Chapitre 390 : Les Sceaux des Cinq Continents

Quand Lin Xuanzhi prononça ces paroles, Yan Tianhen se dit qu’il avait raison.

Après tout, tout le monde n’irait pas courir après celui qu’il aimait alors même que cette personne avait agi dans son dos pour qu’il épouse une autre. De plus, Leng Jixue semblait n’avoir jamais encouragé les sentiments de Huangfu Jin, pourtant ce dernier n’avait cessé de lutter en dépit de nombreuses défaites, sans montrer la moindre intention de renoncer.

Toutefois, Lin Xuanzhi ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain malaise.

Pour le moment, Yan Tianhen croyait en son amour, alors il n’était naturellement pas sérieusement jaloux de Leng Jixue, mais… S’il venait à retrouver les souvenirs de sa vie passé, Leng Jixue deviendrait un éclair frappant entre les deux.

Même s’il n’avait jamais été qu’ami avec le jeune homme dans sa vie précédente, Leng Jixue restait une épine qui avait provoqué sa rupture avec Yan Tianhen.

Leng Jixue avait ses secrets, mais Lin Xuanzhi n’était plus bien sûr de savoir si les secrets qu’il connaissaient étaient bien tous ceux du jeune homme.

Il ne put retenir un lourd soupir intérieur — Sans surprise, les péchés de la vie passée devait être payés dans cette vie.

Durant les dix jours suivants, le groupe renforcé continua de s’enfoncer dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques sans se reposer. Ce ne fut pas un voyage paisible : ils virent de nombreux mercenaires dévorés par les hommes lianes. Cette immense forêt semblait remplie de cadavres de cultivateurs.

Il se produisit quelque chose de curieux : normalement, plus on s’enfonçait dans la forêt, plus on risquait de tomber sur des bêtes démoniaques très puissantes. Au contraire, Lin Xuanzhi et ses compagnons voyageait relativement calmement et paisiblement. Il y eut bien quelques combats occasionnels, mais ils en sortirent vainqueurs sans trop de difficultés.

Cela n’aurait pas été étonnant si ça ne s’était produit qu’une ou deux fois, mais vu que ça se produisait systématiquement, tout le monde se mit à trouver ça bizarre.

Et puis une nuit, alors qu’ils montaient la garde tour à tour en se reposant sur les racines noueuses d’un immense banian, Lin Xuanzhi aperçut au loin un jeune homme vêtu d’une tunique blanche dans les bois. Il eut enfin la confirmation de ses doutes.

Il s’avérait que c’était effectivement le renard à neuf queues qui les aidait en secret.

Lin Xuanzhi tourna la tête : Ji Yunwei dormait profondément, adossé contre le tronc, et les autres étaient également en train de se reposer.

Le jeune homme se leva en silence et déplaça Ah Bai, qui était terriblement épuisé ces temps-ci, pour le poser sous la tête de Yan Tianhen. En effet, l’adolescent avait la tête posée sur ses genoux et ainsi, il aurait le tigreau en guise d’oreiller.

Même si Ah Bai se réveilla à cause des gestes de Lin Xuanzhi, il se contenta d’ouvrir les yeux une seconde, puis les referma en bâillant un peu. Il avait l’air très adorable.

Lin Xuanzhi s’approcha du renard à neuf queues et lui fit :

« Merci pour ton aide ces derniers jours. »

En le voyant, le renard fit d’un ton mécontent :

« Tu n’as toujours pas renoncé à trouver le trésor magique Rassemble Qi. Apparemment, ce que je t’ai dit n’a servi à rien ! J’ai essayé de faire une bonne action, tout ça en vain. Je me demande ce que tu as prévu pour moi.

– Je n’ai rien prévu, naturellement, je te suis juste reconnaissant, assura calmement Lin Xuanzhi. Même si je tenais compte de tes paroles, je ne pourrais pas empêcher ce qui doit arriver. Je suis déterminé à retrouver cet outil précieux et même si cela veut dire que Ah Hen va se rappeler du passé, il me le faut quand même. »

Le renard à neuf queues fronça les sourcils et la marque rouge en forme de queue de renard sur son front se déforma un peu.

« Tu as idée des conséquences si tu t’empares de cet outil précieux Rassemble Qi ?

– Bien sûr. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Les yeux brillants de Lin Xuanzhi parurent luire de l’intérieur. Il ajouta :

« Cet outil précieux permet au démon scellé de rassembler le Qi spirituel, mais il a aussi pour fonction de le maintenir prisonnier. Alors si on retire l’outil précieux, ce Vénérable Démon Céleste pourra naturellement se libérer de la formation. »

Le renard lâcha un rire sec.

« Si tu es au courant, pourquoi tu ne te soucies pas un peu plus de tous les êtres vivants ?

– Pourquoi devrais-je m’en soucier ? répondit brièvement Lin Xuanzhi, comme s’il ne venait pas de prononcer des paroles choquantes. Je veux partir des Cinq Continents pour aller dans les Neuf Royaumes, alors il me faut absolument cet outil précieux Rassemble Qi. »

Les yeux fins du renard se rétrécirent soudain et il fixa attentivement Lin Xuanzhi.

« Comment tu peux savoir ça ? Qui te l’a dit ? »

Les lèvres de Lin Xuanzhi s’étirèrent en un léger sourire.

« Si toi tu peux le savoir, pourquoi pas moi ? »

L’autre grinça des dents et révéla :

« Moi, c’est parce que j’ai été envoyé ici par les Neuf Royaumes !

– Même si tu es envoyé par les Neuf Royaumes, tu n’es pas censé être au courant de ça. »

Lin Xuanzhi jeta au renard un regard qui semblait voir à travers tout. Il ajouta :

« Cela fait longtemps que plus personne dans les Neuf Royaumes ne connaît l’existence de cette Grande Formation Scelle Démon. Même les habitant des Cinq Continents l’ont peu à peu oubliée. Renard à neuf queues, se peut-il que tu aies vécu des milliers d’années ? »

Le regard de l’autre devint polaire.

« N’essaie pas de me piéger pour me faire parler ! »

Ce Lin Xuanzhi était vraiment trop difficile à gérer.

Et comment pouvait-il connaître des secrets qui étaient censées être enterrés sous la poussière du temps ?

Lin Xuanzhi répondit d’un ton léger :

« Renard à neuf queues, j’en sais bien plus que ce que tu crois.

– Alors qu’est-ce que tu sais d’autre ? répliqua le renard en grinçant des dents.

– Je sais que les Cinq Continents sont en fait un endroit où enterrer les démons. C’est un immense cimetière pour démons abandonnés par les dieux des Neuf Royaumes. Il faut défaire toutes les formations scelle démon car sans ça, la barrière des Cinq Continents ne disparaîtra jamais. »

Lin Xuanzhi fit ces révélations choquantes d’un ton assez calme et nonchalant.

Ce fut comme si on avait attrapé le renard par la peau du cou. Tout son être se pétrifia.

« Comment tu peux savoir tout ça, ah ?! »

Le renard prit un air horrifié et son cœur battait la chamade à cause de la peur.

Lin Xuanzhi répondit :

« Je ne te le dirai pas. »

Renard : « … »

Lin Xuanzhi venait de révéler des informations secrètes et choquantes de manière si nonchalante que le renard se dit que ça ne servait à rien de continuer à garder le secret. Il agita ses queues avec irritation et fit :

« Tu as raison. Ce n’est qu’en défaisant les Sceaux des Cinq Continents et en récupérant les outils magiques à l’intérieur que l’on peut ouvrir la Barrière des Cinq Continents. J’imagine que ce n’est pas la peine que je te parle des quatre autres sceaux, hein ? »

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Lin Xuanzhi marqua une pause et s’écria d’un ton surpris :

« Parce qu’il y a quatre autres sceaux ? »

Le renard se sentit extrêmement ridicule et il fixa Lin Xuanzhi d’un air très mauvais. Serrant les dents, il cracha :

« Lin Xu-an-zhi ! »

Le jeune homme eut un léger rire et assura :

« Ne t’en fais pas, ne t’en fais pas, je plaisante ! Je suis déjà au courant pour les quatre autres. L’un se trouve dans la Mer de Glace du Continent Nord, un autre dans la cité du Pic Céleste du Continent Central, un autre quelque part dans le Continent Est et le dernier dans le Continent Sud. »

Le visage du renard se détendit en voyant que Lin Xuanzhi savait déjà tout ça.

« Cependant… continua Lin Xuanzhi. Hormis les deux endroits à l’extrémité du Continent Nord et à celle du Continent Ouest, je ne sais pas du tout où se trouvent les trois autres formations scelle démon. Je suppose qu’en tant qu’envoyé pour protéger les sceaux, tu dois forcément le savoir. »

Le renard à neuf queues esquissa un sourire et répliqua :

« Même si je le savais, je ne te dirais rien. Si ce Vénérable Démon Céleste était libéré, il provoquerait le chaos partout dans le monde. Je n’abandonnerai jamais le monde juste pour tes intérêts égoïstes.

– Comment peux-tu dire qu’il s’agit uniquement de mes intérêts égoïstes ? objecta Lin Xuanzhi. Ceux qui ont tenté l’ascension dans les Cinq Continents ont tous échoué sans exception. D’innombrables personnes sont mortes, ne font-ils pas partie de “tous les êtres vivants” ?

– Il ne s’agit que d’une poignée de cultivateurs. Comparé à la paix dans les Neuf Royaumes, c’est tout de suite évident de voir ce qui est le plus important.

– S’il s’agit de la paix dans les Neuf Royaumes, alors je m’en moque encore plus. »

Lin Xuanzhi arborait un air indifférent, tout comme le ton de sa voix.

« Les Neuf Royaumes ont été injustes envers mon Ah Hen, alors pourquoi devrais-je me soucier d’eux ? En plus, cela fait bien des années que les clans divins de là-bas ont abandonné les Cinq Continents. Alors pourquoi devrais-je les prendre en considération ? »

Le renard en resta sans voix avec une expression douloureuse sur le visage. Naturellement, c’était du sophisme, mais il ne pouvait rien dire pour réfuter ces arguments.

Il fronça les sourcils et demanda :

« Tu es sûr que c’est uniquement à cause de la demande des Neuf Royaumes que Ren Bulin s’en est pris à Yan Tianhen dans la vie passée ? »

Bien évidemment, ce n’était pas la seule raison. C’était aussi à cause de l’enfance mouvementée de Yan Tianhen dans ses deux vies.

Si ces clans soit disant divins n’avaient pas poursuivi l’adolescent, incapables de tolérer son existence, pour quelle autre raison Yan Tianhen aurait-il eu à subir tous les malheurs qu’il avait vécus ?

Toutefois, le renard à neuf queues n’était pas au courant de tout ça et Lin Xuanzhi n’avait pas l’intention de lui en parler.

Il hocha donc la tête et fit d’un ton rempli de sous-entendus :

« Bien sûr, il n’y a pas beaucoup de bonnes personnes dans les clans divins des Neuf Royaumes. »

Le renard ne put que soupirer.

Il réfléchit un moment et fit soudain :

« Il y a un problème, ah. Puisque tu comptes libérer tous ces puissants démons, je suis censé être ton ennemi à présent. Alors pourquoi je suis encore en train de te parler ? »

Lin Xuanzhi lui jeta un regard.

« Ce n’est que maintenant que tu t’en rends compte ? »

Renard à neuf queues : « … »

Ce sale petit enfoiré ! Il avait envie de mordre à mort tous les faisans de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques !

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Mais s’il avouait, il passerait pour un imbécile. S’il avait su que Lin Xuanzhi avait de si mauvaises intentions et qu’il était déterminé à détruire la Grande Formation Scelle Démon, il n’aurait jamais pris l’initiative d’aller le voir et de tenter de lui faire prendre conscience du danger et de le convaincre de partir en lui parlant du fait que Yan Tianhen risquait de retrouver la mémoire.

Il sentit ses dents lui faire mal et n’avait même plus le cœur à agiter ses queues. Il s’écria :

« Bon sang, et si je scelle la formation, ça devrait t’arrêter, non ? »

Lin Xuanzhi le fixa avec compassion et répondit :

« Même si tu scelles ce côté, j’irai briser les quatre autres sceaux. »

Le renard inspira brusquement et fit :

« Tous les sceaux des Cinq Continents sont indispensables. »

Lin Xuanzhi hocha la tête :

« Voilà pourquoi quand j’aurai défait les quatre autres, je reviendrai ici pour finir le travail. En plus, les cinq sceaux sont forcément liés mutuellement. Si l’un d’eux se relâche, les quatre autres se relâchent à leur tour. Si quatre sceaux sont déjà brisés, même s’il n’en reste qu’un, ce ne sera pas difficile de le défaire. »

Le renard le fixa longuement.

« Tu ne sais même pas si tu vas libérer un humain ou un fantôme.

– Regarde plutôt les choses du bon côté, fit Lin Xuanzhi d’un ton calme. Tu n’auras pas besoin de sombrer de nouveau dans un profond sommeil avec le sceau. Tu pourras peut-être reprendre ta relation avec Ji Yunwei et le laisser donner naissance à une portée de petits renardeaux — J’y pense, tu viens du Monde Supérieur, alors tu sais sûrement comment faire pour qu’un homme et une bête démoniaque mâle surmontent les problèmes de genre et de race pour procréer, pas vrai ?

– Naturellement, ah… Une minute, n’essaie pas de me laver le cerveau, ah ! »

Le renard le fixa d’un air méfiant, se sentant profondément vexé. Il avait failli se faire ensorceler par les belles paroles de Lin Xuanzhi !

Le jeune homme fit avec un sourire :

« J’accepte le fait de ne pas savoir si je vais libérer un humain ou un fantôme. En plus, je suis prêt à assumer toutes les conséquences des créatures que je vais libérer. Le Dao du Ciel n’aura pas à blâmer qui que ce soit d’autre. »

Le renard le fixa d’un air compliqué pendant un bon moment, puis il fit :

« Est-ce que tu sais quel Vénérable Démon est prisonnier du sceau des Cinq Continents ? »

Lin Xuanzhi étira les lèvres en un sourire et répondit :

« C’est celui que tout le monde croit scellé au Ciel. »

Le renard jura intérieurement — Putain de merde, comment ce gamin qui n’a pas encore tous ses poils et qui a toujours vécu dans ce monde inférieur peut-il connaître une chose aussi importante que ça ? Ce n’est pas normal, ah !

Qui avait bien pu révéler tout ça à Lin Xuanzhi ?

Cependant, le renard se doutait bien que Lin Xuanzhi ne lui dirait jamais rien, alors il ne posa même pas la question.

Finalement, il leva ses yeux charmants et lui jeta un regard provocateur et de délectation.

« On va voir si tu vas réussir à briser le sceau de l’ouest. »

Après ça, il tourna les talons et disparut sous les yeux de Lin Xuanzhi.

Feng Jingyu battit des ailes et descendit de l’arbre pour atterrir sur l’épaule du jeune homme. Il fit d’un ton neutre :

« Lin Xuanzhi, je viens de me rendre compte tu as bien, bien plus de secrets que je ne l’imaginais.

– Ils sont encore plus nombreux que bien, bien plus. »

Feng Jingyu : « … »

Ça t’amuse de me taquiner comme ça ?!

Le phénix était appréhensif et anxieux, voire un peu nerveux.

« Vieux Lin, tu vas vraiment défaire le sceau ?

– Oh, si on ne le brise pas, comment pourrions-nous aller dans les Neuf Royaumes ? »

Feng Jingyu faillit s’étrangler.

« Mais je ne veux pas te laisser faire ça !

– Je sais, répondit Lin Xuanzhi, mais je dois quand même le briser. »

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