Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 24


Hier je m'étais trouvé un nouveau travail et aujourd'hui je devais commencer. Je vérifiai l'heure, puis me levai rapidement et pris ma douche. J'étais en train de me brosser les dents quand Xiao Ning revint de l'extérieur.

« Tu t'es levé tôt, fis-je pour l'accueillir.

– Je suis allé poster ma lettre. »

Après nous être dit bonjour, je m'habillai aussitôt. À mon arrivée à l'hôtel la veille, j'avais donné mes vêtements au personnel de l'hôtel pour les laver, les sécher et les repasser. C'était vraiment génial d'être dans un grand hôtel. Mon costume tout propre avait été déposé un peu plus tôt ce matin.

Un groom nous apporta le petit-déjeuner dans la chambre. Je mangeai tout de suite après ma douche en soupirant intérieurement : à cause de la corruption de l'argent maléfique, je n'avais presque pas envie d'aller travailler. Je voulais seulement rester à l'hôtel avec Xiao Ning.

Je me tapai le torse du poing et me dis en moi-même : Reprends-toi, Shen Jianguo ! Tu dois te montrer fort et discipliné. Dépense uniquement l'argent que tu as gagné de tes propres mains afin de garder la tête haute. Même une âme pauvre avait de la noblesse. Sans ombre sur la conscience, je pouvais dormir paisiblement même dans une morgue.


Quand j'eus fini mon repas, Xiao Ning fit :

« Tu as dit que tu avais trouvé un autre emploi, pas vrai ? Je vais t'y conduire.

– Inutile, inutile, refusai-je en prenant un bout de pain. Je peux très bien prendre le métro.

– S'il te plaît, laisse-moi t'y conduire, insista Xiao Ning avec un léger sourire. Je veux vraiment en apprendre plus avec le professeur Shen. »

En temps normal, je serais aux anges car cela voudrait dire que Xiao Ning s'intéressait à moi. Mais cette fois, même si je n'étais pas la plus attentive des personnes, je pouvais néanmoins voir l'amertume derrière le sourire de Xiao Ning.

« Xiao Ning, je crois que tu n'as pas le moral en ce moment. »


Il me donnait l'impression d'avoir subi une terrible épreuve qui l'avait conduit à l'illumination, comme s'il avait déjà quitté le royaume terrestre. S'il n'avait pas mangé au petit-déjeuner, j'aurais eu vraiment peur qu'il soit devenu un de ces cultivateurs immortels qui n'avaiENt plus à se nourrir, comme dans les romans.

Réveille-toi, Xiao Ning ! Les romans, c'est uniquement pour s'amuser, ce n'est pas la réalité !

« Ce n'est pas ce que tu crois, fit Ning Tiance en levant les yeux vers moi. J'aime ma secte. J'ai toujours rêvé de la conduire vers le futur. Mais parfois, l'amour ne suffit pas. Je veux apprendre plus de principes sociaux grâce à toi, Professeur Shen. Les vieilles idées sont dépassées et nous avons besoin d'un nouveau système théorique. »

Ning Tiance était vraiment un bon élève. Il avait eu cette révélation après seulement un cours. Je m'en réjouis.

Puisqu'il insistait pour me conduire au travail, j'acceptai gracieusement.


* * *


Au moment où je sortai de la voiture, mon portable sonna. C'était un message de la principale Zhang, envoyé vers trois heures du matin.

Y avait-il un problème avec WeChat ? Le message avait mis cinq heures pour me parvenir.

Dans son message, la principale Zhang répondait à ma question sur Tian Bowen. Elle disait qu'il avait retenu sa leçon et qu'il ne s'en prendrait plus jamais aux élèves. Quand au formol dont il s'était servi pour élever ses vers, il avait été complètement détruit. Ning Tiance n'avait pas enfreint la loi mais avait employé des moyens justes et honnêtes pour se charger de Tian Bowen, ce qui me rassura grandement.

En repensant au Ning Tiance qui sautait par-dessus les murs et brisait des portes vitrées, la satisfaction m'envahit. Xiao Ning avait mûri si vite, il devenait de plus en plus responsable.


Durant les trois jours qui suivirent, ma vie fut paisible. Le jour, j'étais occupé à prendre mes marques dans mon nouvel emploi, suivant de près le directeur Lu en tant qu'assistant. Le soir, je chattais joyeusement avec Xiao Ning. Depuis qu'il avait assisté à mon cours, Ning Tiance était très intéressé par ma spécialité et discutait toujours de mes cours avec moi. Je l'avais aussi déjà accompagné pour des rituels quand je revins à son hôtel. Nos vies se rapprochaient de plus en plus.

Xiao Ning était très désireux d'assister à mes cours et ne cessait de me demander quand aurait lieu le prochain. Je dus poser la question à la principale Zhang. Elle me répondit que le planning des autres classes était rempli ces temps-ci et que le chauffeur voulait prendre un peu de congé. Mes cours devaient donc être décalés. Ils ne reprendraient pas avant la semaine prochaine.

Je me dis que le planning bien rempli devait concernait le professeur Liu. Je ne l'avais pas vu ces derniers soirs, peut-être parce qu'il faisait cours.


Durant ces jours, je me concentrai principalement sur mon travail de jour. Le directeur Lu voulait acquérir les droits nationaux sur une marque étrangère. Ces derniers temps il vivait la nuit et dormait le jour. Toutes les nuits, il y avait une vidéoconférence avec la compagnie étrangère. Le décalage horaire était vraiment effroyable.

Au départ, je m'étais dit que je n'aurais qu'à aider avec les ventes durant la journée. Même si nous obtenions les droits, le mérite en reviendrait uniquement au directeur Lu. Cela n'avait rien à voir avec un stagiaire comme moi, et je ne risquais pas d'avoir la moindre commission.

Mais ensuite je me dis que ce serait toujours intéressant pour un nouveau comme moi d'en apprendre davantage. Je n'avais pas de cours de prévu cette semaine alors je me portai volontaire pour faire des heures supplémentaires la nuit avec le directeur Lu.


À trois heures du matin, après une vidéoconférence avec nos associés étrangers, le directeur Lu se massa les tempes, épuisé, et fit :

« Apportez-moi du café s'il vous plaît. »

Je lui tendis une tasse, étouffai un bâillement et demandai :

« La réunion est finie, non ? Vous ne rentrez pas vous reposer ?

– Après la réunion, l'autre partie va nous envoyer un devis. Je dois faire une analyse de marché et l'envoyer à mes supérieurs demain. Ils décideront ensuite d'accepter le prix ou non, » expliqua le directeur Lu.

Je sortis un carnet pour écrire ce qu'il venait de dire. Cela faisait partie de l'expérience à acquérir.


Le directeur Lu, un homme de vingt-cinq ans avec un bel avenir, vit que je prenais sérieusement des notes, aussi continua-t'il ses explications :

« Le prix actuel est déjà une concession de l'autre camp. Nous pourrons faire des bénéfices dessus. Mais il faut encore voir si le prix correspond à ce que nos supérieurs ont en tête. Notre rôle pour l'instant est de trouver le juste milieu entre nos supérieurs et nos associés, de trouver un moyen de satisfaire les deux parties afin de ne pas perdre les droits au profit d'autres sociétés.

– Je vois, je vois, » fis-je en hochant plusieurs fois la tête.

Bien que le directeur Lu soit plus jeune, il occupait un poste bien plus élevé que le mien. Il avait été parfaitement à l'aise pendant la vidéoconférence internationale. Xia Jin était aussi directeur mais devant moi, il avait toujours l'air un peu perdu. Je ne savais pas si c'était parce qu'il n'était pas très doué ou bien parce qu'il ne cachait pas ses faiblesses en face de moi.

Autrement dit, le directeur Lu, qui semblait si compétent, devait aussi avoir des points faibles.


En le voyant se frotter l’estomac pendant qu'il buvait son café, je devinais qu'à force de rester debout tard la nuit et de boire du café l'estomac vide, le directeur Lu avait mal au ventre. Par conséquent je descendis acheter deux bols de congee dans un fast-food ouvert non-stop.

Pendant que je remontais avec le congee, la lumière dans l'ascenseur vacilla comme s'il y avait un problème de courant.

Ah, notre compagnie. Le centre commercial était vaste mais l'infrastructure n'était pas très fiable. Les ascenseurs avaient souvent des dysfonctionnements et il y avait toujours des problèmes avec les caméras de surveillance.

Mais cette fois le problème ne semblait pas venir de l'ascenseur. Ce devait être un court-circuit parce que dans le couloir qui menait au bureau du directeur Lu, la lumière vacillait également.


Dès que je sortis de l'ascenseur, j'entendis un cri perçant en provenance du bureau du directeur Lu. Je me hâtai après avoir posé les bols de congee par terre.

La porte du bureau du directeur Lu était fermée. J'eus beau tourner la poignée, je ne parvins pas à l'ouvrir. Elle devait être verrouillée de l'intérieur.

« Ah ! Ne t'approche pas, recule ! Ahhhh ! » hurla le directeur Lu de l'intérieur.

Se pouvait-il... qu'un criminel soit entré par effraction dans le bâtiment au beau milieu de la nuit et ait fermé la porte à clef pendant que le directeur Lu rédigeait son analyse ?


Je martelai la porte du poing et criai :

« Que se passe-t'il, Directeur Lu ? Ouvrez la porte, je suis là !

– Ahhh ! Il y a un fantôme ! »

C'était le directeur Lu qui cognait à la porte de l'autre côté à présent. J'entendis les bruits sourds venir de l'intérieur, ainsi que les cris du directeur Lu :

« Je n'ai pas fermé la porte, pourtant ça ne veut pas s'ouvrir... Ahhh ! Ne t'approche pas ! »

J'ignorais ce qui pouvait bien se passer à l'intérieur, mais quand je l'entendis parler de fantôme, ma peur s’envola. Ça n'existait pas, les fantômes, c'était juste des gens qui faisaient semblant.


Je me calmai et fis :

« Directeur Lu, reculez. Je vais enfoncer la porte.

– Ça... ça ne servira à rien. Je viens d'essayer mais le fantôme a fermé la porte pour m'empêcher de sortir.

– C'est parce que vous n'êtes pas assez fort, fis-je. Écartez-vous, je vais enfoncer la porte maintenant ! »

Sur ce, je pris appui contre le mur derrière moi, fonçai sur la porte et l'envoyai valdinguer d'un coup de pied.

La lumière était éteinte dans le bureau du directeur Lu. Il n'y avait que la télé de soixante pouces allumée, celle qui venait de servir pour la vidéoconférence. Le film The Ring passait sur une chaîne au beau milieu de la nuit ; c'était justement la scène où Sadako sortait du puits.


« Oh, je comprends ce qui s'est passé, fis-je en soupirant. Monsieur le directeur, on est en pleine nuit. Au lieu de travailler sur votre analyse ou de vous reposer, vous vous êtes enfermé pour regarder un film d'horreur ?

– Je — non ! »

Le directeur Lu se laissa tomber à terre, le visage baigné de larmes.

« J'avais la tête plongée dans mon analyse, et tout à coup les lumières se sont éteintes. J'ai levé les yeux et j'ai vu une fille fantôme en train de sortir de l'écran. J'ai voulu m'enfuir mais impossible d'ouvrir la porte.

– Vous ne pouvez pas l'ouvrir si vous l'avez fermée à clef, voyons. Où est la télécommande ? »

Je tournai le dos à la télévision pour chercher la télécommande. Où était le problème ? Il suffisait d'éteindre la télévision.


« Ahhhhhhhhhhhhh ! »

Au moment où je mis la main sur la télécommande, les yeux du directeur Lu lui sortirent de la tête tant il avait peur. Il pointa la télévision du doigt, sa bouche s'ouvrant et se refermant comme un poisson rouge à l'agonie, et me fit :

« Elle est en train de sortir, sa tête est déjà dehors ! »

Je me tournai pour voir. Non, elle venait juste de sortir du puits.

« Oh... dès que vous vous êtes retourné, elle est rentrée dedans, fit le directeur Lu d'un ton incrédule, les larmes aux yeux.

– Directeur, je crois que vous êtes surmené. À force de rester debout tard pendant des jours, vous commencez à avoir des hallucinations. Vous avez dû toucher la télécommande sans vous en rendre compte. Vous feriez mieux d'aller vous coucher au plus vite, » lui conseillai-je en pressant le bouton "OFF" de la télécommande.


L'écran ne s'éteignit pas. Le fantôme se tenait toujours au bord du puits. Décidément, ce film prenait tout son temps.

« C'est inutile. La télécommande ne fait rien, j'ai déjà essayé. »

Le directeur Lu s'adossa contre le mur en s'agrippant à sa chaise, tremblant de tout son corps, apeuré.

« Il n'y a plus de pile ? J'irai demain chercher des piles au département de logistique. Et il faudra aussi changer les ampoules. Il y a eu une surtension tout à l'heure et les ampoules ont dû griller. »

J'écrivis cette liste de choses à faire dans mon carnet puis ajoutai :

« Débranchez simplement la prise de la télé.

– Ça me fait un coup de jus, je ne peux pas y toucher, se lamenta le directeur Lu.

– Il doit y avoir un problème avec la télé ou la prise. Directeur Lu, il y a de sérieux problèmes avec l'électricité de votre bureau. Les lumières de l'ascenseur ont vacillé sans doute parce que cette prise électrique n'est plus isolée. Si on ne fait rien, cela pourrait devenir très dangereux. Nous devrons en informer la maintenance dès demain. Si cela provoque un incendie, cela fera beaucoup de dégâts. »

Pendant que je sermonnais ainsi le directeur Lu, je parcourus la pièce à la recherche d'une matière isolante.


Je ne pus rien trouver d'isolant dans toute la pièce. Les chaises du bureau étaient toutes à roulettes, pas très pratiques pour débrancher une prise.

« Je me souviens qu'il y a un balai avec un manche en plastique dans le placard à balai. Attendez-moi, je vais aller le chercher. Vous pouvez venir avec, si vous avez peur. »

Je sortis du bureau. Les jambes du directeur Lu devaient être flageolantes car il ne m'accompagna pas mais resta dans le bureau à crier.

C'était vraiment inquiétant. Je courus jusqu'au placard à balai, saisis le balai et revins au bureau.

Dès que j'entrais, je vis le directeur Lu assis devant l'écran et qui avait les mains sur son cou. Sa langue pendait. Il articula avec difficulté :

« Ne... ne m'étrangle pas, à l'aide... »

Je levai de nouveau les yeux vers la télévision. Le film était sur pause. La fille fantôme se tenait près du puits, sans bouger.

Je tapotai l'épaule du directeur Lu.

« Directeur, je vais éteindre la télé. Vous devriez vraiment vous reposer. Ce n'est pas bon du tout de vous fatiguer autant. »


Le directeur Lu pointa le doigt vers la télé et fit :

« La fille fantôme... a utilisé ses cheveux... pour m'étrangler... vous... n'avez... rien vu ? »

Son cas était vraiment très grave.

Je poussai un lourd soupir et tirai sur la prise avec le balai. La télévision s'éteignit. Le directeur Lu tomba en arrière, inconscient.

Il y avait une salle de repos dans notre société. J'y portai le directeur Lu en travers de mon épaule et le mis au lit.

En remarquant les cercles noirs sous ses yeux, je ne pus que secouer la tête. Il ne devait absolument plus veiller si tard. Si jeune, et déjà victime d'hallucinations.


La parole à l'auteur :

Ce roman pourrait s'appeler : "Les fantômes : En fait, nous ne voulons pas rencontrer le professeur Shen."

Le professeur Shen a tourné le dos pour chercher la télécommande, et le fantôme a sorti la tête de l'écran. Le directeur Lu s'est mis à hurler. Le professeur Shen s'est alors retourné et le fantôme est revenu dans le puits et a fait semblant de faire partie du film.

Le professeur Shen a baissé la tête pour appuyer sur la télécommande. Le fantôme a de nouveau sorti la tête de l'écran et le directeur Lu s'est mis à hurler. Le professeur Shen a levé les yeux et le fantôme a fait comme si de rien n'était, tournant autour du puits en sifflotant, du genre : je ne fais que marcher, je n'ai pas du tout l'intention de sortir de l'écran. Pitié, professeur Shen QAQ






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