Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 8


La fille se cacha derrière moi, sa main tremblante s'agrippant à mes vêtements. Elle avait visiblement très peur.

Le jeune homme était vraiment fort. Son coup d'épée m'avait fait mal.

« Hors de mon chemin, fit le jeune homme en agitant son épée devant nous. Ne vous laissez pas berner par les malins esprits. Les fantômes qui peuvent se manifester à notre époque ne sont pas faciles à combattre. Ils sont extrêmement violents. Même s'ils ne vous veulent pas sciemment du mal, si vous restez en contact avec cette jeune fille trop longtemps, votre énergie Yang se fera peu à peu aspirer et votre santé va se détériorer.

– C'est un malentendu. »

Je protégeai la fille en rouge, refusant de laisser ce jeune homme lui faire peur plus longtemps.

« Elle me faisait une blague là, pas vrai ? »


Cette dernière partie s'adressait à la fille derrière moi. Elle répondit aussitôt :

« Oui, je voulais faire peur au nouveau professeur. »

Je profitai de l'occasion pour lui faire la morale.

« Ce n'est pas bien de tromper les gens, même pour plaisanter. Tu as dû entendre l'histoire du garçon qui criait au loup. Si tu persistes à berner les gens, un jour ou l'autre, plus personne ne te croira même quand tu diras la vérité.

– Je suis désolée, professeur Shen. J'ai eu tort. »

La voix de la fille était de plus en plus faible. Elle avait retenu la leçon. J'étais très content.


« Vous êtes aveugle ou quoi ? fit froidement le jeune homme. Retournez-vous et regardez un peu ce qui se trouve derrière vous ! »

Je regardai par-dessus mon épaule. N'était-ce pas une jolie fille au visage propre ? Heureusement que j'étais attiré par les hommes. Sinon, je n'aurais pas pu résister à la tentation—quelle vilaine pensée, je n'aurais pas dû y songer.

« Son visage est couvert de sang et sa langue fait au moins trente centimètres. Quel genre de personne ressemblerait à ça ?

– Oh, je comprends, fis-je. Vous vous trompez. Elle fait semblant d'être comme ça pour me faire peur. Un malentendu, ce n'est qu'un simple malentendu. »

La fille hocha désespérément la tête derrière moi, agrippée à ma veste.

« Tu... Jeune fille, je sais que tu as peur. Ne t'en fais pas, je vous éclaircir ce malentendu. Mais d'abord, tu pourrais lâcher un peu ma veste ? Mes vêtements... risquent de ne pas tenir le coup. »

J'entendis un déchirement derrière moi et adressai une prière silencieuse pour mon unique veste de costume.

D'abord la chemise, puis la veste. Ça commençait à faire beaucoup !


« Vos yeux ont été abusés par les mystifications de cet esprit malin. Je ne vous en dirai pas plus. Vous comprendrez une fois que je me serai débarrassé d'elle ! »

Le jeune homme dégagea son épée en bois de ma prise d'une torsion du poignet.

J'avais eu assez de force pour chiper la tronçonneuse des mains de M. Scie le fou. J'avais fini premier au tournoi de bras de fer de mon département pendant des années. Je ne m'attendais pas à ce que le jeune homme en face de moi soit encore plus fort.

En me rappelant son maintien assuré lorsque je l'avais vu quelques jours auparavant, je me dis que je ne pourrais pas le battre, alors je me ruai sur lui et l'attrapai par la taille. Je fis à la fille :

« Va-t'en vite ! Quand il sera calmé, je lui expliquerai ton cas ! »

La jeune fille en robe rouge fut visiblement touchée.

« Professeur Shen, je m'appelle Mu Huaitong. J'assisterai à vos cours avec plaisir à l'avenir. »

Elle partit sans faire de bruit. Je ne pouvais pas savoir si elle s'était vraiment enfuie ou pas. Je ne pus que poursuivre ma lutte avec le jeune homme.


Il était vraiment fort. Je ne cessais d'entendre des déchirements. Ma veste allait finir en lambeaux sur mes épaules.

Après avoir déchiré ma veste encore un moment, le jeune homme se débattit plus faiblement. Il finit par me pousser.

« Debout ! Le fantôme est déjà parti depuis un moment. Vous comptez me retenir encore longtemps ?! »

J'estimai qu'en effet, Mu Huaitong avait largement eu le temps de quitter l'école, alors je lâchai le jeune homme et me relevai. Ce faisant, des morceaux de vêtements tombèrent autour de moi. Je ramassai mon portable, qui était tombé à terre dans la lutte, puis récupérai tous les morceaux de veste en utilisant la lampe de poche. Je ne pouvais pas les laisser par terre dans le couloir.

Je ne retrouvai pas la fausse langue malgré mes recherches. Mu Huaitong l'avait sans doute emportée avec elle. C'était vraiment une bonne élève qui prenait soin de l'environnement. Il faudrait que je l'en félicite à mon prochain cours.


Dans la lumière pâle de la lampe de poche, le jeune homme me foudroyait du regard, ses yeux tels des poignards.

Il garda le silence, me regarda un moment puis s'éloigna droit vers la salle n°4 de la troisième année. Je me souvins que mes élèves m'attendaient là-bas, me tapai la cuisse et suivis le jeune homme.

La porte de la classe était entrouverte. Les lumières étaient éteintes et les élèves étaient tous partis.

J'entendis la notification d'un message WeChat et l'ouvrit. C'était la principale Zhang :

[En raison de l'urgence d'aujourd'hui, les cours sont annulés et reportés à une date ultérieure. Vous serez néanmoins rémunéré.]


La principale Zhang était si gentille et chaleureuse. Je me sentis ému et répondis :

[Principale, le professionnel auquel vous avez déjà fait appel est venu et a tenté de frapper une élève. Son attitude n'est-elle pas un peu trop extrême ?]

J'aurais bien voulu ajouter que j'avais déchiré mes vêtements en voulant l'arrêter et protéger cette élève et que je souhaitais me faire rembourser cela comme un accident de travail. Malheureusement, je n'étais pas assez culotté pour dire une chose pareille.

[Ne vous en faites pas pour lui,] répondit simplement la principale Zhang.

[Mais j'ai l'impression qu'il est profondément empoisonné par les superstitions. Il a pris au sérieux la blague de l'élève et voulait l'exorciser. Mme la Principale, était-ce vraiment une bonne idée de lui confier M. Scie ?] Je me faisais un peu de souci.


La principale Zhang ne répondit pas tout de suite. Quand le jeune homme vit la salle de classe vide, il renifla et commenta :

« Ils n'ont pas perdu de temps. »

Puis il me fixa de nouveau, me saisit par le col de ma chemise, me poussa contre le mur et fit d'un ton furieux :

« La prochaine fois, ouvrez les yeux. Ne vous laissez pas berner par les fantômes ! »

Il était plus fort que moi, et agressif qui plus est, mais je n'étais pas du genre à tromper les dieux et craindre le mal, et la force ne pouvait pas me faire changer d'avis.

« Votre façon de penser ne va pas du tout, vous avez un sérieux problème ! »

Je lui rendis son regard en insufflant de la persuasion dans mes yeux.

« Comment peut-on encore croire à notre époque que les fantômes existent ? Ces superstitions médiévales n'ont plus lieu d'être, compris ? »

Voyant que je campais sur mes positions, il me relâcha, frustré, et marmonna :

« À quoi ça sert de parler à un idiot obtus comme vous ? »


Il secoua la tête, tourna sur ses talons et s'en alla, son épée en bois sur son dos. Sa démarche était leste et vive, comme le héros dans une série télé.

Mais la vie n'était pas un roman ou une série, et on ne pouvait pas vivre dans un monde imaginaire. S'il marchait dans la rue accoutré ainsi, on le prendrait pour un fou... ou alors un artiste de rue.

Il marchait très vite. Je dus courir un peu pour le rejoindre et lui saisis le bras juste avant les escaliers.

« Allez-y lentement. Vous risquez de vous tordre la cheville en descendant dans le noir. C'est dangereux. »

Je lui passai mon portable.

« Tenez, une lampe de poche.

– Non merci, refusa-t'il en repoussant mon téléphone. J'ai déjà ouvert mon troisième œil, alors je peux voir dans l'obscurité.

– … »

Ce jeune homme était sérieusement atteint !


Je saisis sa tunique jaune d'une main et tins mon téléphone de l'autre pour éclairer notre chemin.

Il s'arrêta pour me regarder. Son expression n'était plus aussi féroce, cette fois.

Je lui lançai un sourire amical.

« Je m'appelle Shen Jianguo, j'ai vingt-six ans. Quel est votre nom ? Vous avez quel âge ? »

Honnêtement, je commençais à le soupçonner d'être un de nos élèves.

« Ning Tiance, vingt ans, 187ème disciple en chef de la secte de Maoshan. Je consacre ma vie à lutter contre le mal et à protéger le Tao, et aussi à vous sauver, vous et tous ceux qui sont aveuglés par les esprits maléfiques.

– Quelle coïncidence ! Je consacre aussi ma vie à guider les braves jeunes hommes comme vous qui se sont perdus dans les superstitions arriérées et à les ramener sur le chemin de la science et de la démocratie. »


Nous étions arrivés au hall d'entrée du rez-de-chaussée, marchant côte à côte. En entendant mes paroles, il se tourna vers moi pour me dévisager. Je lui rendis son regard sans broncher.

Il était un peu plus grand que moi. Je dus lever la tête à 45°.

« Ha, renifla-t'il de nouveau. Bienheureux les ignorants. Je vous laisserai partir cette fois.

– Mais moi, je ne peux pas vous laisser partir comme ça, lui répondis-je d'un ton enjoué. Et si on s'ajoutait sur WeChat ? Je vous enverrai des informations sur la démystification des superstitions du passé. Bien entendu, si vous croyez pouvoir me faire changer d'avis, libre à vous de m'envoyer des vidéos sur les esprits maléfiques et les fantômes. »

Je comptais faire de mon mieux pour sauver ce pauvre jeune homme perdu.

« Entendu, fit Ning Tiance. Et si jamais vous vous trouvez en danger à cause d'un fantôme, contactez-moi. »


Après avoir échangé nos WeChat, nous sortîmes du bâtiment et Xiao Ning Notre professeur Shen lui donne déjà un petit nom d'amour ! Xiao signifie petit, et il s'utilise comme une marque d'affection ou pour quelqu'un de plus jeune que vous. (1) courut droit vers le portail. Je lui aurais bien parlé de la petite porte ouverte du côté est, mais il fut extrêmement rapide sur ce terrain plat. En un éclair, il était arrivé au pied du mur. Il fit un bond de deux mètres d'un seul coup.

Je ne pus me retenir d'applaudir de loin. Pour avoir une telle agilité, imaginez un peu combien de fois il avait dû faire l'école buissonnière !

Xiao Ning avait vingt ans, l'âge d'être à l'université, mais au lieu de ça, il était empêtré dans la délinquance et la superstition. Cela me brisait le cœur rien que d'y songer.

Je devais le ramener sur le droit chemin et faire de lui un jeune homme qui croyait en la science et un membre productif de notre société.

Tandis que je me faisais ce serment, un autre morceau de mes vêtements tomba. Je le ramassai avec gêne et rougis dans la nuit, sans personne pour me voir.

C'était vraiment un désastre.


* * *


Il n'était qu'une heure du matin, loin de l'heure prévue. Évidemment, le bus scolaire n'était pas en train de m'attendre au portail. Je n'avais pas le numéro du chauffeur, alors je dus envoyer un message à la principale Zhang pour lui demander de dire au conducteur de ne pas venir me récupérer et que j'allais rentrer par mes propres moyens.

Je marchai deux kilomètres avant de trouver des vélos à louer devant un poste de police.

Quand je scannai le code, un agent en service me remarqua. Il m'éclaira de sa lampe de poche et s'approcha aussitôt. Il m'examina de la tête aux pieds et fit :

« Vous vous êtes battus ou on vous a attaqué ? »

Ma veste était en lambeaux et ma chemise couverte de sang. L'image était plutôt tragique. Pas étonnant que ce policier me pose ces questions.

« Je vais bien, assurai-je en secouant la tête. C'est juste un malentendu entre un garçon et une fille. »


Il regarda le sang sur mon torse et fronça les sourcils.

« Il n'y a qu'un peu de sang. Vous avez blessé quelqu'un ?

– C'est du faux sang, soupirai-je. La fille s'est déguisée en fantôme pour me faire peur, et elle m'a sali avec son maquillage. Pour le costume... ça me désole énormément. »

Le policier vit que je n'avais pas l'air de mentir, et fit :

« Bon, laissez-moi vos coordonnées. S'il s'est passé quoi que ce soit dans le quartier, nous pourrons vous contacter. »

Je lui laissai mon nom et mon numéro, pris le vélo et pédalai dix kilomètres en direction du quartier de l'Autre Rive, dans la nuit.


L'appartement 404 était très silencieux. Les portes de mes deux colocataires étaient fermées. Je me rendis dans la salle de bains et constatai que Li Yuanyuan ne s'y trouvait pas. Soulagé, je pus prendre une douche et me changer.

Après cela, je me couchai avec un sentiment de fatigue intense. Cette journée avait été épuisante. J'imagine que tous ceux qui devaient travailler pour gagner leur vie rencontraient ce genre de difficulté.


La parole à l'auteur :

Les travailleurs veulent dire au professeur Shen : Nous ne rencontrons jamais vos difficultés.



Notes du chapitre :
(1) Notre professeur Shen lui donne déjà un petit nom d'amour ! Xiao signifie petit, et il s'utilise comme une marque d'affection ou pour quelqu'un de plus jeune que vous.






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