Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 25


Inquiet que le directeur Lu se réveille et reparte dans ses hallucinations, je tirai une chaise au pied du lit, m'assis et finis par m'endormir.

Au petit matin, je fus réveillé par le directeur Lu qui passait un coup de fil.

« Bonjour directeur Xia, c'est moi, Xiao Lu. La dernière fois, vous avez dit que vous avez trouvé un Maître Céleste pour chasser des fantômes dans notre société. Vous pourriez me donner son numéro ? Je crois que j'ai vu un fantôme hier. Oh ! Oh attendez, je note. Il s'appelle Ning Tianshi, très bien. Je l'appelle tout de suite. »

Dans un premier temps, je fus incommodé par le bruit. Mon esprit était embrumé. Puis j'entendis les mots "Ning Tianshi" et cela me réveilla aussitôt. J'ouvris les yeux et vis le directeur Lu assis sur le lit, contemplant son portable d'un air songeur.

« Directeur Lu, vous allez bien ? demandai-je avec inquiétude. Vous vous rappelez de ce qui s'est passé cette nuit ?

– Évidemment. Comment oublier qu'un fantôme a rampé hors de la télévision pour m'étrangler de ses cheveux ?! »

Son visage pâlit en mentionnant ces faits.


Je me sentis impuissant. Je ne pouvais pas lui dire clairement : "Vous étiez fatigué et vous avez halluciné." Après tout, c'était mon patron, pas Xia Jin. Je ne pus que dire avec tact :

« Directeur Lu, vous avez besoin de plus de repos. Arrêtez de veiller si tard et ralentissez sur le café. Vous aviez des maux de ventre hier. »

Mais il ignora mes inquiétudes et demanda avec stupeur :

« Vous n'avez vraiment pas vu la fille qui sortait de l'écran hier soir ? Vous avez vraiment cru que j'avais mis The Ring ? La télévision s'est allumée toute seule alors que j'étais en train de rédiger mon analyse. »

Je n'y croyais pas trop. Hier j'avais trouvé la télécommande près du cendrier du directeur Lu. Il se pouvait que son attention ait été distraite, entre la cigarette, le café et son analyse, si bien que lorsqu'il avait tapoté sa cigarette sur le cendrier, il avait touché la télécommande par accident.


Il poursuivit un moment sur sa lancée, comprit que je ne le croyais pas puis fit d'une voix rigide :

« Attendez un peu, je vais vous prouver que notre compagnie est vraiment hantée ! »

Je pouvais comprendre son insistance. Après tout, hier soir, il n'y avait eu que nous deux. La plupart des gens ne croyaient pas aux fantômes. S'il était le seul à prétendre qu'il en avait vu un tandis que moi, je disais que le problème venait de l'alimentation électrique, tout le monde irait croire que le directeur Lu devenait sénile malgré son jeune âge. C'était donc normal qu'il voulait me convaincre.


En même temps, même si je pouvais le comprendre, je trouvais quand même cela ridicule. Même un Maître Céleste sérieux comme Ning Tiance n'avait pas pu me faire croire aux fantômes. Le fait que ce jeune homme prometteur élevé par l'état soit superstitieux montrait bien le déclin de la civilisation.

J'allai me rafraîchir un peu, puis me concentrai sur mon travail. J'avais mal au dos après une nuit à dormir sur une chaise et le fait de veiller si tard plusieurs nuits d'affilée m'avait donné des yeux secs et le tournis. Mais moi, Shen Jianguo, un jeune homme héritier d'une longue tradition de dur labeur et d'une vie frugale, n'allais pas me laisser abattre par ces petits soucis.


Le directeur Lu se leva et termina en vitesse son analyse avant d'aller la soumettre à ses supérieurs pour qu'ils l'approuvent. Pour ma part, je suivis une vendeuse pour l'étudier à l'œuvre. Il y avait toute une technique pour être un bon vendeur. Il ne fallait pas être trop indifférent sinon les clients se sentiraient ignorés mais si on se montrait trop empressé, comme une mouche agaçante, cela pouvait les énerver.

Dans un grand centre commercial où le moindre vêtement coûtait dans les dix mille, les vendeurs devaient se montrer affables et courtois afin que les clients se sentent à l'aise, mais sans pour autant être trop enthousiastes.

La plupart des vendeurs étaient des femmes mais il y avait quand même besoin d'hommes. Après tout, on avait affaire à différents types de clients et il ne fallait pas ménager nos efforts pour tous les satisfaire.


Tandis que j'observais la vendeuse en train de persuader tranquillement des clients de mordre à l'hameçon et de faire chauffer la carte de crédit pour acheter des vêtements, mes pensées me ramenèrent à ma classe. La plupart de mes élèves étaient rebelles. Je pourrais peut-être profiter de la méthode de promotion en douceur de cette vendeuse et de l'appliquer à la connaissance, la vendant à mes élèves tel un produit qu'ils ne pouvaient refuser.

La sagesse des anciens ne m'avait pas fait défaut une fois de plus : tout le monde avait quelque chose à vous apprendre.

Je redoublai donc d'efforts pour apprendre mais j'avais beau essayer, je me sentais très fatigué. Après avoir fait des heures supplémentaires plusieurs nuits d'affilée avec le directeur Lu, sans parler du fait de dormir inconfortablement cette nuit et d'avoir mal au dos, j'avais beaucoup de difficultés rien qu'à rester debout.


Pendant que je me dirigeais vers les toilettes dans un état second, je ne fis pas attention et mis les pieds dans une flaque d'eau, glissant.

Alors que j'étais sur le point de faire plus ample connaissance avec le sol, un bras s'enroula autour de ma taille et m'empêcha de tomber.

Une voix familière fit :

« J'ai toujours cru que le professeur Shen était invincible, une force de la nature, et qu'il n'avait pas besoin que l'on s'inquiète pour lui. Je n'aurais pas cru que tu serais si léger. »

Je fus également surpris. Je tâtai le bras de Xiao Ning et fis :

« Et moi, je n'aurais jamais cru que tu étais si fort... »

Non, je n'avais vraiment pas les idées claires. Xiao Ning avait pu courir trente kilomètres le long de l'autoroute une nuit. Cela prouvait indiscutablement qu'il avait une grande force physique ainsi que de l'entraînement.


Les longs doigts fins de Xiao Ning effleurèrent le coin de mes yeux. Il soupira.

« Cela ne fait que quelques jours qu'on ne s'est pas vus. Comment ça se fait que tu aies tant de cernes sous les yeux ?

– J'ai veillé tard en faisant des heures supplémentaires. »

Quand je vis que la dame d'entretien n'était pas dans les parages, je quittai les bras de Ning Tiance et me rendis dans le placard à balai, pris une serpillière et ressuyai l'eau par terre. J'avais la peau dure alors ce n'était pas grave si je tombais. Mais si c'était un client qui tombait, non seulement ce ne serait pas agréable pour lui mais la dame d'entretien aurait une retenue sur salaire. Du moment que j'étais là, je pouvais bien nettoyer.

« Le directeur Lu t'a appelé ? demandai-je à Xiao Ning tout en passant la serpillière. Comment ça se fait que tu sois seul ? Où est-il ? Il n'est pas avec toi ?

– J'ai convenu avec le directeur Lu d'un rendez-vous à quinze heures. Il n'est que quatorze heures. C'est moi qui suis venu tôt. Sa réunion n'est pas encore finie, expliqua Ning Tiance. Je savais que tu travaillais ici alors j'ai demandé au personnel et ils ont dit que tu étais allé aux toilettes. Je t'ai vu au moment où tu glissais. On dirait que je suis arrivé à temps.

– C'est un excellent timing. »

Je me grattai la tête avec embarras, allai ranger la serpillière dans le placard à balai puis me lavai les mains.

« Qu'est-ce que tu penses de cette histoire ? »


Ning Tiance redevint sérieux.

« Le directeur Lu ne m'en a pas plus dit au téléphone. Tant que je ne comprends pas clairement les faits, je ne peux pas émettre d'opinion. »

Je racontai donc à Ning Tiance ce qui s'était passé la veille.

« Personnellement, je crois qu'il était très fatigué et qu'il a eu des hallucinations. Il a même eu l'impression de suffoquer... Ce n'est pas bon signe alors tu devrais lui recommander d'aller à l'hôpital. »

Ning Tiance me lança un regard gentil.

« Tu étais là tout le temps ?

– Exact, fis-je en hochant la tête.

– Et à chaque fois que tu regardais, la fille fantôme était dans le puits. Dès que tu tournais la tête, le directeur Lu hurlait qu'elle sortait de l'écran, c'est ça ? demanda Ning Tiance.

– Oui, c'est tout à fait ça. »


Xiao Ning se frotta le menton avec le pouce et l'index, marmonna quelque chose pour lui-même puis fit :

« C'est étrange. Il se peut que le directeur Lu ait commis un acte grave.

– Tu veux dire que sa maladie a une origine psychologique ?

– Non, je veux dire que s'il s'est senti suffoquer même quand tu étais là, il doit avoir fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû. »

Sa flatterie me transporta de joie.

« Je ne suis qu'un simple employé, pas un médecin. Je ne saurais quoi faire s'il lui arrivait quelque chose...

– Non, je veux dire que ton énergie Yang est si puissante que les fantômes n'osent pas agir en ta présence. Ils courent un sérieux danger sinon. »

Apparemment, Xiao Ning soupçonnait encore qu'il y avait un fantôme dans la télévision. Je ferais mieux de l'emmener voir avant tout.


Après avoir expliqué l'affaire au personnel, je conduisis Xiao Ning au bureau du directeur Lu.

J'avais enfoncé la porte la veille alors nous n'avions pas besoin de clef. Après avoir demandé la permission par WeChat, je menai Ning Tiance au bureau.

Sur ordre du directeur Lu, personne n'était venu nettoyer les lieux. Tout était resté exactement comme la veille.

Ning Tiance examina la lumière puis brancha la télévision. Il retira vivement sa main et fronça les sourcils.

« La prise n'est plus isolée ?

– En effet, acquiesçai-je fermement. Hier, si les ampoules ont grillé, ce doit être à cause de ce problème électrique. Il y a définitivement un problème ici. »

Je montai sur le bureau du directeur Lu pour retirer l'ampoule, pris un tournevis d'électricien emprunté à l'homme d'entretien et vérifiai : les ampoules avaient bel et bien grillé.

Ning Tiance en fut perplexe.

« Alors c'était vraiment l'œuvre d'un humain et pas d'un fantôme ? »


Je retirai le boîtier de protection de la prise et découvris deux fils vissés ensemble. C'était extrêmement bien fait. Le but avait été de griller les ampoules sans toucher la télévision.

« Du travail de professionnel, fis-je en secouant la tête. On dirait que ce n'était pas seulement son imagination. Quelqu'un en veut au directeur Lu. »

Il avait bu du café juste avant de commencer à halluciner la nuit dernière. J'avais moi-même pris le café au distributeur. La veille il n'y avait que le directeur Lu et moi-même qui faisions des heures supplémentaires, et le directeur Lu avait l'habitude de boire du café la nuit. Il était facile de prévoir ce qu'il boirait.

Je branchai la télévision sur une autre prise et consultai le journal de visionnage.

« Une seule vérité l'emporte, fis-je tel Détective Conan qui livrait son analyse. Quelqu'un s'est connecté sur la Wi-fi dans le bureau du directeur Lu et a lancé The Ring à la télévision. Ajoutez à cela les lumières qui s'éteignent et un hallucinogène dans son café, voilà ce qui a causé les hallucinations du directeur Lu. Appelons la police. »


Ning Tiance sortit sa boussole du mal... et contourna la télévision en la brandissant. Confus, il fit :

« Il n'y a vraiment pas de trace d'énergie Yin. »

Je voulais appeler la police sur-le-champ mais Ning Tiance s'y opposa. Je n'eus pas d'autre choix que de rester avec lui et attendre le retour du directeur Lu pour que nous lui fassions part de nos conclusions.

Bien entendu, le directeur Lu crut ma version.

« Quelqu'un m'en veut ? Alors appelons la police. »

Xiao Ning refusa toujours d'y croire. Il secoua la tête et fit :

« Non, ce n'est pas possible. Tout indique l'œuvre d'un fantôme. Comment un humain pourrait-il être impliqué ? »


J'eus de la peine pour Xiao Ning. Il avait élevé dans la secte de Maoshan avec une éducation daoiste, entraîné à chasser le mal dans le monde. Pour son premier travail officiel à l'extérieur, il s'était rendu dans la ville de H mais les eaux étaient profondes dans une grande ville et il n'avait pas trouvé son travail. Puis ce fut choc après choc, sa conception du monde constamment mise à l'épreuve.

Quand quelqu'un devait reconstituer sa vision du monde après l'effondrement de la précédente, il était capital que sa famille et ses amis l'entourent, veillant à son état émotionnel. Durant cette période de changement, il serait plus vulnérable aux éléments qui pouvaient le blesser, ses pensées basculant de plus en plus vers l'extrême. C'était de cette manière que les personnages des séries télévisées sombraient dans le côté obscur.

Je voulais que Xiao Ning se mette à croire en la science, mais pas de façon si rapide et brutale.


* * *


Au final, le directeur Lu décida d'appeler la police et nous dûmes les accompagner pour témoigner. Nous laissâmes Xiao Ning dans le bureau, les yeux dans le vide.

Je me faisais énormément de souci pour lui. En route pour le commissariat, je lui envoyai plusieurs messages de réconfort. Xiao Ning ne répondit pas.

Tout le temps où je racontais au commissariat ce qui s'était passé, je brûlais d'impatience de retourner réconforter Ning Tiance.

Il était presque minuit lorsque l'enquête préliminaire s'acheva. Comme j'étais venu avec le directeur Lu, je lui demandai de me déposer. Je lui donnai rapidement l'adresse de l'hôtel de Xiao Ning.

Après l'expérience de la veille, le directeur Lu et moi étions devenus amis. Il accepta de me déposer tout près de l'hôtel. Quand nous avions quitté le commissariat, j'étais si nerveux que j'avais oublié mon portable dans la salle d'interrogatoire. Un policier contacta le directeur Lu pour me demander de revenir le récupérer.

« Tu peux y aller, je t'attends à la voiture, » me fit le directeur Lu.


Quand nous étions arrivés, il n'y avait pas de place près du commissariat alors le directeur Lu s'était garé dans un parking souterrain un peu plus loin. Après avoir récupéré mon portable, je courus jusque là. La voiture du directeur Lu m'attendait.

J'ouvris la porte côté passager et montai. Je fis en haletant :

« Merci, directeur Lu. »

Le directeur Lu ne dit rien. Il posa la main sur le levier de vitesse, une main douce et blanche.

Les mains du directeur Lu... depuis quand elles étaient comme ça ?

Je tournai la tête. Ce n'était pas du tout le directeur Lu au volant. C'était Mu Huaitong, dans sa robe rouge.

En tournant vivement la tête, je vis le directeur Lu assis à l'arrière, inconscient.


Je me tournai de nouveau vers Mu Huaitong. Elle me lança un sourire mielleux.

« Bonsoir, professeur Shen, et au revoir. »

Puis elle ouvrit la porte et partit en courant. Le son de ses talons hauts résonna dans le parking souterrain.

Je lui criai :

« Arrête ! Ne bouge plus ! Reviens ici ! »

Mu Huaitong s'arrêta, se retourna et conserva son sourire suave.




La parole à l'auteur :

Je vais vous expliquer l'histoire de la possession de Xia Jin. Il s'est assis de lui-même sur le fantôme, c'est donc comme s'il lui avait donné la permission de le posséder. Sinon, en présence du professeur Shen, les fantômes n'auraient jamais osé se manifester, c'est pour ça qu'on peut dire que la fille de la télévision était prête à risquer sa vie pour tuer le directeur Lu.



Quand quelqu'un vous retient par la taille, la réaction normale est : rougissement, cœur qui bat plus vite, désolé, il est si viril~

Professeur Shen (pressant fortement le bras de Ning Tianshi et levant les yeux avec surprise) : Xiao Ning, tu fais de la muscu ? Mon dieu, je dois absolument devenir plus fort pour battre Xiao Ning un jour.

Professeur Shen, et après on s'étonne que vous soyez encore vierge à vingt-six ans...

Ce que les autres pensent du professeur Shen—



Xia Jin : Shen Jianguo, tu ne manques pas de front !



Fille A : Il est si beau, et son visage est charmant et honnête. On se sent en sécurité avec lui. Il me rend toute chose. La dernière fois que j'ai battu des cils pour le draguer, il m'a donné des gouttes pour les yeux et m'a dit que si je n'arrêtais pas de cligner des yeux, c'était à cause de mes lentilles de contact alors je devais les soigner. Je n'ai plus jamais porté de lentilles depuis.

Ensuite nous sommes devenus comme des frères. Comment ça se fait qu'une fille comme moi soit devenue son frère alors qu'il aurait dû devenir ma sœur ? Quelqu'un comme Shen Jianguo ne peut pas devenir une sœur ?



Fille B : Je l'ai rencontré à la bibliothèque. J'ai été fascinée en le voyant les yeux baissés sur un livre. Alors je me suis approchée pour lui demander ce qu'il lisait. Il m'a donné des livres pour réviser l'anglais niveau CET-6 et m'a demandé d'apprendre vingt mots par jour. Si je continuais ainsi pendant cent jours, j'aurais facilement le concours. Après ça, je n'ai plus jamais osé l'approcher de peur qu'il ne m'interroge sur mon vocabulaire.



Senior : Après notre premier match de basket, toutes les filles que j'aimais ont préféré courir derrière Shen Jianguo. Shen Jianguo et moi, nous ne pouvons pas vivre sous le même ciel !






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