Chapitre 84 : Grand frère martial arrive
Han Yuran sembla alors rassuré. Il recouvrit rapidement la bouche de l'autre jeune homme et fit mine de se fâcher.
« Ne dis pas ces choses effrayantes comme ça. »
Yuan Tianwen souleva Han Yuran dans ses bras en le tenant contre lui puis tourna plusieurs fois sur lui-même, follement heureux.
À l'intérieur de la maison, Su Mo se tenait devant la fenêtre et fronçait les sourcils en voyant les deux jeunes hommes qui avaient l'audace de s'enlacer si ouvertement dans sa cour.
Un homme grand et beau se tint derrière lui et passa ses bras autour de sa taille en posant son menton sur l'épaule de Su Mo. Il roula des yeux et fit d'un ton mécontent :
« Comment ça se fait que plus je le regarde, plus je trouve que ce gamin a un problème ? »
Su Mo le regarda avec un sourire qui n'en était pas un et répliqua :
« Je ne sais pas s'il a un problème mais toi, tu es très problématique. »
Yuan Zheng regarda Su Mo et demanda :
« Quel est mon problème ?
– Tu ne trouves pas ça triste que la laitue que nous avons élevée avec tant de mal vient de se faire dévorer par le cochon d'un autre C'est une phrase typique pour les parents qui marient leur fille. (1) ? » demanda Su Mo d'un ton joyeux.
Yuan Zheng roula des yeux et secoua Su Mo d'un air malheureux.
« Ouais ah, j'ai travaillé si dur pour élever mon fils adoré en nettoyant sa pisse et son caca. Il n'a jamais souffert étant enfant mais là, il se fait dévorer par un tel cochon... Le gamin de la famille Duan est tellement plus intéressant. Pourquoi mon bâtard de fils ne veut pas de lui ? se plaignit Yuan Zheng.
– Allez, ce n'est pas comme si c'est toi qui te mariais. C'est ton fils qui va se marier. Tu n'as pas besoin de trop t'impliquer, fit Su Mo en faisant une chiquenaude sur le front de l'autre homme. Si tu n'as pas envie de le voir alors ne le vois pas, c'est tout. De toute façon je l'ai déjà rencontré en ton nom. Si les anciens de la famille Yuan comptaient sur toi pour gérer notre famille, j'ai bien peur que nous aurions déjà sombré depuis longtemps.
– C'est bien pour ça que je compte sur toi, tiens. »
Yuan Zheng avait beau être un adulte, il n'avait pas peur du ridicule. Il n'hésitait pas à agir comme un enfant gâté en présence de Su Mo.
Su Mo lâcha un hé puis fit :
« Quel crime ai-je bien pu commettre, ah... pour tomber dans un abîme pareil ?
– Une fois qu'on est tombé dans l'abîme, on ne peut plus en ressortir, pas vrai ?
– Laisse tomber. Je me dis que c'est pour accumuler de la vertu et faire une bonne action. »
La suite céleste n°1 de l'Auberge du Monarque était effectivement riche en Qi spirituel. Après une seule nuit, que ce soit Yan Tianhen ou Duan Yuyang, ils avaient récolté tous les deux beaucoup de bienfaits.
Tôt le lendemain matin, ils prirent tous le petit-déjeuner puis Duan Yuyang sortit en se pavanant pour faire les boutiques.
Quant à Lin Xuanzhi et Yan Tianhen, ils devaient attendre Yang Dongjin alors ils restèrent à discuter dans la suite.
Il ne fallut pas longtemps pour qu'un visiteur se présente à la porte.
Dès qu'il vit Lin Xuanzhi, Yang Dongjin sourit et fit :
« Frère Lin, j'ai ce que tu veux. »
Les yeux de Lin Xuanzhi s'illuminèrent.
« Assieds-toi vite. »
Yang Dongjin sortit une bouteille vert émeraude et la posa sur la table.
« Grand frère martial, vérifie si c'est bien ce que tu m'as demandé. »
Lin Xuanzhi prit la bouteille, l'ouvrit et jeta un coup d'œil à l'intérieur : un esprit de glace du Ver à Soie d'Hiver Millénaire de la taille de son pouce reposait tranquillement au fond de la bouteille. Malgré la paroi spéciale de la bouteille, Lin Xuanzhi pouvait sentir le froid parcourir ses mains.
C'était vraiment un objet de qualité, c'était authentique.
La main de Lin Xuanzhi se resserra sur la bouteille. Il en referma le bouchon et fit à Yang Dongjin :
« Merci. Quant au cultivateur qui vend cet esprit de glace du Ver à Soie d'Hiver Millénaire, que veut-il en échange ? »
Lin Xuanzhi savait comment ça se passait avec Yang Dongjin. Une de ses façons de faire était que les deux parties se mettaient d'accord avant puis confiaient les biens à Yang Dongjin en même temps afin qu'il procède à l'échange.
L'autre façon de faire était qu'une des parties obtienne l'objet d'abord puis confie l'objet à échanger selon la demande de l'autre partie.
Ce second cas se produisait lorsque celui qui échangeait l'objet en premier ne voulait pas que l'autre partie sache qui il était.
Yang Dongjin prit soudain un air embarrassé et fit :
« Grand frère martial Lin, sa seule requête est de te voir. »
Lin Xuanzhi fut légèrement surpris puis demanda :
« Il veut voir l'acheteur ou bien il veut me voir moi ? »
Yang Dongjin eut un rire jaune.
« Ce grand frère martial a dit que la seule personne hormis son petit frère à savoir qu'il possède cet objet, c'est toi.
– Je vois, » fit Lin Xuanzhi en hochant la tête.
Yan Tianhen regarda son frère puis tira sur sa manche.
« Grand frère, tu es fâché avec cette personne ?
– Non, ce n'est pas ça, c'est juste que... »
Lin Xuanzhi était un peu gêné.
« Grand frère, si tu n'as pas envie de le voir alors on n'a qu'à s'en aller, hein ? On n'a pas besoin de cette chose, suggéra Yan Tianhen.
– Ne dis pas de bêtises. »
Lin Xuanzhi lui jeta un coup d'œil et tapota le bout de son nez. Il se tourna vers Yang Dongjin :
« Quand doit-on se voir ?
– Dans très peu de temps, fit rapidement le jeune homme. Je vais lui envoyer un message et il descendra de la montagne pour venir ici. »
Lin Xuanzhi hocha la tête.
« Pardon pour le dérangement. »
Il avait l'intention au départ de sortir avec son frère pour faire les magasins mais puisqu'un vieil ami allait venir, Lin Xuanzhi ne put qu'attendre dans la suite.
Après que Yang Dongjin ait envoyé le message, il tira un tabouret et s'assit dessus. Il demanda à Lin Xuanzhi d'un air confus :
« J'ai cette question qui me trotte dans la tête depuis un moment. Tu es son petit frère martial et votre relation n'est pas trop mal. Alors pourquoi tu ne t'es pas présenté à lui au lieu de m'utiliser comme intermédiaire ? »
Lin Xuanzhi sourit sans offrir de réponse. Il demanda plutôt :
« Ta pilule de Retour au Principe Céleste de niveau terrestre, tu as songé à une explication ? »
Yang Dongjin s'effondra soudain. Il agrippa sa tunique au niveau du cœur et fit d'un air douloureux :
« Même si je vends ma propre personne à ce cultivateur, cela ne compenserait pas le prix de la pilule. Sinon, vous pouvez toujours me donner ce piaf et je m'en servirai pour faire mon rapport.
– L'oiseau ? »
Yan Tianhen posa ses deux mains sur ses joues. Il sortit ensuite l'oiseau de son col et fit d'un ton de regret :
« Je crois bien qu'il est déjà mort. »
Les yeux de l'oiseau déplumé étaient clos et ses pattes raides. Tout son corps semblait rigide, les ailes étaient pressées des deux côtés. On voyait tout de suite qu'il avait l'air mort.
Yang Dongjin fut comme frappé en plein estomac. Il tapota son torse puis se lamenta :
« Grand frère martial Lin, tu dirais que le sceau de protection de notre Secte du Ciel Mystérieux est fiable et robuste ?
– C'est fiable et robuste si on veut. Mais je voulais te demander : cet alchimiste dont tu as parlé et qui a passé dix ans à raffiner cette pilule de niveau terrestre, ce ne serait pas Zhongli Shen par hasard ? »
Quand Yang Dongjin entendit ce nom, il faillit tomber de son tabouret tant il eut peur. Il regarda partout d'un air terrifié puis fit nerveusement :
« Grand frère martial Lin, tu ne dois pas prononcer ce nom n'importe comment, ça porte malheur !
– Quel est le problème ? s'étonna Yan Tianhen.
– Quand j'étais jeune, raconta Yang Dongjin d'un air très sérieux, dès que je prononçais son nom pendant que je jurais, il apparaissait tout le temps dans mon dos.
– Tu es sûr que ce n'était pas une bête démoniaque que tu invoquais ? »
Yang Dongjin : « ... »
Lin Xuanzhi eut un léger rire et le regard qu'il posa sur le jeune homme devint encore plus appuyé.
Quand il avait entendu que Yang Dongjin avait obtenu une pilule de niveau terrestre de la Secte du Pic Céleste, il avait aussitôt deviné que cela devait venir de Zhongli Shen. À présent, il en avait eu la confirmation.
Mais qui était Zhongli Shen ? Si certains Artisans de la nouvelle génération pouvaient encore se comparer à Su Zixing, dans le domaine de l'alchimie, Zhongli Shen était le numéro un du monde entier. Même des Aînés qui pratiquaient depuis bien des années ne pouvaient se comparer à lui et les alchimistes de sa génération avaient tous été réduits en chair à canon et lucioles sous son éclat.
Le talent de cet homme était tout bonnement inhumain, c'était comme s'il était né avec une pilule dorée dans la bouche Je pense que c'est un jeu de mots avec : être né avec une cuillère d'argent dans la bouche = être né riche, naturellement avantagé. (2) !
Zhongli Shen avait toujours eu le vent en poupe et jouissait d'une excellente vie. Toutefois, son tempérament était assez excentrique et il n'était pas très amical envers les gens.
Au début, Lin Xuanzhi se demandait encore comment entrer en contact avec ce Zhongli Shen afin qu'il aide Yan Tianhen à raffiner des pilules mais à présent, il avait une idée.
Yang Dongjin, cet homme devait continuer à vivre car il serait d'une grande utilité.
Juste à ce moment, un homme vêtu comme un serveur toqua à la porte et entra.
Il avait la tête baissée et tenait un plateau dans les mains, sur lequel se trouvaient des douceurs exquises.
Yan Tianhen fronça le nez et fit :
« Nous n'avons rien commandé. »
Le serveur s'avança vers Lin Xuanzhi et posa le plateau sur la table.
« Maîtres cultivateurs, ces douceurs vous sont offertes par mon maître. »
Sur ce, le serveur fit demi-tour pour s'en aller. Soudain, les deux tigres blancs améthystes qui se trouvaient dans la chambre en sortirent précipitamment en même temps. Avant que Yan Tianhen ne puisse les retenir, l'un d'eux bondit sur la table et renversa le plateau d'un coup de patte. L'autre tigre feula contre le serveur et le plaqua au sol.
Lin Xuanzhi se leva brusquement tandis que le serveur éjecta Hu Po de son dos d'un revers de la main. Son visage arbora un air sombre et une épée apparut dans ses mains. Il se rua vers Lin Xuanzhi sans dire un mot.
Lin Xuanzhi écarta la table d'un coup de pied et sortit le Marteau Fracasseur pour le lancer à son assaillant.
L'assassin sentit le Qi majestueux et agité d'un expert de niveau des Os Renforcés. Il esquiva aussitôt et courut vers la fenêtre.
Sauf que tandis qu'il sortait par la fenêtre, il fut suivi par le petit marteau noir et doré. Il accéléra mais le marteau fit de même.
Pang —
Dans ce bruit léger, la tête de l'assassin fut tranchée net.
Yan Tianhen qui était couché près de la fenêtre regarda tout autour et tomba nez à nez avec un cultivateur qui flottait dans les airs, une épée à la main.
« … Ahhhhhhhhhh trop classe ahhhh ! »
Lin Xuanzhi tira son frère en arrière et contempla le héros qui avait brandi son épée pour les secourir en voyant une infamie sur son chemin. Il en fut sidéré un moment puis fit :
« Troisième grand frère martial. »
Bei Cangmo hocha la tête et agita la main. Lin Xuanzhi tira son frère sur le côté.
Bei Cangmo sauta donc directement dans la chambre par la fenêtre. Ses yeux clairs parcoururent la pièce saccagée. Il se rembrunit et commenta :
« Tu as offensé pas mal de gens. »
Lin Xuanzhi eut un léger sourire.
« Merci beaucoup pour ton aide, troisième grand frère martial. »
Bei Cangmo lui jeta un regard puis lança le Marteau Fracasseur qu'il tenait à Lin Xuanzhi.
« Tu es revenu à la Secte du Ciel Mystérieux mais tu m'évites. Je t'ai offensé ou quoi ? »
Lin Xuanzhi eut un rire amer dans son cœur et songea : Je savais qu'il allait m'en vouloir.
Lin Xuanzhi réfléchit un moment avant de répondre :
« Je ne voulais pas te créer de problèmes, grand frère martial.
– Quels problèmes ? répliqua l'autre homme en fixant Lin Xuanzhi. Je viens voir mon petit frère martial, qui irait me créer des problèmes pour ça ?
– On ne peut pas dire précisément, ah, fit Lin Xuanzhi en souriant. Quoi qu'il en soit je tiens à te remercier pour ton esprit de glace du Ver à Soie d'Hiver Millénaire. »
Bei Cangmo renifla froidement.
« Tu n'as pas pris la peine de venir me le demander en personne et tu m'as envoyé un type pareil. Tu me méprises ou tu me détestes ?
– Aucun des deux. »
Lin Xuanzhi se dit que Bei Cangmo devait vraiment être furieux en ce moment.
« Grand frère martial, assieds-toi d'abord. »
Bei Cangmo regarda tous les tabourets par terre.
Lin Xuanzhi : « ... »
En un clin d'œil, Yan Tianhen ramassa un tabouret pour le placer derrière le cultivateur.
Bei Cangmo lui jeta un coup d'œil et fit :
« C'est ce fameux petit frère, celui que tu soupçonnais d'être l'enfant illégitime de ton père ? »
Yan Tianhen poussa un Ah et se tourna d'un air confus vers son frère.
« Grand frère, je ne suis pas le fils illégitime de Papa, tu as mal compris. »
Il aurait été bien difficile de résumer en un mot l'état d'esprit actuel de Lin Xuanzhi. Il lança un regard compliqué à Bei Cangmo au visage impassible et étira le coin de ses lèvres.
« Grand frère martial, et si tu me disais ce que tu as à me dire, hein ? Je ne peux pas m'attarder plus longtemps ici. Tu as bien vu : ça fait à peine un jour que je suis là et on en veut déjà à ma vie.
– Aouh wouh aouh wouh ! » feula Ah Bai en désignant la scène de sa tête.
Le regard de Bei Cangmo devint glacial.
« Qui ? demanda-t'il.
– Je l'ignore, fit Lin Xuanzhi en secouant la tête.
– Tu l'ignores vraiment ? insista l'autre avec un regard lourd.
– Je l'ignore vraiment. »
Bei Cangmo marqua une pause puis reprit :
« Je n'ai pas pu t'aider autrefois, ton grand frère martial t'a failli. »
Lin Xuanzhi secoua la tête.
« Je sais que tu as fait de ton mieux mais tu ne pouvais rien faire pour m'aider.
– Tu refuses toujours de me dire qui t'a blessé ?
– Ce n'est pas que je ne veuille pas te le dire, c'est que je l'ignore moi-même, » argua Lin Xuanzhi.
Notes de Karura : Beaucoup de choses se passent dans ce chapitre. Nous avons fait la connaissance du père de Yuan Tianwen et quelque part, on voit la ressemblance ~
Notes du chapitre :
(1) C'est une phrase typique pour les parents qui marient leur fille.
(2) Je pense que c'est un jeu de mots avec : être né avec une cuillère d'argent dans la bouche = être né riche, naturellement avantagé.
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