Ancien Gods Sanctuary Épilogue

Épilogue


Hane Lath sortit de sa demeure, vêtue d'une somptueuse robe verte assortie à ses yeux. Ses longs cheveux noirs étaient tressés puis montés en chignon, le tout entremêlé de fils d'or. Elle n'avait guère besoin d'une couronne pour affirmer son statut de reine des déesses antiques, tout dans son maintien l'annonçait. À ses côtés se tenait Rhyll, aussi richement vêtu que possible pour un chevalier. Hane Lath prenait plus soin de son chevalier que les autres dieux, elle en avait bien conscience, mais quelque part, elle sentait qu'il l'avait amplement mérité. Bien qu'elle n'ait qu'un seul chevalier, elle n'aurait pas pu en espérer de meilleur ni de plus fidèle. Il n'était pas du niveau d'Éland — LA référence parmi les chevaliers — mais il compensait par d'autres qualités.


« Dépêche-toi, ma chère, lança-t'elle derrière elle, ou nous allons être en retard !

– Nous ne serions pas en retard si nous pouvions nous transporter directement là-haut, fit une voix féminine sur le pas de la porte.

– C'est une marque de respect, expliqua patiemment Hane Lath pour la dix milliardième fois.

– Je crois plutôt que ça les amuse de nous voir monter jusqu'à eux à pied, tels des mortels ! »

Hane Lath secoua la tête en souriant. Elle savait que sa compagne n'était pas sérieuse quand elle disait cela.

« Père et Myst Nail ont d'autres amusements, fit-elle.

– Hmm… »



L'autre femme sortir à son tour. Ses longs cheveux blonds retombaient librement sur ses épaules — elle préférait la simplicité — et s'accordaient à merveille avec sa robe de soie mauve. Ses yeux bruns pétillaient de malice. Elle prit le bras de sa compagne en riant.

« Bah, un peu d'exercice nous fera du bien, concéda-t'elle. Et puis, c'est amusant de marcher !

– Tu vois bien qu'il est inutile de te plaindre, Gilé Dan. »

La déesse rit à nouveau. Ses deux chevaliers, Lufis et Ménalis, la suivirent.

« En plus, reprit Gilé Dan, nous sommes les plus proches, avec Zeus et Héra.

– C'est le privilège d'être les souverains, » nota Hane Lath.


Gilé Dan lui vola un rapide baiser.

« Quelle modestie ! » la taquina-t'elle.

Hane Lath eut un sourire amusé. Gilé Dan et elle étaient vraiment bien accordées. Les défauts de l'une étaient compensés par les qualités de l'autre, comme si elles étaient deux moitiés d'un tout. Depuis plus de vingt mille ans qu'elles étaient ensemble, elles formaient une excellente équipe à la tête des dieux antiques, sans parler de l'amour qu'elles éprouvaient l'une pour l'autre.


Elles traversèrent les jardins pour gagner l'allée principale qui parcourait tout Olympias de la base au sommet et qui séparait en deux le quartier des dieux antiques de leurs homologues grecs. Les sphères lumineuses flottaient de chaque côté de l'allée pavée, illuminant le chemin qui montait à la demeure des deux souverains absolus : Shao Paï et Myst Nail. Sur la route, les deux déesses croisèrent d'autres convives.

« Tu vois que nous ne sommes pas en retard, nota Gilé Dan en donnant un coup de coude à sa compagne.

« En tant que reines, nous devrions être parmi les premiers afin d'accueillir les nôtres. »

Hane Lath n'en démordait pas.


Gilé Dan se tapota le menton d'un doigt fin.

« Non, c'est plutôt à eux d'être là en avance et de nous accueillir, je trouve. Et si on leur imposait la génuflexion ? Ce serait amusant ! »

Hane Lath ne put s'empêcher de sourire à cette idée. Gilé Dan pouvait donner l'impression de plaisanter mais elle pouvait aussi très sérieusement envisager la chose.

« Pas besoin de ça, fit-elle. Les génuflexions des mortels me suffisent amplement. »


Comme tout dieu qui se respectait, Ha ne Lath, déesse de la musique, avait ses adorateurs un peu partout dans le monde. Il fallait dire que tous les mortels dansaient, et que la danse et la musique étaient donc associées aux festivités, quelle que soit la culture. De ce fait, Hane Lath n'avait eu aucun mal à monter son culte au début et il perdurait aisément. Gilé Dan, elle, représentait les récoltes donc ses fidèles étaient aussi très nombreux. Ils la priaient pour retarder les gelées, faire venir la pluie (en compétition avec Esté Fin) et pour que les récoltes soient abondantes. Des fois elle répondait à leurs prières, des fois non. Le secret était de bien faire comprendre aux mortels que les dieux ne devaient pas être tenus pour acquis et qu'il ne fallait donc jamais se relâcher dans les prières et les offrandes.


~*~

Le chemin n'étant pas bien long, les deux déesses et leurs chevaliers arrivèrent bientôt dans les jardins de l'imposante demeure des rois des dieux. De par sa taille, elle dépassait les autres maisons d'Olympias. Des lucioles étaient rassemblés dans les jardins, éclairant le chemin pour les invités. Quand Hane Lath et Gilé Dan entrèrent dans la salle de réception, elles furent éblouies par l'opulence et le soin apporté à chaque détail. Des plats magnifiques et variés trônaient sur de grandes tables recouvertes de nappes en soie blanche brodée d'argent. Une immense fontaine occupait le centre de la pièce mais c'était du vin exquis qui en jaillissait, si bien que les dieux n'avaient qu'à tendre leur verre de cristal le plus pu pour se servir. Dionysos s'était déjà accaparé une place juste à côté, comme par hasard. Pour compléter le tout, une musique harmonieuse résonnait dans toute la salle, bien qu'aucun musicien ne soit en vue.


Les deux reines saluèrent leurs compagnons déjà arrivés, ainsi que les dieux grecs, quoique avec plus de circonspection. Père aimait prôner le rapprochement des deux clans — soutenu par Zeus et Myst Nail — mais dans le fond, ce ne serait plus drôle s'ils étaient tous unis. Que deviendrait alors la compétition qui avait lieu tous les cinq cents ans et où le vainqueur pouvait demander n'importe quelle faveur à Père ? Hane Lath se rappelait de l'unique fois où elle avait gagné : elle avait demandé à Père de lui créer une boîte.

« Voici la boîte de Pandore, avait-il dit. C'est un objet qui peut être très dangereux si tu t'en sers mal. Cette boîte peut libérer un fléau terrible sur le monde et nous priver de tout espoir.

– Suis-je vraiment digne de la garder, alors ? » s'était inquiétée la déesse.

Père lui avait souri avec affection.

« J'en suis sûr, » avait-il affirmé.

Et en effet, elle n'avait jamais fait un mauvais usage de la boîte. D'ailleurs, quand s'en était-elle déjà servie ? Impossible de s'en rappeler…


« Hane Lath, Gilé Dan ! les interpella soudain Zeus. Vous êtes toutes les deux resplendissantes ! »

Le roi des dieux grecs était lui-même vêtu d'une riche tunique courte bleu nuit bordée d'or. Hane Lath fixa ses cheveux noirs et dissimula une léger sourire en voyant une couronne de lauriers les surmonter. Zeus semblait avoir besoin d'affirmer sa position de souverain. À ses côtés, Héra était vêtue d'une robe lilas et ses cheveux noirs étaient retenus en un chignon qui rivalisait de complexité avec celui d'Hane Lath. Ses yeux multicolores étudièrent également les tenues des deux autres reines. Cela parut lui convenir car elle ne fit aucun commentaire désobligeant — ce dont elle ne se serait pas privée s'il y avait eu le moindre défaut à critiquer !


« Zeus, fit Gilé Dan en lui tendant sa main, Héra, nous sommes ravies de vous revoir. »

Zeus baisa la main sans la quitter des yeux, une étincelle de malice les illuminant. Gilé Dan s'étonna de voir que ce moment devenait un peu trop long, à la limite du gênant. Certes, Zeus avait une réputation de coureur mais il n'était quand même pas en train de lui faire du charme sous le nez de leurs compagnes respectives, quand même ?!

« La soirée s'annonce très divertissante, » intervint Hane Lath en tendant la main à son tour, histoire de faire passer un message.


Zeus s'arracha à la contemplation de Gilé Dan pour lui baiser la main.

« Comme toujours, fit-il d'un ton innocent. Père adore nous voir tous ensemble.

– Il ne prépare pas quelque chose, par hasard ? » s'enquit Hane Lath.

Elle obtint un sourire amusé en réponse.

« Père prépare toujours quelque chose, déclara-t'il. Mais pour ce soir… non, ce soir, je pense qu'il veut simplement fêter le fait que nous soyons tous réunis. »

Gilé Dan roula des yeux.

« Nous sommes toujours réunis, fit-elle. Il faudrait faire la fête tous les jours, dans ce cas ! »


Ce qui ne dérangerait pas certains, se dit-elle en tournant la tête vers Dionysos qui faisait goûter le vin de la fontaine à Hermès et Bel Then. Nul doute que le dieu de la vigne appréciait les fêtes et se moquait bien des clans et des rivalités. D'ailleurs, comme récompense pour la compétition qu'il avait remportée une fois, il avait demandé à Père une coupe de vin qui se remplissait toute seule — une Corne d'Abondance pour ivrogne, en quelque sorte ! Dionysos clamait à qui voulait l'entendre qu'il la remplissait plus souvent d'eau que de vin mais allez savoir pourquoi, les autres dieux avaient bien du mal à le croire.


Rapidement, tous les dieux furent présents. Les conversations allaient bon train jusqu'au moment où l'un des dieux s'exclama :

« Regardez, c'est Éland ! »

Le chevalier se tenait en effet au pied du grand escalier, discret et efficace comme à son habitude. Les autres chevaliers ne cachèrent pas leur admiration : par sa droiture et sa totale dévotion envers son maître, Éland représentait leur idéal, la perfection qu'ils ne pourraient jamais qu'approcher. Mais ils n'étaient pas jaloux, ils ressentaient seulement l'envie de lui ressembler le plus possible. Les dieux mêmes reconnaissaient ses qualités exceptionnelles mais en même temps, il était bien normal que Père ait droit à la crème des chevaliers, non ?


Ayant attiré l'attention de tous, le chevalier fit un quart de tour pour présenter l'escalier de marbre blanc et annonça d'une voix claire, tandis que la musique s'arrêtait :

« Mon maître et maître Myst Nail. »

Les deux dieux descendirent lentement les marches, les yeux braqués sur eux. Shao Paï était vêtu d'une simple tunique bleu pâle sans ornement fantaisiste, car il n'en avait nul besoin pour irradier de magnificence. Myst Nail portait une tunique noire sans ornement lui aussi, pour les mêmes raisons. Il se trouvait un pas derrière Père, comme à son habitude.


Devant la présence imposante de Père, certains dieux s'agenouillèrent, imités par leurs chevaliers. Rares furent ceux qui restèrent debout : Zeus, Hane Lath, Dionysos, Athéna et Bel Then. Père avait bien précisé qu'il n'exigeait nullement cette marque de révérence, pourtant les autres dieux le faisaient pourtant systématiquement. D'habitude, Père les faisait relever bien vite mais là, on aurait dit qu'il prenait le temps de les regarder un par un avec un sourire radieux. Hane Lath croisa son regard argenté et combattit le besoin de s'agenouiller comme les autres. Elle ignorait pourquoi elle luttait, il n'y aurait rien d'humiliant dans tout ça, mais elle y tenait. Le visage de Père s'attendrit en la voyant et elle ne put que sourire, tout sentiment de lutte disparaissant aussitôt.


« Mes chers enfants, fit Père, nous sommes ravis de vous accueillir tous ce soir. Fêtons le bonheur d'être ensemble et de ne former qu'une seule famille. »

Répondant à un signal invisible de sa part, la musique reprit et l'instant formel fut passé. Les dieux se relevèrent et reprirent leurs conversations. Tous pouvaient ressentir la joie qui émanait de Père et son amour pour eux, et ils baignaient dans cette lumière. Shao Paï et son compagnon se dirigèrent d'abord vers les quatre souverains. Zeus s'avança à sa rencontre.

« Quelle brillante entrée, Père ! fit-il avec trop d'enthousiasme. Comme toujours, se força-t'il à rajouter.

– Merci, Zeus, » répondit Shao Paï d'un ton plus naturel.


Le dieu grec se tourna ensuite vers Myst Nail qui l'observait d'un air renfrogné. Il lui offrit un grand sourire en retour et lui tendit l'avant-bras. Après un bref moment d'hésitation, l'autre dieu fit de même et ils se saluèrent ainsi. Zeus alla même jusqu'à tapoter familièrement l'épaule de Myst Nail, sans craindre pour sa vie.

« Nous pouvons être fiers de Shao Paï, lui fit-il avec un sourire complice.

– Je le suis toujours, répliqua Myst Nail en roulant des yeux.

– Bien sûr, bien sûr ! » s'esclaffa l'autre dieu en le lâchant enfin.


Entre-temps, Shao Paï s'était avancé vers les déesses. Après un salut chaleureux vers Héra qui lui répondit poliment mais brièvement, il se tourna vers Hane Lath et Gilé Dan, et son sourire s'élargit.

« Père, le salua Gilé Dan avec un sourire ravi, cette soirée s'annonce très divertissante !

– Oui, ma fille. Comment vas-tu ? »

Cette question parut la prendre au dépourvu mais en même temps, c'était Père ! Personne ne pouvait prétendre comprendre sa pensée, sauf Myst Nail, bien entendu.

« Très bien, Père. J'ai l'intention de m'amuser.

– N'hésite pas. le rôle de souveraine peut être parfois difficile, alors profite de toutes les occasions pour te changer les idées. »


Gilé Dan fit la moue.

« Oh, alors pas d'intentions cachées pour cette fête ? le nargua-t'elle. Me voilà un peu déçue… »

Il éclata de rire.

« Non, ce soir… ce soir, on s'amuse tous ensemble ! »

Il se tourna ensuite vers Hane Lath qui lui rendit son sourire, quoiqu'un peu nerveusement, sans savoir pourquoi.

« Et toi, Hane Lath, tout va bien ? s'enquit-il. Tu es heureuse ? »

Elle croisa le regard brun de Gilé Dan et leurs mains se trouvèrent automatiquement.

« Oui, Père, très heureuse.

– Excellent ! »


Myst Nail les rejoignit avec Zeus. Si Gilé Dan se sentait moins à l'aise en présence du compagnon de Père, Hane Lath trouvait au contraire qu'il avait quelque chose de réconfortant. C'était étrange de penser cela mais il lui évoquait une impression de sécurité. Gilé Dan éclatait de rire à chaque fois qu'elle lui faisait part de cette sensation.

« Myst Nail, fit-elle en lui tendant la main.

– Hane Lath, répondit-il en la baisant. Je suis content de te voir. »

Elle lui sourit. À ses côtés, Gilé Dan passa un bras autour de sa taille en un geste naturel.

« Moi aussi, fit la déesse de la musique. Shao Paï s'est surpassé dans la décoration cette fois ! »

Myst Nail lança un regard amusé à son compagnon.

« Il adore ça, » fit-il avec un léger sourire.

Hane Lath put voir dans son regard tout l'amour qu'il ressentait. Elle eut un sourire attendri. Le lien qui unissait Shao Paï et Myst Nail était plus fort que n'importe quel autre couple. Il allait bien au-delà des mots, c'était… comme une loi de l'Univers !


~*~


« Pff, ça en fait du monde, » souffla Shao Paï une heure après.

Myst Nail et lui s'étaient isolés sur un balcon, profitant de l'air frais de la nuit. Aucun dieu ne s'approcherait sans leur permission.

« Il va falloir t'y habituer, fit Myst Nail. Après tout, Père est censé recevoir très souvent, à ce que j'ai compris.

– Mouais, j'aurais peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de leur implanter ce souvenir… Mais bon, je suis content de tous les voir. Tu as vu Hane Lath et Gilé Dan  ;? Elles étaient rayonnantes ! »


Myst Nail eut un léger sourire.

« Hane Lath est métamorphosée, nota-t'il, parce qu'elle a retrouvé sa personne spéciale.

– Je peux la comprendre, » fit doucement Shao Paï.

Myst Nail se pencha pour l'embrasser tendrement. Il n'avait toujours pas digéré ces vingt mille ans de séparation, même si seul Shao Paï les avait vécus. Le dieu argenté lui caressa la joue en souriant.

« Zeus a bien travaillé aussi pour créer les deux chevaliers de Gilé Dan. La pauvre se serait sentie exclue sans eux !

– Zeus peut créer uniquement grâce à toi, rectifia Myst Nail.

– Arrête d'être jaloux, » fit Shao Paï en lui tapotant le nez.

L'autre dieu ne dit rien mais il semblait que ce sentiment ne passerait jamais.


« Par contre, reprit Shao Paï d'un air plus sombre, ce rôle de Père a dressé une barrière entre moi et les autres, comme je le pressentais. Je le regrette un peu.

– Il y a toujours eu un fossé entre les autres et toi, précisa Myst Nail. Même avant, tu te tenais à l'écart.

– Moui, mais c'était de mon propre choix. Ce n'est pas pareil… »

Myst Nail l'observa un moment puis comprit :

« C'est l'adoration que tu n'apprécies pas. »


Le dieu argenté fit une grimace.

« Tu as bien vu quand on est arrivé : ils se sont tous agenouillés !

– Pas tous.

– Quasiment tous. Ça m'a rappelé… Père.

– Tu n'es pas lui. C'est lui qui essayait d'être toi. »

Shao Paï s'adossa contre la rambarde, le vent nocturne jouant avec ses cheveux courts argentés.

« Je sais, je sais, mais j'ignore combien de temps encore je vais pouvoir endosser ce rôle.

– Cela ne fait qu'un jour.

– C'est bien ce que je dis ! »


Effectivement, ce n'était que la veille que Shao Paï avait implanté les nouveaux souvenirs aux dieux, réécrivant ainsi toute l'Histoire sans mettre la réalité en danger. Le but de cette soirée était avant tout de tester les souvenirs, de repérer d'éventuelles incohérences ou d'autres oublis. Pour le moment, Shao Paï n'avait rien décelé de tel en discutant avec les dieux. Ces derniers ne semblaient pas se douter un seul instant que leurs souvenirs avaient été modifiés. D'un autre côté, il fallait dire aussi que Shao Paï avait fait un excellent travail.


« Zeus m'inquiète, reprit Myst Nail. Comme je le craignais, il est incapable de garder un secret. »

Vu le comportement du dieu face à Gilé Dan ou à lui-même, Shao Paï ne put qu'acquiescer. Il voulut néanmoins le défendre un peu :

« Tu sais qu'il est exubérant, ce n'est pas nouveau.

– Mais son comportement va finir par attirer les soupçons ! »

Le dieu argenté haussa les épaules.

« Je n'en suis pas sûr. Après tout, il a bien su garder pendant vingt mille ans le secret que j'étais Père.

– Parce que tu appelles ça garder un secret ?! s'indigna son compagnon. Il a tout fait pour te le faire comprendre, c'est juste toi qui ne voulais pas t'en rappeler ! »

Shao Paï éclata de rire.


Loin de trouver cela amusant, Myst Nail poursuivit :

« Il vaudrait mieux… »

Shao Paï leva une main pour couper court à sa suggestion.

« Non, je ne changerai pas ses souvenirs. J'ai donné ma parole ! »

Myst Nail soupira.

« Ce serait pourtant plus sûr. »

Shao Paï passa les bras autour de sa taille et l'attira contre lui avec un sourire amusé.

« Oh allons, Myst Nail, la vie serait bien ennuyeuse s'il n'y avait pas un soupçon de danger !

– Je préfère l'ennui, répliqua l'autre dieu de façon prévisible.

– Rabat-joie ! le taquina son compagnon. Dommage pour toi, moi je préfère l'imprévu ! »


Ils sentirent une présence à l'entrée du balcon.

« Quand on parle du loup, » soupira Myst Nail.

Shao Paï sourit et autorisa Zeus à les rejoindre.

« Désolé de vous déranger, les amoureux, fit le dieu avec un grand sourire, mais je discutais avec Hane Lath et je me suis rendu compte que, dans ses souvenirs, vous n'êtes plus les dieux du mal et de la destruction. Tu as changé ça aussi, Père ? »

Le dieu argenté acquiesça.

« Oui, ces titres ne correspondaient plus à notre nouveau statut. Ce n'est qu'un détail, je n'ai pas pensé à t'en parler.

– Pas de problème, et rassure-toi, je n'ai pas commis de gaffe ! Quels sont vos nouveaux titres alors ?

– Eh bien… »


Les deux dieux échangèrent un rapide regard.

« J'avais proposé le dieu de la Lumière et le dieu des Ténèbres, » fit Myst Nail.

Shao Paï ne cacha pas sa grimace.

« Autant dire le dieu du Bien et celui du Mal, critiqua-t'il de nouveau. Il était hors de question de que le titre de Myst Nail ait une connotation négative !

– Nous sommes opposés pourtant, constata l'autre dieu. Difficile de l'éviter. »

Shao Paï croisa les bras avec détermination.

« Ce n'est pas une raison ! »


Zeus intervint pour recentrer la conversation.

« Alors, vos titres ? »

Shao Paï le regarda avec circonspection.

« Nous avons décidé que je serai le dieu du Temps et Myst Nail le dieu de la Terre. »

Zeus réfléchit un moment avant d'éclater de rire.

« Chronos et Rhéa ! fit-il. Je suis ravi que mon récit vous ait inspiré !

– Ça n'a rien à voir ! protesta Shao Paï. C'est parce que j'ai voyagé dans le temps et que Myst Nail s'est bâti une demeure sous terre !

– Tu peux dire ce que tu veux, renchérit Zeus avec joie, je connais la vérité ! »


Myst Nail secoua la tête.

« Je t'avais dit qu'il réagirait comme ça, fit-il à son compagnon.

– C'est bon, ça lui passera, » répondit ce dernier.

Le dieu du ciel leur adressa un immense sourire.

« Bon, Père, Mère, et si nous allions rejoindre les nôtres ? »

Myst Nail se retint de répliquer, mais il était clair qu'il n'appréciait pas le nouveau surnom que venait de lui donner Zeus. Shao Paï, lui, masqua un léger rire et prit le bras de son compagnon.

« Oui, fit-il, allons rejoindre les nôtres. »

Fin.


Note de Karura : Cette histoire s'achève. Merci à tous de l'avoir lue jusqu'au bout. J'espère qu'elle vous a plu !






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