Chapitre 283 : Une grenouille au fond d’un puits
Il fallait dire que l’Honorable Huai Yu avait fait un effort pour enseigner de son mieux, parlant jusqu’à en avoir la gorge sèche pour partager ses connaissances. Mais il n’était pas non plus très raisonnable, car comment un être humain aurait-il pu mémoriser autant de choses d’un coup ?
Toutefois, Yan Tianhen en était capable.
L’adolescent s’éclaircit la gorge et répondit d’un ton assuré :
« Cette fleur qui possède douze pétales et quatre-vingt-huit feuilles se nomme l’Orchidée des Neiges. Elle absorbe l’énergie Yang et produit de l’énergie Yin. Elle possède à la fois les attributs d’eau et de terre. C’est une plante spirituelle locale de niveau trois. Ses effets sont de dissiper la fièvre et détoxifier. Elle apaise le côté toxique des pilules et neutralise l’attribut de feu fort dans une plante spirituelle. Non seulement on peut s’en servir pour raffiner des pilules antidotes, comme la Pilule Brise Feu, mais on peut aussi s’en servir comme ça pendant le raffinage afin d’augmenter les chances de réussite. Quant aux précautions à prendre quand on la plante… »
Yan Tianhen regarda la plante spirituelle qui fleurissait et ajouta :
« Bien qu’elle aime l’eau, il ne faut pas l’arroser trop souvent. Sinon, les racines vont pourrir et les mauvaises herbes apparaîtront facilement autour pour lui piquer ses nutriments. Alors il n’y a pas trop à s’inquiéter de l’entretien, mais ces Orchidées des Neiges ne doivent pas être plantées trop près l’une de l’autre, sinon elles vont s’entre-dévorer. En résumé, ce genre de plantes spirituelles est facile à cultiver, mais sa période de croissance est longue. Il faut environ dix ans pour qu’elle produise une fleur utilisable, en fonction de la quantité de Qi spirituel. »
Huai Yu hocha la tête et fit :
« Pas trop mal, c’est pas mal du tout. »
Bien que cela ne faisait que deux jours que Yan Tianhen était là, il avait déjà saisi le tempérament de son maître. Il savait que ce n’était pas simple d’obtenir un compliment de sa part, alors il comprit que le maître était plutôt satisfait de sa réponse.
Huai Yu désigna d’autres plantes spirituelles qui étaient moins nombreuses mais de rang plus élevé et demanda à Yan Tianhen de les reconnaître. L’adolescent les nomma une par une et ses paroles n’étaient guère différentes de ce que Huai Yu lui avait expliqué plus tôt.
Bien que ce dernier ne montra rien en apparence, il était très surpris intérieurement. Il avait présenté toutes ces plantes spirituelles à Yan Tianhen sans lui laisser le temps de digérer et d’assimiler ces connaissances, tout ça parce qu’il voulait tester son niveau.
On pouvait dire que le résultat était au-delà de ses attentes.
Après que Yan Tianhen ait sommairement présenté la dixième plante spirituelle sans se tromper une seule fois, Huai Yu arrêta de perdre du temps à le tester.
Il regarda cet adolescent à l’apparence très singulière et fit :
« Se peut-il que tu aies le don de ne rien oublier ? »
Yan Tianhen se gratta la tête.
« C’est possible. Je me souviens de tous les livres que mon papa m’a laissé lire quand j’étais petit, et il y en a un sacré paquet.
– Même si tu as ce talent, ne sois pas trop imbu de toi, le sermonna son maître. La plupart des gens avec un haut niveau de cultivation dans le monde ont une mémoire eidétique. Tu n’as rien de spécial. »
Yan Tianhen hocha la tête.
« Maître a raison, ce disciple ne sera plus orgueilleux et imbu de lui-même.
– C’est bien si tu as compris. »
Huai Yu hocha la tête de satisfaction, mais il ajouta ensuite :
« En face de ton maître, c’est bien d’avoir une juste idée de toi-même. Mais quand tu seras à l’extérieur, si tu oses te montrer aussi humble, ce ne sera pas la peine de revenir.
– … Ah ah ?
– Ah, quoi ah ? fit Huai Yu en faisant claquer sa langue. Va réfléchir tout seul. Comment pourrais-tu saisir les pensées de ce Vénérable en si peu de temps ? »
Yan Tianhen rougit de honte et hocha plusieurs fois la tête.
Il ne savait pas grand-chose à ce sujet, hormis le fait que son maître était narcissique et vaniteux.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Sans savoir ce que pensait son disciple, Huai Yu demanda soudain:
« Quel manuel tu utilises pour pratiquer l’alchimie ? »
Yan Tianhen se figea, puis répondit d’un ton un peu embarrassé :
« Je ne peux pas vraiment le dire. Si ce manuel m’appartenait, je vous le dirais sans problème, mais c’est quelqu’un d’autre qui me l’a donné et il m’a demandé de n’en parler à personne… Maître, en tant qu’aîné respectable, vous qui êtes si immensément magnanime, ne m’en demandez pas plus. »
Huai Yu plissa les yeux.
« Bon, si tu ne veux pas que je te le demande, je n’insisterai pas. Petit saligaud, je ne m’étais pas rendu compte que tu étais en fait quelqu’un de parole. »
Avec un sourire, Yan Tianhen le flatta en faisant :
« C’est bien normal, maître. Autrement, comment pourrais-je être votre disciple ? »
L’autre homme fut totalement d’accord avec lui.
« C’est bien vrai ! »
Yan Tianhen roula légèrement des yeux et fit :
« Maître, quelle technique d’alchimie allez-vous me faire pratiquer ?
– Où est l’urgence ? Quand tu auras appris à bien t’occuper de ces vénérables plantes spirituelles ici, il sera toujours temps de te lancer dans l’alchimie.
– Mais… »
Yan Tianhen semblait effectivement un peu pressé.
« Il n’y a pas forcément de lien entre cultiver des plantes spirituelles et faire de l’alchimie, ah. L’alchimie, c’est l’alchimie et les plantes spirituelles, c’est les plantes spirituelles. Quand j’étais dans la famille Lin, il y avait des gens spécialement affectés pour s’occuper des plantations. Les alchimistes n’avaient jamais à planter eux-mêmes. »
Ses paroles ne touchèrent pas beaucoup Huai Yu qui fit :
« Qu’est-ce qu’un gamin comme toi y connaît ? La culture des plantes spirituelles est un art immense et profond. Ouvre les yeux et regarde bien ! »
Sur ce, il s’approcha d’un carré de plantes spirituelles qui n’étaient que de niveau un et envahi par les mauvaises herbes. Il n’avait pas été entretenu depuis longtemps. Les yeux mi-clos s’ouvrirent et il employa un sort inconnu. D’un mouvement de ses manches amples, un Qi spirituel doux et pourtant puissant enveloppa le champ. L’instant d’après, Huai Yu leva la main. À ce moment, Yan Tianhen vit que pas moins d’une centaine de mauvaises herbes avaient été arrachées, alors que les plantes spirituelles n’avaient pas du tout bougé, comme si ce Qi spirituel ne les avait pas du tout affecté !
Yan Tianhen fut si stupéfait qu’il en perdit l’usage de la parole.
Il ne put s’empêcher de se frotter les yeux, soupçonnant qu’il venait simplement de rêver.
« Petit, que t’arrive-t’il ? Tu n’as pas bien vu ? »
Huai Yu baissa la main.
« Ne va pas croire que ton maître t’a demandé d’arracher les mauvaises herbes pour te martyriser. Ton niveau n’est pas suffisant pour que je te martyrise. »
Yan Tianhen s’approcha en courant et s’accroupit dans le carré de plantes spirituelles. Il posa la main sur le sol pour tester une par une les racines de chaque plante spirituelle.
Parfaitement intactes.
Il recommença.
Toujours intactes.
N’en croyant pas ses yeux, il murmura :
« Impossible.
– Pourquoi ce serait impossible ? rétorqua son maître. Si tu trouves ça impossible, c’est juste parce que tu n’as pas assez travaillé et que ton niveau de cultivation n’est pas assez haut. Dans les nobles familles du Monde Supérieur, les disciples de ton âge apprennent cette méthode pour retirer les mauvaises herbes. Ça n’a rien de rare. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Yan Tianhen sortit de sa stupéfaction et releva :
« Le Monde Supérieur ? »
Huai Yu se pinça les lèvres et fit :
« On l’appelle aussi les Neuf Royaumes. »
Yan Tianhen en resta stupéfait un moment, puis se releva.
« Ces alchimistes des Neuf Royaumes sont vraiment si puissants que ça ?
– Pourquoi je te mentirais ? répliqua Huai Yu en lui jetant un regard appuyé. Tu es comme une grenouille au fond d’un puits Cela désigne une personne ignorante ou bien qui a une vision limitée des choses. (1) qui contemple le ciel, assise là. Si je ne te montre pas d’autres couleurs, tu ne connaîtras jamais l’ampleur de ton ignorance. Ne va pas t’imaginer que pouvoir raffiner quelques pilules de Fondation à l’occasion veut dire que tu es fort. Dans les Neuf Royaumes, des gens capables de raffiner des pilules de Fondation de qualité supérieure, on en trouve à la pelle. Ce n’est qu’une pilule d’entrée de gamme. Celui qui n’arrive pas à la fabriquer n’est qu’une honte et une déception, il devient la risée des autres familles. »
Yan Tianhen s’approcha de lui et le regarda avec empressement. Il insista :
« Maître, maître, dites-moi en plus sur les Neuf Royaumes, hein ? Tous les gens là-bas sont-ils vraiment si puissants, ah ?
– Bien sûr ! S’ils n’étaient pas puissants, pourquoi ça s’appellerait le Monde Supérieur ? »
L’Honorable Huai Yu semblait vraiment de très bonne humeur, alors il ajouta quelques mots :
« La jeune génération des Clans Célestes a vraiment un talent doté de conditions naturelles extrêmement favorables. Dès la naissance, ils sont au cinquième rang de Raffinage de Qi au minimum. Certains consolident déjà leur Fondation directement dans le ventre de leur mère. À ton âge, la grande partie d’entre eux sont au niveau du Corps Tempéré et beaucoup ont même atteint le niveau Primaire. »
Yan Tianhen ouvrit de grands yeux. Un cultivateur de Niveau Tempéré à l’âge de treize ou quatorze ans, il arrivait totalement à y croire puisque son grand frère avait atteint ce niveau vers le même âge. Mais il n’avait jamais entendu parler ou vu un cultivateur qui arrivait au niveau Fondation dans le ventre de sa mère !
C’était vraiment trop incroyable !
Huai Yu observa son expression et crut que l’adolescent était intimidé. Il lui pinça la joue et fit :
« Et alors, tu te trouves faible et pathétique ? Tu aimerais te frapper la tête avec un morceau de tofu ? »
Yan Tianhen leva subitement vers lui des yeux brûlants. Il fit d’un ton excité :
« Les gens du Monde Supérieur ne peuvent atteindre le niveau Corps Tempéré qu’à mon âge. Ça veut dire que mon grand frère est extrêmement puissant comparé à eux ? »
Huai Yu : « … »
Ce gamin ne pensait qu’à Lin Xuanzhi ou quoi ?!
Il voulut d’abord le frapper, mais ne put s’y résoudre devant les yeux brillants et expectatifs de l’adolescent.
Puis il fit de manière imprévue :
« Ton grand frère est un monstre dans son genre, on peut dire qu’il a vraiment joui de conditions naturelles exceptionnelles. »
Même dans les Neuf Royaumes, Lin Xuanzhi serait considéré comme l’un des meilleurs, mais cela avait sans doute à voir avec sa lignée.
Les familles et les lignées étaient particulièrement respectées dans les Neuf Royaumes.. En effet, plus la lignée était noble, plus le talent de l’enfant serait puissant, ce qui était un don du Dao du Ciel.
Si le sang démoniaque de Yan Tianhen n’avait pas été scellé dans son corps par ce sceau magique, son niveau de cultivation n’aurait pas été moindre que celui que Lin Xuanzhi actuellement.
« Je le savais, ha ha ha ha ha ! » se réjouit Yan Tianhen.
N’en pouvant plus de joie, il s’écria :
« Je savais que mon grand frère est le meilleur. Peu importe où il se trouve, c’est lui le plus fort ! »
Huai Yu : « … »
Il n’avait plus envie de continuer à parler à ce sale gosse.
De toute manière, quoi qu’il disait, ce petit saligaud ramènerait toujours tout à son grand frère, alors il ne devait pas éprouver la moindre pitié pour lui !
Il le frappa sur la tête et fit d’un ton sec :
« C’est bon, arrête un peu de te la péter. Peu importe à quel point il est puissant, c’est ton grand frère, pas toi. Pourquoi tu te montres si fier ? »
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Yan Tianhen répliqua avec un sourire :
« Mon grand frère est plus fort que moi, bien sûr que j’en suis fier. C’est mon grand frère ! »
En entendant ça, Huai Yu ne put retenir un ricanement.
« Ne sois pas si naïf, espèce d’idiot. Tu dois devenir plus fort que lui — au moins pour ne pas te faire battre trop facilement par lui.
– C’est aussi ce que je pense, acquiesça l’adolescent. Sinon, comment pourrais-je protéger mon grand frère plus tard ? »
Huai Yu : « … »
Putain, ce Vénérable s’inquiète juste du fait que tu puisses un jour frapper Lin Xuanzhi à mort. Qui veut que tu le protèges, ah ?!
Il faillit exploser de colère. Roulant des yeux, il fit demi-tour et partit sans se soucier davantage de Yan Tianhen, cette branche pourrie pour qui on ne pouvait plus rien.
Dans la soirée, après que Yan Tianhen ait identifié d’autres plantes spirituelles, il se rappela qu’il devait encore faire griller la viande de serpent.
Après avoir retiré la peau près du ruisseau, Yan Tianhen se sentit désolé pour la dague que son grand frère lui avait offerte. Il la nettoya soigneusement avec un chiffon, puis la rengaina.
Il rassembla quelques branches mortes et chercha de l’herbe séchée. Il embrocha ensuite avec adresse le serpent sur une branche et la posa sur un support qu’il avait lui-même fabriqué. Il enflamma les branches et l’herbe avec son briquet, puis s’accroupit à côté du feu, attendant que la viande de serpent cuise.
Peu de temps après, Huai Yu arriva, alléché par l’odeur.
Il portait une tunique enfilée nonchalamment et une grande partie de son torse était à découvert. Ses longs cheveux étaient lâchés et retombaient dans son dos, touchant presque le sol.
« Ça sent très bon, ah. »
Huai Yu s’approcha et s’accroupit à côté de son disciple. Il renifla l’odeur et fit :
« Retire-le du feu qu’on puisse goûter ensemble.
– Ce n’est pas encore cuit, » objecta Yan Tianhen.
Il regarda d’un air désolé les longs cheveux de son maître qui traînaient par terre et sentit quelque chose le titiller.
« Qu’est-ce que tu regardes ? »
L’Honorable Huai Yu avait remarqué le regard insistant de Yan Tianhen. Il lui jeta un regard appuyé et fit :
« Tu n’es pas mon genre, alors inutile de te faire des idées sur ton maître. »
Yan Tianhen ne comprit pas tout de suite ce que son maître voulait dire. Quand il comprit, son petit visage devint aussitôt tout rouge.
« Je n’aurais jamais ce genre de pensées envers vous ! Vous êtes mon maître, comment pouvez-vous avoir ce genre de pensées tordues ?! » s’écria-t’il.
Huai Yu lui pinça les joues avec une joie mauvaise.
« Aiya, c’est très simple : la manière dont tu viens de me regarder, c’est comme si tu voulais m’arracher mes vêtements. »
Note de Karura :
Yan Tianhen : C’est un gros malentendu, je vous jure !
Huai Yu, se vantant : C’est tout à fait naturel, je suis tellement beau et sexy, tout le monde me dévore des yeux !
Notes du chapitre :
(1) Cela désigne une personne ignorante ou bien qui a une vision limitée des choses.
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