Chapitre 202 : Tendre une main charitable
Heureusement, Bai Yichen avait tout à fait conscience qu’il ne devait pas trop le taquiner, sinon il n’aurait plus l’occasion de le voir et de s’amuser ainsi à l’avenir.
Alors il arrêta de tourmenter le jeune homme et hocha la tête d’un air aimable.
« Ça me va. Je n’ai encore jamais eu de junior pour devenir mon frère. Puisque Ah Jin est si sincère et a fait exprès le détour pour me rendre visite dans la résidence Bai, je ne vais certainement pas refuser ses bons sentiments. Et si Ah Jin m’appelait ‘grand frère Bai’ dorénavant ? »
Grand frère ?
Huangfu Jin n’avait encore jamais rencontré quelqu’un d’aussi éhonté avant. Il inspira profondément, montra ses dents blanches et renifla :
« Grand frère Bai. »
Bai Yichen hocha la tête et regarda Huangfu Jin comme s’il s’agissait d’un chiot.
« Brave petit. »
Huangfu Jin faillit en frémir. À présent que les choses en étaient arrivées là, il semblait avoir totalement oublié qu’il était venu à la base pour demander des comptes à Bai Yichen. Actuellement, son esprit était rempli de l’idée ahurissante que cet honorable jeune seigneur de la cité se retrouvait subitement avec un ‘grand frère’ sans avoir rien demandé.
Bai Yichen ne lui laissa pas le temps de se reprendre, il continua à demander :
« Est-ce que les affaires du manoir du seigneur de la cité ne sont pas trop compliquées à gérer ces temps-ci ?
– La plupart ne posent pas de problème, répondit Huangfu Jin d’un ton nonchalant. Mais il y a certaines affaires problématiques qui ne sont pas simples à gérer.
– Quelles affaires problématiques ? Tu peux m’en parler. »
Juste au moment où Huangfu Jin allait répliquer : “En quoi ça te regarde ?”, il entendit l’autre homme ajouter :
« Si tu peux m’en parler. Après tout, j’ai mangé du riz une centaine d’années de plus que toi, alors j’ai plus d’expérience. »
Huangfu Jin : « … »
Pourrais-tu arrêter de me rappeler à tout bout de champ que tu es de la génération de mon grand-père ? Cette pensée est vraiment casse-couille.
Huangfu Jin avait très envie de l’injurier, mais il devait maintenir son image de jeune maître de la famille Huangfu et de jeune seigneur de la cité du Pic Céleste.
Alors il fit avec un léger rire :
« Ce sont juste quelques querelles internes dans la famille Huangfu. Alors je ne voudrais pas importuner les oreilles du jeune maître Bai avec ça. »
Bai Yichen soupira avec un air “oh, je suis triste, oh, je suis affligé” sur le visage.
« Tu m’as encore appelé ‘jeune maître Bai’. On dirait que tu veux vraiment prendre tes distances avec moi, ah. »
L’expression de Huangfu Jin finit par craquer en cet instant. Il se leva tout à coup, joignit ses mains en coupes et fit :
« Grand frère Bai, tu te fais des idées. Je viens juste de me souvenir que j’ai des affaires à régler pour ma famille, alors je dois m’en aller. Je reviendrai te voir un autre jour. »
Après ça, il se tourna et s’en alla.
Le sourire sur les lèvres de Bai Yichen menaçait de déborder de sa figure. Dès qu’il leva une main, Bai Wuxia, qui s’était tenu caché quelque part, bondit hors de sa cachette.
« Raccompagne-le, sinon il n’arrivera pas à sortir d’ici, fit Bai Yichen.
– J’aurais cru que le jeune maître apprécierait de le voir se heurter à des murs dans toute la cour Chute de Poussière et qu’il n’arrive pas à sortir d’ici. »
Naturellement, Bai Wuxia avait entendu toute leur conversation et il se sentait un peu chagriné de voir son maître se moquer ainsi d’un junior.
Bai Yichen sourit et fit :
« Quelle genre d’image fausse tu as de moi ? Je ne faisais que plaisanter avec lui tout à l’heure. Je n’allais quand même pas le laisser m’accuser et me critiquer avec virulence, non ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le coin des lèvres de Bai Wuxia se tordit.
« Quoi qu’il en soit, il est fort probable que le jeune maître Huangfu ne veuille plus jamais te revoir. »
Le sourire de l’autre homme se ternit un peu, mais il fit :
« Parfait, c’est justement mon intention… Bon, dépêche-toi d’aller le retrouver pour le faire sortir. »
Cependant, juste au moment où Bai Wuxia se mettait en marche sans se presser pour rejoindre Huangfu Jin, toute une rangée de bambou vert foncé dans la cour Chute de Poussière s’agita subitement alors qu’il n’y avait pas un souffle de vent. Leurs feuilles se cognèrent violemment les unes contre les autres dans un bruissement incessant.
Un mécanisme avait été activé !
Le cœur de Bai Wuxia manqua un battement. Il jura mentalement contre ce Huangfu Jin qui avait cherché à jouer les plus malins en courant partout dans la cour. En même temps, il pressa le pas et se rua vers l’extérieur.
L’expression sur le visage de Bai Yichen changea un peu. Il tapa brusquement sur le fauteuil roulant sur lequel il était assis et tout son corps s’envola dans les airs, sa silhouette aussi légère et gracieuse qu’une hirondelle. En un clin d’œil, il avait déjà franchi la Porte de la Lune.
Huangfu Jin regrettait vraiment d’être venu dans cet endroit pourri aujourd’hui. Non seulement ce Bai Yichen s’était amusé avec lui dans tous les sens comme un chat avec une souris mais en plus, sa malchance était à son comble : dès qu’il avait franchi la Porte de la Lune, il était tombé dans une grande formation où une tonne d’armes offensives étaient cachées.
Il ne cessa d’intercepter de son épée ces flèches courtes qui fonçaient sur lui mais dès qu’il en frappait une, trois autres surgissaient. C’était comme sans fin.
Il pratiqua alors un enchaînement à l’épée transmis dans la famille Huangfu : Enterrer les Fleurs Impitoyables. En un instant, tous les sons moururent. Toutes les armes offensives autour de lui étaient figées dans les airs par son attaque.
Au moment où il voulut pousser un soupir de soulagement, une main le saisit par le col et le souleva sans effort.
Instinctivement, Huangfu Jin voulut frapper de sa paume derrière lui mais sa main droite se fit saisir par le poignet.
Fshhhhh
Bang bang bang bang.
Juste au moment où les orteils de Huangfu Jin furent à huit chi du sol, ces flèches courtes qui avaient été figées dans les airs reprirent leur mouvement encore plus rapidement qu’avant. Personne ne pouvait voir clairement leur trajectoire et encore moins les repousser.
Huangfu Jin eut si peur que son corps se couvrit de sueur froide.
Bai Yichen le souleva et lança quelques pierres forgées qu’il tenait en main pour atteindre quelques centres de formations cachées. Aussitôt, les formations et les outils offensifs qui s’étaient activés s’arrêtèrent net.
Pendant un moment, tout devint silencieux. Les feuilles de bambou qui bruissaient se turent à leur tour. Dans la cour Chute de Poussière, la brise souffla doucement, comme un lieu coupé du reste du monde, tranquille et intouché.
Bai Yichen ramena Huangfu Jin sur le sol.
Épée en main, ce dernier se tourna pour le fixer. Ses lèvres s’agitèrent et il fit avec un peu de difficulté :
« Le jeune maître Bai n’est-il pas censé avoir un problème avec ses jambes ? »
Comment pouvait-il se tenir debout aussi ouvertement ?
Et il était même bien plus puissant que lui : dès qu’il était passé à l’action, il avait complètement neutralisé cette fichue formation bourrée d’attaques meurtrières !
Bai Yichen relâcha le jeune homme et recula d’un demi-pas. Il fit d’un ton léger :
« Je suis juste trop fainéant. Pourquoi m’embêterais-je à marcher quand j’ai un autre moyen de transport sous la main ? »
Huangfu Jin : « … »
Cette raison suffit vraiment à le convaincre totalement !
Bai Wuxia arriva en courant à ce moment et son expression changea de manière radicale. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais il n’osa pas parler et ne pouvait pas parler.
Du coup, il ne put que fixer le coupable d’un air furieux.
Les regards de Huangfu Jin et Bai Wuxia se croisèrent avec une ardeur excessive. Bai Wuxia marqua une pause, puis se tourna vers son jeune maître pour demander :
« Tu vas vraiment bien ? »
Bai Yichen lui jeta un regard imperceptible et Bai Wuxia vit le fort avertissement dans son regard. Il baissa aussitôt la tête et retira son regard peu amical.
Bai Yichen fit doucement :
« Pourquoi je n’irais pas bien ? C’est juste que ça fait longtemps que je ne me suis pas levé pour marcher, alors j’ai un peu de mal. »
Après avoir dit ça, il battit des cils d’un air un peu charmeur et ajouta :
« Peut-être que Ah Jin pourrait me soutenir pendant que je marche ? Cela me permettrait de me réhabituer assez vite, non ? »
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Le visage du concerné s’assombrit à nouveau.
Il céda finalement à l’envie de rouler des yeux. Il rangea son épée qu’il tenait toujours et fit :
« Merci au jeune maître Bai pour son aide généreuse. J’ai vraiment des choses à faire, alors je vais vous quitter. »
Toutefois, il avait à peine fait quelques pas qu’il s’arrêta.
Huangfu Jin inspira profondément, puis se retourna. Comme il s’y attendait, il vit Bai Yichen lui sourire d’un air rieur.
… Un seigneur pouvait s’incliner et se soumettre, ou bien se tenir droit. Huangfu Jin fit donc :
« Je ne connais pas très bien les voies de la résidence Bai, alors je dois importuner le jeune maître Bai.
– Le jeune maître Bai ?
– Grand frère Bai, » céda Huangfu Jin.
Bai Yichen fit alors :
« Wuxia, raccompagne donc le jeune seigneur de la cité Huangfu dehors. »
Bai Wuxia inspira un grand coup avant de répondre :
« Bien. »
Bai Wuxia ouvrit le chemin pour guider Huangfu Jin. Bien que ce dernier n’avait jamais aimé que l’on marche devant lui, il ne pouvait rien dire en cet instant puisque c’était pour lui sauver la vie.
À mi-chemin, il ne put s’empêcher de demander :
« Ton jeune maître, c’est vraiment par fainéantise qu’il reste dans son fauteuil roulant ? »
Bai Wuxia ne voulait pas s’occuper de lui, alors il fit d’une voix sèche :
« Si le jeune maître le dit, c’est que c’est naturellement vrai. »
Huangfu Jin poursuivit :
« Est-ce que ton jeune maître connaît bien Leng Jixue ?
– … »
Bai Wuxia garda le silence un moment, puis fit :
« Ils ne se connaissent pas.
– Je ne te crois pas, fit Huangfu Jin d’un ton joueur. Je peux entendre quand tu mens. On dirait que ton jeune maître ne t’a pas spécialement formé pour dissimuler la vérité. Alors du coup, ces deux-là doivent bien se connaître. »
Bai Wuxia s’arrêta soudain net et se tourna pour lui faire face.
« Jeune seigneur de la cité Huangfu, merci de vous concentrer totalement sur votre grand frère martial Leng dorénavant et ne venez plus déranger la cultivation et la méditation de mon jeune maître. »
Huangfu Jin en resta stupéfait un moment. Depuis tout petit, il ne s’était encore jamais fait réprimander et pointer du doigt par quelqu’un de manière si irrespectueuse.
Il étira les lèvres en un sourire dédaigneux.
« Tu ne veux pas de moi, mais dommage, ton jeune maître semble bien m’apprécier. Comme dit le proverbe, si quelqu’un te donne une goutte d’eau, remercie-le avec une fontaine. Alors puisqu’il m’a sauvé la vie, je dois lui consacrer ma vie en retour. »
Ce fut au tour de Bai Wuxia d’en rester sans voix. Son expression avait l’air particulièrement bizarre.
Huangfu Jin venait de se faire martyriser par Bai Yichen pendant un moment, alors quand il vit la tête que faisait Bai Wuxia, son expression de souffrance alors qu’il n’avait pas d’autre choix que de garder le silence, il ressentit aussitôt une grande satisfaction psychologique. Imitant le petit sourire typique de Bai Yichen, il fit :
« Bien que le jeune maître Bai ne soit pas en très bonne santé et a une personnalité plutôt déplorable, il possède un excellent tempérament et une apparence agréable. Du coup, j’ai décidé de venir le voir demain avec un cadeau de remerciement — n’oublie pas de transmettre ce message à ton jeune maître pour moi et dis-lui de ne pas sortir demain. »
Bai Wuxia en fut si choqué qu’il pouvait à peine parler. Il jeta un regard noir à Huangfu Jin qui l’avait déjà dépassé de quelques pas. En le rattrapant, il fit :
« Ne viens pas importuner mon jeune maître, il ne veut pas te voir.
– Peu importe ce que tu dis, je veux venir, » répliqua Huangfu Jin en étirant les lèvres en un sourire.
Bai Wuxia inspira profondément et prit sur lui. Il voulut dire quelque chose, mais se ravisa au bout du compte.
Après l’avoir raccompagné à la sortie, Bai Wuxia retourna aussi vite que possible à la cour Chute de Poussière sans dire un mot.
« Jeune maître, comment tu te sens ? demanda-t’il avec inquiétude.
– Ça peut aller. »
Bai Yichen agita une main négligemment. Avec la jarre de liqueur dans ses bras, il s’adossa contre le dossier de son fauteuil roulant et plissa les yeux à moitié.
« Tu l’as raccompagné ?
– C’est fait, répondit l’autre homme avec un air figé. Il a dit qu’il reviendrait demain. »
Bai Yichen haussa les sourcils.
« Il ose encore revenir ? »
Voilà qui était un peu surprenant. Il avait pensé qu’au vu du caractère de Huangfu Jin, il voudrait l’éviter à tout prix après ça.
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Bai Wuxia ajouta :
« Non seulement il veut revenir, mais il a aussi dit qu’il voulait aussi te consacrer sa vie. Jeune maître, tu veux que j’envoie des gens l’intercepter demain hors de la résidence Bai ? »
Bai Yichen en resta étonné un moment, puis il rit et fit :
« Tu l’as vraiment pris au sérieux… Hé, il ne va pas vraiment me consacrer sa vie. Après tout, c’est Leng Jixue qu’il a dans son cœur. Cela fait des années qu’il lui court derrière, alors il ne va sûrement pas renoncer si près du but. Il a juste dit ça comme ça. »
Les lèvres de Bai Wuxia s’agitèrent. Il hésita un moment entre parler et ne rien dire.
De son côté, Bai Yichen vit ça et fit d’un ton calme :
« Tu veux me dire que puisque Leng Jixue et moi sommes clairement la même personne, il n’y a aucune différence ? »
Puisque c’était Bai Yichen qui en avait parlé, Bai Wuxia renonça naturellement à toute hésitation :
« Oui, ah. Leng Jixue est clairement une partie de l’âme du jeune maître, et même son corps a été créé à partir de celui du jeune maître. Un jour, les âmes du jeune maître seront de nouveau réunies. Leng Jixue est toi, tu es Leng Jixue, il n’y a aucune distinction à faire. »
Bai Yichen eut un léger sourire.
« Même Huangfu Jin, qui a été élevé par Leng Jixue depuis l’enfance, est incapable de reconnaître que lui et moi sommes une seule et même personne. Ce que tu viens de dire n’est guère convaincant. »
Bai Wuxia ouvrit la bouche, mais les mots lui manquèrent soudain.
Il ne pouvait vraiment rien dire pour réfuter ça.
Bien que Leng Jixue soit une partie de Bai Yichen, il était progressivement devenu indépendant au fil des années. Bien que la base de son personnage, ses paroles et actions étaient contrôlées par Bai Yichen, quand ce dernier manipulait son corps, il ne révélait jamais son soi absolu.
Leng Jixue était une autre partie de lui, mais ce ne serait jamais totalement lui.
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