La Renaissance du Suprême Immortel 68

Chapitre 68 : L'apparition du corps Yin


Lin Zhantian en fut choqué. Il regarda dans les yeux de Lin Xuanzhi qui étaient aussi profonds et insondables que le ciel et lâcha :

« C'est vrai ?

– Pourquoi mentirais-je ? » argua le jeune homme sans se départir de son sourire mystérieux.

Les yeux de Lin Zhantian se rétrécirent.

Lin Xuanzhi sous-entendait que non seulement c'était le Troisième Aîné qui soutenait Madame Bai mais aussi que ces deux-là avaient une liaison clandestine.

En fait, Lin Zhantian était quelque peu sceptique — étant donné le niveau de cultivation du Troisième Aîné, il aurait dû pouvoir détecter la présence de quelqu'un qui s'approchait de la montagne. Jamais il ne commettrait ce genre d'erreur, pourtant Lin Xuanzhi semblait sincère et confiant.


« Je vais garder un œil sur cette histoire, » assura Lin Zhantian d'un ton prudent.

Il ne souhaitait pas dire quoi que ce soit qui pourrait ensuite être retenu contre lui.

Lin Xuanzhi hocha légèrement la tête et ajouta :

« La position de régisseuse est de la plus haute importance. Rentre et dit à Tante Ji qu'elle a tous ses ponts de brûlés Elle ne peut plus revenir en arrière. (1). »

Puisque Ji Lanjun possédait désormais la position de régisseuse, elle allait forcément devenir une épine dans le pied et la bête noire de Madame Bai. Cette dernière était jalouse et agressive de nature. Vu qu'elle avait perdu la face à ce point, elle allait tôt ou tard se venger de Ji Lanjun.


Lin Xuanzhi avait bien conscience de cette vérité, tout comme Lin Zhantian.

Alors s'ils arrivaient à avoir un moyen de pression sur Madame Bai, cela aiderait grandement la situation future de Ji Lanjun.

Seulement comme cela impliquait le Troisième Aîné, Lin Zhantian avait déjà compris que ce serait une situation épineuse.

Il joignit les mains et salua gravement Lin Xuanzhi.

« Je vais te laisser. »

Lin Xuanzhi prit le plateau de débris de pierres forgées et sortit également de la maison.


Quand Lin Zhantian passa à côté de Yan Tianhen, Lin Xuanzhi l'interpella.

Croyant qu'il y avait quelque chose d'important, l'homme se retourna aussitôt.

Lin Xuanzhi fit :

« Ces coupes d'alcool, tu aimerais en acheter quelques-unes ?

– ... »

Non, refusa-t'il intérieurement.

« Si je les vends au marché, je pense que j'en tirerai au minimum vingt pièces d'or l'unité, » poursuivit Lin Xuanzhi.


Le regard de Lin Zhantian parcourut lentement ces trois coupes.

« Nous avons déjà plein de coupes d'alcool chez nous, tenta-t'il de refuser avec tact.

– Dix pièces d'or les trois et elles sont à toi, continua franchement Lin Xuanzhi.

– ... »

Lin Zhantian en resta sans voix.

« D'accord, puisque tu es prêt à en arriver là, que puis-je dire d'autre ? »

Ainsi Lin Zhantian acheta-t'il trois coupes pour dix pièces d'or et quitta vite ces lieux sources d'ennui.


Yan Tianhen fit la moue et râla :

« Grand frère, on aurait clairement pu vendre ces trois coupes bien plus cher. »

Lin Xuanzhi eut un léger sourire.

« Nous ne manquons plus d'argent, il est préférable de lui faire une fleur. »

Le garçon se pinça les lèvres.

« Mais il est incapable de bien apprécier la marchandise.

– Quand il s'en sera servi une paire de fois, il en comprendra naturellement la valeur, » objecta Lin Xuanzhi.

Même s'il ne s'agissait que d'outils magiques de niveau moyen, ils apportaient tout de même certains bénéfices.

Dix pièces d'or pour trois coupes, c'était vraiment donné.


* * *


Au milieu de la nuit, la lune était sombre et le vent soufflait fort.

En plein milieu du charnier, deux gardes portaient un corps méconnaissable enveloppé dans de la paille de riz et le jetèrent sur une pile d'ossements.

L'un des gardes fit :

« Aujourd'hui, j'ai enfin vu la plus horrible forme de torture à mort. Je n'aurais jamais cru que le jeune maître Xuanzhi, quelqu'un qui a l'air si droit et détaché des affaires de ce monde, puisse se montrer aussi cruel.

– Oui ah, même moi qui travaille en permanence dans le Hall d'Application des Règles, je n'en pouvais plus de voir ça, » renchérit l'autre garde.


L'intendant Zhang avait lutté pendant longtemps — trois jours et trois nuits — avant de rendre son dernier souffle.

Quand il était mort, son visage était hideux et marqué par la souffrance. Du sang coulait de ses sept orifices, tous les méridiens de son corps avaient été brisés à chaque pouce et il y avait de l'urine et de la matière fécale partout autour de lui. Le mot 'tragique' ne suffisait pas pour décrire sa mort.

« Laisse tomber, mieux vaut ne pas tenter de deviner les pensées de nos supérieurs. »

Mieux valait fermer sagement la bouche, moins on en disait et mieux ça allait.


On entendit le croassement des corbeaux qui était particulièrement vif dans le vent mauvais qui soufflait sur le charnier.

L'un des gardes frotta la chair-de-poule qui était apparue sur ses bras et tout son corps. Il pressa le pas en faisant :

« Cet endroit a l'air malsain, rentrons vite. »

Les deux voix s'éteignirent peu à peu jusqu'à disparaître totalement.

Une silhouette qui semblait extrêmement compacte dans la nuit apparut comme un fantôme dans le charnier qui se trouvait à dix li de la cité.

Il tendit la main droite et forma un sceau magique étrange tout en psalmodiant quelques paroles. Après un moment, il retourna sa main paume vers le ciel et la leva. L'intendant Zhang, qui gisait sur la pile d'ossements, parut soudain tiré par des fils invisibles tandis que son corps se redressait lentement et avec rigidité.


« Regarde-moi un peu ton ressentiment qui a atteint des sommets, tu es vraiment parfait pour devenir un Général Cadavre. »

L'homme ricana un moment avant de sortir une bouteille rouge de pilules. D'un mouvement de ses doigts, il lança la pilule dans la bouche ouverte de l'intendant Zhang.

Après une tasse de thé 10 à 15 mn. (2), l'intendant Zhang ouvrit soudain les yeux. Sous la lueur du clair de lune, ses yeux, de la pupille au blanc de l'œil, étaient devenus entièrement rouge sang !

« Guahhhhhh — »

L'intendant Zhang émit des sons qui n'avaient rien d'humain. Il souleva ses bras, écarta un peu les jambes puis se mit à marcher d'un air rigide devant lui.

L'homme eut un rire cruel puis fit d'une voix légèrement lugubre :

« Lin Xuanzhi ah, Lin Xuanzhi, tu croyais vraiment pouvoir vivre une vie tranquille maintenant que tu as éveillé ton feu spirituel d'Artisan ? Attends un peu, je te tuerai et ton corps n'aura même pas droit à une sépulture ! »


* * *


Chez les Lin, dans une certaine chambre de niveau céleste


Bien qu'il fasse jour, il y avait une ambiance érotique dans la chambre. Un homme et une femme s'agitaient sur le lit qui semblait sur le point de s'effondrer.

Après que soient retombés tous ces sons qui auraient fait rougir les oreilles et battre le cœur des gens, une main fine apparut de derrière la tenture pour la raccrocher au-dessus du lit et la tirer.

Complètement nue, Madame Bai caressa en cercle le torse du Troisième Aîné allongé à côté d'elle et elle fit :

« J'ai entendu dire que ce petit salaud s'est présent au Cinquième Aîné tôt hier matin pour annoncer qu'il allait partir pendant un mois. »


Le Troisième Aîné caressa le corps de la femme et répondit :

« Oui, et le Cinquième Aîné a même prévu des serviteurs au niveau Fondation pour lui servir de gardes du corps. »

Il renifla froidement à ce moment et ajouta :

« On dirait que le Cinquième Aîné adore vraiment son arrière-arrière-petit-fils, ah.

– Qui ne le sait pas ? s'écria Madame Bai avec une lueur de haine profonde dans les yeux. Moi, Bai Ling, depuis que je me suis mariée dans la famille Lin, j'ai travaillé dur pour vous. Quels outils et armes magiques des Lin n'a pas été forgé par moi ? Je ne cherche pas à en tirer du mérite mais je veux au moins qu'on reconnaisse mes efforts. Mais ce jour-là, devant tant de membres de la famille Lin, le Cinquième Aîné m'a humiliée, tout ça pour ce Lin Xuanzhi qui vient à peine d'entrer dans le Dao de l'Artisan, et m'a torturée pendant sept jours. J'ai vraiment envie qu'il meurt ! »


Le Troisième Aîné était tout aussi bouleversé. Cela faisait longtemps que Madame Bai et lui étaient ensemble. Bien qu'il soit plutôt quelqu'un de vicieux et sans pitié, il aimait sincèrement cette femme charmante, tendre et très compétente Keuf keuf, il est aveugle ou quoi ? Cela dit, ces deux vipères sont faits l'un pour l'autre ! (3). Du coup, quand il avait vu le Cinquième Aîné la frapper de sa paume et lui insuffler son Qi interne, il avait été rempli de haine.

Le Troisième Aîné rétrécit froidement les yeux et déclara :

« Ne t'en fais pas, quand j'aurais réussi à cultiver le Général Cadavre, le Cinquième Aîné et même le Second Aîné ne nous gêneront plus. »

Madame Bai se redressa aussitôt pour le regarder.

« Les prérequis pour un Général Cadavre ne sont-ils pas très stricts? Il faut avoir été torturé pendant trois jours et trois nuits en gardant le corps intact pour devenir un Général Cadavre, non ? »


Le Troisième Aîné ricana.

« On peut dire que Li Xuanzhi va récolter ce qu'il a semé. C'est grâce à lui que j'ai pu trouver un candidat pour le Général Cadavre.

– Qui ? demanda Madame Bai en écarquillant les yeux.

– Qui d'autre que l'intendant que tu as ramené de chez toi ? » répondit l'homme.

Madame en resta sidérée puis fronça les sourcils.

« Comment cela pourrait-il être l'intendant Zhang ? Au vu de son niveau de cultivation et de la quantité de riz des cinq principes qu'il a avalé de force, il aurait dû ne pas durer plus d'un jour et une nuit avant de mourir. »

Avec un sourire triomphant, le Troisième Aîné révéla :

« Si Lin Xuanzhi a le droit de tuer, pourquoi les autres n'auraient-ils pas le droit de sauver des gens ? »


Madame Bai marqua une pause puis prit un air d'illumination.

« Je suis allé voir plusieurs fois l'intendant Zhang. À chaque fois qu'il était sur le point d'y passer, j'ai utilisé une certaine méthode pour qu'il vive encore quelques shichen. Au départ, il aurait dû mourir après seulement six shichen mais je lui ai permis de vivre trois jours complets, » expliqua le Troisième Aîné.

Madame Bai sourit et déposa un baiser sur le visage de son amant.

« Tu dépasses vraiment toutes mes attentes. Alors du coup, la famille Lin toute entière ne sera bientôt plus un problème ?

– Non seulement la famille Lin, toute la cité de Qing sera au creux de ma main, » déclara le Troisième Aîné en riant d'un air content de lui.

Madame Bai se mit aussi à rire.

« Alors j'attendrai pour voir. Quand tu auras pris la place du Patriarche des Duan, tu deviendras le seigneur de notre cité de Qing ! »


Le Troisième Aîné pinça les joues de Madame Bai qui étaient si tendres que de l'eau aurait pu en sortir.

« Ne t'en fais pas pour la création de ce Général Cadavre. Si tout va bien, il aura le niveau initiatoire dans trois mois, il attendra la petite réussite dans six mois, la grande réussite dans un an et d'ici trois ans, il deviendra une vraie machine à tuer. Il nous faut donc attendre tout au plus trois ans, ce qui n'est pas bien long. C'est juste que pour raffiner le Général Cadavre, je vais avoir besoin de votre aide, Madame.

– Bien entendu, nous sommes ensemble alors évidemment que je vais faire tout mon possible pour t'aider.

– Nous allons d'abord anéantir le Second et le Cinquième Aîné, puis nous tâcherons de nous débarrasser du Quatrième Aîné qui ne revient qu'une paire de fois par an. Et ensuite la famille Lin sera à moi, » fit le Troisième Aîné avec un sourire mauvais.


Madame Bai se renfrogna.

« N'oublie pas qu'il y a aussi le Premier Aîné.

– Ce n'est pas la peine de s'inquiéter pour lui, fit l'homme en étirant les lèvres pour arborer un sourire mystérieux.

– Que veux-tu dire ?

– Les deux personnes que le Premier Aîné a toujours préférées sont Lin Zhan et Lin Xuanzhi. Mais bien qu'ils aient eu tous les deux des accidents à la suite, le Premier Aîné n'est jamais sorti de sa retraite spirituelle. Ce n'est pas du tout normal, fit le Troisième Aîné. Cela fait maintenant presque dix ans que le Premier Aîné s'est retiré. Au départ, il y avait encore quelques mouvements de sa part mais plus rien ces dernières années. Avec tout ce qui s'est passé dans notre clan, il n'a même pas bougé. J'ai donc bien peur que le Premier Aîné ne soit plus de ce monde. »


Madame Bai en fut choquée. Ses yeux splendides s'écarquillèrent.

« Le Premier Aîné n'est plus ? Alors la famille Lin... ne va-t'elle pas sombrer dans le chaos ?

– La famille Lin va simplement faire comme si tout était normal. Après tout, il est impossible que des étrangers soient au courant à l'heure qu'il est, renifla le Troisième Aîné. Je pense que le Cinquième Aîné connaît la vérité mais qu'il ne veut rien dire. Après tout il est sorti de sa retraite spirituelle pour diriger les affaires générales de la famille Lin, cela veut bien dire qu'il craint les conflits internes dans la famille et qu'il est le seul à pouvoir maintenir l'ordre. »

Madame Bai hocha la tête, son cœur battant toujours.


Le Premier Aîné se nommait Lin Jiawei — un cultivateur de niveau Mystérieux considéré comme le protecteur de leur demeure Dans le folklore chinois, il s'agit de celui qui utilise des talismans, des sorts et autres outils magiques pour chasser les mauvais esprits et protéger l'harmonie de la maison. (4). Si la famille Lin le perdait, alors il y avait fort à craindre qu'ils perdraient bientôt même leur troisième classe. Il n'était pas non plus impossible que leurs ennemis n'en profitent pas pour les exterminer entièrement.

C'était donc une affaire extrêmement sérieuse et ce serait un désastre si cela se savait.

Mais cette affaire n'était pas du ressort de Madame Bai.

Elle se calma alors et songea alors à un problème de sécurité. Elle demanda :

« Frère Jing, le corps de l'intendant Zhang, tu l'as mis en lieu sûr ? Il ne faudrait pas qu'on le découvre sinon tu échouerais à un doigt du succès et tu devrais subir les soupçons des autres pour rien. »


Le Troisième Aîné rétrécit les yeux et on pouvait voir les rouages tourner dans son cerveau. Il fit :

« Ne t'en fais pas, j'ai placé le corps dans un endroit sûr près de la montagne. Même si quelqu'un le trouve, ils penseront que c'est l'œuvre de Lin Xuanzhi. »

Madame Bai réalisa soudain quelque chose et hocha la tête.

« C'est vrai, n'y a-t'il pas eu que Lin Xuanzhi qui vivait dans cet endroit ? »

Sans la rareté d'un corps qui remplissait les conditions pour devenir un Général Cadavre, Madame Bai aurait bien voulu se servir du cadavre de l'intendant Zhang pour directement piéger Lin Xuanzhi et le faire accuser de raffiner un Général Cadavre, ce qui était une sorte d'art maléfique employé en général par les cultivateurs démoniaques. Si un cultivateur honorable voyait quelqu'un contrôler un cadavre, il devait le pourchasser et le combattre afin d'éliminer ensemble sans attendre le maître et son Général Cadavre de ce monde.


Note de Karura : Pauvre Lin Xuanzhi, il a vraiment des ennemis de partout !


Notes du chapitre :
(1) Elle ne peut plus revenir en arrière.
(2) 10 à 15 mn.
(3) Keuf keuf, il est aveugle ou quoi ? Cela dit, ces deux vipères sont faits l'un pour l'autre !
(4) Dans le folklore chinois, il s'agit de celui qui utilise des talismans, des sorts et autres outils magiques pour chasser les mauvais esprits et protéger l'harmonie de la maison.






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