Chapitre 361 : Venir à la porte

Cela ne dérangeait pas Lin Xuanzhi, il trouvait même ça vaguement amusant.

« Du Qiying n’est pas un bon parti. Si elle l’épouse, cela ne se finira pas bien, » commenta-t’il.

Lin Zezhi arbora un air démuni. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir quel genre d’ordure Du Qiying était en réalité. Son image d’élégant et beau jeune maître du pic avait été à présent complètement percée à jour. Si Lin Zezhi était à la place de sa cousine, il aurait préféré élever son enfant seul plutôt que de choisir Du Qiying.

Hélas, Lin Yurou n’était pas du même avis.

« Si elle veut conserver cet enfant, je peux accepter de l’ajouter à l’arbre généalogique de notre famille. »

Lin Xuanzhi proposa cela comme dernière faveur à Lin Yurou en tant que parente. Il fit à Lin Zezhi :

« Transmets-lui mes paroles et voyons voir ce qu’elle décidera.

– Très bien. »

Les intentions de Lin Xuanzhi étaient très claires : il ne voulait pas que Lin Yurou épouse Du Qiying et se retrouve à vivre l’enfer. Il était prêt à accepter l’enfant de Lin Yurou comme membre de la famille Lin à part entière et à lui accorder le traitement d’un membre de la lignée principale.

Si Lin Yurou avait un peu de jugeote et de prévoyance, elle accepterait certainement d’éduquer et d’entraîner son enfant avec grand soin, le laissant profiter autant que possible des ressources de leur famille pour qu’il devienne plus tard quelqu’un de son propre fait.

Lin Xuanzhi ne niait pas le fait que “la valeur d’une femme passe par son enfant”, sauf que… c’était naturellement à condition que cet enfant ait vraiment de la valeur.

Dans la soirée, Lin Zezhi se présenta à nouveau.

Rien qu’à voir son air troublé, Lin Xuanzhi devina la réponse qu’il avait reçue.

« Lin Yurou… Elle reste déterminée. Elle refuse de rester coincée dans notre famille pour le restant de ses jours. Elle veut retourner dans la secte du Ciel Mystérieux. »

Lin Xuanzhi ne pouvait rien dire d’autre, bien qu’il savait que même si la jeune femme épousait Du Qiying, il lui serait impossible de redevenir une disciple de la secte.

« Tu peux envoyer cette réponse à la famille, fit Lin Xuanzhi. Pour ce qui concerne Du Qiying, je vais aller lui parler en personne. Il y a juste une condition supplémentaire : si Lin Yurou choisit d’épouser Du Qiying, elle ne sera plus considérée comme appartenant à ma famille Lin. »

Lin Zezhi fronça les sourcils, un peu confus.

« Pourquoi ça ? Jeune maître, notre famille n’a jamais encore renié quelqu’un après son mariage.

– Du Qiying est capable de tuer pour s’emparer d’un trésor, fit calmement l’autre jeune homme. Qui plus est, nous avons lui et moi une querelle de sang, alors il est hors de question que je le laisse s’en tirer comme ça. »

Lin Zezhi en resta ébahi un moment, puis il murmura :

« Je comprends. »

Sur les Cinq Continents, dans ce monde de cultivation, la force et les origines étaient d’importance égale. Si une femme de son clan trouvait un époux dans une prestigieuse famille, elle resterait naturellement considérée comme un membre de sa famille natale qui continuerait à lui accorder sa protection.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Dans une situation comme celle de Lin Yurou, elle devrait normalement continuer d’appartenir à la famille Lin même après son mariage. Hélas, son erreur était qu’elle voulait épouser Du Qiying, qui était en conflit avec Lin Xuanzhi et était également son ennemi juré.

Lin Xuanzhi avait déjà proposé à la jeune femme un moyen de s’en sortir. Si elle ne l’acceptait pas, alors Lin Xuanzhi n’allait pas continuer à jouer les gentils.

Autoriser Lin Yurou à épouser Du Qiying serait la dernière chose qu’il ferait pour elle. Après ça, que Lin Yurou vive ou meure, cela n’aurait plus rien à voir avec lui ou toute la famille Lin.

Après toutes ces explications, Lin Zezhi reprit le chemin du retour. Il ne put s’empêcher de soupirer en songeant : autrefois, il avait vraiment été aveugle. Il avait cru que Lin Yurou était une jeune demoiselle gracieuse mais intelligente. Hélas, quand il y repensait, elle avait été en fait extrêmement stupide.

Lin Xuanzhi se rendit sur le pic de l’Épée Brisée.

Plutôt que de se faire discret, il fit l’ascension de la montagne de manière bien ostensible. Plusieurs disciples l’aperçurent et les plus audacieux vinrent même le saluer avec un sourire.

Lin Xuanzhi observa ces visages familiers et leur répondit au fur et à mesure.

Aux portes de la secte interne, He Cailing avait eu vent de sa venue et elle était là pour l’accueillir.

Elle portait une tenue assez simple de cultivatrice. Quand elle vit Lin Xuanzhi, elle lui sourit.

« J’ai dit la dernière fois que je viendrai bientôt sur le pic de l’Épée Pesante pour voir Huarong. Je n’aurais pas pensé que c’est toi qui viendrais me voir le premier. »

Lin Xuanzhi lui répondit par un sourire.

« C’est tout à fait normal que je me déplace pour voir ma grande sœur martiale. Ce ne serait pas convenable que ce soit elle qui vienne me chercher.

– Cela fait quelques années qu’on ne s’était pas vus, pourtant je te trouve bien plus beau parleur qu’avant, » répliqua He Cailing en sifflant.

Ils discutèrent et rirent le long du chemin conduisant à la secte interne. Quand ils arrivèrent dans la maison de He Cailing, cette dernière changea subitement de sujet :

« Ce n’est pas pour rien qu’on se rend au Temple des Trois Précieux. Qu’y a-t’il de si important pour que tu sois là aujourd’hui ?

– Rien n’échappe à grande sœur martiale. Je suis venu aujourd’hui à cause d’une certaine affaire.

– Dis-moi tout.

– Lin Yurou est enceinte et elle dit que c’est l’enfant de Du Qiying. »

He Cailing haussa ses sourcils de surprise, puis elle ricana.

« Ne me dis pas que ta cousine veut épouser cet enfoiré de Du Qiying ? »

Lin Xuanzhi hocha la tête.

« C’est exactement son intention. »

He Cailing le fixa.

« Tu es en train de jeter ta cousine au feu. »

Lin Xuanzhi répondit d’un ton indifférent :

« Je lui avais déjà trouvé un moyen de s’en sortir, mais elle insiste pour chercher la mort elle-même. Que pourrais-je faire d’autre pour l’aider ?

– Tu aurais autant l’enfermer sous clef. »

Le regard de Lin Xuanzhi se fit un peu glacial.

« Il se trouve qu’elle était enfermée mais à présent qu’elle porte un enfant, si je continue à la traiter trop rudement et qu’il lui arrive quelque chose, c’est moi qu’on blâmerait. »

He Cailing y réfléchit un moment avant d’approuver :

« C’est vrai. »

Elle-même venait d’une grande famille. Bien que cela faisait des années qu’elle n’y était pas retournée, elle avait vu sa part de luttes internes depuis toute petite. En y repensant, elle comprit que la position de jeune maître de Lin Xuanzhi n’était pas aussi stable ou assurée que celle de Yuan Tianwen. Il était donc bien obligé de faire preuve de prudence et de précaution.

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« Grande sœur martiale, reprit Lin Xuanzhi, je viens t’en parler d’abord afin qu’il n’y ait pas de malentendu entre nous. »

He Cailing lui jeta un regard en coin.

« Pourquoi y aurait-il un malentendu ? Je n’ai à présent plus aucune relation avec Du Qiying. Ma famille s’est déjà chargée de tout, alors personne ne pourra plus me forcer à l’épouser. En plus d’ici deux jours, je partirai de nouveau en voyage pour gagner de l’expérience et je ne reviendrai pas avant plusieurs années. Je ne me soucie donc plus que Du Qiying soit mort ou vivant, de son mariage ou de ses funérailles. »

Lin Xuanzhi eut un léger rire ravi.

« Grande sœur martiale a enfin pu s’extirper de cette situation malencontreuse et elle est désormais une femme libre. »

He Cailing sourit aussi.

« C’est une bonne chose. »

Lin Xuanzhi continua de parler un moment avec elle, puis vint le moment où il devait aller voir Du Qiying.

He Cailing agita la main et lui fit :

« Tu peux y aller tout seul. Si tu n’arrives pas à le convaincre, va voir le maître. Bien que Du Qiying est abject, il tient à sa réputation. À force de coercition et d’incitation, il y aura de fortes chances pour qu’il accepte au bout du compte d’épouser ta cousine. »

Lin Xuanzhi plissa les yeux et assura :

« Même s’il n’est pas d’accord, il lui sera absolument impossible de refuser.

– Bien sûr qu’il ne sera pas d’accord ! » renifla la jeune femme.

Au départ, Du Qiying avait juste été intéressé par les origines de Lin Yurou, mais même si elle faisait partie de la branche principale des Lin, sa relation avec Lin Xuanzhi était mauvaise et elle n’occupait pas une position d’autorité dans la famille. Du Qiying ne faisait donc que s’amuser avec elle, comment aurait-il pu vouloir sérieusement l’épouser ?

Sauf que Lin Xuanzhi n’était pas du genre à se laisser faire. Si Du Qiying refusait ce mariage, il n’hésiterait pas à employer tous les moyens possibles pour l’obliger à accepter.

Du Qiying voulait uniquement s’amuser sans assumer les conséquences, mais comment les choses auraient-elles pu être aussi simples dans ce monde ?

La paupière droite de Du Qiying avait commencé à être agitée d’un tic depuis le matin. Il ne pouvait se défaire de cette impression qu’un malheur allait lui tomber dessus.

Depuis que son aventure avec Lin Yurou avait été dévoilée au grand jour, sa chance n’avait cessé de tourner. Non seulement son maître évitait de le rencontrer mais même Tong Le, qui avait l’habitude de le suivre partout comme un petit chien, n’était pas disponible pour le voir.

Du Qiying devait donc retenir sa colère, n’ayant personne sous la main pour se défouler. Il ne cessa d’insulter He Cailing intérieurement pour s’être montrée si odieuse et n’avoir pas ménagé son amour-propre. À cause de ça, tous les disciples du pic de l’Épée Brisée l’évitaient comme la peste.

Du Qiying ne pouvait s’empêcher de songer : si son père n’avait pas été actuellement en retraite spirituelle et si son maître n’était pas aussi timoré, comment aurait-il pu finir dans une situation si embarrassante ?

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Au moment où il tapait dans un caillou, un serviteur vint le prévenir que Lin Xuanzhi venait le voir.

« Lin Xuanzhi ? fit Du Qiying d’un air sombre. Pourquoi il vient me voir ?! »

Le serviteur secoua la tête.

« Je n’en sais rien, il n’a rien dit. »

Du Qiying roula des yeux.

« Fais-le entrer. »

Une fois le serviteur parti, Du Qiying se leva et cacha l’épée Zhige qui était accrochée au mur.

Lin Xuanzhi entra, vêtu d’une tunique blanche comme la neige et avec son apparence d’immortel. Il avait l’air encore plus mûr et élégant qu’il y avait quelques années.

Du Qiying rétrécit les yeux. Il s’assit et demanda :

« Petit frère martial Lin, qu’est-ce qui t’amène ici ? »

Lin Xuanzhi ne s’assit pas et resta plutôt debout devant lui. Il donna tout de suite la raison de sa venue :

« Grand frère martial Du, se peut-il que tu aies la mémoire courte et que tu aies déjà oublié le déshonneur dans lequel tu as entraîné ma cousine, Lin Yurou, il y a quelques jours ? »

Lin Yurou était un sujet douloureux pour Du Qiying. Il avait séduit bien des petits frères martiaux et petites sœurs martiales par le passé, mais aucun d’entre eux ne lui avait fait autant perdre la face.

La colère l’envahit aussitôt. Il serra les poings, mais adressa un sourire feint à Lin Xuanzhi :

« Petit frère martial Lin, je suis un homme donc au pire, ce n’est qu’une petite aventure. Par contre, ta cousine est déjà devenue une traînée d’après les rumeurs. »

Lin Xuanzhi acquiesça.

« Oui, il est vrai que dans ce monde, l’opinion est toujours plus tolérante envers les hommes en ce qui concerne les relations physiques. Cependant, ma famille Lin n’est pas aussi facile à martyriser. Puisque tu as profané le corps de Lin Yurou, tu dois prendre tes responsabilités. »

Du Qiying en resta estomaqué. Il n’aurait jamais pensé que Lin Xuanzhi viendrait lui demander d’assumer ses responsabilités !

Son visage changea plusieurs fois d’expression, puis il prit au final un air extrêmement amusé.

« Tu crois que ta famille Lin a de la valeur à mes yeux ? Qui est cette Lin Yurou pour mériter que je prenne mes responsabilités ? Lin Xuanzhi, moi, Du Qiying, suis quelqu’un qui dit les choses franchement. À mes yeux, Lin Yurou ne mérite même pas de porter mes bottes. Si elle n’avait pas été jolie et stupide, je ne lui aurais pas accordé un second regard. »

Loin de se sentir insulté, Lin Xuanzhi fit :

« Je ne voudrais pas non plus que ma famille Lin ait le moindre lien avec toi, sauf qu’il se trouve que Lin Yurou porte ton enfant. »

Les yeux de l’autre jeune homme s’écarquillèrent. Il se releva et s’écria :

« Qu’est-ce que tu dis ? Elle est enceinte ? Impossible, cela ne peut pas être de moi. Je ne lui ai certainement pas donné ma semence ! »

Lin Xuanzhi étira les lèvres en un sourire moqueur :

« Tu crois vraiment que Lin Yurou est une simple demoiselle ignorante du monde et que tu peux entortiller autour de ton doigt ? Tout d’abord, ce n’est pas une prostituée et ensuite, elle n’est pas non plus une cultivatrice comme grande sœur martiale He qui ne se soucie que de la cultivation sans s’y connaître dans les affaires privées de la procréation. Tu croyais vraiment qu’elle allait coucher avec toi sans avoir un atout dans sa manche ? Du Qiying, c’est toi qui es vraiment stupide. »

Toute force quitta le corps de Qu Qiying. Il se laissa retomber sa chaise avec un pouf et murmura :

« Impossible… C’est absolument impossible… »

Avoir un enfant impliquait le karma. Aucun cultivateur ne laisserait un de ses enfants seul dehors, car l’enfant pourrait aisément tomber dans la voie démoniaque.

Qui plus est, tant qu’il n’y avait pas d’enfant, on pouvait parler d’une simple aventure. Mais quand on mettait enceinte une femme d’une grande famille…

Note de Karura : Finalement, Lin Yurou n’est pas si bête que ça… Hum, non, je ne vais pas non plus lui faire des compliments !

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