La Renaissance du Suprême Immortel 72

Chapitre 72 : Savoir récompenser un bienfait


Duan Yuyang portait des gants en soie qui ne pouvaient pas être tachés par la graisse. Tout en préparant le cerf, il fit :

« Si tu l'avais vu attaquer ce cerf avec une pierre forgée, toi aussi tu l'aurais découvert au premier coup d'œil. »

En plus, quelqu'un capable d'utiliser ainsi une pierre forgée avec autant d'aisance devait être un génie extraordinaire ou être à un niveau extraordinaire.

De toute évidence Lin Xuanzhi était dans la seconde catégorie.

Le fait qu'il soit devenu un Artisan ne posait pas de problème à Duan Yuyang mais s'il était devenu un maître Artisan d'un niveau extraordinaire, alors cela valait la peine qu'on s'y intéresse de très près.

Duan Yuyang : « ... »

Quoi qu'il en soit, en tant que jeune maître de la famille Duan, il ne raterait jamais une occasion de tisser des liens avec un Artisan.


Lin Xuanzhi vit la paire de cornes et les coupa avant de les mettre dans son sac.

Yan Tianhen cligna des yeux et demanda avec curiosité :

« Grand frère, ça peut servir à quoi ces cornes de cerf ?

– On peut les troquer contre autre chose dans la Cité Mystérieuse. Je peux aussi les garder pour mon propre usage, comme les faire macérer dans de l'alcool ou m'en servir comme matériau pour fabriquer des objets, tout est possible. »

Le garçon hocha la tête et fit d'un ton admiratif :

« Grand frère est vraiment extraordinaire. »


Duan Yuyang leva les yeux presque jusqu'au ciel. Il voyait à présent que Yan Tianhen était un véritable brocon Brother complex : utilisé aussi en japonais, cela désigne les gens qui admirent leur grand frère au point que c'en est maladif. (1) : quoi que faisait Lin Xuanzhi, il penserait toujours que c'était extraordinaire et formidable.

« Dis donc, c'est moi qui me suis occupé de ce cerf du début à la fin alors pourquoi je n'ai pas droit à un compliment ? râla-t'il.

– Parce que mon grand frère aurait certainement été plus rapide et efficace que toi, répondit le garçon.

– ... »

Tu te fous de moi ?

Lin Xuanzhi ne put s'empêcher de rire et tapota légèrement la tête de son frère.


« Tu sais comment griller la viande ? demanda Lin Xuanzhi en se tournant vers Duan Yuyang qui roulait des yeux à n'en plus finir.

– Oui, mais je n'ai plus envie de bosser, » répliqua-t'il en reniflant légèrement.

Lin Xuanzhi sortit alors trois coupes et une jarre de liqueur de son sac de stockage. Il en tendit une à l'autre jeune homme.

Duan Yuyang prit la coupe avec stupéfaction et commenta :

« Tu es vraiment bien équipé, ah. Tu as même pris ça avec toi. »

Les yeux de Yan Tianhen brillaient déjà tandis qu'il ouvrait la jarre et versait l'alcool dans la coupe.

« Ce n'est pas de l'alcool ordinaire, tu verras quand tu auras goûté ! »


Duan Yuyang lança un regard dubitatif au garçon. Il sentit la liqueur dans sa coupe et jugea que l'odeur acceptable. Toutefois après avoir pris une gorgée, il eut soudain l'impression de s'envoler dans le ciel.

« Tu es extraordinaire ah. Lin Xuanzhi, je n'arrive pas à croire que tu aies pu fabriquer une coupe de si bonne qualité. »

Duan Yuyang leva ses deux pouces à l'intention de Lin Xuanzhi tout en tenant la coupe et en ayant furieusement envie de la planquer dans son sac de stockage.

Lin Xuanzhi devina ses pensées dans son regard puis sourit légèrement.

« Si tu t'occupes de la nourriture, des vêtements et du campement durant le voyage, je te donnerai cette coupe.

– D'accord, ah ! » accepta-t'il sans hésiter.

Il ne manquait certainement pas d'argent. Quant à ses compétences culinaires, il était nul avant mais il excellait désormais, surtout en ce qui concernait la viande grillée en plein air.


Avec habilité, Duan Yuyang coupa la cuisse du cerf, inséra une branche dans la viande puis attisa le feu pour qu'il soit encore plus vif.

« Laissez-moi vous raconter comment j'ai fini par maîtriser la technique de la viande grillée. »

Comme Duan Yuyang était excité, il se mit à parler sans arrêt et fit le fanfaron tout en cuisinant :

« Comment aurais-je pu savoir faire ça avant ? Il y avait toujours des serviteurs et des gardes quand je sortais de chez moi.

– Alors comment tu as fait ? demanda Yan Tianhen en clignant des yeux.

– Aaah, les circonstances m'y ont obligé, fit-il d'un ton nonchalant. Quand tu te retrouves dans une situation difficile et que tu as beau implorer le Ciel et la terre en vain, il faut bien te bouger. »


Yan Tianhen hocha la tête d'un air songeur.

Il ne savait pas non plus cuisiner avant. Après la mort de son père et la blessure grave de son grand frère, la famille Lin les avait privés de leurs serviteurs alors il n'avait pas eu d'autre choix qu'apprendre à cuisiner tout seul.

Sauf que ses compétences culinaires... n'étaient pas dignes d'être mentionnées.

Dans tous les cas, Lin Xuanzhi s'était toujours tenu à distance de ses exploits culinaires.


L'odeur commença à embaumer l'air. Yan Tianhen inspira profondément et se lécha les babines.

« Ça sent trop bon ! »

Duan Yuyang retourna la cuisse et se complimenta :

« Bien entendu. La viande grillée de ce jeune maître est incomparable dans le monde entier. Tu ne la trouveras pas ailleurs. »

Cela fit rire le garçon.

Une ombre passa dans le regard de Lin Xuanzhi puis il étira les lèvres et fit :

« Il y a un ruisseau pas loin. Si tu as soif, tu peux aller chercher de l'eau. »

Yan Tianhen hocha la tête avant de dire :

« Grand frère, tu as soif ? Je vais aller te chercher de l'eau.

– Ne tarde pas trop. »

Yan Tianhen prit leurs gourdes, bougea ses fesses et partit en courant.


« Je t'envie vraiment d'avoir un si bon petit frère, fit Duan Yuyang d'un air jaloux.

– Inutile de m'envier, Sur la terre comme au Ciel, on en trouve qu'un comme lui en mille ans. »

Duan Yuyang éclata soudain de rire.

« Comment pourrait-on être plus sans gêne ? Tu te vantes même de ça ?

– Tu trouves ? fit Lin Xuanzhi d'un ton nonchalant. Si tu deviens compagnon de Dao avec Yuan Tianwen, je suis sûr qu'il serait aussi attentionné et gentil.

– Hein ? fit Duan Yuyang en se figeant.

– D'ailleurs, que s'est-il passé entre vous deux, hein ? » demanda aussitôt Lin Xuanzhi sur le ton de la conversation.

Duan Yuyang en resta pétrifié. Il n'eut pas le temps de cesser de sourire alors le sourire resta collé sur son visage.

Quand Lin Xuanzhi avait changé de sujet, il n'y avait eu aucun avertissement ou lien logique : il était allé droit au but et avait pris l'autre jeune homme par surprise.


Une lueur de panique apparut dans les yeux de Duan Yuyang. Il prit le pot de sauce pour la verser sur la viande grillée. Il croyait que cette action pourrait l'aider à se calmer. Contre toute attente, sa main trembla et la moitié de la sauce coula sur la viande.

Duan Yuyang : « ... »

Lin Xuanzhi eut un léger rire mais ne dit rien.

Duan Yuyang fit claquer sa langue et rangea la bouteille en renonçant à toute tentative de dissimulation. Il contempla les yeux sombres de Lin Xuanzhi qui semblaient capable de tout voir et fit :

« Quoi que tu aies vu, ne dis rien. Cela n'a aucun rapport avec toi.

– Comment ça ? fit Lin Xuanzhi calmement. Je te signale que celui qui se tient actuellement aux côtés de Yuan Tianwen est mon ex-fiancé. »

Duan Yuyang se retint de vomir un caillot de vieux sang C'est de la colère refoulée depuis un moment. (2).


Lin Xuanzhi poursuivit :

« Quant à la raison pour laquelle il est devenu mon ex-fiancé, je crois me rappeler que c'est parce qu'un certain jeune maître a incité mon Ah Hen à me donner une pilule soporifique en douce, à en profiter pour voler mon contrat de mariage puis à se rendre chez les Han pour annuler mon engagement de son propre chef. »

Duan Yuyang faillit sursauter.

« Comment tu peux encore te plaindre ? Je ne t'ai pas aidé à résoudre un gros problème ?

– Justement, j'ai bien l'intention de récompenser ce bienfait et de t'aider à résoudre un gros problème.

– Tu... »


Lin Xuanzhi suggéra alors d'un ton nonchalant, comme un gentilhomme et avec un léger sourire :

« Ou bien devrais-je aller voir maintenant le jeune maître du pic Yuan et lui donner quelques conseils ?

– ... »

C'était vraiment une menace de niveau céleste !

Duan Yuyang renonça aussitôt totalement. Il joignit les mains devant lui pour s'incliner devant Lin Xuanzhi et fit :

« Tu es trop fort, je m'incline. »

Lin Xuanzhi sourit mais son sourire retomba aussitôt alors qu'il demanda :

« Alors que s'est-il passé ? »


Duan Yuyang se gratta le nez, soupira puis fit d'un air mal à l'aise :

« En fait, il n'y a pas grand-chose à dire. Yuan Tianwen a été sérieusement blessé, il était inconscient et souffrait d'une déviation de Qi. Je l'ai trouvé par hasard et je me suis occupé de lui un moment. Ensuite, une fois qu'il alla presque mieux, je suis parti. Quand on s'est revu ensuite, il courtisait déjà Han Yuran comme un fou alors que pouvais-je dire, putain ? »

Bien que Duan Yuyang ait résumé l'histoire, Lin Xuanzhi perçut tout de même ce qu'il avait passé sous silence.

Par exemple, Duan Yuyang et Yuan Tianwen avaient forcément dû avoir une relation pendant leur temps passé ensemble. Autrement Duan Yuyang n'aurait pas été si furieux de voir Yuan Tianwen courtiser Han Yuran.

« Comment Yuan Tianwen a-t'il bien pu rencontrer Han Yuran ? demanda-t'il.

– Bordel, comment tu veux que je le sache ? »

Avec irritation, Duan Yuyang planta son couteau dans la cuisse de cerf et s'écria avec surprise :

« Oh, c'est cuit ! »


Les yeux du jeune homme s'illuminèrent. Il retira la viande du feu, inséra la branche dans le sol et se tapota les mains en disant :

« Viens donc goûter au savoir-faire des Duan. C'est le seul et l'unique, tu ne le trouveras pas ailleurs. »

Lin Xuanzhi prit le couteau et découpa un bout de viande.

Yan Tianhen revint à ce moment de la corvée d'eau. Il s'assit à côté de son grand frère et lui tendit une gourde. Il inspira un grand coup et s'écria :

« Ça sent vraiment trop bon ! »

Li Xuanzhi lui passa le bout de viande qu'il venait de couper et fit :

« Goûte. »

Yan Tianhen prit une bouchée et son visage se remplit de satisfaction.

Il n'y avait rien à redire, le goût de cette viande grillée était vraiment suprême.

« Frère Yuyang, tu es vraiment génial ! le complimenta-t'il.

– Évidemment. Et comparé à ton grand frère ?

– C'est bien loin de ce qu'aurait fait mon grand frère, ah ! »

… Duan Yuyang soupira et fit :

« Bon. Pourquoi je cherche encore les ennuis et l'humiliation, moi ? »

Yan Tianhen plissa les yeux en demi-lune et rit :

« Ah ah ah ! »


* * *


Les rires et les éclats de joie de l'autre côté rendaient encore plus morose ce côté-ci.

Yuan Tianwen avait aussi senti l'odeur de la viande grillée. Cela lui rappela vaguement quelque chose mais il n'aurait pas su dire d'où. Il se rappela que lorsque Han Yuran et lui se trouvaient sur les Monts du Luan Volant, Han Yuran lui parlait souvent sans cesse à l'oreille. Même quand le Qi rugissait dans ses veines et qu'il ne voulait rien entendre, Han Yuran continuait à parler pour le distraire.

Mais à présent Han Yuran était bien silencieux et calme. Yuan Tianwen n'était pas non plus un grand bavard alors quand ils étaient tous les deux ensemble comme en ce moment, ils semblaient n'avoir rien à se dire.

Yuan Tianwen trouvait que Han Yuran avait énormément changé, au point qu'il ne savait plus qui était le vrai lui.


Yuan Tianwen coupa un bout de viande grillée et la tendit à son compagnon. Le jeune homme la prit et mordit dedans. Il fronça alors les sourcils et fit :

« Pourquoi le goût est aussi bizarre ? »

Embarrassé, Yuan Tianwen s'empressa de dire :

« Je dois être un peu rouillé. »

Han Yuran regarda du côté des trois personnes qui riaient et s'amusaient de l'autre côté et son regard s'attarda surtout sur Lin Xuanzhi. Il jeta au passage le bout de viande d'un air distrait avant de se lever.

« Je ne mange plus, je n'ai pas d'appétit. »


Depuis qu'il avait appris que Lin Xuanzhi était devenu un Artisan, il avait été abattu.

Il avait toujours considéré Lin Xuanzhi comme un mou sans aucun caractère. Afin de vérifier que Lin Xuanzhi était réticent à l'idée de perdre leur engagement, il l'avait approché et lui avait réclamé avec assurance des outils magiques. Sans surprise, Lin Xuanzhi lui avait donné tout cela sans hésiter.

Mais qui aurait pensé que Lin Xuanzhi allait le frapper dans le dos ainsi ?

Lin Xuanzhi devait sûrement avoir prévu d'annuler leur engagement au moment où il était devenu un Artisan. Comme c'était risible, Han Yuran n'avait rien vu venir et croyait que la victoire lui était acquise mais contre toute attente... Han Yuran inspira profondément, ses yeux aussi cruels et sinistres que s'ils avaient été trempés dans du poison.

Quoi qu'il en soit, Lin Xuanzhi allait certainement devenir son adversaire dans un futur proche.

Apparemment, il devait donc vraiment réfléchir au moyen de se débarrasser de Lin Xuanzhi à l'avance en se servant de quelqu'un d'autre.


Yuan Tianwen contempla le dos de l'autre jeune homme d'un air impuissant. Ce n'était pas la première fois qu'il se disputait avec lui. En plus autrefois, à chaque fois que Han Yuran et lui se disputaient, le jeune homme continuait quand même à lui parler même pour l'insulter. Là, Han Yuran se montrait simplement glacial et ne disait rien. Du coup, Yuan Tianwen n'avait aucun moyen de débloquer la situation.

Yuan Tianwen réfléchit et se dit qu'il avait effectivement causé du tort à Han Yuran alors il prit sur lui et se rendit du côté de Lin Xuanzhi.

« Oh, jeune maître du pic Yuan, qu'est-ce qui vous amène ici ? » l'accueillit aussitôt Duan Yuyang avec sarcasme.


Yuan Tianwen passa à côté de lui et ne lui jeta qu'un regard sans lui prêter plus attention.

Il demanda à Lin Xuanzhi :

« Je peux vous prendre un peu de viande ? Mes talents culinaires ne sont pas très bons, il ne peut rien manger. »

Duan Yuyang fit une tête comme s'il venait de manger de la merde.

« D'où sort un type aussi douillet que ça ? Si ça ne lui plaît pas, il n'a qu'à ne pas manger. Il se prend encore pour un jeune maître dehors ? »


Note de Karura : Malgré la tonne d'indices, Yuan Tianwen n'a toujours pas compris. C'est désespérant... (╯‵□′)╯︵┻━┻


Notes du chapitre :
(1) Brother complex : utilisé aussi en japonais, cela désigne les gens qui admirent leur grand frère au point que c'en est maladif.
(2) C'est de la colère refoulée depuis un moment.






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