Chapitre 9
Quelqu’un se bat ?
Curieux, Nigel se cacha dans les buissons et écouta ce qui se passait. En réalité, une personne était en train de crier sur une autre, unilatéralement fâchée.
« Je t’ai dit de bien faire ton boulot ! Qui sera blâmé si tu ne fais pas correctement le travail et que ça cause des ennuis, hein ?
– Non, je…
– Arrête de te chercher des excuses. Il n’y a rien à faire !
– C’est juste… juste que…
– Je t’ai simplement demandé de travailler pendant ton temps libre, mais as-tu pu faire ça correctement ? Tu cherches vraiment la mort, toi. »
Plutôt qu’un combat, il s’agissait plutôt d’un abus verbal qui se poursuivait.
La voix semblait un peu familière. Après avoir bien écouté, Nigel reconnut clairement le valet contre qui il s’était énervé l’autre fois. C’était le même qui durant les autres sessions s’était enfui avec des bijoux et s’était fait tuer.
Nigel n’avait pas reconnu tout de suite sa voix car il avait l’habitude de l’entendre sur un ton flagorneur et avec un sourire sur les lèvres. Le visage de Nigel se durcit en découvrant l’aspect horrible de quelqu’un qu’il avait gardé à ses côtés.
« Ne te montre pas si arrogant. »
Nigel se rapprocha un peu. Quand il vit le visage du valet, il reconnut bel et bien son domestique. Alors que cet adolescent avait quatre ou cinq ans de plus que Nigel, celui qu’il disputait semblait avoir le même âge que Nigel. Au départ, l’adolescent avait commencé par crier mais petit à petit, il avait levé la main pour faire mine de frapper l’autre.
C’était un peu rude. Nigel n’était pas censé se mêler des affaires de ses subordonnés, mais il ne pouvait pas laisser passer ça alors qu’il avait vu ce harcèlement unilatéral de ses propres yeux.
Au moment où il allait se montrer pour arrêter tout ça, Nigel se fit saisir le bras par quelqu’un. Quand il leva les yeux de surprise tout en reculant, il vit Inas à côté de lui.
« Restez ici, » fit calmement l’adolescent en sortant des buissons.
Quand Inas arriva dans cet endroit où le valet avait cru qu’il n’y avait que lui et l’autre, les éclats de voix s’arrêtèrent net.
« Ça suffit, » l’avertit tranquillement Inas.
Le Inas adulte faisait une bonne tête de plus que les autres, avait un corps musclé et une aura très glaciale autour de lui, comme une armure. Alors naturellement, il pouvait intimider les gens sans même avoir recours à la force…
Mais le Inas actuel était juste un larbin tout maigrichon et pitoyable, dont l’avenir était incertain à cause du rejet catégorique du jeune seigneur de la famille. Le valet, qui était bien au courant de la situation à force de servir Nigel, éclata d’un rire moqueur en le voyant.
« Qu’est-ce que je vois ? Un bâtard que le jeune maître ne peut pas voir essaie de me faire la morale ? »
Inas ne répondit rien. Le valet s’approcha de lui avec un regard féroce, puis il leva la main et le gifla.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il est cinglé ou quoi ?
Horrifié, Nigel surgit des buissons. Inas, qui s’était tenu immobile, se tourna vers lui pour le fixer d’un air chagriné, arborant le visage de la parfaite victime.
Le valet et le garçon inconnu furent très surpris de voir Nigel. Ce dernier fronça les sourcils et prit la main d’Inas pour le tirer derrière lui.
« Qu’est-ce que tu fais ?
– Jeune maître ! C’est…
– Tu as le front de gifler celui qui est venu au manoir pour devenir mon chevalier. Comment… »
Nigel, sur le point de lyncher verbalement l’autre sous le coup de la colère, se rendit compte que sa manière de parler ne correspondait pas du tout à un garçon de douze ans.
« Dans tous les cas, arrête tes bêtises, » termina-t’il maladroitement en jetant un regard noir au valet.
Il put percevoir une expression fugitive d’irritation passer sur le visage de l’autre.
« Jeune maître, je suis désolé. Je m’excuse de m’être montré aussi impoli envers Inas. »
Ses paroles et son expression avaient beau être respectueuses, Nigel avait clairement vu le mépris de ce valet envers lui. Croyait-il qu’il allait pouvoir se tirer de cette situation en amadouant aussi facilement un enfant ?
« Et si tu t’excusais aussi auprès de ce serviteur ?
– Quoi ? Mais…
– Excuse-toi. »
Il se pouvait que la relation entre le valet et l’autre garçon soit très mauvaise, car le valet hésita longuement. Cependant, à force que son regard passe de Nigel au garçon, il parut ne plus tenir le coup et se mit à s’excuser.
« Désolé. Ce n’est pas de ta faute si tu n’as pas su faire ce que je t’ai demandé. »
C’était une excuse teintée de ressentiment parce que c’était à contrecœur. Nigel ne s’embêta pas à souligner son attitude irrespectueuse, parce qu’il n’avait aucunement l’intention de lui pardonner son attitude méprisante de tout à l’heure. Nigel n’avait qu’à glisser un mot à son père pour que demain, ce valet soit viré du manoir sans même une lettre de recommandation. Ce serait bien fait pour lui.
Après avoir réglé cette affaire, Nigel prit la main d’Inas et fit demi-tour. L’adolescent ne fut pas trop surpris et le suivit.
Une fois qu’ils furent assez loin des deux autres, Nigel lâcha la main d’Inas et se tourna pour lui faire face. Inas lui souriait doucement.
« Nigel. »
Son expression était calme, comme s’il ne se rappelait pas de ce qui s’était passé la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Nigel lui jeta un regard noir, ignorant à quoi l’autre avait bien pu penser.
« Qu’est-ce que tu manigances ?
– Que voulez-vous dire ?
– Tu t’es laissé frapper à l’instant juste pour te moquer de moi ? Pourquoi tu n’as pas réagi ?! »
En voyant un Nigel si furieux, Inas cligna lentement des yeux, comme s’il ne s’était pas attendu à entendre ça.
« Désolé. Je comptais le tuer, mais j’y ai repensé et je me suis dit que vous seriez sans doute fâché.
– Tu pouvais te défendre sans le tuer. N’essaie pas de me faire croire que tu n’as aucun instinct de préservation.
– Vous étiez inquiet pour moi ? »
La voix d’Inas était aussi douce que des plumes. La colère de Nigel retomba aussitôt rien qu’en entendant cette voix qui le chatouillait.
« Arrête d’essayer de m’amadouer, parce que je n’ai pas envie de te voir.
– Alors que dois-je faire pour que le seigneur Nigel ait de nouveau envie de me voir ? »
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C’était difficile pour Nigel de répondre à la question honnête d’Inas. En fait, il avait été en route pour le voir avant tout ça. Inas s’agenouilla devant Nigel qui ne réagissait pas et tout naturellement, il lui prit la main pour déposer un baiser sur le dos.
« Mon cœur souffre le martyre quand le seigneur Nigel me rejette. »
Son visage était toujours recouvert d’une couche d’affection, aussi calme que jamais. Il était impossible de connaître la profondeur de ses émotions. Nigel fit de manière très impulsive :
« Tu souffres assez pour mourir ? »
À cette question extrême et complètement inattendue, Inas ouvrit de grands yeux, puis hocha la tête.
« Bien entendu. Si le seigneur Nigel me rejette, je n’ai plus aucune raison de vivre.
– Quel beau parleur. »
Reniflant avec incrédulité, Nigel retira sa main.
« Si tu penses vraiment ce que tu viens de dire, alors reste tranquille. Ne tue pas des gens, ne tente rien, vis simplement la vie tranquille d’un Inas de seize ans.
– Et si jamais vous courez un danger ?
– Le seul danger que je peux courir, c’est que tu me tues ! »
Après cette réplique cinglante, Nigel tourna les talons et partit.
Le lendemain, le valet qui s’en était pris au garçon fut aussitôt renvoyé. Nigel prit à son service le garçon qui avait été martyrisé, faisant de lui son valet exclusif.
Le nouveau valet se présenta dans la chambre de Nigel en arborant un air effrayé.
Ce garçon se nommait Danil. Nigel avait cru qu’il avait le même âge mais en fait, Danil avait quatorze ans, soit deux ans de plus que Nigel. Il était donc bien jeune pour être un domestique.
La mère de Danil avait travaillé dans le manoir de Magnus, tandis que son père était soldat. Mais tous les deux avaient perdu la vie suite à une attaque de monstres. Danil s’était donc retrouvé dans une pauvre situation où il n’avait nulle part où aller et pas d’autre choix que de venir travailler au manoir.
Il était devenu domestique il y avait deux ans. Apparemment, il avait partagé la même chambre que le valet qui venait de se faire renvoyer…
Cela avait dû être facile de tyranniser un enfant qui n’avait personne pour s’occuper de lui. On pouvait donc comprendre que Danil avait l’air effrayé une fois qu’on connaissait son passé.
« Je, je salue, le jeune maître…
– De quoi tu as si peur ? Redresse-toi, je ne vais pas te manger.
– Oui, oui… »
Nigel avait dit ça pour détendre le garçon apeuré, mais Danil eut encore plus peur.
« Ça te déplaît tant que ça d’être mon valet ? »
Face à la question que Nigel avait posé pour plaisanter, le nouveau valet secoua la tête en pâlissant.
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Nigel haussa les épaules, un peu gêné.
« Je demandais juste ça comme ça. Je me disais que tu n’avais peut-être pas eu le choix de venir, même si tu ne voulais pas.
– Oh, non. Comment aurais-je pu…
– Bien. Comment tu t’appelles ? »
Même s’il connaissait déjà son nom, Nigel demanda exprès pour se montrer amical.
« … C’est Danil.
– Vraiment ? C’est un nom Remadien. Tu viens de Remad ?
– Oui, ma grand-mère… venait de là-bas.
– Bien. Danil, ne sois pas aussi effrayé. Si tu fais bien ton travail, tu ne seras pas grondé comme avant. »
Danil prit un air anxieux en entendant ça.
« Vous n’allez vraiment pas me gronder ?
– Non. Après tout, ne suis-je pas quelqu’un qui a reçu une révélation de la part du divin Glarus ? Tu crois vraiment que je pourrais faire quelque chose de mal ? » fit Nigel tout en vérifiant la fenêtre d’informations du garçon.
Le niveau de foi de Danil était à un niveau comparable à celui d’un prêtre de haut rang alors quand il mentionna Glarus, le garçon hocha la tête avec soulagement.
Il y avait des moments où ce titre inutile pouvait s’avérer bien utile. Nigel sourit et fit :
« Alors je compte sur toi, Danil. »
Pendant un certain temps, tout se passa tranquillement et rien de bien important n’arriva.
Les hivers dans le duché de Magnus étaient rudes et alors que décembre s’approchait, la neige commença à tomber et à s’accumuler dehors. Cela devait très difficile de sortir. Il faisait si froid que les chevaliers durent s’entraîner à l’intérieur. Bien entendu, le fragile Nigel n’avait pas d’autre choix que de rester au manoir.
Danil et lui s’étaient peu à peu rapprochés. Le garçon avait encore un peu de mal avec lui, mais ce n’était plus comme au départ, quand il n’arrivait même pas à le regarder droit dans les yeux.
Sa relation avec Inas était toujours indéfinie. Il avait entendu dire que l’adolescent avait commencé son entraînement de chevalier. Cependant, il y avait un immense fossé entre un apprenti chevalier et l’héritier du duché. Nigel était toujours coincé dans sa chambre, alors il n’eut pas beaucoup l’occasion de le voir.
Cependant, il sentait que quelqu’un le regardait dormir la nuit ou bien caressait tendrement ses cheveux ou sa joue. Toutefois, Nigel était seulement à moitié conscient dans ces moments-là et ne se réveillait jamais.
Pendant ce temps, il faisait souvent des rêves qui lui montraient le passé sans la moindre enjolivure. En y repensant, ces rêves étaient toujours liés à des moments où il percevait la présence d’Inas.
Il avait voulu récupérer ses souvenirs en premier mais au bout du compte, cela voulait dire que c’était impossible tant qu’il continuerait à fuir Inas.
Il devait donc faire venir Inas à ses côtés.
Mais avant ça, Nigel décida de terminer la quête pour ressusciter Etna, ce qui le tourmentait depuis un moment. Il alla donc trouver son père.
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