Chapitre 339 : Devenir ennemis
« C’est plus que ça, pas vrai ? demanda Lin Xuanzhi d’un ton entendu.
– Quand il était petit, Wan Yitong a dit une fois qu’il épouserait Xiao Tian plus tard, fit Bei Cangmo. Cependant pour des raisons inconnues, la famille Wan a brutalement massacré notre famille. Bei Shitian les hait à mort dorénavant alors naturellement, il évite Wan Yitong et regrette de l’avoir connu.
– Sauf que Wan Yitong n’a rien fait de mal dans cette histoire. »
Bei Cangmo marqua une pause, puis fit d’un ton de regret.
« C’est vrai, ah, Xiao Tian est bien trop obstiné. En fait, Wan Yitong n’a strictement rien à voir avec ce que sa famille a fait. Ce n’était qu’un adolescent à l’époque, comment aurait-il pu influencer la décision de tout son clan ? Xiao Tian et moi, nous nous sommes enfuis jusque sur les Cinq Continents. Contre toute attente, Wan Yitong nous a suivis. La famille Wan a quelques liens avec l’Honorable Lan Yue. Après avoir pris Xiao Tian comme disciple, Lan Yue a également accepté Wan Yitong. »
Lin Xuanzhi hocha la tête.
« Je vois. C’est pour ça que j’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de bizarre entre Wan Yitong et ton petit frère. »
Ce n’était pas que Bei Shitian était complètement indifférent envers Wan Yitong, mais il le traitait froidement la plupart du temps.
Quant aux sentiments de Wan Yitong, c’était encore plus compliqué. Parfois, il voulait étrangler Bei Shitian à mort et se montrait toujours sarcastique avec lui, disant que personne ne l’aimait et ne l’appréciait. Sauf qu’en réalité, Wan Yitong tenait bien plus à lui que n’importe qui d’autre.
Quelle relation placée sous le signe du malheur, ah.
Lin Xuanzhi brandit alors Lianlian.
« Tu reconnais cette épée ? » demanda-t’il.
En la voyant, Bei Cangmo fit :
« C’est l’épée qui a été découverte dans les Grands Marécages de l’Est. L’Honorable Luan Yue l’avait à la base offerte à Xiao Tian, puis il te l’a donnée ensuite. C’est Xiao Tian qui m’en a parlé. Bien qu’il préfère rester seul et qu’il parle rarement aux autres, il est toujours prêt à me dire à moi, son grand frère, quand ça ne va pas. »
Lin Xuanzhi révéla :
« Il y a quelques problèmes avec cette épée, mais ce n’est pas ça qui compte. Je voudrais savoir comment ces problèmes sont apparus. »
Il n’avait pas besoin d’en dire plus : Bei Cangmo avait déjà perçu l’envie de tuer à glacer le sang qui venait de Lianlian et il pouvait même sentir des relents de sang. Il se demandait lui aussi combien de gens il avait fallu tuer pour qu’une épée connue pour sa noblesse et sa pureté se transforme en un tel Ashura.
Il prit un air grave. Il fixa Lianlian, qui vibrait et tentait de sortir de son fourreau.
« Elle est devenue comme ça dans les mains de Xiao Tian ?
– Je tue rarement avec mon épée, » répondit Lin Xuanzhi de manière indirecte.
Bei Cangmo inspira brusquement. Il posa une main sur le fourreau de Lianlian.
Tout à coup, Lianlian surgit de son fourreau et dessina une ligne sur le dos de la main de Bei Cangmo à une vitesse presque impossible à voir à l’œil nu. Quant au sang qui tomba sur la lame, Lianlian l’absorba en fait !
Alors qu’elle voulut prendre une deuxième gorgée de sang, Lin Xuanzhi l’avait déjà remise dans son fourreau et formé un sceau de main pour la sceller. Il arborait un air féroce.
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Bei Cangmo contempla le dos de sa main qui saignait encore un peu. Il en resta sans voix un long moment.
Le visage de Lin Xuanzhi prit un air glacial. Il n’aurait jamais pensé que Lianlian aurait le culot de boire du sang sous ses yeux.
Bei Cangmo inspira profondément, puis sortit une bouteille médicinale pour appliquer l’onguent sur sa plaie. Il attendit que ça guérisse.
Il fixa l’épée d’un air très compliqué et raconta :
« Xiao Tian part souvent pour s’entraîner, mais je ne l’ai jamais suivi. En fait depuis notre arrivée dans la secte du Ciel Mystérieux, j’ai eu de moins en moins de contact avec lui. Pour dire la vérité, je ne suis pas un membre de la famille Bei, mais un fils adoptif. Ma mission n’est donc pas de venger notre famille, mais de m’assurer que Bei Shitian reste en vie et que la lignée des Bei ne disparaisse pas. Mais Xiao Tian ne pense pas pareil. Il ne songe qu’à la vengeance nuit et jour. Il ne laissera jamais la famille Wan s’en tirer comme ça. Tant qu’il vivra, il continuera de se pousser à bout afin d’améliorer son niveau de cultivation. Mais je n’aurais jamais pensé qu’il serait prêt à de telles extrémités pour devenir ainsi. »
Lin Xuanzhi le fixa et l’avertit :
« Bei Shitian a tué bien trop de gens, alors il risquera facilement une déviation de Qi à l’avenir. De plus, s’il tue des innocents sans la moindre discrimination, il sera affecté par le karma et le Dao du Ciel ne le laissera pas s’en tirer aussi facilement. »
Bei Cangmo répondit d’un air grave :
« Je vais aller le voir pour l’interroger sur ce qu’il en est. Et quand il partira pour s’entraîner, je le suivrai. »
Lin Xuanzhi hocha la tête, puis changea de sujet en faisant :
« Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’il y ait autant de gens en provenance des Neuf Royaumes sur ces petits Cinq Continents. »
Bei Cangmo se montra moins concerné que lui :
« Cela n’a pourtant rien de surprenant. Après tout, il y a Dieu sait combien de cultivateurs dans les Neuf Royaumes. C’est normal pour eux de se rendre dans plusieurs mondes inférieurs afin de trouver des trésors et de gagner de l’expérience. »
Lin Xuanzhi hocha la tête, puis s’enquit :
« Tu as dit tout à l’heure que mon maître avait des liens avec la famille Wan. Qui était-il quand il se trouvait dans les Neuf Royaumes ?
– Je n’en sais pas plus, répondit l’autre homme en secouant la tête. C’est Wan Yitong qui m’a dit ça mais quand j’étais dans les Neuf Royaumes, je n’avais jamais entendu parler de Lan Yue. Maintenant que j’y pense, c’est sûrement un pseudonyme. »
Le fait d’avoir appris le problème de Bei Shitian lui avait brisé le cœur tout en lui refilant une migraine. Malheureusement, ce n’était pas la seule histoire capable de briser le cœur et de faire mal à la tête.
Si Bei Cangmo était venu voir Lin Xuanzhi aujourd’hui, c’était pour lui parler d’une chose bien précise.
« Ces derniers temps, cette gamine Lin Yurou de ta famille est très proche de Du Qiying. Cela a causé pas mal de rumeurs sur le pic de l’Épée Brisée. Tu devrais y faire attention, » fit-il.
Lin Yufan lui en avait déjà touché quelques mots plus tôt, alors Lin Xuanzhi n’y prêta pas trop attention.
« Je suis déjà au courant et j’ai également envoyé quelqu’un pour l’avertir de faire attention. Mais si elle refuse d’écouter, je ne peux rien faire de plus. »
Bei Cangmo plissa les yeux et réprimanda :
« Tu vas simplement laisser faire les choses ? Du Qiying a une fiancée qui est en plus une grande sœur martiale de notre secte. Bien qu’elle soit pour le moment à l’extérieur afin de s’entraîner et qu’elle ignore tout de ce qui se passe actuellement, un papier ne peut pas étouffer le feu. Ce n’est pas non plus comme si tu ne connaissais pas le tempérament de cette grande sœur martiale : elle est capable de faire un vrai scandale.
– Qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? répondit Lin Xuanzhi d’un ton un peu brusque et impitoyable. Ma relation avec Lin Yurou n’est pas du tout comme ta relation avec Bei Shitian. Je dois juste m’assurer qu’elle ne trahisse pas les intérêts de ma famille Lin. Pour le reste, je laisse les autres se charger de l’avertir. Qu’elle écoute ou pas, ce sera son problème. »
Bei Cangmo réfléchit un moment et reconnut :
« C’est vrai. »
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Bei Cangmo n’y était pas allé de main-morte en frappant Jing Luo du tranchant de la main. Au moment où Bei Cangmo prit congé, le jeune homme n’avait toujours pas repris connaissance. Au bout du compte, Bei Cangmo dut le porter.
Quant à Lin Xuanzhi, il n’avait pas l’intention de se fâcher avec Jing Luo, mais il ne comptait pas non plus le fréquenter à l’avenir. Même si Jing Luo avait eu autrefois une dette envers lui, le fait qu’il avait utilisé toute sa cultivation pour lui à la fin de sa vie précédente suffisait à rembourser la dette.
Après mille ans, Lin Xuanzhi avait longtemps cessé de s’attarder sur certaines choses. S’il n’avait pas de haine profonde, il ne se soucierait pas de ces histoires.
Peu de temps après le départ de Bei Cangmo, Yan Tianhen arriva en courant.
« Grand frère ! »
Yan Tianhen appela Lin Xuanzhi et se jeta dans ses bras en disant :
« En montant sur le pic, j’ai croisé ton ancien grand frère martial. Il portait quelqu’un que je n’avais encore jamais vu.
– Il s’agit de l’un de mes anciens petits frères martiaux. »
Yan Tianhen cligna des yeux et demanda :
« Comment ça se fait qu’il avait l’air d’avoir été assommé, ah ? »
Sans se démonter, Lin Xuanzhi répondit :
« Grand frère martial Bei a un vilain caractère. Ce garçon l’a provoqué par mégarde.
– Ah, c’est donc ça, s’écria l’adolescent avec une peur persistante. Je me disais bien que tous les Bei n’étaient pas des gens à provoquer à la légère, ah. »
Lin Xuanzhi : « … »
Yan Tianhen reprit :
« Au fait, grand frère, j’ai raffiné beaucoup de pilules de Corps Tempéré ! Ça m’a pris un peu plus de temps que prévu, mais j’ai atteint mon but ! »
Les yeux de l’adolescent brillaient et il avait l’air très fier de lui.
Duan Yuyang et Yuan Tianwen ne s’étaient pas trompés : à la moindre réussite, Yan Tianhen fonçait voir Lin Xuanzhi pour se vanter.
Lin Xuanzhi sourit.
« Mon Ah Hen est vraiment très fort. Même si on regarde dans toute la secte, seule une poignée d’alchimistes serait capable de raffiner ces pilules. Si tu veux aller sur le pic des Cent Raffinages, tu seras certainement accueilli à bras ouverts. »
Yan Tianhen fut naturellement transporté de joie par les compliments de son grand frère. Cela dit, jamais il ne songerait à quitter le pic de l’Épée Brisée.
« Même si mon maître ne paye pas de mine, son talent pour l’alchimie surpasse de loin tout ce que j’ai jamais pu voir. En plus, il est très attentif à ma cultivation et ne me cache rien du tout dans ses enseignements. Il n’a pas peur que je le surpasse un jour. »
Yan Tianhen estimait qu’il avait énormément de chance.
« Un autre que lui ne me traiterait sûrement pas comme ça.
– Tu as raison, » approuva Lin Xuanzhi en hochant la tête.
Yan Tianhen réfléchit un moment avant de faire :
« Grand frère, que dirais-tu si j’amenais Ah Gu sur le pic ? »
Si Yan Tianhen voulait pratiquer La Méthode de l’Empereur Cadavre, il devait avoir un cadavre avec lequel s’entraîner. Lin Chigu était la première marionnette cadavre qu’il avait raffiné et ils avaient également un contrat, alors c’était naturellement plus pratique de le contrôler. Cependant, il ne fallait pas que les autres découvrent ce genre de technique de contrôle de cadavre, sinon cela causerait facilement des ennuis.
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Lin Xuanzhi y songea un moment, puis décida :
« Tu ferais mieux de pratiquer la Paume de Feu Yin et La Danse des Dix Mille Démons Antiques avant ça. La Méthode de l’Empereur Cadavre devra attendre que je parvienne à faire entrer Ah Gu en douce sur la montagne. »
Les yeux de l’adolescent s’illuminèrent et il répéta :
« Faire entrer Ah Gu en douce sur la montagne ?
– N’oublie que j’ai un plateau spirituel dans ma mer de connaissances qui fait office de dimension interne. Une fois que j’aurais fait monter Ah Gu sur la montagne, je l’installerai sur le pic où tu vas chasser. Comme ça, quand tu iras à la chasse tous les jours, tu pourras en profiter pour pratiquer La Méthode de l’Empereur Cadavre. »
Yan Tianhen se dit que c’était une excellente idée, mais il était bien plus intéressé par la dimension interne. Il ne put s’empêcher de demander :
« Grand frère, tu as dit la dernière fois que tu me laisserais entrer dans cet espace pour voir à quoi ça ressemble. On peut y aller maintenant ?
– Pas besoin de demander, » fit le jeune homme en hochant la tête.
Une dimension interne était comme un minuscule petit monde invisible. Bien qu’on ne pouvait pas le voir ou le toucher dans ce monde, il avait toujours existé.
Même si le plateau spirituel se trouvait actuellement dans la mer de connaissances de Lin Xuanzhi, il était en réalité dans un autre espace indépendant. On pouvait dire qu’il n’avait aucun lien avec le corps de Lin Xuanzhi mais en même temps, les deux étaient liés inextricablement.
Lin Xuanzhi forma un sceau de main et un symbole magique apparut au milieu de son front. Un disque de la taille d’une paume de main surgit entre l’ombre et la lumière au-dessus de la paume de Lin Xuanzhi.
Ce plateau spirituel avait huit coins et deux trous au milieu, ce qui signifiait que le ciel était un dôme tandis que la terre était carrée. Les caractères Sanskrit gravés dessus étaient extrêmement anciens. Si on regardait de plus près, on pouvait voir de manière infiniment réduite des montagnes et des rivières, le soleil, la lune et les étoiles, aussi splendides qu’une peinture de paysage.
Cependant, ce n’était que l’apparence du plateau spirituel, et pas son esprit.
Il n’y avait qu’une seule âme qui résidait dans le plateau spirituel et c’était ce filament d’âme qui vivait là depuis des temps immémoriaux.
Lin Xuanzhi ne connaissait pas le nom de cette âme. C’était elle qui lui avait demandé de l’appeler simplement le Plateau Spirituel.
Sans cligner des yeux, Yan Tianhen fixa le plateau spirituel et tendit la main pour le toucher. Cependant, le plateau spirituel, qui tournoyait lentement au-dessus de la paume de Lin Xuanzhi en émettant une faible lueur, était entouré d’une aura glaciale qui repoussait les gens à mille li de là. Quand l’adolescent toucha le plateau spirituel, il sursauta à cause du choc électrique subit qu’il reçut.
« Grand frère, c’est quoi ? » s’écria-t’il d’un ton choqué.
Lin Xuanzhi savait que c’était le Plateau Spirituel qui jouait un mauvais tour à son petit frère, alors il rétrécit les yeux et fit :
« Entrons jeter un coup d’œil. »
Sur ce, il prit la main de Yan Tianhen et d’une seule pensée, quand les deux rouvrirent les yeux, ils étaient déjà arrivés dans cet autre espace.
Dans la chambre, le plateau spirituel qui lévitait dans les airs disparut à son tour. Même si quelqu’un entrait, il ne verrait rien du tout.
Ce fut la première fois que Yan Tianhen vit l’intérieur du plateau spirituel.
Cet endroit n’avait pas semblé bien grand, pourtant il était immense.
Le ciel était bleu, extrêmement clair et transparent, comme une immense boule de cristal. En comparaison, le sol était horrible à voir. Il y avait des herbes sauvages partout, aussi hautes qu’un homme. Si Lin Xuanzhi ne l’avait pas tenu et qu’ils ne volaient pas sur son épée, Yan Tianhen se serait noyé dans les mauvaises herbes à peine entré.
Note de Karura :
Plateau Spirituel, tremblant : C’est une violation de mon intimité !
Lin Xuanzhi, insensible : Tu as signé le contrat, tu ne peux plus rien dire.
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