Le Prince Solitaire 5

Chapitre Cinq : Les Archanges


Le lendemain, pendant que les autres moines participaient à l'office de Laudes, Lucius quitta le Chapitre accompagné de Lyrel et de son escorte habituelle de dix chevaliers. Lyrel avait souvent entendu les autres novices parler de la garde personnelle du Maître : Lucius avait lui-même sélectionné dix des meilleurs chevaliers du Temple. Ils lui étaient entièrement dévoués et ne répondaient qu'à lui. Ils avaient leur propre terrain d'entraînement et un haut statut parmi les Templiers. Les novices rêvaient de faire partie de cette garde plus tard afin de servir leur Archange de la Lumière. Cependant c'était un honneur réservé uniquement aux meilleurs, et bien des Templiers partageaient le même rêve.


Seuls dans le carrosse, Lucius lança un regard amusé à Lyrel.

« J'ai fait prévenir tes instructeurs que je t'emmenais avec moi quelques jours. Tes compagnons novices vont certainement être jaloux de toi !

– La jalousie est un péché, commenta simplement le jeune homme châtain. Ils devront s'en confesser.

– Tu prends très à cœur cette histoire de confession, dis-moi, le taquina-t'il.

– Se confesser est l'une des étapes qui mènent à la rédemption, répondit Lyrel, ses yeux verts s'illuminant. C'est très important !

– Hum, tu te rendras compte que le monde est plus compliqué que ça, soupira Lucius. Et j'espère surtout que tu n'es pas en train de devenir un fanatique intolérant.

– Qu'est-ce que c'est ? »


Lucius le regarda. C'était le moment de le pousser à la réflexion.

« Imagine que tu vois quelqu'un commettre un péché mais qu'il refuse de se confesser. Que ferais-tu ? »

Lyral plissa le front un moment.

« J'essaierais de lui parler et de lui faire comprendre que c'est dans son intérêt de se confesser pour sauver son âme immortelle.

– Et s'il refuse toujours ? »

Lyrel écarta les bras.

« C'est son âme qu'il met en péril. C'est donc à lui de décider en fin de compte. »

Lucius sourit sans rien dire. Un peu inquiet, Lyrel s'enquit :

« Ai-je bien répondu ? Qu'aurait fait un fanatique intolérant ?

– Il aurait torturé l'homme jusqu'à obtenir sa confession puis l'aurait brûlé vif. »


Le regard indifférent du jeune homme le fit soupirer.

« J'ai déjà remarqué que tu n'étais pas très sensible à la mort des autres. Bon, vu ce que tu as dû voir à la Géhenne, cela peut s'expliquer mais quand même... Il faut un minimum de compassion devant la mort.

– C'est quoi la mort ? demanda soudain Lyrel.

– Huh ? »

Lucius en resta interloqué puis un doute le prit.

« Attends, tu ne sais pas ce que c'est ? Tu as pourtant déjà vu des morts ! Rien qu'à la Géhenne...

– Il y avait des gens qui ne bougeaient plus, se souvint Lyrel. Ils se couchaient quelque part et ils ne bougeaient plus. Les autres leur donnaient alors des coups de pied avant de les laisser là.

– Mmm oui, on ne peut pas s'attendre à mieux de la part d'hérétiques.

– Moi aussi je n'ai pas bougé pendant longtemps. Cela veut dire que j'étais mort ? »

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Lucius commença à regretter d'avoir entamé ce sujet.

« Hé bien, tu en poses des questions aujourd'hui, tenta-t'il d'éluder.

– Tu as dit hier que j'avais le droit de te poser des questions, argua Lyrel. Tu as même dit que c'était de l'initiative. »

Piégé par ses propres mots, Lucius se désola intérieurement avant de se résoudre à répondre à la question difficile :

« Bon, la mort c'est définitif. C'est... lorsque ton âme quitte ton corps pour aller rejoindre le Paradis ou l'Enfer, selon tes actes. Les âmes ne reviennent pas.

– Pourtant... Le Christ était mort et il a ressuscité, pas vrai ? Et Lazare...

– Seuls le Seigneur et son fils peuvent contrôler la mort. »

Lyrel acquiesça avant de poursuivre :

« Comment on sait qu'on est mort ?

– Je pense qu'on s'en rend compte ! répondit Lucius avec un rire embarrassé. Cela dit, c'est plus facile de savoir qu'on est vivant !

– Comment on sait qu'on est vivant ? »

Pris d'un doute, l'Archange lui lança un regard circonspect.

« Tu n'es pas sûr d'être vivant, Lyrel ? »


Le jeune homme garda le silence un moment.

« Rien ne me paraît réel, finit-il par avouer.

– Sais-tu au moins ce qu'est la réalité ? »

L'argument ne fit qu'augmenter la confusion du novice. Lucius secoua la tête.

« Tu es vivant, affirma-t'il, et ceci est la réalité. Même si tu en doutes, crois en mes paroles.

– Comment tu le sais ? »

Voilà bien une question que Lucius ne s'était jamais posée tant la réponse allait de soi. Il chercha que dire. En désespoir de cause, il prit la main de Lyrel et la posa sur son cœur. Le jeune homme ouvrit de grands yeux.

« Tu sens mon cœur battre ? demanda l'Archange blond en souriant.

– Oui, » acquiesça Lyrel bien que perplexe.

Lucius posa alors la main sur le torse de Lyrel.

« Je sens aussi ton cœur qui bat. C'est la preuve que nous sommes tous les deux en vie. »


Lyrel ne dit rien mais garda la main sur le cœur de l'Archange, une expression concentrée sur le beau visage. Lucius se perdit dans sa contemplation.

« Ah, fit subitement Lyrel, ton cœur bat plus vite. Pourquoi ? »

Quand les yeux verts se levèrent vers lui, purs et interrogateurs, Lucius se rendit compte à quel point leurs visages étaient proches. Il se sentit rougir, quelque chose qui ne lui était plus arrivé depuis des décennies.

« Ce n'est rien ! » assura-t'il en reculant le plus possible.

Il se radossa contre le siège de la couchette en diagonale du novice qui le fixait avec étonnement, la main toujours tendue. Lucius toussota et reprit plus dignement :

« Avec tout ce qui t'est arrivé, tu es en droit de douter de la réalité mais tu ne peux pas rester indéfiniment dans cette incertitude. Quelque part, peu importe que ce soit réel ou non, que nous soyons vivants ou morts. Ceci est notre réalité alors il est temps que tu commences à vivre ta vie. »


Les paroles emplies de sagesse troublèrent le jeune homme châtain qui hocha la tête. Lucius se reprocha de ne pas avoir fait plus attention à son état d'esprit. Cela expliquait aussi la grande passivité du novice et son manque d'enthousiasme. Il avait voulu laisser Lyrel évoluer seul cependant ce dernier avait besoin d'aide et de conseils de la part de quelqu'un qui savait ce qu'il avait vécu. Il n'était encore qu'un enfant sur ce point.

« J'ai commis une erreur de jugement, reconnut l'Archange en lui-même. Je vais désormais me rattraper. »

S'il voulait conduire Lyrel au sommet qu'il envisageait pour lui, il allait devoir être plus présent. Ce serait réellement dommage de le perdre et de devoir le renvoyer à la Géhenne.

~*~

Les Archanges avaient leur lieu de réunion habituel : un manoir isolé dans une forêt au pied d'une petite chaîne de montagnes au sud de la région de Dormin et à quatre jours du Chapitre. Cependant ils s'arrêtèrent d'abord dans une clairière. En descendant du carrosse, Lyrel examina les alentours et nota que l'endroit était désert.

« Nous n'aimons pas attirer l'attention sur nous si nous pouvons l'éviter, expliqua Lucius. Et puis nous allons dire des choses qui ne doivent pas être répétées.

– À mon sujet ? s'enquit Lyrel.

– Tu es l'attraction majeure de cette réunion, fit l'Archange blond avec un sourire, même si nous avons d'autres sujets. Mes frères sont impatients de te rencontrer mais pour commencer, je vais leur parler seul. Attends-moi ici, je te ferai signe de nous rejoindre. »


Le jeune novice hocha la tête, toujours aussi obéissant. Il lança un regard aux deux autres carrosses identiques qui attendaient plus loin dans la clairière. Une dizaine de Templiers escortaient chaque Archange. Leur tenues étaient la même bien qu'ils provenaient de Chapitres différents. Les deux autres Archanges étaient donc reconnaissables par leur longue cape noire avec une croix blanche, vêtus comme Lucius. Lyrel plissa les yeux pour mieux les voir, curieux tout à coup. Il ne put pas distinguer grand-chose à cette distance. Le plus grand avait des cheveux gris aux reflets blancs bien qu'il ne paraissait pas âgé. Il dépassait Lucius d'une bonne tête. Le second avait les cheveux coupés très court comme ceux d'un moine et il était plus petit que Lucius. Lyrel se sentit nerveux. Ils allaient parler de lui et le juger. Il espérait qu'ils n'allaient pas le rejeter comme dame Faye ou Grisèle.


Inconscient de l'angoisse du jeune homme, Lucius s'arrêta à quelques pas de ses frères et leur adressa un sourire rayonnant. Cela faisait presque un an qu'il ne les avait pas vus.

« Gaïus, Marius, je suis heureux de vous revoir !

– Bonjour Lucius, fit calmement Gaïus, l'Archange de la Terre.

– Tu nous as amené ton protégé alors ? attaqua tout de suite Marius, l'Archange de l'Eau. Celui qui serait soi-disant le quatrième Archange ?

– Marius, soupira Lucius, à t'entendre on dirait que tu désapprouves mon choix. Pourtant tu ne l'as pas encore vu ! »

Le plus petit des trois renifla avec mépris.

« Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir : il a participé à un rituel satanique ! Franchement tu crois que c'est ça qui peut représenter notre Seigneur et défendre l'Église ? Il est corrompu jusqu'à l'âme !

– Il ne se souvient plus de rien, expliqua l'Archange blond, donc son âme n'est pas corrompue.

– Et tu le crois sincère ? » s'enquit Gaïus qui avait écouté d'un air distrait comme toujours.


Lucius s'était bien entendu déjà posé la question : il aurait été commode pour un hérétique de se prétendre amnésique pour éviter le bûcher.

« Ce ne sont pas seulement ses souvenirs qui ont disparu, argua-t'il, c'est toute son éducation ! Quand je l'ai récupéré à la Géhenne, il ne savait ni lire ni écrire, il n'utilisait que des mots simples, il ignorait des notions élémentaires... Tiens, rien que durant ce voyage, je me suis retrouvé à lui expliquer ce qu'est la mort ! Et je ne parle même pas de son temps dans sa famille : d'après le rapport du prêtre, il n'était même pas propre jusqu'à ce que les serviteurs lui parlent du pot de chambre ! »

Marius fit une grimace de dégoût.

« Alors c'est un débile que tu nous proposes ?

– Non, il a bien progressé depuis. En plus d'avoir bon cœur, je soupçonne chez lui des talents de soldat et de dirigeant.

– Tu soupçonnes ? » releva Gaïus.


L'Archange blond s'était douté qu'il serait difficile de défendre le cas de Lyrel mais pas à ce point ! Cependant il ne renoncerait pas car son intuition lui soufflait qu'il avait raison sur le jeune homme.

« Ce n'est que du potentiel, reconnut-il, toutefois je sais que je ne me trompe pas : il fera un excellent Archange !

– Je parie qu'il est mignon, releva Marius d'un ton insinuateur. Tu es sûr que tu n'es pas plutôt influencé par son physique? »

Lucius le foudroya du regard. Son jeune frère avait souvent tendance à dépasser les bornes de façon inexcusable.

« Je ne suis pas stupide à ce point, répliqua-t'il d'un ton glacial. Je sais avec qui je peux m'amuser et avec qui je ne dois pas ! »

La dernière partie semblait spécialement adressée à Marius qui se renfrogna, tapa dans un caillou avant de s'éloigner en marmonnant entre ses dents.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Lucius le fixa un moment avec exaspération puis se tourna vers Gaïus, son seul allié en la matière.

« Je suis sérieux, Gaïus. Je sais bien que Lyrel a son passé contre lui mais justement, cela n'a plus lieu d'être car il a tout oublié ! C'est l'occasion rêvée de le former pour qu'il devienne un Archange hors du commun !

– Et ses pouvoirs ? demanda l'Archange de la Terre.

– Il manipule le feu, comme je vous l'ai écrit. Je l'entraîne depuis deux mois et je peux dire que c'est naturel chez lui. Tu ne crois pas que c'est un signe ? Il nous manquait justement l'Archange du Feu.

– Ou bien c'est une coïncidence, rectifia Gaïus. Un Archange n'est pas choisi sur la seule base de ses pouvoirs. Nous trois, nous avons été élevés par Père, ce qui crée un lien particulier entre nous. Ton protégé est un inconnu pour nous.

– Tu étais aussi un inconnu pour moi quand Père t'a ramené au diocèse. Et quand Marius est arrivé plus tard, nous ne le connaissions pas plus. Pourtant, aujourd'hui nous sommes tous unis comme une vraie famille. Alors laisse une chance à Lyrel, c'est tout ce que je te demande. Parle-lui, apprends à le connaître un peu plus et ne laisse pas son passé influencer ton opinion de lui. Il n'a rien à voir avec le Lyrel qui a sacrifié des innocents pour obtenir ses pouvoirs. »


Le grand Archange regarda en direction du carrosse de Lucius et acquiesça.

« Mmm, entendu. J'irai lui parler quand Marius en aura fini avec lui.

– De quoi ?! »

Pour toute réponse, Gaïus pointa le doigt devant lui. L'Archange blond se retourna et vit son plus jeune frère en vive discussion avec Lyrel. Il avait dû faire le tour de la clairière pour surgir dans son dos, le fourbe.

« Marius ! » s'écria Lucius, furieux.

Il s'avança rapidement vers eux, suivi plus lentement par Gaïus. L'Archange de l'Eau semblait exhorter Lyrel à vouloir se battre, en vain.

« Allez, montre-moi tes pouvoirs ! T'as peur de moi ou quoi ?

– Non, répliqua simplement Lyrel, le front plissé, je n'ai aucune raison de te combattre.

– Oh, si c'est une raison qu'il te faut, je vais t'en donner une, moi ! »


Le jeune homme leva les mains devant lui et des tourbillons d'eau apparurent. L'Archange lança son attaque contre Lyrel. En dépit de la courte distance entre eux, Lyrel esquiva avec une vitesse presque surhumaine et se retrouva à côté de Marius qui en sursauta de surprise. Par contre le carrosse de Lucius fut heurté de plein fouet et se retourna. Les Templiers s'éloignèrent rapidement sans intervenir contre un Archange.

« Que... Comment t'as fait ça ?! » s'écria Marius en reculant.

Il trébucha sur une roche et moulina des bras pour garder l'équilibre. Furieux et humilié, il invoqua des trombes d'eau sur son adversaire.

« Noie-toi, ça te servira de leçon ! » fit-il en riant de satisfaction.

La pression de l'eau aurait dû écraser Lyrel ou au moins le plaquer à terre, cependant il était encore debout. Marius grinça des dents.

« Tu ne perds rien pour attendre ! » siffla-t'il.


Une main lui saisit solidement le bras. Marius croisa le regard sévère de Lucius et prit un air embarrassé.

« Tu veux le tuer ou quoi ? » accusa son frère.

L'inquiétude qu'il sentit dans son ton l'énerva davantage.

« Oh ça va, répliqua-t'il en dégageant son bras, je voulais juste tester ses fabuleux pouvoirs ! Mais je ne l'ai pas vu invoquer la moindre petite flamme. Il a peut-être trop peur de mon eau ! »

Marius croisa les bras, moqueur et content de lui. Lucius, lui, savait ce qu'il en était vraiment et il se tourna vers Lyrel.

« Tu peux utiliser tes pouvoirs devant lui, » lui fit-il.

Lyrel lui rendit son regard un moment avant de hocher la tête. Marius se renfrogna.

« Ben dis donc, tu attends aussi l'autorisation de Lucius pour aller chier ?

– Ce serait difficile, répondit calmement le jeune homme. Je pense que cela sortirait avant que je le trouve. »

Derrière eux, Gaïus eut un léger rire. Lucius secoua la tête, amusé lui aussi, surtout que Lyrel énonçait simplement un fait sans chercher à être drôle.


Le seul qui ne trouva rien d'amusant à cela, ce fut Marius.

« Bon allez, maintenant que tu as l'autorisation de te battre vraiment, je t'attends ! On va voir si tu pourras être encore rapide, trempé comme tu l'es ! »

Lyrel contempla de nouveau ses vêtements gorgés d'eau. Il ferma les yeux, fit un pas en avant... et soudain il fut sec.

« Pratique, » commenta Gaïus d'un ton rêveur.

Marius se renfrogna devant ce signe de maîtrise des pouvoirs. Il ne renonça pas pour autant. Il rassembla une spirale d'eau derrière lui et la propulsa d'un geste en direction du jeune homme. Lyrel réagit par un mur de flammes si chaudes que l'eau s'évapora à son contact, créant de la vapeur.

« C'est bon, décréta Lucius, vous avez assez joué comme ça. »

Sauf que Marius ne l'entendit pas de cette oreille et rassembla son pouvoir pour une nouvelle attaque.

« J'ai dit, ÇA SUFFIT ! » tonna Lucius en s'illuminant soudain.


Marius se protégea les yeux en gémissant. Gaïus se détourna aussi, fortement incommodé par la lumière aveuglante. Seul Lyrel resta impassible, protégé par un léger voile... d'ombres ? Quand la lumière de Lucius décrût, le voile disparut comme s'il n'avait jamais existé. Lyrel contempla son ombre d'un air soucieux ; il y sentait un danger inconnu et ce n'était pas la première fois.

« Marius, il serait temps que tu te comportes comme un Archange digne de ce nom ! critiqua le jeune homme blond. Tu devais tester les pouvoirs de Lyrel, pas tenter de le tuer !

– Oh ça va, fit l'autre Archange en haussant les épaules, il n'est même pas blessé !

– Et cela prouve précisément ses qualités pour devenir un Archange ! »

Lucius n'était pas prêt d'en démordre. Marius fit une grimace dégoûtée.

« C'est une larve, critiqua-t'il sans se soucier que Lyrel l'entende. Il n'a aucun répondant. Il s'est juste défendu sans m'attaquer une seule fois !

– Pourquoi je t'aurais attaqué ? intervint Lyrel.

– Parce que je t'ai attaqué, idiot ! répliqua Marius d'un ton d'évidence.

– C'était pour tester mes pouvoirs. Tu n'es pas mon ennemi. »

À cela, Marius ne sut que répondre. Lucius se calma un peu : il semblait que Lyrel savait parler pour lui. C'était une attitude nécessaire pour la suite.


Gaïus désigna soudain un arbre et fit d'un ton exalté :

« Lyrel, brûle cet arbre ! »

Le jeune homme châtain regarda l'arbre en question qui s'enflamma aussitôt. Les feuilles brûlantes s'envolèrent vers eux, portés par la brise, et Gaïus en saisit une dans ses mains en coupe comme un enfant qui attrapait de la neige.

« Éteins le feu maintenant, » ordonna-t'il.

Le feu se referma sur lui-même avant de disparaître entièrement. Seul du bois calciné pouvait témoigner de ce qui venait de se passer. Gaïus contempla les cendres dans ses mains et hocha la tête.

« Sa maîtrise des pouvoirs me convient, » déclara-t'il.

Cela ravit Lucius qui eut un sourire satisfait. Il se tourna ensuite vers Marius qui prit un air boudeur.

« Ouais, il a des pouvoirs, c'est sûr. Mais il faut plus que ça pour faire un archange !

– Nous verrons la suite un peu plus tard, tempéra Lucius. Pour l'heure, mangeons tous ensemble et profitons de notre réunion pour échanger les dernières nouvelles. »

Il tapota l'épaule de Marius et étrangement, cela parut calmer l'autre homme.

~*~

À cause de l'attaque de Marius, le carrosse de son frère avait été renversé et endommagé ; il était donc inutilisable dans l'immédiat. Lucius lança un regard désapprobateur au jeune homme. Ce dernier croisa les bras en se renfrognant mais on pouvait deviner à l'expression de son visage qu'il s'en voulait un peu. Pour rejoindre le manoir, ils devaient donc se répartir dans les deux carrosses restants car le manoir était trop loin pour s'y rendre à pied.

« Je vais prendre Lyrel avec moi, déclara Gaïus. Nous pourrons ainsi discuter. »

Lucius fut ravi qu'au moins un de ses frères semble plus favorable envers son protégé.

« Alors je vais avec Marius, fit-il avec un regard qui ne présageait rien de bon. Nous allons avoir une sérieuse discussion, nous aussi. »

Marius grommela. Toutefois un sourire ravi se dessina sur ses lèvres quand il suivit son frère dans leur carrosse.

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Lyrel se retrouva donc dans le premier carrosse, face à Gaïus qui l'observait de ses yeux bruns et avec un sourire énigmatique aux lèvres. Ils étaient presque aussi grands l'un que l'autre, et l'espace dans le carrosse semblait étroit. Cela ne gêna pas Lyrel, de même que le silence entre eux. Il n'avait pas l'habitude d'entamer les conversations le premier. Ce fut donc l'Archange de la Terre qui ouvrit la bouche :

« Dis-moi, Lyrel, que penses-tu de Lucius ?

– Comme Maître du Chapitre, il...

– Non, je veux dire en tant que personne. »

Lyrel cligna des yeux.

« Je ne le connais pas en tant que personne, » fit-il.

Cela surprit l'Archange.

« Ah ? il ne s'occupe pas de toi ?

– Je suis avec les autres novices la plupart du temps. Lucius m'entraîne pour mes pouvoirs deux fois par semaine.

– Hmm, et il ne discute pas avec toi ?

– Parfois. Il est très occupé. »


Gaius eut un léger rire avant de pencher la tête sur le côté, sans le quitter des yeux.

« Et il te manque ?

– Comment ça ?

– Quand tu ne le vois pas, tu n'as pas envie qu'il soit là? »

Le jeune homme lui lança un regard d'incompréhension totale.

« Non, » répondit-il sincèrement.

Si Lucius n'était pas là, il n'était pas là. Il n'y avait rien à avoir envie. Gaïus éclata de rire devant sa réponse.

« Et Marius, que penses-tu de lui ?

– Il ne m'apprécie pas, répondit aussitôt Lyrel en s'assombrissant.

– Oh, tu as l'air plus intéressé par Marius que par Lucius, nota l'Archange avec un sourire.

– C'est que... Lucius m'a dit que vous deviez tous les deux donner votre approbation pour que je devienne Archange, se défendit Lyrel.

– Je vois. Ne t'en fais pas pour Marius : il n'aime personne à part Lucius. Bon, chante-moi quelque chose. »


La demande subite prit Lyrel au dépourvu. Il cligna des yeux.

« Chanter ?

– Oui, comme le chœur aux offices. Tu connais des chants, n'est-ce pas ?

– Je connais le Te Deum et le Glori Sancti. »

En tant que novice, c'étaient les chants à apprendre. Lyrel avait retenu les paroles du premier coup mais comme il chantait avec les autres novices, son exploit était passé inaperçu.

« Chante-moi ça alors, puisque tu ne connais rien d'autre, » soupira Gaïus.

Il fut cependant surpris de découvrir que le jeune homme avait une très belle voix, très assurée et expressive. C'était totalement différent que de l'entendre parler. Il parvint à redonner un air de fraîcheur à ces chants religieux que Gaïus avait entendus mille et une fois. L'Archange ferma les yeux et se laissa bercer, un sourire extatique sur les lèvres.

~*~

Les carrosses s'arrêtèrent devant le manoir qui était de taille moyenne. Une partie des gardes entra pour ouvrir les volets et aérer la pièce principale. Les trois Archanges et Lyrel attendirent un peu dans la cour, profitant de l'air doux. Marius semblait de bien meilleure humeur et mieux disposé envers Lyrel — pas au point d'être sympathique avec lui néanmoins. Il l'examina de la tête au pied et marmonna entre ses dents :

« Pas de corne, de queue ou de sixième doigt. Et pour les pieds fourchus, je ne rêve pas ! »

Lucius ignora ses élucubrations et s'enquit plutôt auprès de son autre frère :

« Alors, vous avez bien parlé ?

– Je sais tout ce qu'il me faut, » affirma Gaïus.

Lucius soupira de soulagement. Il tenait vraiment à ce que Lyrel soit accepté parmi eux.


Un garde vint prévenir les Archanges que tout était prêt. Les trois frères et Lyrel entrèrent dans le manoir qui sentait un peu le renfermé et l'humidité en dépit des fenêtres ouvertes. Lucius eut un regard nostalgique en contemplant le hall d'entrée et le grand escalier qui menait à l'étage.

« C'est notre maison d'enfance, confia-t'il à Lyrel. Nous avons grandi ici tous les trois avant que Père ne soit élu Pape. »

Cela attira l'attention de Lyrel car ses instructeurs avaient en premier lieu enseigné la hiérarchie aux novices.

« Le Pape a des enfants ? s'étonna-t'il.

– Il nous a adoptés bien sûr, fit Lucius avec un sourire. Il a reconnu notre potentiel et nous a élevés pour que nous devenions le bras armé de l'Église. Cependant notre lien de parenté doit rester secret. »


L'Archange blond soupira en se remémorant ses souvenirs.

« Sans lui nous serions morts tous les trois, soit de faim, soit tués par des villageois fanatiques. »

Lyrel se souvint de ce dernier mot qui semblait important pour Lucius. Ce dernier venait de dire que des gens voudraient le brûler pour ses péchés pourtant il n'était pas un monstre, au contraire de Lyrel. Le monde semblait bien menaçant.

« Je le verrai un jour ? s'enquit Lyrel.

– Si tu deviens Archange, c'est sûr. En tout cas il suit tes progrès avec intérêt.

– Pourquoi ? il ne me connaît pas pourtant...

– Je lui ai parlé de toi dès le début, et je lui écris souvent à ton sujet. Cela fait longtemps qu'il attend la venue du quatrième Archange, tout comme nous.

– Pourquoi ? »

Lucius secoua la tête. Lyrel avait vraiment compris le principe de poser des questions et ne s'arrêtait plus, quitte à aborder des sujets sensibles.

« C'est un peu compliqué, éluda le jeune homme blond. On en reparlera plus tard. »

Lyrel n'insista pas et ils rejoignirent les deux autres Archanges dans la salle à manger.

~*~

Le repas fut simple et froid : de la viande fumée, du pain et du fromage, du vin et des fruits, le tout apporté par les gardes. Lyrel mangea avec retenue ; il n'était plus aussi vorace que durant ses premiers jours au Chapitre de l'Ouest. Grâce aux repas réguliers — même s'ils étaient simples — il s'était remis de la Géhenne, avait repris du poids et même grandi un peu. Les entraînements l'avaient aussi aidé à développer sa musculature.

« Lyrel, parle-moi de ta maison d'enfance, demanda soudain Lucius. L'endroit où tu as grandi. »

Le jeune homme châtain s'arrêta au beau milieu d'une bouchée.

« Je... ne me souviens pas, fit-il. J'ai dû grandir au château de Prost, je suppose. »

Marius renifla de dédain.

« Une enfance de noble, ça ne s'oublie pas ! » marmonna-t'il.

Les autres l'ignorèrent.

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« Rien ne t'est revenu en deux mois ? s'enquit Lucius. Pas de souvenirs, pas de rêves du passé, rien ? »

Lyrel secoua la tête. À vrai dire il n'essayait pas de se souvenir. Quel intérêt ? Dame Faye ne voulait pas de lui, Grisèle avait peur et le père Joris... Le prêtre l'avait confié à l'Église alors Lyrel devait faire de son mieux pour ne pas le décevoir. Là était sa place, il le sentait, l'espérait, le souhaitait de tout son cœur. Le reste n'avait plus d'importance.

« Alors quel est ton souvenir le plus ancien ? » persévéra Lucius.

Son insistance surprit Lyrel, on aurait presque dit un interrogatoire. Pourtant Lucius n'avait pas paru s'intéresser beaucoup à son passé jusque là. Il comprit soudain que c'était pour les deux autres Archanges qui ne le connaissaient pas.


« Mon premier souvenir... je me réveille dans un cave avec plein de gens autour de moi... morts, je suppose. Ils saignaient beaucoup et ne bougeaient plus.

– Tu m'étonnes qu'ils étaient morts ! » fit Marius en étouffant un rire.

Lucius lui lança un regard d'avertissement. Le novice poursuivit :

« Les gardes m'ont trouvé ensuite et m'ont amené au château.

– Tu ne te souviens vraiment de rien avant ça ? »

Lyrel fronça les sourcils.

« Mmm, juste avant j'ai entendu deux personnes qui se disputaient.

– Que disaient-elles ? Qui était-ce ? demanda Lucius, soudain très intéressé.

– Je ne sais pas, je n'ai pas bien compris ce qu'ils disaient. »

L'Archange blond soupira, un peu déçu.


Marius intervint alors :

« Le comte de Fanel est toujours introuvable ?

– Cela fait trois mois, et rien, reconnut Lucius. Pourtant toute l'Église est à sa recherche.

– Fanel ? réagit Lyrel.

– Ce nom te dit quelque chose ? »

Le jeune homme secoua la tête.

« Qui est-ce ? demanda-t'il.

– Il était présent lors du rituel satanique, expliqua Lucius. C'est le seul survivant à part toi. »

Lyrel sentit son intérêt s'éveiller.

« Il était là aussi ? Il me connaît ? Il pourrait alors me dire ce qui s'est passé ! »

Les trois autres hommes parurent surpris par son empressement subit.


« Il se cache, fit Lucius. Cela fait des mois que j'envoie des hommes à ses trousses. Impossible de le localiser.

– Je veux aider à le chercher, déclara alors Lyrel.

– On ne sait pas où il peut bien être alors c'est inutile.

– Mais...

– Concentre-toi sur tes études et ton entraînement ! Tu dois devenir Archange, c'est ça qui compte. »

Lyrel n'était pas du même avis mais il ne discuta pas. Marius tapota la table d'un doigt et pencha la tête sur le côté.

« Ce ne serait pas une mauvaise idée pourtant, approuva-t'il de façon inattendue.

– Marius ! s'offusqua son frère.

- Lyrel pourrait nous servir d'appât. Après tout, selon les rapports, lui et ce Fanel étaient en très bons termes, massacrant allègrement des domestiques pendant des années. Cela crée des liens profonds, non ? Le comte pourrait avoir envie de récupérer son partenaire de crime et de lit. »


Lucius pâlit et lança un regard en coin à Lyrel pour voir si ce dernier avait compris les subtiles allusions de l'autre Archange. Les yeux verts n'exprimaient que de la perplexité, aucune honte.

« Évidemment, songea Lucius, il ne peut pas comprendre puisqu'il a même oublié ce qu'était le sexe. »

Il soupira de soulagement avant de répliquer à Marius :

« Lyrel ne servira pas d'appât ! Qui sait les pouvoirs que le comte de Fanel a pu retirer du rituel ? Nous devons le considérer comme très dangereux et l'éliminer sans discuter ! »

Marius fit claquer sa langue. Lucius se montrait un peu trop protecteur envers ce novice.


Désireux de changer de sujet, l'Archange blond se tourna vers son second frère qui avait écouté d'un air distrait comme à son habitude.

« Gaïus, au fait, tu ne m'as pas dit de quoi tu as parlé avec Lyrel en chemin. »

Les lèvres de l'Archange de la Terre s'étirèrent en un sourire ravi.

« Je l'ai fait chanter.

– Quoi ?! » s'ébahit Lucius en écarquillant ses yeux bleus.

Marius eut un ricanement. Gaïus secoua la tête.

« Ne t'en fais pas, cela n'a rien à voir avec la façon dont Marius te fait chanter, assura-t'il pour le plus grand embarras de son frère blond. Lyrel a vraiment chanté pour moi. Tu savais qu'il a une très jolie voix ? »

Mortifié, Lucius ne fut pas capable de répondre surtout que Lyrel le fixait avec surprise.

« Ah bon, tu sais chanter aussi ? » demanda-t'il très sincèrement.


L'embarras de Lucius s'accrût, au point que ses joues en rougirent. Marius fut ravi de ce spectacle car ce n'était pas souvent que son frère perdait ainsi contenance. Sa bonne humeur s'intensifia. Gaïus éclata de rire. Seul Lyrel ne comprenait toujours pas le sous-entendu. Lucius finit par s'éclaircir la gorge avant de répondre :

« Bah, oui, mais je ne chante pas en public.

– Tu pourrais chanter pour moi au retour ? »

Marius ricana de nouveau. L'Archange de la Lumière lui lança un regard noir.

« Attends un peu, je ne vais plus chanter pour toi avant longtemps ! » se dit-il.

Quant à Lyrel, Lucius lui fit seulement une vague promesse qui le satisfit.

~*~

Le temps que le repas se termine, la garde de Lucius était revenue avec le carrosse réparé. Lyrel fut envoyé à l'extérieur du manoir pendant que les trois Archanges discutaient en privé. Il faisait beau alors cela ne le gênait pas le jeune homme. Et puis Lyrel se sentait mieux dehors que dans un bâtiment. C'était peut-être une habitude qu'il avait prise à la Géhenne ou bien une simple préférence. Au Chapitre il passait le moins de temps possible dans sa cellule et préférait se promener dans le jardin potager. Ses instructeurs n'y voyaient aucun inconvénient tant qu'il effectuait ses corvées et ne négligeait pas ses prières.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Deux heures s'écoulèrent. Les Archanges quittèrent enfin le manoir. Lucius fit signe à Lyrel de s'approcher.

« Marius et Gaïus sont d'accord pour que tu poursuives ton entraînement afin de devenir le quatrième Archange, déclara-t'il avec un sourire de satisfaction. Pour l'instant tu resteras à mon Chapitre mais je t'enverrai bientôt chez Marius au Sud, puis chez Gaïus au Nord, pour qu'ils t'enseignent et t'évaluent à leur tour. »

Lyrel acquiesça mais un regard de Lucius lui fit comprendre que cela ne suffisait pas.

« J'en suis honoré, » fit-il en usant d'une formule de politesse qu'on lui avait enseignée au Chapitre.

Les deux autres Archanges hochèrent la tête.


Marius s'approcha de lui et lui tapa sur l'épaule — un peu plus fort que nécessaire.

« J'ai hâte de reprendre notre combat, fit-il avec un sourire carnassier. Et là il n'y aura personne pour nous interrompre au beau milieu.

– Marius, » gronda son frère.

Le jeune homme aux cheveux ras secoua la tête en riant puis regagna son carrosse. Gaïus s'approcha à son tour du novice.

« J'ai également hâte de superviser ton apprentissage, jeune Lyrel. D'ici là, apprends d'autres chants pour moi.

– Oui, » répondit Lyrel avec le plus grand sérieux.

L'Archange de la Terre lui adressa un grand sourire avant de monter dans son carrosse. Les deux Archanges partirent chacun de leur côté, leurs gardes derrière eux.


Ce fut au tour de Lucius et Lyrel de reprendre leur place. Le carrosse ne semblait pas avoir trop souffert des attaques de Marius, cependant il restait une légère odeur d'humidité pas très agréable. Lucius marmonna quelque chose à propos de "cet imbécile aux cheveux bleus'' avant d'ouvrir une vitre. Il se tourna ensuite vers Lyrel.

« Alors, que penses-tu de mes frères ?

– Ils ne te ressemblent pas. »

La remarque fit rire le jeune homme blond.

« C'est normal, nous ne sommes pas de vrais frères après tout. Malgré cela, nous avons été élevés dans le même but : servir notre sainte mère l'Église. Te sens-tu capable de nous rejoindre et de consacrer ta vie à cet objectif ? »


Lyrel sentit l'importance de cette question.

« Je vais faire de mon mieux, garantit-il.

– Je serai là pour te pousser vers le sommet, promit Lucius. En attendant, chante-moi donc une de tes chansons puisque Gaïus a vanté ta jolie voix. »

Lyrel s'exécuta et Lucius fut également charmé par la voix claire et juste.

« Gaïus a raison, fit-il une fois que Lyrel eut fini, tu dois apprendre de nouveaux chants. De retour au Chapitre, je dirai au frère Dumin de t'intégrer au chœur. »

Lyrel acquiesça. Lucius se pencha pour lui tapoter le genou.

« Tu as fait bonne impression sur mes frères. Je suis content de toi. »

Il eut en récompense un léger sourire de la part du jeune homme. Ce devait bien être la première fois qu'il le voyait autrement que soucieux et passif. Lyrel était bien trop sérieux, d'ordinaire.

« Je crois que nous tenons notre quatrième Archange, songea Lucius avec une bouffée de fierté. Cela veut donc dire que la Guerre Sainte approche. »


Note de Karura : Voici donc les deux autres Archanges. Marius est le petit teigneux classique mais il me fait bien rire. Gaïus est plus exalté.

Le caractère de Lyrel commence à s'affirmer car il prend confiance en lui.






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