Chapitre 193 : Un noble guerrier portant le chapeau
Yan Tianhen se frotta le menton et réfléchit un bon moment. Il fit ensuite d’un ton perplexe :
« Mais les Artisans ne sont-ils pas les gens les plus respectés au monde ? Comment quelqu’un oserait-il s’en prendre à un Artisan ?
– Les gens sont fondamentalement bons mais une personne peut susciter la jalousie en raison de son talent, expliqua Lin Xuanzhi. Si tout le monde était aussi pur et gentil qu’Ah hen, il n’y aurait nul besoin que les châtiments existent. »
Yan Tianhen fit avec un léger rire.
« Grand frère, tu aimes vraiment me rendre heureux.
– Ne suis-je pas censé te rendre heureux ? »
Lin Xuanzhi sourit et lui tapota l’épaule.
« Assez parlé pour ce soir, on ferait mieux de se reposer. Demain, tu dois participer à la compétition d’alchimie. »
Le garçon hocha la tête et s’allonger de nouveau, se pelotonnant sous la couverture.
Il regarda Lin Xuanzhi et cligna des yeux.
« Grand frère, quand est-ce que la guide des Artisans dont tu as parlé sera mise en place, ah ?
– C’est un immense projet, répondit Lin Xuanzhi d’un ton indifférent. Cela ne va certainement pas se faire à court terme. »
Yan Tianhen semblait très intéressé.
« Un jour, ce sera forcément possible. »
Lin Xuanzhi sourit et ses pensées se tournèrent vers les jeunes années de sa vie précédente.
Dans sa vie passée, la guilde des Artisans avait bel et bien vu le jour, mais ce n’était pas lui qui l’avait fondée. À l’époque, il n’avait pas encore réveillé son feu d’Artisan alors naturellement, il n’avait strictement rien à voir avec la guilde des Artisans.
Le fondateur de la guilde des Artisan était alors un homme du nom de Su Zixing. Il était un junior de la famille d’élite Su et aussi un maître Artisan renommé dans les Cinq Continents.
On ne savait plus très bien quelle avait été son intention de départ en fondant la guilde des Artisans, mais cette guilde lui avait procuré des avantages sans fin — réputation, foule d’admirateurs, argent, relations…
Voilà pourquoi, quand il avait conspiré avec d’autres pour unir leurs forces dans le but de tuer Yan Tianhen, cela s’était très bien passé et sans le moindre obstacle.
Lin Xuanzhi n’avait aucune affection particulière pour la guilde des Artisans. En fait, il haïssait même l’existence de cette association.
Cependant, puisque la guilde des Artisans était vouée à voir le jour quoi qu’il arrive, plutôt que de tenter d’éliminer cette association, il avait autant laisser la guilde des Artisans devenir un renfort pour lui.
Lin Xuanzhi se souvenait encore parfaitement qu’un jour, Su Zixing était ivre et lui avait alors confié :
« La plus grande partie de la guilde des Artisans, c’est le Quatrième Aîné Bai qui a aidé à la mise en place. Si je n’étais pas au courant de ce qui lui était arrivé durant son enfance, j’ai bien peur que je n’aurais jamais réussi à l’embobiner là-dedans. »
C’est également grâce à Su Zixing que Lin Xuanzhi avait appris le passé tragique du Quatrième Aîné Bai.
Et quelques années plus tard, le Quatrième Aîné Bai avait pris avec lui quelques cultivateurs de la guilde des Artisans pour faire un bain de sang dans une grande cité des Cinq Continents sans raison apparente. On pouvait en déduire que ce qu’avait dit Su Zixing n’était sans doute pas faux.
Sans cette immense haine profonde, pour quelle autre raison le Quatrième Aîné Bai n’avait-il pas laissé ces gens vivre après autant d’années ?
Su Zixing, Shen Changgeng.
Quand Lin Xuanzhi songea à ces deux-là, ses yeux devinrent encore plus froids, comme des milliers de li de glace à l’extrême nord.
Résidence Bai.
Lin Zezhi avait raccompagné le Quatrième Aîné Bai chez lui. Avant même d’atteindre les portes de la résidence Bai, il vit de loin s’ouvrir les deux battants de la résidence entièrement éclairée.
L’âme de Lin Zezhi en frémit. En regardant le Quatrième Aîné Bai qui vacillait mais avait un grand sourire, il tendit la main pour le soutenir, un peu tremblant.
Mais l’autre homme repoussa sa main.
Le temps qu’ils arrivent à l’entrée, Lin Zezhi n’avait pas encore trouvé ce qu’il allait dire. Il vit les deux aînés qu’il avait vus plus tôt dans la journée apparaître subitement à l’entrée ensemble.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Tu es de retour ? » demanda le Premier Aîné Bai, la mine sombre.
Le Quatrième Aîné lâcha deux ha ha. Son ton était clairement un peu abruti.
Le Troisième Aîné prit un air glacial et fit à Lin Zezhi :
« Tu l’as laissé boire autant ? Tu ne tiens pas à la vie ou quoi ? »
Lin Zezhi prit un air innocent. Il se gratta le nez et expliqua :
« Ce n’est pas avec moi que le Quatrième Aîné a bu. »
Le Troisième Aîné lui jeta un regard de travers et plissa les yeux.
« Qu’est-ce que Lin Xuanzhi lui a dit ? »
Lin Zezhi songea alors : Ces Aînés de la famille Bai sont vraiment trop forts. Ils arrivent à trouver du premier coup la raison en gros.
Au moment où le jeune homme allait prendre la parole, il se fit devancer par le Quatrième Aîné :
« Frère Lin, ah — Frère Lin est un type bien, fit le Quatrième Aîné avec des yeux brillants en passant ses bras autour du Premier Aîné. Frère Lin est vraiment un chic type. Non seulement il m’a invité à dîner, mais il m’a aussi invité à boire. Il a également demandé à ce qu’on me raccompagne. Il a dit aussi qu’il voulait fonder une guilde des Artisans. Comme ça, si quelqu’un ose me faire du mal, il ira chercher de l’aide pour les tabasser et me sauver, et m’empêcher de souffrir énormément ! »
Quand le Premier Aîné de la famille Bai entendit ça, son visage changea soudain d’expression.
Même le Troisième Aîné, qui ne parlait jamais en général et arborait toujours une expression tendue, prit un air surpris auquel se mêlait un peu de colère.
« Ha ha, frère Lin est vraiment un type bien. »
Le Quatrième Aîné ne cessait de frotter son visage contre les bras du Premier Aîné, comme s’il jouait les enfants gâtés. Tout à coup, il changea de ton et fit comme en sanglotant :
« Grand frère, ils m’ont tous fait du mal. Il ne voulaient pas me donner à manger et ils m’ont donné du poison ! »
Le teint du Premier Aîné changea encore et encore. Une furieuse envie de meurtre apparut dans son regard mais il parla d’une voix douce, comme pour cajoler un enfant.
Il tapota gentiment le dos de son petit frère et fit :
« C’est fini, c’est du passé. Un jour, je tuerai ces gens pour toi. »
Le Quatrième Aîné le repoussa soudain et le fixa droit dans les yeux en faisant la moue.
« Pas question, je veux les tuer de mes propres mains. Aucun de vous n’a intérêt à s’en mêler ! »
Le Premier Aîné sentit une migraine venir, alors il hocha rapidement la tête.
« Bien, bien, bien, on fera comme tu dis et comme tu veux. Je ne m’en mêlerai absolument pas.
– Mmph, je préfère ça » grommela le Quatrième Aîné.
Après ça, il ferma les yeux et tomba directement la tête la première.
Le Premier Aîné s’empressa de le rattraper dans ses bras.
Aussitôt après, il rétrécit les yeux et fixa Lin Zezhi, le seul à être informé. Il fit avec un sourire qui n’atteignit pas ses yeux :
« Le Lin Xuanzhi de ta famille Lin est vraiment quelque chose. Il ose dire ce que bon lui chante sans craindre qu’on lui coupe la langue ! »
Lin Zezhi partit aussitôt d’un rire jaune et leva la main vers le ciel pour prêter serment :
« Je vous jure que ce ne sont absolument pas les propres paroles de Xuanzhi. »
Le Troisième Aîné plissa les yeux comme pour soupeser la véracité de ses paroles.
Le dos de Lin Zezhi se couvrit de sueur froide sous l’effet d’un tel regard.
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Au bout d’un moment, le Premier Aîné fit au Troisième Aîné :
« Referme les portes. »
Le Troisième Aîné hocha la tête avant de se tourner vers Lin Zezhi :
« Entre. »
Lin Zezhi franchit donc les portes de la résidence Bai en tremblant.
Il avait l’impression ce soir d’être le noble guerrier portant le chapeau.
Le Troisième Aîné traça un sceau magique. Les deux immenses et somptueux battants rouges de la porte se refermèrent lentement des deux côtés vers le centre. Lin Zezhi jeta un coup d’œil aux portes, sur lesquelles étaient gravées des illustrations de bêtes spirituelles. Il voulut regarder de plus près mais se rendit alors compte que sa tête se mit à tourner et que sa vue se troubla. Il semblait y avoir une force qui l’empêchait de continuer à regarder les portes.
Ces deux battants étaient en fait des outils précieux !
Sans surprise, ils étaient effectivement la famille numéro un des Artisans de tous les Cinq Continents : riches et autoritaires, qui se distinguaient de l’ordinaire.
Le Troisième Aîné instruisit Lin Zezhi d’un ton docte :
« Si tu ne veux pas te blesser dans la demeure principale, ne laisse pas traîner ton regard et ne touche à rien. Il y a des outils magiques offensifs à l’intérieur. S’il y a un accident, nous n’aurons sans doute pas le temps de venir à ton secours. »
Lin Zezhi s’empressa de hocher la tête.
« Bien.
– Tu resteras dans une chambre d’ami pour les prochains jours, continua l’autre homme. Je pense que nous allons longuement discuter cette nuit. »
Il marqua une pause un moment, puis s’arrêta et se tourna vers le jeune homme pour demander :
« Cela te pose un problème ?
– Aucun problème, non, bien sûr, » répondit Lin Zezhi sans la moindre hésitation ou réticence.
Toutefois, il grommelait intérieurement : Putain, tu libères la pression de ta force spirituelle de maître Artisan pendant que tu parles, alors ce jeune maître est à deux doigts de s’agenouiller à cause de cette pression écrasante. Tu crois que j’oserais dire que ça me pose problème ?
Le Troisième Aîné hocha la tête avec satisfaction et commenta :
« Quel jeune homme intelligent. »
Lin Zezhi : « … »
J’ai envie d’insulter quelqu’un.
Le lendemain après-midi, Lin Xuanzhi avait accompagné son petit frère au sommet de la montagne pour participer à la compétition d’alchimie et était ensuite retourné à sa place dans les rangs de la famille Lin. Il vit alors Lin Zezhi et eut la surprise de remarquer deux cercles noirs sous les yeux de son cousin et son air vidé et abruti, comme s’il n’avait pas fermé l’œil de toute la nuit.
Il toisa de la tête aux pieds son cousin, qui avait des cernes et l’air abruti, et fit :
« Tu n’as donc pas dormi de toute la nuit ? »
Lin Zezhi agita la main, comme s’il était sur le point de fondre en larmes. Il fit d’une voix faible :
« La prochaine fois, trouve quelqu’un d’autre pour faire ça. Tu ne t’imagines pas, ces Aînés Bai sont tous plus terrifiants les uns que les autres. Ils m’ont tous les trois bombardé de questions à tour de rôle comme si j’étais dans un tribunal. Ils ont eu peur que toi et moi, on ait organisé un complot pour kidnapper leur pauvre petit frère impuissant qui est le meilleur et le plus pur au monde, mais aussi le plus facile à berner ! »
Lin Xuanzhi : « … »
Qui diable était pauvre, petit et impuissant ?
Lin Zezhi allait devenir fou ! Comment ces Aînés pouvaient-ils penser qu’il avait de sombres intentions envers un Artisan qui était un million de fois plus puissant que lui tout en s’imaginant sérieusement qu’il allait y arriver, en dépit du ridicule de la chose ?
Bordel, il n’avait pas ce genre de tendances bizarres de pédophile !
En plus, il s’agissait d’un aîné de la famille Bai, un aîné de la famille Bai, ah !
Lin Xuanzhi le regarda avec compassion et se sentit un peu coupable.
Après tout, c’était lui qui avait initié l’affaire d’hier. Lin Zezhi était juste resté par curiosité ainsi que pour certaines raisons égoïstes qui ne valaient pas la peine d’être mentionnées et il l’avait écouté berner le Quatrième Aîné tout du long. Et après ça, il avait été utilisé comme bouclier pour bloquer les poignards…
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Lin Xuanzhi lui tapota l’épaule et fit d’un ton sincère :
« C’était dur pour toi. Si cela se fait, je n’oublierai pas que je te suis redevable. »
Lin Zezhi : : « … »
Devait-il le remercier pour ça ?
Il eut un rire jaune et fit :
« Laisse plutôt les autres faire ce genre de bonne action, hein ? Je n’en peux vraiment plus. »
Lin Xuanzhi fit d’un ton léger :
« Sur le chemin du succès, il y a toujours du sang et des larmes versés. Je crois en tes compétences. »
Lin Zezhi : « … »
Qu’est-ce que ce jeune maître peut dire de plus ?
La compétition d’alchimie n’allait pas tarder à débuter.
Sur le terrain en hauteur, Yan Tianhen était placé au centre.
Comme Lin Xuanzhi s’était fait brillamment remarquer la veille et que toute la cité du Pic Céleste ne parlait quasiment plus que de lui, Yan Tianhen, qui était toujours avec lui, avait aussi naturellement attiré l’attention de bien des gens.
Le garçon baissa la tête et regarda le petit canard que son frère lui avait donné.
Bien que cette figurine de canard de la taille d’un pouce avait l’air potelé et mignon, c’était en fait un outil magique auxiliaire pour protéger des explosions que Lin Xuanzhi avait forgé exprès pour lui.
D’après Lin Xuanzhi, cet outil magique pouvait complètement absorber tout l’impact causé par l’explosion d’un fourneau à pilules.
Yan Tianhen était en train de l’observer quand on parla à côté de lui.
« Tu es le petit frère de ce fabuleux Artisan d’hier ? » fit une voix plutôt fragile et un peu timide à côté de lui.
Yan Tianhen se tourna pour regarder et vit qu’il s’agissait d’un bel adolescent qui avait environ le même âge que lui.
Si on voulait entamer une conversation avec Yan Tianhen, le meilleur moyen était de parler de Lin Xuanzhi. Ce jeune adolescent s’était donc en fait très bien pris pour parler, mais ce n’était pas non plus comme s’il l’avait fait volontairement.
Yan Tianhen hocha automatiquement la tête et fit :
« C’est effectivement mon grand frère. Tu le trouves très admirable ? »
Le visage de l’autre garçon révéla un air de vénération.
« Oh oui, je n’avais encore jamais vu un Artisan aussi puissant que lui ! Il est vraiment très fort et si imperturbable ! »
Yan Tianhen était aux anges. Il redressa le menton et fit d’un ton de fierté :
« Oui, hein ? Je trouve aussi que mon grand frère est l’Artisan le plus puissant que j’ai jamais rencontré.
– En plus, il est tellement beau ! fit l’adolescent avec des étoiles dans les yeux. Je n’avais encore jamais vu quelqu’un d’aussi beau que lui. »
Yan Tianhen apprécia aussitôt cet adolescent et il fit :
« J’ai rarement vu quelqu’un qui a aussi bon goût que toi. Tu t’appelles comment ? »
Le garçon cligna des yeux.
« Je m’appelle Ji Xiaoyou.
– Tu viens de la famille Ji du Continent Sud ? » s’enquit Yan Tianhen.
Ji Xiaoyou marqua une pause avant de répondre par un En.
Yan Tianhen réfléchit un moment puis demanda :
« La famille Ji du Continent Su, alors est-ce que tu connais Ji Lanjun, ah ? »
La parole à l’auteuse :
Lin Zezhi l’amer : Vous tous, croyez-moi, je n’ai vraiment aucune pensée impure envers le Quatrième Aîné Bai, ah. Ying ying ying.
Note de Karura : Pour rappel, Ji Lanjun est la mère de Lin Zhantian et Lin Yuhan.
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