Chapitre 383 : Le renard à neuf queues

Yan Tianhen eut soudain l’illumination.

« C’est donc ça. C’est bien la première fois que j’entends parler d’un tel usage pour les gardes secrets. »

Ji Yunwei jeta un coup d’œil aux gardes et déclara :

« J’ai bien peur que vous n’arriverez pas à progresser bien loin comme ça.

– Pourquoi ? demanda Yuan Un.

– Je ne sais pas si c’est votre première fois dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques ou pas mais ces derniers temps, les profondeurs de la forêt sont remplies de racines entremêlées et de branches empilées par terre. Sans monture, ce ne sera pas facile d’escalader ces obstacles.

– Si ce n’est que ça, alors ça ira, » assura Yuan Un.

L’entraînement des gardes secrets consistait en premier à dissimuler leur présence, en second à maintenir une vive allure dans divers environnements rudes et en troisième à assassiner et agir comme des substituts.

Yuan Un n’avait donc pas peur d’une route obstruée.

Ji Yunwei l’examina et commenta :

« Bon, c’est vous qui voyez. »

La famille Ji avait aussi ses gardes secrets, mais leur style était complètement différent de celui de la famille Yuan. La tâche principale des gardes secrets de la famille Ji était de se rendre dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques pour repérer la présence de monstres et de bêtes démoniaques pouvant être capturées, puis d’aider à les attraper et les maîtriser. Il n’était absolument pas question d’être un substitut pour leur jeune maître.

Liu Xuanzhi regarda au loin et commenta :

« Bien qu’on ne se soit pas encore enfoncé dans la forêt, je sens déjà le Qi spirituel abondant. »

La Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques était comme un espace indépendant. Une fois à l’intérieur, l’aura et la sensation étaient complètement différentes de l’extérieur. Pour une raison mystérieuse, cette forêt avait toujours suscité chez les gens une impression sombre et lugubre. C’était peut-être à cause de la canopée dense qui bloquait le soleil ou autre chose, mais les gens étaient très mal à l’aise.

La seule chose de positive dans tout ça, c’était que le Qi spirituel était effectivement plus riche dans cette forêt qu’à l’extérieur.

Liu Mengchen renchérit :

« Et encore, nous ne sommes qu’à l’orée. Quand nous serons cent li plus loin, vous pourrez ressentir le Qi encore plus intensément. »

Qing Zhu fronça les sourcils.

« Dépêchons-nous. Les deux plantes que nous recherchons, le Champignon Chenille Multicolore et le Lotus au Cœur de Glace, ne sont pas facile à trouver. J’ai bien peur que ça nous prenne du temps. »

Le groupe fit donc avancer leurs licornes ailées.

Les licornes galopèrent dans la forêt et en un clin d’œil, ils avaient déjà parcouru trois cents li.

Ils ne rencontrèrent pas trop de dangers en chemin. Parfois, des bêtes démoniaques apparaissaient et cherchaient à les attaquer, mais elles se firent éliminer par les gardes secrets de la famille Yuan sans que Lin Xuanzhi et les autres n’aient besoin de passer à l’action.

Le moindre arbre dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques avait un tronc aussi large que dix personnes l’une à côté de l’autre. Les arbres étaient si grands qu’on ne pouvait pas en voir le commet. Le feuillage dense bloquait la lumière au-dessus de leurs têtes, obscurcissant de plus en plus les environs.

Tout à coup, Lin Xuanzhi sentit une vague de froid plutôt inquiétante.

« Attendez une minute. »

Il tira sur les rênes de sa monture et s’arrêta sur place. Puis il regarda autour et expliqua :

« Il y a quelque chose d’étrange ici. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Les autres s’arrêtèrent à leur tour.

Ji Yunwei demanda :

« Qu’y a-t’il ? J’ai déjà parcouru cette route des centaines de fois. »

Liu Mengchen prit aussi un air grave.

« J’ai également remarqué quelque chose de bizarre. Je peux vaguement sentir comme une odeur de pourri. »

Qing Zhu s’était carrément pincé le nez. En tant que plante de Cultivation qui absorbait l’essence du soleil et de la lune, il ne pouvait pas supporter la moindre odeur désagréable.

« Je me suis dit qu’en galopant assez vite, on pourrait s’éloigner de cet endroit qui pue la mort. Mais il a fallu que vous vous arrêtiez ! »

Xiao Linfeng grimaça à son tour.

« Ça pue vraiment. »

Yuan Tianwen et les autres échangèrent des regards perdus. Ils ne sentaient absolument rien.

Lin Xuanzhi ferma les yeux et renifla.

« Non, ce n’est pas seulement une odeur de pourriture, il y a aussi un parfum étrange. Je n’arrive pas à dire s’il sent plus ou moins mauvais. »

À cet instant, la brume recouvrit la forêt. Lin Xuanzhi cria :

« Soyez prudent et restons bien groupés ! »

Sa vision devint toute blanche et il ne pouvait plus rien distinguer.

Il tendit aussitôt la main pour attraper Yan Tianhen qui se trouvait à côté de lui.

Mais sa main ne rencontra que du vide.

Il prit un air féroce et appela :

« Ah Hen, où es-tu ?! »

Naturellement, ce bruit alerta l’ennemi tapi dans le brouillard, lui donnant l’opportunité de frapper.

Quelque chose se précipita dans le dos de Lin Xuanzhi. Le jeune homme se tourna aussitôt et bondit de cheval. Il décrocha l’épée Zhige qui avait pris la place de Lianlian à sa ceinture quand il était entré dans la forêt. Il s’en servit pour parer l’attaque.

Il ne dégaina pas Zhige, mais cela suffit pour lui sauver facilement la vie.

Des bruits de combat résonnèrent dans la brume l’un après l’autre. Lin Xuanzhi perçut encore plus d’armes de jet le visant. Tout en les esquivant, il changea sa stratégie pour passer à l’offensive au lieu de rester en défense.

Il était si inquiet pour son petit frère qu’il ignora son serment de ne pas dégainer Zhige pour rien. Il sortit franchement l’épée de son fourreau.

En cet instant, une lueur glaciale apparut. C’était comme s’il n’y avait plus qu’une seule personne et une seule épée entre le ciel et la terre. La brillance et la splendeur devinrent tout à coup une lueur froide et grave.

Les milliers d’armes cachées se figèrent autour de Lin Xuanzhi et son épée, puis elles tombèrent impitoyablement au sol.

Lin Xuanzhi utilisa ensuite le premier mouvement des Neuf Postures du Lotus Bleu. Il se mouva telle une brise extrêmement élégante. Il fendit l’air de son épée en direction des armes cachées qui l’avaient visé et s’écria :

« Dispersion ! »

La brume disparut rapidement.

Lin Xuanzhi ramena son épée contre lui et observa d’un air morose la forêt sombre autour de lui. Il était de très mauvaise humeur.

Non seulement il ne pouvait pas voir Ah Hen, mais aucun de ses compagnons n’était en vue.

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Il baissa les yeux vers la licorne ailée qui gisait par terre et vit que la bête était hérissée d’épines noires empoisonnées. Il releva la tête et sut d’où venaient ces armes cachées.

C’était un pin noir dont il était impossible de déterminer la taille, mais Lin Xuanzhi était certain que cet arbre n’était pas là avant l’apparition du brouillard.

« Puisque cet ami Daoïste nous espionne depuis longtemps, pourquoi ne pas te montrer et me voir ? héla-t’il d’un ton nonchalant.

– Lin Xuanzhi, tu es vraiment très puissant. »

Un jeune homme vêtu d’une tunique blanche bondit de l’arbre.

Il avait une apparence très charmante et pure et semblait extrêmement adorable. Mais quand Lin Xuanzhi vit les neuf queues poilues s’agiter derrière lui, il se mit sur ses gardes.

Le renard à neuf queues.

Lin Xuanzhi n’aurait jamais pensé que dès leur entrée dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques, le renard à neuf queues viendrait aussitôt à leur rencontre.

Il semblait contrôler bien mieux la forêt que ne l’aurait imaginé Lin Xuanzhi.

« J’ai souffert misérablement à cause de ta Corde Attrape Démon, » fit le renard en se léchant ses doigts blancs et tendres.

Il regarda Lin Xuanzhi en plissant les yeux et ajouta :

« Si tu n’avais pas donné cette corde pour aider Ji Yunwei à me capturer, je l’aurais déjà pris avec moi pour l’emmener loin d’ici et alors, tous ces problèmes ne seraient pas arrivés. »

Lin Xuanzhi le fixa d’un air qui se voulait indifférent.

« Il m’a dit que tu avais retrouvé les souvenirs de ta vie passée. »

Le renard cligna des yeux, puis s’écria :

« Cet imbécile, il raconte ça à tout le monde ?! Il n’a vraiment pas peur de s’attirer ma colère, ah. »

Lin Xuanzhi insista :

« C’est donc vrai ? »

Le renard fit avec un sourire entendu :

« On dirait que je ne suis pas le seul, tu sembles toi aussi te rappeler de pas mal de choses du passé, pas vrai ? Mais au fait, comment se fait-il que dans mes souvenirs, tu vouais une haine profonde à Yan Tianhen et que tu ne voulais plus le contacter de toute sa vie ? Et au final, tu t’es allié aux autres pour le pourchasser et le tuer ? Comment tout cela a-t’il pu changer en un clin d’œil ? »

Le regard de Lin Xuanzhi devint glacial.

Il foudroya le renard à neuf queues du regard.

« Tu ne devrais pas en savoir autant. »

Une lueur étrange défila dans les yeux du renard.

« À l’époque, je n’étais plus qu’une âme désincarnée, mais je n’étais pas encore totalement mort. Du moment que je me serais trouvé un corps convenable, je pouvais toujours renaître. Je te haïssais pour avoir tué Ji Yunwei, alors je n’ai cessé de te suivre afin de trouver une occasion de te tuer. Voilà pourquoi je sais autant de choses sur toi, mais je ne comprends toujours pas pourquoi le temps est revenu en arrière et que j’ai recommencé ma vie. »

Lin Xuanzhi continua de le fixer et fit d’un ton compliqué :

« Il vaut mieux que tu ne comprennes pas. »

Le renard tressaillit et s’écria :

« J’en étais sûr, ça a un rapport avec toi ! »

Lin Xuanzhi plissa les yeux.

« Je ne peux pas contrôler ce que tu veux faire avec Ji Yunwei et je m’en moque, mais tu ferais mieux de garder la bouche fermée. Sinon, si tu parles de ce que tu ne devrais pas, ne viens pas te plaindre que je me montre rude avec toi ! »

Le renard agita ses queues d’un air très charmant et séducteur. Il battit des cils en direction de Lin Xuanzhi et fit avec un sourire :

« Tu as peur que je gâche tous tes efforts, hein ? Je vois que ton petit frère est dévoué de tout son cœur envers toi à présent. Je me demande s’il continuerait s’il venait à apprendre comment tu l’as maltraité dans sa vie passée — »

Voyant que Lin Xuanzhi faisait une vilaine tête, il précisa aussitôt :

« Mais je ne suis pas du genre à me mêler des affaires des autres. Je te promets de ne pas dire un mot de toi et Yan Tianhen. En plus, je me montre honnête avec toi en ce moment, ce qui suffit à prouver mes bonnes intentions. Tu m’as permis de renaître alors que j’allais me dissiper dans les airs. Je n’aurais déjà pas le temps d’une vie pour te prouver ma gratitude, alors comment pourrais-je avoir le temps de te nuire ? »

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Lin Xuanzhi l’examina et demanda :

« Tu m’as arrêté de manière si violente juste pour me dire ça ?

– Bien sûr que non, fit le renard en haussant un sourcil. Je n’ai fait que créer cette illusion, mais ça consomme beaucoup de Qi interne. Je voulais juste te rappeler quelque chose.

– Je t’écoute.

– Ces derniers temps, j’ai fait le tri dans mes souvenirs de la vie passée et je me suis rendu compte que certaines personnes agissaient de manière très étrange — Il y a bien trop de choses pour que je puisse tout te dire dans un temps si court, mais il y a quand même certaines choses très importantes. »

Après une pause, le renard saisit l’une de ses queues pour en jouer avec la pointe. Il fit d’un ton négligent :

« Par exemple, le maître Ren de la secte du Pic Céleste est un peu suspect. Quand j’étais une âme désincarnée, je me suis infiltré une fois dans ses appartements. Il ne faisait que parler aux responsables de grandes familles du “fils du Démon Céleste” et “l’ordre venant des Neuf Royaumes” de le capturer vivant. Cet homme doit avoir des liens avec le Monde Supérieur. »

Lin Xuanzhi resta calme car il avait déjà deviné ça dans sa vie passée.

À l’époque, le maître de la secte du Pic Céleste avait ordonné au monde entier de pourchasser Yan Tianhen et de le capturer vivant, invoquant le fait que ce dernier avait tué Leng Jixue. C’était un fait bien connu dans tous les Cinq Continents.

L’influence de ce maître de secte était si incommensurable que même si Lin Xuanzhi avait voulu épargner Yan Tianhen, il n’aurait rien pu faire.

Yan Tianhen se fit rapidement capturer après ça.

Puis il se fit emprisonner dans les cellules où la secte du Pic Céleste enfermaient les criminels les plus vicieux, sans jamais revoir la lumière du jour.

Lin Xuanzhi ne s’étonna donc pas et commenta :

« J’ai déjà entendu parler de ça dans ma vie passée. »

Le renard à neuf queues eut un léger rire et fit :

« Mais il y a une chose que tu n’aurais jamais pu imaginer. »

Lin Xuanzhi eut un mauvais pressentiment.

Le renard poursuivit :

« Après que le maître de secte Ren ait capturé Yan Tianhen, devine ce qu’il lui a fait ? Il a tenté de pratiquer la double cultivation avec lui. Il a même complètement déshabillé Yan Tianhen.

– Quoi ?! »

Lin Xuanzhi fut subitement très choqué et il fixa le renard à neuf queues comme s’il allait commettre un meurtre.

L’épée Zhige faillit surgir de son fourreau sans la moindre retenue. Même ainsi, l’aura meurtrière qui émanait de l’épée suffisait à terroriser les gens.

Le renard sursauta en voyant le jeune homme changer d’expression. Il regarda Zhige d’un air méfiant, puis se tapota le torse.

« Pourquoi tu t’agites autant ? Ce n’est pas moi qui l’ai déshabillé pour le violer. Ne me traite pas comme un bouc émissaire, ah. »

Le cerveau de Lin Xuanzhi était envahi par le chaos le plus total. Il serra les dents et cracha ces mots :

« Ren Bulin, qu’a-t’il fait d’autre ? »

Note de Karura : Pauvre Yan Tianhen, il a vraiment souffert dans la vie passée.

Concernant Ren Bulin, il est déjà apparu dans le chapitre 243 et il s’est montré très sympathique.

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