Chapitre 119 : Une affaire se présente à la porte
Les deux frères se rendirent ensemble dans les rues de la ville.
Duan Yuyang n’avait jamais aimé rester dans la résidence des Duan. Si on voulait le trouver, il fallait se rendre dans des endroits où on voyait des gens de tous bords, comme la rue où se trouvait la Salle Martiale du Tyran Céleste. C’est un endroit où Duan Yuyang traînait souvent.
Sans surprise, quand ils trouvèrent le jeune homme, il était en train de jouer aux dés avec d’autres dans le casino.
« Six six six ! Donnez-moi un six pour ce jeune maître ! » rugit Duan Yuyang, la nuque rougie.
Son air concentré qui frôlait la folie le faisait paraître comme un joueur fanatique.
Au final, il obtint trois un.
Tout le monde autour éclata de rire. Duan Yuyang roula des yeux et poussa l’or posé devant lui en déclarant :
« Quand on accepte de parier, on accepte de perdre. Ceci est à vous désormais. »
L’or fut aussitôt embarqué. Au moment où le jeune homme se préparait à une nouvelle partie, il se fit tirer en arrière par le col.
« Putain, qui a l’audace de... » se mit-il à jurer aussitôt.
Mais quand il tourna la tête, il vit Lin Xuanzhi, au visage d’immortel et à l’air indifférent. Il se calma aussitôt, déglutit et fit :
« Ah, c’est toi.
– Désolé de déranger le jeune maître Duan dans ses loisirs, mais auriez-vous le temps de discuter un peu ?
– Puisque c’est une beauté qui m’invite, bien sûr que j’ai le temps, répondit-il en se levant. Vous autres, continuez à jouer. Ne m’attendez pas. »
Quelques-uns des joueurs échangèrent des regards et protestèrent :
« Jeune maître Duan, vous vous amusiez tellement et vous voulez vous retirer ?
– Oui, ah, vous êtes bien lancé. Vous allez peut-être vous refaire à la prochaine partie.
– Allez, encore une partie. »
Duan Yuyang les écouta essayer de l’inciter à jouer à tour de rôle et ne put s’empêcher de rire.
« Ne croyez pas que j’ignore que vous travaillez en bande et que vous avez triché. Il faut savoir quand s’arrêter, vous ne croyez pas ? Sinon, si ce jeune maître finit de mauvaise humeur, sachez que les gens dehors sont tous des hommes de main au service de la famille Duan et imaginez un peu quelles seront les conséquences pour vous, hein ? »
Dès qu’il eut prononcé ces paroles, tous les joueurs roublards gardèrent la bouche close.
Quand il sortit du casino, Duan Yuyang vit Yan Tianhen qui se tenait à l’extérieur.
Il arbora aussitôt un large sourire et accourut vers le garçon pour l’étreindre comme un ours. Il s’écria :
« Cela fait des jours que je ne t’ai pas vu. Ah Hen, brave garçon, viens vite faire un bisou à ton Gege. »
Les lèvres de Lin Xuanzhi frémirent et il tira Duan Yuyang en arrière.
« Jeune maître Duan, je n’aurais jamais cru qu’en l’espace de quelques jours, vous seriez passé de harceler les hommes et les femmes à manger, boire, fréquenter les prostituées et jouer.
– Tu te trompes : je ne fais que manger, boire et jouer. Je n’ai jamais fréquenté les prostituées, » rectifia aussitôt Duan Yuyang d’un air très sérieux.
Yan Tianhen secoua la tête et remarqua :
« Frère Yuyang, tu ne jouais pas avant.
– C’est parce que mon ancien moi ne connaissait pas le vrai sens de la vie, » expliqua Duan Yuyang avec le plus grand sérieux.
Yan Tianhen : « ... »
Lin Xuanzhi haussa un sourcil et s’enquit :
« Alors pour toi, le vrai sens de la vie, c’est parier ?
– Non, non, non, c’est juste sourire en voyant tous les êtres pensants, répondit-il d’un ton très mystérieux.
– Tu savais parfaitement que ces gens-là étaient des tricheurs, pourtant tu t’es empressé de leur donner ton argent. Je n’avais encore jamais vu quelqu’un agir comme ça, soupira Lin Xuanzhi en secouant la tête.
– Considère que ce jeune maître se déleste de sa richesse pour soulager la pauvreté des autres, bah, » fit simplement Duan Yuyang.
Lin Xuanzhi : « ... »
Que pouvait-il dire d’autre ?
Yan Tianhen plissa son petit visage et fit :
« Frère Yuyang, je me suis toujours dit que ce n’esit pas bien de jouer au casino.
– Je pense pareil. Ce genre de jeu d’argent avec des gens, ça n’a rien d’amusant. Parier sur des pierres Cela existe réellement en Chine : on paie pour une pierre qui est ensuite coupée devant nous. Le but est de voir si la pierre contient du jade. (1), voilà qui est vraiment amusant, fit Duan Yuyang avec volubilité. Et si je t’emmenais parier sur les pierres, hein ? »
Un regard d’envie apparut sur le visage du garçon. Il cligna des yeux et fit :
« Ce sont les pierres qui peuvent contenir des trésors rares et inimaginables et on peut devenir l’homme le plus riche de la ville avec juste un simple coup de couteau ?
– C’est bien ça, ah, acquiesça le jeune homme.
– Dis-moi, frère Yuyang, tu as déjà parié sur des pierres avant ?
– Bien sûr que oui. Tout ce avec quoi on peut s’amuser dans la cité de Qing, qu’est-ce que je n’ai pas déjà testé ? »
Quand on parlait de manger, boire et prendre du bon temps, Duan Yuyang était le précurseur de toute une génération.
Yan Tianhen cligna des yeux et demanda alors :
« Dans ce cas, pourquoi tu n’es pas encore devenu l’homme le plus riche de toute la cité de Qing ? »
Duan Yuyang trébucha et faillit tomber par terre.
Lin Xuanzhi sourit en regardant le petit visage de Yan Tianhen. Il avait parfois l’impression que son petit frère était parfois remarquablement insouciant.
Duan Yuyang fit d’un ton embarrassé :
« C’est parce que j’ai toujours eu de la malchance, je n’ai pas réussi une seule fois à couper quelque chose de bien. »
Lin Xuanzhi intervint :
« Ce n’est pas une question de malchance, c’est juste que dans tous les lieux de paris sur pierre de la ville de Qing, il n’y a aucune pierre qui te rapportera assez. »
Duan Yuyang en resta interloqué et s’écria :
« Qu’est-ce que tu racontes ? Comment serait-ce possible ? J’ai déjà vu de mes propres yeux quelqu’un couper une pierre et elle contenait du jade ! »
Lin Xuanzhi le fixa un moment avant de révéler :
« C’est juste une arnaque. Toutes les pierres sont déjà coupées à l’avance puis recollées ensemble avec une méthode spéciale. Puis ils coupent une bonne pierre devant toi pour te faire croire que les pierres qu’ils possèdent peuvent rapporter, mais en réalité… hé hé. »
Le jeune homme faillit bondir d’indignation.
« Putain, ils osent mentir à ce jeune maître ! Alors d’après toi, les stands de paris sur les pierres ne sont qu’une vaste arnaque ?
– Pas forcément, nuança Lin Xuanzhi en secouant la tête. Il y en a quelques-uns d’honnêtes, mais ils sont tous contrôlés par les grandes familles et les grandes sectes, et il est difficile de voir à travers les pierres, alors personne ne peut vraiment savoir ce qu’elles contiennent. »
En entendant ça, le jeune homme en fut si déprimé qu’il faillit cracher du sang.
Il ne craignait pas de perdre de l’argent, non. Ce qui l’énervait, c’était qu’il avait perdu de l’argent sans même se rendre compte qu’il se faisait arnaquer.
Il soupira puis reprit :
« Bon, on ne va pas au Palais des Trois Trésors sans raison On ne va pas chez quelqu’un sans avoir un service à lui demander. (2). Pourquoi vous êtes venus ici me voir ? »
Lin Xuanzhi vit qu’il était enfin d’humeur à parler affaires, alors il expliqua patiemment le but de leur visite d’aujourd’hui.
« Alors tu veux un manuel de cultivation d’alchimiste ? »
Duan Yuyang fronça les sourcils et réfléchit un moment.
« Je peux t’en trouver un, mais les sceaux de main et les formules de pilules, je n’arriverai pas à te les trouver.
– Je comprends. Les formules de pilules et de remèdes sont vitaux pour les alchimistes et les cultivateurs pharmaciens. Ils ne vont pas les montrer aux gens comme ça, fit Lin Xuanzhi en hochant la tête. En plus, il me faut aussi une Pierre Ignée Dorée et trois plants d’Herbe à Raffiner. »
Duan Yuyang le fixa avec surprise.
« Une Pierre Dorée Ignée et trois plants d’Herbe à Raffiner, ce sont les matériaux de base pour fabriquer un chaudron à pilules. Ne me dis pas que tu vas toi-même forger un chaudron à pilules pour Ah Hen ?! »
Lin Xuanzhi hocha la tête.
« C’est exactement mon intention. Il y a un problème ? »
Duan Yuyang écarquilla les yeux.
« Tu dois savoir que forger un chaudron à pilules, ce n’est pas comme forger autre chose. L’Artisan doit aussi s’y connaître un peu en alchimie. Et quand vient le moment d’intégrer l’Herbe à Raffiner dans le chaudron en cours de fabrication, il ne faut être ni trop rapide, ni trop lent. Il faut au moins sept jours et sept nuits pour réussir à forger le chaudron. En plus, c’est une technique bien précise qu’il faut utiliser. Une différence ne serait-ce que d’un sceau de main pourrait résulter en un produit défectueux. Bien que l’alchimiste ne s’en rendrait pas compte comme ça, dès qu’il s’en servira, le chaudron risque d’exploser en mille morceaux.
– Je comprends ce que tu dis, » fit Lin Xuanzhi en hochant la tête avec désinvolture.
Duan Yuyang fronça les sourcils.
« Il se trouve que j’ai un chaudron à pilules qui va être mis aux enchères. Et si je le gardais pour toi ? Mais tu sais, il s’agit d’un chaudron Primaire de qualité haute et à la fonction d’auxiliaire qui nous a été confié depuis deux semaines déjà. J’ai bien peur que des gens de tous bords qui veulent s’attirer les bonnes grâces d’un alchimiste et même des alchimistes qui désirent acquérir ce chaudron sont déjà au courant de sa mise en vente et vont se presser aux enchères. Si je te le cède en privé, j’ai peur que cela ne nuise fortement à la réputation de la maison des enchères de la famille Duan et que cela ne provoque un désastre. »
Lin Xuanzhi refusa la proposition généreuse mais déraisonnable du jeune homme et affirma :
« Si j’ose me lancer dans cette fabrication, c’est que je suis sûr de réussir. »
Duan Yuyang soupira et fit d’un ton démuni :
« Je ne peux vraiment pas lutter contre toi. Bon, venez quand même avec moi cet après-midi dans ma maison des enchères. Je crois me souvenir qu’il y aura d’autres matériaux en vente.
– C’était bien mon intention, » fit Lin Xuanzhi en hochant la tête.
Les Caves Terres et Ciel.
Le patron Feng était en train de boire avec grand plaisir à la coupe qu’il tenait quand il vit un de ses employés entrer en courant.
« Pourquoi toute cette agitation ? demanda-t’il en haussant un sourcil.
– Patron, quelqu’un vient de voir Lin Xuanzhi dans la rue principale ! » s’empressa de rapporter l’homme.
Le patron Feng se redressa aussitôt dans son fauteuil à bascule à cette nouvelle. Il se leva rapidement et s’écria :
« Nos hommes l’ont intercepté ? »
L’employé reconnut d’un ton embarrassé :
« Il était avec le jeune maître de la famille Duan alors je n’ai pas osé les déranger. Mais ça fait un moment qu’ils discutent sans bouger, je crois qu’ils vont rester là un bon moment.
– Alors pourquoi tu restes là à me débiter tes sornettes ? Viens vite avec moi pour inviter le jeune maître Lin ! » s’écria le patron Feng.
Il n’oublia pas de déposer soigneusement la petite coupe d’alcool qu’il avait conservé pour son usage exclusif dans une boîte exquise. Pus il se rua dehors tout en remettant de l’ordre dans sa tenue.
L’employé qui le suivit ne put s’empêcher de sourire et de songer : Dire qu’il m’a reproché mon agitation alors que c’est lui qui court plus vite que tout le monde.
Depuis que le patron Feng avait acheté quelques coupes à Lin Xuanzhi la dernière fois et qu’il en avait goûté la douceur, il s’était rendu compte qu’une fois la liqueur spirituelle versée dans ces coupes, non seulement le goût était meilleur, plus net et délicieux, mais en plus cela augmentait un peu le Qi spirituel de celui qui en buvait !
C’était vraiment digne de la meilleure liqueur des Caves Terres et Ciel, ah !
Le patron Feng avait alors voulu trouver Lin Xuanzhi sur-le-champ pour signer une grosse commande. Cependant, il ne s’était pas attendu à ce que, une fois qu’il s’était résolu à mettre sa fierté de côté et était allé le voir, Lin Xuanzhi était déjà parti en voyage.
Son attente dura presque un mois.
Et même depuis son retour, il y eut une ou deux occasions où le patron Feng arriva au mauvais moment alors cette fois, Feng Lun s’était juré de ne pas le laisser s’enfuir.
Toutefois, il s’avéra que Feng Lun s’était inquiété pour rien.
Les trois jeunes gens se dirigeaient en fait vers les Caves Terre et Ciel.
De son regard perçant, Feng Lun repéra aussitôt Lin Xuanzhi dans la foule et agita les mains en s’écriant :
« Jeune maître Lin ! »
Les passants lui jetèrent des regards en coin.
Feng Lun ne se soucia guère du regard des autres. Il s’avança rapidement vers Lin Xuanzhi et l’accueillit en souriant :
« Jeune maître Lin, cela faisait bien longtemps. Comment allez-vous en ce moment ? »
Lin Xuanzhi hocha la tête et répondit :
« Je vais bien. Je vois que les joues du patron Feng sont bien rouges. Avez-vous eu un heureux événement récemment ? »
Le patron Feng partit d’un rire jovial.
« Bien sûr qu’il y a eu un heureux événement et c’est entièrement à vous que je le dois, jeune maître Lin. Vous m’avez permis de faire une excellente affaire ! »
Lin Xuanzhi haussa légèrement un sourcils et fit mine de ne pas comprendre.
« Oh ? Mais pourtant, je ne me souviens pas avoir fait quoi que ce soit pour le patron Feng. »
Le patron Feng était impatient d’aborder directement le sujet et commenta intérieurement que Lin Xuanzhi était vraiment très doué pour tourner autour du pot. Alors il le fixa et fit en riant :
« Le jeune maître Lin est vraiment une personne éminente à la mémoire courte. Vous rappelez-vous qu’il y a quelques temps, vous m’avez vendu des coupes d’alcool dans cette rue-même ? »
Lin Xuanzhi hocha la tête et fit :
« Je me rappelle de cette histoire, mais ce n’étaient que quelques coupes insignifiantes, c’est tout. Comment cela aurait-il pu aider le patron Feng ? »
L’homme en resta estomaqué et songea : La qualité et les effets de ces coupes ne peuvent se décrire qu’avec le mot ‘ahurissant’. Pourtant dans la bouche de Lin Xuanzhi, cela devient juste ‘quelques coupes insignifiantes’.
Ce Lin Xuanzhi, à quel niveau terrifiant d’Artisan se trouve-t’il actuellement?
Mais dans tous les cas, il devait absolument amadouer Lin Xuanzhi afin de faire affaires avec lui.
« Artisan Lin, si vos petites coupes insignifiantes sont unies à la liqueur de mes Caves, alors cela donne quelque chose de merveilleux, ah, fit le patron Feng en souriant. Vous ne le savez pas mais depuis que j’ai bu de la liqueur spirituelle dans votre coupe, je ne peux plus supporter d’en boire dans des coupes ordinaires. »
À ces paroles, Duan Yuyang hocha la tête pour approuver :
« Les coupes d’alcool qu’il a forgées sont effectivement tout sauf ordinaires. »
Le patron Feng approuva aussi de la tête.
« Je me demandais si l’Artisan Lin pourrait me fournir plus de coupes d’alcool dans le même style. Quant au prix... hé hé, nous pouvons en discuter, nous pouvons complètement en discuter. »
Lin Xuanzhi eut un léger sourire.
« Cela peut se faire, mais est-ce que le patron Feng est sûr de vouloir faire affaire ici même ? »
Notes du chapitre :
(1) Cela existe réellement en Chine : on paie pour une pierre qui est ensuite coupée devant nous. Le but est de voir si la pierre contient du jade.
(2) On ne va pas chez quelqu’un sans avoir un service à lui demander.
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