Bienvenue à l’école des officiers

Une fanfiction de Lady Oscar
par Myminette

Chapitre 16 : Derrière ce regard…



Château de la famille de Châtelet

Comme cela était souvent le cas, Eugène occupait une grande partie de la journée dans la bibliothèque, soit à lire, soit à écrire. André avait passé les derniers jours de sa permission en sa compagnie et à présent il se retrouvait seul de nouveau. Même si la présence de son substitut faisait de lui un fantôme, il n’en était pas moins devenu son ami. Ils passaient de longues heures à discuter ou à jouer. Son « frère » l’avait même convaincu de sortir de son isolement en l’emmenant redécouvrir le domaine en carriole.
Il quitta des yeux les pages de son livre quand la porte s’ouvrit. Il s’agissait de Georges, le serviteur était visiblement inquiet.

GEORGES la voix étrangement forte : Monsieur de Châtelet, le Capitaine de Girodelle et Monsieur de Jarjayes souhaitent s’entretenir avec vous.

Que se passait-il ? Pourquoi venaient-ils ici ? Qu’était-il arrivé à André ? Toutes ces questions se bousculaient en lui. Mais avant de faire quoi que ce soit, il attendrait de voir ce qu’il en était.

EUGENE : faites les entrer, Georges.

Installé sur un des sofas du salon, Eugène observa les deux hommes qui firent leur entrée. Il reconnut aisément la jeune femme travestie à sa chevelure blonde et au regard de saphir. L’homme qui l’accompagnait par contre lui était inconnu, il n’avait jamais eu l’occasion de le rencontrer. En portant son attention sur lui, il remarqua une légère ressemblance avec son substitut, André. « C’est incroyable, nous ne sommes pas de la même famille et pourtant André et moi nous ressemblons plus que ces deux frères. » pensa-t-il.

EUGENE en désignant deux fauteuils proches : je vous en prie, Messieurs, veuillez prendre place.

Le Capitaine s’exécuta à l’invitation tandis qu’Oscar montra un temps d’hésitation.

« Elle a compris… » réalisa immédiatement Eugène.

EUGENE feignant de ne s’apercevoir de rien : Oscar, mon ami, ne soyez pas timide, venez vous asseoir.

Les deux regards bleus se croisèrent, exprimant l’un interrogation, l’autre inquiétude.

EUGENE : eh bien Messieurs, puis-je connaître la raison de votre visite ?
OSCAR : nous…
GIRODELLE : vous n’étiez pas présent à l’appel de ce matin. Si je ne me trompe, votre permission s’achevait hier au soir.

André manquait à l’appel ? Pourtant il savait que son ami rentrait toujours à la caserne dans les temps pour ne pas attirer l’attention sur lui.

EUGENE jouant à son tour un rôle : je vois… En effet, pour tout vous dire, je me suis trouvé mal et j’ai omis d’en informer la caserne… je vous prie de m’en excuser. Pourtant je suis étonné, Capitaine, que vous vous soyez déplacé pour vous enquérir de la cause de mon absence.
GIRODELLE : vous avez raison, Monsieur de Châtelet. Nous avons trouvé un nouvel élément sur le meurtre de Monsieur de La Motte, hier en fin de journée.

Girodelle guettait ses réactions ; Eugène en avait parfaitement conscience. « Suspecte-t-il André ? Pourquoi est-il venu jusqu’au château ? » en pensée.

EUGENE essayant de garder son calme : et puis-je vous aider de quelconque manière ?
GIRODELLE : en effet.

André n’avait pas été démasqué ! Eugène eut sans doute un léger soupir de soulagement car il sentit la jeune femme réagir à son attitude. « Girodelle croit toujours que je suis André… essayons de maintenir l’illusion autant que possible » pensa-t-il. Le Capitaine ouvrit une boîte de bois verni et la disposa devant l’héritier. Elle contenait une plume, un encrier ainsi que quelques feuilles de papier vierge.

GIRODELLE : si vous permettez, je voudrais vous dicter quelques mots.

En ne montrant aucune hésitation, Eugène prépara la plume et d’un regard il affirma son consentement.

GIRODELLE : « je vous ai vu ce matin entrer dans la caserne, vous ne valez pas mieux qu’un chien qui erre dans les caniveaux … »
EUGENE ironique : quelle bien étrange dictée que voilà.
GIRODELLE : si vous voulez bien je continue. « Je crois que le sang noble ne mérite pas plus que le chien… je vais vous saigner comme un porc, je…. »

La plume d’Eugène finit ses arabesques noires dans une traînée épaisse.

EUGENE de plus en plus mal à l’aise : cela suffit ! J’en ai trop entendu ! Je refuse de me prêter une seconde de plus à votre jeu stupide.

Silencieuse, Oscar avait également tressaillit en entendant les paroles macabres du Capitaine. Que cherchait-il ? Pourquoi une telle mise en scène ?

GIRODELLE : pardonnez-moi, mais cela était nécessaire. Nous avons trouvé une lettre écrite de la main du meurtrier. J’ai besoin de comparer l’écriture à toutes les personnes qui fréquentent la caserne.
EUGENE : je suis donc un suspect.
GIRODELLE : seulement si votre écriture ressemble à celle de la lettre que je tiens dans ma main.

Il lui montra un papier plié, recouvert de sang. Tranquillement, Girodelle prit les écrits d’Eugène et les plaça à côté de la lettre de mort. Après quelques instants d’analyse, il replia les deux feuilles et les glissa dans sa sacoche.

GIRODELLE : veuillez m’excuser, Monsieur de Châtelet, votre écriture ne ressemble en rien à celle-ci.
EUGENE : je vous en prie, vous faîtes votre travail et je le comprends parfaitement. J’espère seulement que vous arrêterez celui qui a commis cet acte impardonnable.
GIRODELLE en se levant : si vous le permettez, je vais me retirer.
EUGENE : faites Capitaine.

Girodelle reprit sa mallette et proposa à Oscar de le suivre. La main crispée sur l’accoudoir du sofa, les pensées d’Eugène se bousculèrent en la voyant sur le point de quitter également la pièce.

EUGENE : Oscar ?

Elle se retourna.

EUGENE hésitant : puis-je m’entretenir quelques minutes avec vous ?

Elle le toisa puis se retourna vers son compagnon.

GIRODELLE : je vous en prie, restez quelques minutes avec votre ami, votre mission est terminée ici, je rentrerai seul.
OSCAR en le saluant : Monsieur.


À suivre...

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