Chapitre 121 : Funérailles
Après ça, Ye Yingzhi, Song Jin et son épouse aidèrent Chi Yan à organiser les funérailles de son grand-père.
Le vieil homme n’était pas originaire de la ville de R. Il avait été muté là dans sa jeunesse à cause du travail. Ensuite, il avait épousé la grand-mère de Chi Yan et s’était définitivement installé. De son côté, Chi Yan n’était qu’un étudiant avec un cercle social assez restreint. Du coup, peu de gens vinrent assister aux funérailles. Il n’y eut que quelques camarades étudiants avec qui Chi Yan s’entendait bien, d’anciens collègues de son grand-père avec qui le vieil homme avait gardé le contact, deux membres de la famille éloignée qui étaient venus au nom de son village natal, ainsi que quelques collèges de Song Jin venus donner un coup de main. C’étaient les hommes de Ye Yingzhi qui s’étaient chargés du principal et tout se passa bien.
Durant les funérailles, Ye Yingzhi et Chi Yan suivirent le même rituel que devait faire un petit-fils et qui était bien plus lourd que celui de Song Jin. Il fut dit aux étrangers que c’était parce que Ye Yingzhi considérait Chi Yan comme un petit-frère. Toutefois, au fil des jours, Song Jin et son épouse avaient fini par percer à jour la relation entre les deux hommes. Chi Yan leur avait également avoué la chose à demi-mots avec un peu d’embarras, donc le couple ne trouva rien à redire à tout ça.
Trois jours après l’enterrement, l’état d’esprit de Chi Yan se calma peu à peu et redevint normal. Ye Yingzhi restait un peu inquiet à son sujet, mais il fut informé qu’il s’était passé quelque chose dans la famille Ye et qu’il devait retourner régler ça au plus vite. Chi Yan lui conseilla donc d’y aller et lui demanda d’en profiter pour se renseigner sur la situation de Xu Rui. Ye Yingzhi accepta et se dépêcha de retourner dans sa famille.
Il ne resta donc qu’une seule personne dans la maison, Chi Yan. La seule différence, c’était que son grand-père était décédé et qu’il y avait un autel funéraire dans la chambre du vieil homme. Dans la ville de R, l’usage était qu’à la mort d’un proche, la famille devait faire des offrandes pendant au moins sept jours avant de ranger l’autel funéraire.
Chi Yan n’avait rien à faire. Le soir, il regarda la télé sur le canapé du salon et s’endormit dans un état second, la télé toujours en route.
À moitié conscient et à moitié endormi, il entendit quelqu’un l’appeler par son surnom, et c’était une voix très familière. Chi Yan ferma les yeux et écouta attentivement. Ce n’était ni une illusion, ni un bruit à la télé.
Il rouvrit les yeux et vit son grand-père debout devant le canapé et qui le regardait.
Chi Yan fut alors complètement réveillé. Il fixa avec un peu d’hésitation le vieil homme familier.
« … Grand, grand-père ? »
Après s’être assuré qu’il s’agissait bel et bien de son grand-père, Chi Yan demanda aussitôt :
« Pourquoi tu es de retour ? Il y a un problème ? »
Même s’il était réticent à l’idée de perdre son grand-père pour toujours, il restait quand même sensé sur certains points. Son grand-père n’aurait pas dû revenir, le mieux aurait été qu’il se transcende sans problème.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le vieil homme secoua la tête, l’air un peu perdu.
« Grand-père ne sait pas. Grand-père… n’aurait pas dû déjà s’en aller ? Pourquoi suis-je revenu ? »
Apparemment, le vieil homme avait parfaitement conscience de sa situation mais n’osait pas le dire directement.
Chi Yan invita son grand-père à s’asseoir sur le canapé. Il se leva et le rassura :
« Ne t’en fais pas, je vais trouver un moyen. »
Le vieil homme hocha plusieurs fois la tête.
« Grand-père n’est pas pressé, pas du tout pressé. Xiao Yan, prends le temps de réfléchir. »
Chi Yan examina lentement tout ce qu’il savait. Peu de temps après son retour, il avait appris en détail ce qui s’était passé au moment où son grand-père avait fait son malaise. Il se trouvait que son grand-père adorait le crabe mais il n’en mangeait pas souvent. Song Jin et Tao Juanjuan avaient acheté des crabes ce jour-là. Sachant que Chi Yan n’était pas là et qu’il n’y avait que l’aide à domicile pour s’occuper du vieil homme, ils avaient choisi exprès les deux plus gros et les avaient cuits pour le grand-père. Les crabes étaient encore chauds quand ils les lui avaient apportés. Le vieil homme avait été ravi. Il s’était tout de suite mis à table pour les savourer. Il garda la tête baissée et se concentra pour manger pendant plus de trente minutes, quand il s’effondra soudain.
On pouvait donc raisonnablement penser que le vieil homme était décédé sans la moindre douleur ou le moindre regret.
Au cas où, Chi Yan demanda au vieil homme :
« Grand-père, tu sais si tu t’inquiètes encore pour quelque chose ? »
Le vieil homme regarda les meubles sur le côté puis ramena son regard sur son petit-fils.
« Non. Xiao Yan est déjà grand, alors je ne vois pas ce qui m’inquiéterait encore. Tu dois juste prendre bien soin de toi à l’avenir. Et si tu fondes une famille, grand-père sera soulagé. »
Les yeux de Chi Yan devinrent rouges de nouveau, malgré lui.
« … Alors je vais tenter de te faire transcender à nouveau ? »
Cela pourrait nuire à sa vie future s’il restait trop longtemps dans le monde des vivants, et ce ne serait pas bien.
Le vieil homme hocha la tête.
Chi Yan avait naturellement quelques techniques simples pour faire partir les morts. Il s’attela à former un cercle magique de transcendance dans le salon et accomplit le rituel pour envoyer son grand-père vers sa nouvelle vie. Le vieil homme resta tranquillement assis sur le canapé.
Chi Yan sentit sa gorge devenir de plus en plus douloureuse. Après les décès consécutifs de sa grand-mère puis de sa mère, son grand-père et lui n’avaient plus que l’un l’autre pour compter dessus. Et là, il devait dire adieu pour la deuxième fois à la personne la plus proche de lui. Il ferma les yeux et tomba à genoux devant le cercle magique. Les larmes tombèrent sur le sol tandis qu’il récitait le mantra pour faire partir les morts. Il n’osait pas regarder son grand-père, de crainte que sa réticence et son attachement n’empêchent le vieil homme de se transcender. Une fois qu’il eut terminé le rituel, il se laissa complètement tomber par terre et se mit à pleurer.
Ce fut alors qu’il entendit la voix familière et légèrement perplexe du vieil homme :
« Xiao Yan, tu as fini ? »
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Chi Yan redressa la tête. Son grand-père était toujours assis bien droit dans le canapé. Il n’avait pas osé bouger jusque là, de crainte de le déranger dans son sort.
Chi Yan se releva, un peu gêné.
« … On dirait bien que c’est raté. Ne t’en fais pas, grand-père, tu n’as qu’à rester à la maison pour le moment. J’ai un ami très puissant, on n’a qu’à attendre qu’il revienne et qu’il se charge de te transcender. »
Dans le cœur de Chi Yan, le fait que son grand-père soit décédé était déjà acté. Il savait très bien que son grand-père n’était plus vivant mais qu’il devait juste rester ici temporairement sous cette forme pour une raison inconnue. Toutefois, il était totalement à l’aise après ce court moment passé avec lui. À ses yeux, grand-père restait son grand-père, sa famille.
« Ai, grand-père ne s’en fait pas. Laisse ton ami prendre son temps, ne presse pas les autres. »
Le vieil homme avait un très bon état d’esprit. Après un moment, il alla dans sa chambre pour se reposer comme d’habitude, conservant pleinement les habitudes qu’il avait de son vivant.
Chi Yan envoya un message à Ye Yingzhi pour lui demander de l’aide. Ye Yingzhi lui répondit de l’attendre, qu’il allait vite revenir et que tout irait bien pour le grand-père. Chi Yan n’eut cependant pas le cœur tranquille, alors il en profita simplement pour lire le carnet de notes que Ye Yingzhi lui avait donné.
Le lendemain matin, le vieil homme se leva tôt, comme à son habitude. À 7:30, il sortit pour faire sa gymnastique du matin.
Mais les choses n’étaient plus comme avant. Comme Chi Yan se faisait un peu de souci pour lui, il prit quelques talismans en papier jaune et suivit le vieil homme. Il le vit attendre avec la foule devant un feu de circulation, traverser le passage-piéton, passer deux carrefours puis arriver à un square dans le parc du quartier. Il y avait déjà quelques personnes âgées présentes. Quand son grand-père vit un visage familier, il s’avança pour le saluer mais se rendit alors compte que l’autre ne semblait pas le voir. Il parut se souvenir de quelque chose alors il se mit sur le côté en silence et se contenta d’observer les autres personnes âgées se dire bonjour et discuter.
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Après un moment, les personnes âgées se mirent sur quatre rangs et commencèrent à pratiquer le paidagong Une sorte d’art martial pour les personnes âgées. Cela consiste à tapoter certaines parties de son corps pour s’auto-masser. (1) avec des cris, sous la houlette d’un vieil homme. Le grand-père se plaça au dernier rang et suivit le rythme avec les autres.
Chi Yan observait tout ça tristement, caché derrière un kiosque, mais il n’osa pas laisser son grand-père découvrir sa présence. Il resta donc caché et regarda tout ça sans un mot. Il attendit jusqu’à presque neuf heures que les personnes âgées eurent fini leur gymnastique avant de suivre son grand-père qui rentrait. Quand ils ne furent pas loin de la maison, Chi Yan pressa le pas pour rentrer le premier et fit comme si de rien n’était.
Le lendemain, le grand-père se rendit à nouveau au parc pour faire sa gymnastique derrière les autres. Chi Yan le suivit en cachette tout le long du chemin jusqu’à ce que le vieil homme rentre sain et sauf.
Grand-père n’avait plus besoin de manger mais il parla beaucoup durant ces deux jours. Apparemment, il avait encore plein de choses à dire à son petit-fils. Comme l’un savait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps et que l’autre avait déjà perdu le premier une fois, la relation entre le grand-père et son petit-fils leur était particulièrement précieuse. Ce ne fut que là que Chi Yan se rendit subitement compte que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pris le temps de passer du temps avec son grand-père et de discuter avec lui.
Le troisième jour, il suivit de nouveau son grand-père pour la gymnastique du matin. Il resta assis sous le kiosque en faisait attention à ce qui se passait dans le petit square, comme les deux jours précédents. Cependant, alors qu’il était assis, il se rendit compte d’un problème ce jour-ci.
Cette fois, dès que le vieil homme mit le pied dans le square, quelques personnes âgées l’entourèrent avec animation et l’accueillirent avec enthousiasme. Grand-père resta planté là, clairement perdu, tout comme le premier jour où il avait vu Chi Yan chez eux.
Chi Yan quitta le kiosque avec précipitation pour se ruer vers lui. Quand il s’approcha, il put entendre plusieurs personnes âgées poser des questions du genre :
« Vieux Su C’est le nom de famille du grand-père maternel de Chi Yan. (2), pourquoi tu étais absent ces derniers jours ?
– Tu étais malade ? J’ai entendu dire que tu avais été hospitalisé, non ? »
Et ainsi de suite.
Chi Yan s’approcha rapidement de son grand-père et fit :
« Grand-père, rentre avec moi. Tu n’es pas en bonne santé alors tu ne devrais pas sortir. »
Ces sportifs du matin étaient tous des personnes âgés habitant dans le quartier près du parc et aucun d’entre eux n’était personnellement venu pour les funérailles du grand-père. Néanmoins, la ville de R était une petite ville. Il était possible que certains aient entendu dire que le grand-père était mort mais qu’en le voyant subitement, ils se mettaient à douter. Le mieux était de s’en aller au plus vite afin d’éviter des problèmes supplémentaires.
Dès qu’elles virent Chi Yan, les vieilles dames à côté s’écrièrent :
« Tu es donc le petit-fils du vieux Su.
– Tu es si filial. Vieux Su, rentre donc avec ton petit-fils et reviens quand tu seras en forme... »
Chi Yan sourit et répondit brièvement à l’enthousiasme des personnes âgées. Il se hâta de ramener son grand-père chez eux.
Une fois de retour, le grand-père lui lança un regard dubitatif.
« Xiao Yan, ah, comment ça se fait que le vieux Li et les autres ont pu me voir ? »
Chi Yan secoua la tête.
« Je n’en sais rien. Attendons que mon ami soit rentré. Il va certainement pouvoir résoudre ce mystère. En attendant, évite de sortir. »
Au départ, il avait pensé que lui seul pouvait voir son grand-père parce qu’ils étaient de la même famille et qu’il avait déjà vu des fantômes et des monstres en pratiquant le taoïsme. Mais d’un coup, tout le monde pouvait voir le vieil homme. Cela le perturbait vraiment. Il parcourut le carnet de notes laissé par Ye Yingzhi, sans parvenir à trouver une explication plausible.
Après le dîner, Song Jin vint lui rendre visite. Dès qu’il entendit sonner, le grand-père se réfugia dans sa chambre en fermant la porte.
Song Jin venait de sortir du travail. Dès qu’il entra, il fit mine de se rendre dans la chambre du grand-père afin de lui adresser une prière. Comment Chi Yan aurait-il pu le laisser entrer ? Après tout, il n’y avait aucun moyen d’expliquer la subite réapparition de son grand-père et le fait que tout le monde puisse le voir. Ce genre de choses, tout le monde ne pouvait pas forcément bien l’accepter. Alors Chi Yan trouva tant bien que mal une excuse et emmena Song Jin s’asseoir dans le salon.
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Song Jin allait bien. Cependant, il savait que Chi Yan était tout seul à la maison et que son grand-père venait juste de mourir. Alors il était venu discuter avec lui et demander des nouvelles juste après son travail. Quand il le vit en forme, il se sentit soulagé et commença à parler de sa dernière enquête.
Il prit une gorgée de thé et se lança :
« La Règle, tu vas me dire si tu trouves ça étrange ou pas. On a reçu récemment un signalement de disparition. C’est la femme qui est venue déclarer la disparition de son époux. Elle a dit que ça faisait deux jours qu’il n’était pas rentré et qu’elle n’avait pas réussi à le retrouver, quoi qu’elle fasse. Au final, on retrouvé le corps du disparu dans un hôtel. Mais selon les résultats de l’autopsie, il s’avère que l’homme est mort depuis sept jours. »
Note de Karura : Vous commencez à voir ce qui se passe ?
Notes du chapitre :
(1) Une sorte d’art martial pour les personnes âgées. Cela consiste à tapoter certaines parties de son corps pour s’auto-masser.
(2) C’est le nom de famille du grand-père maternel de Chi Yan.
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