrit du point de vue de Shen Jianguo. En fait, ce sera expliqué plus tard, mais voici quelques petits indices :

Du point de vue des fantômes : Il ignore que nous sommes des fantômes. C'est déjà effrayant comme ça. S'il décidait vraiment de se débarrasser de nous, alors nous subirions le même sort que la fille fantôme qu'il a frappée dans le bus. C'est pour ça que nous n'osons pas dire un mot, seulement nous terrer dans un coin et prendre un air misérable.

Ning Tianshi : L'ignorant ne connaît pas la peur. La droiture du professeur Shen vient de sa croyance solide en la science. Si je lui révèle la vérité, il risque de perdre sa bravoure et de prendre peur. Étant donné son environnement, il pourrait être blessé par un esprit maléfique.

Professeur Shen : Je n'y crois pas, je n'y crois pas, je n'y crois pas. Même si on me montre un fantôme, ce doit être un gag, ce doit être une projection en 3D, ce doit être une blague. Je n'y crois pas !


Notes du chapitre :
(1) Il y a deux systèmes d'écriture en Chine : le chinois traditionnel et le chinois simplifié.
(2) Un long beignet frit, souvent pris au petit-déjeuner en accompagnement de lait de soja ou de congee.






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