Bienvenue à l’école des officiers

Une fanfiction de Lady Oscar
par Myminette

Chapitre 18 : Prise de risque



l fallut près de deux jours à Eugène pour convaincre André de poursuivre l’étrange jeu auquel ils se prêtaient depuis plusieurs mois. Il s’était finalement dit que personne ne s’était présenté au château pour arrêter son ami et que la jeune femme s’était sans doute tue sur l’étrange découverte qu’elle avait faite quelques jours plus tôt : l’existence de deux « Bernard Châtelet ».
A contre cœur, André, sous sa fausse identité, avait franchi le portail de l’Ecole des officiers après huit jours d’absence. Quand il arriva devant la porte du bureau du Général de Jarjayes, il sentit que l’épée de Damoclès ne tenait que par un minuscule fil de soie au-dessus de sa tête. C’était au quitte ou double : il pouvait tout perdre en une seconde. La gorge nouée, la main nerveuse, il frappa quelques coups sec au panneau de bois.

« Entrez » ordonna la voix cassante du Général.

Il entra. Ses jambes étaient tendues, sa respiration hésitante, ses mots paralysés au fond de sa gorge.

GENERAL : ah ! Monsieur de Châtelet. Je suis heureux de vous savoir de retour parmi nous ! Mon fils m’a tout expliqué.

La phrase sonna comme le glas aux oreilles d’André. Lui avait-elle dit toute la vérité sur son identité ?

GENERAL : il m’a expliqué que vous étiez souffrant et que malgré cela vous vous êtes volontiers prêté à l’interrogatoire du Capitaine de Girodelle.

André le regarda incrédule. Il s’était attendu à bien des choses sauf à la quasi « indifférence » du Général de Jarjayes.

ANDRE en saluant son supérieur : Monsieur, je tenais à vous présenter mes excuses pour mon absence de ces derniers jours.
GENERAL sans lever le nez de ses papiers : Très bien. Vous pouvez à présent regagner vos appartements.

Ne croyant pas à la seconde chance qu’il lui était donnée, André quitta le bureau du Général. Il fit quelques pas dans la cour, salua quelques amis qu’il croisa jusqu’à ce que son regard tombe sur le jeune homme aux courbes discrètes et à la chevelure blonde. Il voulut la rejoindre mais elle fit volte face en un éclair et disparut.

« Eh bien ? Il semble que les retrouvailles soient glaciales ! » se moqua une voix masculine ans son dos.

ANDRE en apercevant l’œil malicieux de son ami : Je ne vois pas ce dont vous parlez Alain.
ALAIN : bien sûr que non ! Alors expliquez-moi pourquoi elle est d’une humeur exécrable depuis votre absence ? Elle s’est acharnée sur tous ses adversaires à l’épée, ce qui n’est pas pour déplaire au Général, et a failli en venir aux poings avec Lassalle.

Il s’approcha et posa sa main sur l’épaule d’André. « Vous ne me cacheriez pas quelque chose tous les deux ? » taquina-t-il.

ANDRE en se dégageant violemment : assez ! Je n’ai pas de compte à vous rendre !
ALAIN : oh c’est qu’il est susceptible… mais il va vous falloir plus que ça pour la convaincre. Croyez moi… nous sommes plusieurs à nous y être cassé les dents.

Ne supportant plus les ricanements de son ami, André suivit les ordres du Général et regagna sa chambre. Il monta les escaliers avec la passion du condamné qui monte à l’échafaud. Il avait perdu cette flamme qui avait pris naissance le jour où on lui avait proposé de participer à un étrange pari. Ce jour-là, trop content de jouer cette mascarade, cette leçon de chose, à la noblesse, il avait accepté. Il n’avait jamais eu à le regretter. Jamais sauf maintenant qu’il avait perdu celle qui était sa complémentaire : Oscar…
Il s’ensevelissait dans ce pseudo-désespoir quand il ouvrit la porte de ses appartements. Rien n’avait changé depuis le moment où il les avait quittés précipitamment après avoir violenté la jeune femme. Il fit quelques pas et s’avançait jusqu’au lit. Là l’attendaient les vêtements qu’il avait prêté à Oscar, une chemise et un pantalon. Il déplia la chemise et y ensevelit son visage pour y noyer ses larmes. Il resta ainsi, glissant contre son matelas pour s’asseoir à même le sol, la tête enfouie dans ce large tissu blanc respirant un parfum qui peut-être réussirait à griser sa tristesse.

………..

André apparut aux côtés de ses compagnons à l’appel suivant. Mais à présent, sa vie se bornerait à être Bernard de Châtelet, à isoler son frère au plus profond de sa mémoire et à enfermer son amour pour la femme soldat dans un coffre dont nul n’aurait la clef…


À suivre...

Partie suivante