Chapitre 52 : Musique de nuit
Xu Xingzhi sentit seulement un grand froid à l’arrière de sa tête. Quand il se tourna, il se rendit compte que tous les regards sur lui étaient bizarres.
Il tendit la main pour se toucher le bas du dos. Il se demanda même si Meng Chongguang n’avait pas fait quelque chose de bizarre dans son dos pendant qu’il dormait.
Comme il ne pouvait pas voir son dos, il ne savait pas du tout à quoi cela ressemblait.
— Il y avait une grosse cicatrice sur le bas de son dos, comme si un fer brûlant avait été apposé sur la chair. Sans doute à cause de la virulence de l’attaque, on pouvait vaguement distinguer que la chair et le sang avaient été enroulés au moment de la blessure.
Cependant, même si la cicatrice ressemblait à ça, tout le monde put distinguer la marque circulaire de serpent annelé argenté qui ressortait de la cicatrice.
Comme il se trouvait que la blessure était au milieu de son dos, qu’elle était bien lisse et s’étirait de trois doigts de chaque côté de la colonne vertébrale, il était impossible pour Xu Xingzhi de la voir, sauf s’il examinait attentivement son dos dans un miroir.
Comme Xu Xingzhi ne parvenait pas à voir la cicatrice, il releva la tête et demanda :
« … Qu’est-ce qu’il y a ? »
Zhou Beinan fut le premier à détourner le regard. Il se gratta le crâne recouvert d’une épaisse toison et toussota sèchement.
« Rien. »
Lu Yujiu fit à son tour :
« Grand frère martial Xu, viens vite dans l’eau. Tu viens à peine de te réveiller, tu ne dois pas prendre froid. »
Tao Xian avait l’habitude de tenir un étal au marché depuis tout petit. Bien qu’il n’était pas habile pour parler, il avait perfectionné sa capacité à observer les gens. Voyant que les autres ne voulait pas en parler, il renonça à l’idée de poser directement la question. Par contre, il se tourna pour tirer sur le bras de Qu Chi et lui demanda à voix basse :
« Grand frère martial Qu, le dos de grand frère martial Xu... »
Étonnamment, Qu Chi lui saisit le poignet et fit d’un ton très sérieux :
« … Chut. »
Xu Xingzhi fut perdu et n’y comprit rien.
Lu Yujiu, qui était tombé à l’eau durant le chahut de tout à l’heure, faisait trempette depuis un moment. Il nagea jusqu’au bord du bassin et se hissa dessus pour s’allonger. Comme il n’avait pas vu le soleil depuis des années et qu’il portait toujours sa tenue de Daoïste, son corps était si pâle qu’on avait l’impression qu’il luisait. Par conséquent, les rayures turquoises de la taille d’un demi-poing en haut de ses cuisses se voyaient clairement et très distinctement.
Notant que le regard de Xu Xingzhi était fixé à cet endroit, le jeune homme tendit aussitôt la main pour couvrir l’endroit. Il murmura d’un ton un peu embarrassé et mal à l’aise :
« … Grand frère martial Xu… »
Xu Xingzhi devina qu’il devait s’agir de la marque du clan des Revenants.
Il avait lu énormément de livres des quatre coins du monde et sur tous les sujets possibles et inimaginables, alors il ne savait plus très bien dans quel livre il avait vu ça. Chez les cultivateurs fantômes, une fois que la lignée de sang était réveillée, une marque fantôme apparaissait quelque part sur le corps, de formes différentes et à des endroits différents. Certains avaient directement leur marque au centre du front, tandis que chez d’autres, elle s’étalait sur le visage comme une marque de naissance.
Bien que Lu Yujiu avait reçu sa marque fantôme à un endroit plutôt embarrassant, cela avait au moins l’avantage d’être très discret.
Quand il y réfléchit, Xu Xingzhi fut soudain frappé par une pensée.
La situation de Lu Yujiu ressemblait pas mal à celle du vrai Xu Xingzhi.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Depuis que le vrai propriétaire de ce corps avait reçu la terrifiante marque du serpent annelé argenté sur son corps, afin de la dissimuler, il avait toujours évité de se déshabiller devant les autres. C’était pour ça qu’il avait refusé l’invitation de ses condisciples juniors à faire trempette dans l’eau et c’était aussi pour ça qu’il avait refusé d’enlever ses vêtements quand il avait reçu des coups du bâton de la Tortue Noire à cause de Sa Si.
En toute logique, le vrai Xu Xingzhi devait forcément avoir déjà vu la marque dans son dos, tandis que les autres ignoraient certainement qu’il avait une cicatrice avec une marque de serpent annelé argenté dans le dos.
Alors pourquoi n’avaient-ils pas eu l’air si surpris que ça en voyant la marque de serpent à l’instant ?
… Il y avait un problème.
Cela ne collait pas.
Puisqu’ils n’avaient pas été au courant avant, le fait qu’ils voient subitement la marque, ils auraient forcément dû vouloir creuser le sujet pour connaître le fin mot de l’histoire, surtout avec la personnalité de Zhou Beinan. Mais pourtant, ils faisaient tous mine d’éviter d’aborder le sujet, comme s’ils ne voulaient vraiment pas en parler.
… Tout le monde est au courant de ce secret à mon sujet, je suis le seul à ne rien savoir. Ça me laisse vraiment une impression très complexe et subtile.
En songeant ainsi, Xu Xingzhi plongea dans l’eau.
Immergé dans l’eau chaude, il eut le sentiment d’être imprégné de la tête aux pieds et de renaître totalement.
Discrètement, il posa sa main gauche sur son dos sous l’eau, tâchant de sentir ce qu’il y avait dessus. À sa grande surprise, avant que ses doigts n’aient pu toucher son dos, il se fit fermement agripper par une main dans le courant chaud. Leurs paumes se pressèrent ensemble et leurs doigts s’entrelacèrent.
La voix un peu timide de Meng Chongguang glissa dans son oreille :
« Grand frère martial, laisse-moi te laver le dos. »
Xu Xingzhi toussota :
« … Pas besoin. »
Il voulut retirer sa main, mais Meng Chongguang refusa de le lâcher. Il tira même sur leurs mains jointes pour les presser dans son propre dos.
Xu Xingzhi avait naturellement la constitution physique d’un homme et son corps n’était donc pas aussi mou que celui d’une femme. Quand il se fit ainsi tirer la main, il poussa aussitôt un petit cri de douleur.
« Ungh… qu’est-ce que tu fabriques ?!
– Grand frère martial, tu sembles tellement délicieux, répondit Meng Chongguang avec sincérité. J’ai vraiment envie de t’avaler tout rond dans mon estomac, de sorte que tu ne sois qu’à moi seul. »
Il n’avait pas parlé très fort, mais pas très bas non plus. Lu Yujiu, qui était le plus proche d’eux, se figea en entendant ces paroles. Quand il se ressaisit, il était si gêné que même son ventre devint rouge. Comment aurait-il encore osé continuer à faire trempette dans le bassin ? Il sortit ses pieds de l’eau et fit d’un ton mal à l’aise :
« Je-je-je, je vais, je vais boire de l’eau. »
Il se rua vers Zhou Beinan et son corps de sept chi de haut poussa le corps de huit chi et trois cun de Zhou Beinan. Ce dernier donna aussi l’impression d’avoir le feu aux fesses et fit de grands gestes désespérés à l’intention de Qu Chi.
Tao Xian ne put attendre plus longtemps et il n’osait même pas tourner la tête en direction de Meng Chongguang et Xu Xingzhi.
« Grand frère martial Qu, allons-y nous aussi.
– Pourquoi, tu as soif toi aussi ? demanda Qu Chi en lui lançant un regard vide.
– Je-je… bafouilla l’homme. J’ai un peu la tête qui tourne… »
Qu Chi prit alors un air inquiet et il souleva Tao Xian pour le sortir de l’eau avant de le prendre dans ses bras.
« Xingzhi, je vais emmener Tao Xian pour qu’il se repose. Attends-nous, nous reviendrons vite. »
Le visage de Zhou Beinan vira au vert.
« Qu Chi, tu veux revenir ?! Qu’est-ce que tu crois que tu verras à ton retour, ah ? Tu crois qu’ils vont se gêner, tous les deux ?
– Xingzhi… tous les deux ? »
Les yeux de Qu Chi étaient purs et innocents. Il prit la peine de défendre son ami :
« Xingzhi est quelqu’un de bien, ah…
– Bien, mon cul ! le coupa Zhou Beinan à voix basse. Ce Vénérable les a vus tous les deux baiser sur un toit. Ils sont vraiment sans gêne, ils m’avaient clairement envoyé un signal pour qu’on discute ensemble, pourtant ils ont laissé ce Vénérable attendre dans une chambre et ils sont descendus seulement après avoir terminé leur vacarme. Ce sont des pénibles prêts à démonter les tuiles du toit et à agiter les vagues — »
Les mots de Zhou Beinan tombèrent comme une plume sur le cœur de Xu Xingzhi, avant d’exploser.
… Est-ce que le vrai Xu Xingzhi et Meng Chongguang avaient vraiment déjà —
Bien qu’il s’était déjà mentalement préparé, Xu Xingzhi eut quand même l’impression de sombrer dans un rêve quand il entendit de la bouche d’un autre les faits clairement exposés devant lui.
Dans le monde où il vivait, les coutumes étaient simples et très ouvertes : on pouvait se marier avec un homme comme avec une femme. Son père était assez large d’esprit à ce sujet. Il lui avait assuré à de nombreuses reprises que Xu Ping n’avait pas à se soucier de la continuité de leur lignée mais qu’il n’avait qu’à écouter son cœur, choisir la personne qu’il aimait et prendre soin de cette personne pour le restant de sa vie. Xu Xingzhi ne savait jamais s’il devait en rire ou en pleurer. Il s’était même demandé si son père ne lui avait pas arrangé un mariage en cachette bien avant sa naissance, mais que l’autre famille avait donné naissance à un garçon. Voilà pourquoi il essayait de lui inculquer ça de toutes les manières possibles.
Comparé au sexe masculin, il admirait bien plus les tendres fleurs et colombes. Mais c’était juste une appréciation esthétique et confortable. Concernant la personne avec qui il voulait passer sa vie, il n’avait vraiment aucune idée.
Mais il avait toujours agi avec impulsivité. Une fois que son cœur était décidé, il était prêt à se montrer aussi éhonté que nécessaire.
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Ce que Zhou Beinan venait de dire pour se plaindre, cela fit non seulement rougir Xu Xingzhi d’embarras, mais il se dit aussi que cela semblait vraiment intéressant de faire ce genre de choses sur un toit.
Cependant, avant qu’il ne puisse se ressaisir, il était déjà enveloppé étroitement dans une étreinte chaude.
« Grand frère martial, ne les écoute pas. Zhou Beinan est juste jaloux de nous. »
Xu Xingzhi : « … »
Sa petite rêverie à l’instant cessa au moment où il se retrouva dans cette étreinte chaude et fut immédiatement retirée de l’esprit de Xu Xingzhi.
Peu de temps avant, Xu Xingzhi avait décidé que si Meng Chongguang voulait vraiment faire quelque chose avec le corps du vrai Xu Xingzhi, il ne pourrait que lui céder. Mais à la dernière minute, il se rendait compte que ce n’était pas aussi simple qu’il l’avait pensé.
Il se pouvait que Meng Chongguang soit le bien-aimé du vrai Xu Xingzhi, alors ce dernier avait fi de l’opinion du reste du monde et était devenu compagnon de Dao avec Meng Chongguang. Mais Xu Ping n’était pas Xu Xingzhi. S’il couchait avec Meng Chongguang alors que le vrai Xu Xingzhi était déjà mort, ce serait difficile de faire marche arrière. Et ensuite, une fois hors des Terres Sauvages, pourrait-il encore quitter Meng Chongguang ? Pourrait-il redevenir Xu Ping ?
Ce corps avait déjà changé d’occupant et la personne que Meng Chongguang désirait vraiment n’était plus de ce monde. Comment pourrait-il le quitter définitivement après lui avoir donné cette douceur illusoire ?
Xu Xingzhi ne pourrait jamais faire une chose aussi horrible.
Alors il ne devait absolument pas aller plus loin dans sa relation avec Meng Chongguang.
Absolument pas…
Meng Chongguang n’avait absolument pas conscience des tourments intérieurs de l’autre homme. Ses doigts se posèrent sur les muscles tendus du dos de Xu Xingzhi et s’attardèrent là.
« Grand frère martial, tu m’as tellement manqué…
– Lâche-moi d’abord, tenta de l’amadouer Xu Xingzhi. Ne fais pas d’histoires.
– Tu n’as pas idée d’à quel point tu m’as manqué, continua l’autre en faisant la sourde oreille. … Tu ne sais rien du tout. »
Le coude de Xu Xingzhi était déjà coincé au point de s’engourdir. Ses muscles tressautaient et ressortaient. Son autre main était complètement inutile. Il parvenait à peine à se tenir au bord du bassin et à éviter de glisser dans l’eau.
« Meng Chongguang ! Lâche-moi ! »
Meng Chongguang ne répondit pas. Il se contenta de caresser de ses lèvres sa nuque et de l’embrasser, émettant de petits soupirs réguliers.
Depuis que Xu Xingzhi était arrivé dans les Terres Sauvages, Meng Chongguang s’était toujours montré obéissant, dépassant juste occasionnellement les limites dans ses actes et ses paroles. Xu Xingzhi n’avait jamais eu à lui parler si rudement, car Meng Chongguang savait fort bien quand avancer et quand reculer.
Même quand il avait enchaîné Xu Xingzhi, ce dernier avait quand même pu négocier avec lui.
… Alors quand est-ce que leur relation avait commencé à devenir incontrôlable ?
Xu Xingzhi répondit rapidement à cette question en lui-même : cela avait commencé avec ce baiser qui avait conclu leur dispute, quand il était allé demandé à Meng Chongguang s’il avait menti.
Ce baiser avait déclenché un long souvenir pour Xu Xingzhi. Cela avait aussi fait disparaître le fossé qui existait à la base entre Meng Chongguang et le vrai Xu Xingzhi.
En effet, depuis ce baiser, Xu Xingzhi n’avait plus aucune raison de repousser Meng Chongguang. Après tout, du point de vue de ce dernier, Xu Xingzhi lui avait pardonné en acceptant ce baiser.
Xu Xingzhi leva les yeux vers le ciel et soupira intérieurement : … Putain.
Il continua à réfléchir à un moyen de persuader Meng Chongguang de le lâcher, ses muscles tremblant sous la tension.
Après avoir remarqué sa résistance presque imperceptible, le corps de Meng Chongguang se figea soudain. Ses doigts qui se déplaçaient en allumant un brasier en lui cessèrent peu à peu leurs rotations et leurs allers et venues.
Il fixa la nuque de l’autre homme et fit d’un ton las et attristé :
« Grad frère martial, tu as peur de moi ? Encore maintenant… tu as peur de moi ? »
Xu Xingzhi était endurci contre ceux qui voulaient user de la force pour le contraindre. Il ne craignait que les gens qui pleuraient. Lui qui venait juste de s’endurcir le cœur fut complètement frappé par les paroles de Meng Chongguang. Il se débarrassa alors de son casque et retira son armure, incapable de résister.
Il tenta alors de trouver des mots pour réconforter l’autre homme.
« Toi… Ne sois pas comme ça.
– Grand frère martial est vraiment cruel, gémit Meng Chongguang. À chaque fois… À chaque fois, tu me tortures comme ça. … Ça me rend fou, tu es en train de me rendre petit à petit fou. »
… “À chaque fois” ? Comment ça, “à chaque fois” ?!
Xu Xingzhi ne comprenait pas ce dont il parlait mais il pouvait sentir la frustration dans la voix de l’autre. C’était comme si quelqu’un qui ne savait pas ce qu’était l’eau voyait les flots se ruer vers lui de toute part, ou bien comme quelqu’un qui était tombé dans les sables mouvants et s’enfonçait, impuissant.
En entendant le désespoir dans sa voix, la partie émergée du dos de Xu Xingzhi se couvrit peu à peu de chair-de-poule.
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Son bras était toujours tordu dans un angle désagréable, et les doigts de Meng Chongguang se resserrèrent encore plus sur son poignet, augmentant légèrement la pression.
Une douleur sourde pulsait dans les muscles de la mâchoire de Xu Xingzhi mais pour une raison inconnue, le bout de chair tendre dans sa poitrine était également tendu à cause d’une souffrance abominable.
Il avait le front pressé contre la pierre gravée au bord du bassin, et il ne parvenait pas à comprendre pourquoi il était pris de l’envie de se cogner le front contre le mur juste à cause des mots sanglotants de Meng Chongguang.
… Xu Xingzhi commença à soupçonner qu’il avait été infecté par une terrible maladie provenant de son corps.
Une fois qu’il eut défoulé un peu ses émotions, Meng Chongguang se rendit enfin compte ce qui se passait devant lui : il était en train de presser et tordre le bras gauche de Xu Xingzhi sous un angle presque impossible, et un cercle bleu vert s’était formé autour de son poignet. Xu Xingzhi était penché sur le bord du bassin, tremblant de douleur.
Affolé, Meng Chongguang lâcha aussitôt sa main.
« Grand frère martial… »
Xu Xingzhi pressa devant lui son bras enfin libre et il fit entre ses dents :
« … Ne m’appelle pas grand frère martial ! »
Il ne pouvait plus du tout supporter que Meng Chongguang l’appelle comme ça.
Il commençait même à soupçonner que la Conscience des Trois Royaumes n’avait pas retiré l’âme du vrai Xu Xingzhi quand il avait inséré la sienne dans ce corps. Sans ça, comment expliquer la douleur si intense qu’il ressentait actuellement, au point qu’il avait envie de s’arracher le cœur ?
Xu Xingzhi venait juste de le réprimander sans réfléchir, mais Meng Chongguang fondit alors en larmes. Il le saisit par le bras et refusa de le lâcher.
« Grand frère martial, c’est effectivement moi qui ai eu tort à l’époque. Je n’aurais pas dû t’empêcher d’y aller, je n’aurais pas dû t’attacher. Chongguang reconnaît tous ses torts, je reconnais tout ça — Mais même si tu ne veux pas de moi, ne va pas voir Jiu Zhideng. Si tu y vas, tu ne pourras plus revenir… »
Xu Xingzhi en resta ébahi un moment.
« Mais de quoi tu parles ? »
Meng Chongguang continua à sangloter, incapable de parler. Il pressa sa joue douce contre le dos de Xu Xingzhi et se frotta le visage. L’une après l’autre, les larmes chaudes tombèrent sur le dos de Xu Xingzhi, le brûlant et causant de légers spasmes musculaires.
Il y avait un bourdonnement dans la tête de Xu Xingzhi.
— Meng Chongguang avait reconnu ses torts, mais de quels torts s’agissait-il ?
Il pleurait si tristement, ce qui prouvait bien que pour lui, c’était son plus grand regret concernant le vrai Xu Xignzhi.
Cependant, d’après la Conscience des Trois Royaumes, ce qu’il aurait dû avouer, cela devrait être le vol des Artefacts Divins, le meurtre du maître ou le fait d’avoir trahi leur secte. N’importe lequel de ces crimes était mille fois plus grave que “l’avoir attaché et ne pas l’avoir laisser y aller”.
Était-ce parce que la perception de Meng Chongguang était différente de celle des gens ordinaires et qu’il ne pouvait vraiment pas percevoir la différence dans la gravité des choses, ou bien… est-ce qu’une fois de plus, Xu Xingzhi avait été berné par la Conscience des Trois Royaumes ?
L’atmosphère qui était à la base légèrement ambiguë entre eux avait été brisée, et la situation avait dégénéré à ce point. Zhou Beinan, qui avait tout fait pour s’éloigner au plus vite, ne se serait sans doute pas attendu à un tel revirement.
Meng Chongguang devait avoir dans son cœur une pression et une souffrance aussi immenses que le ciel, alors il enserra fortement le dos de Xu Xingzhi et pleura si fort que cela ébranlait jusqu’à l’âme.
Sans savoir si c’était à cause des sanglots et du souffle court de Meng Chongguang, ou bien parce que cela faisait trop longtemps qu’il était dans la source chaude, Xu Xingzhi fut de nouveau frappé par le vertige familier.
Il jura et maudit intérieurement.
Il était d’habitude en excellente santé, mis à part la fois où il s’était accidentellement coupé la main avec un faucille quand il avait cinq ans et qu’il avait été gravement malade pendant un bon moment. Pendant treize ans, il n’avait même jamais su où se trouvait la demeure du médecin. Mais depuis qu’il était arrivé dans les Terres Sauvages, il était devenu une fragile jeune femme et il s’évanouissait tous les trois ou cinq jours.
Xu Xingzhi pressa sa main en bois contre son torse d’où provenait un sentiment de suffocation. Il aurait aimé hurler un bon coup ou bien cogner dans quelque chose une paire de fois, mais ses sens étaient toujours embrumés par ce fichu vertige.
… Mais cette fois, il ne sombra pas dans l’eau les yeux fermés.
Les yeux de Xu Xingzhi étaient encore plus brillants et brûlants que jamais.
« … Chongguang… »
Quelqu’un prononça ce nom dans son cœur, et la voix était si familière que le cœur de Xu Xingzhi fut agité de palpitations.
« … Chongguang, c’est un joli nom, mais quel serait le bon nom de famille pour aller avec ? »
Un parchemin avec des noms de famille apparut sous ses yeux et une fine main droite trempa un pinceau dans de l’encre épaisse puis dessina un cercle dessus.
Le nom entouré était ‘Meng’.
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Xu Xingzhi entendit le jeune homme répéter le nom plusieurs fois, comme pour le goûter :
« … Chongguang. Meng Chongguang. Ça sonne bien. »
Peu à peu, cette voix fut comme une pierre jetée dans l’eau et provoquant des ondulations. Chaque ondulation était le nom de ce jeune homme appelé.
Chongguang, Chongguang, Meng Chongguang.
C’était dit d’une voix boudeuse, d’une voix tendre, d’une voix moqueuse, d’une voix indulgente et de tout plein d’autres voix.
Et en plus de ces voix, Xu Xingzhi entendit également appeler une voix qui contenait de la souffrance mais aussi du plaisir : Chongguang, Meng Chongguang.
Meng Chongguang, qui avait pressé Xu Xingzhi contre le bord du bassin et pleuré longuement, calma peu à peu ses sanglots. Il se frotta le bout du nez qui était devenu rouge à force de renifler et sa voix tremblait légèrement. Heureusement, il avait un peu retrouvé son calme.
« Grand frère martial, je sais que tu es encore fâché contre moi parce que je t’ai empêché d’y aller… Alors jusqu’à ce que tu me pardonnes, je, je ne te toucherai pas. »
Xu Xingzhi lui tournait toujours le dos, lequel était rougi à cause de ses larmes brûlantes. Sans aucune raison, cela affola Meng Chongguang :
« Vraiment, je ne te toucherai pas. En plus, je suis vraiment très fatigué et ça fait longtemps que je n’ai pas bien dormi, alors je n’aurais même pas la force de... »
Il continua ses justifications incohérentes pendant un bon moment. Quand il vit que Xu Xingzhi ne faisait toujours pas mine de se retourner, ses épaules tendues s’affaissèrent subitement avec désespoir et il sortit de l’eau.
Quand il se tourna, Xu Xingzhi vacilla et se redressa dans l’eau.
En entendant le bruit de l’eau derrière lui, Meng Chongguang eut un sourire amer. Cependant, l’amertume de ce sourire ne s’était pas encore propagé jusqu’à ses yeux qu’une paire de bras l’agrippa par derrière et le serra très fort.
Xu Xingzhi ne savait pas ce qu’il était en train de faire. C’était comme si son corps lui commandait ce qu’il devait faire, alors il lui obéissait confusément.
Du coup, Xu Xingzhi n’avait absolument pas conscience de ses actes quand il retourna un Meng Chongguang dont l’épouvante se lisait sur le visage. Et quand son propre souffle envahit la bouche de l’autre en un feu brûlant, Xu Xingzhi n’avait toujours pas conscience de ce qu’il était en train de faire.
C’était son corps qui le poussait à faire ça, pas les ordres de la Conscience des Trois Royaumes ou les souvenirs du vrai Xu Xingzhi. C’était comme si tout ce qui se passait était purement naturel.
Il sentit simplement une profonde familiarité dans son sang, comme si on lui avait injecté une étrange force en lui qui avait pris le contrôle de ses bras et des ses jambes, et envoyé balader toute raison.
Meng Chongguang parvint à articuler quelques mots de surprise entre ses lèvres :
« Grand frère martial ? Tu… »
Après s’être rendu compte que les mots ne faisaient aucun effet, il renonça à discuter avec Xu Xingzhi et serra sa taille de toutes ses forces. Il enfonça profondément ses doigts dans la taille fine et se mit également à envahir violemment la bouche de Xu Xingzhi, lui volant le contrôle de leur baiser.
Les feux de la passion s’enflammèrent et après plusieurs entremêlements, leurs salives ne faisaient plus qu’une. On pouvait pratiquement entendre le crépitement des flammes entre eux.
Après que Meng Chongguang soit passé d’un comportement passif à actif, Xu Xingzhi décida de lui céder volontairement le contrôle. Quand il mit fin à leur baiser, il mordit les lèvres de Meng Chongguang et tira fortement dessus. L’autre homme siffla de douleur et inspira deux fois. Il porta une main à sa bouche et vit des taches écarlates dessus.
« Pourquoi tu pleures, hein ? »
Xu Xingzhi souleva son visage baigné de larmes de sa main en bois et demanda en fronçant les sourcils :
« Pleurer, pleurer, pleurer, tu ne sais faire que pleurer. »
Meng Chongguang était à la fois surpris et ravi, pourtant il y avait un ton de reproche immanquable dans sa voix :
« Grand frère martial m’a mordu…
– Je t’ai mordu, et alors ? s’entendit dire Xu Xingzhi d’une voix presque féroce. Ce n’est qu’une petite morsure. Tu n’aimais pas beaucoup ça avant ? »
Meng Chongguang saisit le bras de Xu Xingzhi et ses yeux s’illuminèrent.
« Grand frère martial, dis-le encore. Est-ce que tu veux bien ne plus m’ignorer et est-ce que tu pardonnes à Chongguang ce qu’il a fait à l’époque ? »
Xu Xingzhi renifla. Il serra Meng Chongguang fort contre lui et pétrit son corps.
« Tu es chiant, Meng Chongguang. ‘Est-ce que’, ‘est-ce que’, d’où tu me sors toutes ces questions ? Tu n’as toujours pas compris que je t’ai pardonné ?
– Ouh — »
Meng Chongguang émit un son ému. Incapable de résister plus longtemps, il prit Xu Xingzhi dans ses bras et suça son lobe d’oreille. Sa voix était remplie d’affection et de tendresse.
« … Grand frère martial, vraiment, tu m’as tellement manqué. »
Xu Xingzhi songea qu’il devait avoir foutrement perdu la tête pour faire une chose pareille.
Mais après que son corps ait cessé de lui obéir, il s’adonna de nouveau à des réjouissances longues et animées.
Après la moitié d’un shichen, Yuan Ruzhou regarda tout autour d’elle, le visage rouge. Elle avait beau loger dans un palais très éloigné de la source chaude du Ruisseau du Tigre Bondissant, elle pouvait quand même entendre vaguement les gémissements rauques et les rires.
Zhou Beinan faisait les cent pas dans la cour en tenant sa longue lance. Il lança un regard noir en direction de la source un bon moment avant de finalement exploser :
« Ils n’ont pas encore fini ?! Ah ?! Ils ne pourraient pas nous laisser un peu dormir ? »
Il grinça des dents et tapa rageusement du pied par terre.
« Je vais aller les voir ! Ils ne vont quand même pas faire ça sans arrêt, hein ?
– Je viens avec toi, se proposa Qu Chi.
– … Pour quoi faire ? »
Qu Chi fit d’un ton sensé et raisonnable :
« Ils sont en train de se battre. Tu n’arriveras pas à les séparer tout seul. »
Les oreilles de Zhou Beinan devinrent un peu rouges.
« Reste assis, j’y vais tout seul. Ces deux-là sont vraiment en train de se battre pour de bon, je ne voudrais pas que tu prennes peur. »
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Après avoir dit ça, Zhou Beinan s’en alla, bien motivé. Mais quand il arriva à la porte en bois qui menait à la source chaude, il y eut soudain un grand bang de l’autre côté de la porte, ce qui fit reculer le jeune homme d’un pas.
Les gémissements et le bruit de baisers sur le cou se firent entendre sans discontinuer. Les deux corps se pressaient contre la porte en bois, à tel point que l’encadrement n’allait pas tarder à se tordre.
Le beau visage de Zhou Beinan prit la couleur d’un foie de cochon, il grinça des dents à se les briser. Il prit sur lui un bon moment avant de lâcher un rugissement :
« Vous démolissez le palais ou quoi ?! »
Les mouvements de l’autre côté de la porte ne cessèrent pas, mais deux voix retentirent en chœur :
« Dégage ! »
Aussitôt après, Xu Xingzhi se mit à haleter à voix basse :
« … Alors comme ça, tu n’as pas dormi ? Fatigué ? Ça fait des jours que tu n’as pas dormi et tu es pourtant si excité ? Toi, fatigué, mon cul ! »
Meng Chongguang répondit d’un ton minaudier :
« Comment pourrais-je être fatigué quand je fais ce genre de choses avec mon grand frère martial ? Ce ne serait pas suffisant de faire ça même tout ma vie.
– Aah — »
Xu Xingzhi poussa un cri de douleur et il frappa deux fois Meng Chongguang assez fort.
« Change de position ! Putain, arrête de te mettre sur moi ! Mon dos va se briser… Ouh... »
Zhou Beinan se tourna deux fois vers la porte avec irritation, en songeant avec fureur : Ce Vénérable ne va pas s’abaisser à se disputer avec ces deux petits enfoirés.
Après ça, il reprit sa lance et tourna les talons.
Quand il revint dans la petite cour où les quatre autres résidaient, Qu Chi, qui était anxieux, se précipita à ta rencontre :
« Alors, qu’est-ce que ça donné ?
– Ce que ça donne ? Ils sont toujours en train de se battre.
– … Xingzhi a poussé un cri très malheureux, fit Qu Chi en pâlissant. Il a encore crié à l’instant… »
Zhou Beinan se fâcha rien qu’en repensant au ‘dégage’ auquel il avait eu droit.
« Il l’ a bien cherché ! Laissons-le se faire battre à mort ! »
Il s’avança de quelques pas. Comme il était vraiment furieux, il désigna Tao Xian du doigt :
« Tao Xian, toi, tu sais chanter alors couvre-moi ces voix ! »
Le concerné se recroquevilla et secoua la tête.
Lu Yujiu foudroya Zhou Beinan du regard.
« Il a juste appris à chanter des rôles de femmes à l’opéra, pas le Dagushu Des chants accompagnés au tambour. C’est très fort et rythmé. (1) ! »
Zhou Beinan porta une main à son front, énervé.
« Cette journée n’en finira donc jamais, ah ? »
Les bruits joyeux des ébats continuèrent encore toute la nuit avant de s’arrêter enfin.
Le lendemain matin, Meng Chongguang enveloppa soigneusement Xu Xingzhi dans un drap de bain. Il sortit du bassin de la source chaude avec un air revigoré. Puis il alla déposer Xu Xingzhi sur le lit de sa chambre. Il se pencha et déposa plusieurs tendres baisers sur sa joue.
Xu Xingzhi était à moitié endormi. Il le regarda de ses yeux mi-clos, puis tourna la tête de l’autre côté.
Meng Chongguang s’accroupit au bord du lit et posa ses mains sur le matelas. Il fit d’un ton docile :
« Grand frère martial, tu veux manger quoi ? Quoi que tu veuilles, Chongguang fera tout pour que tu l’aies.
– Laisse-moi réfléchir un peu, » marmonna Xu Xingzhi.
Puis il referma les yeux et cessa de bouger.
Meng Chongguang attendit patiemment un bon moment, puis il réalisa que la respiration de l’autre homme était régulière, comme s’il s’était endormi. Il tendit alors la main pour caresser les lèvres de l’autre homme qui étaient particulièrement rouges à cause de la vapeur d’eau.
La nuit dernière, ils avaient fait l’amour tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bassin. Du coup, le visage de Xu Xingzhi était encore un peu rouge à cause de l’exposition à la chaleur. Meng Chongguang fut d’excellente humeur en voyant ça. Il embrassa et embrassa encore la partie bien rouge du visage.
Il borda soigneusement Xu Xingzhi, puis s’en alla en refermant soigneusement la porte.
Dès qu’il entendit le bruit de la porte qui se refermait, Xu Xingzhi leva son bras terriblement endolori et se frotta ses paupières lourdes.
La folie de la nuit dernière restait encore bien présente dans le cœur de Xu Xingzhi, et ce dernier battait violemment dans son torse.
Il ignorait ce qui lui avait pris mais quand il avait vu Meng Chongguang si triste, il avait agi instinctivement ainsi : le prendre dans ses bras, le consoler et le taquiner, comme s’il avait fait ça des milliers de fois.
Xu Xingzhi avait même l’impression que celui qui avait passé la nuit avec Meng Chongguang n’était pas lui, mais plutôt le vrai Xu Xingzhi qui était endormi dans son corps.
… Mais est-ce que le vrai Xu Xingzhi était bien là ?
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le vrai Xu Xingzhi avait souhaité avoir une famille et une vie stable pour sa prochaine réincarnation, ce qu’avait eu Xu Ping. Mais Xu Ping avait été obligé de reprendre en charge l’existence et les ennuis de Xu Xingzhi.
C’était quoi ce bordel ? Pouvait-il vraiment y avoir une telle coïncidence ?
Xu Xingzhi marmonna pour lui-même :
« Meng Chongguang, Jiu Zhideng… Jiu Zhideng, Meng Chongguang… Jiu — »
Pendant qu’il répétait ça à voix haute, un fragment de souvenir ressurgit subitement dans sa mémoire.
Sa gorge se serra subitement et il bondit sur ses pieds. Aussitôt, la douleur en réponse dans son dos le força à se rallonger. Il pressa ses reins, tremblant de douleur.
Quand il était petit, il avait parcouru une tonne de recueils de poèmes. Il était tombé une fois sur un poème qui lui avait laissé une forte impression.
La raison principale était parce que sa petite sœur avait énormément apprécié ce poème, disant que c’était de là que venait son prénom.
Xu Xingzhi se rappelait encore qu’il avait regardé la nuque de la petite et s’était amusé à décoiffer le chignon de sa petite sœur.
« C’est clairement ton grand frère qui a
décidé de ton prénom ! Je souhaitais pour
toi que ‘En dehors du pavillon Nanxuan, il se dresse depuis
longtemps avec vertu’ C’est tiré d’un poème de Dai Shu Lun :
Le Parasol Chinois (Wutong).
En dehors du pavillon Nanxuan, il se dresse
depuis longtemps avec vertu,
Les larges feuilles sont vertes et ombragées,
les fleurs luxuriantes sont d’un blanc tout simple,
Naturellement beau et gracieux, il mérite
de figurer dans les annales. (2).
Comment cela pourrait provenir de ce misérable poème ?
Ce serait vraiment de mauvais augure. »
Xu Wutong le regarda et sourit. Elle posa ses doigts fins sur sa main droite en bois de rose.
« Dans tous les cas, j’aime le nom que m’a donné mon grand frère. »
Xu Xingzhi se sentit aussitôt fondre en voyant son sourire.
« Tant mieux si tu l’aimes. »
Xu Wutong se pressa contre son bras et posa la tête sur son épaule. Xu Xingzhi abaissa obligeamment son épaule pour qu’elle puisse s’installer plus facilement contre.
Xu Wutong fit d’un ton doux :
« Grand frère est vraiment le meilleur grand frère du monde entier. »
Il tendit sa main en bois et fit exprès de l’agiter sous ses yeux.
« Ton grand frère a perdu une main, tu trouves vraiment qu’il est si bien que ça, ah ?
– Tu es bien, tu es parfait. »
Xu Wutong saisit sa main en bois de ses deux petites mains et le regarda avec une grande affection. Elle poursuivit :
« … Grand frère, pour Wutong, ce sont les autres qui ont une main en trop. »
Xu Xingzhi pouvait encore se rappeler de l’ambiance à ce moment, chaleureuse et paisible. C’était comme s’il n’avait pas besoin de se battre, qu’il avait déjà ce qui se faisait de mieux au monde.
Cependant, maintenant qu’il repensait à ce poème, il sentit un grand froid l’envahir. Il aurait aimé s’enfouir et se pelotonner sous la couverture afin d’en tirer la plus petite chaleur possible.
Les neufs lanternes n’éclairent qu’une petite zone par la fenêtre,
L’espoir s’ennuie et déteste le changement,
Le rêve du petit matin n’a pas encore quitté le lit rafraîchi
que le vent froid arrive d’abord sur le paravent de pierre.
L’épingle à cheveux a été perdue depuis trois automnes, quel dommage !
Il reste encore un cun de la bougie rouge.
Je devrais tirer la tenture pour admirer les dents blanches,
mais dans le miroir, j’aperçois avec tristesse un parasol chinois C’est un poème de Weng Tingjun (821 – 866) : Écrit tard le soir, envoyé à un ami. Je n’ai pas trouvé de traduction, désolée, alors je pense que j’ai massacré le texte ! (3).
— Neuf lanternes (Jiu Zhideng) n’éclairent qu’une petite zone par la fenêtre.
— Depuis trois automnes (sanqiu), Sanqiu, Xu Sanqiu.
— Mais dans le miroir, j’aperçois avec tristesse un parasol chinois (Wutong).
— Il y avait aussi Xu Ping (paravent), et même Shi Pingfeng (le paravent de pierre).
Comment était-ce possible… ?
Le Ciel ne pouvait pas lui avoir donné une énigme aussi cruelle sans lui permettre de trouver la réponse, non ?
La pomme d’Adam de Xu Xingzhi s’agita violemment. Bien que les activités mouvementées de la nuit avaient rendu sa gorge brûlante à un point insoutenable, il ne put s’empêcher d’avaler la bile amère qui était remontée dans sa gorge.
Toutefois, la sensation acide, amère et rugueuse ne fit qu’ajouter à son malaise. Xu Xingzhi n’y tint plus : il se releva tant bien que mal, se tint au bord du lit et vomit violemment.
Le suc gastrique étincelant et transparent jaillit de sa bouche et coula le long de ses lèvres. Après avoir vomi, il roula du lit et tomba par terre, ses coudes contre le sol. Il avait le visage pâle et aurait voulu pouvoir recracher tout son estomac.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il entendit la porte s’ouvrir avec fracas, suivi d’un cri de Meng Chongguang et de ses bruits de pas précipités. Il fut enlacé par deux bras forts et doux.
« Grand frère martial, qu’y a-t’il ? Qu’est-ce qui ne va pas ? »
Quelque chose de froid se posa sur son front brûlant qui était à deux doigts de la combustion, avant de se retirer avec panique.
« Grand frère martial, tu as de la fièvre. Tiens bon, je vais aller chercher grand sœur martiale Yuan tout de suite. »
Mais Xu Xingzhi leva la main pour saisir le pan de sa tunique.
Meng Chongguang, qui était sur le point de repartir, sursauta mais comprit aussitôt. D’une voix tendre, il embrassa les oreilles brûlantes de l’autre homme.
« C’est entendu, grand frère martial. Je reste ici, je ne m’en vais nulle part. »
Il prit la main de Xu Xingzhi et hurla en direction de la porte :
« Zhou Beinan ! Qu Chi !! Venez tout de suite ! »
Xu Xingzhi était allongé dans les bras de Meng Chongguang. Du côté gauche de l’oreille se trouvait la dague que lui avait donnée la Conscience des Trois Royaumes.
Xu Xingzhi gigota un peu et fit d’une voix rauque sur le point de se briser :
« … L’oreiller, sous l’oreiller. »
Meng Chongguang en fut éberlué. Puis il tendit la main et tâtonna un moment sous l’oreiller. Il posa ensuite la dague dans les mains de Xu Xingzhi.
Ce dernier dégaina la lame.
La lame de cette dague était aussi acérée que de l’acier, fine et aiguisée, et il s’en dégageait une lueur. C’était la preuve de l’accumulation du Qi spirituel de la terre et du ciel. Du moment que l’on visait le noyau d’un démon qui se trouvait au centre de son front pour les démons célestes et qu’on y enfonçait cette dague, cela mettait un terme la vie du démon céleste et il n’aurait même pas le droit de se réincarner.
Meng Chongguang fixa la dague dans la main de l’autre homme avec une lueur étrange dans le regard, comme un sourire ou un air triste.
Le corps de Xu Xingzhi était brûlant, excepté pour sa paume qui était étonnamment froide. Il soupesa plusieurs fois la dague dans sa main, eut un sourire attristé, puis remit la dague dans son fourreau avec ses dernières forces.
« Prends ça, garde-la pour moi, hein ?
– … Grand frère martial ?
– Prends-la. »
Xu Xingzhi avait comme des moustiques dans son champ de vision, il ne pouvait plus voir clairement. Il murmura :
« Tu es là, je n’ai plus besoin de ça. »
Meng Chongguang s’étouffa dans un sanglot et quand ses larmes coulèrent, Xu Xingzhi, déjà extrêmement fatigué, posa sa tête dans ses bras et s’évanouit pour de bon.
Peu de temps après, les autres se rassemblèrent dans la chambre.
Yuan Ruzhou posa délicatement son doigt osseux sur le poignet de Xu Xingzhi et vérifia sa température en posant le dos de sa main sur son front.
Zhou Wang était adossée à côté de la tête du lit, ses deux sabres dans le dos, et elle regardait avec inquiétude le visage de Xu Xingzhi qui était rouge à cause de la fièvre.
« Sœur Ruzhou m’a pressée de me coucher tôt hier soir, alors que s’est-il passé ? »
Aussitôt, les gens présents regardèrent tous dans des directions différentes.
Meng Chongguang ne répondit pas non plus. Il était accroupi au bord du lit pour veiller sur Xu Xingzhi. Comme Yuan Ruzhou tenait déjà la main de l’autre homme, il serrait sa cheville, comme s’il avait peur que Xu Xingzhi ne quitte son corps.
Seul Zhou Beinan haussa les sourcils et fit :
« Ces deux-là ont fait un sacré tapage et nous ont empêché de dormir. »
Lu Yujiu lui marcha aussitôt sur le pied et l’écrasa bien.
Zhou Beinan gronda de douleur. Mais il souleva simplement le jeune homme par les aisselles, comme pour consoler un enfant, et le laissa marcher sur ses deux pieds. Lu Yujiu eut beau se débattre, Zhou Beinan le serra fermement dans ses bras. Le visage de Lu Yujiu vira au rouge vif.
Qu Chi fixa Meng Chongguang d’un air de reproche :
« Peu importe ce qu’il a fait de mal, il ne méritait pas de se faire battre ainsi. »
Tao Xian demanda un peu nerveusement à Yuan Ruzhou :
« Comment va-t’il ? »
Yuan Ruzhou était sur le point de répondre quand elle vit Xu Xingzhi froncer les sourcils dans un angle extrêmement inconfortable et marmonner :
« Maître… Maître, arrêtez… »
Les gens présents pâlirent tous en l’entendant marmonner ainsi.
L’expression du visage de Yuan Ruzhou vacilla et elle retira sa main. Ses orbites vides regardèrent fixement Xu Xingzhi. Le silence triste et placide glaçait jusqu’aux os.
Xu Xingzhi se tortilla, en proie à une grande douleur.
« … Maître, Xingzhi préfère encore mourir, je préfère encore mourir, ah ! »
Meng Chongguang se rua pour saisir la main de Xu Xingzhi serrée en un poing. Il ouvrit les doigts un par un.
« … Tout va bien, tout va bien, grand frère martial. Ce n’est rien. »
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Xu Xingzhi souleva un peu ses paupières lourdes et lui lança un regard las.
« Où est le maître ? On avait prévu hier de boire tout en admirant les pruniers en fleurs. Pourquoi le maître n’est-il pas venu ? Je l’ai attendu toute la nuit en gelant sous l’auvent… »
Meng Chongguang l’amadoua avec habileté :
« Grand frère martial, le maître est ivre. Il dort encore dans le Palais du Bambou Vert. »
Xu Xingzhi referma ses yeux et pencha la tête en arrière.
« … Menteur. Le maître est mort, il est mort. »
Zhou Beinan fit claquer sa langue. Il retira Lu Yujiu de ses pieds et s’avança de quelques pas. Il tendit la main pour tapoter les joues de Xu Xingzhi.
« … Au fait, puisque tu en parles, j’ai justement quelque chose à te demander. Xu Xingzhi ? Xu Xingzhi ?! Ne t’endors pas ! »
La température dans le regard de Meng Chongguang baissa de plusieurs degrés le temps qu’il passe de Xu Xingzhi à Zhou Beinan.
« Zhou Beinan, qu’est-ce que tu fais ?
– J’ai quelque chose à lui demander ! rétorqua l’autre homme d’un ton assuré.
– Ne t’avise pas de perturber grand frère martial ! fit Meng Chongguang d’un ton sévère. Dégage !!! »
Un rayon de lueur surgit de sa main et il le projeta à trois cun en dessous de la cage thoracique de Zhou Beinan, l’obligeant à reculer de quelques pas jusqu’à ce qu’il entre en collision avec Lu Yujiu.
Dès qu’il chancela, la nature sauvage de Zhou Beinan reprit le dessus. Il se couvrit le torse où il sentait une douleur sourde dans les côtes et pointa du doigt Xu Xingzhi qui se trouvait à quelques pas de lui. Il s’écria :
« Xu Xingzhi, putain, arrête de faire le mort ! Dans toutes les quatre sectes, qui ne savait pas que maître Qing Jing t’adorait, alors qu’est-ce qui s’est passé à l’époque ? Pourquoi tu as voulu le tuer ? Réveille-toi et explique-nous ! »
Les trois mots ‘maître Qing Jing’ semblèrent avoir un immense impact sur Xu Xingzhi. Il haleta laborieusement et sa main se crispa sur le devant de sa tunique au niveau de son cœur, comme s’il voulait s’arracher le cœur vivant.
Après que Zhou Beinan ait perdu son sang-froid, il se rendit compte que Xu Xingzhi était en train de pleurer.
Des larmes coulaient en silence de ses yeux pour tomber sur l’oreiller. La taie d’oreiller en satin se couvrit de petites taches sombres à cause des larmes.
Zhou Beinan avait déjà vu Xu Xingzhi rire et se fâcher, mais il ne l’avait encore jamais vu pleurer. Son visage pâlit un bon moment.
« Je, je… Il… »
Tout le monde lui lança un regard de réprobation. Embarrassé, il marmonna :
« Je l’ai entendu en parler, alors je voulais juste lui poser vite fait la question… Quand il était en exil dans le monde réel, il n’en parlait jamais alors c’était compliqué pour moi de lui demander…
– Qui est maître Qing Jing ? demanda Zhou Wang avec curiosité.
– … Ah Wang, » fit Qu Chi en haussant la voix d’un ton grave.
La jeune fille garda le silence mais elle avait remarqué que quand elle avait prononcé le nom de cette personne, tout le monde avait pris un air peiné.
Yuan Ruzhou contempla Xu Xingzhi qui était alité. Elle murmura d’une voix un peu peinée :
« Je ne sais pas non plus. À l’époque, j’ai juste vu grand frère martial se faire escorter hors du palais du maître. Il avait le sang de maître Qing Jing dans sa bouche et sur son corps. Peut-être… peut-être que… »
Elle tourna les yeux en direction de Meng Chongguang, un léger espoir dans la voix :
« Est-ce que grand frère martial t’a dit pourquoi il…
– Grand frère martial ne souhaitait pas en parler, alors pourquoi je l’aurais harcelé de questions ? »
Meng Chongguang prit une serviette, la trempa dans l’eau chaude puis la passa sur les joues de Xu Xingzhi.
« Je ne sais pas non plus ce qui s’est passé. Je n’étais pas du tout sur la Montagne de la Tombe du Vent à ce moment-là. »
La parole à l’auteuse : À part Meng Chongguang, le nom de chaque personnage a une origine bien précise ~
Le poème dans ce chapitre est de Wen Tingjun : « Écrit tard le soir, envoyé à un ami. »
Note de Karura : Ce chapitre commençait tellement bien, avec Meng Chongguang et Xu Xingzhi qui le font enfin, et puis il se termine sur une note plus sombre. Il reste effectivement des mystères à résoudre, en particulier la mort de Qing Jing. Est-ce que Xu Xingzhi aurait vraiment pu le tuer ?
Sur une autre note, on voit bien l’obsession absolue de Jiu Zhideng : il a choisi de nommer Xu Ping par rapport à sa mère, Shi Pingfeng.
Notes du chapitre :
(1) Des chants accompagnés au tambour. C’est très fort et rythmé.
(2) C’est tiré d’un poème de Dai Shu Lun :
Le Parasol Chinois (Wutong).
En dehors du pavillon Nanxuan, il se dresse
depuis longtemps avec vertu,
Les larges feuilles sont vertes et ombragées,
les fleurs luxuriantes sont d’un blanc tout simple,
Naturellement beau et gracieux, il mérite
de figurer dans les annales.
(3) C’est un poème de Weng Tingjun (821 – 866) : Écrit tard le soir, envoyé à un ami. Je n’ai pas trouvé de traduction, désolée, alors je pense que j’ai massacré le texte !
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