Le Prince Solitaire version Un

Première partie : Les humains



Chapitre Un : L’abandon




Tu es mon frère !

Ce furent les premiers mots qu’il entendit et il s’agissait exactement des mots dont il avait besoin. Non seulement cela lui permettait de se situer dans le monde mais le ton d’évidence et d’affection employé lui faisait chaud au cœur. La jeune fille aux cheveux bruns et aux yeux noisettes qui se tenait penchée sur lui avait un sourire chaleureux et il sut qu’il ferait tout pour ce sourire. Elle lui tenait la main et il pouvait sentir la chaleur se dégager de son corps. Le moment était si parfait qu’il n’aurait pas cru qu’il pourrait se terminer. Mais la porte de sa chambre s’ouvrit et une femme entra. Les cheveux noirs retenus en une tresse autour de sa tête, une longue robe émeraude bruissant à chacun de ses pas, ses yeux verts qui transperçaient tout, la dame s’avança vers eux avec un sourire mielleux.

« Amecy, ma chérie, fit-elle à la jeune fille, tu devrais laisser ton frère se reposer. »

Le ton doucereux cachait un ordre. Amecy serra un peu plus fort la main qu’elle tenait, ses yeux noisettes un instant confus.

« Mais Mère, tenta-t-elle, il a oublié qui il était ! Il ne m’a même pas reconnue... »

Elle semblait si désolée qu’il s’en voulut de l’avoir oubliée.


La dame serra les poings si fort que ses jointures en devinrent blanches. Elle les cacha dans les plis de sa longue robe.

« Jeune fille, fit-elle sur un ton de réprimande cette fois, tu ferais mieux de quitter cette chambre sur le champ ! »

Amecy pâlit et se leva rapidement. Elle adressa un rapide regard de regret à son frère alité puis elle fit la révérence devant sa mère. La femme hocha sèchement la tête et Amecy quitta la pièce sans aucune autre protestation. Il se sentit abandonné et lança un regard rempli d’espoir à la dame si sévère.

« Mère ? »

La femme lui renvoya un regard glacial.

« Pas pour toi, fit-elle avec un rictus effrayant. Plus jamais pour toi. Tu n’es pas mon fils. »

Les mots semblèrent le transpercer comme des coups de couteau. Il sentit ses yeux s’embuer de larmes. Il aurait voulu protester mais les mots refusaient de sortir. La dame recula jusqu’à la porte puis lança juste avant de partir :

« Mon fils n’est pas un monstre. »

La porte se referma en un claquement sec.

~*~

Il rêvait, il rêvait très souvent. Il y avait un rêve qu’il aimait par-dessous tout et c’était là qu’il allait se réfugier la nuit. Il se trouvait dans une grotte. Il y avait beaucoup de gens autour de lui, allongés à terre, mais ils étaient immobiles. Certains avaient les yeux grands ouverts mais ils paraissaient ne rien voir. Un liquide rouge s’échappait d’eux et il était fasciné par cette couleur. Il se souvenait qu’on l’avait forcé à en boire mais c’était confus. En tout cas, il n’avait plus du tout envie d’en avaler. Il s’asseyait toujours dans un coin de la grotte et restait simplement là, en paix. Cet endroit était son refuge, un lieu dont personne ne pourrait le chasser.


Il avait essayé d’inviter sa sœur une fois dans son endroit secret. Il avait dû aller la chercher dans son rêve car il ne l’avait plus revue en réalité. Elle n’avait pas semblé le reconnaître et cela l’avait vexé un moment. Mais il s’était repris et l’avait saisie par le bras pour l’emmener dans sa grotte. Pendant le trajet, il avait senti les ombres s’agiter comme si une créature féroce était à sa poursuite. Ils étaient heureusement arrivés sains et saufs. Il croyait et espérait que sa sœur aimerait aussi cette grotte et qu’ils pourraient s’y retrouver toutes les nuits, qu’il pourrait encore voir son beau sourire, mais elle s’était mise à hurler et à hurler. Il avait essayé de la calmer, toujours sans un mot puisque même dans ses rêves, il avait du mal à communiquer, mais elle l’avait repoussé et avait disparu. Il n’avait plus jamais tenté de jouer avec elle dans leurs rêves.

~*~

Un homme se penchait sur lui, un inconnu. Le crâne chauve, de petits yeux intransigeants, des traits secs, il eut tout de suite peur de lui. Il se terra un peu plus au fond de son lit mais l’homme ne disparut pas pour autant.

« Ouvre la bouche et tends ta langue, mon garçon, » fit l’homme.

Il obéit craintivement. Ses yeux évitèrent le visage sévère pour tomber sur le col blanc et la petite croix argentée qui brillait sur le tissu noir des vêtements de l’inconnu. Il sentit quelque chose se déposer sur sa langue, quelque chose de sec, et on lui referma la bouche.

« Ne la mords surtout pas, l’avertit l’homme. Laisse-la fondre. »

Apeuré, il n’osa même plus respirer. Les minutes passèrent et les yeux sombres de l’homme restaient fixés sur son visage, à l’affût de quelque chose. Le regard inquiétant se détourna soudain et il en profita pour avaler la pâte molle et sans goût qui collait à sa langue.


« Donne-moi ta main. »

Il semblait que son épreuve n’était toujours pas terminée. Il obéit à nouveau, ne sachant que faire d’autre. L’homme versa sur sa main de l’eau sortie d’une fiole qu’il tenait. Il l'observa à nouveau un long moment puis se pinça les lèvres.

« Répète après moi : Ô Christ, fils de Dieu. »

Il ouvrit la bouche et répéta les sons qu’il venait d’entendre même s’il n’en comprenait pas tout le sens.

« Ô C... Kuli...

- Suffit ! s’écria violemment l’homme. Ne souille pas le saint nom de notre seigneur ! »

Terrorisé, il se recroquevilla sur lui-même, les yeux débordants de larmes.


Une autre personne s’approcha et il reconnut la dame qui arborait un large sourire satisfait.

« Ne vous l’avais-je pas dit, mon père ? susurra-t-elle. Il s’agit clairement d’un démon qui a pris l’apparence de mon pauvre fils. »

Il aurait aimé lui demander de l’aide mais il savait que seule sa sœur pouvait l’aider et elle ne se trouvait pas là.

« Un monstre, reprit la femme un peu plus fort, qui n’a pas sa place dans notre monde. »

Le prêtre se releva.

« Dame Faye, j’ai le regret de devoir vous contredire.

- Comment ? » s’écria-t-elle, interloquée.

Il vit ses joues se teinter de rouge tandis que les yeux verts s’écarquillaient d’indignation. Il se tapit un peu plus dans les couvertures en gémissant.

« Ce n’est pas un démon, affirma l’homme. Il a pris l’hostie et a supporté l’eau bénite. Les démons ne peuvent pas entrer en contact avec ces deux dons de notre seigneur. Il est humain, je peux vous le certifier. »

La dame ouvrait et fermait la bouche en silence, incapable de trouver ses mots.

« Mais... mais... vous l’avez pourtant entendu, non ? Ce langage immonde qui est sorti de sa bouche, ce...

- Le corps est humain mais les démons ont perverti son esprit. Cela arrive hélas bien trop souvent. Des jeunes hommes ambitieux qui rêvent de pouvoir et d’immortalité, prêts à sacrifier des dizaines de vie pour invoquer un démon et passer un contrat avec lui... »


La dame avait pâli de plus en plus et elle était à présent aussi blanche que le col du prêtre.

« Vous ne voulez pas dire, » chuchota-t-elle sans force.

Le prêtre hocha la tête.

« L’illumination, le rituel interdit. »

Dame Faye tapa du pied.

« Ridicule ! fit-elle en retrouvant tout à coup sa vigueur habituelle. Mon fils n’aurait jamais fait ça ! »

Il se terra un peu plus mais le prêtre ne broncha pas.

« Était-il intact quand vous l’avez retrouvé ? »

La dame ne répondit pas tout de suite. Le prêtre marqua un peu plus le ton :

« N’avait-il aucune trace de violence subie ? Aucune trace de... perversion ? »

Elle tressaillit et ferma les yeux.

« Oui, avoua-t-elle dans un souffle, il a été... souillé.

- C’est ainsi que se finalise le contrat avec un démon, reprit le prêtre d’un ton docte. Ce sont d’ailleurs eux qui ont amené cette perversion dans notre monde. Se repaître de quelqu’un du même sexe, c’est une hérésie condamnée par notre Seigneur ! »

Le prêtre le fixa à nouveau et il trembla sous l’intensité du regard sombre.

« Ce jeune homme a commis le péché le plus mortel qui soit, cependant il reste humain. Ne vous en déplaise, dame Faye, l’Église ne s’occupera pas de lui. »

Le prêtre se leva et quitta la pièce. La dame, enragée, gifla le jeune homme alité et, sans un mot, quitta également la chambre. Il se roula en boule sur le lit et fixa le mur, les yeux grands ouverts sur des larmes qui ne voulaient pas couler.

~*~

Il semblait qu’Amecy avait de nouveau la permission de le voir. Il put même sortir de la chambre avec elle pour jouer dans les jardins. La première fois qu’il se leva, il fut surpris d’être plus grand que sa sœur. Dans son rêve, il lui avait pourtant semblé être plus petit qu’elle. C’était étrange mais il ne s’attarda pas là-dessus. Il commençait enfin à parler, même s’il avait parfois du mal. Seule sa sœur acceptait de discuter avec lui. Les autres personnes qu’il pouvait croiser, des gens au visage fermé et en livrée verte et dorée, détournaient le regard quand il essayait de s’approcher d’eux. Cela lui faisait mal mais il ne pouvait rien y faire aussi se consolait-il en passant du temps avec sa sœur. Il n’avait plus vu sa... dame Faye depuis l’épisode du prêtre et il ne pouvait pas dire qu’elle lui manquait. Il ne comprenait pas pourquoi elle ne l’aimait pas.


« Amecy, fit-il soudain, quel âge moi ? »

Il avait du mal à former des phrases complètes. Il arrivait à comprendre quand elle lui parlait, mais lui-même s’exprimait difficilement. Cela ne gênait pas Amecy qui, au contraire, prenait plaisir à le corriger.

« On doit dire : quel âge j’ai. Vas-y, répète. »

Il hocha la tête et s’exécuta :

« Quel âge j’ai ?

- Tu as seize ans. Moi, j’en ai quinze. C’est toi l’héritier de notre famille ! »

Il pencha la tête sur le côté, perplexe. Elle s’expliqua.

« Tu vois le château et tout ce qui est autour ? Ce sera à toi plus tard ! »

Il eut un sourire triste.

« Non, pas à moi. À Lyl-... Lyrell, » se força-t-il à prononcer.

Amecy prit un air troublé.

« Mais c’est toi, Lyrell, » fit-elle doucement.

Il secoua la tête.

« Elle dit non, moi pas son fils. »

Amecy n’avait pas besoin de lui demander qui était ce ‘elle’. Elle soupira tristement.

« C’est dur pour Mère depuis la mort de notre père. Elle plaçait tellement d’espoir en toi mais avec... ce qui t’est arrivé... »

Elle lui saisit soudain les mains et s’approcha de lui.

« Tu dois reprendre des forces, lui fit-elle. Tu dois redevenir comme avant afin que Mère soit à nouveau fière de toi, d’accord ? »

Il lui sourit. Il était prêt à faire n’importe quoi pour elle.

~*~

Un mouvement attira son attention dans l’une des pièces du château. Il n’était pas seul, il y avait quelqu’un ! La personne lui faisait face, un jeune homme d’environ son âge, les cheveux noirs et les yeux verts émeraude, il ressemblait un peu à la dame. Il fronça les sourcils et le jeune homme l’imita. Une panique sans nom commença à s’emparer de lui, un sentiment de danger imminent.

« Il veut me tuer ! » songea-t-il rapidement.

Personne ne lui avait appris le mot ‘tuer’, il semblait l’avoir découvert seul. Il s’avança donc vers son ennemi pour le frapper mais ce dernier avait décidé de l’attaquer également. Fermant les yeux, il tendit son poing en avant et...


Des bruits de verre brisé, une douleur sourde dans sa main, puis les cris d’une servante attirée par le bruit. Lyrell fixa l’endroit où son ennemi s’était tenu et une vingtaine d’images identiques lui faisaient face.

« Que... ? »

Il fixa sa main et vit le liquide rouge de ses rêves en couleur. C’était étrange, il ne pouvait détacher les yeux de ce liquide tandis que sa gorge se serrait un peu mais que son estomac se révulsait. La servante était sortie de la pièce et il pouvait l’entendre appeler dans le couloir. Elle ne voulait pas s’approcher de lui mais il ne savait pas pourquoi.


Un bruissement de robes et il leva les yeux, effrayé un moment de voir dame Faye, mais c’était juste sa sœur qui se précipitait vers lui, inquiète.

« Lyrell, tu n’as rien ? »

Sans crainte de se tacher, elle prit sa main pour l’examiner et, de son mouchoir, nettoya le sang. Il ne resta que de très minces entailles et Amecy poussa un soupir de soulagement.

« Dieu merci, tu n’as rien, fit-elle en lui souriant. Quelle idée as-tu eu de briser ce miroir ?

- Miilo-alu ? »

Le visage de sa sœur se ferma et il s’en voulut un moment. Il avait encore mal parlé. Il devait vraiment faire attention afin de ne pas faire de peine à la jeune fille. Il se racla la gorge et reprit avec soin :

« Miroir ? »


La porte s’ouvrit à nouveau et c’était cette fois dame Faye. Elle lança un regard froid vers son fils.

« Que s’est-il encore passé ? » demanda-t-elle d’un ton qui ne laissait rien présager de bon.

Amecy se plaça instinctivement devant son frère.

« Rien, Mère, il a juste brisé un miroir sans faire exprès.

- Humph, il ne nous cause que des problèmes ! Si l’Église avait pris ses responsabilités, nous n’en serions pas là aujourd’hui ! »

C’était évidemment injuste. Lyrell osait à peine respirer et il frôlait les murs pour se faire remarquer le moins possible.

« Il s’est fait mal, Mère, reprit Amecy. Nous devrions appeler le docteur. »

La dame Faye lui lança un regard interloqué comme si Amecy venait d’énoncer une incongruité.

« Un docteur ? Je suis certaine que ce n’est pas nécessaire. Montre-moi un peu ces soi-disantes blessures. »

Lyrell tendit sa main avec hésitation. La dame grimaça devant le sang et Amecy reprit son mouchoir pour nettoyer soigneusement la main. Elle poussa un cri de surprise.

« Il n’y a plus rien ! » fit-elle.

Sa mère lui lança un regard acéré.

« Plus rien ? tu es certaine d’avoir bien vu des blessures, ma fille ?

- Oui, mère, je vous le promets ! »

La dame jeta un regard spéculateur sur son fils. Elle eut soudain un sourire qui fit frémir le jeune homme.

« Je vois, je vois. »

~*~

On le conduisit dans une grande chambre. Il devait attendre sur le lit et faire tout ce qu’on lui dirait. Un peu perplexe, il attendit. Il pouvait sentir la présence de la dame derrière une tenture. Il y avait aussi sa sœur et quelqu’un d’autre, quelqu’un habillé en noir comme l’homme qui lui avait tant fait peur une fois. Il aurait aimé parler à sa sœur mais comme elle se cachait, il se dit que cela devait être un jeu. Il devait faire semblant de ne pas les voir. Il n’était cependant pas rassuré par la présence de sa mère. Elle n’était pas du genre à jouer, il ne le savait que trop bien.


La porte s’ouvrit à nouveau et une femme blonde entra. Elle s’avança vers Lyrell et lui sourit.

« Salut, beau gosse. Il paraît que tu as besoin d’un petit coup de main pour... »

Elle finit sa phrase par un sourire suggestif. Lyrell la fixa sans rien dire. Il ne savait pas qui elle était ni pourquoi elle se trouvait là. La femme ne s’offusqua pas de son silence et elle s’avança lentement vers lui. Elle passa une main sur son visage et il recula un peu, tant il n’était pas habitué aux contacts physiques.

« Tu sais que tu es très mignon, poursuivit-elle. J’ai vraiment de la chance d’avoir accepté ce boulot. Ne t’en fais pas, je suis une professionnelle. Tu n’as rien besoin de faire. Contente-toi d’apprécier ce que je vais te faire ! »

Avec un sourire mutin, elle le renversa sur le lit et se plaça au-dessus de lui. Elle commença à défaire le laçage de sa chemise. Un peu anxieux, il se laissa faire mais il ne put s’empêcher de lancer un regard à la tenture derrière laquelle se trouvait sa sœur. Comme elle ne réagissait pas, il se dit qu’il n’avait rien à craindre mais la situation était si perturbante.


La femme se passa la langue sur ses lèvres alors qu’elle finit de retirer la chemise. Elle posa une main sur le torse du jeune homme et émit un son appréciateur.

« Vraiment très mignon, fit-elle pour elle-même. C’est pas tous les jours que j’en vois des comme toi dans mon boulot ! La chance est avec moi aujourd’hui, on dirait ! »

Elle se pencha vers lui pour embrasser son torse et il inspira brutalement, ce qui la fit rire. Elle plongea ses yeux dans les siens.

« Oh oui, tu sais ce que je fais, pas vrai ? Les hommes restent toujours des hommes, même s’ils sont très mignons. »

Elle s’attaqua cette fois aux laçages de sa propre robe et lui montra sa poitrine.

« Tu veux toucher, hein ? »

Il secoua la tête. Une ombre vexée passa sur le visage de la femme. Elle lui saisit la main, presque de force.

« Mais si, tu veux toucher. Tu es un homme, après tout ! »

Lyrell avait fermé les yeux et avait détourné la tête. Il était évident qu’il ne prenait aucun plaisir à cela. La femme fronça le nez de dépit et repoussa la main comme si c’était lui qui l’avait agressée.

« Mmf, on va bien voir si le reste fonctionne mieux ! » fit-elle.


Elle s’attaqua au pantalon. Lyrell poussa un cri et se redressa pour lui saisir les mains mais elle le repoussa comme s’il n’était qu’un enfant. Elle ne cherchait plus à séduire, elle allait droit au but. On l’avait engagée pour coucher avec ce type et c’était ce qu’elle allait faire, qu’il le veuille ou non.

« Alors, voyons ce que ça donne, » fit-elle en glissant sa main sous son pantalon.

Elle tâta l’organe d’une main experte et ne fit plus attention au jeune homme. Lyrell avait à nouveau fermé les yeux et ses lèvres s’agitaient désespérément. Ses yeux s’ouvrirent soudain en grand alors qu’un souvenir horrible ressurgissait en lui.


Un homme aux cheveux blanc et aux yeux froids. Il était penché sur lui avec un sourire de fou. Lyrell était nu et il avait froid. Il avait également mal au niveau de son bassin, une douleur lancinante qui semblait concorder avec les mouvements de l’homme au-dessus de lui. Un râle sortit de la bouche de son tortionnaire et Lyrell voulut tout oublier...


Il hurla à la mort, cherchant à repousser la fille. Ses mains n’agrippèrent que du vide et quelque chose de chaud coula sur lui. Révulsé, il ouvrit les yeux et crut un instant être revenu dans son rêve, celui qu’il aimait tant : la fille avait les yeux grands ouverts mais sa tête se trouvait à présent à plusieurs pas du lit. Un liquide rouge coulait de son corps que Lyrell repoussa de son pied. Le corps tomba mollement à terre. Terrorisé, oubliant les règles de ce jeu étrange, il se rua vers la tenture où se trouvait sa sœur, les larmes aux yeux. Il voulait qu’elle lui sourie, qu’elle lui dise que tout allait bien et qu’elle l’aimait malgré tout.


Amecy avait le visage pâle, si pâle qu’il la crut malade. Il tendit une main vers elle mais elle recula. De l’autre côté de la chambre, dame Faye et l’homme en noir sortirent de leur cachette.

« Vous voyez, fit la dame d’un ton serein, il est clair que ce monstre est un danger pour nous tous. Il n’a pas seulement l’âme abîmée, il a aussi des instincts de monstre ! »

L’homme s’approcha du corps décapité, son visage indéchiffrable. Il ferma les yeux et fit, comme à contrecœur :

« Soit, l’Église va le prendre en charge. Vous savez ce que cela signifie.

- La Géhenne, murmura la dame d’un ton ravi. C’est exactement l’endroit qui lui convient, je l’ai toujours dit ! »

Elle lança un regard éloquent à sa fille.

« Amecy, à toi d’agir. »

La jeune fille tremblait de peur.

« Mais Mère, et s’il me faisait la même chose ? »

Lyrell s’en voulut de lui faire peur. Il baissa la main pour la rassurer.

« Ne sois pas sotte, mon enfant, reprit la dame. Il ne te fera pas de mal, il t’adore ! »

Amecy fixa son frère dans les yeux, désespérée.

« Je suis désolée, murmura-t-elle, je suis vraiment désolée... »

Elle sortit un poignard de derrière son dos et le frappa en pleine poitrine. Les larmes aux yeux, elle murmura encore :

« Je suis désolée... »

Il voulut lui dire qu’il ne lui en voulait pas, qu’il ne pourrait jamais la haïr, mais les ténèbres l’envahirent.



Chapitre Deux : La Gehenne


C’était l’enfer sur terre, comme le marmonnaient les autres condamnés. Un trou immense aux parois argileuses qui s’effondraient si vous tentiez de les escalader. Un soleil de plomb qui ne laissait aucun répit. Une lune glaciale et méprisante qui n’apportait aucun réconfort. Et enfin des centaines de gens qui gémissaient et mouraient tour à tour. Tout cela sous le regard indifférent des soldats qui leur jetaient de temps en temps des restes de nourriture avariée et qui riaient de les voir se battre pour ces quelques miettes dont même les chiens ne voulaient pas. Et la nacelle qui descendait tous les jours dans ces profondeurs afin de déposer encore plus de malheureux. Les corps des morts n’étaient même pas évacués et ils restaient à se décomposer sous le soleil brûlant. Personne n’avait encore jamais survécu à la Géhenne. C’était la prison de l’Église, le lieu où on se débarrassait de ceux qui avaient été irrémédiablement souillés par les démons.


Lyrell avait passé les premiers jours à espérer que sa sœur viendrait le chercher. Puis il s’était souvenu que c’était elle qui l’avait frappé au cœur. Il n’y avait plus aucune trace de la blessure mais il ne s’en était pas étonné. Il était bien plus préoccupé par cet endroit étrange où tout le monde sentait la mort. Parfois, des gens se battaient pour les morceaux de pain tombés du ciel et le sang coulait. Lyrell fermait alors les yeux et s’imaginait être dans son rêve, celui qui lui apportait tant d’apaisement. Lui-même ne voulait pas se nourrir. De toute façon, il n’y en avait pas assez pour tout le monde et beaucoup mouraient de faim dans le désespoir. Les jours passèrent sans changement. Lyrell était toujours en vie mais il ne bougeait quasiment plus. Il restait recroquevillé contre une paroi fragile et il attendait tout simplement que la mort vienne le chercher. Plus personne ne voulait de lui aussi avait-il cessé d’attendre quoi que ce soit du monde qui l’entourait. Tout lui était devenu indifférent.


Parmi les autres prisonniers, certains pensaient qu’être les plus forts leur permettrait de quitter cet endroit. Une petite bande s’était formée, composée des éléments les plus dangereux, et ils brutalisaient les plus faibles afin d’imposer la terreur. L’un d’eux avait une fois tenté de s’en prendre à Lyrell mais il s’était vite lassé de cette cible qui ne répliquait pas, qui ne suppliait même pas pour qu’on l’épargne.

« Il a déjà les yeux d’un mort, avait expliqué l’homme à ses camarades. Il ne durera plus très longtemps. »

Mais Lyrell durait encore et encore. Les gens mouraient autour de lui, d’autres arrivaient pour les remplacer, mais il était toujours là, immobile, attendant une mort qui semblait se refuser à lui.

~*~

Une lumière vive le frappa mais ce n’était pas le soleil. Le soleil brûlait, il faisait mal. Cette lumière était ardente mais chaleureuse. Lyrell la sentit pendant un moment avant de se décider à ouvrir les yeux. La lumière du jour lui fit d’abord mal puis il s’y habitua. Il tourna la tête et grimaça en entendant les craquements dans son corps. Il ne savait pas ce que cela voulait dire. Il faillit sursauter en voyant un jeune homme près de lui, un linge humide à la main. La lumière provenait de lui, comme s’il était une sorte de soleil. Le jeune homme prit également un air surpris en le voyant, puis il sourit. Lyrell le contempla avec méfiance, ne sachant que faire. Il n’avait jamais vu quelqu’un lui sourire, exceptée sa sœur. Vu qu’elle avait fini par le poignarder, il avait toutes les raisons de se méfier de cet étranger.


« Vous avez faim ? » demanda l’inconnu.

Lyrell ne broncha pas, toujours sur ses gardes. Le jeune homme ne s’en offusqua pas. Il avait les cheveux blonds coupés courts et des yeux d’un bleu profond.

« Je vous ai gardé un peu de nourriture, fit-il. Enfin, si on peut appeler ça de la nourriture... »

Il sortit des restes de pain presque moisi et les ombres s’agitèrent autour d’eux, d’autres condamnés prêts à tuer pour ces miettes. Mais personne ne s’approcha d’eux, ce qui surprit énormément Lyrell.

« Je suis content que vous ayez enfin ouverts les yeux, continua le jeune homme sans s’offusquer du silence de Lyrell. Cela fait plusieurs jours que je veille sur vous et je commençais à perdre espoir.

- Pourquoi ? » fit soudain Lyrell.

Les sons sortirent un peu étrangement de sa gorge mais l’inconnu sembla le comprendre et il sourit.

« Eh bien, nous devons nous serrer les coudes dans une telle situation. C’est le Seigneur lui-même qui nous le commande. »

Il y eut quelques sifflements de douleur autour d’eux. Le jeune homme soupira.

« C’est ainsi à chaque fois que je parle de Dieu... »

Nouveaux sifflements, plus aigus cette fois.

« Pas étonnant qu’on nous traite de démons, poursuivit-il avec lassitude.

- Démons ? c’est ce que nous sommes ? »

Le ton de Lyrell cachait une émotion bien plus intense : Que suis-je ? Où est ma place ? Qui voudra bien de moi ?

Le jeune homme eut un sourire triste.

« Si seulement c’était aussi simple. Si nous avions le pouvoir des démons, nous ne resterions pas prisonniers ici. Non, les gens ici sont pour la plupart des demi-démons, l’union interdite entre une humaine et un démon, ou alors ceux qui ont participé au rituel interdit. »

Cela sembla réveiller un souvenir en Lyrell, une conversation entre sa... dame Faye et le prêtre venu l’examiner.

« L’illumination, » souffla-t-il.

Le jeune homme posa un regard circonspect sur lui.

« C’est pour ça que vous êtes ici ? Vous me semblez bien trop innocent pour avoir commis une telle abomination. »

Lyrell referma les yeux. Personne ne veut de moi. Ma place est nulle part.


Le silence s’imposa à eux puis l’inconnu reprit d’un ton plus doux :

« Enfin, je ne suis pas là pour vous juger. Mangez, cela fait des jours que vous n’avez rien avalé. »

Lyrell secoua la tête tout en gardant les yeux fermés.

« Pas faim, » fit-il, les mots commençant à lui manquer.

Le jeune homme fit une moue inquiète mais ne le força pas.

« J’ai essayé d’aider les autres, fit-il, mais on dirait qu’ils ont peur de moi. Pas tous, mais une bonne partie. »

Lyrell rouvrit un œil.

« C’est parce que vous êtes un être de lumière. »

Le jeune homme lui lança un regard amusé.

« Un quoi ? À cause de mes cheveux blonds, n’est-ce pas ?

- Non, à cause de votre lumière.

- Hein ? »

Lyrell secoua la tête. Il n’arriverait pas à lui expliquer.

« Je m’appelle Johan, » reprit le jeune homme.

Il n’en dit pas plus sur lui et Lyrell ne lui demanda rien. Lyrell ne mangea pas et Johan cessa d’insister.

~*~

Il rouvrit les yeux, quelque chose l’avait dérangé dans son sommeil. Johan n’était plus à côté de lui. Il est mort lui aussi ? Lyrell referma les yeux, tout cela ne le concernait pas. Il entendit pourtant des cris et des pleurs non loin de lui. Il y avait aussi les rires gras de plusieurs hommes.

« Regarde comme il se défend, fit l’une des voix. Un vrai petit lion !

- Prends-lui les jambes ! répliqua un autre.

- Bah, c’est encore un enfant, il va se fatiguer très vite et on pourra alors s’amuser. »

Lyrell soupira. Ces voix l’empêchaient de dormir. Il se tourna sur le côté et allait bientôt se réfugier dans son rêve préféré lorsque...

« À l’aide ! je vous en supplie ! »

Avant même de réfléchir, Lyrell s’était dressé d’un bond et s’était rué vers les voix. Il n’avait pas tout à fait compris les mots prononcés mais il y réagissait tout de même, un instinct profondément ancré en lui.


La scène était tristement banale en ces lieux : des brutes réunies en bande s’en était prises à un jeune garçon d’à peine cinq ans. Le gamin blond était allongé à terre, les vêtements en lambeaux, un homme au-dessus de lui et prêt à le violer. Lyrell s’attaqua en premier à lui et le sang gicla. L’enfant était trop terrorisé pour hurler mais ses yeux s’écarquillèrent alors que sa bouche s’ouvrait en grand. Les autres hommes mirent un peu de temps à réagir et c’était déjà trop tard. Il y eut bientôt une dizaine de cadavres gisant sur le sol et Lyrell se tenait au milieu, immobile, comme s’il cherchait à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Des sanglots se firent entendre et ils parurent sortir Lyrell de sa torpeur : l’enfant pleurait sans retenue, comme le faisaient les enfants. Lyrell sentit quelque chose se contracter en lui, comme une envie de pleurer à son tour, mais il la réprima. Il n’était plus un enfant et il savait que pleurer ne servait à rien.


Il s’approcha de l’enfant et se pencha pour le prendre dans ses bras. Le jeune garçon s’accrocha à lui désespérément comme s’il était son seul refuge en ce monde. Impuissant, Lyrell ne put que lui tapoter le dos et murmurer :

«Tout va bien... Tout va bien... Tout va bien... »

Il écarquilla les yeux en entendant ces derniers mots. D’où venaient ces syllabes étrangères ? Pourquoi coulaient-elles naturellement de sa bouche alors qu’il avait tant de mal avec les mots ? Il se souvint du visage de sa sœur à chaque fois que de tels mots s’échappaient de sa bouche : les lèvres pincées, le regard triste et lointain... Mais elle n’était plus là pour l’entendre. Elle l’avait envoyé dans ce trou infernal pour ne plus l’entendre. Cependant... Il ne pouvait pas lui en vouloir, il ne le pourrait jamais.


Un bref applaudissement le fit tressaillir. Johan se trouvait là, adossé nonchalamment contre une paroi argileuse. Il semblait avoir assisté à toute la scène mais sans éprouver le besoin d’intervenir. Lyrell lui lança un regard vide.

« Impressionnant, fit Johan d’une voix presque caressante. De tous les souillés que j’ai rencontrés, vous êtes celui qui a reçu la plus grande force en retour. Je suis curieux de connaître le prix que vous avez payé en échange. »

Cela fit tiquer Lyrell.

« Le prix ?

- Oui, tous ceux qui s’impliquent dans le rituel d’illumination en paient le prix. La plupart du temps, ils deviennent fous. Certains sont même incapables de se concentrer suffisamment pour utiliser ces pouvoirs qu’ils voulaient tant. J’aimerais parler de rétribution divine mais il s’agit plutôt de l’ironie des démons, sans aucun doute... »

Quelque chose se mit en place, un besoin désespéré de donner un sens à tout ce qu’il avait vécu depuis son éveil.

« Mes souvenirs, murmura-t-il.

- Oui ? fit Johan d’un ton poli.

- Ils m’ont pris tous mes souvenirs, reprit Lyrell. C’est pour ça que ma propre famille ne m’a pas reconnu, c’est...

- Tout est de leur faute, le coupa Johan. Les démons sont la cause de tous vos malheurs et si vous souhaitez vous venger, je peux vous y aider. »


Lyrell plissa les yeux en direction de cet homme.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il.

Cette fois, Johan eut un large sourire. La lumière qui irradiait naturellement de lui explosa soudain et des hurlements de douleur se firent entendre tout autour d’eux. L’enfant dans ses bras qui avait fini par se calmer se mit à hurler également. Lyrell se tourna afin qu’il ne soit plus exposé à cette lumière dorée. Il espérait que cela serait suffisant pour protéger cet enfant. Pour les autres, il ne pouvait rien, il ne voulait même pas faire quoi que ce soit pour eux. Les cris durèrent encore un bon moment puis cessèrent et la lumière disparut peu après. Lyrell put rouvrir les yeux et constata avec soulagement que l’enfant semblait ne rien avoir. Par contre, les gens autour... les corps s’empilaient, ravagés. Lyrell n’avait jamais vu autant de dégâts, même dans la grotte de ses rêves. Il se tourna vers Johan qui arborait un sourire satisfait.

« Qui je suis ? répéta le jeune homme. Je suis Lucius, l’Archange de Lumière. Et, si tu le souhaites, tu peux faire partie de l’ordre des Templiers, les moines combattants qui ont voué leur existence à l’extermination des démons. »

~*~

Il semblait que la présence de Lucius dans la Gehenne ne devait rien au hasard. Le prêtre qui avait consulté par dame Faye pour l’envoyer à la Gehenne avait signalé le fort potentiel du jeune homme. Il devait juste être testé pour savoir si sa force pouvait être utilisée ou bien s’il fallait le détruire.

« Et tu as passé le test brillamment, conclut Johan en terminant ses explications. Tu ne t’es pas mis à la tête d’une bande de brutes, tu n’as pas martyrisé les plus faibles, tu as pris la défense d’un enfant... Je pense que tu seras une recrue de choix pour notre ordre. »

Ils se trouvaient sur la nacelle, celle qui déposait les nouvelles victimes. Lyrell n’aurait jamais cru la reprendre un jour et certainement pas pour quitter la Gehenne.


Lorsque qu’il quitta la nacelle, il connut un bref moment de vertige en contemplant le paysage autour de lui. Il avait oublié à quel point le monde pouvait être vaste. L’enfant dans ses bras s’agita soudain.

« Et lui ? » demanda-t-il alors.

Lucius posa un regard presque dédaigneux sur le garçon.

« Oh, ce n’est personne. Une femme avait trouvé un bébé dans les bois et elle avait décidé de l’adopter. Puis, voyant qu’il ne grandissait pas normalement, elle a été consulter les prêtres. Cet enfant est à moitié démon, c’est certain. Il n’est d’aucune utilité. »

Aucune utilité... tout comme Lyrell.

« Non, » contredit-il fermement.

Il se sentait pris d’un fort instinct protecteur envers cet enfant. C’était bien la première fois qu’il éprouvait un tel sentiment.

« Non ? répéta Lucius en souriant. Tu n’es pas vraiment en mesure de donner des ordres, tu sais. Chaque chose a sa place en ce monde et cet enfant doit finir dans une autre Gehenne. C’est la vie, tu sais. »

Lyrell ne savait pas ce qu’était la vie, excepté pour la trahison et la douleur. Il sentait cependant qu’il était extrêmement important que cet enfant soit en sécurité.

« Non, reprit-il plus doucement mais avec tout autant de détermination. Si vous voulez que je travaille pour vous, il faudra que vous promettiez de prendre soin de cet enfant. Placez-le... quelque part, dans une famille qui n’aura pas vos préjugés. »


Lucius éclata de rire.

« Vraiment, tu ne manques pas d’air ! Et pourquoi nous ferions tout cela ? Nous avons d’autres moyens de te forcer à travailler pour nous. »

Lyrell secoua la tête.

« Votre lumière ne me fait rien. L’hostie ne me fait rien. Même le nom de Dieu ne me fait rien. Et si vous envoyez des hommes à ma poursuite, je les tuerai. Alors non, vous n’avez aucun autre moyen de me faire travailler pour vous. »

Le silence se fit autour d’eux alors que Lucius l’observait attentivement, comme s’il venait de découvrir quelque chose de nouveau chez lui. Finalement, un sourire appréciateur se dessina sur son visage.

« Je ne doute plus que tu aies tenté l’illumination, fit-il. Tu as le visage d’un ange mais le cœur d’un démon. Eh bien soit, je m’occuperai personnellement de placer cet enfant dans un endroit où il ne craindra rien. »

Lyrell fronça les sourcils.

« J’ai votre parole ?

- Bien entendu. Je ne voudrais surtout pas perdre la confiance d’un allié si précieux. »

Lyrell n’était pas très rassuré mais il ne pouvait pas faire autrement.

« Alors c’est entendu. »

Le sourire de Lucius s’élargit.

« Merveilleux ! je sens que nous allons faire de grandes choses ensemble. »

Lyrell s’en moquait bien.


Notes de Karura : Voici donc ma première tentative pour écrire cette histoire. À la base Lyrel devait pouvoir voyager dans les rêves et y voir l'avenir.

Pour les personnages, Lyrel a perdu un l à la fin de son prénom, la petite-sœur a changé de nom entre-temps. Dame Faye reste égale à elle-même et le père Joris — qui n'avait même pas droit à un nom dans cette version — est tout sauf sympathique. Lucius restera toujours Lucius. 😜

Personnellement, je trouve que j'ai bien fait d'arrêter cette version (même si tout n'est pas mauvais), d'attendre quelques années puis de repartir sur la version actuelle. Cette histoire est sans doute celle qui aura connu le plus de changements !






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