Chapitre 290 : L’évaluation de Huai Yu

Pour être honnête, mis à part Yan Zhonghua qui avait dû être aveuglé par l’amour à l’époque, Lan Yue ne connaissait vraiment personne d’autre au monde qui pourrait supporter un type comme You Ming, si excentrique qu’il pouvait faire enrager à mort n’importe qui rien qu’en ouvrant la bouche.

À l’époque, You Ming n’en avait fait qu’à sa tête et avait couru derrière Yan Zhonghua. Il avait même surmonté tous les obstacles pour “l’épouser” en grandes pompes. Tous ses frères martiaux et amis proches avaient tapé dans les mains et ri de bon cœur, avant d’observer trois minutes de silence pour Yan Zhonghua. En effet, pendant qu’ils avaient tous voyagé dans tous les coins des Neuf Royaumes afin de gagner de l’expérience, You Ming étant sous l’identité de Huai Yu, presque tout le monde avait dû subir ses taquineries et son badinage.

Même Lan Yue, en tant que grand frère martial direct, avait souvent envie de frapper son petit frère martial.

Voyant que Lan Yue faisait une vilaine tête, Huai Yu tira la langue et s’empressa de dire :

« Très bien, grand frère martial, assez parlé de Lin Xuanzhi. Ce garçon a un grand destin, il ne va pas mourir pour si peu. Vu que le temps est précieux, parlons plutôt de mon bébé Ah Hen. Après tout, je ne peux pas rester trop longtemps. »

Les yeux de Lan Yue s’adoucirent un peu.

« Si j’avais su que tu étais si occupé de manière importante dans les Neuf Royaumes, je n’aurais pas autant réfléchi pour trouver le moyen de te faire venir. Mais franchement, pourquoi as-tu fait autant d’efforts pour venir en personne sur les Cinq Continents ? »

Il y avait déjà une faille immense entre les Neuf Royaumes et les Cinq Continents. C’était extrêmement difficile pour quelqu’un des Cinq Continents de voyager dans les Neuf Royaumes. De la même manière, pour venir des Neuf Royaumes aux Cinq Continents, il fallait payer un prix considérable.

Huai Yu eut un léger rire et fit :

« Que veux-tu ? Mon fils me manquait trop. En plus, ces enfoirés des Neuf Royaumes font tout leur possible pour retrouver Ah Hen. Il fallait bien que je vienne en avance pour lui donner de quoi se défendre. Je lui ai déjà donné La Danse des Dix Mille Démons Célestes Antiques et La Méthode de l’Empereur Cadavre. Et maintenant, je lui ai donné en plus Le Livre Obscur des Poisons. Bref, s’il s’applique dans sa cultivation, il sera pratiquement capable de se protéger lui-même dans les Neuf Royaumes quand il quittera les Cinq Continents, en attendant que son véritable pouvoir se réveille. »

Lan Yue secoua la tête.

« De tout ce que tu lui as donné, Le Livre Obscur des Poisons n’est pas trop mal puisqu’on ne peut pas en déterminer les origines. Par contre, en ce qui concerne les deux autres, il suffira qu’il emploie ces techniques dans les Neuf Royaumes pour que les gens sachent aussitôt qu’il a un lien avec toi. Tu ne lui facilites pas la tâche pour se déplacer dans les Neuf Royaumes, ah.

– Je ne lui complique rien du tout, argua Huai Yu avec un sourire. Il n’y a pas que lui, tout plein de cultivateurs démoniaques dans les Neuf Royaumes ont des techniques similaires. Du moment qu’il fait profil bas, personne ne fera trop attention à lui. Cela dit, son visage est plutôt du genre à attirer l’attention. »

Lan Yue examina le visage de son petit frère martial qui arborait une touche de regret et commenta :

« C’est vraiment dommage pour son visage. »

Huai Yu eut un rire d’autodérision.

« Ce n’est vraiment pas dommage. Sans ça, dès que les gens verraient son apparence si splendide qu’elle pourrait provoquer la chute d’un empire, va savoir quel genre de papillons de nuit iraient s’attrouper autour de lui comme attirés par une flamme… Ai, on n’y peut rien. Il a fallu qu’il me ressemble exactement ! »

Lan Yue : « … »

Il avait presque oublié que You Ming était un grand narcissique.

Huai Yu se caressa fièrement le visage puis, avant que son grand frère martial ne puisse se moquer de lui, il changea de sujet :

« J’espère vraiment que Lin Xuanzhi puisse avoir une relation solide avec Ah Hen. Si cela se fait, ces deux-là pourront peut-être changer leur destin envers et contre tout. Le Dao du Ciel est immuable, mais la réussite dépend des efforts de l’homme, tu ne trouves pas ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lan Yue garda le silence un moment, puis tapota l’épaule de l’autre homme.

« J’étais autrefois persuadé que le Dao du Ciel était irrémédiable et que tout était prédestiné. Mais depuis que l’astrolabe et la carte des étoiles ont radicalement changé il y a quelques temps, j’ai changé d’avis. Il se peut que Xuanzhi et Ah Hen puissent véritablement changer leur destin de s’entre-tuer. »

En tout cas pour le moment, leur relation semblait plutôt stable. Lin Xuanzhi choyait son petit frère à l’extrême, tandis que ce dernier avait plus de pensées et de sentiments humains. Et il était également amoureux de Lin Xuanzhi depuis longtemps.

Les étoiles célestes semblaient enveloppées dans un épais brouillard depuis. Lan Yue ne pouvait plus voir leur trajectoire future ainsi que l’avenir de ces deux jeunes gens. Mais pour le moment, il ne voyait aucun signe indiquant que les deux allaient s’entre-tuer un jour.

Le Dao du Ciel avait-il changé ?

Lan Yue l’ignorait, tout comme le Vénérable Démon You Ming. Il y avait fort à parier que même les rois et l’empereur des Neuf Royaumes ne le savaient pas non plus.

Même la famille de prophètes ne pouvait pas le savoir actuellement, puisqu’il n’avaient plus le pouvoir d’observer la Roue du Destin et d’observer les étoiles du destin des deux jeunes gens qui pouvaient dominer la situation actuelle.

Personne ne savait quels changements allait apporter ce grand bouleversement à Lin Xuanzhi et Yan Tianhen, voire même au Dao honorable et au Dao démoniaque.

Lan Yue espérait seulement que tout irait pour le mieux et que ce ne serait pas en vain qu’ils avaient fait tous ces efforts et tous ces plans. Il y avait plus de dix ans, ils avaient œuvré si dur pour mettre en place cet immense jeu d’échec, s’assurant que Yan Tianhen et Lin Xuanzhi puissent grandir ensemble sur les Cinq Continents, une terre pure isolée des Neuf Royaumes, tout ça pour que leur relation puisse être la plus solide qui soit.

Quelques jours plus tard arriva le moment convenu entre Huai Yu et Yan Tianhen. Le maître entreprit de vérifier si son disciple avait bien fait ses devoirs.

Il commença par conduire Yan Tianhen devant un carré de plantes spirituelles et désigna du doigts les mauvaises herbes qui avaient poussé sauvagement. Il ordonna :

« Arrache-moi ces mauvaises herbes. »

Ces derniers temps, Yan Tianhen avait détruit des centaines de plantes spirituelles tous les jours. Au départ, il avait eu si peur que son cœur avait tremblé violemment. Il s’était senti comme un bon à rien à gâcher ces ressources naturelles imprudemment. Mais comme disait le proverbe, ce qui était compliqué la première fois passait beaucoup mieux la seconde fois. À force de commettre ces actes de destruction et de gâchis plusieurs jours d’affilée, il avait fini par devenir insensible !

Alors Yan Tianhen ne protesta pas et puisa dans la mer de Qi de son Dantian. Il appliqua les méthodes internes et de concentration du Livre Obscur des Poisons, puis commença à désherber en utilisant les sceaux de main qu’il avait pratiqués pas moins de dix mille fois en l’espace de ces quinze petits jours.

Dans une plantation spirituelle, où se trouvait le Qi spirituel le plus puissant ?

Ce n’était ni dans la terre, ni dans les airs, mais dans les racines des plantes spirituelles elles-mêmes.

Du coup, les mauvaises herbes étaient enroulées autour des racines. Bien que cela soit invisible à l’œil nu, si on creusait dans le sol ou qu’on utilisait son Qi interne pour sonder, on pouvait trouver deux types de racines entremêlées ensemble. Les racines des plantes spirituelles étaient étroitement enserrées par les racines des mauvaises herbes, comme si ces dernières voulaient étrangler à mort les plantes spirituelles.

En l’état, c’était presque impossible de les séparer d’un coup.

Au départ, Yan Tianhen était incapable de faire ça… Bon, il fallait dire que même maintenant, il n’y arrivait toujours pas.

Démêler les racines des mauvaises herbes de celles des plantes spirituelles consumait une grande partie de son Qi interne. Il fallait en plus faire bien attention car si on n’était pas assez concentré, s’il y avait la moindre petite distraction, c’était facile d’endommager les racines des plantes spirituelles par mégarde.

Si cela arrivait, bien que la plante spirituelle ne serait pas complètement fichue, sa qualité baisserait grandement.

Cependant, quand Yan Tianhen se mit à la pratique pour de bon, il s’aperçut que le plus difficile n’était pas de séparer les racines. La véritable difficulté, c’était d’arracher les mauvaises herbes.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

La terre était épaisse, surtout là où les plantes spirituelles étaient plantées. Le système de racines allait bien souvent à six chi sous terre, voire plus. Si on voulait arracher de loin les mauvaises herbes dont les racines plongeaient aussi profondément, cela demandait à un cultivateur bien plus de Qi interne et de force que de les arracher à la main.

Yan Tianhen n’avait pas assez de force. Au début, il avait souvent eu les yeux plus gros que le ventre : il avait répandu sa force et son Qi interne sur toutes les mauvaises herbes en vue mais au bout du compte, il n’était pas parvenu à en extirper une seule.

Une fois son Qi interne épuisé, il fallait un certain temps pour le reconstituer. Le temps que Yan Tianhen récupère, quand il était revenu pour désherber les champs, il s’était rendu compte les mauvaises herbes dont il avait coupé les racines avaient repoussé de plus belle et s’étaient à nouveau enroulées autour des racines des plantes spirituelles.

Cela l’avait énormément déprimé.

Après plusieurs échecs cuisants, il avait soudain compris quelque chose. Il ne se montra plus trop optimiste pour tenter d’atteindre le niveau de Huai Yu d’un coup, mais essaya simplement d’arracher une seule mauvaise herbe à la fois.

Après avoir réussi à extirper sa toute première mauvaise herbe, le Qi interne dans son corps était pratiquement épuisé et il avait l’impression que ses bras avaient soulevé une immense pierre de plusieurs centaines de jin. Il était si épuisé qu’il ne pouvait plus lever les bras.

Il avait ensuite demandé à son maître à quel poids cela correspondait de soulever une mauvaise herbe dans les airs. Huai Yu avait répondu que ce n’était que cent quatre-vingts jin Environ 90 kg. (1).

Les progrès furent très lents. Mais à force de désherber tous les jours, Yan Tianhen avait compris de nouvelles choses et obtenu des bénéfices.

Comme maintenant —

« Hé ! » s’écria le garçon.

Il serra les dents et tenta d’arracher cinq mauvaises herbes d’un seul coup, les mains levées.

Son Qi interne s’usait rapidement et ses mains semblaient porter des tonnes. Il tremblait alors que les mauvaises herbes s’élevaient dans les airs à une vitesse d’escargot.

Huai Yu était assis dans un arbre à côté, ses jambes se balançant dans les airs. Il tenait un fruit et le mangeait joyeusement. Il commenta :

« Tu as détruit plus de neuf cents plantes spirituelles de ce Vénérable en quinze jours et tu n’arrives qu’à ce niveau ? »

Yan Tianhen élimina automatiquement le bruit et les idioties pour déployer la force de neuf taureaux et deux tigres. Il n’avait jamais été aussi épuisé de sa vie depuis qu’il avait tété du lait étant bébé.

Cela dit, il n’avait sans doute jamais tété le lait du sein de son papa.

Retirer cinq mauvaises herbes d’un coup était le but minimum que Huai Yu lui avait fixé. Mais c’était tout bonnement impossible pour un cultivateur d’accomplir ça.

Il fallait savoir qu’entre arracher une mauvaise herbe et deux mauvaises herbes, la quantité de Qi interne requise n’était pas doublée, mais élevée au carré ! Il en allait de même pour la force.

Des veines bleues ressortirent sur le front de l’adolescent, son visage rougi et en nage. Encore hier, il avait peiné à retirer quatre mauvaises herbes mais aujourd’hui, il avait voulu subitement passer à cinq — c’était clairement un immense défi pour lui !

J’y arriverai pas, mon Qi interne est presque à bout.

Yan Tianhen eut soudain un mauvais pressentiment et il fut même pris de l’envie de toute abandonner, sauf qu’il ne pouvait plus avancer ni reculer. C’était comme s’il tenait une lourde pierre de plusieurs centaines de jin dans les mains et qu’il ne pouvait pas la poser. Il avait l’impression que son corps tout entier allait se faire compresser au sol.

À cet instant, le regard acéré de Huai Yu remarqua que les mains de son disciple s’étaient un peu relâchées. Il cria aussitôt :

« Yan Tianhen, ces derniers jours, tu as détruit des centaines de mes plantes spirituelles et je n’ai pas encore été voir ton grand frère pour lui réclamer de l’argent. Si tu ne peux pas soulever ces mauvaises herbes aujourd’hui, tu peux être sûr que j’irai le voir sur-le-champ ! »

Yan Tianhen : « !!! »

Il eut l’impression d’avoir reçu un coup sur la tête, comme si la foudre s’était abattue sur lui, engourdissant son cerveau.

« Et si j’arrive à les soulever ?! rugit-il, les yeux rouges.

– Alors ce sera tant pis pour ce Vénérable, je ne demanderai pas de compensation !

– Compris ! »

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Yan Tianhen inspira subitement et lâcha un rugissement :

« AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH ! »

Ah Bai, qui était aussi allongé sur une branche à observer le spectacle tout en mâchouillant un fruit de joie démoniaque, eut si peur qu’il faillit tomber.

« AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH ! »

Après ce cri continu si fort que même un sourd aurait pu l’entendre et qui fit s’envoler tous les oiseaux du pic, les cinq mauvaises herbes s’arrachèrent finalement de terre et restèrent maintenues dans les airs par Yan Tianhen avant de retomber.

Il fixa bêtement les cinq herbes par terre qui allaient à présent servir d’engrais et dont les racines étaient intactes. Puis il baissa la tête pour contempler ses paumes un peu rouges, incapable de croire en ce pouvoir qui venait d’émaner de lui.

Cela venait vraiment bien de lui ?

Il semblait avoir pris conscience qu’il pouvait déployer ce pouvoir uniquement quand il se retrouvait dans une situation désespérée. Bien qu’il n’en avait eu qu’un petit aperçu, c’était déjà suffisant pour un cultivateur !

Malgré son extrême fatigue, il se tourna avec excitation pour regarder Huai Yu, se réjouissant.

« Maître, j’ai réussi ! J’ai réussi ! »

Huai Yu était également très soulagé. Au moment où il allait ouvrir la bouche pour le féliciter, il entendit l’adolescent ajouter :

« C’est génial, à présent, vous ne pouvez plus réclamer d’argent à mon grand frère ! Vous devez tenir votre parole. Si vous mentez, vous serez un chien ! »

Huai Yu : « … »

Il aurait bien aimé jurer, mais se demandait s’il devait vraiment le faire.

Il lui jeta un regard neutre tout en ayant le visage sombre.

« Tu es un cas désespéré.

– Ha ha ha !

– Idiot, stupide ! insista-t’il.

– Ha ha ha !

– … »

Putain, il était si furieux qu’il lui aurait bien fait passer l’envie de rire.

Note de Karura : Comment motiver Yan Tianhen ? Le pognon, toujours avec le pognon !

Huai Yu, ressuyant une larme de fierté : C’est bien mon fils !

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Sinon, vous vous rappelez de l’homme au masque de fantôme qui voulait prendre Yan Tianhen pour disciple ? Ce n’est pas dit clairement, mais il doit s’agir de You Ming qui est venu déguisé pour donner ces manuels de cultivation à Yan Tianhen. Relisez les chapitres 88, 89 et 130 pour comparer le comportement de ce mystérieux cultivateur à l’excentrique You Ming !

Notes du chapitre :
(1) Environ 90 kg.

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