Chapitre 68 : Épier dans le miroir
Après avoir lancé son sermon, Guang Fu partit dans un claquement de manches.
Qing Jing contempla le dos de l’autre homme qui était droit comme un pin. Ce ne fut que lorsque Guang Fu fut au loin qu’il détourna son regard de lui. Il descendit lentement les marches et tendit la main à Xu Xingzhi, qui était resté agenouillé par terre.
Malicieusement, Xu Xingzhi tendit sa main.
Son maître se pinça les lèvres et sourit.
« Où est la liqueur que tu m’as apportée ? »
Xu Xingzhi lâcha un léger Ai. Il se releva sur un genoux et retira l’anneau de stockage de son doigt. Puis il prit la main de son maître et lui passa l’anneau au doigt.
Il releva les yeux et sourit.
« Maître, vous savez certainement comment on s’en sert, hein ? »
Qing Jing tendit sa main droite et le laissa lui mettre l’anneau au doigt tandis que de son autre main, il caressa lentement la tête du jeune homme.
La peau de Qing Jing recouverte par les manches ornées de nuages était pâle et translucide. Il y avait également d’étranges marques bleues et rouges, comme si une force immense avait saisi ses bras.
Au premier regard, Xu Xingzhi fronça les sourcils.
« Maître, vous allez bien ces temps-ci ?
– Je suis juste un peu fatigué et distrait, le rassura Qing Jing, alors tu n’as pas à t’inquiéter.
– Vous voulez que j’ajuste vos méridiens pour vous ? »
Qing Jing lui caressa de nouveau gentiment les cheveux.
« Ton maître sait comment prendre soin de lui.
– Xingzhi ne peut-il pas se faire de souci pour son maître ? fit le jeune homme en souriant. En plus, est-ce que le maître sait vraiment prendre soin de lui ? Il y a deux semaines, vous êtes descendu de la montagne pour boire. Vous êtes resté ivre pendant six jours à errer dans la montagne, sans voir personne. Maître Guang Fu a tellement eu peur qu’il m’a envoyé pour fouiller toute la montagne. Vous ne vous en rappelez pas ?
– Comment peut-on se rappeler de ce qui se passe quand on est ivre ? fit Qing Jing avec un doux sourire. … Et comment va Xiao Deng ? »
Xu Xingzhi manqua de s’étouffer.
« Maître… »
Qing Jing lui fit une chiquenaude sur le front et expliqua d’un ton doux :
« L’odeur d’alcool sur toi, c’est le parfum de la pure liqueur de plus d’un siècle brassée dans le royaume des Démoniaques. Tu croyais vraiment que ton maître ne pourrait pas reconnaître cette odeur ? »
Xu Xingzhi eut un rire amusé.
« Xiao Deng va bien. Depuis qu’il est au niveau d’Esprit Naissant, plus personne dans le royaume des Démoniaques n’ose lui manquer à nouveau de respect.
– Les choses ne sont pas si simples que ça, fit doucement Qing Jing. Quand il a grandi parmi nous, quelle que soit la façon dont les gens des quatre sectes le traitaient, jamais ils ne lui auraient vraiment fait du mal. Il faut que tu continues à te rendre au royaume des Démoniaques pour prendre de ses nouvelles et qu’il se sente mieux. »
Xu Xingzhi le taquina exprès :
« Maître, vous voulez boire plus de liqueur pure, c’est ça ?
– J’ai déjà bu de la liqueur bien meilleure, objecta Qing Jing. Mais puisque cet alcool a été offert par Xiao Deng, c’est une question d’intention. Je bois sa liqueur pour qu’il sache que quelque soit l’endroit où il va, il aura toujours un foyer à la Montagne de la Tombe du Vent. »
Après avoir dit ça, Qing Jing bailla et des petites larmes apparurent dans ses yeux tombants et somnolents.
« Je suis toujours si fatigué ces derniers temps, ce doit être la fièvre du printemps Le changement de temps au printemps peut augmenter la fatigue. (1). »
Xu Xingzhi fit alors sans aucune cérémonie :
« Le maître boit bien trop. Pardonnez à ce disciple de parler si franchement, ah, mais vu que le maître est si attaché aux saveurs du monde mortel, quand est-ce qu’il va pouvoir cultiver suffisamment pour atteindre le rang de Non-Action Un principe daoïste assez ardu. En gros, l’homme doit être en harmonie avec le Dao et suivre la voie de la tranquillité et de l’autodéfense. (2) et devenir un immortel ? Autant commencer à s’abstenir d’alcool, non ? »
Qing Jing prit un air quelque peu chagriné :
« Si j’arrête de boire, alors à quoi bon continuer à vivre ? »
Xu Xingzhi : « … »
Bien, bien, bien. Vous êtes le maître, vous êtes le meilleur.
Qing Jing reprit :
« En plus, je ne veux pas devenir un immortel.
– Pourquoi ça ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Avec un léger rire, l’homme fit :
« Xingzhi est encore bien jeune. Si le maître s’en va, qui prendra soin de lui ? »
Xu Xingzhi ne savait pas s’il devait en rire ou en pleurer.
« Dites donc, maître, je ne suis pas Chongguang qui a encore besoin qu’on s’occupe de lui alors qu’il est déjà grand. Ne dites jamais ça devant oncle martial, sinon il va sûrement me reprocher le fait que vous n’ayez toujours pas connu l’ascension depuis toutes ces années. »
Qing Jing sourit et revint peu à peu à son habitude de protéger son petit frère martial.
« … Xiyun ne serait pas aussi déraisonnable, bah. »
Xu Xingzhi se dit alors : Aux yeux de quelqu’un d’aussi tempéré et affable que le maître, peut-il exister des gens déraisonnables au monde ?
Qing Jun avait vraiment l’air très fatigué. Il tapota les épaules du jeune homme et fit :
« Rentre chez toi te reposer. »
Après avoir fait partir Xu Xingzhi, Qing Jing retourna dans le Palais de Bambou Vert. Il referma la porte et marcha lentement vers un coussin de méditation qui se trouvait devant. Il s’assit en tailleur et régula sa respiration comme s’il dormait. En un instant, il avait plongé dans sa mer de connaissances pour y laisser errer sa conscience. En faisant ça, il absorbait de l’énergie et se débarrassait de sa fatigue.
Cependant, peu de temps après que Qing Jing ait plongé dans sa mer de connaissances, son corps qui aurait dû rester immobile se modifia légèrement.
— On aurait dit qu’un petit animal se mouvait sous la peau de sa nuque. Sous la peau translucide, on pouvait voir vaguement les veines bleuâtres du cou se tortiller de manière anormale.
Qing Jing ouvrit les yeux et se leva en vacillant un peu. Pied nus, il tira sa tunique derrière lui et s’arrêta devant un miroir en bronze.
Dans le reflet du miroir, ses chevilles délicates, pâles et bien rondes, ses mollets purs et fins et la simple tunique d’intérieur bleu sur lui se profilaient. Ce n’était pas très différent de ce à quoi il ressemblait la nuit quand il avait trop bu.
Seulement, un de ses yeux avait perdu sa lueur douce et innocente usuelle. Il était teinté de givre et de sang.
Les doigts caressèrent lentement les lèvres douces et rebondies de Qing Jing, puis ils étirèrent ces lèvres en un sourire cruel et vicieux :
« …. Yue Wuchen, salut à toi, ah. »
Xu Xingzhi retourna dans ses quartiers et en fit le tour deux fois par ennui. Il sentait son cœur envahi par le cafard.
D’habitude, quand il revenait, Meng Chongguang était soit sur le lit ou bien agenouillé devant la porte avec ses mains sur les genoux afin d’attendre son retour. Quand il le voyait revenir, il bondissait comme un chiot. Le fait de ne plus voir tout à coup cette petite chose collante laissa un sentiment très étrange à Xu Xingzhi.
Il resta un bon moment tourmenté dans sa chambre, puis agita ses manches en un geste décisif. Il activa son pouvoir spirituel et une lampe dans la chambre s’alluma lentement.
Aussitôt, trois silhouettes fantomatiques apparurent assises ou debout.
Quand il les vit tous les trois, Xu Xingzhi se sentit mieux physiquement et mentalement.
« Yo, tout le monde est très occupé.
– Putain ! »
Zhou Beinan venait visiblement de sortir du bain. On pouvait voir clairement des gouttes d’eau sur ses larges muscles couleur blé.
« Xu Xingzhi, tu pourrais quand même te manifester quand tu allumes la lampe, ah ! »
Xu Xingzhi se radossa contre la chaise et fit de grands gestes de la main. Il le salua sans hésiter :
« Beinan, je viens m’amuser avec vous tous ! »
Zhou Beinan lui jeta aussitôt les vêtements qu’il tenait. Xu Xingzhi esquiva, puis se rappela qu’il était également un fantôme du côté de Zhou Beinan. Il fit alors en riant :
« Pourquoi tu fais ça ? »
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Un jour que Xu Xingzhi s’ennuyait, il avait fabriqué des lampes de clairvoyance.
Ses intentions originelles étaient sérieuses :
« Comme ça, s’il arrive quoi que ce soit dans les quatre sectes ou s’il y a un monstre difficile à battre dans les environs, nous pourrons communiquer entre nous en temps réel pour régler ces incidents. »
Il s’était ensuite rendu dans la Vallée de la Pure Fraîcheur, au Pic du Yang Vermillon et sur l’Île du Fleuve Céleste pour placer une lampe dans les appartements de Wen Xuechen, Qu Chi et Zhou Beinan. L’un d’eux n’avait qu’à activer sa force spirituelle pour allumer les autres lampes en même temps, ce qui leur permettait de voir et d’entendre les autres personnes.
Concernant ce gadget qu’il avait fabriqué, Wen Xuechen avait mis le doigt sur le cœur du problème :
« Tu as juste peur de n’avoir personne à qui parler. »
Zhou Beinan avait aussitôt acquiescé.
Malgré ça, au bout du compte, les quatre lampes furent bien placées dans chaque appartement des quatre disciples en chef. Wen Xuechen avait même spécialement gardé six cornes de rhinocéros très précieuses pour les faire brûler dans la lampe de clairvoyance.
Et effectivement, une fois ce système mis en place, il fut rarement utilisé dans des cas sérieux. La plupart du temps, c’était Xu Xingzhi qui s’en servait pour discuter avec eux parce qu’il n’avait rien d’autre à faire.
Wen Xuechen avait la tête enfouie dans l’écriture. Quand il entendit Zhou Beinan et Xu Xingzhi se disputer, il ne leva même pas la tête et fit :
« Parlez moins fort tous les deux. Qu Chi est en train de méditer. »
Xu Xingzhi se remit en place sur la chaise.
« Tu as entendu ça, Gros Zhou ? Arrête de crier, ah. Maître Guang Fu m’a ordonné de copier Les Annales de la Montagne de la Tombe du Vent, alors je dois me concentrer. »
Rempli de joie mauvaise, Zhou Beinan se ressuya. Il enroula ensuite une serviette autour de sa taille, puis ramassa les vêtements qu’il venait de jeter. Il les revêtit sans perdre de temps.
« Pourquoi ? Tu as encore fait quelque chose de mal ? »
Xu Xingzhi déroula un parchemin vierge en bambou.
« Je n’ai rien fait de mal, c’est maître Guang Fu qui cherche toujours le moindre prétexte pour me faire recopier un livre. »
Wen Xuechen fit d’un ton léger :
« Tu devrais vraiment en profiter pour cultiver ton esprit et ton caractère moral.
– Je vais plutôt vomir en recopiant ça, où sera la cultivation morale et spirituelle ? se plaignit le jeune homme. Quel livre du Pavillon des Livres de la Montagne de la Tombe du Vent n’ai-je pas déjà recopié ? Maintenant, j’ai des reflux acides dans mon estomac dès que je m’approche d’un pinceau. »
Quand il entendit ça, un léger sourire apparut sur le visage d’ordinaire froid de Wen Xuechen.
« Cela veut dire tu nourris en secret des intentions maléfiques. »
En voyant son expression, Xu Xingzhi prit un air pensif. Il fit semblant de se lever pour prendre de l’eau mais en fait, il se faufila en douce derrière lui et lut à voix haute ce qu’il vit :
« S’asseoir et contempler le ciel et la terre, s’allonger et contempler son cœur, les nuages flottants deviennent clairs et les étoiles dans le ciel deviennent claires… »
Le visage de Wen Xuechen devint tout rouge et il s’écria :
« Va-t’en ! »
Xu Xingzhi s’éloigna avec un léger rire. Il fit en souriant :
« ‘Les nuages flottants deviennent clairs et les étoiles dans le ciel deviennent claires’… Beinan, Xiao Xian’Er est revenue vous voir dans l’Île du Fleuve Céleste, pas vrai ? Dis-lui de rentrer très vite, hein ? Qu’elle voie ce qu’est devenu Xuechen. »
Le concerné était si gêné qu’il en devint agacé :
« … Xu Xingzhi ! »
Xu Xingzhi fit aussitôt d’un ton obéissant :
« Je copie le livre, je copie le livre. »
Ce fut ainsi que les quatre amis continuèrent à s’occuper chacun de leur côté.
Wen Xuechen continua à écrire avec application une lettre d’amour qu’il ne comptait peut-être jamais envoyer à Zhou Xian, Xu Xingzhi recopia son livre, Qu Chi médita et Zhou Beinan sortit s’entraîner à la lance pendant un shichen. Quand il revint avec sa lance, il retourna se laver.
Une fois de retour, il fit pas mal de bruit. Qu Chi, qui avait médité et régulé son souffle jusque là, ouvrit les yeux. Quand il vit les silhouettes fantômes des trois jeunes gens devant lui, il ne manifesta pas trop de surprise. Il se leva tranquillement pour s’approcher du fantôme de Xu Xingzhi. Il regarda ce qu’il faisait, eut un sourire, puis prit un livre de son côté et se mit à lire.
Bien que les quatre s’occupaient chacun de leur côté, c’était en fait plutôt agréable.
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Après un bon moment, Qu Chi fut appelé par plusieurs disciples afin de régler une affaire. Dès qu’il sortit, Xu Xingzhi posa son pinceau et s’étira.
« Tu as déjà fini de recopier ? » s’étonna Zhou Beinan.
Xu Xingzhi tendit vers lui le parchemin où l’encre n’avait pas encore séché.
« Comment ça, recopier ? Cela fait plus de trente fois que j’ai recopié Les Annales de la Montagne de la Tombe du Vent depuis que je suis entré dans la secte, alors j’ai fini par le connaître par cœur. Regarde, regarde ! »
Zhou Beinan se ressuya ses longs cheveux humides, dévoilant ainsi les muscles fermes de son ventre, tout en se penchant pour voir le texte.
« C’est bien. Toi, ah. »
Xu Xingzhi tapota la table de son doigt.
« Aide-moi à voir si j’ai fait des fautes. »
Après ça, il tourna la tête et fit à Wen Xuechen :
« Xuechen, est-ce que Xiao Xian’Er va encore participer à la Compétition Céleste cette année ?
– En, répondit le jeune homme.
– Dis voir un peu, comment ça se fait qu’elle viendra encore se battre, ah ? »
Xu Xingzhi posa un bras sur le dossier de sa chaise.
« Wen Cheveux Blancs, sérieusement, tu ne peux vraiment pas le faire ou quoi, ah ? Cela fait plus de six mois maintenant, quand est-ce que j’aurais enfin mon petit neveu ou ma petite nièce ? »
Wen Xuechen s’arrêta d’écrire et lui lança un regard appuyé :
« Tu me laisses faire, ou bien tu veux t’en occuper toi-même ? »
Cela fit rire Xu Xingzhi.
Zhou Beinan s’éloigna du côté de Xu Xingzhi et jeta la serviette humide sur le côté.
« Bien que ce Xu ne prononce qu’une ou deux phrases sur dix qui semble humaine, il n’ a pas tort sur ce coup. Xuechen, je meurs d’envie de tenir mon neveu dans mes bras, ah.
– C’est une fille que je veux, » répliqua Wen Xuechen d’un ton plat.
Zhou Beinan lâcha un ah puis se gratta les oreilles.
« Une fille ? Une fille est trop mignonne, comment m’en occuper, ah ? »
Xu Xingzhi prit le parchemin sur lequel il avait recopié le livre et pendant qu’il le relisait depuis le début, il fit d’un ton ironique :
« C’est au père et à la mère de s’en occuper. Toi, en tant qu’oncle, ton seul rôle se résumera à la tenir dans tes bras deux fois par an. »
Visiblement, Wen Xuechen n’avait aucune envie de poursuivre sur ce sujet. Il fit plutôt :
« Au fait, Qu Chi ne pourra pas participer à la Compétition Céleste cette fois.
– Hein ? s’écria Xu Xingzhi d’un ton dubitatif.
– Tu as oublié ? Il est le maître suppléant du Pic du Yang Vermillon. Alors pour un événement aussi important, je suis sûr qu’il devra siéger avec maître Qing Jing et les autres.
– Tant mieux, ah, se réjouit le jeune homme. Ça me fait un adversaire de moins.
– Ne te réjouis pas trop vite, fit Wen Xuechen. J’ai entendu mon maître et les autres dire que tu n’aurais peut-être pas le droit de participer cette année. »
Cela laissa Xu Xingzhi bouche bée.
Wen Xuechen poursuivit en relevant la tête :
« Tu es un cultivateur au rang d’Esprit Naissant et tu as déjà remporté la première place à la dernière Compétition Céleste. Pourquoi tu voudrais encore participer ? »
Xu Xingzhi se renfrogna.
Il avait déjà tout prévu et planifié pour son grand projet alors même après avoir appris ça, il était réticent à y renoncer aussi facilement. Il tint son rouleau dans une main et se pencha en direction du fantôme de Wen Xuechen.
« Je m’en fiche, je veux participer.
– … Avec qui tu essaies de jouer les enfants gâtés ? fit Wen Xuechen.
– Avec toi, » répondit Xu Xingzhi en souriant.
Wen Xuechen : « … »
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« Grand frère Xuechen, reprit Xu Xingzhi, dis quelques mots en ma faveur à maître Fu Yao.
– Humph, quand tu veux quelque chose, c’est ‘grand frère Xuechen’, sinon c’est ‘Wen Cheveux Blancs’. »
Xu Xingzhi ne dit rien mais se contenta de le regarder avec un sourire aux lèvres.
Wen Xuechen toussota et marmonna :
« … Je fais essayer. »
Les sourcils de Xu Xingzhi se haussèrent aussitôt et il sourit :
« Merci. Dis à maître Fu Yao de ma part que je n’ai pas besoin d’utiliser le Pinceau Libre. Je peux juste me servir d’une épée. Je peux accepter tout et n’importe quoi s’il le faut. »
Zhou Beinan lui jeta un regard noir.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? Je participe à nouveau cette année, ah. »
Xu Xingzhi sourit et baissa la tête, continuant à relire ce qu’il avait écrit de mémoire. Il lut en sautant un ligne sur trois. Il fronça soudain les sourcils et agita le parchemin à l’intention de Zhou Beinan.
« Regarde, regarde, je t’ai demandé de m’aider à vérifier des fautes. Comment tu as pu rater celle-ci ? »
Zhou Beinan jeta un coup d’œil au parchemin.
« Comment tu veux que je connaisse l’histoire de votre Montagne de la Tombe du Vent ?
– Hé, ne me fais pas croire que vos annales de l’Île du Fleuve Céleste ne font pas mention de ça. »
Il désigna du doigt un endroit du texte.
« La ‘Rébellion de Zhengshou’ initiée par les sectes démoniaques et Sa Luo s’est produite durant la première année de la dynastie Zhengshou. J’ai écrit que c’était arrivé durant la deuxième année. Pourquoi tu ne me l’as pas signalé ? Si maître Guang Fu avait vu ça, il m’aurait encore puni parce que je n’aurais pas été assez diligent. »
Zhou Beinan roula des yeux.
« Et en quoi ça me regarde si c’est toi qui t’es trompé en l’écrivant ? »
Après avoir dit ça, une lueur de doute apparut dans ses yeux.
« La ‘Rébellion de Zengshou’ ne s’est vraiment pas produite durant la deuxième année de la dynastie ?
– … Ton cerveau est devenu de la mousse à force de tremper dans l’eau ? Depuis tout petit, comment peux-tu oublier les choses, qu’elles soient importantes ou insignifiantes ? »
Après ça, il se tourna de nouveau vers Wen Xuechen :
« Wen Cheveux Blancs, dis-lui voir, en quelle année a eu lieu la ‘Rébellion de Zengshou’ ? »
L’interpelé plissa le front.
« Ce n’était pas durant la seconde année de la dynastie ? »
Xu Xingzhi, qui était prêt à reprendre son pinceau : « … »
Avec ses deux amis qui étaient unanimes dans leur réponse, Xu Xingzhi commença lui-même à douter.
Mais il se dit ensuite, comment aurait-il pu oublier quelque chose qu’il avait copié plus de trente fois ? Alors il entoura le mot ‘deuxième’, le barra et ajouta un autre mot entre les lignes : ‘première’.
Au même moment, Qu Chi revint dans ses quartiers après avoir réglé une affaire.
Xu Xingzhi posa son pinceau et se tourna vers lui pour demander :
« Qu Chi, tu reviens juste à temps. Je voudrais te demander, ah, en quelle année est-ce que ‘maître Qing Jing, intouché par la poussière du monde mortel, a exterminé Sa Luo et apaisé la révolte des cultivateurs démoniaques’ ?
– La première année de la dynastie de Zhengshou, ah. Pourquoi ? » répondit Qu Chi d’un ton chaleureux.
Xu Xingzhi brandit alors son poing en direction de Wen Xuechen et Zhou Beinan.
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Zhou Beinan fit la tête de quelqu’un qui venait de prendre conscience de son erreur et il se retourna pour s’habiller. De son côté, Wen Xuechen posa le front sur son pinceau et resta dubitatif :
« … J’ai dit quelle année encore ? »
Xu Xingzhi sourit et fit :
« Oui, Wen Cheveux Blancs. On dirait effectivement que ton cerveau a pris un coup de vieux. »
Wen Xuechen continua de trouver ça étrange mais après tout, cette histoire était bien trop insignifiante comparée à toutes les choses dont il devait s’occuper dans la vallée, alors cela ne le dérangea pas bien longtemps.
Xu Xingzhi fut également bien occupé de son côté : après avoir apporté à Guang Fu Les Annales de la Montagne de la Tombe du Vent qu’il avait recopié de mémoire, il commença à être très pris par la préparation de la Compétition Céleste.
Il eut ainsi beaucoup à faire pendant plusieurs jours. Quand il eut enfin un peu de temps libre, il se rendit compte que cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas reçu de lettre de la part de Meng Chongguang.
Xu Xingzhi dormait donc chaque nuit dans son lit vide et glacial, et il n’avait personne à qui parler. Il s’ennuyait tant qu’il alla importuner Zhou Beinan toute une journée pour l’inviter à venir vivre avec lui dans la Montagne de la Tombe du Vent. À son grand dam, il se fit rejeter :
« Tu veux que ce Vénérable dorme avec toi ? Putain, trouve-toi plutôt une compagne de Dao, ah ! »
Xu Xingzhi songea alors : Je l’ai trouvé, ah. Mais n’est-ce pas moi-même qui l’ai envoyé au loin ?
Le fait de ne pas pouvoir contacter Meng Chongguang créa un vide dans le cœur de Xu Xingzhi. Après y avoir réfléchi, il se dit que cela devait être à cause de la lettre qu’il lui avait envoyée quelques jours plus tôt pour l’informer qu’il allait au royaume des Démoniaques pour boire un coup.
Il invoqua alors une autre lettre spirituelle.
Ces lettres spirituelles n’avaient pas besoin d’être écrites, elles nécessitaient la force spirituelle : il suffisait que l’auteur dicte le message, puis l’envoie. Non seulement cela garantissait que le destinataire reçoive bien le message mais en plus, cela lui permettait d’entendre ce que l’auteur de la lettre avait à lui dire.
« Meng Chongguang, cela fait des jours que je n’ai pas eu de tes nouvelles. Comment vas-tu ces derniers temps ? Moi, je suis très occupé la journée et tu me manques terriblement la nuit. J’ai fait plusieurs rêves où je te serrais dans mes bras, c’était vraiment très chaleureux. »
Xu Xingzhi avait toujours été très éhonté, alors ses pensées reflétaient en tout point son tempérament.
Une fois qu’il eut pensé ces quelques mots, Xu Xingzhi allait envoyer la lettre quand on toqua à la porte de sa chambre.
Transporté de joie, Xu Xingzhi leva instinctivement la tête pour faire :
« Chong… »
Cependant, ce fut Yuan Ruzhou qui entra.
Au fil des années, son visage brillant n’avait pas perdu sa radiance à cause de la cultivation. Au lieu de ça, il avait été poli en une lumière chaleureuse et gracieuse, aussi brillante qu’un rêve. Même si elle ne disait rien, rien que le fait de rester là suffisait à provoquer des rêves chez de nombreuses personnes.
La jeune femme déposa une théière avec du thé infusé du côté droit de Xu Xingzhi.
« Grand frère martial, voici du thé argenté de Yueyang de tout premier ordre. Ces jours-ci, j’ai bien vu que grand frère martial était très fatigué, alors j’ai spécialement fait infuser ce thé pour soulager grand frère martial de sa fatigue.
– Merci, » fit Xu Xingzhi dont le regard s’adoucit.
Après avoir apporté le thé, la jeune femme ne partit pourtant pas. Elle resta près de la table et hésita un long moment avant de dire d’un ton lent :
« Grand frère martial.
– … En ? » fit Xu Xingzhi en sentant quelque chose de bizarre dans l’ambiance.
Yuan Ruzhou baissa la tête et Xu Xingzhi ne put qu’être touché par la vive émotion dans sa voix :
« Grand frère martial, cela fait plus de dix ans que j’ai intégré la Montagne de la Tombe du Vent. À mon arrivée, tu étais déjà le disciple en chef. Je t’ai toujours admiré et observé attentivement. Il suffit que tu sois à mes côtés pour que je me sente en confiance et apaisée… »
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Frappé soudain par un mauvais pressentiment, Xu Xingzhi tenta d’interrompre la suite :
« Ruzhou… »
Mais la jeune femme ignora son intervention et fit doucement :
« Grand frère martial, tu veux bien m’offrir la chance de passer toute une vie de confiance et d’apaisement avec toi ? »
La main de Xu Xingzhi trembla, si bien qu’il envoya la lettre spirituelle qui venait d’enregistrer la voix de Yuan Ruzhou.
La parole à l’auteuse : Pour un indice concernant le comportement étrange de Qing Jing, relisez le chapitre 42 ~
Note de Karura : AAAAAHHHH, Qing Jing !!!!!
La tragédie continue de se mettre en place, l’acte final est pour bientôt…
Notes du chapitre :
(1) Le changement de temps au printemps peut augmenter la fatigue.
(2) Un principe daoïste assez ardu. En gros, l’homme doit être en harmonie avec le Dao et suivre la voie de la tranquillité et de l’autodéfense.
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