Cent façons de tuer un prince charmant 58

Chapitre 58


Le clair de lune argenté était comme une cage, emprisonnant toute chose dans ce monde.

Yu Ci regarda le jeune homme à ses côtés. Il s'éclaircit la gorge et fit d'un ton gracieux :

« Tu as vu, hein ? Sang Xinghe a donné exprès un sifflet à cette petite laideronne. Il va bel et bien l'épouser. Je crois que tu devrais renoncer le plus vite possible car le Ciel foudroie celui qui détruit un mariage. »

Il avait beau parler avec éloquence, il ne manquait pas d'air et osait même appeler laideronne la charmante petite sœur martiale de Sang Xinghe.

Shen Jue l'ignora et continua à marcher.


Quand Yu Ci vit que le jeune homme l'ignorait, il eut un léger ricanement froid puis attrapa son bras, refusant de le laisser partir.

« Qu'en dis-tu alors ? Tu renonces ou pas ? »

Shen Jue lui lança un regard avant de détourner les yeux. Yu Ci observa le jeune homme qui était visiblement furieux mais qui tâchait de se contenir. Quoi qu'il en soit, Sang Xinghe allait bientôt se marier. Yu Ci pourrait ensuite passer plein de temps avec Shen Jue. Une fois Sang Xinghe marié, Shen Jue devrait bien renoncer. À cette idée, Yu Ci étira les lèvres et sa colère devint un sourire. Il ramena le jeune homme à l'auberge en conservant ce sourire.


* * *


Le lendemain toutefois, Yu Ci reçut une lettre de l'Île des Dix Absolus. Quand il en lut le contenu, son expression changea radicalement et sans même se soucier de Shen Jue qui se trouvait dans la même pièce, il se rua dehors. Shen Jue fut un peu intrigué en voyant Yu Ci se comporter de manière si agitée.

Yu Ci agissait rarement ainsi.

Yu Ci apporta la lettre dans la chambre adjacente du gardien droit.

« Lis-moi ça. »

L'autre homme prit la lettre et la lut. Puis il se mit à jurer aussitôt.

«  Ces soit-disant cultivateurs honorables osent attaquer notre Île des Dix Absolus. Maître, nous devons rentrer au plus vite. »

Leur groupe comportait les meilleurs et les plus forts disciples. Sans eux, les gens restants de l'Île des Dix Absolus n'avaient que peu de chance de l'emporter contre l'élite des sectes principales.


« Attends, je ne peux pas encore partir, fit Yu Ci en secouant lentement la tête. Shen Jue doit voir le mariage de Sang Xinghe de ses propres yeux. »

Le gardien droit prit un air soucieux.

« Maître, est-ce bien le moment ? Du moment que Sang Xinghe se marie, à quoi bon assister à la cérémonie ? Nous ferions mieux de rentrer au plus vite. »

Quand il eut fini de parler, il se tapa soudain le front.

« Maître, je crois qu'il y a quelque chose de bizarre là-dedans, ah. Sang Xinghe se marie et toutes les grandes sectes ont envoyé des représentants au mariage. Comment pourraient-ils avoir le temps d'attaquer notre Île des Dix Absolus ? »


Yu Ci lui jeta un regard.

« On dirait que tu n'es pas si bête que ça. J'ai bien peur que ce mariage soit une mascarade.

– Une mascarade ? »

Le gardien droit en resta interloqué un moment.

Yu Ci rétrécit les yeux.

« En apparence, toutes les sectes viennent assister au mariage mais ces gens se sont sûrement arrangés en secret pour attaquer notre Île des Dix Absolus. Quand Sang Xinghe a quitté l'île, même s'il portait un bandeau, il est assez intelligent pour reconnaître le chemin à l'oreille. Toutefois, si ce n'est pas un vrai mariage, pourquoi Sang Xinghe est encore ici ? »

C'était le point qu'il ne parvenait pas à comprendre.

Ce simple fait révélait quelque chose d'étrange.


Yu Ci ne parvenait pas à comprendre ça et le gardien droit y parvenait encore moins. La seule chose qu'il voulait, c'était se dépêcher de rentrer. D'après lui, c'était complètement inutile de rester pour le mariage. Mais Yu Ci n'était pas de cet avis. Après y avoir réfléchi, il décida de laisser le gardien droit rentrer avec leurs hommes tandis que Shen Jue et lui resteraient ici pour assister au mariage.

Le gardien droit objecta dès qu'il apprit cela, cependant Yu Ci se montra très ferme :

« Ne t'en fais pas, vu mon niveau de cultivation, peu de gens en ce monde peuvent me blesser. He Qiaoying n'est pas aussi fort que nous, alors retourne le protéger. »


Le gardien droit ne put le faire changer d'avis et dans l'après-midi, il conduisit leurs hommes pour retourner de toute urgence sur l'Île des Dix Absolus. Ce ne fut que le lendemain que Shen Jue se rendit compte de l'absence du gardien droit. Il ne restait que deux jours avant le mariage de Sang Xinghe. Bien que n'ayant plus de protection, Yu Ci ne se montra pas prudent pour autant et il emmena même Shen Jue faire des courses.

« Il n'y a pas de marché sur l'île, alors tu peux acheter tout ce qui te plaît. J'ai apporté plein d'argent, » déclara Yu Ci en tapotant la bourse à sa ceinture.


En le voyant se comporter de la sorte, Shen Jue se dit que Yu Ci n'allait pas tarder à avoir une mauvaise surprise. Effectivement, cela ne faisait pas longtemps qu'ils étaient au marché que Yu Ci baissa soudain les yeux à sa ceinture. L'endroit où il venait d'accrocher sa bourse était vide. Ils venaient de passer dans un endroit avec beaucoup de monde. Il n'avait fait attention qu'à Shen Jue et avait été bousculé une paire de fois.

Son regard se fit glacial et il regarda en arrière un moment. Il tourna ensuite la tête et emmena Shen Jue dans une boutique de calligraphie et de peinture.

« Attends-moi ici, je vais attraper ce petit voleur. »

Quand Yu Ci eut fini de parler, il sortit et disparut rapidement de la vue de Shen Jue.


Sans Yu Ci, Shen Jue était plus ou moins libre. Cependant, en se basant sur la rapidité de l'autre homme, on pouvait s'attendre à ce qu'il revienne très vite. Cela ne servirait donc à rien que Shen Jute tente de s'échapper. Qui plus est, avant de quitter l'auberge, Yu Ci avait délibérément versé de l'encens traqueur sur lui. Cet encens s'imprégnait jusqu'à la peau alors même en changeant de vêtements, Yu Ci pourrait toujours le retrouver. Du coup, Shen Jue ne songea pas à s'enfuir.

Comme il n'avait rien à faire, il flâna simplement dans le magasin. Peu de temps après, il entendit quelqu'un entrer.

« Patron, comment ça s'est passé avec la peinture que je vous ai demandé de restaurer la dernière fois ? »

Il avait déjà entendu cette voix quelque part.


Shen Jue réfléchit puis tourna la tête et à sa grande surprise, il vit la petite sœur martiale de Sang Xinghe.

La jeune fille portait une tenue rose aujourd'hui, ce qui lui donnait un air plus délicat et splendide. Si on ne se basait que sur son apparence, elle était vraiment très bien assortie à Sang Xinghe. Elle était en train de prendre la peinture tendue par le patron de la boutique et après l'avoir examinée, elle releva le menton.

« Xiao Ling, donne-lui l'argent, » fit-elle à la servante à ses côtés.

Bien qu'elle rangea rapidement la peinture en rouleau, Shen Jue, qui se tenait en diagonale derrière eux, put l'apercevoir rapidement.

C'était un portrait de la petite sœur martiale en personne. Bien que Shen Jue n'y avait jeté qu'un regard, il avait remarqué la finesse et la minutie que l'artiste avait passé à cette œuvre. Cela avait certainement dû demander beaucoup de soins et d'efforts. D'après ce que la jeune fille avait dit au patron, la peinture avait dû être endommagée et comme elle ne savait pas la remettre en état, elle s'était spécialement adressée à cette boutique de calligraphie et de peinture.

Cela voulait dire également une chose : celui qui avait peint cette œuvre n'était pas là. Sinon, il aurait pu restaurer la peinture lui-même.


La petite sœur martiale roula la peinture soigneusement puis dès qu'elle tourna la tête, elle aperçut Shen Jue. Ses yeux restèrent fixés un moment sur son visage puis elle détourna le regard. Shen Jue rabattit son voile et sortit à son tour.

Ce devait être son accoutrement qui avait attiré l'attention de la jeune fille.

Les jeunes gens du monde étaient tous francs et audacieux, même les femmes ne portaient pas de chapeaux à voile. Cependant lui, un homme, en portait un. Cela ne pouvait qu'attirer les regards.


Après que la jeune fille soit sortie, elle ne put s'empêcher de lancer un regard en arrière au magasin de calligraphie et de peinture. Elle haussa ses jolis sourcils et murmura :

« Xiao Ling, tu ne trouves pas que ce jeune homme était familier ?

– De qui voulez-vous parler, ma dame ? » s'étonna la servante.

La jeune fille roula des yeux.

« Je veux parler de cet homme qui portait un chapeau à voile, ah. Aucune fille dans ma secte n'en porte mais lui oui, c'est étrange. »

Xiao Ling cligna des yeux.

« Peut-être qu'il ne veut pas qu'on voie son visage.

– N'importe quoi, » répliqua la petite sœur martiale en marchant.

C'était parfois épuisant de parler à sa servante.


La servante en question courut derrière elle. Elle contempla le rouleau de peinture que la jeune fille tenait et ne put s'empêcher de faire :

« Ma dame, laissez votre servante porter cela. »

La petite sœur martiale secoua aussitôt la tête.

« Je préfère la tenir moi-même. Elle a déjà été abîmée une fois, je ne laisserai plus rien arriver à cette peinture. »

En disant cela, sa mine s'était grandement assombrie.

Quand la servante vit cela, elle soupira.

« Madame, vous pensez qu'il... »

La jeune fille tourna la tête pour foudroyer Xiao Ling du regard et elle l'interrompit :

« Tais-toi, ne parle pas de ces choses-là dans la rue. Et si quelqu'un nous entendait ? »

Après ça, elle détourna la tête et reprit sa marche. Xiao Ling poussa un léger cri et tenta de la rattraper.

« Ma dame, attendez-moi, ah. »


* * *


Shen Jue sortit de derrière le coin de rue, son expression légèrement soucieuse.

Que disaient-elles qui ne pouvait pas être entendu ?

La jeune fille semblait tenir énormément à cette peinture, ou plus précisément à celui qui l'avait peinte. Alors qui était cette personne ?

Cela ne semblait pas être Sang Xinghe.

Shen Jue y réfléchit tout en retournant au magasin de calligraphie et de peinture. À peine arrivé, il vit Yu Ci.

La bourse volée se trouvait dans les mains de Yu Ci. Shen Jue sentit une légère odeur de sang émaner de lui quand il s'approcha. Il regarda aussitôt la manche de Yu Ci et y vit une petite trace de sang qui avait l'air récente.

« Je t'ai fait attendre, hein ? Allons-y. »

Yu Ci ne parut pas remarquer l'état de Shen Jue. Il lui sourit légèrement et l'entraîna hors du magasin.

Malheureusement, Shen Jue n'avait pas la tête à faire des achats. Il pensait encore à la petite sœur martiale et ne s'intéressait pas au reste. Yu Ci parut également s'ennuyer alors ils revinrent à l'auberge après juste une courte promenade.


Ils passèrent le lendemain à l'auberge mais tandis que le soir approchait, Yu Ci sortit et revint avec deux tuniques. Puisque le mariage de Sang Xinghe aurait lieu le lendemain, Shen Jue allait entrer dans la secte de Soie Céleste et ne pouvait donc plus cacher son visage sous un voile. Yu Ci se préparait donc à changer son apparence.

Il avait ramené une tunique d'homme et une de femme. Il déposa les deux sur le lit.

« Laquelle tu veux porter ? » demanda-t'il à Shen Jue avec un sourire.







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