Chapitre 244 : L’invitation de la secte du Ciel Mystérieux
Pendant que Lin Xuanzhi parlait affaires avec d’autres, Yan Tianhen était assis à côté pour récolter l’argent. Les deux travaillaient de concert sans se lasser et leur entente tacite était comme naturelle. Bien entendu, non pas que récolter de l’argent nécessitait une entente tacite.
Les règles de Lin Xuanzhi étaient très simples : le client commençait par verser un acompte de 50 %. Une fois l’outil magique forgé, envoyé à l’acheteur et approuvé, Lin Xuanzhi se rendrait dans une banque générale pour retirer les 50 % restants versés au préalable par le client.
D’après les règles du marché, un client ne versait en général que 10 à 20 % d’acompte. Lin Xuanzhi demandait bien plus que ça.
Toutefois, sa performance au Tournoi des Cent Familles avait vraiment été excellente et avec les jeunes maîtres des familles Yuan et Ji comme garantie, les disciples de ces nobles familles étaient prêts à lui faire confiance.
Après avoir raccompagné le dernier client du matin, Yan Tianhen contempla le paquet de billets dorés dans ses mains avec des yeux remplis d’étoiles. Il en salivait presque.
Il fit tout joyeusement :
« Grand frère, il y a deux cent mille pièces d’or, ah ! Si on double cette somme, ça nous fera quatre cent mille pièces d’or ! Nous sommes riches ! »
En voyant l’adolescent si heureux, Lin Xuanzhi n’eut pas le cœur à lui avouer la cruelle vérité. Après tout, quand on suivait le Dao de l’Artisanat, quatre cent mille pièces d’or pouvaient facilement être dépensées rien que pour raffiner quelques outils magiques de qualité supérieure.
En plus, il comptait laisser de côté une bonne partie de cet argent pour que Yan Tianhen le gaspille en s’entraînant à l’alchimie.
Bien entendu, il ne dirait jamais ça à voix haute, ce serait porter un coup fatal à Yan Tianhen.
Il fit plutôt avec un sourire :
« Si Ah Hen désire acheter quoi que ce soit, nous avons deux jours pour le faire. Il y a pas mal de matériaux dans la cité du Pic Céleste. Une fois de retour dans la cité de Qing, tu risques de ne plus pouvoir te les procurer même si tu en as les moyens. »
Du coup dans l’après-midi, comme Li Xuanzhi n’avait plus de clients à recevoir, il emmena Yan Tianhen au marché pour acheter tout plein de plantes spirituelles pour fabriquer des pilules. Il en profita pour dépenser pas mal d’argent afin d’acheter les matériaux nécessaires pour un fourneau d’alchimie. Yan Tianhen en fut complètement bouleversé.
Cependant d’après ce qu’en pensait Lin Xuanzhi, la raison principale pour laquelle Yan Tianhen faisait exploser fourneau après fourneau était qu’il lui manquait actuellement une âme supérieure et une âme inférieure. À présent qu’une de ses âmes supérieures avait été remplacée par le Feu Sacré aux Sept Brillances, ce feu pouvait aussi être employé comme feu d’alchimiste et même neutraliser le Qi Yin dans son corps. Du coup, quand Yan Tianhen raffinerait de nouveau des pilules, il devrait éviter de faire exploser son fourneau.
Bien entendu, le seul moyen d’en être sûr, c’était de voir quand l’adolescent tenterait de refaire de l’alchimie.
De retour à l’auberge, Lin Xuanzhi vit beaucoup de personnes qui l’attendaient, alors il les reçut un par un. Il récolta un bon nombre de commandes et la foule se tarit uniquement lorsqu’il se fit très tard. Beaucoup de gens en avaient profité pour nouer des liens avec Lin Xuanzhi. Naturellement, ce dernier n’allait pas rejeter le moindre visiteur.
Après qu’un autre jour soit passé, le jeune maître Bai invita Lin Xuanzhi et Yan Tianhen dans la résidence Bai. Naturellement, ce n’était pas simplement pour prendre le thé et discuter, mais pour parler de la Guilde des Artisans.
Le Quatrième Aîné Bai était le plus enthousiaste à ce sujet. Il avait spontanément pris l’initiative de se vouer à ce projet. Il expliqua qu’il avait déjà contacté plusieurs Artisans dans des sectes et des familles. Il comptait d’abord élaborer une ébauche de la Guilde des Artisans avec eux et quand ce serait presque abouti, de l’annoncer au monde entier.
En se basant sur les souvenirs de sa vie précédente, Lin Xuanzhi donna son avis sur plusieurs points cruciaux, mais n’intervint pas tellement pour le reste.
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Quand ce fut le moment de partir, Bai Yichen les raccompagna en personne aux portes de la résidence Bai.
Le clair de lune illuminait le visage de Lin Xuanzhi, le faisant encore plus ressembler à un immortel indifférent.
Mais comme cet immortel venait de boire pas mal de liqueur fruitée et était un peu ivre, cela lui donnait une touche plus humaine.
Bai Yichen s’adossa contre le dossier de son fauteuil roulant et leva les yeux vers Lin Xuanzhi. Il fit avec un sourire :
« Je te dis au revoir aujourd’hui. La prochaine fois que nous nous verrons, cela sera sûrement dans la cité Mystérieuse du Continent Est. »
Les lèvres de Lin Xuanzhi s’étirèrent en un sourire.
« Le jeune maître Bai est toujours aussi bien informé. »
Il venait à peine de donner sa réponse à l’envoyé de la secte du Ciel Mystérieux venu lui apporter l’invitation. Il avait promis de réintégrer la secte en oubliant leur vieille querelle à condition qu’il puisse prendre Yan Tianhen avec lui sans que l’adolescent n’ait à passer le test d’entrée.
Comment cela aurait-il pu déranger la secte du Ciel Mystérieux que Lin Xuanzhi veuille amener une autre personne dans la montagne ? Même s’il apportait une bouteille d’huile Désigne un enfant d’un précédent mariage. De manière générale : un boulet. (1), la secte n’allait certainement pas renoncer à cet Artisan de génie qui a été capable de se faire tout seul un nom à travers les Cinq Continents.
Qui plus est, Yan Tianhen s’était également démarqué notablement durant la compétition d’alchimie et dans le Royaume Secret de la Frontière d’Alchimie. Le monde entier savait à présent que le Feu Sacré aux Sept Brillances, le plus précieux et le plus rare des trésors pour les alchimistes, se trouvait dans le corps de Yan Tianhen. Il était donc certain qu’il allait devenir un brillant alchimiste et c’était pour bientôt.
L’envoyé de la secte du Ciel Mystérieux avait donc joyeusement accepté la requête de Lin Xuanzhi et exprimé son désir de le voir revenir dans la montagne au plus vite.
Lin Xuanzhi n’avait encore parlé de ça à personne, pourtant Bai Yichen était déjà au courant. Cela prouvait que ses sources d’information étaient très fiables et efficaces.
Bai Yichen ne nia pas du tout s’être renseigné.
« Après tout, le quartier général de mon Pavillon des Outils Cachés est au pied de la secte du Ciel Mystérieux. Si je ne peux même pas saisir les informations les plus récentes et importantes de la secte, ne serait-ce pas gâcher cette belle position ? »
Lin Xuanzhi eut un léger sourire.
« On dirait que j’aurai toutes sortes d’opportunité de traiter avec le jeune maître Bai à l’avenir.
– Le Continent est est le territoire de frère Lin, renchérit Bai Yichen en lui rendant son sourire. Je compte sur lui pour me couvrir dorénavant. »
Les deux continuèrent d’échanger des flatteries pendant un moment, puis Lin Xuanzhi quitta la résidence Bai avec son petit frère.
Sur le chemin du retour, Yan Tianhen s’enquit :
« Grand frère, alors tu as décidé de retourner dans la secte du Ciel Mystérieux ? »
Lin Xuanzhi se tourna vers lui.
« En effet, ah. Après tout, c’est proche de chez nous. S’il arrive quoi que ce soit, ce sera plus facile de nous entraider. »
L’adolescent fit la moue et tapa dans un caillou par terre.
« Mais je n’aime pas la secte du Ciel Mystérieux. »
Lin Xuanzhi s’en était douté et il savait parfaitement pour quelle raison Yan Tianhen n’aimait pas cette secte.
La seule et unique raison était que la secte du Ciel Mystérieux l’avait renvoyé de la montagne sans la moindre considération après qu’il ait été victime d’un odieux complot et jeté au fond de l’abîme, ce qui lui avait fait perdre la face et avait fait de lui la risée générale.
Lin Xuanzhi acquiesça.
« À vrai dire, je n’aime pas beaucoup cette secte non plus. Mais ce n’est pas tout le monde là-bas qui m’a offensé. Celui qui m’a accepté comme disciple cette fois est le maître du pic de l’Épée Pesante. Bien qu’il vive de manière simple et ne reçoive pas facilement de gens, il est très puissant. Il ne devrait pas trop nous mettre dans l’embarras. »
Yan Tianhen rumina un moment, puis fit avec un soupir :
« Laisse tomber. Puisque je peux te suivre pour veiller sur toi, alors je ne vais pas m’embêter avec ces gens pour le moment. »
Lin Xuanzhi ne put s’empêcher de rire.
« Dis-moi clairement : qui va veiller sur qui ?
– C’est bien sûr moi qui vais veiller sur toi, grand frère, répliqua l’adolescent. Ce n’est pas que je te sous-estime, mais tu n’es vraiment pas doué pour prendre soin des gens. »
Lin Xuanzhi lui jeta un regard en coin et fit avec un demi-sourire :
« Toi seul es doué pour ça, n’est-ce pas ? »
Yan Tianhen hocha la tête comme si ça allait de soi et fit d’un ton fier :
« Oh que oui, oh que oui. Quand grand frère était gravement malade, n’est-ce pas moi qui n’ai pas quitté son chevet et qui l’a soigné constamment ? »
En parlant de ça, l’adolescent tira sur la manche de Lin Xuanzhi pour qu’il s’arrête, puis il leva la tête et le fixa droit dans les yeux.
« Mais grand frère, je ne veux plus jamais revivre ces jours et ces nuits quand je n’osais même pas fermer les yeux alors que je te veillais, fit-il d’un ton très grave. Grand frère, je ne te demande pas de devenir super puissant. Je souhaite juste que tu sois sain et sauf, et c’était aussi le vœu de Papa. »
Lin Xuanzhi caressa sa tête, son cœur rempli de confort.
« Très bien, » fit-il.
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Yan Tianhen eut alors un grand sourire. Il prit la main de Lin Xuanzhi et s’avança en l’agitant comme un enfant.
« Grand frère, dorénavant je serai un disciple avec toi, je cultiverai avec toi et nous ferons tout ensemble !
– C’est vrai, nous pourrons même partager le même lit. »
…
« Pourquoi Ah Hen ne dit plus rien ?
– Ce n’est rien, j’ai juste subitement l’impression que grand frère est un peu vilain.
– Je parlais juste de discuter sous la couverture. À quoi donc pensait Ah Hen dans sa petite tête ? »
…
« Ah Hen, pourquoi tu te tais encore ? Ne me dis pas que tu es gêné parce que grand frère a vu juste ?
– Grand frère… Comment ça se fait que je n’avais encore jamais remarqué que tu es si vilain ?
– Hé hé, est-ce que Ah Hen va moins m’aimer si je suis vilain ?
– Bien sûr que non, je t’aimerai toujours. »
Les yeux de Yan Tianhen était plissés en demi-lunes. Il ne put s’empêcher de se dire que quoi que devienne son grand frère, il l’aimerait toujours.
Et il se trouvait que cet homme l’aimait aussi.
Lin Xuanzhi avait déjà décidé d’où ils iraient et tout était joie et harmonie de leur côté. Mais ce n’était pas forcément pareil d’un autre côté.
Dans son auberge, Du Qiying Le méchant qui a intrigué contre Lin Xuanzhi, cf ch. 83. (2) tapa lourdement sur la table qui se couvrit de fissures comme une toile d’araignée, la rendant particulièrement horrible.
« Putain, Lin Xuanzhi est comme un mille-pattes mort, mais pas encore rigide ! J’aurais cru qu’après avoir aboli la mer de Qi dans son Dantian, il ne lui serait plus possible de se retourner mais contre toute attente, il a réveillé son feu spirituel d’Artisan et dans le Royaume Secret de la Frontière d’Alchimie, il a aussi trouvé une pilule Céleste pour réparer son Dantian ! »
Du Qiying ne ressentait-il pas plus que de la colère ?
Il était tout bonnement terrifié ?
Au départ, quand Lin Xuanzhi avait été traîné du royaume secret à la secte du Ciel Mystérieux, il avait déjà cessé toute prétention de cordialité avec Du Qiying. Ensuite, il avait aussi demandé au maître du pic de l’Épée Brisée d’enquêter clairement sur ce qui s’était passé et de lui fournir une bonne explication. Mais Du Qiying avait pris l’initiative de le railler et de le ridiculiser, et avait même fini par le faire chasser de la montagne.
Même si Lin Xuanzhi était un saint, il ne rétribuerait jamais le mal par le bien en ce qui concernait Du Qiying et le pic de l’Épée Brisée.
Du Qiying avait le vague pressentiment que si Lin Xuanzhi avait choisi de retourner dans la secte du Ciel Mystérieux, ce n’était pas parce c’était près de chez lui, mais plutôt qu’il revenait exprès pour se venger !
Du Qiying ne faisait pas partie des Quatre Épées du Ciel Mystérieux. Bien qu’il avait certaines compétences à l’épée, il était loin d’arriver à la cheville des Quatre Épées et encore moins de Lin Xuanzhi, leur chef.
Pour commencer, s’il avait pu poignarder Lin Xuanzhi dans le dos, c’était uniquement parce qu’avec quelques frères martiaux de la même secte, ils avaient pu attirer une bête démoniaque dans le Royaume Secret du Nuage Perché et qu’ils avaient utilisé tout plein d’armes magiques pour vaincre Lin Xuanzhi qui ne se doutait de rien. Si Lin Xuanzhi avait été sur ses gardes ou s’ils s’étaient battus ouvertement, ils n’auraient jamais pu le faire tomber aussi aisément.
Mais même avec cette attaque de tous les côtés, cela leur avait demandé bien des efforts.
Du Qiying ne pouvait que s’inquiéter de son propre avenir.
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En voyant ça, Tong Le Présenté dans le chapitre 78. (3) renifla et fit d’un ton nonchalant :
« Quoi qu’il arrive, tu es le jeune maître du pic de l’Épée Brisée et tu as le soutien du maître du pic et du maître de secte. Ne me dis pas que tu as peur de Lin Xuanzhi qui est tout seul ? »
La mine sombre, Du Qiying fit :
« Qu’est-ce que tu en sais ? Tu ne crois quand même pas vraiment que Lin Xuanzhi est une bonne pâte, hein ? »
Tong Le eut un sourire et pressa sa main sur l’épaule de l’autre jeune homme, ses caresses sans équivoque. Il se pencha pour poser la tête sur son épaule et lui mordiller l’oreille.
« Même si ce n’est pas une bonne pâte, il a le cœur tendre et il est vieux-jeu, ah. Il respecte l’étiquette et les lois, il est compatissant et n’aime pas se disputer avec les autres. Ce n’est qu’un gros idiot qui considère comme sa mission d’aider les gens du commun, mais il a toujours écouté le plus le maître du pic. Tu n’as qu’à laisser son maître d’origine le menacer et le cajoler, et il n’osera certainement plus tenter de se venger. Autrefois dans la secte du Ciel Mystérieux, n’a-t’il pas déjà tellement souffert ? »
Notes du chapitre :
(1) Désigne un enfant d’un précédent mariage. De manière générale : un boulet.
(2) Le méchant qui a intrigué contre Lin Xuanzhi, cf ch. 83.
(3) Présenté dans le chapitre 78.
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