Chapitre 275 : Le maître octroie une épée
Lan Yue ne saisissait peut-être pas tout le caractère de Lin Xuanzhi, mais il comprenait l’attachement et l’amour d’un cultivateur d’épée envers sa propre arme.
Du coup, il hocha légèrement la tête sans la moindre surprise.
« Qu’il en soit alors ainsi : l’affaire est entendue, je ne m’en mêlerai pas. Par conséquent, je ne peux que t’offrir un autre cadeau de bienvenue. »
En disant cela, son regard se posa sur Bei Shitian. Bien que ses yeux restèrent neutres et insondables, le sens de ce regard était on ne pouvait plus clair.
Bei Shitian fut frappé d’un mauvais pressentiment et il se pinça les lèvres. Il savait déjà ce que le maître allait offrir à Lin Xuanzhi.
« Cela fait déjà un moment que tu étais censé me rendre Lianlian, fit gentiment Lan Yue. Puisque tu n’en as plus l’usage, autant la donner à quelqu’un qui en a vraiment besoin, tu ne crois pas ? »
Bien qu’il s’en était douté, Bei Shitian fut tout de même abasourdi en entendant les paroles de Lan Yue. Il sombra dans le silence, perdu pendant un moment. Son regard exprimait sa confusion, comme un enfant qui ne retrouvait plus le chemin de la maison.
Il n’avait pas encore pu répondre que Wan Yitong, qui se tenait à côté de lui, réagit de manière extrême et s’écria :
« Maître, vous voulez plaisanter ? Lianlian a déjà reconnu Bei Shitian comme son maître et en plus, elle a été souillée par l’aura meurtrière et sanglante. C’est complètement incompatible avec notre petit frère martial. Si vous lui offrez cette épée, cela ne va-t’il pas plutôt lui nuire ? Sans compter qu’une telle personne a manié Lianlian avant, alors elle n’est pas digne de notre petit frère martial. Je pense que — »
Lan Yue rétrécit légèrement les yeux, son regard devenant un peu glacial. Wan Yitong referma aussitôt la bouche.
« Bien, bien, c’est vous le patron et vous avez le dernier mot. »
Une fois passées les émotions fluctuantes, le visage de Bei Shitian était à présent devenu inexpressif. On ne pouvait plus du tout voir ce qu’il ressentait !
Il sortit Lianlian de son anneau de stockage et s’avança vers l’Honorable Lan Yue. Il n’y avait que dix ou vingt mètres à parcourir, mais il marcha très lentement. Tenant l’épée soigneusement, il en frotta la poignée de ses doigts, comme s’il espérait que ce chemin ne s’arrêterait jamais.
Wan Yitong contempla sa silhouette désolée de dos et une soudaine amertume envahit son cœur. Il serra les poings et les dents, puis baissa les yeux, incapable de continuer à regarder ça.
Il avait beau aimer tourmenter le jeune homme, il avait beau se montrer hostile envers lui, ce n’était que verbalement Hum, et votre combat de tout à l’heure ? (1) et il n’irait pas jusqu’à lui faire sérieusement du mal. Le fait que le maître lui reprenait Lianlian devait forcément déchirer le cœur du cultivateur d’épée.
De son côté, Zhan Fengting voulut dire quelque chose, mais Lan Yue lui jeta un simple regard et le jeune homme soupira doucement.
Bei Shitian finit par arriver devant son maître et lui tendit Lianlian en la présentant à deux mains.
Lan Yue la récupéra d’une main. Il passa son autre main sur la lame et commenta :
« Lianlian est une épée que j’ai trouvée dans la partie la plus à l’est du Continent Est. C’est une arme douce, noble et pure, alors elle ne peut naturellement pas se comparer à ta Zhige, mais tu peux t’en servir pour le moment. Tu es un cultivateur d’épée, il te faut une épée. En ce jour, je t’octroie Lianlian. J’espère que tu pourras récupérer ton niveau le plus vite possible. »
Lin Xuanzhi accepta l’arme à deux mains et dès qu’il la toucha, il ressentit un esprit malveillant féroce ainsi qu’une aura meurtrière. Lianlian vibrait dans son fourreau, comme si elle hurlait et voulait sortir de son fourreau pour tuer tout ce qui bougeait.
Cette épée était devenue une arme de massacre.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Lin Xuanzhi ne put s’empêcher de jeter un regard à Bei Shitian.
Cette personne, qui se trouvait entre l’adolescent et le jeune homme, avait à peu près le même âge que lui. Pourtant, il avait déjà les mains couvertes de sang et avait tué Dieu sait combien de personnes.
Ses victimes, que ce soient des gens bien ou mauvais, des êtres humains ou des bêtes, au bout du compte, il en avait beaucoup trop tués. L’aura de sang excessive autour de lui risquait de nuire au développement de sa cultivation.
Par le biais de Lianlian, Lin Xuanzhi pouvait également sentir la répression, la haine et la douleur de Bei Shitian. Il ignorait d’où venaient ces émotions, mais l’épée ne pouvait pas mentir : il devait s’être passé quelque chose dans le passé mystérieux de Bei Shitian.
Les doigts de Lin Xuanzhi fins comme du jade caressèrent gentiment la lame de l’épée. Il employa son aura de cultivateur d’épée ainsi que sa propre méthode unique pour apaiser Lianlian.
L’épée parut sentir quelque chose et se calma au bout d’un court moment.
Une lueur de surprise apparut dans les yeux impassibles de Bei Shitian.
Il était le mieux placé pour savoir que Lianlian avait un terrible tempérament. Quand elle s’énervait, même lui, le maître qui avait accompagné l’épée nuit et jour pendant des années, était réduit à l’impuissance. Malgré ça, il avait suffi que Lin Xuanzhi la caresse un peu pour que l’épée se tienne tranquille.
Ce que Bei Shitian ignorait, c’était que l’épée Zhige que Lin Xuanzhi maniait avant avait un tempérament encore plus excentrique et plus difficile à gérer, à tel point qu’on pouvait la qualifier de têtue et remuante. Il avait donc naturellement sa propre manière de gérer ce genre “d’épée désobéissante”.
De plus, même s’il ne possédait pas Zhige actuellement, il avait encore son aura dans son corps. Le rang de Zhige était bien plus élevé que celui de Lianlian. Alors quand l’épée sentit l’aura d’une épée supérieure, elle n’eut pas d’autre choix que de se soumettre.
Lin Xuanzhi serra Lianlian contre lui et fit :
« Merci pour cette épée, maître. »
Lan Yue hocha la tête avec satisfaction et quitta les lieux, content de lui.
En passant à côté de Wan Yitong, il s’arrêta et fit :
« Tu sais quelle sera ta punition demain. »
Le jeune homme baissa la tête, abattu, puis acquiesça faiblement.
Après le départ de leur maître, il jeta un regard de rancœur à Bei Shitian :
« Tout ça, c’est ta faute. »
Cependant, Bei Shitian resta sans réagir. Au bout d’un moment, il fit simplement à Lin Xuanzhi :
« Traite-la mieux.
– Bien entendu, » acquiesça Lin Xuanzhi.
Bien que Lianlian était désormais en sa possession, elle ne lui était pas forcément destinée. Cette épée n’était en fait pas si compatible que ça avec lui, mais si on regardait les biens de l’Honorable Lan Yue, il n’y avait pas d’épée plus convenable.
Bei Shitian jeta un regard profond à Lin Xuanzhi, puis se tourna et s’éloigna à grands pas.
Wan Yitong le héla, alors que l’autre ne lui prêtait pas attention :
« Hé, hé, tu vas aller chercher un endroit où chialer, hein ? »
Bei Shitian tourna à un coin et disparut au milieu des fleurs.
Wan Yitong s’adossa contre la porte et étira les lèvres en un sourire.
« Petit en âge, mais pas en tempérament. »
Il était plus âgé que Bei Shitian. Ce n’était que parce qu’il avait intégré la secte quelques jours après lui qu’il était devenu son petit frère martial. Cependant, il ne l’avait jamais traité comme un grand frère martial.
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Tout à coup, il reçut une claque derrière la tête.
« Aïe ! » s’écria-t’il.
Il se tourna et jeta un regard triste à Zhan Fengting.
Ce dernier le gronda :
« Comment tu as pu faire ça ?!
– J’étais ivre, non ? marmonna Wan Yitong.
– Ivre ? »
Zhan Fengting partit d’un rire sarcastique.
« C’est ça, continue à te mentir. »
Wan Yitong haussa les épaules avec impuissance.
« La prochaine fois que je te vois t’en prendre à Ah Tian, tu verras. »
Zhan Fengting était vraiment furieux, à tel point qu’il se mit à émettre des menaces.
Après ces paroles sévères, il fit claquer ses manches et partit. Hai Kuanglang haussa les sourcils en regardant Wan Yitong avec une joie mauvaise. Les lèvres de ce dernier frémirent et il fit un doigt d’honneur à Hai Kuanglang.
Ce dernier partit à la suite de Zhan Fengting, ne laissant plus que Lin Xuanzhi dans la pièce.
Au moment où le jeune homme allait ranger Lianlian, il entendit Wan Yitong faire :
« Attends ! »
Wan Yitong se précipita pour prendre l’épée, puis la caressa soigneusement un moment, comme s’il se rappelait de certains souvenirs avec émotion.
« Ce gamin aime vraiment Lianlian, avoua-t’il. Il doit s’être trouvé un endroit pour pleurer à l’heure qu’il est. Ce gamin, il est comme ça depuis tout petit, ai… »
Lin Xuanzhi comprit soudain qu’il parlait de Bei Shitian.
Du coup, il n’arrivait pas à comprendre les sentiments de Wan Yitong pour Bei Shitian. Alors que tout à l’heure, il hurlait pour le frapper et le tuer, il parlait à présent de lui sur un ton si gentil.
« Quand je t’ai vu attaquer grand frère martial Bei tout à l’heure, fit-il, j’ai cru que tu éprouvais une haine profonde envers lui. »
Wan Yitong se mit à rire et ses yeux en forme de fleur de pêcher devinrent encore plus séduisants.
« Tu as bien raison, j’éprouve une haine immense envers lui à cause d’une dette de sang, à tel point que nous ne pouvons plus coexister sous le même ciel. »
Wan Yitong battit des cils et fit avec un sourire qui n’en était pas un :
« Tu peux demander à Bei Cangmo, mais qu’il te le dise ou pas, tout dépendra de votre relation. Je pense que comme tu as pris sa Lianlian, Bei Shitian risque de ne pas trop te porter dans son cœur. Je te conseille de ne pas te montrer curieux sur ces choses-là, mieux vaut éviter les ennuis. »
Après que Wan Yitong ait fini de parler, il rendit Lianlian à Lin Xuanzhi.
« Je suis crevé, je vais me coucher. Au fait, je veux te voir demain matin à l’heure Mao De 5 à 7 h du matin. (2) sur le terrain d’entraînement. Ne sois pas en retard, ah. »
Lin Xuanzhi garda les yeux fixés sur Lianlian, songeur, mais il n’arrivait pas à comprendre à quoi rimait tout ça. Intérieurement, il décida de choisir un jour pour aller voir Bei Cangmo et l’interroger à ce sujet. À l’époque, Bei Cangmo avait fui avec son petit frère du Continent Nord au Continent Est, puis ils avaient été acceptés sur des pics différents. Bei Cangmo n’avait jamais parlé de son passé et Lin Xuanzhi ne lui avait jamais posé la question. Il venait cependant à présent de découvrir que l’état d’esprit de Bei Shitian semblait être très dangereux.
Cela ne devait pas être une bonne chose.
Après que Lin Xuanzhi ait fini de se laver et qu’il soit allongé sur son lit, il ne put s’empêcher de se demander ce qui était arrivé à Ah Hen.
Comment allait-il en ce moment ?
« C’est quoi cette merde que tu as avalée ?! Pourquoi tu n’arrives toujours pas à voir le chemin ? »
Feng Jingyu pointa la tête hors du col de Yan Tianhen. Cela faisait au moins cinq shichen qu’il le suivait et tournait en rond dans ce brouillard !
Les deux tigreaux restaient collés à leur maître, de peur que s’ils battaient des cils, ils se retrouveraient séparés de lui.
Yan Tianhen était lui aussi si rempli de chagrin et de douleur qu’il aurait bien aimé pleuré.
Ne lui avait-on pas dit qu’après avoir avalé cette pilule, il serait capable de voir clairement le chemin et de sortir de ce labyrinthe ?
Mais personne ne lui avait dit que cette pilule n’était efficace que le temps d’un bâton d’encens, ah !
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Du coup, il en était réduit à essayer de retrouver son chemin dans le brouillard dense.
Non seulement cette brume l’empêchait de voir clairement au loin mais en plus, il y avait beaucoup d’arbres autour, ce qui pouvait facilement faire perdre le sens de l’orientation aux gens.
Yan Tianhen n’était pas stupide : il avait tenté par tous les moyens de faire des marques sur ces arbres et d’éviter soigneusement de prendre le même chemin, mais ces deux derniers shichen lui avaient appris de manière douloureuse que c’était totalement inutile. Chaque fois qu’il marquait un arbre, il y en avait souvent un autre qui arborait la même marque, comme un miroir.
Yan Tianhen haleta en s’adossant contre un arbre.
« Je n’en peux plus, je vais mourir tellement je suis crevé. Ce brouillard et cette forêt doivent être une formation pour perturber l’esprit des gens. Je n’y connais strictement rien en formation d’illusion, comment m’en sortir ? »
Feng Jingyu haït ce fer qui refusait de devenir acier.
« Ton grand frère t’a donné tellement d’outils magiques. Sors-les pour t’en servir, ah !
– Je voudrais bien, ah ! Mais le niveau de cette formation magique d’illusion est bien trop élevé. Ces outils magiques ne marchent pas, ah ! »
Le phénix soupira et se plaignit :
« On ne peut vraiment pas compter sur ton grand frère. »
Dès que Yan Tianhen entendit quelqu’un dire du mal de son grand frère, il répliqua aussitôt d’un air sérieux :
« Mon grand frère est la personne la plus fiable au monde. Il ne s’attendait certainement pas à ce que je tombe dans une situation pareille, sinon il m’aurait forcément raffiné un meilleur outil magique pour briser cette formation magique d’illusion. »
Feng Jingyu émit un son de dédain.
Quant à Ah Bai et Hu Po, bien que déjà à la septième étoile de l’Enfance, ils n’arrivaient pas à cacher leur terreur.
Ils auraient bien aimé se coller contre Yan Tianhen et le suivaient de très près. Feng Jingyu ne put s’empêcher de rouler des yeux en voyant ça — si le clan des Tigres Blancs du royaume du sud voyait qu’il y avait de tels lâches parmi leurs descendants, ils seraient probablement si furieux qu’ils viendraient pour emporter ces deux tigreaux et les jeter dans la Forêt de Dressage.
C’était vraiment une disgrâce pour tout le clan des Tigres Blancs !
Après un moment de repos, Yan Tianhen avait repris quelques forces et il continua à avancer à tâtons dans le brouillard.
Cependant, après avoir employé toutes sortes de méthodes, il n’arrivait toujours pas à retrouver son chemin.
Voyant qu’il était vraiment épuisé, Feng Jingyu suggéra :
« Sinon, tu peux toujours utiliser la Cloche Transmet Voix pour prévenir ton grand frère de ta situation. Et tant que tu y es, laisse tomber cet endroit pourri. Je ne crois pas que cet Honorable Huai Yu veut vraiment t’accepter comme disciple. Sinon, pourquoi il te tourmenterait autant ? Il vaut bien mieux devenir le serviteur de ton grand frère que de souffrir comme ça, ah. »
S’il comptait le temps écoulé, cela devait bien faire déjà un jour. Il devait y avoir des choses étranges dans ce brouillard car le force physique et le Qi interne de l’adolescent étaient fortement épuisés. Même maintenant, au moindre pas qu’il faisait, il haletait et toussait fortement.
Note de Karura : On retrouve enfin Ah Hen ! Le pauvre, il ne s’est pas amusé entre-temps. Va-t’il pouvoir sortir de ce brouillard dans le prochain chapitre ? Vous verrez bien ~
Notes du chapitre :
(1) Hum, et votre combat de tout à l’heure ?
(2) De 5 à 7 h du matin.
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