Chapitre 274
En terme d’apparence, Lin Chuyan et Xie Zhi étaient vraiment à égalité : l’un était comme une fleur de poirier au printemps, l’autre était comme un lotus en été. Chacun avait sa propre beauté.
Shen Jue dut réfléchir un long moment à sa réponse. Durant ce temps, Lin Chuyan fit les cent pas à côté de lui, le fixant de ses yeux brillants. Il finit par prendre sa main qui était posée sur la table.
« Sois honnête. Pourquoi te faut-il autant de temps pour réfléchir ? Je ne suis pas quelqu’un de si mesquin. »
Son ton était tiède, comme toujours. Tout en parlant, il pinça le bout des doigts de Shen Jue.
« Si je devais vous comparer, je dirais que vous êtes à égalité. Mais je préfère Chuyan. Xie Zhi… »
Shen Jue marqua une pause avant de reprendre :
« Je ne l’aime pas.
– Hein ? Tu ne l’aimes pas ? »
Les yeux de Lin Chuyan s’étaient un peu assombris quand il avait entendu les mots ‘à égalité’, mais ils redevinrent rapidement normaux.
Bien sûr que Shen Jue n’appréciait pas Xie Zhi. Il fronça les sourcils et récupéra sa main de la prise de Lin Chuyan.
« Je ne l’aime pas, c’est tout. Je n’aime que sa peau. »
Quand Lin Chuyan se rendit compte que Shen Jue n’appréciait pas ce sujet, il ne le pressa pas pour obtenir une réponse et parla d’autres choses.
Cette nuit-là, Shen Jue resta dans la résidence Lin.
Lin Chuyan congédia les serviteurs et referma la porte derrière lui. Puis il se tourna et regarda autour.
« Tu peux te montrer maintenant. »
Dès qu’il prononça ces mots, l’adolescent apparut devant lui. Lin Chuyan le regarda un moment, puis s’avança calmement et lui prit la main. Il l’attira ensuite vers le lit.
Avant de s’endormir, il fit d’un ton qui se voulait nonchalant :
« Tu vas encore chercher des beautés demain ? »
Shen Jue posa la tête sur le bras de l’autre homme, son nez s’emplissant de l’odeur de bois de santal qui émanait de lui. Il se tourna pour mieux enfouir sa tête dedans.
« En. »
Dès que Shen Jue eut répondu, il sentit l’autre homme bouger à côté de lui.
Il tourna la tête et croisa le regard de Lin Chuyan.
Ce dernier s’était redressé sur un coude et le regardait fixement.
« Tu es vraiment obligé de sortir demain ? J’aurais aimé que tu restes ici avec moi. »
La voix de Lin Chuyan était douce, tout comme son regard. Presque personne n’aurait pu lui dire non. Si Shen Jue n’avait pas récupéré ses souvenirs, en voyant un si bel homme lui parler ainsi, il en serait resté émerveillé un moment. Mais à présent qu’il avait retrouvé la mémoire, bien qu’il s’extasiait devant la beauté de l’autre, cela ne dura qu’un instant.
Alors il secoua la tête.
Un air blessé apparut dans les yeux de Lin Chuyan, mais il ne dit rien. Il se contenta de caresser les longs cheveux de l’adolescent.
« Endors-toi. »
Mais quand ce fut presque l’aube et que Shen Jue voulut se mettre assis, les bras autour de sa taille se resserrèrent. Surpris, il regarda l’homme à côté de lui.
Lin Chuyan s’était réveillé à un moment donné et là, il le fixait sans cligner des yeux.
« Chuyan, fit Shen Jue en se pinçant les lèvres, je dois y aller. »
Pour toute réponse, il eut droit à un baiser. En même temps, il sentit les bras autour de sa taille se resserrer encore plus, ne lui laissant presque aucune liberté.
Ce baiser ne dura pas longtemps, car Shen Jue se volatilisa.
Dès que Lin Chuyan se rendit compte que ses bras étaient vides, il se figea d’abord, puis appela plusieurs fois Shen Jue à voix basse. Quand il fut sûr que l’autre était bien parti, son visage se tordit d’une grimace horrible à voir. Il fallut bien longtemps pour qu’il reprenne un air normal.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue s’absenta pendant plus de deux semaines.
Lin Chuyan le revit une fois que le temps se fut complètement réchauffé et que les gens portaient des tenues plus légères. Dès que Shen Jue entra, il s’approcha du bureau et commença à feuilleter le livre devant lui. Puis il s’ennuya et se tourna vers l’autre homme.
« Chuyan, je suis là. »
L’adolescent avait aussi revêtu une tenue de printemps. Comparé aux lourds vêtements d’hiver, cette tenue fine mettait plus en valeur sa taille bien trop fine. Cela donnait envie de la saisir. Cela ne concernait pas que la taille, les pieds aussi.
Lin Chuyan jeta un coup d’œil à Shen Jue, répondit par un vague En, puis baissa la tête pour continuer à lire.
En voyant l’autre homme plongé dans son livre, Shen Jue roula des yeux. Il attrapa le livre et le jeta vers l’étagère. Quand Lin Chuyan vit que le livre se rangeait tout seul sur l’étagère, son regard trahit sa stupéfaction, mais il se reprit bien vite.
L’adolescent en face de lui était un fantôme. Les fantômes disposaient naturellement de certains pouvoirs, autrement comment pourraient-ils disparaître à leur guise et apparaître quand ils le voulaient ?
« Chuyan, je suis là, » fit de nouveau Shen Jue.
Cette fois, l’autre homme le regarda correctement. Bien que ses yeux étaient gentils, il y avait une lueur de distance à l’intérieur.
« Tu as fini de chercher des beautés ?
– C’est fait, » répondit Shen Jue.
Lin Chuyan continua de demander :
« Et tu vas y retourner demain ? »
Ces paroles étaient légères et douces, comme s’il posait la question comme ça. Cependant, Shen Jue avait guetté son expression.
Lin Chuyan était en colère.
Quand les gens polis étaient en colère, ils ne juraient pas en général. Mais bien que leur ton restait gentil, les autres arrivaient à sentir que ce n’était pas comme d’habitude.
« Je ne partirai pas demain. »
Shen Jue avait été très occupé ces derniers jours. En répondant, il couvrit sa bouche d’une main et bâilla sans pouvoir s’en empêcher. Quand il eut fini, Lin Chuyan fit de nouveau :
« Quelles beautés tu as vues durant ces derniers jours ? Raconte-moi. »
Cette question lui valut plusieurs noms en retour.
Shen Jue s’appuya contre le bureau et continua à énumérer en comptant sur ses doigts. À la moitié de sa liste, il se fit soudain soulever. Avant qu’il n’ait pu réagir, il était déjà pressé sur le bureau.
Lin Chuyan regarda l’adolescent qui était pressé sous lui et pour la première fois, une expression qu’on pouvait qualifier de ‘dangereuse’ parcourut ses yeux splendides. Ses lèvres rouges se pincèrent, dévoilant pleinement le mécontentement de leur propriétaire en cet instant. Il saisit d’une main la taille de Shen Jue et de l’autre, il ouvrit le tiroir à côté.
« Ah Jue, j’ai un cadeau pour toi, » murmura-t’il.
Après une tasse de thé, une chaîne de clochettes dorées se trouvait désormais à la cheville gauche de Shen Jue. Dès qu’il bougeait, les clochettes à ses pieds tintaient. En plus, ces cloches étaient faites de je ne sais quoi, mais il était impossible de les retirer une fois en place. Shen Jue eut beau tirer longuement dessus jusqu’à ce que la peau de sa cheville devienne rouge, il ne put retirer cette chaîne.
« Arrête de tirer dessus. Si tu continues, tu vas te faire une autre blessure au pied. »
Lin Chuyan empêcha Shen Jue de s’acharner sur la chaîne dorée et massa gentiment l’endroit rougi du bout des doigts.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Shen Jue en pâlissant.
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Lin Chuyan répondit calmement :
« Des clochettes dorées.
– Je sais que ce sont des clochettes dorées, mais d’où est-ce que ça vient ? »
L’incapacité de Shen Jue à les retirer prouvait bien que ce n’était pas un bijou ordinaire.
« Je l’ai acheté au marché. J’ai trouvé ça joli, alors j’ai voulu te l’offrir. »
Lin Chuyan baissa les yeux pour examiner attentivement la chaîne. Il y avait en tout dix-huit clochettes dorées, chacune petite et exquise, avec différents motifs gravés dessus.
Déjà dans la boîte, il avait trouvé ça très joli mais à présent que la chaîne dorée était autour de la cheville de Shen Jue, cela soulignait la peau pâle comme de la neige et la cheville fine et délicate, rendant l’ensemble encore plus attirant.
Après avoir entendu ça, Shen Jue regarda l’autre homme avec surprise.
Pour une raison étrange, cela lui rappela la fois où il s’était fait décapiter dans les autres vies. À ce moment-là, il se trouvait à genoux sur la plateforme d’exécution et Xie Zhi se tenait en-dessous, le regardant. Il faisait entièrement confiance à l’autre homme et n’avait aucune idée que ce que le bourreau tenait n’était pas une lame mortelle, mais une épée magique qui servait à éliminer les fantômes.
Bien que cela faisait des années que Shen Jue était un fantôme, il n’avait vraiment aucune compétence. C’était parce qu’il avait passé plus de cent ans à uniquement admirer des beautés et peindre sa peau. Il ne s’était pas associé aux autres fantômes et il ne connaissait rien des armes magiques qui pouvaient éliminer les fantômes dans ce monde.
« Ce n’est qu’un cadeau, pourquoi tu es aussi nerveux ? »
Lin Chuyan regarda Shen Jue et eut un léger rire. Puis il fit descendre l’adolescent fantôme du bureau.
« Allez, ne te fâche pas. Je n’ai fini d’entendre le nom de toutes ces beautés. Tu veux bien continuer à me les dire, hein ? »
En réalité, Shen Jue n’avait pas passé ce temps à rechercher de nouvelles peaux. Il était resté tous les jours à la frontière entre le monde mortel et l’autre monde.
Il y avait là un marché fantôme qui vendait de tout. Le Shen Jue d’origine venait rarement là. Cette fois, il voulait acheter une pilule qui lui permettrait de ressembler à un mortel durant le jour.
Dans ce monde, les fantômes arboraient un air fantomatique durant la journée et la couleur de leur peau devenait bleuâtre. Alors quand Shen Jue passait la nuit avec Xie Zhi, il devait toujours partir avant l’aube afin que l’autre ne s’aperçoive pas de sa véritable nature. Mais à présent qu’il voulait faire tomber Lin Chuyan amoureux de lui, il devait éviter de l’effrayer. Il était donc allé acheter cette fameuse pilule qui lui donnerait l’air humain durant le jour.
On n’achetait pas dans le marché fantôme avec de l’argent, mais en général avec du Qi fantomatique.
La plupart des fantômes du marché ne voulaient pas se réincarner mais au fil du temps, leur Qi fantomatique devenait plus dense. Les gardes fantômes laissaient en général courir ceux qui avaient un Qi fantomatique moyen et capturaient plutôt ceux au Qi fantomatique dense pour les ramener dans l’autre monde. Ces fantômes qui voulaient rester dans le monde des humains avaient donc commencé à vendre des objets afin d’éliminer une partie de leur Qi fantomatique. Celui qui voulait leur acheter quelque chose devait prendre une partie de leur Qi.
Mais trouver ce qu’on voulait au marché fantôme dépendait également de la chance.
Il n’y avait pas de magasins au marché fantôme, que des étals dans les rues. Les vendeurs se cachaient en général le visage et ne venaient pas régulièrement pour vendre leur marchandise. Depuis que Shen Jue avait été démasqué par Lin Chuyan, il s’était rendu tous les jours au marché fantôme pour attendre. Ce ne fut que quelques jours plus tôt qu’il avait pu acheter la pilule qu’il voulait.
Et pendant cette attente, il était arrivé quelque chose.
Il était en train de traverser un nuage de Qi fantomatique quand il avait soudain aperçu une silhouette du coin de l’œil. Quand il tourna la tête pour mieux regarder, il ne vit que le dos de la personne. Cet homme restait devant un étal, comme les autres fantômes, le visage couvert d’un tissu noir. Pourtant, il semblait étrangement familier à Shen Jue.
Il avait l’impression de l’avoir déjà vu quelque part, sans pouvoir s’en rappeler.
Après que Shen Jue ait fini de faire ses achats, il s’aperçut que l’homme était toujours devant l’étal. Il réfléchit un moment et décida de le suivre. Mais à ce moment, il y eut soudain un afflux de fantômes devant lui. Quand l’attroupement disparut, la personne ne se trouvait plus devant l’étal.
Shen Jue s’approcha de l’étal et apprit que l’on y vendait des jeunes fantômes.
Un jeune fantôme, comme le nom l’indiquait, était un fantôme qui venait juste de mourir. Certains fantômes aimaient avoir des fantômes serviteurs pour s’occuper d’eux. Ils choisissaient en général des gens qui venaient juste de mourir, parce que ce genre de fantômes étaient moins expérimentés et faciles à contrôler. Si on les entraînait bien, ils faisaient de bons domestiques. Cela dit, Shen Jue avait aussi entendu dire qu’il y avait des fantômes qui aimaient dévorer ces jeunes fantômes. Ils appelaient ça nourrir leur Qi.
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À présent que l’autre homme avait disparu, Shen Jue n’y pensa plus. Après avoir quitté le monde fantôme, il avait passé quelques jours à assimiler la pilule avant de venir voir Lin Chuyan.
À sa grande surprise, à peine arrivé, l’autre lui avait fait cette surprise.
Shen Jue regarda les clochettes dorées à sa cheville. Il agita légèrement le pied et les dix-huit clochettes se mirent à tinter ensemble, ce qui était très agaçant. Il tenta de se rendre invisible, seulement pour s’apercevoir que le bruit des clochettes s’entendait toujours, quoiqu’il était un peu plus étouffé.
« Je ne veux pas de ça, enlève-le moi ! »
Quand Shen Jue réapparut de nouveau, il faisait vraiment une vilaine tête.
Avec ces clochettes, même s’il se déplaçait comme un fantôme, il y aurait ce bruit où qu’il aille.
Mais Lin Chuyan ne répondit pas et se contenta de le regarder sans rien dire.
Shen Jue comprit le sens de son regard.
Lin Chuyan ne lui enlèverait pas ces clochettes.
Il savait que Shen Jue ne pouvait pas les retirer une fois mises.
Note de Karura : À force de jouer les chats sauvages, Shen Jue se retrouve avec un collier et une clochette autour du cou. Tu l’as bien cherché, mon petit Jue !
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