Le méchant est outrageusement beau 53

Chapitre 53 : Avide de joie dans ses rêves


La première partie du corps de Xu Xingzhi à se réveiller, ce fut la taille. La douleur terrible lui donna l’impression qu’on l’avait coupé en deux au niveau de la taille puis qu’on l’avait recousu à la hâte, et ensuite qu’on avait couvert son cadavre d’herbes pour l’abandonner dans les Terres Sauvages.

Aussitôt, le poème réapparut dans son esprit, comme une main géante qui enfonçait un énorme pic de glace dans sa tête et l’agitait vigoureusement. Xu Xingzhi en eut mal à la tête, ses dents s’entrechoquèrent et sa bouche se remplit d’un goût acide. Il avait terriblement envie de boire de l’eau afin d’éteindre le feu sombre qui brûlait dans son torse.

Mais au moment où il voulut se lever, une main se posa sur ses muscles abdominaux tendus comme de la pierre et les caressa deux fois.

« Grand frère martial, que te faut-il ? »


Quand Xu Xingzhi ouvrit la bouche, il sentit que la fatigue de tout son corps avait remonté jusqu’aux muscles de son cou. Il lui était même difficile d’émettre le moindre son.

Il ne put que résumer sa phrase à l’essentiel :

« … Eau.

– Je vais te chercher une tasse, fit Meng Chongguang en se levant.

– Inutile. »

Xu Xingzhi repoussa sa main avec du mal.

« Je veux me lever et marcher un peu.

– Je vais aider grand frère martial. »

Avant qu’il n’ait fini sa phrase, Xu Xingzhi avait déjà fait mine de se lever. Cependant, il faillit tomber par terre à genoux. Heureusement, une paire de bras forts s’enroula autour de sa taille sur le côté juste à temps.


« Grand frère martial n’est clairement pas en état de marcher, pourtant il insiste. »

Meng Chongguang se pencha en avant avec un léger rire. Il enfonça sa langue à l’intérieur de l’oreille de l’autre homme.

« Je vais te chercher une tasse. Cependant, si grand frère martial a vraiment soif… »

Xu Xingzhi laissa échapper un rire rauque et brûlant de sa gorge. Il tourna la tête sur le côté et scella sa bouche ennuyante.

Pris par surprise, Meng Chongguang gémit en se faisant embrasser.

Les grondements continus et très chagrinés auraient pu faire croire aux autres que Meng Chongguang était celui qui se soumettait à l’autre. Cependant, tous les deux étaient les seuls à savoir qu’ils étaient sur un pied d’égalité, et que celui qui était en train de gémir de plaisir et de peine avait même en fait légèrement le dessus.


Après plusieurs moments d’entremêlement, Xu Xingzhi parut avoir trouvé un foyer pour ses lèvres et sa langue. Ses battements de cœur agités se calmèrent progressivement et son mal de crâne diminua considérablement.

Il resta un moment avec le souffle court, puis il remonta le bout de sa langue, la pressa contre les dents d’en face et parvint à faire sortir la langue de Meng Chongguang. Il put alors se retirer :

« … C’est très doux. »

L’autre homme était irrésistiblement attiré par sa provocation. Il enroula ses bras autour du cou de Xu Xingzhi et refusa de le laisser s’éloigner.

« Encore. »

Sa minauderie naturelle fit rire Xu Xingzhi intérieurement mais en apparence, il garda un air sérieux.

« Apporte-moi de l’eau. »


Mais Meng Chongguang agit brusquement et l’immobilisa sur le lit avec ses pieds et ses mains. Il fit d’un ton empressé :

« Chongguang en veut encore. »

Xu Xingzhi lui lança un regard.

« J’ai soif. »

Meng Chongguang le lâcha avec réticence et s’éloigna de quelques pas. Soudain, il fit demi-tour et se rua sur lui. Protégeant la tête de Xu Xingzhi d’une main, il le pressa lourdement sur le lit et l’entraîna de nouveau dans l’union chaleureuse et vaporeuse de leurs lèvres.

« Pas question, je n’en plus plus… Chongguang ne peut vraiment pas s’en empêcher. Grand frère martial, pardonne à Chongguang pour cette fois, ah ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

En dessous de lui, Xu Xingzhi n’avait vraiment plus la force de résister. Alors il se laissa tourmenter un moment dans la pénombre, le souffle court, avant de relever ses genoux tremblants avec du mal. Il opposa une légère résistance à Meng Chongguang et, profitant du moment où le corps de l’autre se radoucit, il pressa un bras contre la gorge de l’autre homme, propulsa son propre corps avec sa main en bois et renversa leurs positions. Il pressait désormais Meng Chongguang sous lui et posa ses doigts sur les lèvres fines de l’autre homme qui étaient devenues un peu rouge à force de se faire embrasser. Il les frotta de haut en bas, puis fit d’un ton menaçant :

« … Je veux boire. »

Meng Chongguang, qui avait suffisamment embrassé mais qui jugeait pourtant que cela ne suffisait toujours pas, alla donc prendre de l’eau d’un air de victime d’une grande injustice.


Xu Xingzhi regarda le dos de Meng Chongguang avec un léger froncement de sourcils, tandis que ses lèvres s’étiraient inconsciemment vers le haut.

… Cela ne faisait clairement qu’un mois qu’ils s’étaient rencontrés dans les Terres Sauvages, pourtant il avait l’impression qu’ils se connaissaient depuis une centaine d’années. Que ce soient le sexe ou les baisers, il semblait qu’ils avaient déjà fait ça des milliers de fois pour être compatibles à ce point.

S’il n’avait pas perdu la tête et essayé ça cette fois, Xu Xingzhi n’aurait jamais cru qu’il serait si habile dans ce genre de choses, alors qu’il n’avait jamais eu personne pour lui apprendre.

C’était comme une étincelle qui rencontrait du bois sec : elle ne pouvait que s’enflammer, il n’y avait pas d’autre option possible.


Xu Xingzhi voulait continuer à se laisser aller dans cette mer familière de désir. Il ne voulait plus songer au passé, à ce poème qui le rendait malade ou encore songer à ce qui pouvait bien relier Jiu Zhideng, Wutong et son père. Malgré ça, il ne pouvait s’empêcher d’y songer encore et encore, de réfléchir jusqu’à l’épuisement.

Jusqu’à présent, il y avait eu une balance à plateaux en face de Xu Xingzhi : la vie de Meng Chongguang et sa conscience était à gauche, son père et sa sœur se trouvaient à droite.

Les deux plateaux n’avaient cessé de monter et de redescendre l’un après l’autre, en compétition perpétuelle. Xu Xingzhi hésitait d’un côté comme de l’autre, rendant tout choix très compliqué.

Mais désormais, une petite voix dans sa tête lui soufflait que les poids d’un des plateaux n’avaient sans doute jamais existé et que sur le plateau droit de la balance, il n’y avait jamais eu que deux illusions redoutables.

Ce genre de réalisation avait un trop fort impact sur Xu Xingzhi.


En y repensant attentivement, il réalisa qu’en plus de l’année commune, la ‘seizième année de la dynastie Tianding’, il y avait bien trop de choses suspicieuses.

Par exemple, il n’avait aucun souvenir d’avant ses cinq ans.

Il se rappelait parfaitement de ce qu’il avait vu au moment où il s’était réveillé dans son lit, à l’âge de cinq ans.


* * *


La lueur du crépuscule se mouvait lentement sur lui et la lumière rouge chaleureuse l’enveloppait comme un cocon hermétique.

Xu Xingzhi sentit seulement que son mal de crâne devenait insupportable et que la douleur était telle que ses organes internes devaient se tordre. Mais très vite, la voix chaleureuse et douce comme du jade d’un homme d’âge moyen se fit entendre :

« … Tu es réveillé ? »

Encore aujourd’hui, Xu Xingzhi se rappelait de l’immense panique qui avait paralysé son esprit, comme s’il était mort une fois et qu’on avait ramené de force son âme dans le monde.

Semblant remarquer un problème dans son regard, l’homme souleva son corps faible et tremblant du lit pour lui tapoter lentement le dos. Il lui murmura à l’oreille :

« Xiao Ping, qu’y a-t’il ? Tu ne reconnais donc pas ton père ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

À ce moment, Xu Xingzhi songea : C’est mon père ?

Avant ça… avait-il eu un père ?

Mais il ne lui fallut pas bien longtemps pour se laisser gagner par l’excitation fortement réprimée dans la voix de cet homme.

Son cœur se radoucit et il ne voulut pas décevoir cet homme aimable et doux qui se trouvait devant lui. Alors il usa ses dernières forces pour passer son bras gauche autour de son cou.

« … Père. »

L’homme trembla et le serra encore plus fort contre lui, ses bras comme un étau. Il faillit l’empêcher de respirer.

« Tu es revenu, tu es revenu… Je prendrai bien soin de toi pour le restant de ma vie. Je ne te laisserai plus me quitter de nouveau… »


La tête de Xu Xingzhi lui faisait mal comme si elle était ouverte en deux. En même temps, il sentit que quelque chose n’allait pas et qu’il y avait une sorte de déséquilibre dans son corps.

Il baissa la tête de toutes ses forces et se rendit alors compte que son poignet droit était entouré d’un tissu blanc et épais. À l’endroit où aurait dû se trouvait sa main droite, il n’y avait que du vide.

Xu Xingzhi ne pouvait sentir aucune douleur provenant de cette blessure, sûrement à cause de son mal de crâne sévère. Il pencha la tête pour contempler sa main coupée.

« … Ma main…

– Je serai ta main désormais, affirma l’homme d’un ton décisif. Xiao Ping, ta petite sœur et moi allons dorénavant prendre soin de toi. … Petite sœur, viens. »

Une fillette de trois ans attendait bien sagement à la porte. Quand son père l’appela, elle entra dans la chambre. Elle pinça nerveusement le bord de sa robe et le regarda de ses yeux rougis.

Xu Xingzhi fut ému par le regard empressé et pourtant retenu de cette enfant, alors en dépit de son mal de crâne, il lui sourit lentement.


D’après ce qu’on lui raconta, il était en train de s’amuser quand il s’était accidentellement coupé la main avec une faucille, ce qui l’avait laissé manchot.

Après presque trois mois de convalescence au lit, Xu Xingzhi put enfin mettre pied à terre.

Puis, comme un branche de peuplier, il bourgeonna et reprit aisément vie.

Il se rendit compte qu’il pouvait tout apprendre avec facilité, que ce soit lire, écrire ou bien jeter des flèches dans un pot. Rien de tout ça ne lui posait de difficultés.


Il était quelqu’un qui aimait s’amuser et son père ne lui avait jamais imposé la moindre restriction, tout ça parce qu’il avait failli perdre la vie étant enfant. Alors à partir de l’âge de douze ans, Xu Xingzhi flânait partout, se faisait toutes sortes d’amis, admirait les beautés du paysage, buvait et chantait.

Tout dans sa vie était comme il se devait, c’était comme une oie qui suivait ses propres empreintes dans la boue Un idiome pour dire : suivre des traces laissées dans le passé. (1).

Cependant, même une oie avait toujours besoin d’un endroit où vivre.

Même s’il voyageait très loin, il n’avait qu’à se tourner et il y aurait toujours une maison avec des tuiles ainsi qu’une lanterne à la fenêtre.

Cela avait été autrefois très rassurant pour lui.


Tout se mit à changer le jour où il commença à écrire cette histoire, car il s’ennuyait.

Il avait toujours pensé que c’était la Conscience des Trois Royaumes qui l’avait attiré dans un cauchemar. Mais à présent, il se rendait subitement compte que c’était plutôt qu’il s’était réveillé d’un long rêve.

… Qu’est-ce qui était vrai et qu’est-ce qui était faux ?

Une fleur et son reflet dans l’eau, le second n’était qu’illusoire. Pourtant, quand on les regardait de loin, comment savoir lequel était vrai et lequel était faux ?


* * *


Xu Xingzhi se recouvrit de la couverture et s’adossa contre la tête du lit. Il prit quelques gorgées d’eau de la tasse que lui tendait Meng Chongguang. Ce peu de fraîcheur l’aida à repousser la bête qui dévorait son cœur.

Meng Chongguang reposa la tasse et vérifia la température de Xu Xingzhi sur son front.

« Le Ciel soit loué, la fièvre a baissé. »

Xu Xingzhi ne répondit pas. Ses yeux noirs regardèrent fixement et audacieusement Meng Chongguang.

Leurs deux nez droits et très jolis étaient légèrement pressés l’un contre l’autre. Les souffles chaud qui sortaient de chacun se croisaient brièvement avant de s’étaler sur les joues de l’autre.


Après quelques instants comme ça, Meng Chongguang évita soudain son regard, paniqué, et voulut se lever du bord du lit. Mais Xu Xingzhi réagit plus rapidement et ses genoux écrasèrent le bord de la tunique de Meng Chongguang, l’empêchant de s’éloigner.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t’il.

Meng Chongguang commençait déjà à avoir du mal à respirer et il détourna la tête avec virulence.

« Grand frère martial sort à peine d’une grosse fièvre et il a mal au dos. Je ne peux pas… »

Xu Xingzhi agrippa fermement son menton et bloqua tout ce qu’il allait dire.

Alors que Meng Chongguang le regardait avec des yeux légèrement larmoyants et brumeux, il vit Xu Xingzhi sourire soudain et soulever la couverture. Ce dernier retroussa une partie de son pantalon blanc, dévoilant un mollet fin et droit.

Xu Xingzhi redressa le menton :

« … Viens là et mets-toi au travail. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après s’être faufilé docilement sous la couverture, Meng Chongguang le pelota et l’enlaça par derrière. Il lui mordilla l’oreille et fit d’un ton excité :

« Grand frère martial, c’est toi qui m’as séduit…

– Arrête de dire n’importe quoi. Et pourquoi tu aimes tellement serrer les gens par derrière ? Qui t’a appris ça ?

– N’est-ce pas toi, grand frère martial ? »

La voix de Meng Chongguang était extrêmement chagrinée, comme un petit chiot qui n’avait pas eu de lait et qui gémissait.

« Grand frère martial, tu ne te souviens pas ? La première fois qu’on l’a fait jusqu’au bout, grand frère martial ne coopérait pas du tout. Tu disais que c’était trop gênant de me regarder et tu as insisté pour que je le fasse par derrière. … Juste après, tu as crié férocement en disant que ça faisait mal et tu m’as ordonné de me retirer. Mais quand j’ai pleuré, tu n’as plus eu le cœur à me disputer… »


En entendant le ton de sa voix, Xu Xingzhi ne put s’empêcher d’éprouver de l’amusement. Mais il perdit bientôt toute envie de rire et laissa Meng Chongguang manipuler ses fesses.

« Grand frère martial est vraiment très, très étroit… »

Le front de Xu Xingzhi se couvrit de sueur froide.

« Bordel, tu sais que c’est étroit, alors retire-la… ah…

– Ne crie pas, fit Meng Chongguang en lui recouvrant la bouche. … Ils vont t’entendre. »

Bien que l’épisode de la source chaude était une joie inoubliable, Meng Chongguang l’avait un peu regretté après avoir repris ses esprits.

Il s’était oublié un moment et avait laissé les autres entendre les gémissements et les cri de son grand frère martial.

Il ne ferait plus jamais une telle erreur.

Il serra Xu Xingzhi contre lui et les recouvrit de la couverture, tel un manteau de neige.


* * *


Xu Xingzhi contemplait le ciel du lit d’un air absent.

Grâce à leurs ébats, il pouvait confirmer au moins que cet homme derrière lui n’était pas un visiteur de son rêve qui pouvait disparaître à tout moment. Cela rassurait énormément Xu Xingzhi, qui semblait calme en apparence mais était en réalité complètement paniqué.

En plus, cela ne le gênait pas d’avouer franchement que ce genre d’excitation qui faisait trembler son cœur et frémir tout son corps lui avait vraiment manqué.

Durant les jours qui suivirent, Meng Chongguang et Xu Xingzhi couchèrent ensemble dans tous les coins du palais de Nan Li. De toute manière, ils n’avaient rien d’urgent à faire. Les fragments de la clé n’allaient pas se sauver. Alors Xu Xingzhi se plia aux désirs de son cœur et, usant de toute son énergie, il fit l’amour avec Meng Chongguang pendant un bon moment.


Un jour, alors qu’il n’avait rien d’autre à faire, il errait dans la cour quand il vit soudain Tao Xian et Qu Chi sous une allée couverte.

Tao Xian était accroupi à côté de l’autre homme et il écrivait quelque chose par terre. Qu Chi imitait ses gestes et faisait de grands boucles. Les deux hommes présentaient une image des plus harmonieuses.

Tao Xian était très sensible. Dès qu’il entendit les bruits de pas, il se tourna et vit Xu Xingzhi. Aussitôt, il se releva, paniqué. Avant même d’avoir dit un mot, il avait déjà le visage tout rouge.

« Grand, grand frère martial Xu. »

Xu Xingzhi portait la tunique de Meng Chongguang mais elle était un peu trop longue pour lui. Le bas de la tunique était donc légèrement soulevé par le vent qui soufflait dans la cour, lui donnant l’air encore plus élancé et grand, le corps très bien proportionné.

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Qu Chi leva la tête à son tour pour saluer Xu Xingzhi. Puis il reprit son imitation de Tao Xian avec enthousiasme et dessina des ronds d’un coup de branche par terre.

Xu Xingzhi s’approcha et voulut s’asseoir sur les marches de l’auvent. Tao Xian l’aida aussitôt en soutenant sa taille. Puis il déchira un morceau de sa tunique, le plia deux fois avant de la poser sur les marches.

Il fit gentiment :

« Grand frère martial Xu, assieds-toi là. »

Xu Xingzhi ne fit pas de manières et s’installa en faisant :

« Tu es trop aimable. »

Une fois assis, il retira sa tenue d’extérieur chaude et la passa autour des épaules de l’autre homme.

Tao Xian fut un peu épouvanté. Après avoir tenté de refuser avec pleins d’excuses, Xu Xingzhi fit claquer sa langue. Du coup, Tao Xian ne put qu’accepter avec le visage rouge. Il frotta ses doigts sur la ceinture et fit d’un ton crispé :

« Grand frère martial, je vais d’abord la réchauffer pour toi. Quand tu auras froid, tu pourras la reprendre. »


Mais Xu Xingzhi ne se souciait guère de cela. Il agita la main en riant.

« On en reparlera plus tard. … Qu’est-ce que vous faites, tous les deux ? »

Tao Xian répondit timidement :

« Grand frère martial Qu a insisté pour que je lui montre comment dessiner des tangulu. Depuis que je lui en ai parlé la dernière fois, il n’a pas arrêté d’y penser. »

Qu Chi était si concentré et appliqué à dessiner ses tangulu qu’il n’entendit pas qu’ils étaient en train de parler de lui. Toutefois, quand le regard chaleureux de Tao Xian se posa sur lui, il parut sentir quelque chose et releva la tête pour sourire à l’autre homme.

Le visage de Qu Chi incarnait vraiment les mots ‘cultivé et raffiné’. On voyait une certaine joie sur son visage. Dès que ses yeux croisèrent ceux de Tao Xian, ce dernier baissa vivement la tête avec embarras. Ses doigts sur ses genoux se crispèrent nerveusement.


Xu Xingzhi se sentit d’humeur taquine. Il donna un coup de coude à Tao Xian et murmura délibérément à son oreille :

« Lui et toi, vous êtes compagnons de Dao ? »

Ces derniers temps, Xu Xingzhi observait tout d’un regard subjectif et il avait l’impression que la relation entre Zhou Beinan et Lu Yujiu, ainsi que celle entre Qu Chi et Tao Xian, n’avaient rien d’ordinaire.

Mais ce n’était pas si étrange que ça. Dans les Terres Sauvages, c’était une chance immense d’avoir quelqu’un à ses côtés. Ce groupe était rempli d’hommes jeunes et vigoureux. Les nuits étaient longues et difficiles dans les Terres Sauvages, alors pourquoi refuser de la compagnie, que ce soit un homme ou une femme ?


À sa grande surprise, Tao Xian ouvrit de grands yeux et répondit en bégayant :

« Comment grand frère martial Xu peut-il penser une chose pareille ? Grand, grand frère martial Qu et moi sommes comme les nuages et la fange, la différence ne pourrait pas être plus grande. Alors comment oserais-je désirer ainsi grand frère martial Qu ? »

L’homme était nerveux mais très sincère, ce qui surprit un peu Xu Xingzhi.

Tao Xian ramena son regard sur Qu Chi. Quand il vit que l’homme leur tournait de nouveau le dos et avait repris son travail avec sérieux, ce fut seulement là qu’il osa libérer la lueur d’admiration infinie dans son regard qu’il avait toujours évité d’exprimer.

« Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi doux et gentil que grand frère martial Qu. Quand j’étais petit, je ne cessais de penser au fait que grand frère martial Qu avait échangé cent pierres spirituelles contre un tangulu pour moi. C’était vraiment dommage que je lui avais à peine parlé… »

Le coupable qui avait extorqué cent pierres spirituelles à Qu Chi en échange de deux tangulu toussota sèchement.

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Quand Tao Xian parlait de Qu Chi, sa timidité et son bégaiement s’envolaient et ses yeux étaient remplis de tendresse.

« Plus tard, quand j’ai grandi, j’ai quitté le salon de thé et je suis parti avec toutes mes affaires afin de retrouver grand frère martial Qu Chi. Comme j’étais jeune à l’époque, je ne me souvenais plus très bien de la secte à laquelle il appartenait, alors j’ai passé deux ans à les chercher une par une. Si je pouvais simplement intégrer la même secte que lui et le regarder de loin, cela m’aurait pleinement satisfait. »

Xu Xingzhi se dit en lui-même que s’il avait suffi d’un tangulu et de quelques paroles réconfortantes pour que cet enfant s’en rappelle autant pendant toute sa vie, c’était que sa vie devait vraiment avoir été pathétique et misérable.

Xu Xingzhi avait toujours eu une tendresse particulière pour les braves garçons de ce genre, alors il caressa les cheveux soyeux de Tao Xian.


Ce dernier n’avait visiblement pas l’habitude d’un contact physique aussi intime : il recula comme un chiot effrayé.

Sa réaction instinctivement d’évitement ne dérangea pas Xu Xingzhi. Il eut un sourire joyeux.

« Tao Xian, quand es-tu devenu un disciple du Pic du Yang Vermillon ? »

Ces derniers jours, Xu Xingzhi s’était intoxiqué de luxure et de dépravation, mais son esprit était devenu de plus en plus clair.

La mémoire du vrai Xu Xingzhi ne montrait aucun signe de se manifester à nouveau. Voyant que la vérité était à portée de main, il était inutile que Xu Xingzhi tente d’y réchapper. Le mieux était donc d’aider Meng Chongguang à récupérer la clef, de retourner dans le vrai monde, de trouver Jiu Zhideng et de lui demander en personne ce qui se passait avec ce poème ‘Les neufs lanternes n’éclairent qu’une petite zone par la fenêtre, […] mais dans le miroir, j’aperçois avec tristesse un parasol chinois’.

En même temps, il voulait obtenir plus d’informations de la part de ces gens. Bien que chacun savait des choses différentes, s’ils mettaient en commun leurs informations, il serait peut-être possible d’en tirer un portrait général de la vérité.


Tao Xian réfléchit un moment.

« Le troisième jour du troisième mois de la quatrième année de la dynastie Tianding.

– Tu t’en souviens avec précision, » commenta Xu Xingzhi avec amusement.

Tao Xian eut un triste sourire.

« Comment pourrais-je oublier ? Quand j’ai gravi la montagne, c’était le troisième jour du troisième mois et les pêchers venaient juste de fleurir. Le dixième jour du troisième mois, les pétales de fleurs de pêcher recouvraient toute la montagne, et c’est aussi ce jour-là que grand frère martial Qu est devenu ainsi. »


Note de Karura : Enfin un chapitre de taille raisonnable, you ouh !

Concernant les souvenirs de Xu Ping, en comprenant bien que le père est Jiu Zhideng, cela donne un tout autre sens à ses paroles.

Et ce chapitre se termine sur un triste rappel : Qu Chi qui a régressé à l’âge mental de cinq ans. Qu’a-t’il bien pu se passer ? Rien de très joyeux, bien entendu.

Toute la vérité sur ce qui s’est passé treize ans plus tôt sera bientôt révélée, avec encore une tonne de longs chapitres ! 😬


Notes du chapitre :
(1) Un idiome pour dire : suivre des traces laissées dans le passé.






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