Chapitre 201 : L’imbécile Huangfu

Lin Xuanzhi avait été furieux et déçu, il avait eu l’impression qu’on ne pouvait plus rien faire pour Yan Tianhen.

Depuis ce jour, il avait complètement rompu tout lien avec lui.

Quel rôle avait joué Huangfu Jin dans tout ça ?

Lin Xuanzhi se rappela qu’un fois qu’il avait finalement tué Yan Tianhen de ses propres mains, Huangfu Jin avait contemplé l’homme en vie et le cadavre, puis avait fait avec un sourire de dément :

« Yan Tianhen, cet homme, ah… Il n’était certainement pas quelqu’un de bien mais il ne méritait pas la mort pour autant, ah. Ah Xue t’aimait mais toi, tu n’as pas voulu de lui. Tu ne l’as même pas regardé, tu voulais juste être avec ce type. À présent que Ah Xue est mort, je n’allais sûrement pas te laisser obtenir ce que tu désirais. Lin Xuanzhi, tu sens à présent ce que ça fait de perdre celui que tu aimes ? »

Ce n’était définitivement pas de la faute de Huangfu Jin si Yan Tianhen était mort. Celui qui avait réellement fait du mal à Yan Tianhen était quelqu’un d’autre.

Cependant, Huangfu Jin avait quand même joué un rôle en jetant de l’huile sur le feu.

Que ce soit dans le passé ou le présent, tout était affaire de causes et de conséquences. Lin Xuanzhi regarda le jeune adolescent frêle en face de lui et tendit la main pour lui caresser doucement la joue.

« Lui et moi, nous avons eu quelques différends par le passé. Juste quelques paroles qui l’ont mis mal à l’aise, ce n’est pas grand-chose, » expliqua-t’il.

Il haïssait Huangfu Jin mais ce dernier n’avait pas eu une belle fin dans sa vie précédente. Alors pour le bien de Leng Jixue et Bai Yichen, il pouvait retirer temporairement Huangfu Jin de la catégorie ‘à tuer à tout prix’, mais jamais il ne le laisserait être trop heureux.

Sans aller jusqu’à le torturer, il restait nécessaire de le punir un peu afin d’éviter de plus grosses erreurs.

Qui plus est, Huangfu Jin était condamné à connaître une vie amoureuse compliquée. Le Dao du Ciel avait déjà décidé de son karma alors naturellement, Lin Xuanzhi ne voulait pas trop s’en mêler.

Quant à Yan Tianhen, il hocha la tête sans vraiment comprendre. Grand frère aime vraiment me pincer la joue, ah.

Huangfu Jin ramena rapidement la Bannière Fantôme Yin et Lin Xuanzhi lui tendit volontiers l’épée qu’il avait réparée.

Huangfu Jin ne dit pas un mot et allait faire demi-tour pour s’en aller.

Lin Xuanzhi l’interpela :

« Jeune seigneur de la cité Huangfu, il y a une certaine chose à laquelle je n’ai cessé de songer et je pense qu’il est nécessaire de te le signaler. »

Huangfu Jin tourna la tête vers lui et fit, son beau visage trahissant son impatience :

« Quelles bonnes intentions tu pourrais bien avoir ? »

Sans se vexer, Lin Xuanzhi répondit :

« C’est clairement à Leng Jixue que tu as donné ton épée, mais c’est Bai Yichen qui l’a finalement apportée dans la compétition. Ces deux-là semblent bien se connaître.

– Ah Xue ne connaît pas du tout Bai Yichen. »

Après que Huangfu Jin ait lancé ça sans réfléchir, il en resta stupéfait un moment.

« S’ils ne se connaissent pas, comment ont-ils fini par s’arranger ? »

Il était très peu probable que Leng Jixue connaisse à l’avance la nature de la compétition. Et même s’il l’avait su, il n’aurait jamais confié cette épée brisée aux organisateurs du Tournoi des Cent Familles sans la permission de Huangfu Jin.

Sauf si quelqu’un lui avait spécifiquement demandé cette épée.

Bai Yichen… quel était son rôle dans tout ça ?

Huangfu Jin jeta un regard profond à Lin Xuanzhi, puis se tourna et partit.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Yan Tianhen se frotta le menton et commenta :

« Grand frère, tu veux qu’il aille importuner le jeune maître Bai ?! »

Le jeune homme acquiesça.

« Toute injustice a son responsable et toute dette a son collecteur. Je l’ai gentiment aidé en réparant cette épée, mais je ne peux pas le laisser me mettre ça sur le dos, non ?

– Alors il va aller voir le jeune maître Bai ? »

Lin Xuanzhi sourit :

« C’est fort possible. Il est également grand temps que ces deux-là se rencontrent et apprennent à se connaître. »

Dans la vie précédente, Huangfu Jin et Bai Yichen ne s’étaient rencontrés que bien plus tard et ne s’étaient connus qu’une fois qu’il n’y avait plus aucun retour en arrière. Au bout du compte, Huangfu Jin avait découvert le secret de Bai Yichen et avait totalement perdu la raison.

Bien des années plus tard, quand Lin Xuanzhi avait revu Huangfu Jin, ce dernier n’avait plus que cinq ou six ans d’âge mental. Il ne savait plus que sourire à Bai Yichen ou bien piquer des colères devant lui, mais il n’y avait toujours que Bai Yichen qui comptait à ses yeux.

La scène dont Lin Xuanzhi se rappelait le plus, c’était Bai Yichen qui tenait la main de Huangfu Jin en s’accroupissant, comme s’il s’occupait d’un enfant. Il avait pris un mouchoir blanc tout simple pour ressuyer la bave qui coulait de la bouche de l’autre homme, ses yeux très doux.

Dans sa vie précédente, quand Lin Xuanzhi avait découvert que Bai Yichen était Leng Jixue Eh oui, c’est ça, le secret de Bai Yichen ! (1), il n’avait pu s’empêcher de se demander : et si Huangfu Jin avait découvert le lien entre Bai Yichen et Leng Jixue bien plus tôt, serait-il devenu aussi obsédé et impitoyable après la mort de Leng Jixue ? Aurait-il perdu la raison et fini fou à cause de la stimulation excessive et de la culpabilité qu’il ressentait ?

La mort de Leng Jixue était inévitable dans cette vie aussi. Lin Xuanzhi voulait savoir comment cela allait affecter la roue du futur si ces deux-là faisaient connaissance plus tôt.

De l’autre côté de la porte, Huangfu Jin contempla sa longue épée Demander l’Amour C’est un romantique, notre Huangfu Jin. (2) qui l’avait accompagnée pendant plus de dix ans. Quand il repensa aux paroles de Lin Xuanzhi, il se sentit de plus en plus furieux — de quel droit ce misérable jeune maître Bai s’était-il permis de laisser un autre se servir de son bien juste pour une compétition ?

Si ce n’était pas tombé sur Lin Xuanzhi, l’épée n’aurait-elle pas été complètement détruite ?

Cela rendit Huangfu Jin extrêmement furieux. D’un côté, il était particulièrement ennuyé que Leng Jixue ait donné son trésor à un autre sans l’en avertir avant et de l’autre, il était encore plus agacé que Bai Yichen ait décidé tout seul d’agir ainsi.

Comme il était impossible que Huangfu Jin aille faire des reproches à Leng Jixue, il prit la décision sous le coup de la colère d’aller voir ce Bai Yichen.

Il cessa aussitôt de se diriger vers le manoir du seigneur de la cité pour faire demi-tour et se rendre dans la résidence Bai.

En tant que jeune seigneur de la cité du Pic Céleste, Huangfu Jin et la famille Bai avaient déjà eu affaire l’un à l’autre, et naturellement pas qu’une fois. De nombreux outils magiques de la famille Huangfu avaient été fabriqués sur mesure par la famille Bai.

Malgré ça, Huangfu Jin n’avait jamais eu l’occasion de faire face directement à Bai Yichen. C’était au point que même avant que ce dernier ne fasse son apparition dans la cité du Pic Céleste, Huangfu Jin ignorait totalement que le jeune maître de la famille Bai était handicapé et en fauteuil roulant.

Cependant… il était plutôt bel homme.

Ainsi perdu dans ses pensées, Huangfu Jin s’approcha des portes de la résidence Bai. Quand les gardes de la famille Bai le virent, ils n’osèrent naturellement pas le stopper et vinrent immédiatement l’accueillir avec le plus grand respect.

Huangfu Jin agita très simplement la main pour mettre un terme aux flatteries de ces gens. Il fit :

« Je suis venu aujourd’hui pour voir votre jeune maître. »

L’un des gardes en resta stupéfait un moment, puis fit avec des yeux rieurs :

« Notre jeune maître est vraiment impressionnant. Il a envoyé quelqu’un me dire plus tôt que si le jeune maître de la cité Huangfu venait le voir, je devais le prévenir pour qu’on vous conduise directement à lui. »

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Cela prit Huangfu Jin au dépourvu. Il fixa le garde d’un air rempli de doutes et demanda :

« Quand a-t’il dit ça ?

– Ce matin, répondit le garde en souriant. Je vais prévenir le jeune maître et quelqu’un va venir vous chercher. »

Dans la résidence principale des Bai, il y avait des outils offensifs et défensifs un peu partout. Si on ne faisait pas attention, on pouvait finir blessé. Plus on se rapprochait de la zone centrale, plus les outils magiques étaient puissants. Voilà pourquoi il fallait quelqu’un pour vous guider à l’intérieur de la résidence.

Alors Huangfu Jin attendit sur place un moment. Peu de temps après, Bai Wuya arriva d’un pas pressé.

Bai Wuya examina Huangfu Jin, tandis que ce dernier faisait de même avec lui.

En général, les affaires du jeune maître de la famille Bai étaient présentées et traitées par Bai Wuya. Du coup, Huangfu Jin et lui avaient eu plusieurs fois l’occasion de se rencontrer.

Huangfu Jin fut le premier à parler :

« Ton jeune maître semble avoir une idée assez juste de lui-même.

– Jeune seigneur de la cité Huangfu, avez-vous récupéré votre épée ? » répliqua Bai Wuya.

La mine sombre, Huangfu Jin fit sèchement :

« Ce ne sont pas tes affaires. »

Bai Wuya ne se formalisa pas et le conduisit dans la résidence.

Bai Yichen attendait déjà l’arrivée de Huangfu Jin dans la cour où il vivait seul.

Quand le jeune homme franchit la Porte de la Lune, il vit au loin Bai Yichen regarder attentivement une sorte de damier sous un arbre de Fleurs Célestes Brûlantes.

Huangfu Jin devait reconnaître que même si cet homme était très désagréable dans sa façon de faire, il avait une sorte de tempérament vraiment détaché. Malgré le fait qu’il avait bien conscience de son handicap et de sa taille plus petite que la moyenne, personne ne pouvait ignorer son aura qui semblait douce et inoffensive en apparence, mais qui était en fait très puissante et coercitive.

« Jeune maître, je t’ai amené ton visiteur, » fit Bai Wuya à voix basse en s’approchant de Bai Yichen.

Bai Yichen leva les yeux vers Huangfu Jin, qui s’était arrêté sous la Porte de la Lune et ne bougeait plus. Il eut un léger sourire et fit :

« Que fait donc le jeune maître de la cité planté là-bas ? Y aurait-il des chacals, des tigres ou des panthères dans ma demeure ? »

Huangfu Jin roula des yeux et entra sans plus hésiter. Il souleva le pan de sa tunique et prit place en face de Bai Yichen.

Sur la table en pierre se trouvait une carte du ciel.

Huangfu Jin regarda les jetons posés dessus et fit avec surprise :

« Tu sais faire un horoscope ?

– Pas vraiment, répondit Bai Yichen. C’est juste que j’ai rêvé une fois d’un jeu d’échec astrologique mais je ne m’en rappelais plus très bien au réveil. Alors j’essaie de le recréer. »

Après avoir dit ça, Bai Yichen leva un peu la main et la carte du ciel disparut, remplacée par une théière et deux tasses.

« Voici le nouveau thé spirituel de Bourgeon de Neige de cette année. Et si le jeune seigneur de la cité Huangfu y goûtait ? » proposa Bai Yichen en servant une tasse pour chacun d’eux.

Huangfu Jin n’avait aucune envie de se lancer dans une conversation banale avec lui. Il ne toucha pas à la tasse de thé posée devant lui, mais plissa les yeux et fit :

« Jeune maître Bai, je suppose que tu as beaucoup de choses à gérer quand tu viens dans la résidence Bai, alors je ne vais pas prendre trop de ton temps.

– Je ne suis pas si occupé que ça, affirma Bai Yichen avec un sourire. J’ai tout de même du temps pour ça. En plus, le jeune maître de la cité Huangfu est un visiteur rare qui ne vient pas souvent dans ma cour Chute de Poussière. Quand je pense qu’à l’époque où le jeune seigneur de la cité Huangfu est né, je t’ai tenu bébé dans mes bras. »

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Il s’en fallut de peu pour que l’expression de Huangfu Jin se fissure. Il fixa le visage souriant de Bai Yichen et fit :

« Tu m’as déjà tenu dans tes bras ?

– Oh que oui, répondit l’autre en hochant la tête. Tu venais à peine de naître, ton petit visage était tout rond, blanc et tendre. C’était si mignon qu’on ne pouvait s’empêcher de vouloir t’embrasser en te voyant. »

Huangfu Jin résista à l’envie de se tordre le coin des lèvres. Il eut envie de jurer. Ce détestable Bai Yichen l’avait vraiment pris dans ses bras quand il était bébé ? Alors ce type qui semblait être du même âge que lui devait en fait lui être supérieur en terme de séniorité.

Huangfu Jin voulut aussitôt s’enfuir en courant. Il n’avait jamais eu de souci pour discuter avec ses aînés en temps normal et il était parfaitement capable de gérer les relations sans le moindre problème. Toutefois, pour une raison inconnue, quand il faisait face à Bai Yichen, il avait toujours l’impression inexplicable d’être plus petit que lui et de devoir baisser la tête.

Un aîné… une montagne dominante pesait à présent sur les épaules de Huangfu Jin.

Il résista à l’envie de faire la tête.

« C’est une surprise pour moi d’avoir eu une telle relation avec oncle Bai.

– Oncle ? »

Bai Yichen rit à cause de cette appellation. Derrière lui, une Fleur Céleste Brûlante tomba lentement. Il portait une tunique bleu foncé et avec son apparence sublime, il était difficile de détourner les yeux.

Pourtant, ce n’était pas que Huangfu Jin était fasciné par son apparence, c’était plutôt qu’en regardant Bai Yichen en cet instant, il eut comme un sentiment de déjà-vu.

Huangfu Jin en fut un moment confus, puis il reprit ses esprits et fit :

« Y a-t’il un problème avec ce titre ?

– Si on se base vraiment sur la séniorité, je suis de la même génération que les vieux ancêtres de ta famille donc tu devrais plutôt m’appeler ‘grand-père’. »

Huangfu Jin : « … »

Grand-père, mon cul !

Huangfu Jin sentit soudain que la montagne sur ses épaules était devenue un peu plus pesante.

Se plaignant intérieurement, il garda un visage calme et impassible.

« Si je t’appelle ainsi, ce serait comme dire que le jeune maître Bai est vieux. Le jeune maître Bai a pourtant l’air si jeune qu’il pourrait être de ma génération. Alors si le jeune maître Bai n’y voit pas d’inconvénient, nous allons continuer à nous adresser l’un à l’autre comme avant, qu’en dis-tu ? »

Je t’en prie, pitié, oublie tout ça, hein ?!

Je n’aurais jamais dû en parler le premier.

Bai Yichen fut très amusé par Huangfu Jin. Il regarda son petit visage malheureux et rempli de remords, comme si le jeune homme aurait vraiment bien voulu se donner des baffes pour avoir lancé cet ‘oncle Bai’. Aussitôt, il fut pris de l’envie de le taquiner. Il secoua donc la tête et soupira :

« Cela n’ira pas, ah. Il ne faut pas bafouer la séniorité, sinon les gens vont dire que je n’ai aucun respect pour les personnes âgées ou bien que tu ne comprends pas l’étiquette, Ah Jin. »

Huangfu Jin grinça des dents, puis fit avec un sourire forcé :

« Comment oseraient-ils dire que vous n’avez aucun respect pour les personnes âgées ? Je trouve le jeune maître Bai très charmant, c’est comme si nous étions déjà amis alors qu’il s’agit de notre première rencontre. Qu’en pense le jeune maître Bai ? »

Tu as osé m’appeler Ah Jin ? Tu te crois déjà bien familier avec moi, ah ?

Huangfu Jin avait tant de plaintes dans son cœur qu’il n’aurait pas su par où commencer. Il devait en tout cas s’incliner devant Bai Yichen. Il craignait que s’il ouvrait encore une fois la bouche, il allait dire quelque chose qui allait bouleverser le Ciel et la Terre et faire pleurer les démons et divinités.

Note de Karura : Bai Yichen adore taquiner les gens, c’est un fait ! Bon, Huangfu Jin n’a pas encore compris qu’il n’était qu’une seule et même personne avec Leng Jixue (et comment pourrait-il le deviner ?) mais il a déjà noté certaines ressemblances.

Notes du chapitre :
(1) Eh oui, c’est ça, le secret de Bai Yichen !
(2) C’est un romantique, notre Huangfu Jin.

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