Chapitre 289 : La part du lion

« Voici une carte contenant cent mille pièces d’or. »

Avec un sourire, Lin Xuanzhi sortit une carte de son sac de stockage et la tendit à Huai Yu en précisant :

« Bien sûr, ce n’est que pour rembourser la perte des herbes spirituelles. Je ne saurais estimer à combien s’élève la dignité d’oncle martial. Mieux vaut qu’oncle martial donne son prix, afin que je puisse me préparer mentalement. »

Cette fois, ce fut au tour de Huai Yu de hausser les sourcils de surprise.

En réalité, cent mille pièces d’or ne représentaient pas grand-chose, surtout pas aux yeux d’un Vénérable Démon qui avait toujours tout payé en pierres spirituelles. Ces cent mille pièces d’or n’étaient rien du tout.

Par contre, c’était bien la première fois qu’il voyait quelqu’un sortir de l’argent avec autant de facilité, sans même la moindre hésitation. S’il ne savait pas qu’en fait, Lin Xuanzhi dépensait de l’argent à tout va et n’avait plus tellement d’économies sur lui, Huai Yu aurait cru que le jeune homme était en réalité super riche.

Une telle générosité —

Cent mille pièces d’or… Si on convertissait ça en terme de valeur actuelle sur les Cinq Continents, ce n’était clairement pas une petite somme.

Lin Xuanzhi devait sûrement s’être donné beaucoup de mal pour gagner cet argent.

Pourtant, ce gamin n’avait même pas posé de question, il avait tout de suite donné l’argent quand on le lui avait demandé. Huai Yu ne savait pas s’il était stupide ou très malin.

Mais après avoir pris l’argent, Huai Yu estima qu’il avait fait une bonne affaire et il en fut très heureux.

« Tu veux rire ? Comment cette misérable somme pourrait compenser l’honneur de ce Vénérable ? »

Il se mit à rugir si fort que même un sourd l’aurait entendu :

« L’honneur de ce Vénérable n’a pas de prix ! »

Lan Yue ne put que jeter un regard en coin à son cinglé de petit frère martial.

Lin Xuanzhi réprima le frémissement au coin de ses lèvres et il fut soudain pris de l’envie de ramener Ah Hen à ses côtés. À force de suivre un maître qui piquait des crises par moments, il n’était pas sûr que Ah Hen ne finirait pas mal plus tard.

Il toussota légèrement et s’enquit :

« Oncle martial, quels autres problèmes a causé Ah Hen ? »

Huai Yu réfléchit un moment avant de répondre :

« Pour le moment, je ne vois rien d’autre. Quand ça me reviendra, je reviendrai te demander à nouveau de l’argent. Tu ferais bien d’en préparer autant que tu peux à l’avance ! »

Lan Yue : « … »

C’était vraiment trop embarrassant, il ne voulait pas reconnaître que c’était son petit frère martial.

Cependant, Lin Xuanzhi ne changea pas d’expression. Il sourit et fit :

« Dans ce cas, j’attendrai que mon oncle martial y repense. »

Huai Yu en fut plus que soulagé. Il se dit que Lin Xuanzhi était complètement différent de son père si prétentieux. C’était bien un homme du monde. En réalité, si Lin Xuanzhi avait manifesté la moindre réticence aujourd’hui, Huai Yu l’aurait encore plus embêté.

Alors pour le moment… comme ce garçon s’était bien comporté, Huai Yu pouvait bien le laisser un peu tranquille.

Il lui tapota donc l’épaule plusieurs fois.

« Mon garçon, tu n’es pas trop mal, pas mal du tout. Puisque c’est comme ça, je veux bien autoriser à contrecœur mon vilain disciple à quitter le pic pour s’amuser un peu. »

Lin Xuanzhi regarda Huai Yu et une lueur défila dans son regard. Chacun put voir les mots “bonne transaction” dans les yeux de l’autre.

Lin Xuanzhi trouva ça amusant. Il n’aurait jamais pensé que l’Honorable Huai Yu était un tel grippe-sou.

Quand on ne voyait pas quelqu’un pendant trois jours, on le revoyait avec un regard nouveau. Lin Xuanzhi pensait que son Ah Hen était un petit avare, mais il y avait quelqu’un d’encore plus avide d’argent que lui, qui le manifestait de manière plus honteuse et sans s’en cacher.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lin Xuanzhi réfléchit un moment avant de faire :

« Je ne pense pas qu’oncle martial quitte très souvent le pic. Et si vous autorisiez Ah Hen à quitter le pic plusieurs jours ? Comme ça, il pourra vous ramener plusieurs cadeaux. Si oncle martial désire acheter quoi que ce soit, il peut le dire à Ah Hen ou à moi. Quand Ah Hen reviendra, je le laisserai ramener les présents. »

Huai Yu se dit en lui-même : Ce petit enfoiré de renard est très doué pour parler et gérer les choses. Cela dit, il ne voulait pas vraiment garder Yan Tianhen prisonnier, alors il fit semblant d’y réfléchir un moment.

« Puisque tu tiens tellement à montrer ta piété filiale à sa place, alors je veux bien t’en laisser l’occasion. Mais sache que j’ai beaucoup de choses à acheter. Je te ferai une liste en rentrant et mon cher disciple te l’apportera. »

Après ça, il plissa les yeux et l’avertit :

« Ne va pas fourrer n’importe quelle idée dans la tête de mon cher disciple. Tu ne dois pas déranger sa cultivation et arrête de lui donner ces choses qui le rendent paresseux. Sinon, les gens qui ne savent rien pourraient penser que tu essaies délibérément de faire de lui un bon-à-rien. Tu peux le protéger un certain temps, mais tu ne pourras pas le faire tout le temps. Il y a certaines routes qu’il doit emprunter seul. »

Lin Xuanzhi se figea et son cœur s’alourdit un peu. Il répondit :

« Je vais faire attention à ça. »

Les paroles de Huai Yu l’avaient un peu secoué.

Auparavant, il avait toujours redouté que Yan Tianhen se fasse martyriser ou qu’il soit en danger, alors il lui avait refilé une tonne d’outils d’attaque, de défense et auxiliaires. Mais après les paroles de l’Honorable Huai Yu, il se rendit soudain compte que ce genre de façon de le couver sans réserve était la raison pour laquelle Yan Tianhen n’était que très peu concerné par sa cultivation.

Bien entendu, comparé à avant, l’adolescent faisait bien plus d’efforts. Cependant, comparé à des gens qui voulaient vraiment améliorer leur niveau de cultivation, il était encore bien loin derrière.

La raison en était sûrement ces outils magiques.

Lin Xuanzhi songea à son empreinte spirituelle qui avait été effacée et aborda le sujet :

« Oncle martial Huai Yu, même si mon petit frère et moi ne pouvons plus nous voir tout le temps, j’ai tout de même besoin de lui dire quelques mots de temps en temps. J’espère qu’oncle martial pourra se montrer magnanime et nous y autoriser. »

L’autre homme plissa les yeux et l’observa un moment en réfléchissant.

« J’ai entendu dire que tu as quelques bons outils de défense sur toi ? »

Dès que Lin Xuanzhi entendit ça, il comprit clairement et en fut en même temps soulagé.

Puisque l’Honorable Huai Yu exprimait ses demandes, c’était qu’il était possible de négocier.

Alors il sourit et fit :

« J’ai beaucoup d’outils magiques. Que désire oncle martial ? »

Huai Yu entama sa liste :

« Je trouve que l’épingle à cheveux de mon disciple n’est pas mal du tout, tout comme les outils magiques de défense qu’il a sur lui. Oh, tant que j’y pense, sa dague est très facile à utiliser. Si tu as le même modèle, tu peux m’en donner une. Et ces derniers temps, le fourneau que j’utilise ne fonctionne pas très bien. Tu peux prendre le temps de m’en raffiner un. Il ne doit pas être de trop mauvais rang et je veux neuf ouvertures. »

Plus un fourneau avait d’ouvertures, plus il était rare et cher. Si on cherchait un fourneau à neuf ouvertures, il serait impossible de s’en acheter un, même avec plusieurs millions de pièce d’or. De plus, ce genre de fourneau avait une forte demande, mais pas de vendeur. Il était donc vraiment impossible de l’acheter.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lan Yue lui jeta un regard en coin et le réprimanda :

« Petit frère martial, tu réclames vraiment la part du lion. »

Huai Yu se contenta de rire un peu.

« Grand frère martial, tu te sens désolé pour ton disciple, ah ? Je n’ai même pas encore commencé à réclamer la part du lion. En plus, ces petites choses, ce n’est rien entre nous, Xuanzhi, tu ne trouves pas, ah ? »

Lin Xuanzhi ne que rire jaune dans son cœur. Cet oncle martial Huai Yu ne le considérait vraiment pas comme un étranger, mais plutôt comme une machine à fabriquer des outils magiques.

Cela dit, que pouvait-il faire d’autre ?

Yan Tianhen allait s’entraîner au moins durant les trois prochaines années sous la tutelle de l’Honorable Huai Yu. Si Lin Xuanzhi ne gagnait pas ses faveurs à l’avance, l’autre homme risquait de rendre les choses difficiles pour Yan Tianhen si son tempérament explosait un jour. Alors en comparaison, ces énormes efforts pour obtenir ce que voulait Huai Yu n’étaient rien.

En songeant à tout ça, il fit d’un ton léger et sans changer d’expression :

« Les premiers sont relativement facile à se procurer, mais je n’ai pas entendu dire qu’un fourneau à neuf ouvertures était en vente ces derniers temps. Si je dois le raffiner, j’ai bien peur qu’il faudra attendre un certain temps. J’ignore si oncle martial voudra bien attendre. »

L’intéressé haussa un sourcil.

« Bien sûr que je peux attendre, du moment que tu mets tout ton cœur à l’ouvrage. »

Lin Xuanzhi acquiesça et déclara :

« Bien que ce soit un peu difficile, du moment qu’oncle martial l’a demandé, même si je dois gravir une montagne d’épées ou traverser une mer de feu, je ferai en sorte qu’oncle martial l’obtienne. »

Huai Yu haussa les sourcils, puis s’écria pour Lan Yue ;

« Regarde, regarde ! Voilà ce que ça veut dire que d’avoir du savoir-vivre et un bon jugement. Grand frère martial, neveu martial Huarong est bien plus généreux que toi, ah. »

Lan Yue renifla.

« Tu t’y connais vraiment pour martyriser les enfants. »

Loin de se sentir honteux, Huai Yu en était même très fier. Il fit en souriant :

« Comment peux-tu appeler ça martyriser ? Je suis sûre que Lin Xuanzhi est clairement d’accord pour me montrer sa piété filiale avec la plus grand sincérité, je me trompe ? »

Lin Xuanzhi acquiesça.

« Bien entendu. S’il y a le moindre autre outil magique que désire oncle martial, il a autant me faire la liste maintenant, pour que je puisse les raffiner le plus vite possible. »

Transporté de joie, Huai Yu ajouta encore sept ou huit outils magiques qui n’étaient pas faciles à raffiner, mais qui restaient à la portée du jeune homme. Il ferma la bouche avec réticence sous le regard sombre et menaçant de son grand frère martial.

« Ce sera tout pour le moment. Tâche de les raffiner au plus vite et de me les apporter. Si la qualité n’est pas au rendez-vous, je me fâcherai. »

Après cet avertissement, il leva la main et jeta quelques Cloches Transmets Voix au jeune homme en disant :

« J’ai effacé mon empreinte spirituelle, tu peux les marquer de nouveau. »

Lin Xuanzhi serra les outils magiques et apposa de nouveau son empreinte spirituelle dessus.

Après ça, il sortit un autre sac bien rempli et le tendit à Huai Yu.

« Oncle martial, voici quelques Cloches Transmet Voix et Balles Coup de Tonnerre que j’ai raffinées ces jours-ci. Si je peux vous importuner pour que vous les apportiez à Ah Hen de ma part. »

Huai Yu avait soutiré énormément de bonnes choses aujourd’hui sans avoir à payer quoi que ce soit, alors il était d’excellente humeur. Il accepta le sac sans faire d’histoires et commenta :

« Tu te soucies vraiment beaucoup de ton petit frère.

– C’est normal. C’est mon seul petit frère, après tout. »

Huai Yu étira les lèvres en un sourire entendu et fit :

« Ce n’est pas sûr. »

Lin Xuanzhi en fut un peu abasourdi, sentant un autre sens dans les paroles de cet homme.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Huai Yu demanda ensuite sur le ton de la conversation :

« Ton petit frère a toujours été si peu enthousiaste au sujet de la cultivation ? »

Lin Xuanzhi hésita un peu avant de répondre :

« Ah Hen a une constitution particulière, alors il ne peut pas pratiquer les techniques ordinaires. Il ne s’est donc jamais beaucoup intéressé à la cultivation pendant longtemps mais là, il a trouvé une méthode qui lui convenait, alors il devait pratiquer plus qu’avant. »

Il n’était pas sûr si Huai Yu savait vraiment que Yan Tianhen était un cultivateur démoniaque. Mais puisque Lan Yue avait envoyé l’adolescent s’entraîner sous la tutelle de Huai Yu, il y avait neuf chances sur dix pour que cet homme soit également au courant.

Cependant, juste pour être sûr, Lin Xuanzhi avait gardé sa réponse neutre.

Huai Yu renifla et fit :

« Alors tu ne le connais pas bien du tout. Il y a quelques jours, il m’a soudainement annoncé qu’il ne voulait plus continuer à cultiver. Je ne peux que lui faire pratiquer sa voie secondaire. Quant à la raison, je ne me suis pas fatigué à la lui demander mais puisque tu es son grand frère, je te laisse le soin de le raisonner. »

Il ne serait jamais venu à l’esprit de Lin Xuanzhi que son petit frère, qui avait pourtant juré de devenir plus fort afin de le protéger il y avait à peine quelques jours, renoncerait à sa cultivation démoniaque… Non, quelque chose devait être arrivé à Yan Tianhen pour qu’il change ainsi d’avis.

Lin Xuanzhi baissa les yeux et fit d’un ton grave :

« Quand je le verrai, soyez-sûr que je lui en parlerai.

– Du moment que ce n’est pas toi qui lui as mis cette idée en tête, » fit Huai Yu en hochant la tête.

Lin Xuanzhi eut un sourire amer.

« Je souhaite uniquement qu’il devienne le plus fort possible, comment pourrais-je être à l’origine de ce changement ? »

Malgré tout, Huai Yu le trouvait quand même irritant à regarder, alors il fit d’un ton mauvais :

« Qui sait si tu n’as pas de mauvaises intentions pour tromper Ah Hen ? »

Lin Xuanzhi voulut se défendre, mais Lan Yue intervint le premier, le visage sombre :

« Huai Yu, tu parles de trop. »

Le concerné haussa les épaules et fit d’un ton nonchalant :

« Très bien, puisque grand frère martial a parlé pour protéger son petit, je n’en dirai pas plus. Si tu n’as rien d’autre à faire ici, tu peux t’en aller. Je dois encore discuter avec ton maître. »

Lin Xuanzhi avait effectivement atteint son but, alors il fit un demi-salut vers les deux aînés.

« Si vous voulez bien m’excuser, Huarong va prendre congé. »

Après son départ, Huai Yu garda le silence un bon moment, puis commenta :

« Ln Xuanzhi est si tolérant. Je lui ai fait des demandes si dures, pourtant il n’a pas manifesté le moindre mécontentement. C’est vraiment au-delà de mes attentes. Je crois bien qu’au même âge, son père n’avait pas la même patience et tolérance que lui. »

Lan Yue ne put s’empêcher de lui jeter un regard significatif :

« Alors tu as bien conscience que tes demandes étaient trop dures. »

Huai Yu se contenta de rire.

« L’un est prêt à frapper, tandis que l’autre est prêt à endurer les coups. Que voulais-tu que je fasse d’autre ? »

Lan Yue : « … »

Note de Karura : Lin Xuanzhi croit faire ça pour gagner les faveurs du maître d’ Ah Hen mais en fait, ce sont les faveurs de son futur beau-père qu’il va chercher à obtenir !

Lan Yue à Huai Yu : Tes demandes sont vraiment trop dures !

Huai Yu : C’est pour la dot de mon bébé Ah Hen ! Rien n’est assez beau pour lui !

Lan Yue : … Je ne peux plus rien dire.

Commentaires :