Chapitre 26 : Mettre un terme
Une fois que le groupe se fut remis en route, Zhou Wang ne cessa de questionner Xu Xuingzhi pour savoir quel immortel daoïste l’avait capturé.
Xu Xingzhi répondit d’un ton solennel :
« Un type au torse très poilu. »
Après tout, cela n’avait rien de très glorieux d’avoir failli se faire violer par une femme tyrannique. Xu Xingzhi était convaincu que s’il racontait la vérité humiliante, Zhou Beinan trouverait plein de façons différentes de se moquer de lui pendant au moins un an.
Zhou Wang était vraiment très curieuse :
« Et pourquoi il t’a enlevé ? »
Xu Xingzhi avait une réponse tout prête :
« C’est un homme du maître du Mont Scellé, il voulait venger son maître.
– Et pourquoi tu as changé de tenue ?
– Mes vêtements étaient trop sales. Meng Chongguang m’a donc donné des vêtements pour me changer. »
Sans attendre que Zhou Wang ne passe à la question suivante, Xu Xingzhi la devança :
« Je parie que tu vas me demander ensuite comment ça se fait qu’il ne me manque même pas un cheveu sur la tête alors que cet homme m’avait capturé pour se venger, pas vrai ? »
Zhou Wang hocha la tête.
Xu Xingzhi ouvrit avec un pan l’éventail qu’il avait laissé tombé au bord de la rivière. Il déclara d’un ton dédaigneux :
« Tu poses trop de questions.
– ... »
Lu Yujiu, qui avait écouté jusque là la conversation entre les deux, ne put s’empêcher d’éclater de rire :
« Ha ha ha ha ha ! »
Zhou Beinan arriva par derrière et fit à sa nièce :
« Ne parle pas trop à ce type, il mériterait qu’on lui couse la bouche.
– … Je peux t’entendre, ah, fit Xu Xingzhi.
– Tu crois vraiment que j’ai peur que tu m’entendes ? » renifla l’autre jeune homme.
Xu Xingzhi attrapa une poignée de terre au sol, se tourna et la lança derrière lui.
Zhou Beinan leva automatiquement la main pour la bloquer, mais la terre traversa directement sa main et sa tête avant de retomber par terre.
« Xu Xingzhi, tu n’as rien de mieux à faire ?! »
Le concerné sourit et fit :
« Comme tu es de mauvais poil, je voulais juste te faire une petite farce pour te remonter le moral.
– … Dégage, dégage, dégage ! Qui est de mauvais poil ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Xu Xingzhi gratta avec son éventail la marque rouge en force de suçon sur sa nuque.
« Depuis qu’on a quitté la tour, tu es soit silencieux ou bien tu parles de manière bizarre. … Depuis quand c’est un signe de bonne humeur chez toi ? »
Zhou Beinan ne releva pas ce qu’il dit et s’avança seul vers la tête de la colonne, sa lance en main.
Tandis que Xu Xingzhi en restait sidéré, Lu Yujiu accourut vers lui.
Il lui murmura :
« Grand frère martial Xu, ne lui en veux pas. Il est comme ça, il a son tempérament de jeune maître.
– Je vois, » fit Xu Xingzhi en s’éventant.
Il n’allait pas se fâcher pour si peu.
« Qu’est-ce qui lui arrive ? »
Lu Yujiu baissa la voix pour répondre :
« … C’est au Ruisseau du Tigre Bondissant qu’il est mort. »
… Je comprends mieux.
Xu Xingzhi plissa le front.
« Est-ce que tu sais ce qui lui est arrivé ?
– Non, répondit le jeune homme. J’étais près du Ruisseau du Tigre Bondissant quand je l’ai trouvé. Le noyau de son âme était déjà sorti de son cœur et était à deux doigts de se dissiper. Après l’avoir sauvé, je lui ai posé la question mais il avait probablement reçu un choc grave et son esprit avait failli se dissoudre. Il ne se rappelait de rien juste avant sa mort. En plus, à cause de son esprit incomplet, il a perdu plus de la moitié de sa cultivation et n’a jamais pu retrouver son niveau d’antan. Ça le pèse énormément, alors depuis qu’il sait qu’on doit se rendre au Ruisseau du Tigre Bondissant, il est devenu très irritable. »
Après ça, il joignit les mains et fit doucement :
« Grand frère martial Xu, ne lui en veux pas. Il ne s’en prend pas à toi spécialement…
– Tu le protèges, » fit Xu Xingzhi avec un sourire.
Lu Yujiu se pinça les lèvres et la moitié de son visage de poupon qui n’était pas cachée sous le masque de fantôme prit la teinte d’un pain à la pâte de haricot rouge.
« De nous deux… c’est plutôt lui qui me protège le plus. »
Xu Xingzhi regarda la petite expression irrésistible de Lu Yujiu et ne put s’empêcher de rire.
« Tu n’as pas d’autres esclaves fantômes, au fait ? Je les ai vus quand je suis arrivé dans les Terres Sauvages. Ils portent tous la tenue de la Vallée de la Pure Fraîcheur. Mais pourquoi je ne les vois pas traîner autour de toi comme Zhou Beinan ?
– C’est ce qui reste des âmes de grands frères martiaux et que j’ai trouvés. »
Le rouge sur le visage du jeune homme se dissipa alors et son visage de poupon encore rond et pâle devint sérieux.
« Zhou Beinan est l’âme la plus complète parmi mes esclaves fantômes. Il peut maintenir son propre corps spirituel sans user de mon énergie. Les noyaux d’âme de mes grands frères martiaux sont trop abîmés, ils ont donc du mal à se manifester clairement. Si je les faisais apparaître n’importe quand, cela me coûterait bien trop d’énergie. »
Xu Xingzhi savait qu’il y avait une symbiose entre les esclaves fantômes et leur maître. Les premiers devaient porter la marque et jurer allégeance au maître fantôme, tandis que lui leur fournissait son énergie pour qu’ils puissent subsister et se développer.
Plus un cultivateur fantôme était avancé dans sa pratique, plus il pouvait entretenir d’esclaves fantômes. Durant l’apogée du Royaume du Corbeau, de nombreux cultivateurs fantômes qui maîtrisaient cette méthode étaient même capables d’apposer leur marque sur des armées, invoquant des millions de soldats fantômes.
En comparaison, les deux ou trois chatons au service de Lu Yujiu faisaient vraiment peine à voir.
Xu Xingzhi fit sur le ton de la plaisanterie :
« La Vallée de la Pure Fraîcheur est à cheval sur la discipline. Si tu contrôles tes grands frères martiaux à ta guise, tu n’as pas peur que Wen Cheveux Blancs ne te gronde ? »
Quand il mentionna cette personne, Lu Yujiu se tut subitement.
Xu Xingzhi observa sa réaction sans rien dire.
Bien entendu, il avait fait exprès de lui demander ça.
Dans les souvenirs du vrai propriétaire de ce corps, Xu Xingzhi, Zhou Beinan, Qu Chi et Wen Xuechen sortaient vraiment du lot. Parmi eux, Wen Xuechen était celui qui haïssait le plus ceux qui s’écartaient du droit chemin. Il agissait avec droiture et fermeté, pas du tout comme le comportement dévergondé du vrai Xu Xingzhi, le doux tempérament de Qu Chi, ou l’impulsivité et l’irritabilité de Zhou Beinan.
Si Xu Xingzhi devait citer quelqu’un qui n’aurait jamais participé au vol des Artefacts treize ans plus tôt, Wen Xuechen serait le seul à qui il penserait.
Mais c’était compliqué de savoir la vérité sur ce qui s’était passé cette année-là juste en se basant sur les souvenirs fragmentés du vrai propriétaire de ce corps. Voilà pourquoi Xu Xingzhi tentait d’obtenir des informations plus précises de la part de Lu Yujiu.
Est-ce que Wen Xuechen avait participé au complot cette année-là ? Et en ce moment, est-ce qu’il se cachait quelque part dans les Terres Sauvages ou bien est-ce qu’il se trouvait en dehors ?
Après un moment, Lu Yujiu répondit d’une voix morne :
« Je crois que… grand frère martial Wen ne doit plus être de ce monde. »
Cela prit réellement Xu Xingzhi par surprise cette fois et sa voix prit une intonation montante :
« Hein ? »
Lu Yujiu lui renvoya la question :
« Grand frère martial, cela fait treize ans que tu es à l’extérieur. Tu n’as donc jamais eu la moindre nouvelle de Wen Xuechen ? »
Xu Xingzhi songea en lui-même : Ce serait bien le diable si j’avais eu des nouvelles de lui.
Alors il secoua la tête.
Les yeux de Lu Yujiu sous le masque se ternirent un peu.
« … Vraiment pas ? C’est bien ce que je me disais. »
Non seulement Xu Xingzhi n’obtient aucune information, mais il était encore plus perdu qu’avant. Il lui fut donc impossible de poser la moindre autre question, alors il regarda simplement Lu Yujiu partir en avant à la poursuite de Zhou Beinan.
Il allait ruminer les quelques informations glanées chez Lu Yujiu quand une main saisit soudain sa manche gauche par derrière, tandis qu’une autre main surgit dans son dos pour caresser doucement son menton.
Meng Chongguang murmura dans le creux de son cou :
« Grand frère martial a discuté longtemps avec lui, hein ? De quoi vous avez parlé ? »
La nuque de Xu Xingzhi fut caressée par le souffle chaud qu’il exhala.
« … De pas grand-chose.
– De pas grand-chose, pourtant vous avez parlé longtemps, se plaignit-il. Grand frère martial ne veut pourtant pas beaucoup me parler. Chongguang aimerait bien aussi parler de pas grand-chose avec son grand frère martial. »
Xu Xingzhi tapa le dos de la main qui taquinait son menton.
« Effronté, va. Très bien, parlons. Qu’est-ce que tu veux entendre ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Meng Chongguang le contourna joyeusement et demanda, les mains dans le dos :
« Je veux entendre ce dont tu discutais à l’instant avec Lu Yujiu.
– … On n’a pas parlé de grand-chose. »
Meng Chongguang prit un air encore plus chagriné.
« Tu mens, grand frère martial. Vous avez parlé de Zhou Beinan, des esclaves fantômes et même de Wen Xuechen. Comment tu peux dire que vous n’avez pas parlé de grand-chose ? »
Xu Xingzhi faillit vomir du sang.
« … Pourquoi tu poses la question puisque tu as tout entendu ? »
Les yeux de Meng Chongguang ne reflétaient que de la sincérité, et c’était vraiment émouvant.
« Je veux juste entendre grand frère martial me le répéter. J’aime entendre ta voix. »
Xu Xingzhi se dit : Ce petit diable est vraiment délicat et n’a aucune limite. Qui lui a donné ces vilaines habitudes ?
Tout en songeant à cela, il fit :
« Bon alors, Lu Yujiu est venu me dire de ne pas en vouloir à Zhou Beinan... »
Tout en discutant et en marchant, le groupe avait progressé pendant presque trois heures.
Comme Zhou Wang était jeune, elle ne pouvait pas gérer la lourde responsabilité de chercher les fragments de la clef alors du coup, elle était toujours restée à la tour pour la protéger. C’était donc la première fois qu’elle quittait la tour.
Elle vit tout plein de paysages qu’elle n’avait encore jamais vus avant. Bien qu’il n’y avait que du brouillard et un sol jaune, stérile et craquelé à perte de vue, elle courut joyeusement, tressant maladroitement quelques fleurs étiolées pour faire une couronne et la poser ensuite sur la tête de Qu Chi, puis de Tao Xian.
Finalement, le groupe décida de s’arrêter quelques heures dans une grotte au pied d’une falaise pour se reposer, avant de repartir après.
Tout le monde chercha des roseaux et de l’herbe sèche afin de se faire un lit.
Qu Chi sortit environ un quart d’heure puis revint avec un monstre qu’il avait tué. La bête avait la forme d’un cerf avec des dents humaines.
Il fit à Tao Xian :
« C’est pour toi.
– Rien que pour moi ? demanda Tao Xian en riant.
– Rien que pour toi, » acquiesça l’autre.
Tao Xian le convainquit d’un ton patient :
« Grand frère martial Qu, je ne peux pas manger autant. Et si on partageait avec les autres ? »
Qu Chi parcourut le groupe du regard et fit d’un ton ferme :
« Pas question, c’est pour toi. »
Après ça, il fit demi-tour et revint en traînant deux autres monstres à l’apparence étrange.
« … Et ça, c’est pour eux. »
Il s’approcha discrètement de Tao Xian, baissa la voix et fit d’un ton sérieux :
« Le tien est plus beau que les deux autres. Je l’ai chassé exprès pour toi. »
Cependant, cela ne servait à rien qu’il baisse la voix. Tout le monde dans la grotte put parfaitement l’entendre.
En voyant Xu Xingzhi sur le côté dont le visage était vert tant il se retenait de rire, le visage pâle de Tao Xian vira au rouge.
Il imita Qu Chi et répondit à voix basse.
« … Je vois. Merci, grand frère martial Qu. »
Qu Chi eut un doux sourire et lui caressa les cheveux.
Un cultivateur devait apprendre à s’abstenir de toute nourriture. Hormis Xu Xingzhi et Tao Xian, tous les autres présents pratiquaient depuis longtemps l’inédie. Cependant, c’était un plaisir rare dans ce monde que de se retrouver tous ensemble pour un repas.
Zhou Wang et la femme squelette s’occupèrent d’allumer le feu, tandis que Xu Xingzhi et Meng Chongguang sortirent ramasser des branches odorantes d’arbres fruitiers.
S’ils s’en servaient pour rôtir la viande, elle prendrait alors le meilleur goût au monde.
Xu Xingzhi prit également beaucoup d’eau d’un lac salé voisin puis la fit bouillir et évaporer dans une marmite sur un réchaud qui provenaient de l’anneau de stockage de Meng Chongguang.
Tandis que l’eau du lac bouillonnait, des particules blanches se précipitèrent peu à peu au fond de la marmite.
Xu Xingzhi gratta les grains de sel condensés avec une feuille lavée, puis la tendit à Zhou Wang en lui demandant :
« Tu sais ce que c’est ? »
La jeune fille secoua la tête.
Xu Xingzhi sourit et fit :
« Tu pratiques l’inédie depuis toute petite, c’est normal que tu ne saches pas ce que c’est. Goûte. »
Zhou Wang regarda les petits cristaux blancs qu’il lui mit sous les yeux. Avec prudence, elle en prit une pincée et la mit en bouche. Elle fronça légèrement les sourcils et tâcha de trouver un mot parmi tous ceux qu’elle connaissait qui conviendrait à ce goût.
Après quelques hésitations, elle finit par trouver quelque chose de similaire :
« … Amer. »
Xu Xingzhi lui tapota la tête.
« Laisse ton grand frère martial Xu t’apprendre quelque chose : on appelle ça ‘salé’. Tu n’as pas besoin de te forcer à le retenir. Je cuisinerai plus pour toi à l’avenir, comme ça tu sauras que c’est le salé. »
Après ça, il fit pour lui-même :
« Le nectar dans ces Terres Sauvages est si amer qu’on ne peut pas le boire. Je vais tâcher de trouver quelque chose de sucré, comme ça je pourrais t’apprendre ce qu’est le ‘sucré’. »
Zhou Wang en resta ébahie un moment.
Elle n’aurait jamais cru que Xu Xingzhi prendrait à cœur cette broutille de lui apprendre ce qu’était le ‘salé’ et le ‘sucré’.
Après un moment, elle fit d’une petite voix :
« … Merci, grand frère martial Xu. »
Accroupi au coin du feu, Meng Chongguang lança à son grand frère martial un regard un peu plus intense que les flammes.
La femme squelette sourit également, puis jeta quelques branches dans le feu pour le nourrir. Le feu crépita.
Tao Xian alla préparer les lits avec Qu Chi dans la grotte.
Lu Yujiu, qui n’avait rien à faire, les observa un moment puis sortit de la grotte et se dirigea sans hésiter vers un petit sentier non loin qui conduisait au sommet de la falaise.
Zhou Beinan s’y trouvait effectivement, exposé au vent.
Dès qu’il entendit les bruits de pas, il sut qui était venu.
« Comment tu as su que je me trouvais ici ? »
Lu Yujiu redressa légèrement son menton :
« Tes yeux sont mes yeux. Évidemment que je sais où se trouve mon esclave fantôme. »
Zhou Beinan eut un léger rire mais ne dit rien.
« Ce n’est pas que je me fais du souci pour toi, mais... »
Lu Yujiu frotta de son pied le sol en gravillons.
« Si tu ne veux vraiment pas aller au Ruisseau du Tigre Bondissant, je pourrai éventuellement retourner à la maison avec toi... »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Zhou Beinan était assis au bord de la falaise, une jambe dans le vide et l’autre repliée sous lui. C’était exactement la même position que sa nièce avait l’habitude de prendre pour s’asseoir.
« Bien sûr que je veux y aller. Même si Xu Xingzhi doit ensuite se moquer de moi pour le restant de ses jours, je veux savoir comment je suis mort.
– Qu’est-ce que ça t’apportera de le savoir ? »
Lu Yujiu se creusa la tête pour trouver des paroles de réconfort. Il s’assit à côté de lui.
« Si ce n’était pas un souvenir trop douloureux, ton âme n’aurait pas été brisée…
– Mais je n’ai désormais plus que la moitié de mon pouvoir spirituel. Ce n’est pas une solution à long terme, fit Zhou Beinan en le regardant. Tu es mon maître, je dois te faire honneur.
– … Je n’ai pas besoin de... »
Avant qu’il n’ait pu finir sa phrase, Zhou Beinan le prit dans ses bras.
Pris par surprise, Lu Yujiu en bafouilla :
« Tu… Qu-qu’est-ce que tu fais ? »
Lu Yujiu était vraiment trop petit. Dans les bras du grand Zhou Beinan, ce dernier put même poser facilement son menton sur son crâne.
La voix de Zhou Beinan avait perdu son agressivité, on aurait dit une carapace en velours entourée de brume :
« … Je veux récupérer de l’énergie. »
Lu Yujiu voulut se débattre mais l’autre lui fit doucement :
« Ne bouge pas.
– Si tu veux récupérer mon énergie, je dois utiliser mon talisman…
– J’ai juste besoin de te serrer contre moi, » l’interrompit Zhou Beinan.
Lu Yujiu se mit soudain à ressembler à une crevette cuite à la vapeur.
« … Que-quelle impudence, je suis ton maître fantôme. »
Zhou Beinan émit un En.
« Je sais, je suis ton esclave fantôme… Je ne suis plus le grand jeune maître de l’Île du Fleuve Céleste. »
Lu Yujiu ne sut plus que dire un moment. Il hésita longuement puis posa la tête contre le bras de Zhou Beinan et fit d’un ton neutre :
« … Rien qu’un moment, ah. »
Zhou Beinan sourit.
« D’accord. »
Son regard regarda parcourut le ciel trouble pour se fixer en direction du Ruisseau du Tigre Bondissant. Il ne détourna plus les yeux ensuite.
Dans la grande salle de la Montagne de la Tombe du Vent, au même moment.
Wen Xuechen se massa la tempe d’une main et son visage arborait un air extrêmement glacial :
« … Voilà ce qui s’est passé. Je n’ai pu ramener que deux disciples. Les autres avaient déjà quitté la tour. J’ai voulu utiliser mon pouvoir spirituel pour sentir où ils étaient partis, mais Meng Chongguang a laissé des traces de pouvoir spirituel dans toutes les directions. Je n’ai pas donc pas réussi à les localiser. »
Assis en hauteur, Jiu Zhideng était habillé comme autrefois. Son long ruban vert faisait paraître ses cheveux comme noirs d’ébène. Son visage prenait un air plus pâle et froid sous un tel contraste.
« Alors grand frère martial n’était vraiment pas dans la tour ?
– Tu as écouté un peu ce que j’ai dit ? » rétorqua Wen Xuechen.
Jiu Zhideng se leva et fit les cent pas.
« Tu vas retourner dans les Terres Sauvages.
– Pour quoi faire ? »
Jiu Zhideng énuméra en comptant soigneusement sur ses doigts :
« Tu vas apporter des graines de melon à croquer et quelques vêtements blancs et verts — ce sont les couleurs préférées de grand frère martial. Tu déposeras tout ça à l’entrée de la tour.
– … Qu’est-ce que tu fabriques ? »
Jiu Zhideng perdit un peu de son indifférence.
« Ils vont forcément revenir. Grand frère martial apprécie ces choses-là, il pourra en profiter dès son retour... »
Wen Xuechen ne dit rien mais fixa en silence Jiu Zhideng depuis son fauteuil roulant.
Sous son regard infiniment glacial, Jiu Zhideng, qui s’était un peu animé, finit par réduire son agitation.
Il se rassit dans son siège et réfléchit un bon moment avant de dire :
« … Ce ne sera pas la peine. »
Wen Xuechen venait juste de pousser un soupir de soulagement qu’il entendit le jeune homme ajouter :
« En fait, je vais aller en personne dans les Terres Sauvages pour retrouver mon grand frère martial.
– Tu ne peux pas ! s’écria Wen Xuechen avec incrédulité. Tu es devenu cinglé ? Si tu vas dans les Terres Sauvages, qui s’occupera des affaires des quatre sectes en attendant ? Xu Xingzhi est avec Meng Chongguang, comment ce dernier pourrait-il lui faire du mal ? En plus, est-ce que tu sais seulement où ils sont ? Les Terres Sauvages sont immenses, comment tu vas faire pour les retrouver ? »
Jiu Zhideng répliqua froidement :
« Chaque moment que passe mon grand frère martial avec Meng Chongguang me rend malade. »
Wen Xuechen nota son attitude ferme et résolu. Ses yeux prirent une teinte polaire un moment avant qu’il ne prononce ces deux mots à contrecœur :
« … J’irai. »
Après ça, il contempla ses mains et eut un sourire affligé :
« Cette année-là, je n’ai pas pu éliminer ces traîtres de mes propres mains. Treize années se sont écoulées, il est temps de mettre un terme à tout cela. »
La parole à l’auteuse :
Grand frère martial : Qui t’a donné ces vilaines habitudes ?
Chongguang : … qwq Une émoticone pour pleurer. (1) Grand frère martial, muah, d’accord ?
Grand frère martial : …
Une fois encore aujourd’hui, grand frère martial est très fatigué.
Note de Karura : Je repense à une note de l’auteuse qui disait que le seul couple explicite est Meng Chongguang et Xu Xingzhi. Euh… Dans ce chapitre, il y a quand même deux autres couples qui se démarquent clairement : Qu Chi et Tao Xian, Zhou Beinan et Lu Yujiu.
Notes du chapitre :
(1) Une émoticone pour pleurer.
Commentaires :