Chapitre 333 : Le raffinage de pilule
Huai Yu jeta un regard en coin à Yan Tianhen, son regard montrant légèrement de l’orgueil et de la vantardise.
« Sache que lorsque ton maître raffine des pilules, il n’a nul besoin d’un fourneau d’alchimie. »
Cela stupéfia l’adolescent.
« Hein ? Comment on peut pratiquer l’alchimie sans fourneau, ah ?
– Regarde et tu verras. »
Les doigts de l’homme accélérèrent la formation des sceaux de main et ses yeux d’ordinaire paresseux changèrent totalement. Un sceau de feu violet se dessina entre ses sourcils et des flammes violettes palpitantes apparurent devant lui.
Yan Tianhen s’écria :
« Ouah ! »
C’était en fait un feu exceptionnel au monde !
Bien que Yan Tianhen ne connaissait pas le nom de ces flammes extraordinaires, cela ne l’empêcha pas de penser jusqu’à ce que cela envahisse totalement son esprit : Putain, putain, c’est trop génial !
Son maître n’avait vraiment pas besoin d’un fourneau pour raffiner des pilules, il employait simplement ce feu exceptionnel.
Huai Yu pouvait fabriquer cette pilule simple même les yeux fermés. Par conséquent, il ne craignait pas du tout l’embarras de rater son coup. Il n’hésita donc pas à ralentir ses mouvements pour que Yan Tianhen puisse mieux voir comment il faisait.
Les flammes exceptionnelles brûlaient et tournoyaient, devenant parfois grandes et parfois petites, parfois brillantes et parfois sombres.
Yan Tianhen songea uniquement que les sceaux de main de son maître étaient d’une beauté et d’une grâce extrêmes, aussi fluides que des nuages qui passaient et de l’eau qui coulait. Les longs doigts fins semblaient presque danser.
Une partie des plantes spirituelles était déjà pressée en jus, une autre partie réduite en cendres, tandis que d’autres plantes étaient raffinées pour devenir plus lourdes ou plus légères.
Mais ce qui restait invariant, c’était le flot régulier et incessant d’énergie spirituelle et de Qi Yin.
Hein, du Qi Yin ?
Yan Tianhen crut d’abord qu’il avait mal perçu, mais les filaments d’énergie provenant de son maître étaient à la fois familiers et inconnus.
Ce devait être du Qi Yin.
Sans savoir pourquoi, Yan Tianhen se sentit tout à coup un peu excité.
Il avait énormément de questions à poser, mais il n’avait pas oublié que Huai Yu lui avait interdit de le déranger pendant le processus de raffinage. Il réprima donc sa curiosité tant bien que mal et observa plutôt attentivement comment son maître raffinait et la manière dont il introduisait le Qi spirituel dans la pilule.
Peu de temps après, Huai Yu cessa ses sceaux de main, fit disparaître le feu extraordinaire et se retrouva avec une pilule ronde dans la main. Yan Tianhen en fut ébahi.
« C’est terminé ?
– Cela fait déjà un demi shichen et ce n’est qu’une pilule de niveau Primaire, répliqua Huai Yu. Combien de temps tu croyais que ça allait prendre ? »
Yan Tianhen prit la pilule et l’examina attentivement. Il ne put retenir une exclamation et s’écria :
« Une pilule de Corps Tempéré de qualité supérieure ? »
Son maître répliqua avec une pointe de dédain :
« Pourquoi tu réagis autant ? On dirait que tu n’as jamais vu le monde. Oui, ce n’est qu’une pilule de Corps Tempéré. Ne fais pas comme si tu voyais une pilule Céleste ! »
Yan Tianhen se gratta le nez et se dit qu’effectivement, il avait un peu trop réagi.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Malgré ça, il ne put retenir son excitation et fit :
« Rien qu’un demi shichen, ah. Maître, vous êtes vraiment trop fort ! Si j’ingérais cette pilule, je serai certainement au niveau Corps Tempéré à l’heure qu’il est !
– Ne prends pas les pilules pour des bonbons ! »
Huai Yu leva ses yeux de phénix pour fixer l’adolescent. Il reprit :
« Bien que cette pilule n’a pas le moindre effet secondaire et permet à 100 % d’atteindre le niveau de Corps Tempéré, tu dois savoir que sur la voie de la cultivation, un niveau plus élevé ne veut pas dire que tu es toi-même plus fort. Si tu n’as qu’un haut niveau de cultivation mais aucune expérience réelle de combat, tu ne seras qu’un simple vase vide — joli en apparence, mais peu utile. Au moindre danger, tu te feras aussitôt tuer. »
Yan Tianhen soupira et s’obligea à détourner son regard de la pilule. Il fit :
« Ne vous en faites pas, maître. Je comprends tout ça et je ne ferai pas l’erreur de prendre des pilules pour progresser à la légère. »
Huai Yu lui jeta un regard moqueur.
« Gamin, tu sais que dalle. »
Yan Tianhen : « … »
Huai Yu reprit :
« À ton tour maintenant. Il n’y avait pas de fourneau pour cacher ce que j’ai fait et j’ai délibérément ralenti mes mouvements. Tu devrais donc être capable de commencer à raffiner cette pilule. »
Yan Tianhen : « … »
C’était loin d’être du gâteau, ah ! Il n’avait encore jamais raffiné ce genre de pilule de Corps Tempéré et c’était bien plus difficile à raffiner qu’une pilule de Fondation. Pourquoi il devait commencer par ça tout de suite ?
« Maître, ah, vous n’aviez pas dit que j’étais plus fait pour devenir un Maître des Poisons ? rappela-t’il.
– C’est vrai, ah, acquiesça Huai Yu. Mais tu ne sais pas que tous les Maîtres des Poisons sont à l’origine des alchimistes ? Tu dois d’abord devenir un alchimiste avant de devenir un Maître des Poisons. »
Yan Tianhen : « … »
Bon sang, je me suis fait avoir !
En voyant son air indigné, Huai Yu ne put s’empêcher de sourire :
« Si j’ai dit avant que tu ne pouvais raffiner que des pilules de poison, c’était parce que tu n’avais pas de fourneau à ta disposition. Ça ne me gêne pas si tu utilises un fourneau qui ne servirait qu’une fois avant d’exploser mais toi, j’imagine que tu ne peux pas te permettre une telle dépense. Qui aurait pu imaginer que ton grand frère allait réussir à te forger un tel fourneau Yin ? Du coup, ce fourneau convient idéalement à tes attributs. Alors même si tu t’en sers pour fabriquer des pilules normales, tu n’as plus à avoir peur de le faire exploser. »
Yan Tianhen était tiraillé entre deux émotions.
« Vraiment ? demanda-t’il.
– Si tu ne me crois pas, tu as autant essayer. »
Effectivement, les mains de l’adolescent le démangeaient d’essayer. Il s’assit bien droit, posa le fourneau d’alchimie devant lui et commença à raffiner la pilule de Corps Tempéré en suivant la méthode de son maître.
Le processus dura un jour et une nuit.
Quand le soleil se leva à l’est et que toute la nature se réveillait, on entendit deux gros bam et une pilule apparut dans le monde.
Yan Tianhen contempla la pilule de Corps Tempéré ronde et brillante dans sa main. Son expression était indéchiffrable et extrêmement complexe.
« Je ne m’y attendais vraiment pas, fit-il en soupirant, son expression devenant subitement très lasse.
– De quoi ? demanda nonchalamment son maître.
– Je suis en fait un génie ! »
Les yeux de Yan Tianhen brillèrent et il réprima son excitation pour faire :
« J’ai réussi à raffiner cette pilule du premier coup et je n’ai même pas fait exploser mon fourneau. Même quand le feu Yin et le Qi Yin de mon corps ont été introduits dans le fourneau, ils se sont tout de suite intégrés ! Ha ha ha ha, je suis vraiment un génie, ah ! »
C’était la règle des deux négatifs qui devenaient positifs. Quand le Yin atteignait son point extrême, il se transformait et devenait Yang.
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Huai Yu contempla l’air presque extatique de l’adolescent et ressentit une grande fierté dans son cœur.
Non seulement mon fils me ressemble à moi, You Ming, en apparence, mais il a le même talent incroyable que moi. Ce n’est pas du tout comme Yan Zhonghua, qui ne fait que se la jouer en permanence…
Ce Rouroule n’était pas tant un fourneau de poison qu’un fourneau Yin. Quand Lin Xuanzhi avait choisi les matériaux, il n’y avait eu que des matériaux Yin.
Cependant, le fait que Yan Tianhen puisse utiliser ce fourneau pour raffiner des pilules n’était pas dû uniquement au principe du Yin qui se transformait en Yang, C’était aussi parce que dans ce fourneau d’alchimie, les étapes les plus importantes comme insuffler le Qi spirituel dans la préparation, faire fondre avec le feu spirituel, forger et marteler tout le Qi spirituel, tout cela employait le Qi Yang du corps de Lin Xuanzhi.
Le Qi Yang de Lin Xuanzhi était vraiment quelque chose. Il était incomparable au monde. Lin Xuanzhi avait été conçu dans le Royaume de l’Est des Neuf Royaumes. Son père était Xuan Wushe, le Souverain de l’Est, qui baignait tous les matins dans les premiers rayons du soleil levant qui contenaient le Qi Yang le plus riche de tous les Neuf Royaumes. Il était aussi la légendaire Étoile de la Salvation qui allait sauver le monde. Le Qi Yang de son corps pouvait donc naturellement supprimer ces choses Yin et maléfiques sans la moindre difficulté.
En plus, il avait utilisé des matériaux Yin totalement compatibles avec les propres attributs de Yan Tianhen. Ces deux raisons combinées faisaient que Yan Tianhen pouvait utiliser Rouroule pour raffiner des pilules et que c’était même aussi facile que si un dieu l’aidait. Il n’avait pas à se soucier de l’incompatibilité des attributs qui aboutissait à l’explosion du fourneau. Il n’avait pas non plus à s’inquiéter qu’on découvre que ses pilules étaient de nature Yin.
Huai Yu ne put s’empêcher de se dire : Avoir un grand frère comme Lin Xuanzhi, ce n’est pas mal du tout en fait. Il peut résoudre beaucoup de difficultés et de complications rien qu’en forgeant le bon outil magique. Et le plus important, c’est que Lin Xuanzhi est tout à fait prêt à travailler dur pour Yan Tianhen. Cet outil précieux, je me demande combien d’efforts il a fallu à Lin Xuanzhi pour le forger.
Après avoir achevé Rouroule, il ne devait plus être capable de forger le moindre outil magique pendant au moins un mois. Son feu spirituel ne le supporterait pas, tout comme son corps.
En songeant à ça, Huai Yu se sentit envahi par des émotions complexes.
Il n’avait jamais fait autant pour son fils que Lin Xuanzhi. Cela le rendait honteux en tant que père et il ressentait un profond malaise intérieur.
Après ce moment de réflexion, il demanda d’un ton sérieux :
« Ah Hen, ah, n’es-tu pas très touché que ton grand frère ait forgé Rouroule pour toi, ah ?
– Bien sûr ! » répondit l’adolescent en serrant le fourneau contre lui.
Huai Yu toussota légèrement et commença :
« Si jamais je —
– N’y songez même pas ! »
Yan Tianhen bondit tout en serrant Rouroule. Méfiant, il recula de plusieurs pas en ne quittant pas son maître des yeux.
« Mon grand frère l’a fait spécialement pour moi. Je ne vous le donnerai pas, il est à moi, à moi ! »
Huai Yu : « … »
Putain, je n’aurais jamais pensé que tu me voyais comme ça !
Vexé, il fit :
« Pour qui est-ce que tu prends ce Vénérable ? Tu penses que je suis le genre de personne méprisable et vicieuse qui s’empare de ce qui appartient aux autres ? »
Le premier réflexe de Yan Tianhen fut de hocher la tête mais quand il vit les yeux rétrécis de son maître, il secoua la tête comme si sa vie en dépendait.
Huai Yu roula des yeux.
« Comme je suis un maître tolérant et magnanime, je ne vais pas me disputer avec un gamin comme toi. Bon, tu peux continuer à raffiner des pilules ici pour le moment. Quand tu auras pris le pli, tu pourras quitter cette chambre. »
Un peu embarrassé, Yan Tianhen fit :
« Maître, mon grand frère va venir me chercher dans deux jours, une fois qu’il aura terminé ses affaires au pied de la montagne. »
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Huai Yu étira les lèvres en un sourire qui ne présageait rien de bon.
« Lin Xuanzhi va venir, ah. Ça tombe bien, ah. Je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec lui alors durant ta retraite spirituelle, laisse ton maître bien s’occuper de lui. »
Yan Tianhen fut frappé par un mauvais pressentiment. Il allait objecter en disant qu’il pouvait s’occuper de son grand frère lui-même, mais Huai Yu perçut son idée au premier regard.
« Sur trois jours, tu n’en as passé qu’un à pêcher et deux à faire sécher le filet Cela veut dire manquer de persévérance dans son travail. (1). Tu crois qu’il y a de quoi impressionner ton grand frère ? »
Huai Yu frappa là où ça faisait mal, puis il fit d’un ton enjôleur :
« En plus, tu n’as pas dit que tu voulais rembourser la dette de ton grand frère ? »
Yan Tianhen fut aussitôt convaincu.
Rembourser cette dette était le plus important. Chaque fois qu’il songeait à ces intérêts de dix mille pièces d’or par jour, il se sentait motivé, comme si on lui avait injecté du sang de poulet — Au moins, il devait faire en sorte que son grand frère puisse régler les intérêts, pas vrai ?
Alors il fit avec réticence :
« Très bien, je vais me retirer pour cultiver pendant quelques jours. Quand mon grand frère viendra, occupez-vous bien de lui et ne le martyrisez pas. »
Huai Yu le lui promit. Mais en son for intérieur, il songea : Quand Lin Xuanzhi viendra, je lui ferai prendre conscience des difficultés pour qu’il se retire de lui-même.
Yan Tianhen poursuivit sa retraite spirituelle pour pratiquer l’alchimie. Trois jours plus tard, quand tout fut pratiquement réglé au pied de la montagne et que les affaires des magasins étaient sur la bonne voie, se développant à une vitesse gratifiante, Lin Xuanzhi fit venir Lin Yufan, qui s’entraînait sur le pic de l’Épée Brisée.
Le jeune homme arriva en portant une tunique toute simple. Il était grand et sa carrure plus large que celle d’une femme ordinaire. Ses longs cheveux étaient simplement retenus en queue de cheval haute, avec une épingle de la couleur du jade faite à partir de la corne d’un monstre. Il se dégageait de lui une impression d’élégance et de raffinement. Son charme était simple et un peu glacial, ce qui dissuadait les gens de l’approcher à la légère.
Quand Lin Yufan vit Lin Xuanzhi, il lui fit un demi-salut et demanda :
« Le jeune maître m’a demandé de venir, pour quelle raison ?
– Assieds-toi d’abord. »
Lin Yufan prit place sur la chaise, sa posture très élégante.
Lin Xuanzhi lui jeta un regard appuyé et signala :
« Il n’y a personne d’autre ici, à part nous.
– Même s’il n’y a personne d’autre, répliqua calmement l’autre jeune homme, cela ne veut pas dire que les murs n’ont pas d’oreilles. Comme je suis obligé de faire semblant, je dois le faire de manière à ce que personne ne trouve la moindre faute chez moi. »
Son regard dériva vers la fenêtre et il ajouta :
« Qui plus est, il n’y a personne d’autre, mais il y a un oiseau dehors. Dans ce monde, on ne peut pas non plus faire confiance aux oiseaux. »
Feng Jingyu : « … »
Si cette beauté ne connaissait vraiment pas son existence, alors elle avait tout le potentiel pour devenir une bonne espionne.
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Très satisfait, Lin Xuanzhi fit :
« Voilà pourquoi j’ai dit que tu étais plus faite pour être une lame cachée dans l’ombre. »
Lin Yufan était déjà différent à la base, alors même si d’autres personnes remarquaient son étrangeté, ils n’y trouveraient rien de louche.
Ce jeune homme était très prudent et en même temps, il avait un très bon sens de l’observation. Sans ça, il n’aurait pas passé plus de vingt ans dans la famille Lin sans que personne ne remarque qu’il était en fait un homme.
Notes du chapitre :
(1) Cela veut dire manquer de persévérance dans son travail.
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