Chapitre 50 : Le prunier sous la lune
En un battement de cil, cela faisait déjà trois jours que Xu Xingzhi s’enivrait en permanence.
Durant la journée, il se levait à l’heure et gérait les affaires sans le moindre problème. Mais une fois la nuit tombée, il se trouvait quelqu’un pour boire et finissait complètement ivre.
Tout le monde racontait que Jiu Zhideng et Xu Xingzhi de la Montagne de la Tombe du Vent étaient devenus très tôt compagnons de Dao en cachette, alors le départ de Jiu Zhideng de la secte avait énormément affecté grand frère martial Xu.
Plusieurs jeunes disciples femmes de la Montagne de la Tombe du Vent étaient persuadées que c’était vrai. Alors quand elles voyaient Xu Xingzhi se promener en s’éventant dans la journée, elles lui adressaient des regards remplis de compassion. En privé, elles commentaient que même si grand frère martial Xu ne semblait avoir aucune retenue, il était en réalité un grand sentimental.
Xu Xingzhi n’avait jamais été du genre à écouter les ragots des autres. Même si quelques rumeurs étaient soufflées à son oreille, elles entraient dans une oreille et ressortaient par l’autre. Il dilua le reste de ses tourments dans l’alcool et quand l’alcool vint à manquer, il était inévitablement ivre.
Qing Jing aimait boire, mais la quantité d’alcool qu’il ingérait n’était pas grand-chose : en général, la moitié d’une jarre suffisait à lui faire tranquillement démonter le toit.
Wen Xuechen, Qu Chi et Zhou Beinan restèrent plusieurs jours dans la Montagne de la Tombe du Vent parce qu’ils étaient inquiets de l’état de santé de Xu Xingzhi.
Le premier soir, Qu Chi but avec lui. Qui aurait cru qu’après seulement trois verres, Qu Chi s’était levé en titubant et, ignorant les appels Xu Xingzhi, il était allé se coucher bien sagement.
Le lendemain, Xu Xingzhi fit plutôt appel à Zhou Beinan. Zhou Beinan tenait bien l’alcool mais vu son tempérament explosif, il ne pouvait pas supporter l’apparence misérable de Xu Xingzhi. Après quelques tournées où il but patiemment avec l’autre jeune homme, il finit par retrousser ses manches et être à deux doigts de le tabasser.
Les deux se battirent, s’arrêtèrent, burent deux coupes de liqueur, puis reprirent le combat. Au final, Zhou Beinan, qui tenait pourtant très bien l’alcool, fut tiré dans la chambre d’ami par Xu Xingzhi. Il ne cessait de marmonner que Xu Xingzhi avait un visage qui l’emmerdait au plus haut point : à chaque fois qu’il sortait avec lui, aucune putain de fille ne lui accordait le moindre regard.
Le troisième jour, Zhou Beinan fut remplacé par Wen Xuechen et Qu Chi qui lui tinrent compagnie pour boire.
Mais Wen Xuechen ne pouvait pas boire d’alcool à cause de sa maladie cardiaque. Quant à Qu Chi, il avait dormi sans interruption du premier soir jusqu’à ce midi. Il savait donc qu’il ne tenait pas du tout l’alcool alors il n’osa pas toucher à ce liquide brûlant. Par conséquent, tout l’alcool présent sur table termina dans le gosier de Xu Xingzhi.
Wen Xuechen ne parlait pas trop, Qu Chi était trop gentil. Du coup, Xu Xingzhi noya vraiment sa peine dans l’alcool et termina complètement ivre ce soir-là.
Il s’adossa contre l’épaule de Wen Xuechen et se mit à rire sans raison. Il lui tapota lourdement la cuisse.
« Xuechen, Xuechen, viens, allons à la capitale des Démoniaques pour voir Xiao Deng, ah ! »
Wen Xuechen se fit ainsi taper la cuisse plusieurs fois, jusqu’à ce que son visage devienne pâle.
Qu Chi s’empressa de tirer Xu Xingzhi de son côté et lui dit qu’il était en train de se donner en spectacle.
Tout en réconfortant Xu Xingzhi, il fit à Wen Xuechen d’un ton lourd de sens :
« Xuechen, je ne l’avais encore jamais vu le cœur aussi lourd. Est-ce que Jiu Zhideng est si important que ça pour lui ?
– Important, oui, il est important. Mais s’il se comporte ainsi, c’est parce qu’il a honte, répondit simplement Wen Xuechen.
– Pourquoi aurait-il honte ? s’étonna Qu Chi. Parce que Jiu Zhideng voulait mourir quand il est devenu un Démoniaque, mais que Xingzhi n’a pas pu supporter de le tuer ? Mais cela aurait été trop dur pour lui de le faire, c’est dans la nature humaine, ah. Je suis sûr que Jiu Zhideng ne lui en veut pas. Nous avons tous pu voir de nos propres yeux à quel point Xingzhi s’est dévoué pour ses deux petits frères martiaux depuis le début…
– C’est juste qu’il regrette. … d’avoir trop bien éduqué Jiu Zhideng, » fit Wen Xuechen.
Une fois bien ivre et joyeux, Xu Xingzhi refusa que ses deux amis le raccompagnent et il retourna seul vers son pavillon, en titubant. Bien qu’il n’ait cessé de leur dire que ce n’était pas la peine qu’ils le raccompagnent, Wen Xuechen et Qu Chi le suivirent jusqu’aux portes de sa cour et l’observèrent rentrer avant de retourner chacun chez soi.
Cependant, quand Xu Xingzhi entra dans sa cour, il tituba un peu et finit par s’allonger sous un prunier. Il s’endormit là.
Il avait plu toute la nuit quelques jours plus tôt, lentement jusqu’à l’aube. Les fleurs de pruniers avaient alors perdu leurs pétales à cause de la pluie. Cela formait donc des petites taches rouges qui s’étalaient en un fin tapis. Ils reflétaient actuellement le clair de lune d’une lueur émeraude.
Xu Xingzhi était tranquillement allongé sous un de ces pruniers, entourés de branches sombres, de l’herbe verte et des taches rouges parsemées un peu partout. La beauté de cette scène qu’il contemplait était amplifiée par l’ivresse.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Dans son regard brumeux d’ivrogne, un homme couvert d’un manteau et portant une lanterne s’approcha lentement et l’appela à voix basse :
« … Grand frère martial ? »
Xu Xingzhi le fixa de ses yeux ensommeillés. Il ne pouvait voir que de la lumière et un visage brillant et flou.
« … Chongguang.
– Grand frère martial, tu es ivre ? »
Meng Chongguang posa la lanterne à ses pieds et tendit son bras pour le passer autour du dos de Xu Xingzhi. Sa voix se fit encore plus basse.
« … C’est à cause de Jiu Zhideng ? »
Dans l’esprit embrumé de Xu Xingzhi, il crut qu’il avait trouvé quelqu’un sur qui déverser son désespoir sans que l’autre ne se moque de lui.
« Xiao Deng est trop droit… fit-il d’un ton confus en posant la tête sur l’épaule de Meng Chongguang. Si j’avais su qu’il retournerait là-bas, je ne l’aurais pas éduqué comme ça… Je ne l’aurais pas éduqué comme ça. »
La liqueur chaude avait conféré aux lèvres de Xu Xingzhi une odeur très attirante. La pomme d’Adam de Meng Chongguang remonta et redescendit lentement.
« Grand frère martial…
– … Xiao Deng a commencé avant toi et il a passé plus de temps avec moi. »
Xu Xingzhi laissa Meng Chongguang le prendre dans ses bras, désirant que la chaleur de ce jeune homme pénètre dans son corps. Il se mit à raconter de petites anecdotes sur Jiu Zhideng d’un ton très tendre. Il ne remarqua pas qu’à chaque fois qu’il disait ‘Xiao Deng’, les lèvres de Meng Chongguang se tordaient un peu.
« Aujourd’hui, le ciel étoilé est si magnifique. La première fois qu’il m’a appelé ‘grand frère martial’, c’était sur le toit. On était en train de contempler les étoiles pour la première fois. Il peut reconnaître toutes les constellations…
« Ce serait bien si Xiao Deng souriait plus souvent. C’est dommage car quand on sourit, la vie semble toujours plus facile.
« Il a dit qu’à part sa mère, il ne connaissait presque personne dans la capitale, pas même Sa Si… »
Arrivé à ce point, il fut incapable de dire un mot de plus.
Quelque chose se pressait férocement contre ses lèvres un peu gelées. Xu Xingzhi sentit seulement qu’on pressait sa nuque d’une main tandis qu’une autre main remontait le long de son torse, saisissant les muscles puissants et bien définis de son pectoral gauche, le bout des doigts agrippant avec précision la pointe de son endroit sensible.
Le faible gémissement de Xu Xingzhi fut calmement avalé par l’autre.
Un genou replié sépara les jambes de Xu Xingzhi, les privant de tout endroit où se poser. Par conséquent, il ne put qu’écarter ses jambes.
Xu Xingzhi fut pris par surprise par ce baiser. Il sentit seulement que la chose qui s’accrochait à lui était incroyablement douce. Elle était aussi patiente et terrifiante, refusant de le laisser respirer ne serait-ce qu’un peu.
Xu Xingzhi paniqua et oublia à quoi servait son nez. Moins il arrivait à respirer, plus il voulait ouvrir la bouche. Ce fut ainsi que dans un moment d’inattention fugitif, il laissa imprudemment entrer dans sa bouche cette langue de chat râpeuse qui le taquina à loisir.
… Le chant des oiseaux tourbillonnait et passait avec difficulté sous la glace de la gorge.
Une fois que la langue tendre et bien râpeuse s’était retirée avec réticence, Xu Xingzhi encore en difficulté tout à l’heure retrouva la capacité de respirer. Il haleta, ses joues rouges.
… Chongguang ? … À l’instant, c’est Chongguang qui me pressait ?
Pendant qu’il était encore confus, Meng Chongguang s’enroula contre le dos de Xu Xingzhi, imitant la posture habituelle de Xu Xingzhi quand il prenait ses petits frères martiaux dans ses bras quand ils étaient petits. Il se servit de ses longues jambes pour retenir Xu Xingzhi de force. Il saisit ensuite son long ruban de cheveux d’une main et l’enroula deux fois autour de son poignet, avant de tirer en arrière. Dans le même mouvement, il saisit le menton de Xu Xingzhi de ses doigts et le força à tourner la tête sur le côté.
L’alcool avait privé Xu Xingzhi de toute force. Ses muscles et ses os étaient vraiment très faibles. Il paniqua un peu en voyant que la situation semblait dégénérer.
« … Chongguang ? »
Le jeune homme pétrit la peau du cou de Xu Xingzhi du bout de doigts, ses yeux remplis de fascination.
« Grand frère martial, je ne veux plus t’entendre prononcer le nom de Jiu Zhideng. Il est parti et maintenant, c’est moi qui suis à tes côtés… Rien que moi. Tu as juste besoin de ne regarder que moi. »
Xu Xingzhi était un peu éberlué et malgré la démangeaison autour de son cou, il s’obligea à relever la tête. Le sentiment que son corps ne lui obéissait pas teinta ses yeux d’une lueur d’impuissance et de colère.
« Chongguang… Arrête tes histoires, grand frère martial n’a vraiment pas de force. Arrête de me taquiner. »
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Meng Chongguang eut un léger rire. Il ouvrit la bouche et mordit lentement la gorge de Xu Xingzhi, suçant la pomme d’Adam qui ne cessait de tressauter.
Ce contact étrange faillit faire hurler Xu Xingzhi. Mais avant qu’il n’ouvre la bouche, il se rappela soudain de quelque chose.
— La maison pour les invités dans l’annexe, là où se trouvaient Zhou Beinan et les deux autres, n’était pas très loin de sa cour.
Alors il réprima rapidement le cri qui allait sortir de sa bouche et le transforma en un murmure rauque :
« Arrête — Hmm ! »
La faible résistance de Xu Xingzhi parut plaire énormément à Meng Chongguang. Il baissa son poignet où était attaché le ruban, et le cuir chevelu de Xu Xingzhi le picota. Il n’eut pas d’autre choix que de pencher la tête en arrière, dévoilant sa gorge fragile, laissant l’autre le cueillir.
Il se mit à sentir une légère odeur de plantes. Ce n’était pas l’odeur des pruniers dans la cour, mais un parfum naturel et rafraîchissant.
Dans le crâne engourdi de Xu Xingzhi, déjà bien ravagé par l’alcool, résonna un grondement sourd. Humilié et en colère au-delà des mots, il voulut repousser Meng Chongguang. Malheureusement, ses bras et ses jambes étaient aussi faibles que de la boue et refusaient d’obéir à ses ordres.
« … Grand frère martial, je suis jaloux, ah ! »
Meng Chongguang arrêta enfin ses actions. Ses lèvres remontèrent le long de son cou jusqu’à son oreille. Il murmura et son souffle chaud s’engouffra dans l’oreille de Xu Xingzhi.
« Grand frère martial n’arrête pas de parler du fait que grand frère martial Jiu Zhideng a intégré la secte quatre ans avant moi. Chongguang n’accepte pas ça. »
Il poursuivit :
« … Je n’aurais jamais pu imaginer avant, même dans mes rêves, qu’il puisse exister quelqu’un d’aussi bon que grand frère martial. Si j’avais su, je t’aurais définitivement trouvé plus tôt et j’aurais pu t’accompagner tous les jours… »
Xu Xingzhi songeait seulement qu’une telle intimité était vraiment contraire à la morale, et ses oreilles se faisaient brûler de nouveau par le souffle de Meng Chongguang. Mais sa colère s’adoucit un peu quand il réalisa que c’était Meng Chongguang la cible.
« Chongguang, tu ne dois pas faire ça. Toi et moi sommes…
– Grand frère martial, Chongguang t’aime. »
Xu Xingzhi fut comme frappé par la foudre. Dans la position que l’autre l’avait forcé à prendre, il ne pouvait voir que la pointe des oreilles du jeune homme du coin de l’œil.
Il fixa donc les oreilles extrêmement magnifiques de Meng Chongguang et soupçonna qu’il avait des hallucinations à cause de son état d’ébriété.
Meng Chongguang parut lire dans ses pensées car il murmura de nouveau :
« Je t’aime. »
Il le répéta encore et encore, comme la cloche du soir. Les mots s’engouffrèrent dans l’oreille de Xu Xingzhi, assourdissants.
Xu Xingzhi n’avait jamais eu ce genre de pensées auparavant et il fut à court de mots pendant un bon moment. Meng Chongguang continua à murmurer à son oreille :
« Il n’est plus là. Grand frère martial, je ne te laisserai plus jamais m’échapper. … Grand frère martial, un jour ou l’autre, tu seras à moi. »
Ses lèvres, après plusieurs tours et détours, se posèrent de nouveau sur celles de Xu Xingzhi. Après avoir soigneusement frotté leurs bouches ensemble un moment, Meng Chongguang se montra soudain plus violent. La lèvre inférieure de Xu Xingzhi se fit tirer et mordre plusieurs fois, laissant de nombreuses marques de dents. Aussitôt, quelque chose de doux et de délicat entra de nouveau dans sa bouche, allant et venant. Cela titilla Xu Xingzhi jusqu’à ce qu’il soit à bout de souffle et se mette à haleter. Son front se couvrit de sueur et quelques mèches de cheveux retombèrent de manière désordonnée et embarrassante, s’accrochant à ses tempes.
Le bois pour le feu est fermement relié en fagots,
Trois étoiles étincellent dans le ciel.
Quelle nuit est-ce ce soir ?
C’est la nuit où apparaît l’époux. C’est un poème célébrant un mariage. (1)
… Xu Xingzhi se retourna soudain et se mit assis.
Tout de suite après qu’il eut ouvert les yeux et vu le montant du lit gravé avec des nuages, il avait cru qu’il se trouvait encore dans les souvenirs du vrai Xu Xingzhi.
Mais quand il se rendit compte qu’il pouvait contrôler son corps, il fut sûr qu’il était bel et bien revenu.
Il ne se trouvait pas dans une grotte remplie de stalactites sous une colline et avec plusieurs personnes à l’intérieur, mais dans un immense palais. Il y avait principalement des sculptures et des ornements en pierre comme décoration des lieux. Le petit brûleur d’encens en pierre sculpté en forme de lotus émettait des restes de fumée. On y avait brûlé un peu de plante odorante. Il restait encore quelques tiges rougies dans le creux du brûleur.
C’était le palais de Nan Li. Xu Xingzhi l’avait vu dans les souvenirs de Ye Buyi.
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En voyant clairement son environnement, Xu Xingzhi ne se sentit pas juste soulagé de s’être réveillé de ce long rêve. Il avait encore des palpitations insupportables au cœur et il dut faire beaucoup d’efforts pour se retenir et ne pas vomir.
Cela avait commencé par un baiser et ça s’était achevé avec un autre baiser. Il était resté tellement de temps dans les souvenirs du vrai propriétaire de ce corps qu’il ne parvenait plus à distinguer le rêve de la réalité.
Il venait de découvrir que la relation entre le vrai Xu Xingzhi et Meng Chongguang n’était pas aussi simple qu’il l’avait pensé.
Ce qui le mettait encore plus mal à l’aise, c’était qu’il se rappelait parfaitement de la conversation nocturne qu’il avait eue avec ses deux petits frères martiaux : le vrai Xu Xingzhi avait mentionné que s’il y avait une autre vie après la mort, il voudrait avoir un père comme Qing Jing et une petite sœur comme Yuan Ruzhou.
Dans les souvenirs de Xu Ping, son père, Xu Sanqiu, avait un tempérament affable, pouvait être son compagnon de beuverie, tolérait son comportement de petite canaille agitée, ses caprices et même le fait qu’il vaquait à des affaires louches.
Sa petite sœur, Xu Wutong, était sage et bien élevée. De temps en temps, elle se comportait comme une petite princesse, se montrait très affectueuse avec lui et minaudait. Elle aimait aller avec lui sur les marches en pierre pour observer les étoiles et la lune en silence, et lui préparait de la soupe de poire chaude pour l’aider à dessaouler quand il revenait à la maison complètement ivre.
S’il n’avait pas eu une famille pareille, vu son tempérament, il aurait probablement fini par avoir le ciel pour toit et le sol pour plancher, et il aurait vagabondé dans le monde. Pourquoi était-il autant attaché à cette porte qui s’ouvrait toujours pour lui et ce bol de soupe chaude qui l’attendait toujours ?
Sans une famille pareille, pourquoi aurait-il consacré ses efforts à retourner dans son monde d’origine ?
Cependant, le fait de voir les souvenirs du vrai propriétaire de ce corps l’avait amené à pointer du doigt plusieurs problèmes.
— Pourquoi était-il venu ici et pourquoi avait-il pris la place de Xu Xingzhi ?
Ce qui appartenait à la base à une aspiration de Xu Xingzhi, comment se faisait-il que cela s’était reflété dans sa réalité ?
Pourquoi était-il obligé de faire ça ?
Quand la Conscience des Trois Royaumes l’avait envoyé ici, elle avait raconté que ses écrits avaient ‘sérieusement perturbé l’ordre de ce monde’. Maintenant qu’il y repensait, ce n’était qu’un ramassis de conneries.
… Ce n’était qu’un cahier où étaient écrits des mots au pinceau. Même si on le jetait avec les vieux livres d’occasion, il n’intéresserait personne. Comment ces écrits pourraient-ils avoir un tel pouvoir ?
Au commencement, son esprit avait été plongé dans le chaos. Après tout, on l’avait tiré de force de son lit bien douillet à la maison pour le jeter dans ce monde sombre et étranger. Il n’avait donc pas les idées claires. En plus, à peine arrivé dans les Terres Sauvages, il avait failli se faire trancher en deux par un monstre aux lames de rasoir. Il était parvenu à sauver sa vie et avait rencontré Meng Chongguang.
Il n’avait même pas eu un instant pour réfléchir à la raison pour laquelle la Conscience des Trois Royaumes l’avait jeté à l’eau et l’avait obligé à prendre la dague qui devait servir à tuer Meng Chongguang.
… Putain.
Les bribes et détails étaient entremêlés dans son cerveau comme de la mauvaise herbe. Cela lui donnait la migraine, et même la découverte de la relation particulière entre le vrai Xu Xingzhi et Meng Chongguang ne semblait plus si terrible en comparaison.
Il tendit la main et tâtonna. La dague que lui avait confiée la Conscience des Trois Royaumes se trouvait sous son oreiller. Il ignorait s’il s’agissait d’une coïncidence ou pas, mais la dague se trouvait à sa gauche. Comme ça, si Xu Xingzhi voulait la prendre, il n’aurait qu’à lever sa bonne main.
Xu Xingzhi eut envie de vomir après avoir observé la dague un moment. Il la remit à sa place d’origine.
Après ces quelques mouvement simples, Xu Xingzhi sentit ses os lui faire mal de partout en restant allongé. Mais aussitôt qu’il souleva les jambes, elles retombèrent par terre. Il eut beau s’efforcer de redresser ses genoux, il eut l’impression que le monde se mettait à tourner autour de lui.
À ce moment précis, une tête émergea de la porte fermée et elle aperçut Xu Xingzhi sur le point de tomber par terre en vacillant.
« Ai, ai ai ! »
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Une main se précipita aussitôt devant Xu Xingzhi mais il passa à travers elle et tomba la tête la première.
Zhou Beinan se figea un moment. Il leva sa main pour regarder sa paume translucide et ricana d’auto-dérision.
Il baissa les yeux et vit Xu Xingzhi qui se tenait la tête et était roulé en boule par terre. Il croisa les bras et eut un sourire de joie mauvaise.
« Ça fait quatre jours que tu es alité et tu essaies de te lever dès que tu ouvres les yeux. Tu as de la chance de ne pas t’être tué en tombant. »
Xu Xingzhi cligna des yeux un bon moment par terre, étourdi, puis tâtonna le sol avant de trouver le bord du lit. Il appuya ses coudes sur le rebord et se força à se redresser. Il fut pris d’un vertige qui dura un moment.
La première chose qu’il dit dès qu’il en fut capable, ce fut :
« Ça fait quatre jours que je suis au lit, pourtant tu peux sentir le moment même où je tombe par terre ? Tu dois donc bien t’ennuyer pour courir me voir, ah. »
Zhou Beinan, qui avait bu et s’était battu avec lui dans son rêve, rougit un peu.
« Dégage ! Ne te surestime pas ! Je me disais juste que tu devais avoir crevé dans le lit et que personne ne viendrait récupérer ton cadavre !
– Si tu espères ma mort, pourquoi tu as essayé de me rattraper à l’instant ? »
Zhou Beinan écarquilla les yeux et mentit ouvertement :
« … Qui a voulu te rattraper, putain ? En plus, tu vois bien que je ne peux pas te rattraper dans mon état, ah ?
– Tu n’as pas pu t’empêcher d’essayer de me rattraper, c’est tout ! »
Zhou Beinan roula des yeux et faillit s’étouffer de rage. Il se calma pourtant et s’assit contre le lit à côté de l’autre jeune homme.
« C’est le chien qui mord Lu Dongbin Récompenser la gentillesse de quelqu’un par de la méchanceté. (2). »
Xu Xingzhi sourit et tendit la main pour éloigner la tenture. Puis il secoua la main pour en retirer la poussière.
Blagues à part, Xu Xingzhi ne sentait vraiment pas bien cette fois. C’était comme si une ruche avait explosé dans sa tête. Après un long moment où son cerveau fut rempli de bourdonnements, il se sentit un peu mieux et reprit des forces. Il interrogea alors Zhou Beinan :
« … Ça fait donc quatre jours que je dors ? »
… Pas étonnant que Zhou Beinan soit rétabli.
« En. Tu ne te réveillais pas, même si on t’appelait. Hier, Lu Yujiu est venu te voir et il a tellement eu peur pour toi qu’il s’est mis à pleurer. »
Zhou Beinan semblait mal à l’aise s’il ne lançait pas une pique à Xu Xingzhi, alors il ajouta :
« T’es stupide ou quoi ?! »
Xu Xingzhi ne s’offusqua pas du tout.
« Papa, comment va ta blessure à l’épaule, dis ?
– … »
Zhou Beinan, qui ne pourrait jamais remporter une joute verbale avec Xu Xingzhi, en fut un peu irrité :
« Papa va très bien, c’est juste qu’il ne pourra pas utiliser sa lance un moment. »
Zhou Beinan ne paraissait visiblement pas trop se soucier de ses propres blessures. Il lança un rapide regard à Xu Xingzhi et demanda en retour :
« Et qu’est-ce qui t’arrive à toi alors ? Depuis que tu es arrivé dans les Terres Sauvages, tu n’arrêtes pas de perdre connaissance pendant des jours. Tu as un problème de santé ? »
Xu Xingzhi fut à court de mots.
Si on considérait sa situation actuelle, il avait en effet un gros problème : il avait échangé de corps avec une autre personne.
Zhou Beinan vit qu’il ne faisait pas mine de parler. Pourtant, il voulait connaître le fin mot de cette histoire. Alors il le prit par le bras et lui demanda :
« Qu’est-ce qui ne va pas ? On dirait que tu rumines des tas de choses. Tu n’étais pas comment ça avant, ah. Autrefois… »
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Dès qu’il mentionna le passé, Zhou Beinan se tut aussi sec. Après un rare moment d’hésitation de sa part, il reprit :
« C’est vrai, tu es resté avec Jiu Zhideng durant toutes ces années. Il ne t’a pas mis dans l’embarras au moins, hein ? »
Xu Xingzhi en resta stupéfait. Il savait qu’il y avait quelque chose qu’il avait mal compris et que ce malentendu était plutôt énorme.
Cependant, après y avoir songé, il ouvrit la bouche non pas pour réfuter mais pour répondre vaguement :
« Heureusement, je suis enfin ici. »
Xu Xingzhi était vraiment paniqué à cause des mensonges et des vérités dans les paroles de la Conscience des Trois Royaumes. Il avait urgemment besoin à présent de quelque chose de fiable pour que son esprit, déjà bien perturbé par les souvenirs du vrai propriétaire de ce corps, retrouve un peu de stabilité.
… Qu Chi était dérangé, on ne pouvait pas compter sur lui. Meng Chongguang avait un esprit profond, ce serait difficile de le gérer. Lu Yujiu n’était qu’un disciple intermédiaire avant d’entrer dans les Terres Sauvages, alors il ne connaissait sans doute pas tous les secrets de ce qui s’était passé autrefois. Et ne parlons même pas de Tao Xian, ce n’était qu’un disciple externe du Pic du Yang Vermillon.
Ruzhou…
En évoquant ce nom, Xu Xingzhi eut l’impression de recevoir un coup de poing en plein cœur. Il se sentit étouffer et mal à l’aise.
S’il n’avait pas vu les souvenirs du vrai Xu Xingzhi, il n’aurait jamais découvert qu’elle ressemblait énormément à Wutong. Du coup, il n’osait pas la voir pour le moment.
Alors relativement parlant, Zhou Beinan, en tant que jeune maître de l’Île du Fleuve Céleste, devait être le plus au courant des affaires internes. Plus important encore, il était le moins calculateur, donc Xu Xingzhi n’avait pas à s’inquiéter de dévoiler quoi que ce soit même s’il l’interrogeait de plus près.
… Pour dire les choses franchement, Zhou Beinan était stupide.
Comme pour confirmer ses pensées, avant même qu’il n’ait pu en demander plus, Zhou Beinan ricana :
« Le petit que tu as élevé est devenu assez cruel pour mordre les gens. Nous autres, nous ne lui avons pourtant pas fait de mal avant, pas au point de nous haïr et de vouloir tuer nos parents, non ? S’il veut nous tuer, il n’a qu’à le faire, ce serait une délivrance. Mais le fait qu’il nous garde ici, c’est parce qu’il veut clairement nous faire mijoter lentement. »
Xu Xingzhi fit face à ce passé avec un sourire amer qui ne changeait jamais.
Le cœur de Zhou Beinan devait être vraiment très tendre lui aussi : à peine Xu Xingzhi manifesta-t’il un air abattu qu’il devint mal à l’aise et toussota.
« … Mais au bout du compte, rien de tout ça n’est entièrement ta faute. … Allez, on arrête d’en parler. »
Au contraire, Xu Xingzhi voulait qu’il en dise plus, alors il enchaîna aussitôt :
« Tu sais où se trouve Xuechen ? Je n’ai pas eu de nouvelles de lui à l’extérieur.
– Xuechen, Wen Xuechen… »
En mentionnant ce dernier, Zhou Beinan tiqua plusieurs fois de la joue.
« Quand Xiao Xian’Er m’a rejoint dans les Terres Sauvages, elle était sur le point d’accoucher. De sa propre bouche, elle m’a dit qu’elle venait de la Vallée de la Pure Fraîcheur et que Xuechen n’était plus… Il est mort. »
Quand il entendit ces trois mots, pour une raison inconnue, Xu Xingzhi sentit quelque chose dans sa gorge qui l’étouffait, comme un vieux caillot de sang durci.
Il s’entendit dire :
« Comment Xuechen pourrait être mort ? »
Lu Yujiu avait déjà parlé de Wen Xuechen avec lui avant, et avait vaguement mentionné le fait que ‘grand frère martial Wen ne devait plus être de ce monde’. À l’époque, Xu Xingzhi n’avait encore aucun soupçon au sujet de la Conscience des Trois Royaumes, alors il avait pensé que Wen Xuechen était sûrement mort prématurément à cause de sa maladie cardiaque, ce n’était pas impossible.
Cependant, la véritable mort de Wen Xuechen devenait bien présente sous les yeux de Xu Xingzhi.
Et la nouvelle provenait de Zhou Xian, qui était mariée à Wen Xuechen.
Xu Xingzhi commença à se dire que le corps et les souvenirs du vrai Xu Xingzhi l’avaient déjà affecté bien trop profondément, sinon comment expliquer le fait qu’il souffre tellement qu’il aurait voulu s’arracher le cœur ?
Xu Xingzhi avait une excellente mémoire. Il connaissait le nom de tous les Artefacts protégés par les quatre sectes et il se souvenait également que celui que la Vallée de la Pure Fraîcheur protégeait s’appelait l’Arc du Cosmos.
D’après Lu Yujiu, il y avait plusieurs disciples de la Vallée de la Pure Fraîcheur parmi ses esclaves fantômes, ce qui voulait dire qu’il n’avait pas été seul pour voler les Artefacts.
Et d’après le niveau de compréhension actuel de Xu Xingzhi concernant Wen Xuechen, ce dernier était impassible et rationnel, il intriguait de tous les côtés pour servir la voie honorable et ne ménageait pas sa peine. Conformément au jugement initial de Xu Xingzhi sur lui, il était absolument impossible que cet homme agisse en opposition à la voie honorable et au détriment de sa secte.
Par contre, il était fort possible que Lu Yujiu et d’autres de la Vallée de la Pure Fraîcheur aient volé l’Arc du Cosmos en cachette et qu’ils aient été surpris par Wen Xuechen…
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Toutes sortes de possibilités fusèrent dans l’esprit de Xu Xingzhi, comme de l’eau en ébullition. Cela lui donna le tournis.
Il s’empressa de demander :
« … Ce serait à cause de l’Arc du Cosmos — »
Dès qu’il prononça ces mots, Xu Xingzhi se mordit la langue très fort.
La vive douleur le ramena à la raison, mais il avait déjà dit ce qu’il n’aurait pas dû dire.
Si cela avait été le Xu Xingzhi normal qui, même en présence de Zhou Beinan qui n’était pas très futé, voulait patiemment lui soutirer des informations, Xu Xingzhi le calme n’aurait jamais abordé le sujet de manière aussi franche et directe.
Si la Conscience des Trois Royaumes lui avait menti… Si Meng Chongguang et les autres n’avaient pas volé les Artefacts de la Création comme l’avait cru Xu Xingzhi avant et qu’il posait cette question, alors cela ne voudrait-il pas dire…
À cette idée, Xu Xingzhi fut couvert de sueur froide, comme si un insecte était en train de ramper le long de sa colonne vertébrale et que les muscles de son dos se tendaient sous la pression.
De son côté, Zhou Beinan avait également gardé le silence. Après un moment, ses épaules s’agitèrent un peu : il était en train de rire.
« … L’Arc du Cosmos ? … »
Zhou Beinan répéta ces mots dans un murmure.
« L’Arc du Cosmos… Tu parles d’un Arc du Cosmos... »
Xu Xingzhi fut complètement perdu.
S’était-il mal souvenu ? Ce n’était pas l’Arc du Cosmos l’Artefact que protégeait la Vallée de la Pure Fraîcheur ?
Zhou Beinan tourna soudain la tête pour le fixer, ses lèvres tremblant un peu et ses yeux injectés de sang.
« … Tu n’es pas au courant ? »
Ce n’était pas très agréable de se faire fixer ainsi. La pomme d’Adam de Xu Xingzhi tressauta rapidement et il se creusa la tête pour compléter sa phrase de toute à l’heure :
« Je… »
Toutefois, Zhou Beinan l’interrompit et lui fit ravaler ses mots de défense dans la gorge :
« Oui, oui, j’oubliais. Tu n’es vraiment pas au courant. … Au moment de l’incident, tu avais déjà quitté la Montagne de la Tombe du Vent. »
Il passa dans ses cheveux la main qui pouvait encore bouger et fit avec un sourire grinçant :
« Il n’y a pas d’Arc du Cosmos. Du début à la fin, il n’y a jamais eu d’Arc du Cosmos. »
Xu Xingzhi sentit le sang se figer dans ses veines un instant.
« … Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Les Artefacts sont faux… fit doucement Zhou Beinan. Les quatre Artefacts sont tous des faux. Les vrais Artefacts ont été détruits durant la guerre entre les Dieux et les Démons il y a des milliers d’années. »
Un bourdonnement se fit entendre dans la tête de Xu Xingzhi.
Si tel était le cas, la soi-disant ‘réunion d’appréciation des Artefacts Divins’ qui avait été mentionnée dans les souvenirs du vrai propriétaire de ce corps…
Il n’était pas stupide. En un clin d’œil, il comprit énormément de choses.
— L’année où Nian Zai avait lancé sa révolte audacieuse, quand l’équilibre fut perturbé et que le monde se trouvait au bord du chaos, Qing Jing était apparu, non souillé par la poussière de ce monde. Un homme et une épée avaient apporté la paix au monde, offrant dix mille ans de calme. Quelle scène glorieuse cela avait été là !
Cependant, si les Artefacts avaient bien été là, les quatre sectes auraient dû normalement n’avoir qu’à les employer pour réprimer les cultivateurs démoniaques. Pourquoi les cultivateurs honorables avaient-ils dû se battre si violemment et pourquoi avaient-ils eu besoin de Qing Jing pour renverser la tendance ?
Quant à la réunion d’appréciation des Artefacts Divins qui servait à vanter leur grande puissance, si on y réfléchissait bien, bien que cela s’appelait clairement la réunion d’appréciation, ce n’était en fait qu’une démonstration de force sous couvert.
Si les sectes étaient tellement confiantes, pourquoi avaient-elles besoin de cette démonstration de force ?
Xu Xingzhi fit rapidement le tri dans ses pensées.
— Meng Chongguang et les autres avaient volé les Artefacts et voulaient s’en servir dans un certain but. Ils avaient alors découvert que les Artefacts n’avaient aucun pouvoir. Comme il aurait été impossible de dissimuler le vol des Artefacts, Zhou Beinan, Meng Chongguang et les autres n’avaient pas eu d’autres choix que d’avoir les mains liées et attendre de se faire capturer.
Afin de ne pas révéler le secret des faux quatre Artefacts et afin de les punir de manière exemplaire, les quatre sectes avaient donc décidé de jeter dans les Terres Sauvages tous les disciples qui avaient participé à ce méfait.
Xu Xingzhi estima que son explication tenait la route. Au moins, la Conscience des Trois Royaumes ne lui avait pas menti sur ce point.
Mais une phrase de Zhou Beinan en particulier l’inquiétait encore un peu.
Que voulait dire ce “… Au moment de l’incident, tu avais déjà quitté la Montagne de la Tombe du Vent” ?
Le vrai Xu Xingzhi avait quitté la Montagne de la Tombe du Vent avant le vol de l’Artefact ?
Xu Xingzhi était encore en train de retracer la chronologie dans sa tête quand il entendit la porte grincer sur son axe.
Meng Chongguang entra, vêtu de la tunique de la Montagne de la Tombe du Vent.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Dès qu’il le vit, Xu Xingzhi repensa à ce baiser qui lui avait fait perdre connaissance quatre jours plus tôt. Son dos devint aussitôt brûlant et il eut du mal à respirer. Il eut l’impression de sentir de nouveau le goût sucré et onctueux.
Meng Chongguang ne sembla guère surpris de voir Xu Xingzhi réveillé et que Zhou Beinan soit également présent. Il se tint à la porte et sourit.
« Grand frère martial Zhou. »
Ces quatre mots semblaient chaleureux et touchants, pourtant Zhou Beinan sentit un picotement au crâne en les entendant. Il jura un Putain dans sa tête et s’extirpa de force de son humeur morose.
« Bon, bon, je vous laisse. »
Il traversa un mur et disparut en un clin d’œil. Malgré ça, Xu Xingzhi put clairement voir qu’avant de partir, le jeune homme s’était tourné vers lui pour lui lancer un regard compatissant.
À cause de ce regard, c’était au tour de Xu Xingzhi de ressentir un picotement au crâne.
Après être resté assis par terre aussi longtemps, Xu Xingzhi avait récupéré un peu de forces. Il s’aida du lit pour se mettre debout et épousseta la poussière de ses vêtements. Puis il alla s’asseoir à la table en pierre. Il souleva et secoua la théière qui se trouvait sur la table. Le thé à l’intérieur était complètement sec.
Il posa alors sur la table son éventail qu’il avait constamment en main et activa son pouvoir spirituel, comme selon ses souvenirs. Il transforma ainsi l’éventail en une jarre de liqueur sans fond.
Meng Chongguang s’assit également à table.
Xu Xingzhi se servit une coupe mais avant de pouvoir la porter à ses lèvres, Meng Chongguang avait déjà saisi la coupe.
Il y avait une lueur de mécontentement dans son regard.
« Grand frère martial, n’utilise pas ça. »
Les doigts de Meng Chongguang se trouvaient entre le bord de la coupe et ses lèvres, ce qui fit penser Xu Xingzhi à de vilaines choses. Il recula instinctivement.
« … Pourquoi ? »
Meng Chongguang se pinça les lèvres.
« … Quand il est parti, tu n’as pas cessé de boire. Par la suite, tu t’es aperçu que tu n’avais pas assez d’alcool alors tu as fabriqué cette jarre de stockage selon la même méthode que pour fabriquer un anneau de stockage. »
Xu Xingzhi avait vraiment très soif et il ne s’attarda sur ce ‘il’ dont parlait Meng Chongguang. Il prit la coupe en évitant sa main :
« Je ne fais pas ça pour me saouler maintenant, juste pour étancher ma soif. »
Quand il porta la coupe à ses lèvres, il la tourna exprès afin d’éviter de toucher l’endroit où Meng Chongguang avait posé ses doigts tout à l’heure.
Le regard de ce dernier s’assombrit de nouveau.
Pendant qu’il buvait, Meng Chongguang ne cessa de fixer sa pomme d’Adam qui montait et descendait sous la peau fine. Après un moment, il fit subitement :
« Grand frère martial, tu avais beaucoup de choses à raconter à grand frère martial Zhou ? »
Xu Xingzhi faillit s’étouffer. Un peu d’alcool dégoulina de ses lèvres et coula le long de son menton, jusque dans ses vêtements.
Il ne portait qu’une simple tunique d’intérieur. Quand la liqueur coula, il écarta bien vite son col pour éviter de tacher ses vêtements.
En voyant la blancheur de la ligne de son cou, la langue de Meng Chongguang se pressa contre ses dents serrées. Il se pencha rapidement pour lécher gentiment la clavicule ainsi exposée de l’autre homme.
Paniqué, Xu Xingzhi referma soudain son col d’une main. Mais une fois qu’il eut fait ça, il eut l’impression de se comporter comme une vierge effarouchée. Alors il se contenta de foudroyer Meng Chongguang du regard, une vague lueur de menace dans les yeux.
Le bras de Meng Chongguang s’enroula autour de sa taille au lieu de reculer. Il pétrit et caressa les muscles bien définis de ses côtes. Comparé à ses actions peu justes et honorables, il regardait Xu Xingzhi avec une légère lueur d’injustice dans le regard.
« Chongguang voulait juste aider grand frère martial à se nettoyer. »
Les souvenirs du vrai Xu Xingzhi s’étaient interrompus juste au moment où Meng Chongguang, ce petit enfoiré, l’avait embrassé de force sous un prunier en fleurs.
Bien que Xu Xingzhi n’avait pas la moindre envie de voir ce qui avait suivi, à présent que Meng Chongguang était si proche, il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui s’était passé ensuite.
À quel point sa relation avec Meng Chongguang avait-elle progressé ?
Ils avaient vraiment été jusqu’à… ?
Quand Xu Xingzhi était encore Xu Ping, il n’était jamais entré dans ces endroits qui vendaient du printemps contre de l’or Des bordels. (3). Il trouvait cependant que les filles là-bas étaient très belles et charmantes et que ce serait déjà très agréable de les entendre chanter et de les voir danser. Quant à ce qui venait ensuite, il y a avait déjà songé mais son père, qui le laissait faire sur tout le reste, était très strict en matière de relation homme-femme. En plus, Xu Xingzhi n’était pas trop intéressé par le sujet, alors il n’avait eu jusqu’à présent aucune expérience en la matière.
Et là, au lieu de pouvoir serrer dans ses bras un jade tendre, chaleureux et délicieux, il se retrouvait dans les bras d’un autre homme, ce qui était un sentiment très curieux.
En songeant à son père, Xu Sanqiu, Xu Xingzhi resta en transe un moment, puis il repoussa l’autre en faisant :
« … Lâche-moi. »
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Meng Chongguang ne voulait pas que Xu Xingzhi le repousse, alors il arbora aussitôt un air blessé et ne dit pas un mot. Ses yeux étaient embués de larmes, pourtant ses doigts étaient refermés sur la taille de Xu Xingzhi comme de la pierre, n’ayant aucunement l’intention de se retirer.
Xu Xingzhi n’osait naturellement pas vexer Meng Chongguang, alors il inventa une excuse :
« Ça fait des jours que je ne me suis pas lavé, alors avec toi comme ça... »
Meng Chongguang se pencha contre lui et fit d’une voix douce :
« Grand frère martial, tu n’as pas à t’en faire. Ces derniers jours, quand tu étais alité, je me suis occupé de te faire la toilette et de changer tes vêtements tous les jours. »
Xu Xingzhi : « … »
S’il n’avait pas su les intentions inavouables de Meng Chongguang à son égard, Xu Xingzhi aurait certainement loué intérieurement la piété filiale de ce garçon.
Cependant, vu qu’il connaissait la vérité, il sentit son visage brûler de panique.
Meng Chongguang parut estimer que cela ne suffisait pas. Il baissa la voix, se pencha à l’oreille de Xu Xingzhi et fit dans un souffle :
« J’ai également pu vérifier ce que je voulais vérifier depuis ton retour. »
Xu Xingzhi avait l’impression que chaque endroit de sa peau que tenait Meng Chongguang devenait très brûlant.
« … Quoi donc ?
– Je me demandais… »
Meng Chongguang embrassa le lobe de Xu Xingzhi et fut satisfait de voir cet endroit rougir. Il poursuivit dans un murmure :
« Grand frère martial a passé toutes ces années avec Jiu Zhideng. J’avais peur que ce type ne s’en soit pris à toi, alors j’ai vérifié discrètement… »
Xu Xingzhi inspira profondément, craignant le pire.
La voix séduisante de Meng Chongguang se glissa dans son oreille :
« Grand frère martial est tout serré à cet endroit. Je suis si content. »
Xu Xingzhi pâlit brusquement et il se libéra aussitôt des bras de Meng Chongguang. Il se leva et recula d’un pas.
Il ne savait pas si c’était son imagination qui lui jouait des tours ou pas, mais il avait l’impression qu’à l’endroit où ses fesses avaient frotté contre le tabouret, une sensation anormale s’était faite vaguement sentir.
Conscient de la réticence de Xu Xingzhi, Meng Chongguang baissa les yeux et prit un air un peu abattu. Mais il releva rapidement la tête et ses yeux étaient tout sourire.
« … Je plaisantais juste, grand frère martial. »
Xu Xingzhi sentit que ses oreilles lui brûlaient.
Depuis le baiser de Meng Chongguang qui l’avait plongé de nouveau dans la mer de connaissance du vrai propriétaire de ce corps, de plus en plus de chose dépassaient totalement l’imagination et le contrôle de Xu Xingzhi.
Et Meng Chongguang en face de lui pouvait être considéré comme la plus grosse variable et source d’ennuis.
… S’il avait vraiment ce genre d’affection pour le vrai Xu Xingzhi, alors il allait probablement devoir…
Heureusement, Xu Xingzhi était du genre à ne jamais s’appesantir sur un problème et il prépara un plan complet en quelques instants.
Même si Meng Chongguang et le vrai Xu Xingzhi avaient déjà fait l’amour, c’était uniquement le problème du vrai Xu Xingzhi. Si Meng Chongguang voulait remettre le couvert, Xu Xingzhi aurait-il une autre option à part se soumettre ?
De toute manière, c’était le corps du vrai Xu Xingzhi, pas le sien. Si Meng Chongguang voulait le faire, il ne pourrait que le suivre.
Après avoir songé ainsi, Xu Xingzhi se rendit également compte qu’il était bien trop investi dans cette histoire.
— Puisque Meng Chongguang connaissait déjà l’emplacement des fragments de la clef des Terres Sauvages, Xu Xingzhi ne bénéficiait plus de son avantage prophétique, alors il n’était plus qu’un spectateur désormais.
De plus, quand il avait écrit son nom dans le Ruisseau du Tigre Bondissant, il avait appris de Zhou Beinan que la date hors des Terres Sauvages était la même que celle de son monde d’origine, ce qui lui laissait un espoir.
Peut-être… Peut-être qu’en fait, il vivait dans le même monde que ces gens, c’était juste qu’ils ne se connaissaient pas.
Alors s’il pouvait compter sur le pouvoir de Meng Chongguang pour retourner dans le vrai monde, il pourrait retrouver sa famille.
En songeant ainsi, Xu Xingzhi fut rasséréné. Il se rassit à table et se resservit de l’alcool.
S’il quittait Meng Chongguang, Xu Xingzhi serait absolument incapable de sortir des Terres Sauvages, alors il était inutile de se débattre. Mieux valait fermer les yeux et apprécier OUI !!! Brave petit, laisse faire Meng Chongguang ~ (4).
Quand Meng Chongguang eut la certitude que Xu Xingzhi n’était pas fâché, il poussa un soupir de soulagement et se rapprocha de lui à nouveau, ses yeux implorants :
« Grand frère martial, ces jours sont passés. Est-ce que tu peux pardonner Chongguang pour ce qu’il a fait à l’époque ? »
Xu Xingzhi ne répondit pas.
Il était effectivement prêt à se donner à Meng Chongguang en se substituant au vrai Xu Xingzhi mais pour autant, il ne voulait pas en arriver là à moins que ce ne soit absolument nécessaire.
Il changea donc de sujet :
« Où allons-nous ensuite pour chercher le prochain fragment de la clef ? La Mer du Décapité ? Ou le Territoire Hors du Monde ?
– Nous attendrons d’abord que grand frère martial et Zhou Beinan se rétablissent avant de partir d’ici. »
Meng Chongguang n’avait pas obtenu la réponse qu’il désirait, alors il faisait triste figure. Toutefois, il profita quand même du bonheur de pouvoir se coller à son grand frère martial.
« … Ensuite, nous irons dans le Territoire Hors du Monde. »
Dans le monde extérieur, dans la grande salle de la Montagne de la Tombe du Vent, Jiu Zhideng était assis à son bureau en train de lire un texte et de faire des corrections à l’encre cinabre.
Il n’y avait personne d’autre dans la salle à part lui. Les quatre murs épais et la lourde porte bloquaient tous les sons de l’extérieur, tout était aussi calme et tranquille qu’une montagne déserte d’où s’étaient envolés des milliers d’oiseaux.
Quand la porte s’ouvrit de l’extérieur, Jiu Zhideng releva vivement la tête et demanda :
« Wen Xuechen est de retour ? »
Dès qu’il eut posé la question, des bruits de lames qui s’entrechoquaient et des cris en provenance de l’extérieur réfutèrent rudement sa conjecture. Les yeux de l’homme qui avaient été brièvement animés d’une minuscule étincelle retrouvèrent la froideur des montagnes et des rivières.
« Qui est-ce ? »
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Le disciple au pied des marches sentit confusément que la nouvelle qu’il apportait n’était pas ce que Jiu Zhideng espérait, alors il rentra la tête dans les épaules de terreur.
« … En réponse au maître de la montagne, Xu Pingsheng nous a attaqués.
– Encore lui ? répliqua Jiu Zhideng d’un ton très léger.
– En effet. »
Jiu Zhideng continua de baisser la tête sur le parchemin en bambou aussi volumineux que la montagne et les océans. Il prit son pinceau et fit une marque cinabre sur le papier et une annotation. D’un ton nonchalant, il ordonna :
« Tuez-le.
– Maître de la montagne… »
Le disciple venu lui faire ce rapport parut hésiter.
Jiu Zhideng réagit aussi vivement. Par-dessus son épaule, il vit clairement des écailles lumineuses recouvrir le ciel en ondulant.
« Il mérite que vous utilisiez la formation de protection de la Montagne de la Tombe du Vent ? fit Jiu Zhideng en reposant le parchemin. Avec qui est-il venu ? »
Le disciple hésita mais répondit quand même :
« … Avec Sa Si. »
Jiu Zhideng fronça un peu les sourcils mais ne dit pas un mot. Il tendit la main et enserra la poignée de l’épée qui se trouvait à sa ceinture.
Un jet de lumière aveugla un moment le disciple. Jiu Zhideng avait disparu de sa place en hauteur. Il restait même un peu de sa chaleur sur le rouleau de bambou.
Note de Karura : Encore un très long chapitre, au secours !
Bon, cela dit, j’espère que vous avez bien aimé la décision de Xu Xingzhi de se donner à Meng Chongguang 😍 Chongguang, mon petit gars, tu n’as plus qu’à te servir !
Une petite révélation dans ce chapitre : Xu Ping ne vient pas d’un monde moderne, mais d’un monde médiéval ! Après tout, si vous relisez les premiers chapitres, jamais Xu Ping ne parle d’ordinateur ou de portable quand il évoque son monde. Ce n’est donc pas le contexte de transmigration habituel. Plus de révélation dans le prochain chapitre.
Pour finir, nous allons enfin avoir des nouvelles de Xu Pingsheng, le grand frère de Xu Xingzhi.
Notes du chapitre :
(1) C’est un poème célébrant un mariage.
(2) Récompenser la gentillesse de quelqu’un par de la méchanceté.
(3) Des bordels.
(4) OUI !!! Brave petit, laisse faire Meng Chongguang ~
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