Chapitre 360 : L’un va, l’autre suit

Le visage de Wan Yitong changea plusieurs fois d’expression. Son regard s’adoucit pour passer de dur à finalement de l’auto-dérision.

Le jeune homme baissa les yeux sur ses mains et fit :

« Bei Shitian, tu n’as cessé de m’éviter depuis que tu es arrivé sur les Cinq Continents. Tu agissais même au départ comme si nous étions de parfaits étrangers. Quand j’ai voulu me montrer gentil avec toi, tu n’as pas du tout accepté, et quand j’ai voulu te traiter durement, tu n’as rien dit non plus. C’est bien la première fois depuis toutes ces années que tu viens parler de sentiments avec moi ! »

Bei Shitian se raidit un peu. Il ne voulait vraiment plus voir Wan Yitong parce qu’à chaque fois qu’il lui faisait face, il repensait à sa famille qui avait été massacrée dans un bain de sang, à ses parents et ses proches qui avaient été tués un par un sous ses yeux, ainsi qu’aux visages hideux de la famille Wan…

Voilà pourquoi il évitait Wan Yitong depuis tout ce temps. Après toutes ces années, il n’était plus l’adolescent pour qui Wan Yitong comptait le plus au monde.

Quand Bei Shitian ne répondit rien, Wan Yitong releva la tête et lui adressa un sourire.

« Si je n’avais pas encore des sentiments pour toi, pourquoi aurais-je risqué ma vie pour venir dans ce minuscule monde des Cinq Continents et quitter de mon plein gré ma position d’héritier pour mener une vie ridicule dans cet endroit au Qi spirituel si épars ? »

L’autre jeune homme le fixa d’un air indifférent et répliqua :

« Alors tu veux que je fasse quoi ? Que j’écoute la moindre de tes paroles et que je te traite comme mon bien-aimé comme avant ? Quand ma famille a été réduite en cendres, je t’ai dit que ce serait impossible entre nous de toute cette vie. Le mal commis par la famille Wan, je ne t’en tiens pas responsable au nom de notre ancienne relation et du fait que nous appartenons à présent à la même secte. Mais ne t’attends à rien de plus que ça. »

Wan Yitong ressentit une douleur au cœur. Avec un sourire amer, il fit :

« Je n’étais pas du tout d’accord avec la décision prise par ma famille. Malgré ça, le fils doit payer pour les péchés de son père. Je dois me racheter auprès de toi. Je sais déjà que nous deux, c’est terminé pour de bon, mais je veux quand même veiller sur toi de loin pour me racheter. N’est-ce pas possible ? »

Bei Shitian répondit d’un ton glacial :

« Alors veille sur moi de loin, tellement loin que je ne me rendrai même pas compte de ta présence. »

Wan Yitong trembla légèrement. Il serra fort les poings et ses yeux en forme de fleur de pêcher étaient légèrement rougis.

Quoi qu’il fasse, il ne faisait toujours qu’empirer les choses.

« Grand frère martial Bei. »

Lin Xuanzhi fut légèrement surpris de voir cet invité inattendu qui ne se présentait guère souvent devant lui.

« Entre. »

Bei Shitian resta dans l’encadrement de la porte, sa main gauche autour de la poignée de son épée Tue Dieux qui pendait à ses côtés. Il regarda Lin Xuanzhi et déclara :

« Je ne rentre pas. Je suis juste venu te dire une chose.

– Je t’écoute, grand frère martial.

– Quand tu iras dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques, n’emmène pas Wan Yitong avec toi. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lin Xuanzhi plissa les yeux et expliqua :

« Grand frère martial arrive trop tard. Grand frère martial Wan est venu me voir tout à l’heure pour m’en parler et je lui ai déjà promis qu’il viendrait.

– Je sais, répondit Bei Shitian d’un ton léger. Je viens de le croiser. En ce qui le concerne, je te demande juste de ne pas le prévenir quand nous partirons.

– Si mes grands frères martiaux en ont parlé entre eux alors naturellement, ce n’est pas un problème pour moi. C’est juste que grand frère martial Wan risque de ne pas accepter. »

Wan Yitong était du genre assez colérique : plus on lui interdisait de faire quelque chose, plus il se battrait pour le faire. De plus, quand il avait une idée dans la tête, il était impossible de le faire changer d’avis.

Si on ajoutait à ça la relation amour-haine et le mépris qu’il avait envers Bei Shitian, il ne risquait pas vraiment de se plier à la décision de ce dernier.

Bei Shitian hocha la tête.

« Je ne le laisserai pas partir.

– Puis-je te demander pourquoi ? » fit Lin Xuanzhi en le regardant.

Bei Shitian ne répondit pas tout de suite.

« La Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques est bien trop dangereuse. En plus, il y a de fortes chances que nous ne puissions plus en ressortir. »

Même si Wan Yitong et lui ne pourraient plus jamais être ensemble, il refusait de laisser le jeune homme se mettre en danger.

Quand il sortait s’entraîner, la plupart des endroits qu’il choisissait étaient tous très dangereux. Wan Yitong le suivait pourtant de manière secrète, alors Bei Shitian s’arrangeait toujours pour tourner en rond afin que l’autre perde sa trace et ne puisse plus le suivre.

La plupart du temps, Wan Yitong attendait à l’extérieur que Bei Shitian ait fini son entraînement, rendant sa présence détectable mais sans se montrer ouvertement.

Et puis une fois, alors que Bei Shitian revenait dans une petite ville après son entraînement, son corps était couvert de sang et il avançait en titubant. Wan Yitong, qui se cachait dans les environs, se précipita alors vers lui avec affolement et l’emmena de force dans une résidence privée pour le soigner.

Depuis, Wan Yitong s’était mis à le suivre ouvertement au nom de leur maître, l’observant tuer des gens et chasser des monstres, l’observant souiller Lianlian de sang petit à petit et se salir les mains avec d’innombrables vies humaines.

Bei Shitian avait également remarqué qu’à force de voir son côté sombre et obscur, l’attitude de Wan Yitong envers lui avait de plus en plus changé. Son inquiétude manifeste et initiale avait peu à peu évolué en des commentaires sarcastiques à chaque fois qu’il le voyait, puis Wan Yitong avait fait en sorte que les autres grands frères martiaux du pic le mettent à l’écart et l’excluent, tout ça dans l’espoir que Bei Shitian s’oblige à plus de retenue.

Bei Shitian avait trouvé ça vraiment risible. Wan Yitong avait toujours été un petit prince aux idées farfelues depuis tout petit. Il ne comprenait pas clairement le cœur des gens, voilà pourquoi il n’avait jamais su pourquoi sa famille avait subitement attaqué la famille Bei, tout comme il ne comprenait pas que cela faisait longtemps que Bei Shitian avait voué son âme aux ténèbres et ne pourrait plus jamais marcher à ses côtés de toute cette vie.

Wan Yitong ne se rendait même pas compte qu’il était incapable de cacher ses petites pensées. S’il pouvait tromper les étrangers, comment ses condisciples auraient-ils pu ne pas comprendre ses sentiments ?

Qui plus est, Bei Shitian n’était pas mis à l’écart. Zhan Fengting et l’Honorable Lan Yue discutaient avec lui plus d’une fois, cherchant par ces conversations le moyen d’identifier ses démons internes et de les faire disparaître.

Mais au bout du compte, Lan Yue s’était aperçu que l’obsession de Bei Shitian était enracinée bien trop profondément. Même lui ne pouvait pas régler ce problème aisément.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Bei Shitian avait engendré des démons internes à cause du feu dévastateur de la vengeance. Comme ces démons internes étaient bien trop pesants, il était encore plus assoiffé de vengeance. C’était un cercle vicieux et sans fin, il n’y avait aucune solution au bout du compte.

Lan Yue avait fini par lui dire :

« Dorénavant, que tu tues ou que tu partes pour gagner de l’expérience, ton maître n’interviendra plus. Mais tu ne dois rien faire qui aille à l’encontre des principes moraux de ce monde et tu ne devras pas non plus faire de mal à ton petit frère martial, Wan Yitong. »

Bei Shitian avait accepté.

Il voulait simplement exterminer la famille Wan, ce n’était pas comme s’il était né pour tuer ou que ça lui plaisait.

Quant à Wan Yitong, même s’ils n’étaient pas condisciples, il ne le traiterait jamais comme son ennemi et irait encore moins le tuer.

Depuis lors, Lan Yue avait dû dire quelque chose à Zhan Fengting car ce dernier n’était plus jamais venu discuter seul avec lui. À chaque fois qu’il le voyait, il soupirait d’un air triste et semblait hésiter à lui adresser la parole.

Bei Shitian était donc devenu encore plus solitaire. Il voyageait seul, parlait rarement aux autres et ce qu’il faisait devenait encore plus secret.

Pendant un moment, Wan Yitong avait même commencé à dormir dans un arbre près de sa porte, car il avait peur que Bei Shitian ne parte de nuit. Ce faisant, il pouvait guetter le moindre bruit à l’intérieur de la maison.

L’un allait, l’autre suivait. Chacun prétendait ignorer l’existence de l’autre et cela avait continué pendant dix ans.

Cette fois cependant, Bei Shitian ne voulait pas et ne pouvait pas prétendre l’ignorance.

Wan Yitong était un jeune maître délicat. La Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques n’était vraiment pas un endroit pour lui.

Lin Xuanzhi garda le silence un moment, puis leva la tête pour regarder calmement l’autre jeune homme. Ce faisant, il vit par hasard une nouvelle cicatrice qui remontait le long de son col.

« Grand frère martial Bei, bien que je ne sois pas en position pour discuter de la relation entre grand frère martial Wan et toi, je tiens tout de même à dire quelques mots en faveur de ce dernier, fit-il calmement. Chéris les gens qui sont en face de toi, n’attends pas de les avoir perdus. »

Bei Shitian répliqua d’un air un peu glacial :

« Tu es encore jeune. Tes paroles ne sont pas très convaincantes quand tu dis ça. »

Lin Xuanzhi eut un léger sourire.

« C’est vrai que ce n’est pas très convaincant mais même si je suis jeune, je m’y connais en matière de sentiments. Mais puisque grand frère martial a pris sa décision, cela ne servirait à rien que j’en dise plus. »

Bei Shitian changea de sujet :

« Comment ça se passe avec Lianlian ?

– Ce n’est pas mon épée après tout. Je peux la purifier mais au final, je ne peux pas complètement l’utiliser. »

Un peu incrédule, le jeune homme demanda :

« Avec ton talent et ton niveau de cultivation, se peut-il que tu n’arrives pas à dompter Lianlian ?

– Je peux la dompter. »

Lin Xuanzhi fit d’un ton de secret :

« Je suis un Artisan après tout. Si je voulais, je pourrais complètement raffiner et effacer la marque de Qi que tu as laissée sur Lianlian. Sauf que je suis du genre fidèle. J’ai déjà Zhige, alors je n’ai pas besoin d’une autre épée. »

Lianlian poussa quelques bruits de contestation, mais Lin Xuanzhi la réprima et la calma aussitôt.

Bei Shitian : « … »

Il prit un air légèrement perdu et demanda :

« L’épée Zhige n’a-t’elle pas disparu ?

– Ce qui a disparu peut toujours être retrouvé. »

Une lueur défila dans les yeux de Bei Shitian.

« On dirait que tu as déjà une idée en tête. J’attendrai donc avec impatience le jour où Zhige reviendra au grand jour. »

Lin Xuanzhi eut un léger sourire et confirma :

« Ce jour arrivera. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Quelques jours plus tard, alors que Lin Xuanzhi pratiquait ses mouvements d’épée, Lin Zezhi arriva en arborant un air très grave.

Lin Xuanzhi termina son enchaînement, puis rengaina lentement son épée. Il s’approcha ensuite de son cousin et demanda :

« Que s’est-il encore passé avec la famille ? »

Lin Zezhi faisait une vilaine tête et sa voix convoya son anxiété :

« Jeune maître, j’ai reçu des nouvelles de la famille comme quoi Lin Yurou est enceinte. Désormais, la famille du quatrième oncle dit que Du Qiying doit l’épouser, sinon ils viendront à ta porte pour exiger une explication ! »

Les sourcils de Lin Xuanzhi se haussèrent.

Il avait déjà dit à Ji Lanjun qu’elle n’avait pas besoin de l’informer explicitement de ce genre d’affaires et qu’il la laissait décider selon son propre avis. Cependant, il semblait que sa tante était incapable de contenir quelqu’un comme madame Bai dans un moment pareil.

D’un autre côté, c’était normal que des affaires comme les mariages ou les funérailles des enfants de la branche principal soient importantes pour toute la famille. Bien que la réputation de Lin Yurou soit à présent si mauvaise que personne sur les Cinq Continents ne voudrait d’elle, elle était subitement tombée enceinte. C’était une chance énorme — Ji Lanjun n’arrivait sans doute pas à décider ce qui serait pour le mieux.

Il réfléchit un moment.

« Qu’en pense la famille ? »

Lin Zezhi répondit de manière brève et concise :

« La valeur d’une femme passe par son enfant. »

Lin Xuanzhi partit aussitôt d’un léger rire.

« Tu es vraiment calculateur ! Quelles sont les intentions de Lin Yurou ? »

Lin Zezhi le suivit au bord du lac.

« Les intentions de Yurou sont plus qu’évidentes. La seule personne sur qui elle peut compter à présent, c’est Du Qiying. Les fiançailles entre He Cailing et lui sont désormais rompues et il n’y a plus de réconciliation possible. Ce serait une bonne chose que Yurou puisse en profiter pour épouser Du Qiying. »

Une bonne chose ?

Il semblait que Lin Yurou était fermement déterminée.

Commentaires :