Chapitre 420 : Les désastres et les joies de l’étoile du destin
En voyant ça, Lan Yue eut un pauvre sourire.
« Ce qu’a fait la famille de prophètes n’était effectivement pas bien. Mais connaître les joies et les désastres, la prospérité et le déclin, c’est la mission du clan des prophètes depuis l’aube des temps. À ce propos, hormis Lin Zhan, j’ai sans doute été le premier au monde à savoir qu’il était enceint. C’est juste qu’à l’époque, je n’avais aucun contact avec lui et je n’ai donc pas eu le temps de lui parler de la prophétie de ma famille. J’ai donc dû trouver le moyen de bloquer complètement ton étoile du destin aux yeux de la famille de prophètes afin d’empêcher d’autres personnes de la trouver. »
De toute évidence, Lan Yue avait réussi.
Il avait protégé Lin Xuanzhi, lui apportant vingt années de paix.
Le jeune homme ne put s’empêcher de se sentir touché. Regardant Lan Yue qui en parlait comme si ce n’était pas grand-chose, il fit :
« Maître, votre cultivation a été endommagée quand vous avez voulu protéger mon étoile du destin, n’est-ce pas ? »
Comment pourrait-on cacher aussi aisément une étoile du destin ?
Surtout une étoile qui avait été repérée par de nombreux prophètes. Comment cela pourrait-il être simple d’employer son propre pouvoir pour cacher le Soleil et le ciel, et aller à l’encontre de la volonté du Ciel ?
Même si de l’avis de Lin Xuanzhi, le niveau de cultivation de son maître restait insondable, il se basait sur sa propre connaissance du fait de défier le Ciel pour deviner le prix que Lan Yue avait dû payer.
Lan Yue répondit avec détachement :
« C’était ce que je devais faire. Ce qu’avait fait ma famille n’était vraiment pas juste. Il y a bien des choses en ce monde qu’il ne faut pas dire ou qu’on ne peut pas dire, mais la famille de prophètes a pu voir ces secrets à l’avance et a mis les gens au courant, ce qui a causé énormément de problèmes. Xuanzhi, tout arrive selon la volonté du Ciel. Si tu ne dis rien et que je ne dis rien, personne n’est au courant et le résultat sera comme ce qui était prévu. Cependant, si des gens sont au courant à l’avance… »
Lan Yue secoua la tête.
Si quelqu’un savait qu’une certaine personne allait devenir un obstacle pour lui à l’avenir, pourquoi ne choisirait-il pas de la tuer tant que l’autre était encore faible ?
Tout comme Yin Chongyue.
Le clan des prophètes lui avait prédit un destin aussi noble et transcendant que de devenir l’Impératrice de la Capitale Céleste de l’Empereur Pourpre.
Mais d’un autre côté, cela ne revenait-il pas à dire que celui qui l’obtiendrait deviendrait alors l’Empereur ?
Cette prophétie choquante n’était-elle pas la raison principale pour laquelle Yin Chongyue était devenue une proie que tout le monde pourchassait ?
Bouddha a dit : toute vérité n’est pas bonne à dire.
Pendant des milliers d’années, le clan des prophètes s’était cantonné à prédire les malheurs et les bonheurs, ainsi qu’à résoudre les grandes calamités.
Ils étaient une existence transcendante dans les Neuf Royaumes. Le classement des clans divins changeait constamment. Toutefois, la famille de prophètes n’y avait jamais participé. La raison en était que personne ne se risquerait à être leur ennemi, alors ils n’avaient pas besoin d’un rang pour obtenir la reconnaissance.
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Cependant, le pré-requis essentiel pour cette transcendance était l’impartialité et l’absolue neutralité.
Malheureusement par la suite, de plus en plus de gens voulurent employer les dons naturels et les opportunités innées du clan des prophètes pour leurs intérêts personnels — ça pouvait être une réussite politique ou bien gagner de l’argent. Bref, les descendants du clan des prophètes, qui n’étaient pas censés se mêler des affaires du monde, s’étaient mis à servir différents maîtres.
Ce fut ainsi que les préceptes ancestraux de ce clan étaient juste là pour faire beau.
L’impensable était devenu tout à fait acceptable.
Lin Xuanzhi réfléchit à tout ça un moment avant de faire :
« S’il s’agissait juste de l’Étoile de la Salvation, était-il bien nécessaire que le maître la dissimule ? Ah Hen est l’Étoile de la Destruction et c’était déjà connu. N’aurait-il pas été une bonne chose que mon étoile du destin apparaisse ? »
Le regard de Lan Yue se fit quelque peu compliqué. Il contempla son jeune disciple avec des yeux perçants, puis soupira légèrement.
« Xuanzhi, tu es si intelligent et sage que bien des choses ne peuvent t’échapper. Puisque tu t’en es rendu compte, j’ai autant te révéler certaines choses en plus — Tu n’es pas le premier au monde à avoir l’Étoile de la Salvation. Il y a eu trois personnes avant toi : le premier est le Vénérable Céleste qui a créé le monde ; le second est l’Empereur de la Capitale Céleste de l’Empereur Pourpre qui a mis fin à la première Grande Guerre entre les Immortels et les Démons ; le troisième était ton ancêtre, Xuan Jiuxiao. Tous les trois avaient une chose en commun : ils occupaient tous le trône céleste. »
Le regard de Lin Xuanzhi s’assombrit soudain.
Lan Yue hocha la tête.
Le jeune homme inspira profondément, tandis que son cœur battait plus vite. Bien que son expression ne changea pas, son cœur était déjà bien agité.
Actuellement, c’était la famille Yan qui occupait cette position.
Si cette famille apprenait qu’une Étoile de la Salvation était née dans la clan Xuan et pouvait donc rivaliser avec eux pour cette position, ils feraient assurément tout ce qu’il faudrait pour se débarrasser de cette personne.
Il avait encore bien en tête l’expérience de Yin Chongyue.
Elle restait gravée dans son esprit.
Il serra les poings cachés sous sa manche et demanda :
« Maître, quelle était la prophétie complète ? »
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Lan Yue le fixa un moment sans rien dire, puis il répondit doucement :
« Au départ, avant même que tu sois né, la famille de prophètes avait déjà annoncé une prophétie : la prochaine Étoile de la Salvation serait le premier né de Xuan Wushe. »
Une colère indescriptible surgit dans le cœur de Lin Xuanzhi. Il serra les poings qui craquèrent et grinça des dents. Il siffla :
« Le clan des prophètes veut encore sauver sa face ? »
C’était clairement prendre Xuan Wushe pour cible !
C’était clairement plonger Xuan Wushe et tout son clan dans la tourmente !
Que redoutaient le plus ceux qui étaient au pouvoir ?
Que quelqu’un s’empare de leur position.
Même si les héritiers des neuf clans divins avaient actuellement le droit d’hériter du titre de prince héritier du trône de la Capitale Céleste de l’Empereur Pourpre, il s’avérait que c’était toujours un membre de la famille Yan qui occupait cette position.
Cette prophétie avait déjà violé un immense tabou.
« Pas étonnant… Pas étonnant que Xuan Wushe ait voulu prendre une épouse pour avoir des enfants, » comprit soudain Lin Xuanzhi.
Son mépris et son dégoût de cet autre homme diminua un peu.
Lan Yue soupira.
« Je ne sais pas vraiment ce que comptait faire Xuan Wushe. Mais hormis la famille Yan, c’était le seul à connaître la prophétie sur ton destin. À l’époque, il s’est dit que la famille Yan voulait lui causer des problèmes, il ne s’attendait sans doute pas à ce que Lin Zhan soit déjà enceint de toi et que ton destin soit véritablement l’Étoile de la Salvation — Autrement dit, la famille de prophètes n’a fait que pousser le bateau avec le courant Profiter de la situation pour son propre bénéfice. (1). »
Comment la famille Yan aurait-elle pu laisser une telle nouvelle se répandre ?
Xuan Wushe avait d’abord pris ça pour une mauvaise blague, jusqu’à ce que le Vénérable Lan Yue vienne en personne lui dire que la prophétie était correcte. À ce moment-là, le visage du souverain avait vraiment changé d’expression.
La famille Yan avait des centaines de façons de tuer Lin Zhan et l’enfant qui n’était pas encore né.
Xuan Wushe ne voulait certainement pas voir ça arriver.
Vous en avez après mon fils aîné ?
Très bien, alors je vais épouser une fille d’une grande famille et je vais voir si votre famille Yan osera vraiment s’opposer à deux grandes familles pour éliminer mon fils aîné.
Xuan Wushe avait toujours été un homme très fier, ne faisant jamais de compromis et préférant se briser plutôt que plier. Si quelqu’un le provoquait, il répliquait trois fois plus fort. Cependant, quand Lan Yue lui avait révélé que son destin était déterminé par le Ciel, Xuan Wushe avait bien dû finir par l’accepter — À l’époque, la famille Xuan connaissait certaines difficultés : la matriarche était très oppressante et n’appréciait pas du tout Lin Zhan, sans parler d’autres problèmes divers…
Personne ne savait si Xuan Wushe regrettait de ne pas avoir parlé à Lin Zhan de ses plans.
Lin Xuanzhi ne pouvait pas deviner les pensées de cet homme, mais il parvenait très bien à imaginer le désespoir de son père.
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Lan Yue contempla le visage de Lin Xuanzhi qui ressemblait à environ 60 % à celui de Xuan Wushe et il commenta :
« Tu devrais t’estimer heureux que les gens qui ont vu Xuan Wushe pour de vrai peuvent se compter sur les doigts de deux mains et que Yin Xinghan n’en fasse pas partie. »
Lin Xuanzhi porta une main à son visage, puis demanda :
« Combien de temps mon étoile du destin peut-elle rester cachée ?
– C’est difficile à dire. Mon niveau de divination est plus élevé que celui de Yin Xinghan, alors j’ai naturellement confiance dans le fait que je peux la lui cacher. Le problème, c’est qu’il est du genre à ne pas reculer tant qu’il ne s’est pas heurté à un mur et à ne pas pleurer tant qu’il n’a pas vu le cercueil. Il a toujours des moyens tordus pour arriver à ses fins. Je ne sais pas combien de temps je pourrai lui cacher ton étoile, mais je vais faire en sorte que ce soit le plus longtemps possible. »
Lin Xuanzhi hocha la tête d’un air songeur.
Dans sa vie précédente, il avait été pourchassé à mort et assailli de toute part à la fin, sans jamais comprendre pourquoi ses anciens condisciples voulaient tant le tuer.
Il semblait à présent que c’était parce que son destin avait été exposé.
Et la personne qui l’avait dévoilé était naturellement Yin Xinghan.
Il était clair que cet homme ne pouvait pas rester.
« Grand frère. »
Voyant Lin Xuanzhi revenir couvert de la rosée du matin, Yan Tianhen se frotta les yeux et sortit du lit.
Lin Xuanzhi se dépêcha de le rejoindre pour le presser au lit et fit :
« Rendors-toi. »
Yan Tianhen passa les bras autour de la nuque de son grand frère et marmonna :
« Pourquoi tu reviens si tard ? Mon maître a dit qu’oncle martial voulait te parler ?
– En effet, nous avons parlé des étoiles du destin. »
L’air ensommeillé de Yan Tianhen disparut à moitié. Il ouvrit de grands yeux pour le fixer et demanda :
« Que se passe-t’il avec les étoiles du destin ? »
Bien que Lin Xuanzhi ne voulait pas l’inquiéter, après un moment de réflexion, il lui raconta tout ce qu’avait dit Lan Yue.
Yan Tianhen fut naturellement très surpris d’entendre ça.
Cependant, il s’écria aussitôt d’un ton très heureux :
« D’après ce qu’a dit ce clan de prophètes, c’est grand frère qui va occuper le trône de la Capitale Céleste de l’Empereur Pourpre plus tard. Je savais que tu n’étais pas quelqu’un d’ordinaire, ah. Tu es vraiment impressionnant ! »
Lin Xuanzhi ne put s’empêcher de rire. Il tendit la main pour gratter le nez bien droit de son petit frère.
« Ah Hen, tu veux que ton grand frère occupe cette position ? »
Le jeune homme tira la langue et répondit :
« Je n’en ai pas vraiment envie. Ne dit-on pas qu’un roi est toujours solitaire ? Mon seul souhait, c’est de mener une vie insouciante et libre avec mon grand frère, comme un couple d’immortels. Je n’en ai rien à faire de cette fichue position. Cependant si grand frère est intéressé, je le soutiendrai naturellement de tout mon cœur. »
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Le cœur de Lin Xuanzhi se réchauffa énormément et il eut un doux sourire.
« Ah Hen n’a pas à s’en faire. De mon point de vue, la lutte pour le pouvoir est la chose la plus ennuyeuse et dénuée d’intérêt. »
Yan Tianhen acquiesça avec un sourire :
« C’est aussi mon avis ! »
Son grand frère cligna des yeux et changea de sujet :
« En fait, il y a autre chose. Je ne t’en ai pas parlé jusque là parce que j’attendais d’en être sûr.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda Yan Tianhen, intrigué.
– La Lampe des Lotus Jumeaux est bel et bien en ma possession. »
Yan Tianhen : « … »
Dans le plateau spirituel, Yan Tianhen fut choqué par ce qu’il vit dès son arrivée précipitée.
Avant, il n’y avait que quelques hectares de terrain mais à présent, il y avait un étang, une forêt et une petite maison. Au loin, on pouvait vaguement distinguer des montagnes. C’était vraiment devenu un petit monde.
Ling Chigu était plongé dans l’eau avec juste la tête qui dépassait. Il regardait de leur côté d’un air inexpressif. Feng Jingyu était tranquillement allongé sur une feuille de lotus comme un petit roi, admirant la beauté qui se baignait. Il avait l’air très heureux.
En voyant ça, Yan Tianhen devint aussitôt envieux. Il se précipita vers le lac et fit au phénix :
« Tu sais vraiment profiter de la vie ! »
Feng Jingyu lui jeta un regard et répondit d’un ton indolent :
« Ta dimension de poche est pas trop mal, ça convient très bien à Ah Gu et moi. »
Yan Tianhen regarda autour et commenta en plissant le front :
« Le Qi spirituel est devenu bien plus riche. »
Note de Karura : Finalement, Yin Xinghan n’avait pas menti !
Notes du chapitre :
(1) Profiter de la situation pour son propre bénéfice.
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