Chapitre 5 : Le Seigneur des Terres Sauvages
Une main chaude et douce recouvrit les yeux de Xu Xingzhi, bloquant sa vision.
« … Grand frère martial, tout va bien. »
Meng Chongguang leva son autre main et l'araignée formée à partir du pouvoir spirituel explosa soudain en cendres qui s'envolèrent.
Il saisit entre ses doigts le filament de pouvoir spirituel que Zhou Beinan n'avait pas eu le temps de retirer. Il poussa sa paume en avant.
En dehors de la tour, des milliers de lianes surgirent de nulle part pour s'enrouler autour de Zhou Beinan et l'attirer dans le sol, avant même qu'il ne puisse réagir.
Zhou Beinan devint effrayé et furieux :
« Meng — »
Une liane lui bloqua la bouche en un mouvement décidé.
Bientôt, il ne resta plus que sa tête qui sortait du sol.
Lu Yujiu posa la lance fantôme qu'il venait de réparer à plat sur la tête de Zhou Beinan. Il s'assit un peu plus loin et lâcha d'un ton dédaigneux :
« C'est toi qui as cherché les ennuis, alors tu l'as bien mérité. »
Zhou Beinan : « … »
Il fallut un bon moment à Xu Xingzhi pour se remettre de ses émotions. Clignant des yeux, il demanda :
« Elle est morte ? »
… Le contact de ses cils sur la paume de la main de Meng Chongguang était délicat.
Le jeune homme retira sa main et passa un bras autour de la taille de Xu Xingzhi. Il caressa gentiment le front de l'autre jeune homme du revers de sa main en faisant :
« … Grand frère martial, ne t'en fais pas. Tout ce qui te dérange sera tué. »
De la sueur froide coula le long du dos de Xu Xingzhi. Il avait l'impression bizarre que ces paroles avaient un sens caché. Il desserra les jambes et sauta de Meng Chongguang. Il ressuya ses paumes moites et feignit la nonchalance.
« J'ai vraiment eu la trouille. »
Il ignorait quel était le tempérament du vrai Xu Xingzhi avant mais puisqu'il était le numéro un, il ne devait sûrement pas avoir autant peur des insectes que lui.
Il lança un regard discret à Meng Chongguang pour observer sa réaction.
Ce dernier sourit et prit la chaîne de Xu Xingzhi dans une main.
« C'est bon, grand frère martial n'a pas à être gêné. Tu te rappelles la fois où tu as pris peur à cause des vers de Gu et que tu as fait exploser l'autel du clan des Revenants ?
– … »
Je ne m'en souviens pas, je n'en ai jamais entendu parler, c'est vraiment trop la honte, adieu.
À présent que la crise était réglée, Xu Xingzhi se rendit compte que leurs positions étaient des plus ambiguës. Face à une telle beauté, c'était vraiment tentant. Cependant, il n'était pas confus au point d'en oublier le ressentiment du propriétaire d'origine de ce corps envers le méchant en face de lui.
Il repoussa Meng Chongguang et fit d'un ton glacial :
« Merci. »
Dès qu'il eut fini de parler, Meng Chongguang tira sur la chaîne sans hésiter. Xu Xingzhi perdit l'équilibre et se cogna la tête contre le torse de l'autre jeune homme.
Un peu assommé par le choc, il releva la tête pour fixer Meng Chongguang et demanda :
« … Tu fais quoi là ? »
L'autre jeune homme l'ignora et s'adressa à Zhou Wang :
« Sors. »
Zhou Wang, qui avait assisté à tout le spectacle depuis un moment, bondit du lit. Avant de partir, elle referma soigneusement la porte pour leur laisser leur intimité.
Xu Xingzhi regrettait de ne pas avoir eu plus d'informations de sa part. Il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la porte.
Les yeux de Meng Chongguang devinrent aussitôt perçants.
« … Grand frère martial, tu la trouves jolie ? »
D'après le tempérament vulgaire de Xu Xingzhi, s'il devait dire la vérité, ce serait par exemple :
« Tu es bien plus beau qu'elle. Si tu n'avais pas une queue plus grosse que la mienne, c'est toi que je prendrais pour épouse. »
etc.
Mais étant donné que le moment était mal venu, il dut continuer à feindre l'indifférence glaciale :
« … Arrête tes histoires.
– Mes histoires ? »
Meng Chongguang pinça soudain les joues de Xu Xingzhi. En quelques instants, le visage du jeune homme devint douloureux mais ce fut les yeux de Meng Chongguang qui devinrent brillants de larmes :
« … Combien de temps encore grand frère martial va-t'il me faire la tête ? Combien de temps encore vais-je être puni ? »
Putain, fils de lapin ! Après avoir trompé le maître et anéanti les ancêtres Avoir commis un grand crime contraire à la morale. (1), je n'ai même pas pleuré. Alors pourquoi tu pleures maintenant ?
Xu Xingzhi avait très mal à force de se faire pincer les joues alors bien entendu, son regard n'était pas très amical. Il attrapa le col de Meng Chongguang de sa main gauche captive avec du mal et s'écria d'un ton furieux :
« Meng Chongguang ! »
Le jeune homme en resta choqué. La lueur dans ses yeux prit une teinte chagrinée un moment avant qu'un brasier ne la remplace.
Très vite, Xu Xingzhi se fit mordre à la clavicule.
C'était une morsure, une vraie de vraie. Xu Xingzhi sentit des picotements dans son cuir chevelu et les larmes coulèrent sur ses joues.
Meng Chongguang, qui venait d'être promu de fils de lapin à fils de chien, fit d'un ton rempli d'espoir :
« … Grand frère martial, prononce mon nom encore une fois, dis. »
Ses yeux brûlants menaçaient d'embraser Xu Xingzhi.
Bien qu'il ne soit pas certain de la nature des sentiments de Meng Chongguang pour le vrai Xu Xingzhi, afin de se débarrasser de lui, Xu Xingzhi réprima ses doutes intérieurs et le réprimanda froidement :
« Meng Chongguang, si tu me considères toujours comme ton grand frère martial, alors ne me garde pas enchaîné ici. Je t'ai sauvé la vie aujourd'hui, c'est comme ça que tu remercies ton sauveur ? C'est comme ça que je t'ai élevé ? »
Meng Chongguang se ressaisit aussitôt. Il le lâcha et s'agenouilla devant lui.
« Non, grand frère martial. Je-je sais que j'ai eu tort… »
Xu Xingzhi songea en lui-même : Okay, cette fois j'ai compris. Ce garçon est une girouette qui a besoin d'être dirigée..
Pendant qu'il songeait ainsi, Meng Chongguang releva légèrement la tête et argua :
« … Mais grand frère martial, les Terres Sauvages sont vraiment dangereuses. Si je t'ai enfermé dans cette chambre, c'est parce que j'avais peur que tu n'ailles dans les environs et qu'il t'arrive quelque chose. Chongguang ne peut plus perdre son grand frère martial. Je ne veux plus prendre le moindre risque… »
Xu Xingzhi avait toujours été faible face à la beauté, sans parler du visage malheureux sous ses yeux.
Pendant un moment, il ressentit même une bouffée d'amour paternel dans son cœur que rien ne pouvait arrêter. Il se consola alors en se disant qu'il avait été mordu par son chiot.
Xu Xingzhi inspira profondément et marchanda avec lui :
« Mais je ne peux pas rester enfermé dans cette chambre toute la journée, c'est encore pire que de rester en prison. »
Bien que les Terres Sauvages elles-mêmes étaient une immense prison, au moins elles étaient assez vastes.
Meng Chongguang réfléchit un moment puis concéda avec réticence :
« … Alors grand frère martial peut aller se promener dans la journée mais tu ne dois pas t'éloigner de la tour et tu dois revenir le soir… »
Bien que ce n'était pas grand-chose, c'était tout ce qu'il pourrait obtenir aujourd'hui comme concession, alors Xu Xingzhi n'était pas trop mécontent.
Quand il hocha la tête en réponse, Meng Chongguang lui sourit enfin un peu. L'instant d'après, il souleva Xu Xingzhi dans ses bras.
Ce dernier en fut stupéfait. Afin de garder l'équilibre, il ne put que passer ses bras autour du cou de Meng Chongguang.
« Qu'est-ce que tu fabriques ?
– Grand frère martial, c'est déjà la nuit, » répondit l'autre d'un ton très sincère.
Xu Xingzhi regarda par la fenêtre à croisillons et pour lui, le ciel dehors était le même qu'avant.
Meng Chongguang répondit pour lui :
« Le jour et la nuit se ressemblent dans les Terres Sauvages. Mais je t'assure que c'est vraiment la nuit maintenant.
– … »
Comme si j'allais te croire, petit vilain.
Meng Chongguang le porta jusqu'au lit et le supplia :
« Grand frère martial, permets à Chongguang de dormir avec toi, dis. »
Xu Xingzhi savait que cela ne servirait à rien de refuser. S'il se montrait un peu trop dur dans ses propos, il risquait de voir Meng Chongguang en larmes, comme s'il l'avait terriblement fait souffrir.
Alors il ferma simplement les yeux et roula de l'autre côté du lit pour laisser de la place à Meng Chongguang.
Tout joyeux, ce dernier se mit au lit et tira la couverture d'abord sur Xu Xingzhi avec mille précaution. Ensuite il n'occupa qu'une toute petite partie du lit sur la couverture dont il replia un bord sur lui. Il s'endormit ensuite paisiblement.
Xu Xingzhi, lui, ne trouva pas le sommeil. Il tourna et se retourna longuement avant de finalement se tourner vers l'autre occupant du lit.
Après que toutes sortes de pensées aient défilé dans ses yeux, Xu Xingzhi cala la chaîne dorée dans sa main droite afin d'éviter qu'elle ne fasse du bruit. En même temps, il dégaina lentement la dague à sa ceinture de sa main gauche.
Il pointa la lame vers le bas et visa le centre du front de Meng Chongguang.
… Tout pouvait être résolu d'un seul coup.
Il pourrait sortir de ces fichues Terres Sauvages et retourner chez lui, auprès de son père et de sa petite sœur. Tant qu'il renonçait à continuer à écrire cette histoire, il pourrait dire adieu à ce monde pour toujours.
Cependant, Xu Xingzhi avait le sentiment que tout ce qu'il voyait avait un côté étrange et inexplicable.
C'était normalement un monde fictif de sa propre invention mais après y être resté juste une journée, Xu Xingzhi avait déjà le sentiment que c'était bien réel et concret.
Ces personnages n'étaient plus des pantins couchés sur le papier. Ils étaient faits de chair et de sang, ils pouvaient bouger et rire, ils pouvaient s'indigner et se fâcher, il pouvaient jouer des tours et même être plein de tendresse.
… Y compris Meng Chongguang.
Il avait l'air au premier abord d'un fils de chien mal élevé mais quand il avait pris Xu Xingzhi dans ses bras, quand il lui avait couvert les yeux, et même en ce moment, il avait une température corporelle tiède et apportait un sentiment chaleureux.
Pour Xu Xingzhi, le mieux serait sans doute de se décider et d'agir rapidement. Cependant, le sentiment de voir ses personnages prendre vie était trop complexe. Xu Xingzhi ne parvenait pas à se convaincre que celui qu'il voulait tuer n'était qu'un personnage de roman.
Il eut un rire d'auto-dérision et rangea sa dague. Il ferma les yeux et se rallongea alors.
… Il n'était pas le vrai Xu Xingzhi. Il n'avait pas eu l'expérience de la haine car l'autre avait tué leur maître ou de la peine de s'être fait retirer ses racines spirituelles. Du coup, il était difficile pour lui d'éprouver vraiment de la haine pour Meng Chongguang.
Au contraire, il avait même un peu d'affection pour lui.
Meng Chongguang était un être vivant qui était sorti de ses rêves pour être couché sur papier et à présent, il était venu à lui pour de bon.
Xu Xingzhi devait trouver une autre raison pour le tuer sinon, pardon mais il ne pouvait pas le tuer comme ça.
Après que Xu Xingzhi ait rangé la dague, réglé le problème qui pesait sur son esprit et se soit endormi, Meng Chongguang ouvrit lentement les yeux.
Ses yeux se fixèrent sur un endroit particulier.
Pile poil à l'endroit où Xu Xingzhi avait retenu sa dague tout à l'heure.
Le jeune homme se redressa lentement, observant le visage endormi de l'autre homme.
Au bout du compte, il caressa les lèvres de Xu Xingzhi d'un doigt et murmura :
« Grand frère martial, je me demandais, où étais-tu durant toutes ces années ? »
Il prit ensuite un air d'illumination subite. Il eut un léger rire et fit pour lui-même :
« … Ah, je crois avoir deviné. Grand frère martial était avec Jiu Zhideng, n'est-ce pas ?
« Pendant que j'étais dans les Terres Sauvages, tu étais dans le monde réel, restant avec lui tous les jours. C'est à force de l'écouter débiter ses mensonges sur moi que tu veux me tuer, pas vrai ? »
En disant cela, Meng Chongguang leva la main pour serrer légèrement le cou du jeune homme. Le souffle profond circulait sous sa main telle une balle qui faisait des allers-retours. Avec juste un peu de pression, il pourrait facilement écraser son larynx.
Il resta un bon moment dans cette position puis finit par retirer sa main, un air compliqué sur le visage. Il soupira et fit :
« … Grand frère martial, je sais que tu vas changer d'avis comme toujours. C'est bon, je peux attendre un peu plus longtemps. »
Pendant son monologue, une légère odeur végétale s'était répandue dans la chambre.
Meng Chongguang se rallongea mais ne se gêna plus comme quand il avait laissé de l'espace à son grand frère martial.
Il serra le corps chaud du jeune homme contre lui puis porta les lèvres à ses oreilles et fit lentement d'une voix chargée de Qi :
« Merci de ne pas m'avoir tué ce soir. Mais grand frère martial, tu mérites une petite punition… »
Xu Xingzhi, qui avait renoncé à ses projets d'assassinat, s'était endormi extrêmement vite, presque sur le coup. Pour une raison inconnue, il se mit à avoir de plus en plus chaud. Il avait si chaud que ses membres étaient faibles, son corps engourdi et il n'avait presque plus de forces.
Dans son sommeil, il eut l'impression que des objets étrangers comme des lianes grimpaient le long de ses jambes et tiraient lentement sur ses chevilles pour écarter ses jambes. Elles s'enroulèrent autour de lui, le taquinant et jouant avec lui avec beaucoup de patience. Elles se dirigeaient souvent vers le bas pour prendre une gorgée avec un bruit d'eau courante.
Xu Xingzhi voulut se débattre mais ses mains et ses pieds étaient faibles et tendus, comme si des nuages l'enveloppaient à la fois tendrement et sauvagement, le faisant flotter dans les airs.
Il voulait désespérément se réveiller de ce rêve bizarre mais était impuissant. Quand il se réveilla enfin, ses lèvres étaient enflées et sa bouche sèche. Il voulut se lever pour prendre de l'eau. À sa grande surprise, dès que ses pieds touchèrent le sol, il sentit une douleur en haut de sa cuisse. Il ne put tenir debout et tomba à genoux.
Meng Chongguang fut réveillé et sortit rapidement du lit. Il saisit le jeune homme par derrière.
« Grand frère martial, que se passe-t'il ? »
Le corps de Xu Xingzhi était extrêmement sensible en ce moment. Il ne put supporter de se faire toucher ainsi et faillit dégager Meng Chongguang d'un coup de pied.
Il finit par retrouver l'usage de la voix après un moment :
« Ce n'est rien, j'ai juste fait un cauchemar. Apporte-moi de l'eau. »
Xu Xingzhi ne se rendait pas compte qu'en cet instant, il avait les joues rouges et son grain de beauté en forme de larme était bien distinct, ce qui lui conférait un charme dont il n'avait pas idée.
Meng Chongguang alla docilement lui chercher de l'eau. De dos, on pouvait deviner une joie indescriptible en lui, comme s'il avait une queue qui frétillait.
Pendant que Xu Xingzhi se faisait porter et adosser contre le montant du lit, il songea que Meng Chongguang avait l'air vraiment adorable ainsi.
Dans un recoin des Terres Sauvages se trouvait une montagne du nom de Mont Scellé. Une tempête de sable obscurcissait le ciel, le vent glacial rendait les lieux désolés et il y avait une lueur pâle et morne émanant d'une grotte au cœur de la montagne, qui donnait l'impression de pouvoir être soufflée au moindre moment par le vent violent.
À l'intérieur de la grotte.
Un homme avec un visage jaunâtre recouvert d'une peau de loup et assis en hauteur se pencha en avant, les yeux brillants :
« Vous l'avez vu clairement ? Il s'agit bien de Xu Xingzhi ? »
L'un des hommes plus bas répondit :
« Je l'ai vu pendant qu'on battait en retraite. Juste à côté de Meng Chongguang, il y avait effectivement le premier disciple du seigneur Qing Jing de la Montagne de la Tombe du Vent, Xu Xingzhi ! Autrefois, durant la compétition des sectes honorables, nous nous sommes croisés en cette unique occasion mais je me souviens parfaitement de lui. »
L'homme à la peau de loup partit d'un rire joyeux.
« Bien, parfait ! Avec lui, nous avons une chance de sortir des Terres Sauvages ! »
Les hommes en-dessous plissèrent le front, apparemment confus.
L'homme à la peau de loup calma sa joie.
« Dites-moi, qui est le maître actuel de la Montagne de la Tombe du Vent ? »
À la mention de cet homme, tous les gens présents grincèrent des dents en signe de haine. Une voix s'éleva pour répondre à contre-cœur :
« C'est Jiu Zhideng. »
L'homme à la peau de loup reprit :
« Alors du coup, si nous arrivons à capturer Xu Xingzhi, nous pourrons négocier avec Jiu Zhideng et il devra forcément nous laisser sortir ! »
Quelqu'un protesta :
« Jiu Zhideng a perdu la tête et c'est un fou furieux qui veut tous nous tuer. Comment juste à cause de ce Xu Xingzhi…
– Et pourquoi pas ? répondit l'homme à la peau de loup avec un caquètement étrange. Tout comme Meng Chongguang, Jiu Zhideng a été élevé par Xu Xingzhi depuis tout petit. Qui ne sait pas que Xu Xingzhi est réputé être une manche coupée Un homosexuel. Cela vient de l'empereur Han Aidi qui était au lit avec son amant, Dong Xian. Il devait se lever pour les audiences du matin mais ne voulait pas réveiller son amant qui avait la tête posée sur la longue manche de l'empereur. Alors Han Aidi coupa le bas de sa manche pour se lever sans réveiller Dong Xian. (2) et que son mal a contaminé les deux petits frères martiaux qu'il a élevés ? L'amitié entre Jiu Zhideng et lui n'a rien d'ordinaire. Si on capture son grand frère martial, c'est comme si on tenait sa vie entre nos mains ! »
Plus il parlait, plus il s'excitait et son expression se remplit d'enthousiasme.
« Cela fait des années que nous sommes des bandits errants, j'en ai plus qu'assez ! Si nous parvenons à capturer Xu Xingzhi, alors nous pourrons… »
Une femme à la silhouette gracieuse était adossée contre la paroi rocheuse. Après un long moment de réflexion, elle interrompit le discours enflammé de l'homme à la peau de loup :
« Xu Xingzhi apparaît soudain dans les Terres Sauvages, tu ne trouves pas ça très étrange ? Depuis ces dix dernières années, seul Jiu Zhideng contrôle la clef des Terres Sauvages, alors comment est-il entré ? »
Elle joua avec ses ongles récemment vernis et étira le coin des lèvres.
« Se pourrait-il que Xu Xingzhi n'ait pas suffisamment satisfait Jiu Zhideng au lit ? Ou bien Jiu Zhideng l'aurait-il envoyé ici dans un but bien précis ? Par exemple, tuer son brave petit frère martial, Meng Chongguang ? Après tout, Meng Chongguang est sans surveillance dans les Terres Sauvages. S'il a un plan pour s'échapper d'ici, cela créerait bien des soucis à Jiu Zhideng, n'est-ce pas ? … Si on est dans une de ces deux situations, le fait de capturer Xu Xingzhi ne nous aidera pas. Au contraire, cela nous créera des ennuis. »
L'homme à la peau de loup en resta sans voix. Plus il y réfléchissait, plus cela lui paraissait plausible. Il ne put retenir sa frustration.
Il fit d'un ton amer :
« C'est vrai. Xu Xingzhi a bien tué son maître à l'époque, alors qui sait ce qu'un salaud dans son genre peut faire. »
La femme détesta ce fer qui refusait de devenir acier Mépriser quelqu'un qui ne répond pas à ses attentes. (3) et fit claquer deux fois sa langue. Elle gravit les marches pour s'asseoir sur le trône en pierre de l'homme et pressa sa poitrine contre son bras. Elle fit en souriant :
« Mais qui a dit que Xu Xingzhi ne servirait à rien ?
– … Que veux-tu dire ? »
La femme taquina les lèvres gercées de l'homme.
« Jiu Zhideng se trouve bien loin des Terres Sauvages mais… tu ne voudrais pas avoir le dessus sur Meng Chongguang ? Tu ne veux pas reprendre le titre de Seigneur des Terres Sauvages qu'il t'a dérobé ? »
La parole à l'auteur :
Chongguang : J'ai des capacités intellectuelles spéciales.
Grand frère martial : … Dégage.
Chongguang : Ouah !
Notes du chapitre :
(1) Avoir commis un grand crime contraire à la morale.
(2) Un homosexuel. Cela vient de l'empereur Han Aidi qui était au lit avec son amant, Dong Xian. Il devait se lever pour les audiences du matin mais ne voulait pas réveiller son amant qui avait la tête posée sur la longue manche de l'empereur. Alors Han Aidi coupa le bas de sa manche pour se lever sans réveiller Dong Xian.
(3) Mépriser quelqu'un qui ne répond pas à ses attentes.
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