Chapitre 60 : Punir le vil

Lin Xuanzhi déclara :

« Inutile de faire entrer ce genre de fourmi, il ne ferait que salir les yeux du Patriarche. Mieux vaut que le Patriarche confie à Xuanzhi le soin de s'occuper de lui, cela fera également gagner du temps au Hall d'Application des Règles. »

Désormais, même si Lin Xuanzhi exigeait de devenir le jeune maître de la famille Lin, il y avait fort à parier que le Cinquième Aîné ne refuserait pas. Alors une affaire aussi triviale ? Le Cinquième Aîné fit claquer ses manches.

« Fais comme bon te semble.

– Merci, Patriarche. »

Le Cinquième Aîné se calma enfin puis dévisagea le jeune homme.

« Cette journée a été mouvementée alors rentre te reposer. Après quelques jours, je t'enverrai chercher pour une longue discussion.

– Xuanzhi comprend, » fit Lin Xuanzhi en hochant la tête.

Le Cinquième Aîné fut de plus en plus satisfait de son arrière-petit-fils qui était gentil et poli, et cette satisfaction déteignit quelque peu sur le gamin problématique adopté par Lin Zhan.

« Ton petit-frère, Yan Tianhen, est quelqu'un de loyal et qui sait exprimer sa gratitude. Pour cela je le récompense d'une pilule Yang de qualité supérieure. »

Une pilule Yang de qualité supérieure !

C'était une pilule de niveau Mystérieux qui valait au bas mot dix mille pièces d'or, autrement dit un trésor inestimable !

S'il restait encore des gens qui ne comprenaient toujours pas que le Patriarche favorisait Lin Xuanzhi, c'était qu'ils avaient un sérieux problème au cerveau.

Bien des gens en-dessous furent sidérés en secret et aussi envieux — pourquoi n'avaient-ils pas pensé à donné du riz des cinq principes à Lin Xuanzhi quand il était au plus bas ?

Ne suffisait-il pas simplement de suivre Lin Xuanzhi avec empressement et de lui servir de vache ou de cheval ? Ils pouvaient eux aussi prendre soin de lui pendant dix à quinze jours !

Cet affreux idiot de Yan Tianhen avait vraiment du bol !

Lin Xuanzhi prit la bouteille contenant la pilule médicinale et fit d'un ton solennel :

« Xuanzhi remercie le Patriarche au nom de son frère. »

Le Cinquième Aîné agita la main puis disparut d'un coup.

Ce ne fut qu'à ce moment que Lin Xuanzhi rangea la bouteille dans son sac de stockage, prit une pierre forgée et s'envola de la plate-forme.

Quand il disparut du Hall d'Application des Règles, ceux qui étaient prosternés au sol osèrent enfin se relever.

Chacun regarda l'autre, les visages montrant tous une expression de terreur.

Lin Zezhi avait pâli et là où personne ne pouvait voir, il avait serré les poings si fort que ses ongles s'étaient enfoncés dans sa paume et qu'un liquide poisseux en sortait.

Bai Susu était toujours terrifiée. Avec un air de jalousie immanquable, elle se mordit les lèvres et fit :

« Ce bon à rien, comment a-t'il fait pour devenir un Artisan ?

– Un Artisan... »

Lin Yurou fronça les sourcils puis regarda les colonnes d'avertissement dont les caractères dorés brillaient toujours. Elle fit :

« Se pourrait-il que le cousin Xuanzhi soit vraiment l'élu de nos ancêtres ?

– Peut-être, » répondit un autre.

Quelqu'un se tapota le torse et poussa un long soupir avant de déclarer :

« Heureusement que je n'ai pas jeté de pierre à Lin Xuanzhi quand il était au fond du puits sinon je crois bien que j'en perdrais le sommeil. »

Cette phrase rendit tout à coup nerveux beaucoup de gens dans la foule — ils se mirent à réfléchir soigneusement s'ils avaient dit du mal de Lin Xuanzhi. Bien sûr, ils avaient parlé de lui dans son dos bien des fois mais ce n'était pas comme s'ils avaient fait ça en face de lui.

« Quoi que j'ai dit avant, cela ne compte pas. Ne parle pas à la légère, ah. Jamais je n'admettrai quoi que ce soit.

– Pei, tu as pourtant déjà dit que le cousin Lin était une ordure et que s'il en est là aujourd'hui, c'est parce qu'il a récolté ce qu'il avait semé... Ouh ouh, pourquoi tu recouvres ma bouche ?

– N'essaie pas de créer des histoires ici. Je n'ai jamais dit une chose pareille !

– Tu as même dit que le cousin Xuanzhi l'avait bien mérité !

– Pei, pei, pei, ferme ta bouche puante. Mon cousin est comme un dragon qui nage dans une eau peu profonde, il est juste piégé temporairement. Quelles absurdités tu racontes là ?! »

Lin Zezhi écouta tous les gens parler autour de lui. Tous craignaient d'avoir offensé Lin Xuanzhi et qu'il leur en tienne désormais rancune. Tout ceci l'écœura.

Cela avait été si dur pour lui de devenir le centre de l'attention des Lin. Comment se faisait-il qu'aujourd'hui, il suffisait à Lin Xanzhi de se montrer en Artisan pour qu'il soit de nouveau relégué au second plan ?!

Lin Zezhi en devint malade de jalousie et il fit craquer ses poings. Un jour ou l'autre, il ferait regretter à ces gens d'avoir flatté Lin Xuanzhi aujourd'hui.

Yan Tianhen se tenait à l'extérieur et jetait des coups d'œil anxieux de l'autre côté des portes. Quand il vit une figure vêtue de blanc apparaître dans le couloir noir dont on ne voyait pas le bout, il s'écria :

« Grand-frère, tu vas bien ? »

Lin Xuanzhi émergea du couloir et eut un léger rire à l'adresse du garçon sous la lumière du soleil.

« Tu étais inquiet à force d'attendre ?

– Pas du tout ».

Yan Tianhen le rejoignit puis descendit les marches avec lui, suivi par les deux tigreaux.

« Grand-frère, le Cinquième Aîné vient de dire à tout le monde de ne pas te manquer de respect. Cela veut dire qu'à l'avenir, plus personne n'osera t'insulter, Grand-frère ? » demanda le garçon avec animation.

Lin Xuanzhi hocha la tête et prit la main de son frère.

« Ils n'oseront plus t'insulter non plus. Au fait, tu devrais abandonner ton travail dans la plantation spirituelle des Lin. Je n'étais pas fiable avant et je n'exigeais rien de toi mais à partir d'aujourd'hui, je vais veiller à ce que tu cultives proprement. »

Yan Tianhen n'était pas bête. En entendant ça, il comprit que Lin Xuanzhi ne serait probablement plus à court d'argent dorénavant.

À partir du moment où avait retenti l'avertissement du Cinquième Aîné, ceux qui avaient osé réduire les ressources de Lin Xuanzhi au niveau des vêtements, la nourriture, le logement et les moyens de transport devraient certainement se retenir.

Du coup Yan Tianhen s'en réjouit. Il hocha la tête et fit :

« D'accord, Grand-frère, j'irai prévenir l'intendant au plus vite. »

À ce moment, deux gardes du Hall d'Application des Règles sortirent et saluèrent Lin Xuanzhi en enroulant le poing droit de sa main gauche.

« Jeune maître Xuanzhi, que voulez-vous faire de l'intendant Zhang ?

– Emmenez-le chez moi, » répondit-il.

Yan Tianhen tira sur sa manche et demanda :

« Grand-frère, pourquoi tu veux l'emmener chez nous ?

– C'est pour évidemment le laisser expérimenter comment est mort le précédent vil serviteur, » répondit-il en se tournant vers lui.

Yan Tianhen secoua la tête et argua :

« Grand-frère, ne l'amenons pas dans notre petite cour. C'est là que nous vivons. S'il meurt là-bas, il polluera notre petite cour. »

Lin Xuanzhi prit le temps de réfléchir. Bien qu'il y ait de fortes chances qu'ils cessent dès aujourd'hui de vivre dans cette petite cour, elle contenait cependant des traces de leur passage et de bons souvenirs de Yan Tianhen et lui.

Alors Lin Xuanzhi proposa :

« Ah Hen, et si nous retournions plutôt au Hall d'Application des Règles ? »

Yan Tianhen se tourna vers les portes du Hall d'Application des Règles. Il restait encore des traces de tremblements et de peur dans son cœur mais du moment que Lin Xuanzhi était avec lui, l'endroit n'avait plus l'air aussi effrayant qu'avant.

Alors le garçon hocha la tête.

« D'accord. »

Lin Xuanzhi se tourna alors vers les gardes et leur fit froidement :

« Amenez l'intendant Zhang dans le Hall d'Application des Règles. Ah, amenez aussi deux sacs de riz des cinq principes. »

Quand l'intendant Zhang avait entendu la mise en garde du Cinquième Aîné, il avait été paralysé de tout son corps par terre. Contre toute attente, Lin Xuanzhi était parvenu en un jour à regagner les faveurs et même la protection du Patriarche.

Le statut du Patriarche était inégalable, même Madame Bai n'osait pas s'attirer son courroux.

L'intendant Zhang aurait tout donné pour pouvoir frapper son ancien lui.

Il se fit tirer de force dans le Hall d'Application des Règles qui était majestueux et solennel.

Pendant ce temps, ceux qui étaient venus assister à l'humiliation de Lin Xuanzhi n'étaient pas encore partis.

Ils virent tout d'abord apparaître deux gardes en armures et tenant une longue lance. Ils tiraient comme un poulet un homme inconscient d'âge moyen dont le corps était sans force et le jetèrent au milieu de la salle principale. Les gens se dirent alors simplement que le Hall d'Application des Règles allait juger une autre personne.

Toutefois l'arrivée de Lin Xuanzhi et de Yan Tianhen, main dans la main, les fit changer d'avis — il y avait fort à parier que Lin Xuanzhi allait commencer à régler ses comptes avec ceux qui l'avaient offensé.

Cet homme était sûrement ce pauvre vermisseau d'intendant Zhang que le Cinquième Aîné voulait presque battre à mort.

Lin Xuanzhi se tenait à environ cinq mètres de l'intendant Zhang. Il parcourut du regard la foule des Lin deux deux côtés et annonça :

« Je dois régler le sort d'un vil serviteur maintenant. Vous pouvez disposer si vous le voulez. »

Les membres de la famille Lin échangèrent des regards embarrassés. Quelqu'un prit la parole :

« Puisqu'il s'agit d'un vil serviteur, nous devons rester le voir recevoir le châtiment qu'il mérite.

– C'est vrai, ah. Ce serviteur sournois a osé tromper ses supérieurs et cacher la vérité. Cousin Xuanzhi, ne le laisse pas s'en tirer comme ça ! »

Le visage de Lin Zezhi devint blême et il serra les poings. Cet intendant Zhang était un serviteur personnel que sa mère avait fait venir de la famille Bai. Il avait toujours été fidèle et dévoué. Si Lin Xuanzhi n'avait pas fait en sorte que le Cinquième Aîné en donne personnellement l'ordre, sa mère aurait certainement pu protéger l'intendant Zhang.

Malheureusement sa mère avait été sérieusement blessée et le Troisième Aîné l'avait emmenée avec lui pour qu'elle récupère.

Une lueur meurtrière apparut dans les yeux du jeune homme.

Yan Tianhen sentit un froid émaner de la foule et il regarda avec vigilance dans cette direction. Quand il croisa le regard de Lin Zezhi, il lui renvoya un regard des plus féroces.

Bai Susu fut terrorisée en voyant les craquelures sur son visage. Elle porta une main à sa poitrine et fit :

« Cet affreux monstre est vraiment répugnant. »

Yan Tianhen roula des yeux avant de se rapprocher de Lin Xuanzhi.

Ce dernier n'était pas dérangé par le fait que les gens veuillent voir le spectacle du siècle. Plus il y avait de gens qui restaient, plus cela l'arrangeait.

Un garde arriva avec deux sacs de riz des cinq principes.

Lin Xuanzhi ordonna :

« Réveillez-le et mettez-le debout. »

Le garde s'avança, se pencha et saisit l'intendant Zhang par le col dans la nuque. De cette manière, bien qu'il soit inconscient, l'intendant Zhang était debout. Puis le garde pressa des points d'acupuncture dans le dos de l'homme et l'intendant Zhang toussa, roula des yeux et reprit connaissance.

Quand il vit la scène sous ses yeux, son corps se mit à trembler sous l'effet du choc comme un tamis.

« Que-qu'est-ce que vous avez l'intention de faire ? »

Les jambes de l'intendant Zhang se mirent à trembler et ses dents claquèrent.

« Je suis un intendant de la demeure de Madame Bai. Si vous voulez me faire le moindre mal, vous devrez d'abord en référer à Madame Bai ! »

Le visage de Lin Zezhi s'assombrit aussitôt et il renonça à son idée de le sauver.

Cet idiot, au lieu d'implorer le pardon, il osait brandir le nom de sa mère. C'était vraiment faire tomber les autres avec soi !

Lin Xuanzhi eut un léger ricanement et fit :

« Je peux maintenant te dire pourquoi ce serviteur est mort. »

Yan Tianhen grogna.

« Il est mort parce qu'il a dit trop d'absurdités ! »

Le visage de l'intendant Zhang était pâle et il suait comme un phoque. Il vit Lin Zezhi parmi la foule mais l'autre jeune homme n'avait pas du tout la moindre intention de s'avancer et de parler en sa faveur...

C'est fini, cette fois c'est fini pour de bon...

Les yeux de l'intendant Zhang étaient ternes mais finalement, les neurones enlisés de son cerveau se mirent à refonctionner. Il s'agenouilla immédiatement et ne cessa de se taper la tête contre le sol, tout en pleurant amèrement et en demandant grâce :

« Jeune maître Xuanzhi, ce vieux serviteur vous a manqué de respect car il s'est montré aveugle. De grâce, tenez compte du fait que cela fait des années que je travaille pour la famille Lin et durant tout ce temps, j'ai été diligent et je n'ai pas commis la moindre erreur. Alors ne me punissez pas pour cette fois. Je suis prêt à devenir votre vache et votre cheval désormais, je suivrai tous vos ordres ! »

Les yeux de Xuanzhi exsudaient un froid polaire.

« Je ne peux pas garder un serviteur comme toi qui se permet de tromper ses supérieurs et de cacher la vérité. Non seulement tu m'as manqué de respect, mais tu as aussi trompé ta supérieure et lui a caché la vérité, ce qui a impliqué ma tante. Si je ne te punis pas aujourd'hui conformément à nos règles, j'ai bien peur que les serviteurs de notre famille se mettront à suivre ton exemple l'un après l'autre. »

Les paroles de Lin Xuanzhi avaient totalement transféré sur l'intendant Zhang la faute de lui avoir refusé sa part de riz des cinq principes. Alors Lin Zezhi s'avança aussitôt avec opportunisme et s'écria :

« C'est bien vrai, tu n'es qu'un misérable serviteur qui a osé tromper tes supérieurs. Ma mère t'avait spécialement instruit de prendre bien soin de mon cousin Xuanzhi et toi, tu t'es accaparé en cachette le riz des cinq principes, tout ça pour faire un peu de profit. Même si mon cousin Xuanzhi décide de ne rien te faire aujourd'hui, sois sûr que moi, je te tuerai ! »

L'intendant Zheng en resta confondu. Il bafouilla :

« Mais c'est pourtant Madame qui m'a ordonné de — »

D'un coup de poing, l'un des bras de l'intendant Zhang se fit casser.

« Ah ah ah— »

L'intendant Zhang poussa un cri à glacer le sang et se roula par terre.

L'envie de meurtre grandit dans les yeux de Lin Zezhi et il fit à Lin Xuanzhi, qui était resté à l'écart sans dire un mot :

« Cousin Xuanzhi, puisque c'est un serviteur qui vient de chez ma mère, laisse-moi m'en charger pour toi ! »

Lin Xuanzhi ricana intérieurement mais fit d'un air calme :

« Puisqu'il s'est permis de me priver de riz des cinq principes, c'est qu'il aime particulièrement ce riz. Pourquoi ne pas lui accorder un dernier repas et le laisser manger tout le riz des cinq principes qu'il veut ? »

Ce fut alors que Lin Zezhi comprit à quoi allaient servir les deux sacs de riz des cinq principes.

Commentaires :

Karura Oh a écrit le mercredi 27 avril 2022 à 19:03
Je suis ravie que ça te plaise. J'hésitais un peu à me lancer là-dedans parce que... 774 chapitres 😬 Mais j'aime trop cette histoire !

Karura Oh a écrit le lundi 08 mai 2023 à 16:31
Merci pour ton gentil commentaire ! J'espère que l'histoire continuera à te plaire ~