Chapitre 54 : Le sable fou approche
La tristesse et l’auto-dérision dans la voix de Tao Xian firent naître une légère douleur amère dans le cœur de Xu Xingzhi.
Il demanda à Tao Xian, à moitié sérieux et à moitié ému :
« Qu Chi était le disciple en chef du Pic du Yang Vermillon et il faisait très bien son travail, alors comment s’est-il retrouvé impliqué dans cette histoire des Artefacts Divins ? »
Tao Xian le fixa avec confusion, comme s’il ne comprenait pas de quoi il voulait parler.
« Les Artefacts Divins ? Je-je ne sais pas, je ne les ai jamais vus avant. Ce n’est qu’une fois dans les Terres Sauvages que j’ai entendu grand frère martial Zhou et les autres en parler pendant qu’ils se plaignaient, comme… comme quoi, les Artefacts Divins n’étaient que des faux. Ils avaient obtenu les Artefacts Divins mais ils ne le savaient pas, jusqu’au moment où ils ont dû les utiliser… La façon dont on leur avait dit de s’en servir n’était pas la bonne, ils ont été pris au dépourvu et se sont fait capturer. »
Cette conversation avec Tao Xian rendit Xu Xingzhi encore plus perplexe.
« Tu n’as jamais vu les Artefacts Divins et tu n’as pas participé à ce qui s’est passé cette année-là. Alors pourquoi tu as été jeté dans les Terres Sauvages ? »
Tao Xian expliqua docilement :
« Grand frère martial Qu était gravement blessé à ce moment et il avait besoin de quelqu’un avec lui… Je, je me suis proposé pour… pour partir avec lui.
– … Toi… »
Xu Xingzhi en fut si choqué qu’il désigna le dos large de Qu Chi et fit à voix basse :
« Tu n’avais strictement rien à voir cette histoire et en plus, tu n’as aucun pouvoir spirituel. Tu n’étais qu’un mortel qui avait intégré la secte depuis à peine sept jours. Et tu es venu ici juste pour lui ? »
Tao Xian expliqua avec beaucoup d’efforts.
« Je ne sais pas bien lire, mais j’ai vu beaucoup d’opéras quand j’étais chanteur à l’époque. Ils disent tous qu’à celui qui nous offre un repas, on doit le récompenser d’une fontaine En fait, le proverbe dit : à celui qui nous offre une goutte d’eau, on doit le récompenser d’une fontaine. (1). Grand frère martial Qu m’a donné un tangulu et, et il m’a aussi aidé à récupérer les ossements de mon grand frère et à les enterrer. Al-alors, c’était un grand bienfait… En plus, il ne fallait pas que les autres disciples du Pic du Yang Vermillon risquent leur vie et grand frère martial Qu était blessé à ce moment, il avait besoin de quelqu’un avec lui… Alors… »
L’opinion qu’avait Xu Xingzhi de cet homme efféminé et faible changea grandement.
En ce qui concernait le mot ‘vertu’, peu de gens en ce monde pouvaient surpasser cette petite tapette toute faible.
En remarquant le regard que Xu Xingzhi posait sur lui, Tao Xian eut un sourire embarrassé.
« Grand frère martial Xu, ne me regarde pas comme ça… Je ne suis pas si noble que ça non plus. À l’époque, je me suis dit que comme grand frère martial Qu était très fort, cela ne prendrait pas trop longtemps pour qu’il nous fasse sortir des Terres Sauvages. Je-je ne m’attendais pas à rester si longtemps ici.
– Nous allons sortir, le consola Xu Xingzhi. Nous allons tous sortir, aucun de nous ne restera en arrière.
– Je te crois, grand frère martial Xu. »
Les yeux fins de phénix rouge de l’autre homme étaient remplis de confiance à l’état pur.
« Autrefois, tu m’avais promis de ramener le corps de mon frère. Tu l’as dit et tu l’as fait. Alors je te crois. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Xu Xingzhi eut un sourire amer. Il leva la main pour lui caresser la nuque plusieurs fois. Tao Xian pencha immédiatement le dos, comme un petit animal apeuré.
Xu Xingzhi avait l’habitude de se montrer tactile avec les gens. Même Lu Yujiu, qui prenait facilement peur, ne réagissait pas aussi fortement que Tao Xian : ce dernier était toujours comme un petit oiseau effrayé, arborant un air de panique extrême.
« Tu as si peur que ça ? le taquina Xu Xingzhi.
– Je suis très timide. »
Tao Xian se pinça les lèvres et reconnut un peu faiblement ses défauts.
« Heureusement, j’ai grand frère martial Qu pour me protéger, et aussi Ah Wang… C’est grand frère martial Qu et moi qui avons ramené Ah Wang à la tour. … Au fait, il y a aussi Meng Chongguang. C’est quelqu’un de bien, vraiment. Il n’a pas cessé de chercher son grand frère martial dans les Terres Sauvages. À présent qu’il t’a retrouvé, je suis heureux pour lui et toi. »
Meng Chongguang, qui était détestable pour le reste du monde, était quelqu’un de bien aux yeux de Tao Xian, qui avait un doux tempérament. Cela ne pouvait qu’ajouter une nouvelle couche de doute dans le cœur de Xu Xingzhi.
Quel avait été le problème à l’origine ?
Pour quelle raison exactement avaient-ils volé les Artefacts Divins ?
En tout cas, dans la mémoire du vrai Xu Xingzhi, le seul souvenir concernant les Artefacts Divins était la réunion d’appréciation des Artefacts Divins qui avait lieu tous les sept ans.
Xu Xingzhi n’avait jamais su où était caché le Livre du Monde que protégeait la Montagne de la Tombe du Vent, ni même ce dont il était capable. Il l’avait seulement regardé de loin quelques fois lors des réunions d’appréciation. Il n’avait vu qu’une masse de lumière pure et élégante, sans parvenir même à distinguer sa forme.
À chaque fois qu’était organisé la réunion d’appréciation, les Artefacts Divins étaient apportés en personne par les maîtres des quatre sectes immortelles.
Afin d’éviter que des ennemis ne les convoitent et ne tentent de les dérober, Xu Xingzhi, Qu Chi, Zhou Beinan et Wen Xuechen avaient besoin de se mobiliser complètement : ils devaient patrouiller dans le périmètre et être vigilants même de nuit. Alors à chaque fois que se tenait cette réunion d’appréciation, Xu Xingzhi et les autres n’avaient qu’une envie : que cela se termine vite afin de pouvoir enfin se reposer.
S’ils avaient su que les Artefacts n’étaient que des faux, alors pourquoi se donner autant de mal à chaque fois ?
Mais cela dit, les Artefacts Divins n’avaient rien d’ordinaire. S’il était si facile de savoir où ils se trouvaient, cela engendrerait de gros problèmes.
La Montagne de la Tombe du Vent avait le plus grand prestige parmi toutes les quatre sectes, Xu Xingzhi en était le disciple en chef et il était très apprécié de Qing Jing. Si même lui ne savait pas où se trouvait le Livre du Monde en temps normal, comment Zhou Beinan et les autres auraient-ils pu le savoir ? En outre, d’où leur était venue l’idée de s’emparer des plus précieux trésors de ce monde ?
Pendant que Xu Xingzhi se creusait la cervelle, il vit Qu Chi laisser tomber sa branche, se lever et courir pour se placer devant Tao Xian. Il le prit par la main et désigné plusieurs tangulu dessinés dans la poussière et la terre.
« Ça ressemble à ça ? »
Tao Xian sourit.
« En effet. Grand frère martial Qu les a très bien dessinés, ils sont même encore plus ressemblants que les miens. »
Qu Chi eut un léger sourire. Il désigna le plus gros des tangulu et fit :
« … Regarde, c’est le tien. »
Il avait dessiné plusieurs autres tangulu, pour Zhou Wang et Xu Xingzhi, et il les montra à Tao Xian, comme s’il s’agissait de vrais tangulu prêts à être vendus dans la rue.
Tao Xian sourit patiemment et l’écouta faire son énumération, en hochant la tête de temps en temps. Après que Qu Chi ait fini de mentionner tout le monde, Tao Xian haussa les sourcils d’un air de doute et il recompta les tangulu dessinés dans la poussière.
« … Et le vôtre alors ? »
Qu Chi en resta ébahi un moment. Après avoir recompté de nouveau — un, deux, trois, quatre, cinq… — il eut un sourire embarrassé.
« J’ai oublié. »
Tao Xian désigna son tangulu qui était aussi gros qu’une tête et fit généreusement :
« Alors on n’a qu’à se le partager. Une moitié chacun. »
Qu Chi réfléchit un moment avant d’acquiescer joyeusement.
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Observant la chaleur et la complicité entre eux, Xu Xingzhi eut un sourire inconscient et fit à Tao Xian :
« Il est devenu très stupide, mais il a eu de la chance dans son malheur : il a trouvé un ami aussi proche que toi. »
Quand Qu Chi entendit ça, il se retourna et protesta :
« Je ne suis pas stupide, je suis Qu Chi. Xingzhi, tu n’as pas le droit de dire ça de moi. »
Le coupable leva sa main.
« D’accord, d’accord, j’ai eu tort. »
Qu Chi se sentit un peu abattu à cause des paroles de Xu Xingzhi. Il se tourna vers Tao Xian en quête de confirmation :
« Tao Xian, je suis stupide ? »
Tao Xian n’était clairement pas doué pour réconforter les gens. Il marmonna un moment avant de faire d’un ton doux :
« Être stupide… c’est tout aussi bien. Dans tous les cas, grand frère martial Qu est le meilleur.
– C’est vraiment bien d’être stupide ? »
Qu Chi prit la main de Tao Xian d’un air songeur et fit en toute confiance :
« Alors je ne suis plus Qu Chi. Je suis stupide. »
Tao Xian le laissa le tirer par la main, ébahi, pour se diriger lentement vers le pavillon annexe où ils vivaient tous les deux. Avant de partir, Tao Xian fit un signe de main à Xu Xingzhi pour s’excuser. Il retira aussi la chaude tunique de ses épaules et l’accrocha tout près, au sommet de petits arbustes.
Xu Xingzhi contempla les deux dos qui s’éloignaient et ressentit une grande quiétude intérieure.
Ses idées noires avaient été repoussées une par une et il ne restait plus que l’image de ces deux jeunes hommes qui partaient en se tenant la main entre le ciel et la terre, ce qui présentait une image vraiment magnifique.
Il était encore en transe quand il se fit soudain enlacer par derrière.
Meng Chongguang se pressa doucement dans son dos, comme un petit chiot qui avait des démangeaisons.
« Grand frère martial, pourquoi tu n’as pas réveillé Chongguang quand tu t’es levé ? À cause de ça, Chongguang n’a pas pu te voir à son réveil.
– J’ai vu que tu étais trop fatigué, alors j’ai préféré te laisser dormir un peu plus longtemps.
– Je ne suis pas fatigué, minauda l’autre jeune homme. Dès que je m’endors, je vois tout plein de grands frères martiaux dans mes rêves. Mais je ne peux pas les rejoindre ou les toucher, alors c’est vraiment horrible. Du coup, je préfère me réveiller tôt et pouvoir me rapprocher de mon grand frère martial. »
Cela fit rire Xu Xingzhi.
Mais malgré tout, à ses yeux, Meng Chongguang avait vraiment l’air épuisé.
Et cela semblait être une fatigue qui ne datait pas d’hier, elle était imprégnée dans ses os.
Au départ, Xu Xingzhi gardait une certaine distance avec Meng Chongguang alors il n’avait pas remarqué cet épuisement. Mais plus il se rapprochait de lui, plus ce sentiment indescriptible de fatigue était comme une marée noire, recouvrant le ciel et Xu Xingzhi.
Aujourd’hui, Meng Chongguang s’était endormi pour de bon, alors Xu Xingzhi n’avait pas voulu le déranger.
Les jours précédents, à chaque fois que Xu Xingzhi s’était réveillé, il avait découvert que Meng Chongguang l’observait attentivement.
Les émotions turbulentes dans son regard étaient d’une complexité extrême, comme s’il mourait d’envie d’avaler Xu Xingzhi tout cru avec ses yeux, de le garder à l’intérieur, de le chérir tendrement et de l’emprisonner pour toujours.
Et quand Xu Xingzhi remarquait cela, Meng Chongguang faisait aussitôt disparaître ces émotions. Il serrait ensuite Xu Xingzhi dans ses bras et l’embrassait gentiment et avec réserve.
… Xu Xingzhi avait l’impression qu’il cherchait à fuir quelque chose.
Toutefois, Meng Chongguang ne voulait pas en parler, tout comme Xu Xingzhi ne voulait pas poser clairement la question.
Xu Xingzhi voulait au moins laisser ici à Meng Chongguang l’occasion rare de se reposer.
Après encore quelques jours de repos, le petit groupe se remit en route pour le Territoire Hors du Monde.
La prison des Terres Sauvages était une étendue sans fin qui n’avait ni soleil et ni lune. Les gens ne pouvaient donc que se servir de l’immense tour érigée par Meng Chongguang comme d’un repère pour estimer dans quelle direction ils allaient.
Durant les treize dernières années, Meng Chongguang avait voyagé dans chaque coin et recoin des Terres Sauvages qu’il pouvait atteindre, alors il était le mieux placé pour les guider.
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Après avoir quitté le Ruisseau du Tigre Bondissant, Zhou Wang sourit et s’étira.
« Cela fait longtemps qu’on a quitté notre maison, et elle me manque vraiment. Si j’avais su, j’aurais apporté ma clochette pour en faire un talisman.
– C’est le seul souvenir que tu as de ta mère, objecta doucement Yuan Ruzhou. Et si tu la cassais ?
– J’ai plutôt peur que quelqu’un ne s’introduise dans la tour et la vole. »
La femme squelette lui murmura à l’oreille pour la rassurer :
« Ne t’inquiète pas. Avec la formation de Chongguang, personne ne peut entrer dans la tour. »
Xu Xingzhi écouta un moment leur conversation, puis il se tourna vers Meng Chongguang. Il voulait lui demander discrètement ce qui était arrivé à Yuan Ruzhou pour qu’elle n’ait plus que ses os blancs. Mais dès qu’il se tourna, Meng Chongguang, qui se trouvait à ses côtés, remonta leurs mains jointes et le bout de ses doigts caressa incessamment sa paume.
En voyant son air qui se languissait du goût de la moelle Cela vient du dicton : une fois qu’on a goûté à la moelle, on ne peut plus s’en passer. Ici, cela veut bien sûr dire que Meng Chongguang a très envie de sexe ! (2), Xu Xingzhi ne put s’empêcher de rire :
« Qu’est-ce que tu veux ? »
L’autre jeune homme se lécha le coin des lèvres, ce qui fit briller de manière attirante et rafraîchissante ses lèvres rouges.
« J’ai envie de le faire, grand frère martial.
– Avant-hier soir…
– C’était avant-hier soir. »
Le regard de Meng Chongguang se remplit un peu de ressentiment.
« Grand frère martial n’a pas invité Chongguang dans sa chambre hier soir… Même les fenêtres étaient fermées à clef.
– On devait partir tôt aujourd’hui, alors ce n’était pas le moment de s’agiter. »
Xu Xingzhi savait parfaitement ce qu’il voulait, mais il faisait exprès de le taquiner.
« Tu t’en es déjà passé pendant treize ans. Tu peux bien tenir un jour ou deux, non ? »
Meng Chongguang ne répondit pas et se pressa gentiment contre la hanche de l’autre jeune homme, le regardant avec supplique et expectative.
Xu Xingzhi eut bien du mal à se retenir de rire.
« … Redresse-toi ! Ce n’est pas le moment de jouer les amoureux. »
Mais Meng Chongguang insista en minaudant :
« Je n’arrive plus à tenir debout… Je veux que grand frère martial me porte sur son dos. »
C’était probablement à cause de sa splendide apparence que Meng Chongguang, qui était un peu plus grand que Xu Xingzhi, n’était pas du tout ennuyeux quand il faisait l’enfant gâté. Au contraire, c’était très agréable à voir et cela aurait été inhumain de dire non à sa demande déraisonnable.
Meng Chongguang insista et s’affala quasiment contre Xu Xingzhi. Il lui murmura sans gêne à l’oreille :
« À cause de grand frère martial, j’ai les jambes toutes faibles, alors tu es obligé de prendre soin de moi à présent.
– Tu dis que qui a rendu les jambes de qui toutes faibles ? Hein ? »
Meng Chongguang répondit d’un ton dans son bon droit et un peu fâché :
« C’est grand frère martial, bien sûr. Tu m’as mordu et tu as refusé de me lâcher… »
Même si le niveau de sans-gêne de Xu Xingzhi était aussi épais que les murailles d’une cité, il ne put supporter les badineries éhontées de ce vieux petit diable.
« Je ne peux pas te porter.
– Tu peux me porter sur ton dos, fit Meng Chongguang comme pour hypnotiser lentement Xu Xingzhi. Le jour où grand frère martial est arrivé dans les Terres Sauvages, il m’a porté sur son dos pendant trente li. »
Quand il reparla de ce jour, le visage de Xu Xingzhi se crispa un peu.
Il ne songea pas au fait d’avoir vu Meng Chongguang sans le reconnaître, mais plutôt aux brûlures très graves qu’avait eu l’autre homme sur tout le corps et même dans la chair.
Il se rappela aussi que quand Meng Chongguang avait trouvé Yuan Ruzhou, elle lui avait demandé ce qui lui était arrivé. La réponse de Meng Chongguang avait été des plus vagues, il avait seulement dit qu’il avait été blessé ‘à cause d’un complot’.
Mais qui dans les Terres Sauvages serait capable de le blesser à ce point ?
Et où étaient à présent ces gens qui avaient comploté contre lui ? Est-ce que cela allait affecter leur recherche des fragments de la clef ?
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Voyant que Xu Xingzhi était plongé dans ses pensées, Meng Chongguang ne put s’empêcher de prendre un air morose. Il balança son pied d’avant en arrière en grattant la terre stérile et marmonna doucement :
« Grand frère martial, si tu ne veux pas, oublie ça… »
Xu Xingzhi toussota légèrement.
« Tu n’es pas heureux ? »
Meng Chongguang détourna les yeux, l’air d’être sur le point de pleurer.
« … Non. »
Xu Xingzhi soupira avec impuissance. Il s’avança de deux pas et s’accroupit. Puis il fit signe à Meng Chongguang de sa paume gauche, les deux bras tombant naturellement le long de son corps.
Les yeux de Meng Chongguang s’illuminèrent.
« … Grand frère martial ?! »
Xu Xingzhi regarda devant lui.
« Tu grimpes ou quoi ? »
Meng Chongguang se précipita comme un chaton. Il enroula ses bras autour du cou fin de Xu Xingzhi et ses jambes autour de sa taille. Tout excité, il embrassa et picora la nuque du jeune homme.
Xu Xingzhi l’avertit :
« À cause de ma main en bois, je ne peux pas te tenir. Alors serre bien les jambes pour ne pas tomber.
– Je serre. »
Meng Chongguang eut un rire joyeux. Il pressa son menton un peu pointu contre l’épaule de Xu Xingzhi et fit d’un ton mystérieux :
« … Plus tard, je mettrai un manteau ample pour cacher mon corps. Comme ça, je pourrai tranquillement manger grand frère martial en chemin. »
Xu Xingzhi se tendit malgré lui.
« Tu veux vraiment faire l’imbécile ? Descends ! »
Les mains de Meng Chongguang se resserrèrent subitement sur lui.
« Je ne descendrai pas. Je ne descendrai pas de toute la vie. Grand frère martial a porté Chongguang sur son dos pour l’emmener à la Montagne de la Tombe du Vent, alors il portera Chongguang sur son dos pour le restant de ses jours. Il ne pourra pas se débarrasser de lui.
– Tu racontes vraiment n’importe quoi, fit Xu Xingzhi en riant.
– Si grand frère martial aime ça, Chongguang a encore dix mille n’importe quoi à dire. »
Meng Chongguang baissa alors la voix, son ton chaleureux et doux, comme le plus tendre et savoureux des yogourts.
« … Je vais simplement les dire à grand frère martial. »
Après avoir porté Meng Chongguang sur son dos, Xu Xingzhi connut un nouveau moment de confusion.
Il ne savait pas d’où venait son côté sans-gêne : en parlant d’un tel sujet avec Meng Chongguang, son visage n’était pas du tout rouge et son cœur n’avait pas manqué de battement.
Il posa silencieusement sa main en bois sur son cœur et se demanda :
Vrai Xu Xingzhi, tu es dans ce corps ? C’est toi qui me fais dire des choses pareilles et faire des choses pareilles ?
Xu Xingzhi et Xu Ping, que se passe-t’il en fin de compte ?
Quelle est la relation entre moi et toi, toi et moi ? Je n’en ai absolument pas la moindre idée, ah.
Meng Chongguang était un très beau parleur. Cependant, après avoir désigné la direction à suivre et être monté sur le dos de Xu Xingzhi, il s’endormit rapidement. Sa joue chaude était pressée contre l’épaule de l’autre jeune homme et de temps en temps, il titillait du bout du nez le lobe d’oreille de Xu Xingzhi.
S’il n’entendait pas sa respiration régulière, Xu Xingzhi aurait pu penser que l’autre faisait juste semblant de dormir.
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Le voyage était très ennuyeux et Xu Xingzhi n’était pas du genre à aimer le silence. Il ne pouvait pas supporter de rester seul bien longtemps, alors il choisit quelqu’un qui marchait seul et lui courut derrière.
« Gros Zhou ? Hé, Zhou Beinan ! »
À chaque fois que Zhou Beinan voyait Xu Xingzhi ces jours-ci, ce dernier ne cessait de se montrer désagréable et grossier avec lui. Xu Xingzhi se disait que c’était sûrement à cause de ce qui s’était passé dans la source chaude l’autre jour et que cela avait provoqué le tempérament irritable et emporté du jeune homme.
Bien entendu, Xu Xingzhi ne s’était pas du tout excusé.
Il courut à ses côtés, tout sourire, et prit l’initiative de le provoquer :
« Gros Zhou, tu es jaloux de nous deux, ah.
– Jaloux, mon c… »
Zhou Beinan était sur le point de l’insulter mais quand il se tourna et vit Meng Chongguang sur son dos, il ravala la fin de sa phrase. Il fixa Meng Chongguang un bon moment puis demanda :
« … Il dort ?
– En. »
Alors Zhou Beinan ne se priva pas de reprendre et de terminer sa phrase :
« Jaloux, mon cul ! »
Cela amusa follement Xu Xingzhi.
« Durant toutes ces années, tu n’as pas été capable de conclure avec Xiao Lu, tu n’es vraiment pas doué, ya.
– Espèce d’enfoiré, comme si, ouais ! » l’insulta furieusement son ami.
Puis son volume sonore passa de fort à faible de crainte que Lu Yujiu, qui discutait non loin avec Tao Xian, ne l’entende.
« Il, il… il ne veut pas, alors qu’est-ce que j’y peux, moi ?
– Ou bien c’est parce que tu n’es pas doué, fit Xu Xingzhi en hochant la tête.
– … Sale Xu, crois-le ou non, mais je vais t’exploser le crâne tout de suite. »
Xu Xingzhi siffla légèrement mais ne répliqua pas. Il se contenta de lever la tête pour le fixer avec amusement.
En le voyant ainsi, Zhou Beinan se sentit quelque peu soulagé. La colère qui l’envahissait disparut aussitôt et même les veines bleues proéminentes sur son front se radoucirent.
Il y songea un moment en hésitant, puis dit finalement ce qu’il gardait sur le cœur depuis des jours.
« … La dernière fois que je t’ai vu dans le monde extérieur, j’ai cru que tu ne pourrais plus jamais rire de toute ta vie. »
Les pas de Xu Xingzhi ralentirent un peu.
Zhou Beinan poursuivit d’une voix rauque :
« Ton air découragé et abattu à l’époque était vraiment frappant. Mais… après tout, treize années se sont écoulées depuis. Tu n’as pas à ressasser constamment cette histoire avec maître Qing Jing, aussi tragique soit-elle. Mais… mais je n’arrive vraiment pas à comprendre. C’était bien connu dans toutes les quatre sectes que maître Qing Jing te traitait très bien. Beaucoup de nos pairs t’enviaient pour ça, mais sans être jaloux. Alors pourquoi tu as… tué maître Qing Jing ? »
Stupéfait, Xu Xingzhi s’arrêta net.
… Ce n’était pas normalement… Meng Chongguang qui avait tué son maître et lui avait fait porter le chapeau ?
Tué son maître ? C’était lui qui avait tué Qing Jing ?
Comment Xu Xingzhi aurait-il pu faire une chose pareille ?!
Il eut l’impression de ne plus pouvoir respirer un moment. Ses lèvres s’agitèrent une paire de fois avant qu’il ne puisse dire avec du mal :
« Tu… »
Zhou Beinan s’arrêta soudain et regarda droit devant lui.
Xu Xingzhi sentit également un vent âpre souffler vers lui, alors il cessa de poser des questions et regarda aussi devant.
Le ciel plus loin avait changé de couleur à un moment ou à un autre. Une interminable lueur jaune formait une ligne plate et l’objet lumineux, qui n’était ni un soleil ou une lune, avait disparu dans la ligne de sable. La sphère semblait déchiquetée par le sable et du sang en jaillissait, les taches écarlates se mêlant au fond jaune, comme des roches écarlates qui poussaient entre des roches jaunes.
Zhou Wang hurla d’un ton alarmé :
« Le sable fou ! »
Zhou Beinan fit un pas en avant pour protéger Meng Chongguang et Xu Xingzhi, ce dernier étant encore en transe, en faisant tournoyer sa lance en acier pour former un bouclier.
Xu Xingzhi était perdu.
« C’est juste un peu de vent et de sable. On n’a qu’à se trouver un rocher pour s’abriter. »
Mais Zhou Beinan serra les dents et fit :
« … Non, le sable fou n’est qu’un signe précurseur. Ils arrivent. Cela ne sert à rien de s’enfuir, on ne peut que rester à les attendre et mourir en vain !
– Qui ça ? »
La voix de Zhou Beinan était à peine audible sous le vent qui sifflait violemment.
« Les Géants des Origines… des Terres Sauvages ! »
Notes du chapitre :
(1) En fait, le proverbe dit : à celui qui nous offre une goutte d’eau, on doit le récompenser d’une fontaine.
(2) Cela vient du dicton : une fois qu’on a goûté à la moelle, on ne peut plus s’en passer. Ici, cela veut bien sûr dire que Meng Chongguang a très envie de sexe !
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