Chapitre 211 : La raison cachée
Zhongli releva les paupières.
« Tu oses dire ça franchement. »
Il y avait toute une différence entre le statut et le sens des titres de ‘disciple direct’ et ‘disciple nommé’. Un disciple direct était voué à reprendre le flambeau et il était choisi très soigneusement.
Lin Xuanzhi fit d’un ton léger :
« C’est parce qu’Ah Hen en est digne. Autrement, tu n’aurais pas fait le déplacement jusqu’ici. »
Si un aîné dans la position de Zhongli Shen s’en fichait vraiment, il n’aurait certainement pas perdu une seule minute de son temps pour un disciple anonyme.
Zhongli Shen ne nia pas. Au contraire, il acquiesça.
« Tu as deviné juste, c’est bien mon intention. Bien qu’il fasse exploser ses fourneaux, son talent est hors du commun et rare.
– Cependant, ce ne serait pas convenable qu’Ah Hen devienne ton disciple maintenant. J’ai peur que quelqu’un s’en prenne à lui secrètement, analysa calmement Lin Xuanzhi. La plupart de tes disciples nommés sont des enfants de nobles familles que tu n’as pas pu refuser. Même toi, tu ne peux pas faire tout ce que tu veux, alors comment tu veux qu’ Ah Hen s’en sorte tout seul ? »
La raison était toute simple : il y avait tant d’alchimistes puissants qui n’avaient pas pu se faire reconnaître par Zhongli Shen à l’œil expert, alors comment se faisait-il qu’un simple anonyme comme Yan Tianhen puisse parvenir d’un coup à ce rang élevé ?
Personne ne pouvait savoir ce que ces gens allaient faire à Yan Tianhen, dévorés par la jalousie et la haine.
Les gens étaient imprévisibles. Même si Lin Xuanzhi savait prendre des risques, il ne risquerait jamais la sécurité de Yan Tianhen.
Il reconnaissait qu’il ne pouvait pas se permettre ce risque.
Zhongli Shen pouvait effectivement protéger Yan Tianhen, mais qui pouvait assurer qu’il aurait toujours un œil sur lui en permanence ?
Zhongli Shen n’aurait jamais cru que Lin Xuanzhi avait pensé si loin. Cela le surprit et l’obligea à voir Lin Xuanzhi sous un autre jour.
Il avait pensé que Lin Xuanzhi ne voulait simplement pas que Yan Tianhen échappe à son contrôle et ne le surpasse dans sa cultivation. Il semblait à présent que c’était justement parce que Lin Xuanzhi avait énormément songé à Yan Tianhen — au point où il se montrait prudent dans chacune de ses actions.
Zhongli Shen réfléchit un moment avant de demander :
« Se peut-il que tu t’imagines que dans quelques années, je serai en mesure de le protéger ?
– Dans quelques années, c’est moi qui serai en mesure de le protéger, » affirma Lin Xuanzhi.
Zhongli Shen se retint de dire que ce gamin était vraiment très arrogant. Quelle différence pourrait-il bien y avoir d’ici quelques années ?
Il ne put s’empêcher de rire.
« Tu es tout bonnement éhonté et extrêmement arrogant de dire une chose pareille.
– Possible, bah, » acquiesça Lin Xuanzhi.
Il ne voulait pas fournir plus d’explications inutiles. Le fait était là : ils avaient juste besoin d’attendre quelques années avant d’en reparler.
De plus, il ne pouvait vraiment être tranquille quelle que soit la personne à qui il confierait Yan Tianhen.
Zhongli Shen lui lança un regard profond.
« Tu as rejeté l’invitation de la secte du Pic Céleste il y a quelques jours. On dirait que c’est à peu près pour les mêmes raisons. »
Lin Xuanzhi hocha de nouveau la tête.
Zhongli Shen plissa les yeux et fit :
« Puisque tu es si confiant et que tu y as bien réfléchi, je ne dirai plus rien à ce sujet. »
Lin Xuanzhi lui rendit son regard.
« Xuanzhi apprécie l’offre généreuse de l’Alchimiste Zhongli. Quand je ferai monter mon petit frère sur la montagne dans les années à venir, je vous demanderai de prendre bien soin de lui.
– Hé… »
L’homme eut un léger rire et fit :
« Tu n’as vraiment pas envie de cette pilule Céleste ?
– J’en ai envie, mais pas à n’importe quel prix, répondit Lin Xuanzhi d’un ton léger. Je ne laisserai jamais Ah Hen me quitter, même si je ne dois jamais obtenir de pilule Céleste de toute ma vie. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Zhongli Shen en resta stupéfait un moment. Le sourire sur son visage disparut et il conseilla :
« Yan Tianhen a en partie raison : tu es bien trop autoritaire dans ta manière de le traiter. Tu devrais d’abord lui demander ce qu’il veut. »
Le regard de Lin Xuanzhi s’assombrit un peu.
« Je vais méditer sur mes manquements. L’Alchimiste Zhongli n’a pas à se soucier de ça. »
Zhongli Shen n’était pas du genre à trop se préoccuper des affaires des autres. Après tout, ce n’était jamais bon de parler de sujets trop personnels avec quelqu’un qu’on ne connaissait pratiquement pas. Sans parler du fait que — pour une fois qu’il s’était enfin entiché de quelqu’un et le voulait comme disciple, le garçon s’était enfui pour rejoindre ce Lin Xuanzhi. Il était vraiment très vexé !
Une fois que Zhongli Shen fut parti, Lin Xuanzhi se laissa tomber sur une chaise.
Les paroles de Yan Tianhen résonnaient encore clairement à ses oreilles. Aucun mot n’avait disparu de sa mémoire et son esprit était encore rempli des accusations de l’adolescent…
Lin Xuanzhi en avait le cœur brisé, tout en ressentant un sentiment cuisant d’échec.
Depuis sa renaissance, il avait ressenti une profonde culpabilité ainsi que le désir de se racheter auprès de Yan Tianhen. Pour cela, il l’avait traité consciencieusement et gentiment, lui qui était la seule personne qu’il considérait comme un trésor précieux. Il arrangeait tout pour lui et lui pavait la moindre route. Avant de faire quoi que ce soit, il réfléchissait toujours en premier aux avantages et inconvénients pour Yan Tianhen.
Il croyait qu’en tant que grand frère, il avait fait de son mieux pour le protéger et l’aimer, mais… Un seul homme comme Zhongli Shen était parvenu à inciter Yan Tianhen à lui adresser ces paroles si blessantes.
Avait-il vraiment fait quelque chose de mal ?
Se pouvait-il que quoi qu’il fasse pour arranger les choses et peu importait à quel point il s’était repenti, il ne parvenait pas à changer l’opinion de Yan Tianhen sur lui et faire en sorte que l’adolescent lui fasse pleinement confiance et dépende de lui ?
Encore un peu confus, Lin Xuanzhi resta assis un moment, puis lâcha un lourd soupir.
Hu Po s’approcha lentement de lui et s’assit à ses pieds. Il se frotta contre son mollet et le regarda de ses yeux d’ambre brillants qui semblaient luire.
Le cœur de Lin Xuanzhi se laissa un peu attendrir. Il souleva Hu Po pour le poser sur ses genoux.
« Ça me bouleverse, vraiment, marmonna Lin Xuanzhi. Et ça me rend également triste. Je ne sais pas comment lui faire face.
« Je n’arrive pas à me dire que tandis qu’il me regardait en souriant, il me haïssait en fait et éprouvait de la rancune envers moi.
« Que dois-je faire ?
« En fait, dans ma vie précédente… Je n’ai jamais compris pourquoi il était tombé amoureux de moi. »
Il avait toujours cru qu’il comprenait très bien Yan Tianhen. Mais au vu de ce qui venait de se passer, cela n’avait été qu’une fausse impression.
Yan Tianhen courut d’un trait sur le mont Xi.
Au crépuscule, le ciel était envahi par des nuages empourprés. Cela avait l’air particulièrement grandiose et impressionnant.
Pourtant, l’adolescent n’était guère d’humeur à apprécier cette beauté incroyable. Pour le moment, tout son cœur était rempli d’un vaste sentiment d’injustice.
Pourquoi Lin Xuanzhi lui avait dit de dégager ?
Il avait juste lâché quelques mots sur le coup de la colère, mais cela n’était pas grave au point de le virer de l’auberge, n’est-ce pas ?
De plus, il n’avait qu’aimablement analysé le pour et le contre avec Lin Xuanzhi et n’avait fait qu’exprimer sa propre opinion. Pourtant, Lin Xuanzhi l’avait traité avec froideur.
Plus il y songeait, plus il se sentait indigné. Il ne put s’empêcher de se pincer les lèvres et avait envie de pleurer. Ses yeux était devenus rouges.
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« Il agit clairement comme un tyran, il ne me dit jamais rien, il ne me demande jamais rien et il ne laisse pas les autres en parler. »
Yan Tianhen prit dans ses bras Ah Bai qui était à ses côtés, poussant ses fesses de sa tête. Il le serra contre lui, puis frotta tristement son nez qui le piquait.
Ah Bai hocha la tête de manière appropriée et tendit ses petites pattes pour ressuyer les larmes sur le menton de son maître.
Yan Tianhen renifla très fort, puis murmura dans un sanglot :
« Tu as vu comme il a agi de manière excessive ? Il m’a chassé comme ça et m’a même dit de dégager, bouh ouh… Est-ce qu’il ne veut vraiment plus de moi ? S’il ne veut plus de moi, que vais-je bien pouvoir faire, ah ? »
Ah Bai se gratta les joues d’anxiété et émit des aou aou :
« Ce n’est pas que le grand maître veut abandonner le petit maître, c’est juste qu’il est en colère, comme toi tu es en colère en ce moment ! »
Yan Tianhen le regarda de ses yeux embués de larmes.
« Tu crois ? Mais il ne m’a pas suivi et n’a pas essayé de me cajoler… Il ne pourrait pas me cajoler juste un peu ? S’il fait ça, je ne serai plus fâché contre lui. S’il ne veut pas que je parte, je ne m’en irai pas, mais il doit me laisser dire ce que je pense, bouh… »
Ah Bai était un peu embrouillé et n’y comprenait plus rien. Durant ses quelques années en tant que tigreau, il trouvait que c’était déjà bien qu’on se batte sans montrer les griffes ou lacérer le visage de l’autre tigre. Alors d’où sortait cette histoire de cajoler, ah ?
Confus, il se lécha une patte et plissa aussitôt sa petite gueule couverte de fourrure — amer, quel goût horrible !
Quand Yan Tianhen se sentait victime d’une injustice, il se mettait toujours à pleurer. Et quand il pleurait autrefois, Lin Zhan le prenait toujours sur ses genoux pour le cajoler d’une voix douce. Il lui achetait même tout plein de bonnes à manger pour lui faire plaisir. Du coup, Yan Tianhen en avait pris l’habitude.
Mais à présent, non seulement Lin Xuanzhi ne le cajolait et n’essayait pas de lui faire plaisir, mais il le faisait pleurer et le rendait triste.
Lin Zhan était mort.
Plus personne ne se souciait de l’opinion de Yan Tianhen.
Les jours passés avec Lin Zhan étaient encore clairs dans sa mémoire. Le moment où l’homme avait donné sa vie pour le sauver se rejouait constamment dans son esprit. En songeant à ces jours tristes et heureux qui appartenaient au passé, Yan Tianhen se sentit forcément encore plus triste et ses larmes coulèrent à flot.
Son père lui manquait.
Il ne voulait plus de son grand frère.
Son grand frère lui avait dit de dégager. Et après que Yan Tianhen ait dégagé, il ne pouvait plus rentrer.
Ah Bai se gratta les joues d’anxiété. Il aurait bien aimé réconforter son maître mais il était limité par son corps. Il ne pouvait que communiquer avec lui par des aou aou au moyen du contrat mais il ne connaissait pas trop encore le langage des humains et Yan Tianhen ne l’écoutait pas forcément.
Après avoir pleuré un bon moment, Yan Tianhen en eut enfin assez. Il ressuya ses yeux rouges et enflés, puis leva la tête. Il se rendit alors compte qu’il faisait complètement nuit.
Il voulut pleurer de nouveau. Il serra Ah Bai contre lui et fit :
« Il ne veut vraiment plus de moi. Ça fait si longtemps que je suis parti, mais il n’est même pas venu me chercher. Il n’en a rien à faire de moi. »
Ah Bai se pinça également les lèvres.
Yan Tianhen se releva et épousseta son derrière. Il renifla et déclara :
« Puisqu’il ne veut plus de moi, alors moi non plus, je ne veux plus de lui. Je ne rentrerai pas ce soir, je vais aller chez frère Yuyang. »
Ah Bai sauta de ses bras et voulut rentrer en courant faire son rapport à Lin Xuanzhi. Mais ce fut alors que Yan Tianhen se pencha, le saisit par la nuque et le reprit dans ses bras.
« Tu viens aussi avec moi chez frère Yuyang, fit-il d’un ton amer. Dorénavant, je n’ai plus que toi. »
Ah Bai : « … »
Non, ah, non, ah. Il avait encore son petit frère et il voulait toujours de son petit frère ! QAQ
Cependant, en voyant à quel point l’adolescent était malheureux et fragile, il décida de rester avec son petit maître pour le moment et de souffrir avec lui dans un élan de solidarité.
De toute manière, ce n’était qu’une question de jours avant que le petit maître et le grand maître ne se réconcilient pour de bon.
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Yan Tianhen emmena donc Ah Bai directement chez Duan Yuyang.
Le jeune homme allait justement sortir à la recherche de Yan Tianhen, alors il fut très surpris de le voir à sa porte. Il fut choqué de voir ses yeux rouges et enflés comme ceux d’un lapin, comme s’il avait une conjonctivite. Il l’attira vite à l’intérieur, puis examina ses yeux de près.
« Ah Hen, pourquoi tu es dans cet état ?
– Frère Yuyang… bouh… »
Quand Yan Tianhen aperçut enfin quelqu’un avec qui il pouvait jouer les enfants gâtés, il fondit de nouveau en larmes. Il fit d’une voix entrecoupée de sanglots :
« Mon grand frère ne veut plus de moi, il m’a dit de dégager ! »
Duan Yuyang se sentit bouleversé. Aussitôt, il prit l’adolescent dans ses bras et lui tapota le dos comme s’il consolait un enfant.
« Ah Hen, je t’en prie, arrête de pleurer. Tu as déjà les yeux enflés, ce n’est pas très beau. Si tu me racontais d’abord ce qui s’est passé entre ton frère et toi ? Laisse-moi te rassurer. »
Yan Tianhen renifla, puis regarda son ami avec les larmes aux yeux.
« Frère Yuyang, tu dois aller quelque part ?
– Non, non. »
Duan Yuyang allait sortir parce qu’une certaine personne lui avait confié le soin de partir à la recherche de Yan Tianhen. Mais comme il se trouvait que Yan Tianhen était venu de lui-même, il n’avait pas besoin de sortir en fin de compte.
Toutefois, à cause de ce qu’avait dit cette certaine personne, Duan Yuyang n’avait aucunement l’intention de parler de ça avec Yan Tianhen.
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