La Renaissance du Suprême Immortel 65

Chapitre 65 : Faire affaires


Après un copieux repas au Pavillon des Immortels Ivres, Yan Tianhen tapota son ventre bien plein. Tenant les rênes du cheval d'une main, il suivit son frère tandis qu'ils retournaient à la résidence Lin.

Sur le chemin, Yan Tianhen plissa son petit visage et fit d'un ton malheureux :

« Le Pavillon des Immortels Ivres n'a vraiment aucune conscience. Ils nous ont fait payer deux cents pièces d'or juste pour un repas. Autant nous dépouiller directement ! Ah là là, c'est vraiment la dernière fois que je vais manger là-bas. »


Cela fit sourire Lin Xuanzhi.

« Petit grippe-sou, le chef cuisinier du Pavillon des Immortels Ivres est un cultivateur Nourriture qui ne veut pas se faire connaître. Non seulement les plats qu'il prépare sont délicieux et uniques, mais en plus ils contiennent du Qi spirituel qui est doux et facile à absorber. Cela apporte de grands bénéfices au corps d'un cultivateur qui en mange. En plus le Pavillon des Immortels Ivres est une chaîne de restaurants, ils sont très réputés sur tous les Cinq Continents. Ils sont très à cheval sur la qualité de la nourriture et les compétences de leurs cultivateurs Nourriture, alors il n'y a aucun risque de tomber malade à cause de la nourriture. »


Yan Tianhen tenta de sentir le moindre changement puis se gratta la tête.

« Je ne sens pas grand-chose.

– Cela viendra tôt ou tard, » soupira Lin Xuanzhi.

Le garçon lui sourit de toutes ses dents.

« Cependant, c'est déjà bien que Grand frère en profite. »

Lin Xuanzhi lui pinça les joues.

« Ah Hen aurait-il mangé des sucreries ? Tu es tout mielleux tout à coup.

– J'ai toujours été mielleux, répliqua le garçon en riant, c'est juste que Grand frère ne s'en était jamais rendu compte avant. »


Les deux frères revinrent donc dans cette atmosphère harmonieuse. Dès qu'ils entrèrent dans la résidence, un jeune serviteur du Cinquième Aîné les accueillit.

Le serviteur arbora un sourire plaisant et fit :

« Jeune maître Xuanzhi, jeune maître Tianhen, mon maître vous a prévu une nouvelle demeure. Si vous voulez bien me suivre. »

Yan Tianhen cligna des yeux et répliqua :

« Une nouvelle résidence ? Ce n'est pas encore une vieille cour miteuse ? Dans ce cas, pas question qu'on y aille. »

Un léger sourire d'embarras se dessina sur les lèvres du jeune serviteur. Yan Tianhen avait l'air inoffensif alors il n'aurait jamais cru que ses paroles pouvaient être si cinglantes. De plus il ne parvenait pas à déterminer si le garçon était sérieux en disant cela ou bien s'il se moquait volontairement de lui.


Le serviteur fut un peu désespéré mais il ne pouvait rien répliquer. Quand Lin Xuanzhi avait été contraint d'emménager dans cette horrible petite cour, le Cinquième Aîné était alors en retraite spirituelle et n'avait jamais rien su de ça. Maintenant qu'il avait découvert que le jeune homme était un Artisan et commencer à le couvrir de faveurs, c'était un peu... Aïe aïe, c'était compliqué à expliquer en un mot.

Cependant Lin Xuanzhi ne compliqua pas les choses pour le jeune serviteur. Il hocha légèrement la tête et fit :

« Montre-nous le chemin. »

Le serviteur joignit les mains pour s'incliner devant Lin Xuanzhi avec reconnaissance puis il prit la tête pour les emmener dans la cour nouvellement prévue pour eux.


Leur nouvelle résidence était un pavillon de niveau céleste qui était plus proche du terrain d'entraînement ainsi que de la zone commerciale dans la résidence Lin. C'était donc bien plus commode qu'avant, que ce soit pour la cultivation ou les achats.

La cour de Lin Xuanzhi était une grande cour indépendante et c'était également l'ancienne demeure de Lin Zhan. Il n'y avait pas moins de dix pièces dans ce pavillon et il y avait même une salle d'eau spécialement pour se baigner.

« Nous y sommes, annonça le petit serviteur en plissant les yeux et en souriant. C'est le pavillon spécialement choisi par le Patriarche pour le jeune maître Xuanzhi. Si le jeune maître Xuanzhi a besoin de quoi que ce soit, vous n'avez qu'à me demander. Je me nomme Yushu au fait, et je suis chargé d'entretenir l'épée du maître Un peu comme un écuyer pour le chevalier. Il doit entretenir l'épée de son maître quand ce dernier est en retraite spirituelle par exemple. (1). »


Lin Xuanzhi hocha la tête et fit :

« Merci et désolé pour le dérangement. Toutefois je n'ai besoin de rien pour le moment.

– Ce jeune serviteur a également prévu des serviteurs pour les deux jeunes maîtres qui attendent seulement que vous fassiez votre choix, ajouta Yushu.

– Je n'ai pas besoin de servants, fit Lin Xuanzhi. Je n'ai pas l'habitude qu'on me serve. Remercie quand même le Patriarche de ma part.

– Le maître a dit de respecter la volonté du jeune maître Xuanzhi, fit Yushu avec un sourire. Je ne vais donc pas déranger les deux jeunes maîtres plus longtemps. Si vous voulez bien m'excuser. »


Une fois Yushu parti, Yan Tianhen, qui était resté en silence à côté de son frère à taper dans des cailloux, s'avança vers le pêcher en fleurs dans leur cour et donna deux bons coups de pied dans le tronc.

Il était indigné intérieurement mais ne pouvait pas s'exprimer ouvertement, alors il ne pouvait que passer ses nerfs sur des objets.

Lin Xuanzhi s'approcha de lui et fit :

« Pourquoi Ah Hen est-il fâché contre ce serviteur ? Si tu as le moindre mécontentement, tu devrais plutôt le diriger contre celle qui nous a chassés dans la petite cour. »

Il voulait évidemment parler de Madame Bai. Quant au Cinquième Aîné, puisqu'il ne lui avait jamais jeté des pierres quand il se trouvait au fond du puits, Lin Xuanzhi n'avait naturellement aucun grief à son encontre.


Yan Tianhen fit la moue et s'écria avec colère : 

« Dès qu'ils ont vu que Grand frère ne servait plus à rien, ils l'ont jeté comme une vieille chaussette, l'ont ignoré et ont souhaité qu'il disparaisse de la surface de la terre. Mais maintenant qu'ils ont besoin de toi, ils se mettent à te couvrir de petites faveurs. C'est vraiment trop injuste pour toi, Grand frère ! »

Comment Lin Xuanzhi pouvait-il manquer de s'en rendre compte ?

En fait, même s'il méprisait ce genre de comportement opportuniste, il ne pouvait pas non plus se faire des ennemis partout.


Lin Xuanzhi cueillit une fleur de pêcher pour la déposer dans les mains de son frère. Il fit lentement :

« Ah Hen, ainsi va le monde. Quand tu es fort, tout le monde va te flatter et te vénérer parce qu'ils ont besoin de toi. Quand tu es faible, ils vont te piétiner et t'anéantir parce qu'ils pensent pouvoir t'humilier à leur guise. »

Yan Tianhen s'écria d'un ton amer :

« Je n'oublierai jamais. Cette Bai a ordonné à ses hommes de te transporter pendant que tu étais inconscient, Grand frère, de notre cour d'origine à cette petite cour miteuse. Je voudrais pouvoir la tuer ! »


Lin Xuanzhi posa une main sur l'épaule du garçon et l'attira contre lui gentiment.

« Ah Hen ne devrait pas se mettre dans tous ses états pour une ordure pareille. Cela nuit à ton corps, cela n'en vaut pas la peine. En plus, cela m'inquiète pour toi. »

Le garçon étira ses lèvres en un sourire et fit :

« Mais à présent, Grand frère est devenu le plus important Artisan de la famille Lin. Dorénavant, cette Bai n'osera plus jamais s'en prendre à toi.

– C'est juste que le bon moment n'est pas encore arrivé. C'est facile d'ajouter des fleurs à un brocart mais c'est autre chose d'envoyer du charbon quand il neige La première expression signifie : embellir quelque chose qui est déjà beau. La seconde veut dire : aider quelqu'un quand il est en difficulté. (2). La plupart des gens sont ainsi et Ah Hen rencontrera encore bien d'autres personnes comme ça plus tard, alors n'y attache pas trop d'importance. »


Sous la tutelle de Lin Zhan, Yan Tianhen était un garçon intelligent mais il avait encore un tempérament inné qui était direct et naïf. Naturellement Lin Xuanzhi appréciait Yan Tianhen tel qu'il était mais quand il songeait au Yan Tianhen de sa vie passée et que c'était en partie parce qu'il était trop naïf et direct qu'il n'avait pas pu percer à jour certaines personnes, ce qui avait causé sa perte, c'était comme une pierre qui lui pesait sur le cœur.

De plus Yan Tianhen avait aussi une sorte d'obstination gravée dans son être.

Les gens à qui il accordait sa confiance, même s'ils le rouaient de coups, il ne renoncerait pas à eux.

Les gens qui le maltraitaient, il s'en rappellerait toujours au fond de son cœur et songerait comment se venger d'eux.

Lin Xuanzhi espérait donc que son frère puisse mûrir au plus vite et ne plus trop se soucier de l'opinion des autres.


Un rugissement immature de tigre se fit entendre. Yan Tianhen se tourna vers la porte et vit deux tigreaux blancs arriver l'un derrière l'autre. La gueule de l'un mordait le bas de pantalon d'un homme tandis que l'autre le poussait du nez au niveau du mollet.

De toute évidence cet homme avait été incité à venir par les deux tigreaux.

Il s'agissait justement de Lin Zhantian qui s'était rendu dans leur cour miteuse pour implorer le pardon de Lin Xuanzhi.

Quand il vit Lin Zhantian, Yan Tianhen lâcha aussitôt un mmph et désigna du doigt les portes de leur cour.

« Tu n'es pas le bienvenu ici ! Dépêche-toi de partir ou je vais me mettre à t'insulter ! »


Lin Zhantian prit un air légèrement coupable mais resta bien droit en déclarant :

« Pour le Miroir Enregistreur, je vous ai laissés tomber. Si vous voulez me tuer ou me mettre en pièces, je ne m'y opposerai pas.

– Tu crois qu'il te suffit de dire ça pour que je n'ose pas te battre à mort ?! » s'écria Yan Tianhen d'un ton furieux.

Lin Zhantian lui lança quelque chose. Yan Tianhen l'attrapa et l'examina. Il s'avérait que c'était l'épée que Lin Zhantian portait toujours.

Le garçon en resta bouche bée — il était typiquement du genre 'si je rencontre un ennemi fort, alors je me montre fort' mais quand son opposant s'adoucissait soudain, il ne savait plus quoi faire. Il lança donc un regard à Lin Xuanzhi pour qu'il l'aide.


Cependant Lin Xuanzhi ne vit pas les émotions dans son regard. Il demanda d'un ton indifférent :

« J'avais l'impression que tu étais quelqu'un d'impartial et d'intègre. Je n'aurais vraiment jamais cru que tu serais de mèche avec Madame Bai. »

Lin Zhantian endura les reproches, le visage rempli de honte. Il se pinça les lèvres et fit :

« Si vous voulez me tuez ou me mettre en pièces, je l'accepterai. Mais mon père, ma mère et ma petite sœur ne savent absolument rien de tout ça, ne leur portez pas rancune. »

Lin Xuanzhi renifla et répliqua :

« Je veux bien te croire quand tu dis que ton père n'est pas au courant. Par contre je ne crois pas un seul instant que ta mère et ta petite sœur ne savent rien. »


Lin Zhantian releva les yeux et lança un regard implacable à Lin Xuanzhi.

« Si vous osez vous en prendre à elles, alors je deviendrai un fantôme et je ne vous laisserai pas vous en tirer comme ça.

– J'ai bien peur que même si tu deviens un fantôme, je n'aurai pas besoin de m'occuper de ta mère et de ta sœur : madame Bai s'occupera d'elles la première, fit Lin Xuanzhi en ricanant. Tu crois vraiment qu'à présent que Madame Ji a hérité de la position de régisseuse de Madame Bai, elle va renoncer bien gentiment ? Le pouvoir d'un régisseur dans la famille Lin est le plus puissant juste après le Patriarche. Depuis la naissance de Lin Zezhi, Madame Bai a toujours occupé ce poste et là, il est soudainement tombé entre les mains d'une branche annexe de la famille. Tu crois vraiment que Madame Bai va tolérer un tel affront ? »


Il était en effet fort probable que dès que Madame Bai serait rétablie, elle s'occuperait de régler le problème de Madame Ji.

Lin Zhantian serra les dents et fit :

« Si vous épargnez ma vie, je vous en serai éternellement reconnaissant.

– À quoi bon me servira ta reconnaissance ? »

Lin Xuanzhi parut soudain changer de sujet :

«  Je crois me souvenir que tu as une petite sœur qui est née avec une constitution de Yang Enflammé. C'est justement parce que son Qi Yang est trop fort que son corps ne peut le supporter Le Yang est le principe masculin donc une femme ne peut pas trop en avoir. (3), voilà pourquoi elle est alitée depuis des années. Si elle ne prend pas un médicament spécial tous les jours, son corps risque d'exploser sous l'effet de son Qi Yang. »


Quand Lin Zhantian l'entendit mentionner sa sœur, il devint aussitôt plus vigilant.

« En effet, Yuhan est bien dans cet état. Pourquoi me parlez-vous de ça ?

– Pour rien, répondit l'autre jeune homme. C'est juste que je me suis rappelé d'un coup que quand j'étais encore dans la Secte du Ciel Mystérieux il y a quelques années, Madame Ji m'avait demandé de trouver un trésor magique, le Chaudron du Développement Suprême. Même si je suis parvenu à le trouver et l'ai envoyé à Madame Ji, il y avait déjà un trou dedans alors il n'a pas pu donner l'effet désiré par Madame Ji. »


Lin Zhantian en fut profondément choqué :

« C'est vous qui avez trouvé le Chaudron du Développement Suprême ?

– Qui d'autre ? » répliqua Lin Xuanzhi.

Yan Tianhen ne put s'empêcher de s'en mêler :

« Mon grand frère vous a tellement aidés mais vous, vous osez récompenser la bonté par de l'ingratitude. Pei, vous devriez vraiment avoir honte ! »

Lin Zhantian se fit déverser un torrent d'injures sur la tête. En songeant à ce qu'il avait fait, il s'en voulut encore plus.

« Je vous présente toutes mes excuses, fit-il en baissant la tête.

– Tes excuses ne m'intéressent pas. »

Lin Xuanzhi avait toujours trouvé que les excuses ne servaient à rien.

« Je veux passer un marché avec toi. »


Lin Zhantian redressa alors la tête et demanda :

« Quel genre de marché ? »

Lin Xuanzhi croisa les mains derrière son dos et déclara :

« Je veux une goutte du sang de cœur de ta sœur.

– Quoi ? »

L'expression de l'autre homme changea subitement.

« Si on lui prend une goutte de sang de cœur, le Qi Yang dans son corps s'agitera encore plus ! »

Le sang de cœur était rempli de Yin alors au moins la moitié du Qi Yang dans le corps de Lin Yuhan était réprimée par son sang de cœur.


Les yeux de Lin Xuanzhi parcoururent le visage de Lin Zhantian.

« Dans trois ans, j'aurai réparé le Chaudron du Développement Suprême et je le donnerai à Madame Ji. Ce chaudron est le seul de son genre sur tous les Cinq Continents. On dit que des pilules raffinées par un alchimiste qui se sert du Chaudron du Développement Suprême peuvent être purement Yin ou purement Yang, tout dépend des propriétés des herbes spirituelles employées. Alors une pilule Yin produite ainsi sera indubitablement la meilleure option pour contenir le Qi Yang dans le corps de Lin Yuhan. Bien qu'on ne puisse pas l'éliminer complètement, cela suffira pour que Lin Yuhan puisse vivre comme une personne ordinaire. »

Il fallait savoir que depuis que Lin Yuhan était venue au monde, elle n'avait jamais pu aller au soleil — si elle s'exposait au soleil et à sa pure énergie Yang, son corps exploserait aussitôt et elle mourrait suite à l'excès de Qi Yang.

Alors le souhait de sa mère avait toujours été très simple et tendre.

Ji Lanjun voulait juste que Lin Yuhan vive comme une jeune fille ordinaire.


Notes du chapitre :
(1) Un peu comme un écuyer pour le chevalier. Il doit entretenir l'épée de son maître quand ce dernier est en retraite spirituelle par exemple.
(2) La première expression signifie : embellir quelque chose qui est déjà beau. La seconde veut dire : aider quelqu'un quand il est en difficulté.
(3) Le Yang est le principe masculin donc une femme ne peut pas trop en avoir.






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